Opinion
Attaques terroristes à Paris :
après l’émotion, dénonçons TOUS les
coupables
Sayed Hasan
Dimanche 15 novembre 2015
Condoléances et solidarité avec
toutes les victimes de la barbarie
terroriste, quelle que soit leur
nationalité (une vie égale une vie, même
si celle du concitoyen touche
naturellement plus), quel que soit son
visage, depuis 13 ans (invasion de
l’Irak) et bien plus et pas seulement
depuis le 13 novembre : Syrie, Irak,
Afghanistan, Pakistan, Yémen, Palestine,
Libye, Nigeria, etc., etc., jusqu’à
Beyrouth et Paris, les morts innocents
se comptent en centaines de milliers et
même en millions.
Condamnation
de tous les terroristes, de tous leurs
alliés, de tous leurs soutiens, en
particulier les gouvernements, contre
lesquels une justice « impitoyable »
devrait effectivement être exercée (sans
oublier leurs médias apologistes) : USA,
UK, Israël, France, Arabie Saoudite,
Turquie, Qatar... Rappelons que Laurent
Fabius déclarait à propos d’Al-Nosra,
branche d’Al-Qaïda, qu’ils « font
du bon boulot en Syrie », et que
François Hollande a reconnu armer les «
égorgeurs modérés » de l’opposition
anti-Assad. Ces attaques sont la
conséquence directe, prévisible et
prévue de longue date de leur politique
irresponsable, criminelle et apatride
qui a suivi les pas de Nicolas Sarkozy
en Libye.
Rejet de tout
amalgame : ces attentats ne sont pas le
fait de
l’Islam ni même de l’ « islamisme »
mais du
Wahhabisme, doctrine fanatique et
hérétique dont le monde islamique avait
emprisonné et ostracisé le précurseur,
Ibn Taymiyya, mais que l’Occident a
installée en Arabie Saoudite pour
contrôler le Moyen-Orient et ses
ressources, permettant son enracinement
et son exportation. Les musulmans
constituent
plus de 90% des victimes de cette
idéologie destructrice à laquelle les
bombes « démocratistes » et «
républicanistes » américaines ont
rouvert la voie depuis 2003.
Soutien aux
Etats et forces combattant
authentiquement le terrorisme de Daech
et autres : Armée Arabe Syrienne,
Hezbollah, Iran, Russie, forces
irakiennes, armée et résistance
yéménite, etc., à qui il convient de
rendre honneur, car ils combattent pour
leur liberté et pour leur sécurité mais
également pour la nôtre. Donnons-leur
longuement la parole, après un rappel
nécessaire, hélas, en cette France
post-9 janvier qui ne peut devenir que
plus schizophrénique et liberticide : « Je
ne suis pas Charlie ».
Salah Lamrani
Bachar Al-Assad,
Président de la République Arabe
Syrienne,
« Nous nous sommes
opposés à l’invasion de l’Irak parce que
nous l’avons considérée comme le début
de la division et du sectarisme. Notre
position était due à une préoccupation
réelle vis-à-vis d’une situation
dangereuse qui, nous en étions
convaincus, en résulterait
inévitablement. Aujourd’hui, nous
pouvons voir qu’elle est devenue une
réalité et nous sommes ceux qui en
paient le prix élevé. Nous avons
également mis en garde, dès le début,
tous nos interlocuteurs quant au fait
que ce qui se passait ne s’arrêterait
pas aux frontières de la Syrie mais se
propagerait, parce que le terrorisme ne
reconnaît pas les frontières nationales.
On m’avait alors accusé de menacer la
communauté internationale.
Ce que nous voyons
aujourd’hui en Irak, au Liban, en Syrie
et dans tous les pays qui ont été
frappés par le virus du faux
« Printemps » (arabe) ne constitue-t-il
pas des preuves tangibles de la
crédibilité de nos avertissements
répétés ? Bientôt, nous verrons les pays
arabes et régionaux qui ont soutenu le
terrorisme payer eux aussi un prix
douloureux. Beaucoup d’entre eux vont
comprendre, mais trop tard, que les
batailles livrées par le peuple syrien
pour la défense de sa patrie transcende
nos frontières nationales. Cette lutte
est en réalité une défense de nombreuses
autres nations qui, tôt ou tard, vont
souffrir du même terrorisme, que ce soit
du manque de clairvoyance de leurs
dirigeants et de leur ignorance absolue
des véritables intérêts de leurs
nations, ou en raison de leur manque de
compréhension de notre région et de
bienséance dans leurs interactions avec
ses peuples.
La question qu’il
faut poser est celle-ci : si l’Occident
et leurs alliés ne tirent les leçons des
erreurs de leurs expériences passées
qu’une fois qu’il est trop tard,
allons-nous aussi attendre qu’il soit
trop retard dans notre compréhension des
événements et des problématiques qui
nous concernent dans notre région ?
Fallait-il d’attendre trois ans et de
payer pour le manque de clairvoyance de
certains, en sacrifiant le sang de nos
enfants, nos vies, notre économie, notre
sécurité et notre réputation afin de
nous rendre compte que ce qui se passait
était en fait un complot contre notre
patrie, et non le soi-disant « Printemps
» de la liberté ou de la démocratie ?
Fallait-il payer un prix si élevé, et
continuer encore à le faire, afin que
ces gens se rendent compte que la
conséquence de leur ignorance est que
nous avons maintenant des incubateurs
pour le terrorisme et un tremplin pour
l’agression ? Fallait-il attendre douze
ans pour comprendre que l’invasion de
l’Irak n’apporterait que le terrorisme
et la division dans notre région ? (Discours
d’investiture, 16 juillet 2014)
[...]
