[…] Mon discours de
ce soir sera exclusivement consacré à ce
point (la démission du Premier ministre
Saad Hariri). Afin de ne pas commencer
directement par des analyses ou pour ne
pas nous baser simplement sur des
analyses (sujettes à discussion), je
veux commencer par des faits et des
données (avérés). Des faits connus par
tous les ministres du gouvernement
actuel, qu'ils ont entendu directement
de lui, du chef du gouvernement, et en
particulier les ministres qui sont
réunis au Conseil des ministres chargé
de faire appliquer la (nouvelle) loi
électorale.
Ce que je vais dire
maintenant a (déjà) été répandu dans les
médias, mais je souhaite le souligner
car nos ministres l'ont également
entendu directement et ont assisté à
tout ce processus dont je vais parler au
début. Et c'est pourquoi nous
considérons cela comme des données, des
faits, et non pas une analyse formulée
de loin.
Vous savez qu'il y
a quelques jours, un responsable
saoudien s'est exprimé et a fait des
déclarations longues et acerbes contre
le Liban et le Hezbollah, et a parlé de
chasser le Hezbollah du gouvernement et
a nié l'intention de faire tomber le
gouvernement. Il a fait des menaces, des
promesses solennelles, des
vitupérations, des rodomontades, et il a
alors été dit que le chef du
gouvernement (libanais) avait été appelé
rapidement en Arabie Saoudite. Et c'est
une information absolument sûre, car il
a annulé tous ses rendez-vous et s'est
rendu en Arabie Saoudite.
Tout le pays – les
dirigeants, les ministres, les forces
politiques - attendaient le résultat de
cette visite. Je parle de la première
visite, et non de la deuxième durant
laquelle il a annoncé sa démission. Et
tout le monde en attendait donc le
résultat. Bien sûr, tout le monde
s'attendait, durant cette première
visite, à ce que des pressions soient
exercées sur le Premier ministre Saad
Hariri pour qu'il remette sa démission
et fasse ainsi chuter le gouvernement.
Mais lorsque le
chef du gouvernement est revenu d'Arabie
Saoudite, et que le Conseil des
ministres s'est réuni, ainsi que les
différents comités ministériels, ainsi
que tous les invités qui l'ont
rencontré, c'est là quelque chose de
certain et connu de tous qu'il a dit à
tous, et qu'il a également annoncé, de
différentes manières, que l'Arabie
Saoudite soutient la stabilité et la
sécurité au Liban, le maintien du
gouvernement actuel et du dialogue entre
les Libanais, et plus encore, qu'il
avait obtenu des promesses d'aides très
conséquentes, qu'on allait se préparer
ensemble à une quatrième Conférence de
Paris, et qu'on allait obtenir de
nouvelles aides pour l'armée libanaise.
Il a déclaré tout
cela (à maintes reprises et à différents
interlocuteurs, publics et privés). Il
était à l'aise, enthousiaste, et son
comportement le manifestait clairement,
et il avait annoncé pour lundi ou mardi
une réunion du Comité ministériel chargé
de faire appliquer la (nouvelle) loi
électorale.
Puis à nouveau, le
chef du gouvernement a voyagé en Arabie
Saoudite, et il a annoncé sa démission
depuis là-bas. Ce sont des données
(incontestables).
Naturellement, vous
avez vu l'annonce de sa démission, sa
forme. En premier lieu, la nouvelle a
été diffusée par la chaine (officielle
saoudienne) Al-Arabiya, et non par la
chaine du mouvement du Futur (de Saad
Hariri) ou par les chaines officielles
libanaises.
Et deuxièmement, la
déclaration était enregistrée par la
chaine Al-Arabiya, et les autres chaines
n'ont fait que la rediffuser.
La forme de la
déclaration, la manière de lire cette
déclaration (lecture laborieuse et sans
aucune conviction d'un imprimé), son
contenu et sa portée, tout cela vous
l'avez vu, et j'y reviendrai dans
quelques instants.
