LE CRI DES PEUPLES
Nasrallah : la destruction d’Israël
ne nécessitera pas forcément une guerre
Lundi 25 novembre 2019 Extrait d’un
entretien de Sayed Hassan Nasrallah avec
des journalistes du site internet
khamenei.ir, publié le 1er octobre 2019,
et ayant duré près de cinq heures. Voir
ci-dessous trois autres prédictions de
Sayed Khamenei.
Source :
english.khamenei.ir
Traduction :
lecridespeuples.fr
Transcription
:
Journaliste :
[…] Je voulais vous poser une question
au sujet de la déclaration de
l’Ayatollah Khamenei il y a quelques
années, selon laquelle dans 25 ans, il
n’y aura plus d’Etat d’Israël. Cette
phrase a été interprétée de diverses
manières. Certaines personnes ont pensé
que c’était une prédiction inéluctable,
et ont commencé à compter les jours
jusqu’à ce que cela devienne réalité.
Mais d’un autre côté, le front de
l’Arrogance (impérialisme) a commencé à
se moquer de certaines des
interprétations de cette déclaration.
Vous vous êtes
opposés au régime sioniste à différentes
époques et avez mené plusieurs batailles
contre ce régime. Compte tenu de votre
expérience, lorsque vous avez entendu
cette déclaration de l’Ayatollah
Khamenei, comment l’avez-vous perçue et
qu’avez-vous ressenti ?
Hassan Nasrallah :
Premièrement, à titre personnel, je n’ai
pas été surpris par les propos de Son
Eminence le Guide Suprême, car nous
avons entendu des déclarations
similaires lors de nos réunions privées
les années précédentes, notamment en
2000, après la victoire (contre l’entité
sioniste). Nous avons rendu visite à Son
Eminence le Guide Suprême, que Dieu le
préserve, quelques mois après la débâcle
israélienne, et il était très heureux de
notre victoire (qu’il nous avait
annoncée comme imminente à peine
quelques mois avant qu’elle se
produise).
Nous avons parlé de
l’avenir. À ce moment-là, il a déclaré:
« Si le peuple palestinien, la
Résistance au Liban et les peuples de la
région s’acquittent de leurs
responsabilités comme il se doit, et que
nous continuions sur cette voie, alors
Israël ne pourra certainement pas
survivre longtemps dans notre région. »
A cette époque, il a parlé de (la
possibilité d’une telle disparition en)
moins de 25 ans. Donc, quand j’ai
entendu la remarque du Guide concernant
l’espérance de vie de 25 ans, j’ai
conclu qu’il avait accordé un répit à
Israël. [Rires] C’est pourquoi je
n’ai pas été surpris. Voila pour le
premier aspect.
D’autre part, il
convient de mentionner que la prédiction
du Guide sur Israël est tout à fait
sérieuse et réaliste. Certaines
personnes… Il ne fait aucun doute à nos
yeux, à la lumière de nos expériences
dont je viens de mentionner certains
exemples, que Son Eminence le Guide
Suprême est une personne approuvée par
Dieu, le Tout-Puissant, et que beaucoup
des choses qu’il dit proviennent parfois
d’une source suprasensible, comme ce fut
le cas lors de la guerre de 33 jours
(quand il nous a annoncé une bataille de
laquelle nous sortirions victorieux
après les plus grandes difficultés,
devenant une véritable puissance
régionale).
A cet égard, il
convient de noter que toutes les données
du terrain, les enquêtes et les
informations objectives démontrent qu’un
tel événement (l’éradication d’Israël)
se produira, mais la réalisation de cet
événement n’est pas inconditionnelle, et
se produira sous certaines conditions.
Par conséquent, si les mouvements de
Résistance poursuivent sur cette voie
dans la région et ne se soumettent pas
face à Israël, si la République
Islamique et l’Axe de la Résistance
persévèrent, oui, si nous résistons et
poursuivons nos actions de Résistance,
les conditions objectives et factuelles
sur le terrain indiquent qu’Israël ne
pourra pas survivre dans la région
durant 25 autres années.