Je répète [que
l’Occident et leurs alliés au
Moyen-Orient qui soutiennent le
terrorisme] n’en ont pas tiré la leçon,
pas plus qu’ils n’ont réagi au nom de
valeurs morales. C’est pourquoi je dis
que ces évolutions ne sont pas fiables
et que tant qu’ils auront deux poids
deux mesures, nous considérerons que ces
évolutions sont temporaires et ne
pourrons pas compter sur eux. Ils sont
susceptibles de revenir vers leurs
politiques colonisatrices et soutenir le
terrorisme à n’importe quel moment, en
mesure de l’évolution de leur situation
interne et électorale.
Et, alors que ces
dernières années c’était notre région
qui était censée exporter le terrorisme
au monde et à l’Occident, aujourd’hui
c’est l’Occident qui est devenu son
incubateur et son exportateur vers notre
région. Ceci, en plus de tous les autres
incubateurs déjà présents au
Moyen-Orient, notamment dans les pays du
Golfe, et des pays entrés plus récemment
en scène, tels la Tunisie et la Libye,
depuis les événements de 2010-2011 ;
tous ces incubateurs ayant commencé à
interagir et à exporter le terrorisme
partout ailleurs.
Pourtant, nous leur
avons expliqué à maintes reprises, avant
et pendant l’agression contre la Syrie,
que le terrorisme ne connaît pas de
frontières et ne recule pas devant les
déclarations et les dénonciations. Nous
les avons prévenus qu’on ne peut
l’arrêter par des guerres ni l’éliminer
par des avions, comme procède leur
coalition d’aujourd’hui.
Le terrorisme est
une pensée malade, une doctrine
pervertie, une pratique déviante qui est
née et qui a grandi dans un
environnement d’ignorance et
d’arriération, auxquelles se sont
ajoutés le mépris du droit des peuples
et les privations. Ce n’est un secret
pour personne que le colonialisme a jeté
les bases de tous ces facteurs réunis,
les a enracinés, et continue à y
contribuer. Comment est-il possible que
celui qui a semé les graines du
terrorisme veuille le combattre ?
Celui qui veut
combattre le terrorisme doit appliquer
des politiques rationnelles, fondées sur
la justice et le respect de la volonté
des peuples de décider de leur avenir,
de gérer leurs affaires et de récupérer
leurs droits ; fondées sur la diffusion
de la connaissance et la lutte contre
l’ignorance, sur l’optimisation de
l’économie, l’éducation de la société et
son développement.
Quant à la guerre
militaire contre le terrorisme, elle est
telle la cautérisation, le dernier des
remèdes. Et si jamais elle devient
inévitable pour la défense de la patrie,
elle ne peut en aucun cas remplacer les
politiques visant à cerner et à
éradiquer les facteurs favorisant sa
naissance et son développement, ni se
contenter de lui limer les ongles, comme
ils font, car ils repousseront plus durs
et plus meurtriers. Mais, ils n’avaient
pas prévu que le terrorisme frapperait
au cœur du continent européen, et plus
précisément à l’Ouest [la France], car
leur courte vue leur a fait croire
qu’ils resteraient à distance de ses
étincelles volant d’un endroit à un
autre, brûlant des pays entiers de notre
monde arabe et du Moyen-Orient
fondamentalement déstabilisés.
Ce qui n’implique
pas qu’ils en aient tiré les leçons, car
leur comportement face à ce phénomène
est toujours aussi hypocrite. Il s’agit
de terrorisme quand il les frappe, mais
de révolution, de liberté, de démocratie
et de droits humains, quand il nous
frappe. Ses auteurs sont des terroristes
chez eux, mais des révolutionnaires et
des opposants modérés chez nous. Ils
emplissent le monde de leurs cris quand
ils sont piqués par une étincelle, mais
adoptent le silence des tombes quand
nous brûlons de son feu… Maintenant,
s’ils se mettaient à déclarer que les
révolutionnaires qu’ils ont soutenus ne
sont que des terroristes et que leur
prétendue opposition syrienne est un
ramassis de petits agents qui n’ont rien
à voir avec la quête de la liberté ; ou
à l’inverse, s’ils permettaient aux
opposants de leurs pays de prendre les
armes, de tuer et de détruire, en
continuant à les ranger dans
l’opposition nationale, s’ils
acceptaient que leur opposition
travaille pour l’étranger ; s’ils
toléraient que des États étrangers
décident de leur système de gouvernement
et de leur dirigeant ; nous croirons
alors que leurs normes sont devenues
fixes et impartiales. Nous croirons
alors que l’Europe occidentale ou que
l’Occident a changé. Alors, nous
accepterons les vieilles recettes qu’ils
ont toujours utilisées pour justifier
toutes leurs agressions et ingérences
dans les Affaires des États sous de
nobles prétextes, tels les droits de
l’homme, la liberté, la démocratie.
Le comble de
l’hypocrisie est qu’ils prétendent
combattre le monstre qu’ils ont créé
mais qu’ils ne peuvent plus contrôler,
alors que leur objectif est juste de le
dompter. Leurs campagnes militaires,
politiques et médiatiques, ne sont
destinées qu’à jeter de la poudre aux
yeux et n’ont abouti qu’à développer le
terrorisme au lieu de l’éliminer. C’est
une réalité confirmée par les faits, non
le résultat de mon analyse. Le
territoire du terrorisme s’est élargi,
ses ressources matérielles et ses
effectifs ont augmenté.
