Palestine
La colosionisation de la Palestine
Smaïl Hadj Ali
Mardi 29 septembre 2015
- Il
faudrait d’abord étudier comment la
colonisation travaille à déciviliser le
colonisateur, à l’abrutir au sens propre
du mot, à le dégrader, à le réveiller
aux instincts enfouis, à la convoitise,
à la violence, à la haine raciale, au
relativisme moral.
Discours sur le
colonialisme. Aimé Césaire, 1950.
Massacres,
racisme, zoomorphisme, apartheid.
Israël et ses
« réactions »
dites
« disproportionnées».
« Israël a
le droit de se défendre, mais il doit
éviter une réaction
disproportionnée [1]» ;
« l’offensive de Tsahal ne doit pas être
disproportionnée » ;
« il doit faire preuve de mesure,
de retenue », etc., etc.
C’est en ces
termes, puisés dans une novlangue[2]
du crime banalisé, que la « communauté
internationale », comprendre
euro-étasunienne, relayée en boucle par
les cerbères médiatiques de l’idéologie
régnante, a réagi aux tueries et
destructions massives de l’Armée-Etat[3]
d’Israël dans sa « légitime »
« action défensive », dite « bordure
protectrice [4]»,
contre les « Arabes » de
Palestine en général, et de Ghaza en
particulier.
Après
cinquante jours de «légitime défense »,
l’Etat sioniste, un mixte
militaro-théocratique[5],
a assassiné 2200 personnes, dont 541
enfants et 250 femmes. Onze mille
Palestiniennes et Palestiniens ont été
blessés, brûlés, démembrés, handicapés à
vie. 365 000 ont fui leurs habitations,
dont 17000 ont été totalement détruites.
Il faudra vingt ans pour reconstruire,
et ce indépendamment de l’opération
« Plombs durcis », dite de « légitime
défense », elle aussi, qui
sema mort et dévastations 22 jours
durant[6].
Cela fait des
lustres que ladite « communauté
internationale », avant, pendant et
après ces tueries et destructions
planifiées, s’auto-satisfait et se
contente, invariablement, d’inviter
cette entité colonialiste[7]
« à éviter les réactions
disproportionnées » dans sa
« légitime défense ».
Une « légitime
défense » assurée, dans
l’enthousiasme jubilatoire, par des
pilotes de bombardiers, tueurs
professionnels, qui ont à leur tableau
de chasse des milliers de Palestiniens,
parmi lesquels des centaines d’enfants
et de femmes[8].
A cette « communauté »
se joint une direction de l’O.N.U,
le plus souvent aux ordres et au service
des puissants -U.S.A, France,
Grande-Bretagne.
Révélatrice
du soutien indéfectible de ces
puissances, cette formule, dans son
apparente sagesse, peut être ainsi
lue : « D’accord pour vos bains de
sang, mais faites-les avec mesure, et à
proportion».
Comme cela a été intimé
aux « Arabes », alors que
les Ghazaoui mourraient sous les bombes
des sionistes, faisons
« l’effort non pas de nier, mais de
comprendre Israël dans ses réalités, ses
contradictions, et son histoire[9]
». En voici quelques aspects.
Le racisme
israélien. « Il n’y a pas semblable
chose aux Palestiniens, ils n’ont jamais
existé ».
Cette
position, expression d’un racisme
tranquille et assumé, prononcée par
Golda Meir[10]
en 1969, n’est-elle pas au cœur de la
logique de « disproportion »,
dont a toujours fait preuve Israël? Ne
constitue-t-elle pas le socle de la
politique, volontairement et
irréductiblement colonialiste de cet
Etat?
Est-ce de
l’antisémitisme juif, de l’anti
judaïsme, de la judéophobie[11],
de rappeler cela ?
L’incursion,
même la plus abrégée, dans l’histoire
colonialiste d’Israël fournit des
exemples à profusion de cette
« disproportion », et confirme,
pleinement, sans que l’on ait à en
forcer le trait, la terrifiante et
ignoble sentence de Golda Meir.
Cette
sentence qui fait écho à la formule
fondatrice et programmatique du projet
sioniste, « Une
terre sans peuple, pour un peuple sans
terre»,
matérialise le vol de la Palestine
historique et le bannissement de huit
cents mille Palestiniens, décidés et
exécutés implacablement tout au long de
la première moitié du vingtième siècle
par les chefs sionistes, parmi lesquels
Jabotinski, Weitz, Ben Gourion.