Je vais vous donner
quelques exemples pour clarifier ce
point.
Par le passé, nous
avons fait beaucoup de recherches et
d’études sur l’entité israélienne, en
essayant de trouver des réponses aux
questions suivantes : quels sont les
fondements de cette entité ? Quelles
sont ses bases, quels sont les piliers
fondamentaux sur lesquels elle repose ?
Quels sont les facteurs cachés qui ont
conduit à l’existence, le maintien et la
longévité de cette entité ? Quelles sont
les forces et les faiblesses de cette
entité ?
Je dis tout cela
pour confirmer que toutes les actions de
la Résistance se basaient précisément
sur des études, sur l’exercice de la
logique et de la réflexion appliqués aux
faits et réalités objectifs. Bien que
les émotions, l’esprit révolutionnaire
et la confiance en Dieu aient été
présents dans notre lutte contre Israël,
la recherche, la réflexion, la
rationalité, les calculs et les examens
précis étaient omniprésents : nous avons
appris à connaître les points forts et
les points faibles de notre ennemi, à
choisir le moment voulu, l’endroit le
plus propice et les moyens les plus
adéquats (pour toutes nos opérations),
etc.
A nos yeux, et si
vous voulez que nous entrions dans ces
détails, cela ne me pose pas de
problème, si nous considérons les
fondements sur lesquels repose l’entité
ennemie, tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur, si nous considérons ses
points de force et ses points de
faiblesse, je déclare que même si je ne
connais pas les dimensions gnostiques
des déclarations du Guide et sa
perspective sur la question, à la
lumière de nos études, de nos recherches
et de notre expérience, et des réalités
du terrain, nous pouvons clairement
affirmer qu’Israël ne peut pas survivre,
car son existence dans la région n’est
pas une existence naturelle, mais
artificielle ; c’est un corps étranger
implanté dans notre région. Cette entité
a été imposée à la région par la force,
et elle ne peut donc pas devenir quelque
chose de normal. Même si certains
monarques, émirs et dirigeants arabes
souhaitent l’existence d’Israël, tous
les peuples de la région s’y opposent et
rejettent catégoriquement cette présence
illégitime. Les éléments de faiblesse
sont nombreux dans l’entité israélienne,
de sorte que le risque d’effondrement y
est très élevé.
Je me contenterai
de deux exemples de la faiblesse
structurelle d’Israël.
Premièrement, la
puissance d’Israël dépend
essentiellement de celle des États-Unis.
Par conséquent, si quelque chose arrive
aux États-Unis – comme ce qui est arrivé
à l’URSS, par exemple un effondrement de
son économie, des problèmes et discordes
internes, des catastrophes naturelles ou
tout autre incident susceptible d’amener
les États-Unis à se consacrer à leurs
problèmes internes et à réduire leur
présence et influence dans la région, je
vous assure que les Israéliens plieront
bagage d’eux-mêmes et évacueront dans
les plus brefs délais. Par conséquent,
leur destruction ne nécessite pas
forcément une guerre.
Car le maintien des
Israéliens en Palestine dépend du
soutien moral, psychologique, militaire
et économique des États-Unis. Si les
États-Unis sont accaparés par leurs
propres problèmes, Israël n’aura aucune
chance de survivre, sans qu’il y ait
besoin de recourir à la guerre (pour que
cette entité disparaisse). C’est un
exemple tout à fait envisageable et
plausible, ce n’est pas une vaine
prédiction.
Tout le monde sait
que les États-Unis allouent un montant
annuel de 3 milliards de dollars d’aide
à Israël. Dans le même temps, les
Israéliens bénéficient de services
bancaires américains d’une valeur de 10
milliards de dollars par an. Et une
partie de l’argent des contribuables
étasuniens va en Israël. De plus, les
technologies les plus avancées sont
transférées en Israël. Le soutien
inconditionnel et absolu de Washington à
Israël est bien connu.
