LE CRI DES PEUPLES
Coup d’état en Bolivie :
Pourquoi Evo
Morales a été renversé par Washington
Lundi 18 novembre 2019 Discours du
Président de la République de Bolivie,
Evo Morales, lors du Briefing du Conseil
de Sécurité consacré à la
non-prolifération, le 26 septembre 2018.
Exceptionnellement,
Donald Trump présidait la séance, et
s’est donc directement entendu dire ses
quatre vérités par le Président d’une
nation du Tiers-Monde authentiquement
souveraine et populaire. Ce crime de
lèse-majesté commis depuis
l’arrière-cour des Etats-Unis, chasse
gardée de l’Empire, n’a pas tardé à être
châtié.
Transcription
:
Donald Trump
: Je donne maintenant la parole au
Président de la Bolivie.
Evo Morales
: Président des Etats-Unis d’Amérique,
mon frère António Guterres, Secrétaire
Général des Nations Unies, mes frères
Présidents, mes frères et sœurs
(membres) du Conseil de Sécurité,
Aujourd’hui, la
présidence (américaine) du Conseil de
Sécurité a invité les membres de ce
corps pour discuter de la
non-prolifération des armes de
destruction massive. La Bolivie se
trouve dans une région qui a été
déclarée dépourvue d’armes nucléaires
depuis plus d’un demi-siècle. Pour cette
raison, je m’estime en position de
rappeler l’article I du Traité
interdisant l’emploi d’armes nucléaires,
qui stipule que chaque Etat ayant
ratifié ce Traité s’engage à ne jamais,
sous aucune circonstance, développer,
tester, produire, manufacturer, acquérir
de quelque manière que ce soit, posséder
ou stocker des armes nucléaires ou tout
autres engins nucléaires.
J’appelle tous les
Etats réunis autour de cette table à
signer, à ratifier et à mettre en œuvre
immédiatement cette provision du Traité.
C’est le meilleur moyen d’éviter la
possibilité catastrophique de
l’utilisation de telles armes. C’est une
obligation morale et un devoir que nous
avons envers les générations futures.
Frères et sœurs du
monde,
Les Etats membres
de l’ONU sont obligés de se conformer
aux principes et objectifs fondamentaux
de la Charte de 1945. Par-dessus tout,
nous sommes obligés de nous conformer au
principe de résolution des différends
internationaux par le biais de
mécanismes de résolution pacifiques.
Aucun de ces mécanismes n’inclut l’usage
d’armes de quelque sorte que ce soit,
bien au contraire. C’est un appel à la
négociation, à la diplomatie, au
dialogue et à la résolution légale des
conflits : tels sont les principes qui
doivent guider les actes des pays de
l’ONU pour résoudre les conflits ou
différends qui peuvent surgir. La
Bolivie est convaincue que ce n’est
qu’en recourant à ces moyens pacifiques
que nous pourrons construire des
sociétés plus justes, et des sociétés
qui sont à même d’assumer leur part de
responsabilités. Nous devons être
capables d’abandonner et de reléguer aux
livres d’histoire l’usage primitif de la
force des armes entre les peuples.
Je tiens à
souligner, en guise d’exemple, la
contribution de la Cour Pénale
Internationale, l’instance judiciaire
principale du système des Nations Unies,
qui a été capable de résoudre
efficacement des disputes entre Etats
dans diverses parties du monde, des
Etats qui faisaient face à diverses
situations et avaient des plaintes &
revendications variées.
Mes frères et
sœurs,
Nous sommes
convaincus qu’il est crucial d’établir
un dialogue non seulement sur les
effets, mais également sur les causes
structurelles et premières qui mènent à
la guerre, et sur les motivations
réelles des assauts contre la paix, la
sécurité et la justice dans le monde
dont nous sommes témoins.
Considérons
l’exemple de l’Iran, un pays qui a été
mentionné ce matin (comme pays violateur
des Traités internationaux par les
Etats-Unis et ses vassaux d’Europe
occidentale). En 1953, les Etats-Unis
ont financé, orchestré et mis en œuvre
un coup d’Etat contre un gouvernement
démocratiquement élu, qui, dans
l’exercice légitime de sa souveraineté,
a nationalisé les ressources
énergétiques du pays, les reprenant aux
mains des compagnies pétrolières
anglo-américaines. Après cela, durant de
nombreuses décennies, les Etats-Unis ont
soutenu un gouvernement autoritaire qui
a permis que les profits de la
production pétrolière aillent dans les
poches des compagnies transnationales.
Cette situation a perduré jusqu’à la
révolution de 1979. Et maintenant que
l’Iran a repris le contrôle de ses
propres ressources, il est une nouvelle
fois victime d’un état de siège imposé
par les Etats-Unis.
La Bolivie condamne
catégoriquement l’action unilatérale
imposée par le gouvernement des
Etats-Unis contre l’Iran. De même, nous
condamnons le retrait de Washington du
Traité sur le nucléaire iranien (JCPOA),
qui se réfugie derrière de vains
prétextes pour continuer sa politique
d’ingérence dans les affaires
intérieures de ce pays frère, l’Iran.