Je commence avec
cette introduction qui résume les faits.
Tels sont les faits.
Jusqu'à présent,
personne ne sait exactement ce qui s'est
passé. Le chef du gouvernement Saad
Hariri s'est rendu en Arabie Saoudite,
et durant les 24 heures qui ont suivi,
personne ne sait encore ce qui s'est
passé exactement, et nous devons nous y
arrêter.
Entre (l'annonce
selon laquelle) l'Arabie Saoudite
soutient le maintien du gouvernement, la
stabilité et la sécurité au Liban, la
préparation de la 4e Conférence de
Paris, l'aide à l'armée libanaise, etc.,
etc., etc., jusqu'à la démission
soudaine de cette manière. Ces données
nous amènent à des conclusions claires
et absolument certaines, non pas des
suppositions.
La démission était
une décision saoudienne imposée au
Premier ministre Saad Hariri qu'il a été
forcé d'accepter, et démissionner
n'était ni son intention, ni son
souhait, ni sa volonté, ni son choix.
Point, à la ligne.
Et je considère que
tous les Libanais, qu'ils soient
politiciens, journalistes ou (simples
citoyens) ayant suivi le dossier sont
d'accord avec cette conclusion. Voilà
donc.
Même la manière
(dont a été rendue cette démission le
confirme) : la déclaration a été faite
depuis l'Arabie Saoudite. Pourquoi
l'homme n'a-t-il pas été autorisé à
revenir au Liban et à annoncer cette
démission depuis le Liban ? Cela
également pose un point d'interrogation.
Même le texte écrit
(le confirme) : nous autres Libanais
connaissons nos usages et expressions
(locales et nationales), nous
connaissons les formules et propos
qu'utilisait le Premier ministre Hariri,
écrites ou non écrites. Ce texte (de
démission) n'est pas un texte libanais.
Ce texte a été écrit par un saoudien, ce
style d'expression est un style saoudien
et le chef du gouvernement n'a fait que
le lire. Cela est également clair (et
incontestable). Et tout le monde a été
surpris au Liban.
Maintenant, si
quelqu'un dit qu'il s'y attendait, il
s'y attendait quant à la politique mais
aucunement de cette manière, à ce moment
et si rapidement. Tout le monde a été
surpris : le Président de la République,
le Président du Conseil, qui sont les
plus concernés par cela, les (diverses)
forces politiques, et même les
dirigeants, députés et ministres du
mouvement du Futur (dirigé par Hariri).
Il ne fait aucun
doute que cette démission a créé une
atmosphère d'inquiétude au Liban, et
surtout par les analyses, les slogans et
les menaces qui l'ont accompagnée. Cela
appelle tout groupe politique libanais à
annoncer son interprétation, sa position
et son point de vue quant à la manière
d'agir face à cet événement politique
important.
C'est pourquoi nous
au Hezbollah, ce soir, déclarons ce qui
suit :
Premièrement, nous
ne souhaitions aucunement cette
démission. En toute sincérité. Nous
considérions que les choses avançaient
de manière raisonnable. Je ne dis pas
que tout allait bien pour tout le monde,
mais de manière générale, les choses
avançaient de manière raisonnable, tout
le monde se rencontrait au gouvernement,
dans les Comités ministériels, en marge
de ces Comités ministériels... Les
différentes questions soulevées étaient
discutées, peut-être avec certaines
difficultés émergeant dans les
discussions et pour lesquelles des
issues étaient cherchées pour avancer,
et c'est pourquoi des accomplissements
très importants se sont produits depuis
la formation de ce gouvernement et
jusqu'à présent dans le cadre de
l'accord en vigueur (ayant permis sa
constitution). Et nous considérons que
le gouvernement avait la capacité de se
maintenir et de réaliser de nouveaux
accomplissements jusqu'aux prochaines
élections législatives. Ce gouvernement
était même capable d'organiser les
prochaines élections. L'atmosphère dans
le pays était raisonnable. Voilà pour le
premier point.