Une des raisons les
plus importantes derrière les positions
serviles prises par les régimes arabes
envers Israël est leur peur des
États-Unis, et non d’Israël. Si un jour
vient où certains régimes et armées
arabes se libèrent des pressions
exercées par les États-Unis, leurs
positions vis-à-vis d’Israël seront très
différentes. Même les armées et les
régimes les plus soumis.
Permettez-moi de
donner un autre exemple : Israël est un
Etat… Israël est un Etat… Partout dans
le monde, des Etats ont formé des
armées. En règle générale, ce sont les
Etats qui bâtissent des armées. Mais en
ce qui concerne Israël, on considère que
c’est une armée qui s’est créé un Etat
(et non l’inverse). Dans tous les pays
du monde, l’armée peut s’effondrer, mais
ce pays restera debout. Ce pays
subsistera. Par exemple, après la guerre
des États-Unis contre l’Irak, les
Américains ont dissout l’armée
irakienne, mais l’Irak est resté et n’a
pas disparu. Il y a des pays dans le
monde qui n’ont pas d’armée ou une armée
très faible. Cependant, Israël est un
Etat qui ne peut pas survivre sans une
armée forte. Si son armée est vaincue,
ou si le peuple israélien perd confiance
en son armée, si la vérité de l’armée
israélienne leur est révélée, à savoir
que c’est une armée faible et pitoyable,
incapable de les défendre, vous verrez
que les Israéliens plieront bagages et
fuiront à toutes jambes.
Mes chers frères !
Israël a de nombreuses faiblesses, et ce
sont des faiblesses mortelles. C’est la
raison pour laquelle j’estime que, la
volonté arabo-musulmane de mettre fin à
cette entité, conjuguée à des événements
régionaux et internationaux, conduiront
inéluctablement à la disparition
d’Israël. Je fais partie de ceux qui ont
la certitude qu’avec la Grâce de Dieu,
notre génération entrera en Palestine et
effectuera des prières à Al-Qods
(Jérusalem), et il n’y aura plus
d’Israël. […]
***
Voir
également ce scénario plus sombre de la
destruction d’Israël, dans un discours
du 1er octobre 2017.
Voici trois
prédictions détaillées de Sayed Khamenei
qui se sont réalisées, telles que les a
relatées Hassan Nasrallah durant cette
interview. Quoi qu’on puisse en penser,
elles apportent un éclairage précieux
sur la relation du Hezbollah avec l’Iran
en général et le Guide Suprême en
particulier.
1/ L’échec de
l’accord de paix israélo-syrien
Hassan Nasrallah :
[…] La conférence de Madrid était
antérieure aux accords d’Oslo. C’est
alors que les pourparlers
(israélo-syriens) ont commencé. Le point
important ici est que le Guide a une
vision profonde et une compréhension
exacte de l’avenir. Je crois que sa
perception exacte de l’avenir fait
partie de ses capacités uniques, tirées
de sa profonde foi, de sa soumission
totale à Dieu le Très-Haut, et de sa
relation intime avec lui, plutôt que
d’avoir un seul aspect rationnel.
A cette époque,
certaines négociations ont débuté,
appelées négociations israélo-syriennes.
Le Président syrien de l’époque était
Hafez al-Assad et le Premier ministre
israélien était Yitzhak Rabin. Les
discussions entre eux étaient
initialement secrètes et ont ensuite été
rendues publiques. Ils se sont
rencontrés aux États-Unis et sous la
supervision de Clinton. Des
représentants du cabinet du Président
Assad et du cabinet Rabin se sont
rencontrés aux États-Unis et étaient sur
le point de parvenir à un accord. À ce
moment-là, il a été annoncé qu’Yitzhak
Rabin avait accepté de restituer le
Golan occupé à Hafez al-Assad.
