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LE CRI DES PEUPLES

Nasrallah : en cas de guerre, un déluge de missiles ravagera Israël et décimera sa population

Vendredi 19 juillet 2019

Entretien du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, avec la chaîne Al-Manar, le 12 juillet 2019. Cette interview de plus de trois heures commémorait le 13e anniversaire de l’opération ‘Promesse Véridique’ et du déclenchement de la guerre de 2006.

La première partie, intégralement traduite ci-dessous (à l’exception de l’extrait final, consacré à l’Accord du Siècle, qui sera publié incessamment), est consacrée à la lutte contre l’entité israélienne.

La seconde partie de l’entretien, évoquant la situation dans la région (Syrie, Iran, Yémen), sera traduite prochainement.

Source : http://program.almanar.com.lb/episode/75495

Traduction : lecridespeuples.fr

Ces vidéos ne comportent que la partie centrale de l’entretien retranscrit ci-dessous.

Transcription :

Journaliste : Bonsoir, Eminent Sayed. Je te remercie de nous accorder cet entretien qui est suivi (attentivement) à la fois par vos adversaires et par vos amis. Permets-moi de commencer par t’adresser, ainsi qu’à nos auditeurs, mes félicitations en cette commémoration de la victoire divine (de 2006).

De juillet 2006 à juillet 2019, est-ce que les équilibres et les équations qui ont été imposées par la victoire de 2006 sont toujours valables, où est-ce que les événements et les développements dans la région ont imposé de nouvelles réalités ?

Hassan Nasrallah : Au Nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Tout d’abord je me dois également d’adresser mes félicitations en cette occasion. Nous introduisons cette commémoration avec cet entretien avec Al-Manar, et nous célèbrerons également, dans 33 jours, le festival de la victoire, le 14 août. Je dois également m’adresser à tous ceux qui ont façonné cette victoire et ont participé à la façonner (d’une manière ou d’une autre), et en premier lieu les familles des martyrs, les combattants, les blessés et tous les éléments de l’équation en or, à savoir « l’Armée, le Peuple et la Résistance », ainsi que toutes les forces, toutes les parties prenantes, et tous ceux qui nous ont assistés, aidés et soutenus (ne serait-ce que) par une prise de position, une parole ou une invocation. À tous ceux-là, j’adresse mes félicitations en ce jour de commémoration de cette victoire considérable.

En ce qui concerne ta question, les équations sont toujours valables. Tout ce que nous avons réalisé et obtenu durant la guerre de juillet (2006) en fait de nouvelles bases et de nouvelles équations dans ce combat (israélo-arabe) est encore valable et a même été confirmé et renforcé davantage au fil des jours et des années. Et c’est pourquoi nous pouvons (tous) témoigner de l’un des fruits de ces accomplissements et de ces victoires, à savoir que le Liban, depuis 2006 jusqu’à ce jour, est protégé et en sécurité, une sécurité que personne ne lui a accordée, ni les Américains, ni les Nations Unies, ni le Conseil de sécurité de l’ONU, ni aucune instance internationale. Le Liban est en sécurité (totale) au sud du Liban, à la frontière, et au niveau de tout le Liban, à l’exception de quelques incidents dont nous allons parler plus tard.

Cette sécurité a été façonnée par les Libanais, par leur unité, par leur résistance, par leur peuple, par leur armée, par leur volonté, par le sang de leurs martyrs, et aujourd’hui, face à Israël, le point le plus important est qu’il y a une véritable dissuasion, ce que l’on appelle l’équilibre de la dissuasion. Entre qui et qui ? Entre le Liban et l’entité sioniste, et en particulier entre un (simple) mouvement de Résistance populaire et un Etat qui se considère comme une grande puissance dans la région. (Un tel équilibre entre deux acteurs si inégaux) est une chose considérable. Et c’est cette dissuasion qui, jusqu’à présent, a empêché Israël d’agresser le Liban, depuis 2006 jusqu’à ce jour, et les Israéliens eux-mêmes reconnaissent (cette situation de dissuasion) : leurs chefs militaires et politiques le reconnaissent, de même que les dirigeants de leurs partis (politiques) et leurs analystes et médias. De même, (on peut clairement le voir) lorsqu’on lit les déclarations des généraux après qu’ils aient quitté leurs postes de commandement, car ils deviennent plus libres de s’exprimer et révèlent davantage de choses auparavant tenues secrètes, et on voit que (cet équilibre de dissuasion) est une chose acceptée et reconnue par tous (en Israël et même ailleurs).

C’est pour cela que nous ne cessons de répéter qu’après la guerre de 2006 et les équations que cette guerre a imposées, l’ennemi y réfléchit à mille fois avant d’envisager toute agression contre le Liban, (et cet équilibre de dissuasion) se confirme et s’enracine jour après jour, comme je vais vous le montrer avec des données précises.

Journaliste : Et en ce qui concerne la Résistance, qu’est-ce qui a changé après ces 13 années qui nous séparent de la victoire (de 2006) ? Vous avez parlé de cela à plusieurs reprises, mais après toutes les pressions, les sanctions et l’état de siège (imposés à la Résistance par Washington), peut-on toujours dire que la Résistance est (aujourd’hui) plus forte que jamais, et que cette équation n’a pas changé ?

Hassan Nasrallah : Oui, c’est toujours vrai. Dieu merci, grâce à la bonté et aux bienfaits de Dieu, la Résistance reste plus forte que jamais malgré ces sanctions, comme nous aurons peut-être l’occasion de le montrer (au cours de notre entretien). Durant ces 13 années, la Résistance s’est considérablement développée et a atteint un stade beaucoup plus avancé, et ce de manière qualitative, à la fois en quantité et en qualité. Et c’est également quelque chose qu’Israël reconnaît et ne remet pas en question, et dont il parle constamment. Il est dommage que je doive le préciser à chaque fois (en guise d’argument d’autorité), mais à l’inverse même d’Israël, où la population a plus confiance en mes déclarations qu’en celles de ses dirigeants (d’après plusieurs sondages), certaines personnes chez nous (au Liban) ont vraisemblablement plus confiance en les Israéliens et en leurs estimations qu’en les déclarations des dirigeants de la Résistance.