Deuxièmement, nous
nous arrêtons sur la manière dont cette
démission a été annoncée, et sur ce que
celle-ci prouve (clairement). Ce (que je
m'apprête à dire) a déjà été dit au
Liban, parfois de manière acerbe,
parfois non, mais je vais me contenter
de deux phrases : nous nous arrêtons sur
la forme sous laquelle cette démission a
été annoncée - la forme, le lieu, la
manière -, et ce que cela contient en
fait de preuves ayant trait à la
souveraineté et à l'honneur du Liban,
ainsi qu'à l'honneur du chef du
gouvernement lui-même. Car même s'il a
été contraint à la démission, il aurait
été plus convenable et préférable qu'on
permette à cet homme de revenir au
Liban, de se présenter auprès de Son
Excellence le Président de la République
pour lui remettre sa décision,
l'annoncer depuis le palais de Baabda,
et que le meilleur advienne par la grâce
de Dieu. Et ce n'est pas la première
fois qu'un chef de gouvernement
démissionne.
Quoi qu'il en soit,
cette démission sous cette forme révèle
la manière dont l'ingérence saoudienne
dans les affaires internes libanaises se
fait et leurs procédés, tandis que
l'Arabie Saoudite interpelle et agresse
les autres (l'Iran), leur déclare la
guerre, au prétexte qu'ils
s'ingèreraient eux-mêmes dans les
affaires internes libanaises, arabes ou
autres. C'en est une preuve éclatante.
C'est une preuve éclatante au niveau de
l'ampleur, de la magnitude et de la
forme. Cette forme même inconvenable et
indigne.
Troisièmement,
quant au contenu de la déclaration lue
par le Premier ministre (Hariri), nous
n'en commenterons pas et n'en
discuterons pas le contenu politique,
malgré le fait que ce soit une
déclaration très violente comportant des
accusations très graves et très
dangereuses, mais je ne rentrerai pas
dans un débat, et le Hezbollah dans son
ensemble ne rentrera dans aucune dispute
sur le contenu politique de l'annonce de
démission. Car nous considérons que ce
texte est un texte saoudien, une
déclaration saoudienne. Et par
conséquent, si nous entrons dans un
débat sur son contenu politique, cela
nous amènerait à nous adresser
directement à l'Arabie Saoudite. La
partie adverse ne serait pas Saad Hariri
ou le Mouvement du Futur (auquel il
appartient). Car nous considérons, comme
je l'ai dit, que cette déclaration n'est
pas la sienne.
Et ce qui est écrit
dans cette déclaration diffère
(foncièrement) de tout ce qu'a pu dire
Saad Hariri depuis qu'il est devenu
Premier ministre : le vocabulaire qu'il
a utilisé, les expressions employées, la
manière de voir les choses et d'agir, la
voie politique empruntée depuis ne sont
absolument pas cohérents avec ce texte
et ce contenu.
Quatrièmement, nous
devons tous patienter et pondérer nos
réactions : personne ne doit se
précipiter dans les analyses, la
compréhension (globale des événements),
les prises de positions, ni même les
mesures et plans d'action, à l'exception
de celles qui maintiennent la paix et la
sécurité dans le pays, car ce qui est
demandé en premier lieu est de
comprendre la raison (de tout cela).
Jusqu'à présent,
jusqu'à aujourd'hui, nous sommes en
contact avec tout le monde, et nous
écoutons et rassemblons les
informations, nous consultons, et
jusqu'à présent, d'après ce que je sais,
personne au Liban n'a compris la
véritable raison de cette démission.
Tout le monde au Liban est surpris par
cette démission et n'en comprend pas la
véritable raison. La compréhension de la
véritable raison est la clé pour réagir
(comme il se doit) à ce développement et
à l'étape qui va suivre.