En conséquence,
dans la région, on considérait qu’Israël
et la Syrie étaient en train de parvenir
à un accord. Cette atmosphère existait
en Syrie, au Liban, en Palestine et dans
toute la région. Je me souviens qu’à
cette époque, certains nous
demandaient : « Si un accord
israélo-syrien est conclu, que
ferez-vous, au Hezbollah ? Si un accord
entre la Syrie et Israël est conclu,
quelle position le Hezbollah
adoptera-t-il ? Quel sera le sort du
Hezbollah et des groupes de la
Résistance islamique? » Nous avons
organisé plusieurs réunions pour
débattre de la question et planifier
l’avenir. Nous pensions alors qu’un
accord avait déjà été conclu entre Assad
et Rabin. Ce n’était pas seulement le
Hezbollah mais tous les Libanais,
Syriens et Palestiniens qui présumaient
que l’accord était finalisé. Nous avons
organisé des réunions internes pour
débattre de l’avenir. Nous avons discuté
de questions politiques, militaires et
d’artillerie, et même du nom de notre
groupe. Certains se sont demandé si on
devait garder le nom « Hezbollah », ou
si nous devions adopter un nouveau nom
pour nous adapter à la nouvelle phase.
Certains de nos frères étaient sur la
liste noire des États-Unis et il y avait
ce débat pour savoir si nous devions les
garder au Liban ou les faire partir. Par
exemple, le martyr Hajj Imad Mughniyeh
figurait sur cette liste. Nous avons
donc compilé un ensemble de suggestions
diverses.
Journaliste :
Le Hezbollah n’avait-il pas un canal de
communication avec Hafez al-Assad pour
être informé de sa décision ?
Hassan Nasrallah : Le fait est que
toutes les données et informations
disponibles nous assuraient que les
négociations israélo-syriennes
aboutiraient à un accord. À cette
époque, la principale revendication de
Hafez al-Assad était de récupérer le
Golan, ce qui équivaudrait à un retrait
aux frontières du 4 juin 1967 ; et Rabin
avait accepté de satisfaire ces
demandes. Finalement, nous sommes allés
voir le Guide. Il a été très patient
avec nous, car lors de cette visite,
nous avons évoqué toutes les questions
soulevées et les suggestions proposées
par différentes personnes. Il a écouté
toutes nos paroles lors de cette
réunion, qui a eu lieu en présence de
responsables iraniens. Et tous ces
responsables iraniens, à l’unanimité et
sans exception, considéraient eux aussi
que les pourparlers israélo-syriens
étaient terminés. Son Eminence le Guide
a alors déclaré : « Il est bon que vous
envisagiez les pires scénarios et
probabilités et que vous devisiez de la
meilleure manière de les affronter, mais
je vous affirme que cela ne se produira
pas et qu’il n’y aura pas de traité de
paix entre la Syrie et Israël. Aussi,
oubliez ce que vous avez écrit et
préparé. Vous devez continuer à résister
et redoubler d’efforts pour augmenter
vos armes, vos installations et vos
ressources humaines. Ne vous inquiétez
pas, car il n’y aura pas de traité de
paix entre la Syrie et Israël. » Tous
les participants à la réunion, y compris
les Iraniens et les Libanais, ont été
stupéfaits par les remarques
catégoriques de Son Eminence le Guide.
Il n’a pas dit qu’il considérait cela
peu probable, ou qu’il pourrait y avoir
d’autres possibilités. Pas du tout. Il a
résolument déclaré que cela n’arriverait
pas. Il a dit fermement et distinctement
: «Oubliez ces discussions et continuez
à faire ce que vous faites d’une manière
plus vigoureuse encore ».
Nous avons été très
surpris. Nous sommes rentrés au Liban et
nous avons redoublé d’efforts dans la
résistance, conformément au point de vue
du Guide. Deux semaines seulement après
notre visite chez le Guide, une grande
cérémonie réunissant plus de 100 000
personnes a eu lieu à Tel-Aviv. Yitzhak
Rabin prononçait un discours. L’un des
Juifs extrémistes a ouvert le feu sur
lui et l’a assassiné. Après Rabin,
Shimon Peres a été élu Premier ministre
de l’entité sioniste. Il avait une
personnalité faible, car il n’était pas
perçu par les Israéliens, aussi bien sur
le plan historique et militaire que sur
le plan de la fiabilité, comme quelqu’un
d’aussi compétent que Rabin.