Mes frères et sœurs
du Conseil de Sécurité,
Nous voulons
aborder la question du Moyen-Orient, une
région riche en ressources naturelles,
qui est pour cette raison ravagée par
les invasions, les guerres et les
agressions injustifiées qui continuent à
causer des souffrances pour les peuples
du Moyen-Orient. C’est dans cette région
du monde que les actes d’agression les
plus flagrants du XXIe siècle ont eu
lieu.
La première
agression est l’invasion illégale de
l’Irak (en 2003), basée sur le mensonge
selon lequel ce pays possédait des armes
de destruction massive. Cette invasion a
causé plus d’un million de morts.
Le second acte
d’agression est le renversement du
gouvernement de Libye (en 2011), qui a
causé des dizaines de milliers de morts,
tout en prétendant que c’était une
action humanitaire. La conséquence est
une grave instabilité politique et une
crise humanitaire dans tout le Nord de
l’Afrique.
Le troisième acte
d’agression que je dénonce est la guerre
civile en Syrie, qui, durant les 8
dernières années, à coûté la vie à plus
d’un demi-million de personnes. Cette
guerre est le résultat direct de
l’ingérence étrangère et du financement
de groupes armés et d’organisations
terroristes qui se sont dressés contre
le gouvernement syrien.
Mes frères et
sœurs,
Durant les derniers
mois, les Etats-Unis ont une nouvelle
fois manifesté leur mépris souverain
pour le droit international, pour le
multilatéralisme et pour les principes
et objectifs de la Charte des Nations
Unies. Chaque fois que les Etats-Unis
envahissent des nations, lancent des
missiles ou financent des opérations de
changement de régime, ils le font en se
cachant derrière une campagne de
propagande qui répète inlassablement le
mensonge selon lequel ils agiraient pour
réaliser la justice, la liberté et la
démocratie, pour les droits de l’homme
ou pour des raisons humanitaires.
Je tiens à déclarer
franchement et ouvertement en cette
assemblée que les Etats-Unis se
contrefichent de la démocratie. Si ce
n’était le cas, ils n’auraient pas
financé des coups d’Etat et soutenu des
dictateurs. Ils n’auraient pas menacé
d’intervention militaire des
gouvernements démocratiquement élus,
comme ils l’ont fait avec le Venezuela.
Les Etats-Unis ne
pourraient pas avoir plus de mépris
qu’ils n’en ont pour les droits de
l’homme et la justice. S’ils s’en
souciaient un tant soit peu, ils
auraient signé les Traités
internationaux pour la sauvegarde des
Droits de l’Homme. Ils n’auraient pas
menacé les mécanismes d’investigation de
la Cour Pénale Internationale. Ils ne
feraient pas la promotion du recours à
la torture. Ils n’auraient pas quitté le
Conseil des Droits de l’Homme. Ils
n’auraient pas séparé de leurs familles
les enfants de migrants, et ne les
auraient pas enfermés dans des cages.
Les Etats-Unis ne
souhaitent guère le multilatéralisme. Si
c’était le cas, ils ne se seraient pas
retirés de l’Accord de Paris ou du Pacte
international sur les migrations. Ils
n’auraient pas lancé d’attaques
unilatérales, pas plus qu’ils n’auraient
pris des décisions telles que déclarer
illégalement Jérusalem comme la capitale
d’Israël.
Ce mépris pour le
multilatéralisme est motivé par la soif
des Etats-Unis pour l’hégémonie
mondiale, le contrôle géopolitique et
l’accaparement des ressources naturelles
(des autres pays)
Mes frères et
sœurs,
A la lumière de la
situation que je viens d’évoquer, je
tiens à saluer les pays – la France,
l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine et
la Russie – qui ont fermement soutenu
l’accord sur le nucléaire conclu avec
l’Iran. Nous saluons également les pays
qui n’ont pas abandonné l’Accord de
Paris, qui défendent le principe de la
souveraineté et de l’égalité des Etats,
qui appliquent les principes de
non-ingérence dans les affaires
intérieures, qui respectent le droit
international, respectent librement tous
ces engagements et défendent le
multilatéralisme.
La responsabilité
de notre génération est de transmettre
un monde plus juste et plus sûr aux
générations futures. Nous ne réaliserons
ce rêve que si nous travaillons ensemble
à consolider un monde multipolaire régi
par des règles qui s’appliquent
également à tous, et qui sont respectées
et défendues face à toutes les menaces
qui pèsent sur les Nations Unies.
Je vous remercie.
Voir également
ces autres manifestations magistrales de
la souveraineté bolivienne, autant de
casi bellorum pour Washington.
Soutenez ce
travail et contournez la
censure en partageant cet article et
en vous
abonnant à la Newsletter.
Le sommaire de Sayed Hasan
Le dossier
Amérique latine
Les dernières mises à jour
|