A savoir : Par
exemple, est-ce que la démission forcée
du chef du gouvernement a été causée par
une raison interne au Liban ? En toute
certitude, non. Et je considère que les
Libanais sont également unanimes sur ce
point. L'homme ne souhaitait pas
démissionner, ça se passait bien, il
parlait et échangeait avec tout le
monde, rencontrait tout le monde... Il
était actif et avait un rôle positif,
tant dans les réunions du gouvernement
que des Comités ministériels. Il n'y
avait donc aucune raison intérieure
l'appelant à la démission.
Certaines personnes
au Liban, dans des règlements de comptes
petits et mesquins, viendront vous dire
que le chef du gouvernement était fâché
par telle ou telle partie, tel ou tel
ministre, tel ou tel responsable... Cela
ne saurait constituer une raison de
démissionner. Ce ne sont que des
règlements de comptes (personnels
intra-libanais). Il n'y a aucune raison
de démissionner interne au Liban. Il
faut en rechercher la raison en Arabie
Saoudite.
Eh bien,
considérons donc l'Arabie Saoudite, et
ce que pourrait être la raison (de cette
démission). La raison est-elle une lutte
interne en Arabie Saoudite entre les
princes, une lutte pour le trône, entre
le prince héritier et les (autres)
enfants de la famille (Saoud) ? Est-ce
une lutte entre les (différentes) lignes
politiques ? Est-ce une lutte d'ordre
financier ? S'agit-il de faire main
basse sur les richesses d'untel
s'élevant à des centaines de milliards
de dollars ou d'untel s'élevant à des
dizaines de milliards de dollars, parmi
les fils de la famille régnante, comme
cela se passe maintenant ? Est-ce que
(cette démission) a un lien avec ce
combat interne entre les princes, et que
par conséquent, le Premier ministre Saad
Hariri a été lâché dans cette mêlée ?
Est-ce qu'il a dû rendre des comptes à
tel ou tel prince, telle ou telle ligne
? C'est une question légitime.
Ou peut-être que la
raison n'a rien à voir avec les luttes
internes (à l'Arabie Saoudite) mais est
due au fait que l'Arabie Saoudite n'est
pas satisfaite du comportement personnel
et (de la position) politique de Saad
Hariri et qu'elle veut le remplacer par
un Premier ministre qui se considère
comme un faucon (plus agressif), qui se
tiendra à sa politique à la lettre près
et mènera le pays là où elle veut le
mener ? C'est également une question
(légitime). Cela peut être la raison (de
sa démission).
Ou peut-être que la
raison est que l'Arabie Saoudite a un
plan pour attaquer le Liban, car elle a
parlé du Hezbollah, de l'Iran, de
l'influence iranienne (grandissante) et
de la lutte iranosaoudienne, et que ce
ne serait donc qu'un premier pas
annonçant une grande bataille (à venir).
Pour répondre à ces
questions, il faut attendre pour voir ce
qu'il en est et connaître la véritable
raison qui a amené l'Arabie Saoudite à
imposer au chef du gouvernement de
démissionner. Et c'est pour cela qu'elle
a eu lieu de cette manière.
Et en plus de cette
forme - car en vérité, aujourd'hui,
lorsque certaines informations, analyses
ou rumeurs au Liban parlent de la
personne de Saad Hariri, s'inquiétant de
son sort (où est-il aujourd'hui, est-il
en maison d'arrêt, est-il emprisonné),
ce sont des questions légitimes. Peut-il
revenir au Liban, le lui permettra-t-on
? Ce sont des questions parfaitement
légitimes, car ce n'est pas une
exagération libanaise. Car lorsqu'on
entend aux informations que le Prince
Mut'eb b. Abdallah b. Abdelaziz, le fils
du Roi précédent, de même que Turki b.
Abdallah, également le fils du roi
Abdallah ce me semble, et que Walid b.