Par conséquent,
pouvons-nous en attendre une coopération
honnête avec notre combat contre le
terrorisme ? Il s’agit d’Etats
historiquement colonialistes. Est-il
possible pour des colonisateurs dont
l’Histoire s’est écrite sur des pages
d’occupations, de meurtres, de
destructions, de terrorisme brûlant les
peuples et les asservissant, de soutien
à des organisations terroristes
dissimulées sous couverture religieuse
comme les Frères Hypocrites puis
Al-Qaïda et ses sœurs, de combattre le
terrorisme ? C’est impossible, parce que
le colonialisme a pour synonymes :
terrorisme, amoralité et inhumanité. (Adresse
à la Nation, 26 juillet 2015) »
Vladimir
Poutine, Président de la Fédération de
Russie
« Demandons-nous à
quel point nous sommes à l’aise avec
tout cela, à quel point nous sommes en
sécurité, combien nous sommes heureux de
vivre dans ce monde, à quel degré de
justice et de rationalité il est
parvenu. Peut-être n’avons-nous pas de
véritables raisons de nous inquiéter, de
discuter et de poser des questions
embarrassantes ? Peut-être que la
position exceptionnelle des États-Unis
et la façon dont ils mènent leur
leadership est vraiment une bénédiction
pour nous tous, et que leur ingérence
dans les événements du monde entier
apporte la paix, la prospérité, le
progrès, la croissance et la démocratie,
et nous devrions peut-être seulement
nous détendre et profiter de tout cela ?
Permettez-moi de
dire que ce n’est pas le cas, absolument
pas le cas.
Un diktat
unilatéral et le fait d’imposer ses
propres modèles aux autres produisent le
résultat inverse. Au lieu de régler les
conflits, cela conduit à leur escalade ;
à la place d’États souverains et
stables, nous voyons la propagation
croissante du chaos ; et à la place de
la démocratie, il y a un soutien pour un
public très douteux allant de
néo-fascistes avoués à des islamistes
radicaux.
Pourquoi
soutiennent-ils de tels individus ? Ils
le font parce qu’ils décident de les
utiliser comme instruments dans la voie
de la réalisation de leurs objectifs,
mais ensuite, ils se brûlent les doigts
et font marche arrière. Je ne cesse
jamais d’être étonné par la façon dont
nos partenaires ne cessent de marcher
sur le même râteau, comme on dit ici en
Russie, c’est-à-dire de faire les mêmes
erreurs encore et encore.
Ils ont jadis
parrainé des mouvements islamistes
extrémistes pour combattre l’Union
soviétique. Ces groupes se sont formés
au combat et aguerris en Afghanistan, et
ont plus tard donné naissance aux
Talibans et à Al-Qaïda. L’Occident les a
sinon soutenus, du moins a fermé les
yeux sur cela, et, je dirais, a fourni
des informations et un soutien politique
et financier à l’invasion de la Russie
et des pays de la région d’Asie centrale
par les terroristes internationaux (nous
ne l’avons pas oublié). C’est seulement
après que des attaques terroristes
horribles aient été commises sur le sol
américain lui-même que les États-Unis
ont pris conscience de la menace
collective du terrorisme. Permettez-moi
de vous rappeler que nous avons été le
premier pays à soutenir le peuple
américain à l’époque, le premier à
réagir comme des amis et partenaires
après la terrible tragédie du 11
septembre.
Au cours de mes
conversations avec les dirigeants
américains et européens, je parlais
toujours de la nécessité de lutter
ensemble contre le terrorisme, de le
considérer comme un défi à l’échelle
mondiale. Nous ne pouvons pas nous
résigner et accepter cette menace, nous
ne pouvons pas la couper en morceaux
séparés à l’aide du deux poids deux
mesures. Nos partenaires ont exprimé
leur accord, mais après quelques temps,
nous nous sommes retrouvés au point de
départ. Ce fut d’abord l’opération
militaire en Irak, puis en Libye, qui a
été poussée au bord du gouffre. Pourquoi
la Libye a-t-elle été réduite à cette
situation ? Aujourd’hui, c’est un pays
en danger de démantèlement et qui est
devenu un terrain d’entraînement pour
les terroristes.
Seule la
détermination et la sagesse de la
direction égyptienne actuelle a sauvé ce
pays arabe clé du chaos et de l’emprise
des terroristes. En Syrie, comme par le
passé, les États-Unis et leurs alliés
ont commencé à financer et armer
directement les rebelles et leur ont
permis de remplir leurs rangs de
mercenaires provenant de divers pays.
Permettez-moi de vous demander où ces
rebelles obtiennent leur argent, leurs
armes et leurs spécialistes militaires ?
D’où tout cela vient-il ? Comment l’Etat
Islamique notoire a-t-il réussi à
devenir un groupe aussi puissant, de
fait une véritable force armée ?
Quant aux sources
de financement, aujourd’hui, l’argent ne
vient plus seulement de la drogue, dont
la production a augmenté non pas de
quelques points de pourcentage mais dans
des proportions considérables depuis que
les forces de la coalition
internationale sont intervenues en
Afghanistan. Vous êtes au courant de
cela. Les terroristes obtiennent
également de l’argent en vendant du
pétrole. Le pétrole est produit dans le
territoire contrôlé par les terroristes,
qui le vendent à des prix de dumping, le
produisent et le transportent. Mais
d’autres achètent ce pétrole, le
revendent, et font du profit, sans
penser au fait qu’ils financent ainsi
les terroristes qui pourraient venir tôt
ou tard sur leur propre sol et semer la
destruction dans leur propre pays.
Où trouvent-ils les
nouvelles recrues ? En Irak, après que
Saddam Hussein ait été renversé, les
institutions de l’État, y compris
l’armée, ont été laissés en ruines. Nous
avons dit, à l’époque, soyez très, très
prudents. Vous mettez les gens à la rue,
et que vont-ils y faire ? N’oubliez pas
que légitimement ou non, ils faisaient
partie de la direction d’une grande
puissance régionale, et en quoi est-ce
que vous les transformez maintenant ?