Durant 13 ans, nous avons fait des progrès considérables du point de vue de nos effectifs –et c’est là l’élément le plus important pour nous : l’homme, le Résistant, le combattant qui se sacrifie dans la voix de Dieu le Très-Haut et l’Exalté–, le développement de nos effectifs a été absolument considérable et ne peut se comparer à aucune étape précédente.

Journaliste : Le nombre de combattants du Hezbollah s’est accru ?

Hassan Nasrallah : Il a été démultiplié par plusieurs facteurs. Et de même, à travers nos actions de développement de nos capacités, et également grâce à notre expérience de terrain, sur le champ de bataille –je parle de ce qui s’est passé en Syrie–, nous avons acquis une véritable capacité d’offensive terrestre. Par le passé, en 2006 (et avant), notre capacité offensive était limitée, et la plus grande partie de notre capacité était une capacité défensive, même au niveau de ce qu’on appelle l’infanterie. Mais aujourd’hui, nous avons une capacité offensive au niveau de nos troupes terrestres, dotées d’armements modernes, redoutables et excellents à tous les niveaux, et une véritable force qualitative à tous les sens du terme : au niveau de la foi, de la motivation, de la volonté, du courage, de l’expertise, de l’entraînement, de l’expérience et de l’accumulation des expériences (de combat). (Ces forces sont capables de libérer de vastes étendues de territoire, comme elles l’ont démontré en Syrie face à des forces autrement plus motivées et redoutables que l’armée israélienne).

En plus de nos unités militaires conventionnelles, je peux parler en particulier de deux forces spéciales (d’élite), les forces Al-Redwan, et les cohortes Al-Abbas, dont le nombre de combattants est également très élevé. Ils sont très nombreux et aguerris, mobilisables en permanence, extrêmement spécialisés dans le combat offensif et ils ont une grande expérience dans les opérations offensives. C’est quelque chose dont nous ne disposions pas en 2006.

Je peux également parler du développement de notre capacité balistique, de la capacité balistique de la Résistance aujourd’hui, qui s’est considérablement accrue à la fois en quantité –le nombre de missiles que nous avons est incomparable avec ce que nous avions en 2006– et également de manière qualitative, et je parle là des missiles de précision qui constituent une obsession pour les Israéliens, et c’est pour cela que les États-Unis essaient d’intervenir pour les aider à régler ce problème.

Je peux également parler de la force que représentent les drones, qui sont aujourd’hui une force incontournable dans l’équation de toute confrontation.

Journaliste : Vous avez maintenant une arme aérienne ?

Hassan Nasrallah : En 2006 nous avions un tout petit nombre de drones, et nous avons essayé d’en faire quelque chose, mais nous étions au tout début de la fondation de ce nouveau type d’armes. Mais aujourd’hui, ce type d’armes est très avancé, disponible en grand nombre et tout à fait opérationnel, et il doit être pris en considération du fait de ses capacités offensives (considérables démontrées par la  Résistance au Yémen).

Et dans les autres aspects (de nos forces) –je ne vais pas tous les évoquer un par un–, je peux encore citer le fait qu’au niveau de la qualité et de l’exhaustivité de nos renseignements (sur l’ennemi), notre capacité est beaucoup plus grande que jamais. Nous avons également un certain nombre d’armes pour lesquels un énorme développement qualitatif a été réalisé. Et bien sûr, il y a d’autres choses que je ne vais pas évoquer et que je garde comme surprises (pour l’ennemi).

En somme, que ce soit sur la terre, sur la mer ou dans les airs, dans tous les domaines, cette Résistance s’est considérablement développée et avancée, à la fois en quantité et en qualité, que ce soit en nombre, en effectifs, en équipements, en expertise, en expérience, en entraînement, en capacités, et, plus important encore, en foi, en certitude dans la victoire divine, en confiance en Dieu et en disposition aux sacrifices.

Et c’est pour cela qu’il est évident aujourd’hui, alors que je suis assis avec toi, que si nous considérons l’état d’esprit actuel de tous les dirigeants (politiques et militaires) israéliens, ils redoutent cette Résistance et ils en ont peur, et ils y réfléchissent à un million de fois, bien plus bien plus que ce qui était le cas auparavant, même en 2006.

Journaliste : Eminent Sayed, peut-être qu’il ne vous reste qu’un point faible, à savoir que vous n’avez toujours pas de défenses antiaériennes capables d’abattre les avions israéliens qui continuent à violer constamment notre espace aérien.

Hassan Nasrallah : Qui dit que nous n’en avons pas ? Peut-être que nous en avons, peut-être que nous n’en n’avons pas. Affirmer absolument que nous n’en n’avons pas n’est pas exact. Mais je ne vais pas dire non plus que nous en avons, parce que le moment n’est pas encore venu de révéler si nous en avons ou pas. Laissons cela dans le domaine de nos capacités cachées (sur lesquelles nous maintenons l’incertitude).

Journaliste : Mais d’un autre côté, Eminent Sayed, l’ennemi israélien a lui aussi développé ses capacités et a tiré profit des leçons de ses échecs pendant la guerre de juillet 2006. Ne prenez-vous pas en considération le fait qu’Israël a également fait un travail sur lui-même, œuvrant (sans relâche) à remédier à ses failles, à développer et à renforcer ses capacités, et par conséquent est devenu plus fort qu’il l’était en 2006 ?