Talal b. Abdelaziz, le Ministre des
Gardes précédent, constituant une armée
considérable en Arabie Saoudite, les
grands princes de la famille royale, les
plus éminents fils et petit-fils de Rois
qui avaient les plus hautes
responsabilités au sein du Royaume, et
possèdent des réseaux et des fortunes
colossales, lorsque de telles
personnalités sont jetées en prison, il
est de notre droit de nous inquiéter et
de dire « ô mon frère, montre-nous donc
notre Premier ministre qui a
démissionné, où est-il, quel est son
sort ? » Cette inquiétude est
parfaitement légitime selon moi.
Et c'est pourquoi
il faut rechercher la véritable raison,
car c'est manifestement une initiative
saoudienne, une mesure saoudienne, mais
dans quel cadre s'inscrit donc cette
mesure ? S'agit-il de remplacer le
Premier ministre ? S'agit-il de faire
tomber le gouvernement et d'empêcher
qu'un gouvernement soit formé au Liban ?
S'agit-il de frapper la stabilité et la
sécurité du Liban ? S'agit-il de lancer
une guerre comme celles que l'Arabie
Saoudite a déclenchée au Yémen et
ailleurs, et soutenues en Syrie et en
Irak ? Dans quel cadre (cette démission
s'inscrit-elle) ? Le cadre de luttes
personnelles, et par conséquent sans
relation avec le Liban, le gouvernement
du Liban, ou les pratiques politiques et
gouvernementales du Premier ministre
Hariri, et seulement lié à des problèmes
internes à l'Arabie Saoudite ?
Tout cela, si les
Libanais parviennent à le comprendre
dans les prochains jours, je considère
que ça nous aidera tous à déterminer la
manière de réagir à la prochaine étape.
En se basant sur
tout ce que je viens de rappeler, nous,
au Hezbollah, appelons à ce qui suit :
Premièrement, au
calme, à la patience et à la mesure, en
attendant que l'image se précise, que la
situation se clarifie et que les
véritables raisons soient révélées. Et
par conséquent, il ne faut pas se
précipiter vers les (fausses) rumeurs,
les analyses, les intimidations et les
slogans, et je vais en commenter
quelques-uns, deux seulement dans
quelques instants. Voilà pour le premier
point.
Deuxièmement, nous
au Hezbollah confirmons notre
attachement primordial pour la sécurité,
la stabilité et la paix civile au Liban.
J'appelle tous les Libanais à ne pas
s'inquiéter, à ne pas avoir peur. Il n'y
a rien qui justifie l'inquiétude. Du
moins de notre part. Si quelqu'un pense
que ce que va dire ou faire l'Arabie
Saoudite, ou ce qu'elle a fait ou dit,
nous amènera à une réaction virulente,
ou à des actions acerbes et virulentes,
il se trompe complètement. Nous nous
comporterons avec une pleine
responsabilité nationale, dans le plus
grand calme, et nous appelons tout le
monde au calme, et à la préservation de
ce que nous avons de plus cher
aujourd'hui au Liban, à savoir la
sécurité, la stabilité et la paix
civiles présentes dans le pays, au sein
d'une région (le Moyen-Orient) à feu et
à sang, comme vous le voyez, et qui
traversent de nombreuses crises
politiques et sécuritaires.
C'est pourquoi
j'ajoute ma voix à toutes les voix, et
je dis aux Libanais et à tous ceux qui
se trouvent au Liban : restons calmes et
mesurés, voyons comment réagir à cette
question de manière raisonnable et sage,
pondérée et responsable. Nous sommes un
pays, nous avons un (appareil d') Etat
et des institutions, une Constitution et
des organismes constitutionnels, des
dirigeants et des juges dans le pays, et
avec certitude, nous pouvons dépasser
cette épreuve. […]
Est-ce l’intérêt de
quiconque [au Liban] de ramener le pays
à la situation dans laquelle il était
par le passé [vacation du pouvoir] ? En
toute certitude, il n’y a là aucun
intérêt [pour le Liban]. Et tout parti,
toute personne, tout dirigeant politique
ou arrogant entêté qui souhaite
bouleverser la situation au Liban ou
veut faire retourner le Liban à la
situation antérieure (de paralysie
institutionnelle) doit être accusé (de
trahison par tous les Libanais), car en
toute certitude, il n’agirait pas dans
l’intérêt du Liban mais pour des
intérêts étrangers, dans l’intérêt de
ses maîtres qui veulent détruire ce pays
paisible, stable et en sécurité,
confiant et raisonnablement sûr de lui.