Quel fut le
résultat ? Des dizaines de milliers de
soldats, d’officiers et d’anciens
militants du parti Baas se sont retrouvé
à la rue et ont aujourd’hui rejoint les
rangs des rebelles. Peut-être cela
explique-t-il pourquoi l’Etat islamique
s’est avéré si efficace. En termes
militaires, il agit très efficacement et
il a certains cadres très compétents. La
Russie a mis en garde à plusieurs
reprises sur les dangers des actions
militaires unilatérales, des
interventions dans les affaires des
Etats souverains, et des flirts avec les
extrémistes et les radicaux. Nous avons
insisté pour que les groupes luttant
contre le gouvernement syrien central,
surtout l’Etat islamique, soient
inscrits sur les listes des
organisations terroristes. Mais
avons-nous vu le moindre résultat ? Nous
avons lancé des appels en vain.
Nous avons parfois
l’impression que nos collègues et amis
sont constamment aux prises avec les
conséquences de leurs propres
politiques, et qu’ils dépensent tous
leurs efforts dans le traitement des
risques qu’ils ont eux-mêmes créés, en
payant un prix de plus en plus élevé.
(Discours
au forum de Valdaï,
24 octobre 2014) […]
Cependant,
personne, semble-t-il, n’apprend des
erreurs d’autrui, qui ne cessent d’être
répétées. Et l’exportation de ce qu’on
appelle désormais les révolutions
« démocratiques » se poursuit.
Il suffit
d’examiner la situation au Proche-Orient
et en Afrique du Nord, dont a parlé le
précédent intervenant. Cela fait
évidemment longtemps que les problèmes
socio-politiques couvaient dans cette
région et que les populations aspiraient
à des changements. Mais qu’ont-elles
obtenu en réalité ? L’intervention
extérieure agressive a entraîné, au lieu
de réformes, la destruction pure et
simple des institutions étatiques et du
mode de vie lui-même. En lieu et place
du triomphe de la démocratie et du
progrès règnent la violence, la misère
et les catastrophes sociales, tandis que
les droits de l’homme, y compris le
droit à la vie, ne sont appliqués nulle
part.
J’aimerais demander
aux responsables de cette situation :
« Avez-vous au moins conscience de ce
que vous avez fait ? » Mais je crains
que cette question ne reste en suspens,
parce que ces gens n’ont pas renoncé à
leur politique basée sur l’arrogance,
l’exceptionnalisme et l’impunité.
Il est déjà
manifeste que l’absence de pouvoir
constatée dans une série de pays du
Proche-Orient et d’Afrique du Nord a
conduit à la formation de zones
anarchiques, rapidement envahies par des
extrémistes et des terroristes. Des
dizaines de milliers de combattants se
battent déjà sous les drapeaux de
l’ainsi nommé « État islamique ». On
trouve parmi eux d’anciens soldats
irakiens jetés à la rue suite à
l’invasion de l’Irak en 2003. Un autre
pays fournisseur de recrues est la
Libye, dont la structure étatique a été
détruite après la violation grave de la
résolution n°1973 du Conseil de Sécurité
de l’ONU. Aujourd’hui, des membres de ce
qu’on appelle l’opposition syrienne
modérée, soutenue par l’Occident,
viennent également grossir les rangs des
radicaux.
Une fois armés et
formés, ceux-ci passent du côté de
l’État islamique. Ce dernier n’a
lui-même pas surgi de nulle part : il a
également été dans un premier temps
choyé en tant qu’instrument de lutte
contre des régimes laïques indésirables.
Après avoir créé une tête de pont en
Syrie et en Irak, l’État islamique
poursuit activement son expansion dans
d’autres régions et cherche à dominer le
monde islamique – mais pas seulement. Il
est clair que ses plans ne se limiteront
pas à cette région. La situation est on
ne peut plus dangereuse.
Dans ce contexte,
il est hypocrite et irresponsable de
faire de grandes déclarations sur la
menace du terrorisme international tout
en fermant les yeux sur les flux de
financement et de soutien des
terroristes, notamment le trafic de
drogues, de pétrole et d’armes, ou
d’essayer de manipuler des groupes
extrémistes, de les utiliser pour
atteindre ses propres objectifs
politiques dans l’espoir de s’en
débarrasser ensuite ou, plus simplement,
de les éliminer.
J’aimerais dire à
ceux qui agissent et pensent réellement
ainsi : « Messieurs, vous avez bien sûr
affaire à des individus extrêmement
cruels, mais ceux-ci ne sont absolument
pas idiots ni primitifs, ils ne sont pas
plus bêtes que vous et on ne sait pas
encore qui utilise qui. » Les dernières
informations sur le transfert d’armes
aux terroristes par cette même
opposition modérée ne font que le
confirmer.
Nous considérons
que toute tentative visant à flirter
avec les terroristes, et qui plus est à
les armer, est non seulement irréfléchie
mais également dangereuse. La menace
terroriste mondiale pourrait s’en voir
extrêmement accrue et peser sur de
nouvelles régions de la planète.
D’autant plus que des combattants de
nombreux pays, y compris européens, sont
formés et aguerris dans les camps de
l’État islamique.
Malheureusement je
dois reconnaître que la Russie n’est pas
ici une exception. Il est inadmissible
que ces coupe-jarrets qui ont déjà senti
l’odeur du sang retournent ensuite chez
eux et y poursuivent leur sale besogne.