Dans ce même ordre
d’idées, le même Ben Gourion, porté au
firmament de la civilisation
occidentale par les élites de
celle-ci, déclarait en 1937 : « Les
Arabes doivent partir mais il nous faut
l’occasion propice pour le faire, une
guerre par exemple ».
Cette guerre unilatérale aura lieu
en avril 1948 en application du plan
Dalet élaboré par la Haganah sur ordre
de Ben Gourion : terreur à grande
échelle, bombardements, destruction des
villages, arrestations de milliers de
Palestiniens, assassinats,
empoisonnement des puits[12],
épandage de pesticides
et d’herbicides sur les récoltes,
etc.
La forfaiture
est soutenue par les puissances
impérialo-colonialistes. Objectif
affirmé : expulser les Palestiniens par
la force, et par tous les moyens, de
leur patrie vers les pays
arabes voisins.
Déjà, et bien
avant la phase de la légitimation
internationale de l’entité colonialiste,
les institutions et les organisations
sionistes, -civiles, religieuses et
militaires- se déchaînent : meurtres
ciblés, attentats, éradication de
villages[13].
Les conséquences attendues ont pour
réalités la mort, l’exil,
l’exode, l’assujettissement,
l’oppression.
C’est sur les bases
de cette absolue et enthousiaste
politique de terreur, que se
constitue l’Etat sioniste, en
lieu et place de la patrie des
Palestiniens.
Une fois le
bannissement de centaines de milliers de
Palestiniens vers les pays voisins,
l’Etat sioniste se met à « gérer » la
population palestinienne, présente sur
quelques bouts de terre, comme un
excédent, un rebus démographique,
une population excédentaire,
formés de « corps d’exception »[14].
Des « corps
d’exception » parqués, emmurés, dans
des camps[15],
des zones de déportation, que l’on peut
mettre à mort manu militari. Toutes
choses caractéristiques du système
d’apartheid.
A cet égard,
il n’ ya pas de hasard, cela explique
les relations privilégiées, de grande
amitié et de connivence, qu’ Israël a
toujours entretenues avec l’Afrique du
Sud[16]
dont le système politique nazi-fasciste,
l’apartheid, se fondait sur les
principes d’un peuple-un et pur[17]
et d’une supposée « race
supérieure ». Notons que l’arsenal
idéologique libéral a réussi l’exploit
de découpler le racisme du fascisme,
alors qu’il en est, historiquement et
organiquement, une des idéologies
fondatrices et nourricières.
Pour ce qui
concerne la sympathie et de l’empathie
de l’Etat sioniste pour les
idéologies liberticides et fascistes,
rappelons au passage ses relations
fortes, intenses, de coopération avec
les dictatures militaires d’Amérique
Centrale, Salvador, Nicaragua, et
du Sud, Paraguay, Chili,
Argentine, Uruguay, Brésil, entre
autres, durant le plan Condor,
parrainé par les U.S.A.
Ajoutons à ce
tableau que d’anciens criminels
nazis trouvèrent asile et hospitalité,
auprès des golpistes tortionnaires dans
ces pays.
A ce jour, la
vie quotidienne des Palestiniens
est rythmée par une politique
d’apartheid : routes séparées,
contrôles méprisants et humiliants
quotidiens, plaques d’immatriculation
spécifiques, expropriations de terres et
de maisons, destruction et incendies de
domicile, arrachage et destruction des
champs d’oliviers, coupures d’eau,
d’électricité, interdiction de circuler.
A quoi s’ajoute, ultime sauvagerie, le
déversement des excréments des colons.
C’est ce que rapporte le courageux
écrivain et journaliste
britannique Johann Hari : « Une odeur
remplit mes narines. C’est l’odeur de
merde. A travers la Cisjordanie
occupée-la rive ouest-, des eaux usées à
l’état brut, sont pompées
chaque jour des colonies juives et
déversées tout droit sur les terres
palestiniennes. Ces excréments pénètrent
dans la nappe phréatique et les puits et
deviennent du poison »
[18].