Par la suite, de
vastes opérations ont été menées à
l’intérieur des territoires occupés,
notamment à Tel-Aviv et à Al-Qods
(Jérusalem) occupée, ce qui a ébranlé
les bases de la puissance de l’entité
sioniste. Après cela, le sommet de Charm
el-Cheikh – que j’ai mentionné – s’est
tenu. Puis, en 1996, Israël a attaqué le
Liban dans le cadre de l’opération
Raisins de la Colère, et a perpétré le
massacre sans précédent de Qana – une
tragédie connue plus tard sous le nom de
Massacre de Qana. En réponse, nous avons
résisté contre les Israéliens et avons
été victorieux. Peu de temps après,
c’est-à-dire deux ou trois semaines plus
tard, des élections se sont tenues dans
l’entité sioniste, au cours desquelles
Shimon Peres a été battu et le parti
Likoud a remplacé le parti travailliste
en tant que parti dominant, et Benjamin
Netanyahu est devenu le Premier ministre
d’Israël. Après son arrivée au pouvoir,
il a déclaré : « Je ne respecterai aucun
des engagements d’Yitzhak Rabin et de
Shimon Peres concernant la Syrie et les
négociations avec Hafez al-Assad ». Les
négociations israélo-syriennes ont donc
pris fin. Nous parlons de l’année 1996.
Aujourd’hui, en 2019, où en est le
processus de paix ? Il n’a jamais paru
plus impossible. […]
2/ La
victoire du 25 mai 2000
Hassan Nasrallah :
[…] Au sujet de la victoire de 2000, je
me souviens d’un souvenir très important
avec Son Eminence le Guide. Vous vous
souvenez que j’ai dit qu’en 1996, Son
Eminence avait déclaré qu’aucun traité
de paix ne serait conclu entre la Syrie
et Israël. En 2000, quelques mois avant
le retrait d’Israël du sud du Liban et
conformément à nos plans, nous nous
sommes rendus à Téhéran pour rencontrer
le Guide et les responsables iraniens.
Nous — c’est-)-dire le Conseil dirigeant
du Hezbollah — sommes allés en Iran.
Lors de ce voyage, nous étions également
accompagnés pour la première fois par
les commandants militaires de la
Résistance. Près de 50 commandants de la
Résistance ont voyagé avec nous.
À ce moment-là,
nous pensions qu’Israël ne se retirerait
pas du Liban en 2000. Nous n’étions pas
sûrs, mais nous estimions improbable
qu’Israël se retire en 2000, car nous
pensions qu’Israël n’accepterait pas de
se retirer sans imposer certaines
conditions préalables. Nous avons dit au
Guide : « Il est peu probable qu’Israël
se retire du sud du Liban. Il semble
qu’Israël restera plus longtemps au
Liban, et nous aurons besoin de plus de
temps et d’opérations pour le faire se
retirer sans conditions préalables ». Il
nous a demandé : « Pourquoi pensez-vous
que c’est peu probable? » Nous avons
répondu : « Parce que cette mesure
constituerait une menace majeure pour
Israël. Se retirer du Sud-Liban sans
conditions préalables constituerait un
triomphe sans précédent pour la
Résistance, et sera considéré comme la
première victoire évidente des Arabes
face à Israël, affectant naturellement
les développements internes de la
Palestine et de la nation palestinienne
; cela représenterait une menace
stratégique pour Israël et ferait
comprendre aux Palestiniens que la voie
principale est celle de la Résistance et
non des négociations. Un message qui
leur dit : les négociations vous ont
enlevé vos terres et vos lieux saints,
mais la Résistance a libéré le Liban et
le Sud-Liban. »
C’est alors que le
Guide a déclaré : « Je vous recommande
de présumer sérieusement qu’Israël
quittera le Liban prochainement et que
vous serez victorieux. Poursuivez vos
activités et planifiez l’avenir en vous
fondant sur cette hypothèse. Planifiez
et anticipez bien les choses, de manière
à faire face au retrait d’Israël du
Liban sur les aspects militaire, de
terrain, médiatique et politique ». Nous
avons été surpris d’entendre ces
paroles, car nous pensions tous qu’Ehud
Barak, qui venait de remporter les
élections, ne donnerait pas suite à sa
promesse de retrait, car ses conditions
n’étaient pas remplies et, en
particulier, il n’avait pas obtenu de
garanties en matière de sécurité.