Nous ne le voulons pas. Personne ne le
veut, n’est-ce pas ? La Russie s’est
toujours opposée avec fermeté et
constance au terrorisme sous toutes ses
formes.
Aujourd’hui, nous
apportons une aide militaro-technique à
l’Irak, la Syrie et d’autres pays de la
région qui luttent contre les groupes
terroristes. Nous estimons que refuser
de coopérer avec les autorités
syriennes, avec l’armée gouvernementale,
avec ceux qui affrontent courageusement
le terrorisme, est une grave erreur. Il
faut enfin reconnaître qu’hormis les
troupes gouvernementales du président
Bachar el-Assad et les milices kurdes en
Syrie, personne ne se bat réellement
contre l’État islamique et les autres
organisations terroristes. Nous
connaissons tous les problèmes de la
région, toutes ses contradictions, mais
nous devons tout de même nous fonder sur
la réalité du terrain. (Discours
à la 70e session de l’Assemblée générale
de l’ONU, 28 septembre 2015)
[...]
Une organisation
terroriste, le soi-disant « Etat
Islamique », a pris le contrôle
d’énormes territoires. Rendez-vous bien
compte : s’ils parvenaient à occuper
Damas ou à Bagdad, les gangs terroristes
pourraient pratiquement atteindre le
statut d’une puissance officielle, et
ils en feraient un bastion pour leur
expansion mondiale. A-t-on bien pris
conscience de cela ? Il est temps que
l’ensemble de la communauté
internationale se rende compte que de
fait, nous avons affaire à un ennemi de
la civilisation et de la culture
mondiale qui porte en elle une idéologie
de haine et de barbarie, foulant aux
pieds la morale et les valeurs
religieuses du monde, y compris celles
de Islam qu’il salit.
Nous ne devons pas
jouer avec les mots ici ; nous ne
devrions pas diviser les terroristes en
modérés et immodérés. Il serait bon de
connaître la différence. Probablement,
de l’avis de certains experts,
réside-t-elle dans le fait que les
militants dits modérés décapitent les
gens en nombre limité ou avec
délicatesse.
En fait, nous
voyons maintenant un véritable agrégat
de groupes terroristes. Il est vrai que
parfois, des militants de l’ « État
Islamique », Jabhat al-Nusra et d’autres
héritiers et épigones d’Al-Qaïda se
battent entre eux, mais ils se battent
pour de l’argent, pour le contrôle des
zones d’alimentation, voilà pourquoi ils
se battent. Ils ne se battent pas pour
des raisons idéologiques, car leur
essence et leurs méthodes restent les
mêmes : la terreur, l’assassinat, le
fait de transformer les gens en une
masse timide, terrorisée et obéissante.
Au cours des
dernières années, la situation s’est
détériorée, l’infrastructure des
terroristes s’est améliorée, ainsi que
leur nombre, tandis que les armes
fournies à l’opposition dite modérée
finissaient en fin de compte dans les
mains d’organisations terroristes. En
outre, des bandes entières rejoignent
parfois leurs rangs, avec armes et
bagage, comme on dit.
Pourquoi est-ce que
les efforts de nos partenaires
américains et de leurs alliés dans leur
lutte contre l’Etat islamique n’ont-ils
pas produit de résultats tangibles ?
Manifestement, cela n’est pas dû à un
manque de matériel ou de potentiel
militaires. De toute évidence, les
États-Unis ont un potentiel énorme, le
plus grand potentiel militaire au monde,
mais jouer un double jeu n’est jamais
facile. Vous déclarez la guerre contre
les terroristes et, simultanément, vous
essayez d’utiliser certains d’entre eux
afin de réorganiser les données de la
carte du Moyen-Orient dans votre propre
intérêt, comme vous pensez pouvoir le
faire.
Il est impossible
de lutter contre le terrorisme en
général, si certains terroristes sont
utilisés comme un bélier pour renverser
les régimes qui ne sont pas à votre
goût. Vous ne pouvez pas vous
débarrasser de ces terroristes, et ce
n’est qu’une illusion que de croire que
vous pourrez vous débarrasser d’eux plus
tard, leur reprendre le pouvoir ou
parvenir à un accord avec eux. La
situation en Libye en est la meilleure
illustration.
Espérons que le
nouveau gouvernement parviendra à
stabiliser la situation, bien que ce ne
soit pas encore une réalité. Cependant,
nous avons besoin de contribuer à cette
stabilisation.
Nous comprenons
très bien que les militants qui
combattent au Moyen-Orient représentent
une menace pour tout le monde, y compris
la Russie. Les gens de notre pays savent
ce que signifie l’agression terroriste
et savent ce que ces criminels ont fait
dans le Caucase du Nord. Nous nous
souvenons des attaques terroristes
sanglantes à Budennovsk, Moscou, Beslan,
Volgograd et dans d’autres villes
russes. La Russie a toujours combattu le
terrorisme sous toutes ses formes,
plaidant continuellement pour
l’unification véritable des efforts de
la communauté mondiale pour lutter
contre ce mal. Voilà pourquoi nous avons
suggéré de créer une vaste coalition
anti-terroriste, ce que j’ai récemment
exprimé dans mon discours à l’ONU.
Après que les
autorités officielles de la Syrie nous
aient contactés pour nous demander notre
soutien, nous avons pris la décision de
lancer une opération militaire russe
dans ce pays. Je le souligne encore une
fois : celle-ci est tout à fait légitime
et son seul but est d’aider à rétablir
la paix. Je suis sûr que les actions des
membres des services russes auront
l’effet positif nécessaire sur la
situation, aidant les autorités
officielles syriennes à créer les
conditions pour des actions ultérieures
visant à un règlement politique, et
menant des frappes préventives contre
les terroristes qui menacent notre pays,
la Russie. Ainsi, nous aidons toutes les
nations et tous les peuples qui sont
certainement en danger si ces
terroristes rentrent chez eux.