Hassan Nasrallah : Il est vrai qu’Israël a travaillé à développer et à renforcer ses capacités, et qu’il a analysé et œuvré à remédier à ses points faibles, à ses failles, à ses faiblesses et à ses manques. Bien au-delà de la commission Winograd, dont les conclusions étaient accablantes (pour l’armée israélienne), ils ont également diligenté des études spéciales au sein de l’armée israélienne et au sein des autres institutions, dans le but de régler leurs failles spécifiques et techniques. Mais ce qui a frappé Israël, cette entité usurpatrice –chaque fois que je dis « Israël », c’est par facilité, mais nous ne reconnaissons pas cette entité sioniste usurpatrice comme un Etat (légitime)–, ce qui l’a frappée est quelque chose de très profond. L’entité a été frappée en profondeur, à un niveau qui n’est pas aisément remédiable, à savoir son esprit, son âme. Je parle de la confiance en (les capacités de) l’armée, la confiance des dirigeants de l’armée en leurs forces, la confiance des officiers en leurs soldats, la confiance des soldats en leurs officiers, la confiance du peuple en l’armée, la confiance des dirigeants politiques en la direction militaire, la confiance des dirigeants militaires en la direction politique. Restaurer cette confiance n’est pas quelque chose de facile. Il est extrêmement difficile de parvenir à un niveau de confiance qui signifie la certitude, la confiance absolue, la détermination, et qui permette à tous d’avancer avec assurance (en temps de guerre). Cela a été ébranlé à un très haut point. Et tout ce qu’a pu faire l’ennemi israélien depuis la guerre de 2006 pour restaurer cette confiance a échoué. Et cela est également un des bienfaits dus à l’endurance de Gaza, à la Résistance à Gaza. Israël a attaqué Gaza en 2014 et à d’autres occasions, et jusqu’à la dernière confrontation avec Gaza (en mai 2019), nous avons tous pu voir (la mise en échec) d’Israël, qui n’est pas parvenu à restaurer cette confiance qui a été frappée en profondeur. Voilà pour le premier aspect

Il y a un autre problème qu’Israël n’est pas parvenu à régler, et c’est quelque chose de très important qui fait partie des conséquences de la guerre de 2006. Je parle de la faiblesse et de l’impuissance du front intérieur israélien, du front intérieur de l’entité ennemie, qui ont été révélées au grand jour (en 2006). (Durant les guerres précédentes), le front intérieur était toujours préservé et épargné. Où se déroulaient les guerres ? Sur nos terres, sur le territoire libanais, sur le territoire syrien, sur le territoire égyptien, sur les autres territoires (arabes). Ce n’était pas sur le territoire palestinien –parce que nous ne pouvons pas parler de territoire israélien–, ce n’était pas sur le territoire sur lequel a été érigé l’entité usurpatrice (que tombaient les missiles). Mais la guerre de 2006 à porté la bataille sur les terres de l’ennemi –pour autant qu’on puisse considérer qu’il s’agit de « ses » terres–, sur le front intérieur de l’ennemi (qui a été quotidiennement frappé par les missiles de la Résistance). Et à présent, la Résistance est plus forte que jamais au niveau de sa capacité de cibler et de faire trembler le front intérieur ennemi (par un déluge de missiles voire une offensive terrestre en Galilée). Israël n’est pas parvenu à régler ce problème jusqu’à présent. Ils s’y évertuent vainement depuis 2006 jusqu’à ce jour.

Ils ont commencé à essayer de résoudre ce problème en 2007, en organisant des manœuvres pour le front intérieur qu’ils ont surnommées « Moment Décisif 1 ». L’année 2008 a vu les manœuvres « Moment Décisif 2 », puis « Moment Décisif 3 » l’année d’après, puis le 4, le 5, et ainsi de suite. Chaque année, ils organisent des manœuvres considérables sur l’ensemble de leur territoire (impliquant à la fois les militaires et la population civile, afin d’évaluer le degré de préparation de) leur front intérieur. Et jusqu’à présent, les grands généraux israéliens affirment que le front intérieur n’est toujours pas prêt à la guerre. Et ça fait 13 ans qu’ils essaient d’y remédier. Mais jamais ils ne seront prêts à la guerre, jamais ils ne seront prêts à supporter une guerre. C’est également un problème majeur qui reste présent.

Un autre problème encore (pour Israël) est celui des forces terrestres. Depuis 2006 jusqu’à ce jour, malgré le fait qu’ils affirment s’en être occupés, on peut voir, d’après l’aveu même des dirigeants israéliens, un net recul dans la force, la capacité et la fiabilité de la force terrestre, comme le reconnaissent les Israéliens eux-mêmes, ce n’est pas moi qui le dis. Israël et le monde entier savent bien que la force aérienne n’est pas capable de remporter une guerre sans appui terrestre, sans force terrestre. Sans une vaste offensive terrestre, rien dans les équations (de force) ne peut être modifié. Tout ce que peut réaliser l’aviation (seule), ce sont des destructions (et des massacres de civils) ici ou là.

Par conséquent, c’est également là l’une des évolutions négatives du point de vue israélien, qu’ils ne sont pas parvenus à résoudre depuis 13 ans. Au contraire, ce problème est devenu plus grave encore, il est devenu plus profond. La crise de confiance du fait de l’échec face à Gaza –après l’expérience libanaise (de 2006)– est devenue plus profonde. La faiblesse et l’impuissance de la force terrestre (s’est aggravée, de même que) la faiblesse et l’impuissance du front intérieur. Hier encore, je lisais un texte (israélien) qui disait que malgré tout ce que nous avons pu faire (pour y remédier), si le territoire de l’entité israélienne subissait une vaste offensive multiple depuis plusieurs endroits (invasion simultanée depuis Gaza, le Liban, la Syrie…), Israël n’a pas la capacité d’absorber 2 millions de réfugiés intérieurs, à l’intérieur de la Palestine occupée. Nous parlons d’une population de 9 million de personnes. Que vont-ils faire avec les 7 millions d’Israéliens restants ? Où vont-ils fuir (s’ils ont déjà du mal avec 2 millions) ?

Journaliste : Mais, Eminent Sayed…

Hassan Nasrallah : Bien sûr, à un autre regard, nous ne nions pas le fait que depuis 13 ans, Israël a intensifié ses entraînements et ses manœuvres, que ce soit à Chypre, en Grèce, en Europe et ailleurs. Nous ne nions pas le fait qu’ils aient obtenu davantage de nouvelles technologies et des armes plus sophistiquées de la part des États-Unis, au niveau de l’aviation (F-35), etc., etc., etc., etc. Mais en ce qui nous concerne, la principale question face à l’ennemi israélien n’est pas l’arsenal militaire. Leur arsenal militaire durant la guerre de juillet (2006) était absolument considérable et sans égal, mais malgré cela, (nous avons gagné).