Autrement dit, ni le gouvernement
libanais, ni le gouvernement syrien, ni
le Hezbollah au Liban n’ont pris
d’engagement de sécurité envers Israël.
La question était donc : comment
serait-il possible qu’Israël se retire ?
Cela semblait mal avisé et illogique.
Plus important
encore, après la réunion, dans la
soirée, nous sommes allés chez le Guide
avec nos frères de la Résistance, y
compris le défunt martyr Hajj Imad
Mughniyah. Nos frères étaient ceux de la
Résistance, combattant sur les lignes de
front de la bataille, et pouvant trouver
le martyre à tout moment. Après être
entrés dans la maison du Guide, nous et
nos frères sommes allés dans une grande
salle où les prières étaient réalisées
en congrégation. À l’époque, nos frères
portaient des uniformes militaires, avec
des keffiehs autour du cou, et
ressemblaient beaucoup aux Basijis
sur les fronts iraniens (durant la
guerre Iran-Irak). Nous étions censés
réaliser les prières en congrégation
avec le Guide et lui offrir nos
salutations, rien d’autre, puis la
cérémonie aurait pris fin. Le Guide a
dirigé les prières et après avoir
terminé la prière du soir, il s’est levé
pour dire au revoir à ses frères
libanais.
Puis le Guide a dit
à ses compagnons (iraniens) de
s’éloigner. Puis il m’a dit : « Je suis
disposé à t’écouter ». A ce moment, un
de nos frères est venu et a embrassé la
main du Guide. Certains des frères ont
commencé à pleurer, et certains d’entre
eux étaient tellement impressionnés
qu’ils ne pouvaient plus se tenir
debout. Ils se sont lentement avancés.
Un des frères a embrassé la main du
Guide, et quand un autre s’est penché
pour embrasser ses pieds, il ne l’a pas
permis. Il est rentré et m’a dit :
« Dis-leur de s’asseoir et de se calmer
pour que nous puissions parler. » Un
discours n’était pas prévu pour cette
cérémonie. J’ai demandé à mes frères de
rester calmes et j’ai commencé à
traduire le propos du Guide à leur
intention. Parmi les choses qu’il a
dites, et qui, à mes yeux, sont issues
de sa vision suprasensible et non pas
simplement d’une analyse politique, mais
de quelque chose de plus profond, il a
déclaré : « Vous serez victorieux par la
grâce de Dieu. Votre victoire est bien
plus proche que ce que certains
pensent. » Il m’a pointé du doigt en
disant cela, parce que j’avais dit qu’il
était improbable que le retrait d’Israël
se fasse de cette manière. En nous
désignant tous de sa main gauche, comme
cela, il a dit : « Chacun d’entre vous
va voir de ses propres yeux que vous
serez victorieux. »
Après cela, nous
sommes rentrés au Liban. À cette époque,
nous avons mené de grandes opérations
et, bien sûr, de nombreux combattants et
cadres de la Résistance ont trouvé le
martyre. Le 25 mai est arrivé, et la
retraite surprenante, inattendue et
indigne d’Israël du Sud-Liban a
commencé. Plusieurs autres combattants
ont également été tués lors de notre
progression vers la frontière. C’est ici
que les deux prédictions du Guide
Suprême de la Révolution Islamique se
sont réalisées. Premièrement, la
victoire de la Résistance a eu lieu très
rapidement, quelques mois seulement
après cette réunion que je viens
d’évoquer ; et deuxièmement, toutes les
personnes présentes à la réunion avec le
Guide, et qui participaient directement
aux opérations de première ligne, ont
survécu pour assister à la grande
victoire de leurs propres yeux. On peut
de mettre la prévision de cette grande
victoire imminente sur le compte de la
sagacité du Guide. Mais le fait de
prédire que parmi 50 commandants de
première ligne, qui pouvaient trouver le
martyre à chaque instant, aucun ne
serait tué, relève à mes yeux du
miracle. […]
3/ La
victoire de 2006
Hassan Nasrallah :
[…] Je vais clore cette partie de mon
propos par un souvenir avec le Guide
Suprême, que Dieu le préserve. Au cours
de la guerre de 33 jours (juillet-août
2006), le peuple libanais était
naturellement très inquiet, au début de
la guerre, quant à ce qui allait se
passer. Qu’est-il arrivé ? Même des
responsables libanais ont pris contact
avec les autorités saoudiennes,
demandant à Riyad d’intervenir en tant
que médiateur et de mettre fin à la
guerre au sud du Liban. Les Saoudiens
ont répondu aux responsables libanais en
déclarant : « Personne ne va intervenir.