Voici ce que nous
croyons devoir faire pour parvenir à un
règlement des conflits à long terme dans
la région, et à son renouveau social,
économique et politique. Tout d’abord,
libérer la Syrie et les territoires
d’Irak des terroristes et ne pas les
laisser les déplacer leurs activités
vers d’autres régions. Et pour ce faire,
nous devons unir toutes les forces – les
armées régulières irakiennes et
syriennes, la milice kurde, divers
groupes d’opposition qui ont
effectivement apporté une contribution
réelle à la lutte contre les terroristes
– et coordonner les actions des pays à
l’intérieur et à l’extérieur de la
région contre le terrorisme. Dans le
même temps, l’action anti-terroriste
conjointe doit bien sûr être fondée sur
le droit international.
Deuxièmement, il
est évident qu’une simple victoire
militaire sur les militants ne résoudra
pas tous les problèmes, mais qu’elle va
créer les conditions pour l’essentiel :
le début d’un processus politique avec
la participation de toutes les forces
patriotiques et saines de la société
syrienne. Ce sont les Syriens qui
doivent décider de leur avenir avec une
participation exclusivement civile et
respectueuse de la communauté
internationale, et non sous la pression
externe par des ultimatums, du chantage
ou des menaces.
L’effondrement des
autorités officielles de la Syrie ne
ferait que renforcer les terroristes. À
l’heure actuelle, au lieu de les
affaiblir, nous devons les revigorer, et
renforcer les institutions de l’Etat
dans les zones de conflit. (Discours
au forum de Valdaï, 22 octobre 2015)
»
Sayed Ali
Khamenei, Guide Suprême de la République
Islamique d’Iran
« Il est de notre
responsabilité de mener à bien des
tâches de la plus haute importance.
Durant ce Congrès de deux jours, vous,
honorables participants, avez élaboré et
proposé certaines solutions et spécifié
certaines responsabilités. Je tiens
également à mentionner deux ou trois
tâches qui ne doivent pas être
négligées.
L’une est la
formation par les théologiens de l’Islam
d’un mouvement savant, rationnel et
global, incluant toutes les écoles
islamiques et avec pour objectif de
couper les racines du courant takfiri.Ce
mouvement ne devra pas être limité à
certaines écoles de pensée (islamiques).
Tous les courants de l’Islam qui croient
en cette religion et la considèrent avec
bienveillance partagent cette
responsabilité. Un grand mouvement
intellectuel doit être lancé par les
savants (de l’Islam).
[L’Etat
Islamique] est entré en scène avec la
fausse prétention de suivre « les pieux
prédécesseurs » [al-Salafu al-Saleh].
Nous devons prouver que les pieux
prédécesseurs étaient radicalement
opposés aux actes qu’ils perpètrent et
au mouvement qu’ils ont lancé. Cela doit
être réalisé en recourant au langage de
la religion, du savoir et de la raison.
Vous devez sauver
les jeunes gens. Certaines personnes
sont influencées par ces pensées
déviantes et égarées. Ces pauvres gens
pensent qu’ils réalisent de bonnes
actions. Ils sont l’incarnation de ces
saints versets du Coran : « Dis : ‘Vous
informerai-je au sujet de ceux qui sont
les plus grands perdants quant à leurs
actions ? Ceux dont les efforts ont été
vains dans cette vie, alors même qu’ils
pensaient que leurs actions étaient
bonnes et leur étaient bénéfiques ?’ »
[Coran, 18, 103-104].
Ils sont
l’incarnation de ces versets coraniques.
Ils pensent à tort qu’ils combattent
dans la voie de Dieu. Ce sont ceux-là
même qui diront à Dieu, le Jour du
Jugement Dernier : « O Seigneur, nous
avons suivi nos chefs et nos dirigeants,
et ils nous ont égaré du droit chemin.
Seigneur, châtie-les d’un châtiment
double et maudis-les d’une malédiction
terrible. » [Coran, 33, 67-68].
[Les combattants de
l’Etat Islamique] sont ces
misérables-là. Ceux qui ont assassiné un
grand savant dans la mosquée de Damas
comptent parmi ces gens-là. Ceux qui
décapitent des musulmans en les accusant
d’apostasie comptent parmi ces gens-là.
Ceux qui versent, par des attentats, le
sang d’innocents au Pakistan, en
Afghanistan, à Bagdad et dans
différentes villes d’Irak, de Syrie et
du Liban comptent parmi ces gens qui
s’écrieront au Jour du Jugement Dernier
: « O Seigneur, nous avons suivi nos
chefs et nos dirigeants, et ils nous ont
égaré du droit chemin. Seigneur,
châtie-les d’un châtiment double. »
Dans une autre
partie du Saint Coran, Dieu dit : « Ils
seront tous châtiés d’un châtiment
double. » [Coran, 7, 38]. Vous serez
tous châtiés, à la fois les meneurs et
les suiveurs. « Ce n’est là que justice,
et telles sont en vérité les querelles
des gens du Feu. » [Coran, 38, 64]
Ce jour-là, ces
gens-là seront opposés et
s’affronteront. C’est pourquoi ils
doivent être sauvés (de cet égarement).
Ces jeunes gens doivent être sauvés, et
c’est là la responsabilité des savants
car ils sont en contact à la fois avec
les intellectuels et avec les masses.
Ils devraient s’efforcer de les sauver.