Journaliste : Au sein de l’entité israélienne, dans leurs déclarations, ils menacent en permanence de renvoyer le Liban à l’âge de pierre en cas de guerre, s’appuyant sur une liste de cibles complète (qui paralyseront le pays). Mais si on considère la situation de l’autre côté, si une guerre survient, à Dieu ne plaise, qu’en sera-t-il de la situation de l’entité (sioniste) ? Et je ne sais pas si je peux vous le demander, mais quel est le nombre (et la teneur) des cibles qui se trouveront à portée de vos missiles ?

Hassan Nasrallah : Aujourd’hui, après ce que je vais exposer, je conseille aux Israéliens de ne pas réitérer ce type de propos selon lequel ils vont renvoyer le Liban à l’âge de pierre. Certains d’entre eux disaient qu’ils allaient renvoyer le Liban 50 ans en arrière, mais tu sais que pour les Libanais, c’est une plaisanterie, car on se dit « On voudrait bien, parce qu’il y a 50 ans (avant la guerre civile au Liban), on avait de l’électricité (fonctionnelle), de l’eau, nos rues étaient propres, etc. » [Rires] Ce propos selon lequel le Liban va être renvoyé à l’âge de pierre sous-estime le Liban.

Considérons donc ce que nous pouvons faire d’Israël pour notre part (en cas de guerre). Je ne dis pas « à quelle période on va les renvoyer », parce qu’avant 1948, ils n’existaient même pas. A quoi pouvons-nous amener cette entité et ce peuple, les colons. Je ne parle pas de civils au sens propre, mais d’occupants, de colons, d’envahisseurs. Je le précise pour que personne ne dise que je menace les civils de l’entité (ce ne sont pas des civils à proprement parler).

(Le 25 mai) 2000, à Bint Jbeil, j’ai notamment dit qu’Israël était plus fragile qu’une toile d’araignée. Durant les 13 dernières années, ma certitude à ce sujet s’est renforcée, et il m’est apparu que même l’expression « plus fragile qu’une toile d’araignée » n’est pas assez forte pour décrire la faiblesse de cette entité. Je vais le montrer de manière scientifique, avec des données précises.

Puisque (Israël) constituait le propos essentiel de notre entretien de ce soir (consacré à la victoire de 2006), j’ai apporté une carte avec moi [réalisée par le Hezbollah]. [Rires] En général, le spécialiste en la matière, c’est Netanyahou à l’ONU (il montre souvent des schémas ou cartes ridicules pour incriminer l’Iran), ou Trump, lorsqu’il veut vendre ses armes (à l’Arabie Saoudite), n’est-ce pas ? Mais aujourd’hui, c’est moi qui suis contraint de recourir à ce procédé.

Si on regarde cette carte que je tiens entre mes mains, Professeur Imad, voici la Palestine occupée, l’entité usurpant la terre de Palestine qu’ils dénomment actuellement « Israël ». Ce qu’on voit ici en blanc, c’est la Cisjordanie, et en bas la bande de Gaza. Si on regarde l’ensemble de la région, on voit ici le Golan, que nous faisons figurer en Syrie, car pour nous il ne fera jamais partie de l’entité (sioniste). Ici, c’est le Nord, et ici, c’est le Sud. On voit que la plus grande superficie (d’Israël) est au Sud, le Sud de la Palestine occupée. Le Sud est compris entre Beersheva, ici, et Eilat, là, les villes les plus notables. Dans tout le reste, il n’y a rien d’important. Ce sont des petites villes, des petites colonies. Et on retrouve la même chose près de la bande de Gaza. Considérons que sur le plan opérationnel, le Sud est hors de notre ligne de mire. Bien sûr, la Résistance est capable de frapper l’ensemble de ce territoire, jusqu’à Eilat. (En 2006), je disais (que nous pouvions frapper) « au-delà, bien au-delà de Haïfa », c’est-à-dire Tel-Aviv, mais aujourd’hui, j’affirme que je peux frapper au-delà de Tel-Aviv, et même au-delà d’Eilat : s’ils ont quelque chose après Eilat, on peut également le frapper, avec la grâce de Dieu. Mais laissons le Sud de côté et ne nous en embarrassons pas,  (car il n’y a pas de cible de valeur là-bas). Tout le Nord est dans notre ligne de mire. On peut le frapper de n’importe quel point du Liban, et aussi longtemps qu’il le faudra. Et nous possédons les coordonnées de toutes les cibles du Nord, qu’il s’agisse de cibles militaires, sécuritaires, technologiques, économiques, industrielles, etc., etc., etc., toutes ces données sont entre nos mains.

Mais le point le plus important dont je veux parler, c’est cette bande côtière (au centre d’Israël). Je tiens à exposer cela à l’opinion publique, afin qu’ils comprennent à quel point Israël est plus fragile qu’une toile d’araignée. Si on regarde la bande côtière d’Israël ici, sur cette grande carte, la partie la plus étroite de l’ensemble de l’entité (sioniste), dont nous avons effectué un agrandissement ici. Si on regarde ce rectangle, depuis (la ville de) Netanya, et qu’on descend jusqu’à Ashdod, on a une longueur de 60 à 70 kilomètres. A certains endroits, la largeur de cet espace est (seulement) de 14 kilomètres, et ailleurs, elle va jusqu’à 20 kilomètres. On voit également un autre problème d’Israël, qui est l’absence de profondeur stratégique. Si on regarde le cœur de cet espace, la largeur est plus étroite, et on a une longueur de 40 kilomètres pour 20 kilomètres de large. Mais considérons l’espace de manière plus large, de Netanya à Ashdod, nous avons découpé une bande territoriale –c’est nous qui avons réalisé cette carte, je ne me contente pas de la montrer à la télévision ; c’est l’une des cartes que nous avons dans notre salle des opérations– de 20 kilomètres de large et de 60 à 70 kilomètres de long. Voyons donc quelles cibles nous avons dans cet espace.