A ce
processus de spoliation et de prédation,
prête main forte, systématiquement et
naturellement, une vision du monde
raciste, qui agit comme le lubrifiant
idéologique[19]
nécessaire à la cohésion de la société
israélienne. Dans le cas d’Israël, cette
vision, partagée par sa population dans
sa très grande majorité, est portée et
défendue avec ardeur par les élites
politico-militaires et religieuses. Les
quelques propos qui suivent, puisés dans
le répertoire raciste israélien, sont
éloquents :
-Ehud Barak,
ex-premier ministre israélien: "Les
Palestiniens sont le produit d'une
culture dans laquelle le mensonge est
acceptable. La vérité est, pour eux,
hors de propos" (Interview
accordée à
Benny Morris, The New York Review of
books, 13 juin 2002) ;
-Moshe Katsav,
ex-Président israélien : "Il y a
une énorme différence entre nous [les
juifs], et nos ennemis. Pas seulement
dans la capacité, mais dans la morale *,
la culture, le caractère sacré de la vie
et la conscience. Ils sont nos voisins
ici, mais c’est comme si à quelques
centaines de mètres, il y avait un
peuple qui n’appartenait pas à notre
continent, à notre monde, qui
appartenait véritablement à une autre
galaxie" (Jerusalem Post, le 10
mai 2001).
-Moshe Yaalon,
ex-chef d'Etat Major de l'armée
israélienne : "Les Palestiniens
sont une sorte de cancer. Il y a
plusieurs manières de traiter le cancer.
Certains pensent qu’il faut amputer des
membres, mais moi, pour le moment, je me
contente de leur faire une
chimiothérapie". (en 2002)
-Heilbrun,
président du comité pour la réélection
du général Shlomo Lehat, maire de
Tel-Aviv : "Nous devons tuer tous
les palestiniens à moins qu’ils ne
soient résignés à vivre en tant
qu’esclaves" (octobre 1987)
-YItzchak
Ginsburg, rabbin : « Eretz Israël
est une véritable terre de vocation, la
terre des fils d'Israël, celle où ne
méritent d'habiter que ceux qui ont
choisi d'être le peuple de Dieu et
d'appliquer ses préceptes. Aujourd'hui,
on a honte de dire que le peuple
d'Israël est "une lumière pour les
goys". On a peur de dire qu'un
professeur arabe est moins intelligent
qu'un professeur juif. C'est perçu comme
du racisme, et on veut ainsi escamoter
ce qui était clair pour les goys : ce
sont les Juifs qui ont donné la morale
et l'intelligence à tous les peuples.»
Le
zoomorphisme israélien. L'identification
des Palestiniens par l'animalité.
« Les
palestiniens (sic) sont des bêtes[20]
qui marchent sur deux
pieds ». Menahem Begin.
Si, «il n’
ya rien de semblable aux Palestiniens »,
selon Golda Meir, qu’est-ce qui
pourrait alors leur ressembler, en
plus d’être des « esclaves »
et un «cancer, etc.?
A
l’abaissement des Palestiniens, à leur
infériorisation, s’ajoute, comme si le
dispositif raciste ne suffisait pas,
leur bestialisation. En effet, les
Israéliens se feront adeptes du
zoomorphisme, oubliant, sans doute,
que les Allemands de confession juive en
furent les victimes dans l’Allemagne
nazie, et plus largement dans l’Europe
fasciste.
L’antisémitisme, une vision du monde,
un système et une pratique totalement
fabriqués par la civilisation
européenne, on ne le répétera jamais
assez, s’est, entre autres, confondu
avec l’exclusion des Juifs du monde des
humains. Cette exclusion s’inspirait
également de leur identification au
monde animal, aux bêtes dites nuisibles,
plus particulièrement. Pour préparer les
esprits à l’innommable, et
pour banaliser le crime, les nazis
assignent les Juifs à ce que le monde
animal, réellement, ou
fantasmatiquement, a de plus abject,
sordide, effrayant, infâme : reptiles,
rat, cafard, cancrelat, criquet[21].
Notons que l’assignation de l’être
humain à l’animalité, bien avant le
fascisme et le nazisme, a été pratiquée,
à l’échelle de tout un continent, le
nôtre, par le concepteur de ces deux
idéologies, le colonialisme occidental[22].
L’identification des
Juifs par les nazis à l’animalité visait
explicitement leur destruction.
Nous savons ce qu’il en
advint.
On aurait pu penser, au
nom des leçons de l’Histoire,
-dispensées à tout crin
par l’Occident - que ces procédés
de néantisation d’êtres humains seraient
définitivement bannis.