Dieu le Très-Haut interrogera les
savants au Jour Dernier : « Qu’avez-vous
fait ? » Les savants devraient agir (dès
maintenant). C’est une première tâche à
mener à bien.
La seconde tâche
extrêmement urgente qui doit être menée
à bien est de souligner le rôle des
politiques arrogantes des Etats-Unis
d’Amérique et de l’Angleterre. Leur rôle
doit être souligné et expliqué. Chaque
personne du monde musulman doit
connaître le rôle et la responsabilité
des politiques des Etats-Unis à ce sujet
[l’Etat Islamique]. Tout le monde doit
connaître le rôle des services secrets
américains, britanniques et ceux du
régime sioniste dans les actes de ce
mouvement takfiri. Tout le monde doit
savoir que l’Etat Islamique travaille
pour eux, que ce complot a été fomenté
par l’Arrogance [l’Impérialisme
occidental] et que ces courants takfiris
sont aidés et financés par ces
puissances.
Ils reçoivent de
l’argent des régimes fantoches de la
région. Ce sont ces régimes fantoches
qui leur fournissent de l’argent, mais
le complot est fomenté par l’Arrogance
et le résultat est (notamment) qu’ils
détruisent ces misérables jeunes
takfiris. Ils créent des problèmes sans
précédent pour le monde de l’Islam.
C’est là une autre tâche indispensable
qui doit être menée à bien. (Discours
à l’occasion du Congrès International
sur les mouvements takfiris, 25
novembre 2014) »
Sayed Hassan
Nasrallah, Secrétaire Général du
Hezbollah
« Notre devoir est,
premièrement, de considérer tout conflit
ou combat au Liban ou dans tout autre
pays – que ce soit la Syrie, l’Iraq, le
Bahreïn, le Yémen, l’Egypte, la Tunisie
ou la Libye – et pas seulement entre
sunnites et chi’ites : entre musulmans,
chrétiens, sunnites, chi’ites ou
d’autres courants islamiques ou
nationalistes, etc., nous devons les
considérer dans une perspective
politique, et non dans une perspective
religieuse. Cela impose de rejeter tout
discours sectaire ou confessionnel ainsi
que tout recours à la mobilisation
sectaire ou confessionnelle.
Car certaines
personnes peuvent être à même de faire
sortir le génie de la lampe mais elles
sont incapables de l’y faire retourner.
Il y a bien des preuves de cela. Vous
pouvez transformer votre discours
sectaire et factionnel en un véritable
serpent, mais après cela, vous ne serez
plus capables de le contrôler et il vous
frappera vous-mêmes. C’est pourquoi nous
devons être très prudents. C’est
pourquoi aujourd’hui, tout discours
sectaire ou confessionnel est comme une
parole malfaisante qui peut tout
détruire et tout dévaster. (Discours
commémorant la naissance du Prophète,
25 janvier 2013) [...]
L’Occident, les
Arabes, les services de renseignement,
les médias, vous et moi connaissons tous
la vérité suivante : actuellement, la
force la plus importante et le courant
dominant au sein des groupes armés qui
contrôlent le terrain (en Syrie) est le
mouvement takfiri. Ceux qui sont basés à
l’étranger n’ont aucune influence sur
eux. Aucun d’entre eux n’a le moindre
pouvoir sur ces groupes. En tout cas,
j’ai déjà précisé qu’ils ont été amenés
en Syrie pour servir comme combattants,
mais que ce sont eux-mêmes qui finiront
par payer le prix : quelle que soit
l’issue et la résolution de ce conflit
en Syrie, ils seront sacrifiés. La
réalité est tellement hors de contrôle
que les pays occidentaux (qui ont créé
et soutenu ces groupes terroristes) sont
confus et dépassés face à la rapidité de
ces développements au sein des groupes
armés en Syrie, ils en deviennent gênés
face à leurs propres peuples, face à
l’opinion publique, qui leur demandent :
« Comment pouvez-vous armer des
individus de cette nature, de tels
criminels ? » Et cette composante
extrémiste a commencé à prévaloir sur la
scène de l’opposition armée intérieure
et à bénéficier du financement et de
l’armement de la part d’un certain
nombre de pays arabes et régionaux (et
de l’Occident), et ces pays veulent se
débarrasser à la fois du régime syrien
et de ces groupes armés eux-mêmes. Ils
leur facilitent donc la sortie de leur
pays d’origine, mais ils n’ont pas pensé
au jour où ils reviendront dans leur
pays, ayant obtenu une expérience au
combat, un appétit pour le meurtre et la
guerre, prêts à tout type de
confrontation. Telle est la réalité
actuelle du terrain en Syrie.
Aujourd'hui, le problème syrien n'est
plus celui du soulèvement d'un peuple
contre un régime. Ce n’est plus une
question de réformes – le Président
syrien est prêt à faire des réformes,
venez donc vous asseoir à la table du
dialogue. Maintenant, il s’agit de tout
autre chose.
Eh bien, vis-à-vis
de la situation actuelle en Syrie, nous
estimons – je vais maintenant parler
clairement de notre vision, sur laquelle
nous basons nos actions et notre
engagement aux côtés de l’Armée Arabe
Syrienne : nous considérons que le
contrôle de la Syrie par ces groupes ou
de certaines provinces syriennes,
surtout celles qui sont à la frontière
du Liban, constituerait un grand danger
pour le Liban et pour tous les Libanais.