Premièrement, la plus grande partie des colons israéliens (tous les Israéliens sont des colons, où qu’ils vivent en Palestine occupée) se trouvent dans cet espace. La moitié de la population, ou un peu plus de la moitié de la population israélienne, en fonction des différents recensements, s’y trouve. Regarde donc les cibles qu’on trouve dans cet espace qui, dans le meilleur des cas, fait 1200 km2, un espace insignifiant (du point de vue militaire). C’est un espace confiné. Nous ne sommes pas engagés dans une guerre avec un grand Etat possédant de vastes espaces, ce qui nous amènerait à nous demander comment faire pour atteindre toutes les cibles (stratégiques présentes sur son territoire). Dans ce petit rectangle, on trouve toutes les institutions principales de l’Etat, qu’il s’agisse du gouvernement, des ministères, du ministère de la guerre, du commandement et de l’état-major de l’armée, l’aéroport international Ben-Gourion, les aéroports nationaux, les bases de l’armée de l’air, les bases militaires d’armes non conventionnelles (chimiques et nucléaires), des usines pétrochimiques, des centrales nucléaires… Tout cela se trouve dans cet espace restreint. Citons encore les ports de Tel-Aviv et d’Ashdod, les usines d’armement militaire, les complexes industriels civils, les principaux pôles de commerce et des finances, la bourse d’Israël, les principales centrales de génération et de diffusion d’électricité, les raffineries et fournisseurs de gaz, les centres de traitement et de distribution des eaux, les raffineries de pétrole, etc. 90% de tout cela se trouve dans cet espace.

Imagine donc qu’il y ait une Résistance dotée d’une capacité balistique, par exemple des milliers, des dizaines de milliers de missiles ou davantage encore –je ne vais pas donner d’ordre de grandeur (de ce que nous possédons)–, tous capables d’atteindre cette zone. Car nous ne sommes pas tenus de frapper le sud ou toute autre zone, (nous pouvons nous concentrer sur cette zone stratégique). Nous pouvons frapper le Nord avec un certain type de missiles (nos roquettes les moins avancées), et le reste de nos missiles, au lieu de le gaspiller sur le Nord, nous le concentrerons sur cette bande côtière. Cette entité pourra-t-elle tenir bon et endurer (de tels ravages) ? Là est l’âge de pierre ! Qui va renvoyer l’autre à l’âge de pierre ?

Et même au Nord, nous avons déjà parlé des entrepôts d’ammoniaque à Haïfa, un problème qu’ils ne sont pas parvenus à régler malgré leurs tentatives. Ils ont essayé de les déplacer au centre, au sud, mais en vain. De même, il est difficile de l’entreposer en mer. Ils disent eux-mêmes que si on frappait ces réserves d’ammoniaque… Un jour, dans un de mes discours, j’ai dit que nous venions d’acquérir une arme nucléaire, et tout le public a éclaté de rire, mais je leur ai dit que je ne plaisantais pas. [Rires] Ils croyaient que je plaisantais. Je leur ai dit qu’un seul missile lancé sur les entrepôts d’ammoniaque à Haïfa, deux missiles tout au plus, les Israéliens eux-mêmes disent que si cela se produisait, il y aurait des dizaines de milliers de morts et des dizaines de milliers de blessés, et que toute cette zone deviendrait invivable.

Et je ne parle même pas de l’opération (de libération) de la Galilée, de notre force terrestre, de notre entrée dans la terre de Palestine chérie et bien-aimée, je ne parle que de la puissance de feu. Ce jour viendra-t-il ? Oui, ce jour viendra, et nous sommes prêts pour cela. Israël sait tout aussi bien que nous que cette zone contient de nombreuses usines chimiques et pétrochimiques, des centrales nucléaires, et tout cela est à portée de nos missiles, et nous pouvons les atteindre.

Cette entité est aujourd’hui dissuadée dans tous les sens du terme de se lancer dans une guerre contre le Liban, alors que ça fait 13 ans (qu’ils essaient de s’y préparer et d’empêcher la montée en puissance du Hezbollah). Je ne cherche pas à les provoquer, mais c’est la vérité. Ça fait 13 ans qu’ils disent qu’il est interdit au Hezbollah de développer sa capacité balistique. Mais nous avons (considérablement) développé notre capacité balistique. Il est interdit au Hezbollah de posséder des missiles de précision. Mais nous en possédons (en quantité plus que suffisante). Il est interdit au Hezbollah de posséder des armes qui renversent l’équilibre des forces. Mais nous en possédons. Il est interdit de, il est interdit de… (Tous les interdits israéliens ont été enfreints, et Israël n’a rien fait.)

Ils essaient de recourir à d’autres choix (pour nous entraver, comme soutenir les terroristes en Syrie), mais le choix de la guerre contre le Liban, ou ne serait-ce que le choix de frapper un quelconque objectif militaire au Liban, de faire une incursion aérienne contre le Liban, ils se l’interdisent. Pourquoi ? De qui Israël a-t-il peur ? De Trump ? De l’Europe ? De la Ligue Arabe ? De qui Israël a-t-il peur ? Il a peur de la Résistance du Hezbollah, qui est capable de faire tout ce que je viens de mentionner.

Journaliste : La nouvelle équation, Eminent Sayed, est donc que le Hezbollah est maintenant capable d’infliger une destruction colossale au centre d’Israël et jusque dans la profondeur du territoire israélien ?

Hassan Nasrallah : Tu peux utiliser le vocabulaire de ton choix. Je ne sais pas exactement quel est le terme qu’il faut employer pour décrire fidèlement (ce que nous infligerons à Israël en cas de guerre).

Journaliste : Quel sont les mots les plus proches de la réalité, de ce que tu prévois ?

Hassan Nasrallah : Les mots que tu as utilisés seraient un minimum. [Rires]

Journaliste : « Destruction colossale » ?