Les « esprits »
européens, qui se taisent encore
aujourd’hui, à quelques rares
exceptions, sur les crimes de l’Etat
sioniste, acceptent ainsi que des
descendants de ceux qui subirent cette
abomination en Europe, fassent
leur les méthodes nazies à l’endroit des
Palestiniens[23].
Tenus par les élites
militaro-politiques et religieuses
israéliennes- premiers ministres,
ministres, chefs d’état-major de
l’armée, officiers
généraux, rabbins-, leurs termes sont
les exactes figures bestiales
utilisées par les nazis.
Sous-hommes, les Palestiniens sont
aussi des bêtes :
-« Les
Palestiniens sont comme des
cancrelats dans un bocal »,
(1979…), Rafaël Eitan, ex-chef
d’état-major de l’armée israélienne,
1979 ?
-«Les
Palestiniens sont des bêtes qui marchent
sur deux pieds », « des criquets
qui devraient être écrasés »,
Menahem Begin, ex-premier ministre,
1982).
-«
Lorsque nous aurons colonisé le pays, il
ne restera plus aux arabes que de
tourner en rond comme des cafards
drogués dans une bouteille»,
(Rafaël Eitan ex-premier ministre
israélien, New York Times, 14 avril
1983).
-« Les
Palestiniens seront écrasés comme des
criquets … leurs têtes éclatées contre
les rochers et les murs »,
Yitzhak Shamir, ex-premier ministre, 1er
avril 1988.
-« Les
Palestiniens sont comme les crocodiles,
plus vous leur donnez de viande, plus
ils en veulent »,
Ehud Barak, ex-premier ministre,
ex-ministre de la défense,
Jerusalem Post du 30 avril 2000.
Cette
identification au monde animal,
Ehud Barak y ajoute le crocodile, tout
comme le zoomorphisme des
nazi-fascistes, classe les Palestiniens
dans la catégorie des sales
[24]bêtes.
Fantasmes et
imaginaire aidant, les insectes et les
reptiles représentent ce qu’il ya de
pire dans le monde animal. De plus la
figure et le statut de sale bête,
-criquets, cafards, - auxquels sont
assignés les Palestiniens, renvoient à
une nuisibilité, une inutilité
ontologique.
La notion
de « réaction disproportionnée » : une
infamie.
Les faits que nous venons d’évoquer
indiquent bien que la « disproportion »,
« les réactions disproportionnées »
s’inscrivent dans la durée historique,
inhérente à la
nature sioniste de l’Etat d’Israël.
Dans un premier temps l’infamie se
loge dans l’idée implicite
qu’il existerait une réaction
proportionnée.
La pratique de la
réaction disproportionnée par Israël,
n’est ni bavure, ni dérive, ou excès,
inévitablement engendrés par l’engrenage
militaire inhérent à toute guerre.
Dès lors les discours, convenus, de
la « communauté internationale »
sur les
« réactions disproportionnées » des
sionistes, première infamie, accréditent
l’implicite d’une réaction
proportionnée, et se donnent, deuxième
infamie, pour ce qu’ils ont toujours
été : une légitimation
politico-diplomatique des guerres
totales provoquées et menées par cet
Etat.
L’implicite
des discours contre « les réactions
disproportionnées » réside dans
l’acceptation du principe des massacres
et des dévastations, mais à la seule
condition qu’ils ne soient pas
« disproportionnés ». Cela suppose,
corrélativement, que soient fixés,
définis, le contenu et les limites de ce
que devrait être une réaction non
« disproportionnée » aux yeux de
ladite communauté internationale.
Pour le
moment, et jusqu’à nouvel ordre, c’est
l’Armée-Etat d’Israël, entité[25]
créée et dirigée par un personnel
politique héritier des terroristes de la
Haganah, de l’Irgoun, et des milices de
Menahem Begin, un fasciste[26],
qui est invitée, courtoisement, à
définir et à fixer la bonne
« disproportion », ou réaction
proportionnée.
A partir de
cette logique meurtrière, il n’est pas
illégitime de demander à cette
communauté, combien de morts, de
blessés, de brûlés, d’infirmes
Palestiniens, faudra-t-il, lors de
chaque agression-dévastation, pour que
la « réaction ne soit pas
disproportionnée », et rendre ainsi
acceptable, convenable une proportion de
morts. Nous aurons ainsi à disposition
une sorte de standard civilisé,
bienséant, du crime et de la
dévastation ?