Ce n’est pas un danger seulement pour le
Hezbollah ou pour les chiites, c’est un
danger pour le Liban, les Libanais,
l’Etat libanais, la résistance libanaise
et la coexistence au Liban. Et il y a
maintes preuves de tout cela… Ces
groupes ont une mentalité qui ne tolère
pas le dialogue, qui ne n’a ni la
négociation ni le compromis dans son
vocabulaire. Ils n’ont pas la notion de
priorités, pas plus que celle de valeurs
communes. Ils n’ont rien, sinon
l’accusation d’apostasie pour les
raisons les plus futiles, ce qui
entraine la violation de vos biens et de
votre vie. Quel serait l’avenir de la
Syrie si elle était livrée à ces
groupes ? Quel serait l’avenir du Liban,
de la Palestine, des peuples de la
région ? Pour l’amour de Dieu,
répondez-moi. C’est un véritable danger.
C’est un véritable danger qui pèse sur
tous. Nous ne réfléchissons pas dans un
esprit confessionnel, sectaire ou de
faction, mais parce que nous voyons que
tous les musulmans, tous les chrétiens,
tout le monde est menacé par cette
mentalité, ce mouvement, cette pensée,
ce projet takfiris qui dévastent cette
région. Et je vous le dis, ce mouvement
est financé et soutenu par les
Etats-Unis, car c’est la seule option
qui leur reste pour détruire la région
et réinstaurer son hégémonie sur elle
face au réveil, au soulèvement et à la
volonté des peuples. Je ne veux faire
peur à personne, je ne fais que décrire
la réalité… Nous faisons maintenant face
à deux côtés distincts dans ce conflit.
Le premier côté est celui des
Etats-Unis, d’Israël, de l’Occident, des
pays arabes régionaux, qui est incarné
sur le terrain par les mouvements
terroristes takfiris qui dépècent les
poitrines, coupent les têtes, profanent
les tombes et détruisent le passé – ce
passé de 1400 ou 1500 ans à travers
lequel les peuples de différentes
religions ont coexisté, et les églises,
les mosquées, les mausolées et les
tombes ont été préservés, de même que la
diversité, même sous les régimes qui
étaient le plus souvent sunnites ; mais
aujourd’hui, ces groupes détruisent le
passé, le présent et le futur, ils
rejettent tout dialogue et toute
solution politique, et ne prônent que la
guerre. Et de l’autre côté, il y a un
Etat ou régime qui a une position claire
vis-à-vis de la question palestinienne,
des mouvements de Résistance et du
projet sioniste, qui a toujours garanti
la coexistence des confessions, et qui
annonce en même temps sa disposition au
dialogue et aux réformes. Que quiconque
choisisse le camp qui bon lui semble.
Mais quant au Hezbollah, il lui est
absolument impossible d’être d’un côté
qui inclut les Etats-Unis, Israël, les
profanateurs de tombes, les dépeceurs de
poitrine et les coupeurs de tête. Soyez
du côté que vous voulez, mais quant au
Hezbollah, il ne peut pas être du côté
qui veut détruire tous les
accomplissements et rendre vains tous
les sacrifices, faisant de nous une
nouvelle fois les esclaves des
Etats-Unis et d’Israël, dans un nouveau
projet de remodelage du Moyen-Orient.
Notre indépendance a été garantie par le
sang de milliers de martyrs, et nous la
préserverons quel qu’en soit le prix…
Aujourd’hui, par notre prise de
position, nous considérons que nous
défendons le Liban, la Palestine, la
Syrie, et l’ensemble de la région, voire
au-delà. (Discours
commémorant la Libération du Liban,
25 mai 2013) [...]
Je ne vais pas
considérer les événements depuis le
début, mais depuis la fin. Considérons
donc les derniers développements...
Quelles sont les nouvelles données au
niveau régional et international ?
Aujourd’hui, nous découvrons que la
plupart des pays du monde qui ont
financé, assisté, donné des visas et
ouvert les frontières, ces pays qui ont
encouragé, soutenu, et aidé les
combattants étrangers – c’est-à-dire les
non-Syriens – à parvenir en Syrie, la
plupart de ces pays expriment maintenant
leur peur, leurs craintes et leurs
inquiétudes à l’égard des dangers
sécuritaires que poserait la victoire de
ces combattants en Syrie, et par
conséquent le danger que poserait leur
retour dans leurs pays d’origine,
surtout les pays voisins, et tous les
risques auxquels ces pays et ces
sociétés seront conséquemment exposés.N’est-ce
pas là la vérité ? Est-ce que j’invente
tout ça, ou est-ce bien la réalité
actuelle ?
Aujourd’hui, des
réunions se tiennent entre des agences
de renseignement occidentales,
régionales et autres, afin de voir
comment ils peuvent faire face à la
situation. Eh bien, se disent-ils, si
ces groupes – Dieu nous en préserve –
devenaient victorieux, ils disposeraient
alors d’une base énorme. La Syrie
deviendrait alors pire que
l’Afghanistan, et ces combattants
jihadistes reviendraient à nous.
Qu’est-ce qu’on peut faire ? Ou bien,
s’ils étaient vaincus et qu’ils
commençaient à reculer et à se retirer
de la Syrie et à revenir à nous, que
ferions-nous ? C’est une catastrophe
qu’ils ont façonnée de leurs propres
mains. C’est le serpent qu’ils ont
nourri dans leur sein.Aujourd’hui, ce
débat a-t-il lieu à travers le monde,
oui ou non ? C’est une réalité
indiscutable. (Commémoration
des martyrs, 16 février 2014) »
Voir
également :
Vendredi noir : au-delà de l’émotion,
des questions vitales, par Fausto
Giudice
Hassan Nasrallah : le Hezbollah condamne
les attaques terroristes à Paris
(VOSTFR)
Bachar al-Assad sur les attaques
terroristes à Paris : la France récolte
ce qu'elle a semé (VOSTFR)
Reçu de l'auteur pour publication
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