Hassan Nasrallah : Oui. Je n’exagère nullement. Aujourd’hui, Israël sait bien que je dis la vérité. Peu m’importe si certaines (régimes) arabes me croient ou non. S’ils y croient, tant mieux. Sinon, ce n’est pas un problème. Ce qui m’importe, c’est que les Israéliens le sachent. Aujourd’hui, dans tout ce que je dis, il n’y a aucun secret, que les gens soient rassurés. Les secrets que les Israéliens ignorent, je ne les révèle jamais avant le moment venu, cela fait partie de la bataille (militaire ou psychologique). Mais tout ce que je viens de dire, Israël le sait très bien, et sait à quoi s’attendre en cas de guerre. Et c’est pourquoi aujourd’hui, et 2006, toutes leurs discussions et tous leurs discours (tournent autour du Hezbollah).

Il y a quelques jours (du 30 juin au 2 juillet, en Israël), s’est tenue la conférence (de sécurité) annuelle d’Herzliya, et je conseille aux gens de regarder de quoi ils ont parlé dans leurs séminaires, les déclarations des généraux, etc. : Israël face au Hezbollah, Israël face au Hezbollah, Israël face au Hezbollah, etc. Pourquoi le Hezbollah constitue-t-il une si grande obsession ? Car ils connaissent bien ces données et cette équation (de force et de dissuasion).

Journaliste : Le journal Times of Israel a rapporté que le Hezbollah a un plan secret considérable pour envahir la Galilée qui ne recourt pas aux tunnels qui ont été découverts par l’armée israélienne. Ce journal affirme que les tunnels ayant été rendus inaccessibles, il est probable que les troupes (d’élite) Al-Redwan prévoient de faire entrer des milliers de combattants en Israël simultanément à travers plusieurs points, pendant un bombardement intense de la région frontalière, avec le recours à des drones de surveillance pour obtenir des données de terrain en direct et pour frapper des positions israéliennes. Est-ce votre plan ?

Hassan Nasrallah : Est-ce que tu crois que je vais te le dire ? [Rires] C’est l’un des scénarios logiques et réalisables qu’on peut imaginer. Mais de manière générale, et nos frères (du commandement opérationnel du Hezbollah) sont maintenant reconnus pour leur compétence en la matière, Dieu merci, et ils ont une expertise importante et ont fondé une véritable école à cet égard, et c’est pourquoi ils préparent plus d’un plan et plus d’un scénario…

Journaliste : Mais le plan d’invasion de la Galilée est toujours d’actualité ?

Hassan Nasrallah : Il fait partie de nos plans de guerre. En général, nous concevons des plans, et nous préparons tout ce qu’il faut pour pouvoir les réaliser. Mais ce n’est que pendant la guerre que nous décidons quelle partie de quel plan nous allons réaliser.

Journaliste : Mais tout ce que tu nous dis, c’est en cas de guerre que ça se réalisera. Jusqu’à présent, tu considères qu’il est improbable que la Grande Guerre contre l’ennemi israélien survienne (dans un avenir proche) ?

Hassan Nasrallah : Oui, du fait de la situation de dissuasion, je considère toujours comme improbable qu’Israël initie une guerre de cette nature.  On le voit bien dans leurs analyses durant la conférence (d’Herzliya). Personne parmi eux n’a de certitude, ni même de confiance dans le fait qu’une guerre contre le Liban mènerait à une victoire pour Israël. Ils savent bien que lancer une guerre contre le Liban, malgré leur capacité de destruction –ça fait 70 ans qu’ils détruisent et (massacrent les civils), ce n’est pas nouveau, mais ce qui est nouveau, c’est ce qui va leur arriver !–, toute nouvelle guerre ne ressemblera guère à celle de juillet 2006, mais sera bien pire pour Israël et les mettra au bord du précipice et de l’extinction, comme ils le savent très bien, s’ils ne parviennent pas à réaliser une grande victoire décisive et rapide. Mais comment pourraient-ils obtenir une telle victoire ?

Journaliste : Mais en revanche, Eminent Sayed, on pourrait te demander jusqu’à quel point le Liban, qui traverse une crise économique et financière, pourrait supporter le fardeau d’une nouvelle guerre contre l’ennemi israélien, surtout que les conditions semblent plus dures –je parle des conditions générales, et non celles du Hezbollah– qu’en 2006. Je parle de la situation de l’Iran, qui est plus faible dans un certaine mesure (du fait des sanctions américaines), et de la Syrie, qui a considérablement changé : en 2006, elle était un pilier (fort et paisible) où se sont réfugiés (un million) de Libanais…

Hassan Nasrallah : Cette analyse de la situation est fausse. Nous n’avons jamais eu de stratégie de guerre classique. Nous sommes un mouvement de Résistance qui a des objectifs bien déterminés, et des procédés spécifiques (guerre de guérilla). Nous sommes en train de parler d’une guerre qui serait imposée au Liban, et nous y sommes tout à fait prêts.

Journaliste : D’après les calculs de l’ennemi, s’ils réussissaient à te cibler personnellement (et à t’assassiner), à Dieu ne plaise, cela porterait un coup fatal au Hezbollah. Comment considérez-vous ce risque, et à quel degré l’avenir de la Résistance et de la lutte (contre Israël) dépend de votre personne, Eminent Sayed ?

Hassan Nasrallah : Il se confirme jour après jour que le Hezbollah ne dépend pas d’une personne en particulier. Depuis qu’il a été fondé, le Hezbollah n’a jamais reposé sur une personne ou sur l’existence d’une personne. C’est pourquoi nous avons pu avoir des (dirigeants) qui ont trouvé le martyre, qui ont quitté le Hezbollah ou sont restés sans que cela n’affecte le Hezbollah. Au contraire, le sang des martyrs donne un élan considérable à la voie (de Résistance) que nous avons adoptée, (comme cela a été particulièrement manifeste) avec Sayed Abbas al-Musawi, notre Secrétaire Général et notre Maître bien-aimé, (assassiné par Israël avec sa femme et son fils de 5 ans en 1992), de même qu’avec les autres dirigeants martyrs : Hajj Imad [Moghniyeh, assassiné en 2009], Sayed [Mostafa Badreddine] Zulfiqar,  [tombé martyr en Syrie en 2016], et tous nos autres frères. Mais je le répète, le Parti (de Dieu) et la Résistance ne dépendent pas d’une personnalité : c’est toute une organisation, et elle fonctionne comme une organisation.