Mieux, la
communauté internationale pourrait
élaborer, pourquoi pas, une fourchette
statistique de tués palestiniens.
A l’intérieur
de celle-ci, on s’interrogerait sur la
proportion de bébés, d’enfants,
d’adolescents, et de gamins jouant au
ballon sur une plage
« confondus » avec des
« terroristes ».
Combien de
personnes âgées, et parmi elles combien
de grands-parents ? Combien de malades
hospitalisés et de malades mentaux?
Quelle
proportion de jeunes adultes, et parmi
eux celle de femmes et d’hommes? Combien
de célibataires et de jeunes
fiancés ? Combien de couples mariés,
avec ou sans enfants?
Combien de
travailleurs, de paysans, de chômeurs,
de femmes au foyer, d’employés, de
médecins, d’ambulanciers,
d’enseignants?
Combien
d’écoles, de dispensaires, d’hôpitaux,
de mosquées, d’équipements
sportifs, de maisons, d’immeubles, de
cafés ?
Quelle
proportion pour les quelques lambeaux de
champs d’oliviers, de citronniers,
d’orangeraies, non encore volés?
Quelle
proportion acceptable de fleurs, de
plantes, de chiens, de chats, de
chèvres?
Quelles
armes devront être utilisées pour éviter
des massacres « disproportionnés » ?
Les F15 et F16, les hélicoptères
Eurocopter et Apaches? La bombe au
phosphore blanc, ce nouveau napalm? Les
bombes à fragmentation, les grenades à
sous-munition, les bombes à l’uranium
appauvri, les drones tueurs, les navires
de guerre, l’artillerie high-tech,
etc., etc.?
Cette liste,
que l’on pourrait décliner à l’infini,
n’a pour but ici que de montrer le
caractère terrifiant et criminel de
cette formule.
Ce que ses
utilisateurs de tous bords ne disent
pas, et ne diront jamais, c’est que
depuis le début de la colosionisation
de la Palestine, c’est-à-dire le début
du processus sans fin de soumission et
de néantisation des Palestiniens, la
disproportion a été, fut et reste
consubstantielle à l’Armée-Etat
d’Israël, elle fonde sa nature et sa
réalité politique.
"Gouverner les races assujetties".
Une vieille histoire.
Dans
L’impérialisme. Origines du
totalitarisme[27],
ouvrage formidablement occulté, et pour
cause[28],
par les élites européennes, et tout
autant par les thuriféraires européens
de son œuvre, Hanna Arendt, qui s’est
longtemps posée comme une sioniste de
gauche[29],
développe une remarquable et implacable
analyse pour montrer et démontrer que le
totalitarisme européen n’est rien
d’autre que le produit intime,
organique, fonctionnel, de
l’impérialisme et du colonialisme.
A la lecture
du texte[30]
de la philosophe, on constate que les
aspects fondamentaux des politiques
d’assujettissement et de néantisation
des anciennes puissances colonialistes,
sont bien présents, mutatis mutandis,
dans la politique de l’Etat sioniste à
l’égard des Palestiniens. Celles-ci
fondent ce qu’il est convenu,
conceptuellement, d’appeler la terreur
colonialiste sioniste.
Tout
commence le jour où les idéologues
sionistes décidèrent, parallèlement au
processus de spoliation des
Palestiniens, de penser et considérer
ces derniers comme une « race
inférieure », et de s’assumer, ipso
facto, quant à eux, en « race supérieure »,
qui plus est, légende et fatras
primitifs religieux oblige, issue d’un
« peuple élu » de Dieu. Cette
politique, portée par les
pseudos théories de la race et l’action
d’une bureaucratie[31]
instrumentale criminelle, a été
appliquée à l’identique sur les peuples
d’Afrique, lorsque les Afrikaners
d’abord, des Hollandais, -voir la note
15- puis de façon systématique les
Britanniques, les Français, les
Allemands, les Belges fabriquèrent des
races inférieures, pour se sacrer et se
consacrer, de facto, puis de jure,
race maîtresse.
Le principe
fallacieux de « peuple élu »,
-élection d’ordre divin-, induit en
Israël une idéologie à part entière,
pratiquée au quotidien, de la
supériorité, identique à celle de
« la race des élus »[32],
sur les Arabes-Palestiniens, une
« race » ontologiquement inférieure[33].