Il existe un consensus américain,
international et régional selon lequel
le Hezbollah doit être éradiqué et
écrasé. Le Hezbollah n’a qu’une
alternative : la reddition ou
l’annihilation. » De toute évidence,
notre décision était de riposter, et il
y avait parmi nous une forte volonté de
combattre et un esprit de Karbala dans
tout le Hezbollah. Cette citation de
l’Imam Hussain, la paix soit sur lui, a
toujours été devant nos yeux : «
L’usurpateur (Yazid) fils d’un
usurpateur (Mu’awiya) nous a placé
devant une alternative funeste : le
tranchant de l’épée ou l’humiliation de
l’allégeance. Mais jamais nous
n’accepterons l’humiliation (plutôt
mourir) ! »
Nous avons été
confrontés à deux options : la guerre ou
une reddition humiliante. Nous avons
choisi la guerre. Au début de la guerre,
notre cher ami et frère, Hajj Qasim
Soleimani, le commandant des Forces
extérieures des Gardiens de la
Révolution Islamique, nous a contactés.
Il est venu à Damas, a contacté Beyrouth
et a déclaré qu’il devait nous
rencontrer. Nous lui avons demandé
comment il comptait s’y prendre. Car les
Israéliens bombardent tous les ponts,
routes et voitures, et il est impossible
de nous rejoindre (sans braver de grands
dangers). »
Ce cher frère nous
a dit qu’il devait absolument nous
rejoindre, car il avait un message
important de Son Eminence le Guide,
Sayed Khamenei, à nous transmettre. Nous
avons arrangé cela, et Hajj Qasim est
finalement parvenu dans la banlieue sud
de Beyrouth, au tout début de la guerre.
Il a dit que lorsque le Guide, que Dieu
le protège, se trouvait à Mashhad, il
avait convoqué tous les responsables de
la République Islamique – y compris les
anciens et actuels Présidents, les
ministres des Affaires étrangères,
ministres de la Défense, et commandants
des Gardiens de la Révolution, et
d’autres officiels, à se réunir avec
lui.
Hajj Qasim m’a
expliqué que lors de la réunion, la
guerre contre le Liban et ses objectifs
ainsi que la question de savoir à quoi
elle conduirait, ont été examinés. Dès
le début, la République Islamique d’Iran
a estimé que la guerre contre le Liban
faisait partie du plan des États-Unis
dans la région et ne constituait pas une
question distincte de ce complot. Hajj
Qasim a déclaré que tous les
participants à la réunion avaient
convenu à l’unanimité que la République
Islamique devait se tenir aux côtés de
la Résistance libanaise, du gouvernement
et du peuple libanais, ainsi que de la
Syrie, étant donné que la guerre
menaçait de se propager en Syrie. L’Iran
devait donc utiliser toutes ses
capacités politiques, financières et
militaires pour aider le front de la
Résistance à l’emporter. Hajj Qasim a
ajouté qu’une fois la réunion terminée
et les prières du soir exécutées, les
personnalités présentes étaient sur le
point de partir lorsque le Guide leur a
demandé de rester plus longtemps car il
avait encore quelques mots à leur dire.