Et c’est pourquoi aujourd’hui, l’une des raisons de la puissance du Hezbollah et de l’accroissement de cette puissance, de ses activités et de son champ d’intervention (Liban, Palestine, Syrie, Irak, Yémen, etc.)… Si c’est moi en personne qui devais suivre tous les dossiers dans lesquels nous sommes impliqués, ce serait humainement impossible ! Il y a des instances, des responsables, des dirigeants, et je ne suis que l’un d’entre eux. Il est naturel que la confiance, l’affection, l’amour, l’attachement, l’obéissance et tous ces aspects positifs (me soient particulièrement) attachés. Mais chaque personne a son influence particulière.

A mon avis, ce calcul de l’ennemi (est faux), et il ne parviendrait pas à réaliser une victoire (en m’assassinant). Au contraire, chez nous, le sang des martyrs et le sang des dirigeants, surtout aux moments de combat, donnent un élan énorme à tous les combattants pour continuer sur leur voie et à tous les dirigeants pour rester fidèles aux mêmes objectifs. Nous ne craignons rien à cet égard.

Bien sûr, mon devoir et le devoir de Hezbollah est de veiller tout particulièrement à notre sécurité, et de prendre toutes les précautions requises pour protéger les dirigeants du Hezbollah (de toute tentative d’assassinat), que ce soit moi ou n’importe lequel d’entre nous, c’est de notre devoir de ne pas constituer une proie facile pour notre ennemi. Mais nous ne basons pas nos calculs de victoire sur cela.

Journaliste : Pour revenir à l’Axe (de la Résistance), tu es donc sûr de votre capacité à remporter une victoire décisive si la Grande Guerre devait avoir lieu, c’est bien ça ?

Hassan Nasrallah : C’est une certitude, avec la grâce de Dieu, à tous les égards. Que ce soit du point de vue de la foi, car c’est la promesse de Dieu le Très-Haut et l’Exalté. Dieu nous a promis que « Si vous défendez la Cause de Dieu, Il vous soutiendra et raffermira vos pas » (Coran, 47, 7). Que signifie défendre la Cause de Dieu ?

1/ Si la cause est une cause juste –et vous pouvez explorer le monde entier, nulle part vous ne trouverez une cause plus juste ou plus claire que celle-ci, aussi éclatante que le soleil à midi, que ce soit du point de vue islamique, religieux, civilisationnel, moral, humanitaire, légal, jusqu’au droit international et à tous les autres critères, il n’y a rien de plus juste que la bataille contre cet ennemi qui occupe notre territoire et souille nos lieux saints, en Palestine et dans la région. C’est donc une cause juste, et nous défendons cette cause juste.

2/ Nous défendons le peuple libanais, le peuple palestinien et les peuples de la région, qui sont des peuples opprimés.  Nous défendons des opprimés.

3/ Nous sommes prêts à tous les sacrifices.

4/ Nous prenons toutes les mesures requises (nous ne nous contentons pas de prier mais nous sommes actifs, industrieux, diligents, etc.).

5/ Nous planifions (minutieusement) toutes nos actions.

6/ Nous nous concentrons sur nos points de force et les accumulons.

7/ Nous avons un haut sens du sacrifice et du don (de nous-mêmes et de ce que nous avons de plus cher).

8/ Et tout cela, nous le faisons pour plaire à Dieu, le Très-Haut et l’Exalté. Durant la guerre de 2006, dans l’histoire de la Résistance et dans la puissance actuelle de la Résistance, il y a une chose que beaucoup de personnes ne comprennent pas : c’est cet aspect de croyance, d’âme, de doctrine. Nous ne combattons ni pour le pouvoir, ni pour de quelconques bienfaits terrestres, nous ne faisons de concurrence avec personne pour le pouvoir, nous n’aspirons ni à être comblés d’éloges, ni à être glorifiés dans des poèmes. Bien sûr, quiconque fait notre éloge ou nous glorifie, nous l’en remercions. Mais nous faisons tout cela sur la Voie de Dieu le Très-Haut et l’Exalté, afin de gagner Son agrément et Sa satisfaction, rien de plus. Cet élan, que signifie-t-il ? Il signifie que nous essayons de tisser un lien avec le Maitre Incontesté des Cieux et de la Terre.

Il y a quelques jours, j’ai lu une déclaration qui m’a touché. Nous allons parler du Yémen plus tard, mais j’ai beaucoup aimé ce propos, donc je le rapporte maintenant. J’ai vu un tweet –je ne sais pas si c’est un tweet ou un extrait de discours– de notre frère bien-aimé Sayed Abd al-Malik Badr al-Din al-Houthi (dirigeant des AnsarAllah). Il s’adressait au Prince Mohammad Bin Salmane en ces termes : « Si les Etats-Unis sont avec toi, si l’Europe est avec toi, si la majorité du monde arabe est avec toi, si les pays (du monde) sont avec toi, si les frégates de guerre (occidentales) sont avec toi, si les armées (du monde) sont avec toi, si les aviations sont avec toi, si les technologies (les plus sophistiquées) du monde sont avec toi –peut-être que j’en ai rajouté un peu [Rires]–, si l’argent est avec toi, si le pétrole est avec toi, si les médias sont avec toi, face à ce peuple (yéménite) combattant et opprimé, et que tu es vaincu et que nous sommes vainqueurs, sache que Dieu est avec nous et non avec toi. » C’est une très belle phrase. Lorsque je l’ai lue, (j’ai été très affecté). Cet aspect religieux est quelque chose de fondamental dans notre confrontation (contre Israël), et c’est à nos yeux l’élément principal.