Rappelons, tout de même, à la suite
d’Eugène Enriquez, - Israël en est un
exemple notoire, de même que l’idéologie
de la pureté wahhabo-salafiste-, que
« le racisme, rêve d’un peuple-un et
pur, revenu à l’origine des temps »,
et « tend à maintenir une nation dans
le vieux récit mythique[34]
de sa fondation qu’il suffirait de
réactualiser».
Système fondé
sur une idéologie hégémonique, au sens
gramscien, ce principe de supériorité
est vécu comme un sens commun au
sein de la société israélienne.
Donné comme
un exemple de démocratie parlementaire
par les Occidentaux, l’Etat
d’Israël affirme dans les Règles
d’éthique de son parlement qu’il est
« l’Etat du peuple juif », et
confirme ainsi explicitement sa nature
raciste, puisqu’il en exclut, tous ceux
qui ne sont pas Juifs, et singulièrement
les « Arabes d’Israël » ?
Au nom de
cette supériorité autoproclamée, issue
d’une transcendance étrangère à
l’essence humaine, et d’une politique
expansionniste - les deux
s’auto-engendrent- jamais démentie[35],
Israël dans ses guerres totales contre
les Palestiniens, s’autorise toutes les
atrocités et tous les crimes - de guerre
et contre l’humanité- inaugurés
par le système impérialo-colonialiste au
19ème siècle, et poursuivis
lors de la seconde guerre mondiale en
Europe même, contre les Juifs, et
d’autres populations, à l’exemple des
Tziganes. Crimes, et pour être plus
précis « massacres administratifs »,
comparables à ceux que ses
indéfectibles alliés commirent sur notre
continent et dans d’autres contrées du
monde.
Ainsi Israël
pratique, impunément, sur le territoire
qu’il administre et sur ceux qu’il
occupe, une sorte de « gouvernement
des races assujetties»[36],
privilège d’une supposée « race des
seigneurs ».
Pour ne
pas conclure.
Les
représentations racistes, la
bestialisation des Palestiniens, et par
extension des Arabes, participent du
registre et du legs impérialo-colonialiste
occidental, lequel, comme l’a
minutieusement démontré Hannah Arendt, a
été la matrice du fascisme et du nazisme
européens avec leurs cortèges d’horreurs
et d’inhumanité.
Imbus,
imprégnés, de ces valeurs liberticides
et totalitaires, les sionistes ont
naturalisé, au même titre que les
colonialistes européens, la commission
de crimes, d’assassinats sur les
Palestiniens, mis au ban de
l’humanité et assigné à
l’animalité et la nuisibilité.
La
complaisance politique, la bienveillance
des gouvernements occidentaux, et des
Etats-Unis d’Amérique[37],
depuis de nombreuses années à l’endroit
des organisations et des personnalités
néo-nazies et néo-fascistes[38]
européennes, données aujourd’hui comme
des patriotes[39]
par les médias et la sphère politique,
banalisent et légitiment ces idéologies
de la terreur et de la mort dont le cœur
de cible reste l’ancien colonisé,
l’ « Arabe », le « musulman »,
« supposé ou réel », imaginé et
fantasmé, que les anciens oppresseurs
colonialistes avaient « transformé » en
« race inférieure ».
Ces
idéologies ne se limitent plus
aujourd’hui aux héritiers, légataires,
militants et autres adeptes de la
« bête immonde », des années
trente et quarante du 20ème
siècle. Elles métastasent des secteurs
de plus en plus larges[40]
au sein des populations européennes, en
particulier les couches populaires et
les petites bourgeoisies, encouragées et
vampirisées par les discours de leurs
élites politiques et intello-médiatiques
qu’elles reçoivent cinq sur cinq.
Ce climat de
décomposition politique porté par une
vaste alliance protéiforme, contribue à
légitimer la barbarie sioniste. Il est
une invitation pour plus de terreur, de
massacres, de dévastations, argumentés
et rationnalisés politiquement et
juridiquement, contre les Palestiniens,
« ces bêtes à deux pieds », ces
« cafards », ces « criquets ».
Ecoutons M.
Darwich :
A un
tueur.