Cela s’est passé après la première
réunion ; c’est-à-dire la première
réunion formelle.
Ensuite, Son
Eminence le Guide s’est tourné vers Hajj
Qasim et lui a demandé d’écrire une
lettre sous sa dictée et de me la porter
personnellement à Beyrouth pour que je
puisse en évoquer le contenu avec mes
frères. Après m’avoir rapporté tout
cela, le Hajj Qasim a commencé à lire
les mots que m’avait adressés le Guide.
Il déclarait notamment : « La capture
des soldats israéliens par la Résistance
libanaise est une grâce divine cachée ;
l’opération a forcé Israël à entrer au
Liban en réponse à votre action. Les
Israéliens et les Américains se
préparaient à attaquer Le Liban et le
Hezbollah à la fin de l’été ou au début
de l’automne 2006, et vous auriez donc
été pris au dépourvu, alors que vous
n’étiez pas prêts pour une guerre. La
guerre n’a donc pas eu lieu lorsque les
États-Unis et Israël l’avaient planifiée
; elle s’est produite alors qu’ils
n’étaient pas prêts et qu’ils étaient
encore en train de s’y préparer, tandis
que vous y étiez déjà préparés. Car vous
n’avez pas été pris par surprise.
Cette déclaration
du Guide a ensuite été confirmée par
d’éminentes personnalités. Par exemple,
lorsque j’en ai parlé dans les médias,
l’éminent Professeur et analyste
politique Mohamed Hassanein Heikal l’a
établi dans des programmes distincts de
la chaîne Al Jazeera. De même, l’un des
grands écrivains américains, Seymour
Hersh, a confirmé cela. Je dois
souligner que lorsque j’ai soulevé la
question dans les médias, je ne l’ai pas
attribuée au Guide.
Son Eminence le
Guide a également mentionné dans son
message que « Cette guerre est très
similaire à la Bataille des Confédérés,
qui s’est déroulée du vivant du Messager
de Dieu, que les salutations de Dieu
soit sur lui et sur sa famille. Cette
guerre sera très difficile et menacera
votre existence ; vous êtes obligés
d’être patients dans cette guerre. »
Dans cette partie de son message, il a
cité les versets coraniques de la
sourate Les Coalisés : « Quand ils vous
vinrent d’en haut et d’en bas [de toutes
parts], et que les regards étaient
troublés, et les cœurs remontaient aux
gorges, et vous faisiez sur Allah toutes
sortes de suppositions… / Les croyants
furent alors éprouvés et secoués d’une
dure secousse. » [Coran, 33, 10-11] Le
Guide a également dit : « Vous devez
placer votre confiance complètement en
Dieu. » En outre, la troisième partie de
son message disait : « Vous serez
victorieux dans cette guerre. » J’avais
déjà entendu une phrase similaire — je
ne me souviens pas exactement si c’était
avant ou après — mais quelqu’un m’a
rapporté que Son Eminence Cheikh Behjat,
que Dieu lui fasse miséricorde, nous a
dit d’être assurés que nous serions
victorieux dans cette guerre, par la
Grâce de Dieu.
Mais le point le
plus important du message du Guide était
celui-ci : « Vous remporterez la guerre,
et vous deviendrez ensuite une puissance
régionale au point qu’aucune autre
puissance ne pourra vous affronter ». À
ce moment-là, j’ai ri et j’ai dit à Hajj
Qasim : « Nous allons nous transformer
en puissance régionale ?! Si nous
parvenons seulement à survivre à la
bataille actuelle et à maintenir notre
existence, nous aurons déjà accompli un
grand exploit ! » Puis, j’ai commenté en
plaisantant : « Mon cher frère ! Nous ne
voulons pas devenir une puissance
régionale. » Quoi qu’il en soit, la
lettre de Son Eminence le Guide ce
jour-là m’a donné une sorte d’assurance
totale. À partir de ce jour, j’étais
certain que nous allions gagner la
guerre et que, par la suite, nous
deviendrions une puissance régionale. Ce
qui est réellement advenu. […]
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