Journaliste : Je ne sais pas si je peux te poser la question maintenant, dans le cadre de notre propos, mais qui priera à la mosquée Al-Aqsa à Al-Quds (Jérusalem, après la disparition d’Israël) ? Est-ce vous, vos enfants ou vos petits-enfants (qui verront la libération complète de la Palestine) ?

Hassan Nasrallah : Premièrement, notre vie est entre les mains de Dieu le Très-Haut et l’Exalté, qui peut nous rappeler à Lui à tout instant. Mais si on met ce point de côté, selon moi, si on se base sur la logique, sur l’époque (que nous traversons) et sur l’évolution des événements dans la région et dans le monde, je fais partie de ceux qui ont un très grand espoir de prier moi-même à Al-Quds (après sa libération). Je parle en me basant sur (une analyse) logique (et en considérant que je mourrai de mort naturelle). Mais je ne connais pas le Décret divin, et je ne sais pas combien de temps je resterai vivant.

Journaliste : Mais ce qui importe est l’analyse logique (quant à l’espérance de vie d’Israël).

Hassan Nasrallah : Oui, c’est sur cela que je me base. Nous ne parlons que d’Israël, (une entité artificielle plus faible qu’une toile d’araignée). Le problème, Professeur Imad, le problème est qu’il n’y avait presque pas (d’implication) des Arabes (en faveur de la Palestine durant toutes ces décennies). Le problème est qu’au Liban, nous étions entravés par une ceinture de sécurité, en la personne d’Antoine Lahd qui protégeait Israël (avec sa milice de l’Armée du Sud-Liban). Mais (dans les autres pays), les ceintures de sécurité étaient (directement) au niveau des régimes arabes, qui protégeaient Israël. Cette entité (sioniste), si elle était livrée à elle-même, (elle n’aurait aucune chance de survivre).

Cette entité repose seulement sur deux équations, et nullement sur une force intrinsèque (dont elle est totalement dénuée). 1/ Le soutien américain et occidental ; 2/ La trahison (de la Palestine par les régimes) arabes. Voilà tout. Israël ne repose nullement sur une force intrinsèque.

Journaliste : Voilà les seuls points de force d’Israël.

Hassan Nasrallah : Si les régimes arabes se contentaient de rester neutres, comme je le leur ai demandé durant la guerre de juillet (2006)… Nous ne leur demandons pas de combattre à nos côtés, mais seulement d’arrêter de nous poignarder dans le dos. N’est-ce pas ce que je leur ai demandé (en 2006) ? Laissez-nous tranquilles, c’est tout (ce que nous vous demandons). Si les régimes arabes restaient neutres et ne complotaient pas contre la Palestine, contre les Palestiniens et contre les mouvements de la Résistance… Et je les appelle à nouveau à rester neutres, car ils ne sont pas neutres. Ils continuent à comploter, à inciter et à imposer des sanctions (contre les Palestiniens et quiconque les soutient). Et je sais que jusqu’à maintenant, dans la majorité des pays arabes, si quelqu’un collecte de l’argent non pas pour le Hezbollah mais pour nos frères de Palestine, pour le peuple palestinien, pour les mouvements de la Résistance palestinienne, on ne se contente pas de saisir les fonds mais on le jette en prison. Ne complotez pas contre la Résistance, restez neutres (et on pourra en finir avec Israël sans votre aide).

Aujourd’hui, Israël subsiste seulement grâce au soutien et à la protection des Etats-Unis. Et si la Résistance se prépare suffisamment et se décide (à attaquer Israël), même les Etats-Unis ne pourront pas traverser les mers et les océans pour défendre une entité dénuée de force intrinsèque. Si on met de côté les facteurs extérieurs, et qu’on active (toutes les forces) de l’Axe de la Résistance et le choix de la Résistance, cette entité n’a aucune chance de survivre.

Journaliste : Nous allons conclure cette partie par cette question. Il est bien connu que les médias ont joué un rôle essentiel durant la guerre de 2006, ainsi que durant les autres confrontations contre l’ennemi israélien, et en particulier les médias de la Résistance. Eminent Sayed, que peux-tu nous dire sur l’importance de ces médias et leur rôle, surtout à l’aune des efforts qui sont effectués pour les assiéger et les censurer, comme ce qui s’est passé avec la chaîne (du Hezbollah) Al-Manar (bombardée dès le premier jour de la guerre de 2006, mais ayant continué à diffuser sans interruption durant la guerre grâce à des installations secrètes) ?

Hassan Nasrallah : Je ne vais pas énoncer des truismes, car tout le monde connaît bien l’importance des médias en toutes choses : qu’il s’agisse de batailles, de guerres, de politique, d’économie, de commerce, d’industrie, pour absolument tout. Aujourd’hui, les médias constituent un acteur fondamental et très influent pour façonner les choses : ils ne font pas que rapporter les faits et couvrir les événements, mais les façonnent. Les médias de la Résistance, malgré leurs capacités modestes en matière de finances et d’équipement, ont une très forte influence du fait de la sincérité de ceux qui y travaillent, et de la vérité des informations qu’ils rapportent. Si quelqu’un investit chaque année des centaines de millions de dollars pour un média, mais qu’on finisse par savoir qu’il rapporte beaucoup de choses fausses [Rires], ce média n’aura aucun poids. La fiabilité des médias de la Résistance, par exemple la chaîne TV Al-Manar, la radio Al-Nour et les autres organisations directement liées à nous, fait qu’il était naturel et prévisible que cet ennemi [établi sur le mensonge] les cible. L’important est que les frères et sœurs travaillant dans ces organisations puissent poursuivre leur travail et rester convaincus du fait que leur action a une grande influence, quelle que soit la force du siège qui leur est imposé, car nous sommes capables de le surmonter et de faire parvenir notre voix au public. Il faut que ce rôle se poursuive, et son importance ne peut pas être ignorée. […]

La fin de la première partie de cet entretien sera publiée incessamment.

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Source : Sayed Hasan
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