Si tu
avais contemplé le visage de la victime
Et
réfléchi, tu te serais souvenu de ta
mère dans la chambre
A gaz, tu
te serais libéré de la raison du fusil
Et tu
aurais changé d’avis : ce n’est pas
ainsi qu’on retrouve une identité[41]
Smaïl Hadj
Ali.
Universitaire.
Septembre 2014.
[1]
Nous avions relevé cette
récurrente et invariable
supplication de la
« communauté internationale ».
Cf. L’Etat des tueurs
volontaires,
http://www.protection-palestine.org,
août 2006.
[2]
Dommage collatéral, frappe
chirurgicale, offensive
au
lieu d’agression, etc.
[3]
Notion élaborée par le
philosophe et théologien Abraham
Leibowitz. Ses analyses révèlent
la nature génocidaire de la
politique israélienne,
n’hésitant pas
à qualifier de « judéo-nazis »
les
soudards de
l’unité
Golani pour leurs « faits
d’armes » Voir à
ce propos notre article
L’Etat des tueurs volontaires,
http://www.protection-palestine.org,
août 2006.
[4]
Opération « bordure
protectrice », lancée le 8
juillet 2014.
[5]
Notons à cet effet l’importance
d’unités spéciales de l’armée
formées exclusivement
d’étudiants des écoles
rabbiniques. Les soldats
effectuent cinq années de
service militaire, au lieu de
trois, et consacrent 2/3 de leur
temps aux disciplines
religieuses. Au sein de cette
armée s’exerce une coercition
religieuse sous le contrôle du
grand rabbinat.
[6]
Du 27 décembre 2008 au 18
janvier 2009-
[7]
Rares sont aujourd’hui les
Israéliens qui
condamnent et dénoncent
cette barbarie colonialiste, à
l’image de Michel Warschawski :
« Je réalise en fait
qu’Israël 2014
n’est plus seulement un Etat
colonial qui occupe et réprime
les Palestiniens, mais aussi un
Etat fasciste, avec un ennemi
intérieur contre lequel il y a
de la haine… »
http://www.ujfp.org/spip.php?article3365
[8]
Les Israéliens privilégient
l’assassinat d’enfants et de
femmes en qui ils voient de
futurs terroristes !
« La
femme Palestinienne et son
enfant et plus dangereuse que
l'homme, parce que
l'existence des enfants
Palestiniens signifie que des
générations continueront »,
ainsi parlait le tueur Sharon .
Golda Meir, avouait quant
à elle, que
la fécondité des femmes arabes
« l’empêchait de dormir ».
Il ne s’agit
donc pas ici de
discriminer d’autres catégories
d’âges ou de sexe.
[9]
M. Kacimi,
Faut-il brûler
Kamel Daoud, in Choufchouf,
26 juillet 2014.
[10]
Golda Meir a
reçu le Nobel
de la paix!
Cela montre le sérieux des paix
célébrées par ce prix.
[11]
Ces deux
termes tout aussi condamnables
que celui d’antisémitisme, nous
semblent toutefois
plus appropriés pour
qualifier les comportements et
les actes condamnables de jeunes
Français, livrés et endoctrinés
par l’idéologie salafiste.
Produits de l’histoire et de la
société française, ils le sont,
autant que l’antisémitisme, qui
est une des singularités
idéologiques de la civilisation
européenne- théorisée
et fondée par des
intellectuels et des politiciens
européens- qui justifia et
légitima « la solution finale »,
c’est-à-dire
l’extermination de plusieurs
millions de personnes de
confession juive par les
hitlériens, avec la complicité
active des Etats « collabos »
français, italien, belge,
hollandais…
[12]
Les troupes du
général Bugeaud
procédaient de la même manière
[13]
Cinq cents trente
villages palestiniens seront
rayés de la carte de Palestine
par les sionistes.
[14]
Concept élaboré par le
philosophe Sidi Mohamed Barkat.
Dans le contexte de la
colonisation de peuplement de
l’Algérie, ce concept
spécifie,
« une sorte
de corps sans âme, un corps
pulsionnel »,
que l’autorité coloniale peut
mettre à mort à n’importe quel
moment, quand bon lui semble. Le
corps d’exception est le produit
de l’Etat d’exception issu du
Code de l’indigénat.
[15]
Voir le livre de Jimmy Carter,
que l’on ne peut soupçonner
d’ « activisme pro
palestinien » :
Palestine :
la paix, pas l’apartheid,
édition, L’Archipel, 2007.
[16]
Le bourreau de Ghaza,
Netanyahu, déclaré
persona non grata aux obsèques
de Mandela.
[17]
Les intégristes islamistes
défendent également le modèle du
peuple-un et pur religieusement.
D’où leur
ressemblance avec les
intégristes juifs. Cf.,
Similitudes et proximité
des intégrismes juifs et
musulmans.
Etude,
inédite, de Smaïl Hadj Ali.
Présentée et débattue au
Laboratoire Communication et
Politique. CNRS. Paris. 1995.
[18]
http://www.independent.co.uk/voices/commentators/johann-hari/johann-hari-israel-is-suppressing-a-secret-it-must-face-816661.html
[20]
Voir à ce propos,
« Chant de
leur propre épouvante »,
Smaïl Hadj Ali,
http://palestine-solidarite.org/chant.smail_hadj-ali.070315
[21]
Fléau divin dans la Bible et
l’Ancien Testament.
[22]
Nous entendons par là le
colonialisme inhérent
au système capitaliste.
Dans
Peau noire et masque
blanc, Fanon relève que le
langage du colon, lorsqu’il
parle du colonisé, est un
langage zoologique.
[23]
Nous avons consulté une étude
sur le site du musée du
judaïsme, traitant de la
bestialisation des juifs par les
nazis, mais aussi de
« l’antisémitisme des Arabes ».
Paille et poutre,
à aucun moment cette
étude ne signale les discours
racistes et zoomorphes
des dirigeants d’Israël à
l’égard des Palestiniens. Ce
n’était probablement pas l’objet
de cette étude!
https://www.google.com.br/search?q=mus%C3%A9e+du+judaisme&
[24]
C’est nous qui soulignons.
[25]
Etat et société militarisés,
Israël, c’est là une hypothèse
de travail,
n’est-il
pas régi par un mode de
production de la destruction ?
[26]
C’est ainsi que l’avaient
qualifié Albert Einstein
et Hannah Arendt, in
L’Etat
des tueurs volontaires, in
www .protection. Palestine.org.
Historiquement et
idéologiquement Netanyahu, comme
Sharon ou Shamir, sont les
héritiers et légataires du parti
fasciste L’Herut de Begin.
[27]
Publié en 1951, en trois tomes,
en anglais sous le titre The
Origins of Totalitarianism.
Ce n’est qu’en 1982 que
la sphère éditoriale française
publie le tome consacré à
l’impérialisme qui traite
justement de l’engendrement des
idéologies totalitaires
-nazisme, fascisme- par l’impérialo-colonialisme.
Seuls les tomes 1 et 3 traitant
de l’antisémitisme et du système
totalitaire avaient été publiés,
en 1973 et 1972.
[28]
Pour H. Arendt l’impérialisme a
fait du racisme
« son idée
politique principale ».
[29]
Il s’agissait d’une imposture et
d’un enfumage idéologique. Ceci
dit, la notion de gauche,
a-t-elle encore une
quelconque pertinence politique
et épistémologique?
[30]
Notons que son travail est
imprégné de préjugés, de
stéréotypes
et d’analyses
condamnables sur les peuples
colonisés.
[31]
Cf., le Code de l’indigénat en
Algérie.
[32]
Les lois israéliennes
restreignent impitoyablement les
mariages entre Juifs et non
Juifs.
[34]
Caractéristique de l’Etat nazi.
[35]
Le rêve démentiel, mais
politique, du
grand Eretz, du Nil à
l’Euphrate, n’a jamais été
abandonné par les sionistes.
[36]
Titre de l’ouvrage
du colonialiste
britannique Lord Cromer.
[37]
Notons le soutien accordé par
l’U.E et les U.S.A aux néo nazis
de Svoboda, en Ukraine,
héritiers des Waffen SS
ukrainiens
Galizien
[38]
Certaines d’entre elles se sont
inclinées devant le mémorial Yad
Vachem
[39]
Quelle régression politique,
lorsqu’on sait que ces forces, à
l’échelle européenne, sont les
héritières de la collaboration
avec les hitlériens, et de la
trahison de leur patrie.
[40]
Voir la montée en puissance des
forces politiques néofascistes,
racistes, etc.,
dans les espaces publics
nationaux en Europe, et leur
succès électoraux grandissants.
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