Sixième et dernier
point – après les 4e et 5e points –, les
slogans qui ont été lancés ces deux
derniers jours sont très forts. J’ai dit
que je voulais en commenter deux, mais
en fait je vais en commenter trois.
Le premier slogan
est – et à ce sujet, malheureusement,
Son Excellence le Premier ministre Saad
Hariri a une responsabilité à ce sujet –
que (dans sa déclaration), peut-être
pour justifier le fait qu’il ne revenait
pas au Liban, Hariri a dit qu’il avait
commencé à se sentir personnellement
visé au plan sécuritaire, etc. Ensuite,
la chaine Al-Arabiya est la seule qui a
diffusé une nouvelle selon laquelle les
services de sécurité au Liban avaient
découvert une tentative d’assassinat
contre le Premier ministre Saad Hariri.
Seulement la chaine Al-Arabiya. Ensuite,
les forces de sécurité intérieure du
Liban ont nié ce fait, affirmant qu’il
n’avait nullement connaissance de ces
(prétendues) informations. L’armée
libanaise et la Sécurité Générale ont
également publié des communiqués ou on
fait savoir que de telles informations
n’existaient pas, ni au sujet de Hariri,
ni d’un quelconque (autre) assassinat
politique. Personne n’a aucune
indication ou donnée suggérant une telle
chose.
Pourquoi est-ce que
la chaine Al-Arabiya a voulu parler de
cela ? Peut-être pour que si on leur
demande ensuite pourquoi vous avez
interdit au Premier ministre
démissionnaire de revenir au Liban, ils
puissent arguer de ces informations
selon lesquelles il était menacé
d’assassinat, ce prétexte permettant de
le maintenir éloigné du Liban. C’est une
hypothèse vraisemblable.
De même, d’autres
personnes au Liban les ont rejoints dans
cette voie et ont commencé à parler de
manière catégorique d’assassinats
politiques qui vont se produire au
Liban, et ils ont également déterminé
quels partis politiques seront visés par
ces assassinats, à savoir des
personnalités du 14 Mars (parti de Saad
Hariri).
Si au Liban il y a
un appareil judiciaire et des organismes
chargés de la sécurité, j’espère qu’ils
vont convoquer (l’auteur de ces propos)
– c’est un ancien ministre bien connu –
et lui dire « Eh bien, tu tiens de tels
propos, quelles sont tes informations ?
Car tes déclarations ont une influence
(très néfaste) sur l’atmosphère du pays,
la paix civile, la sécurité de tous, la
prospérité, l’économie... » Qu’ils le
convoquent et lui demandent quelles sont
ses informations, quelles sont ses
données. Et s’il ne fait que parler
comme ça, dans le vide, il faut qu’il
rende des comptes. Car véritablement,
lorsqu’il parle d’assassinats politiques
dans le pays, il joue avec le sang des
gens, le sang du peuple.
Voilà pour le
premier point. Ce n’est pas à moi de
confirmer ou de nier, car c’est la
responsabilité de l’Etat, et l’Etat a
dit, via ses appareils sécuritaires et
militaires, qu’il n’y a absolument aucun
fondement à ces allégations
(d’assassinats planifiés).
Le deuxième point
dont il a également été question, et qui
a suscité une sorte d’inquiétude dans le
pays, est le propos selon lequel la
démission du Premier ministre est le
premier pas du déclenchement d’une
guerre israélienne contre le Liban. De
même, cela a créé de l’inquiétude au
Liban. Je veux dire aux Libanais, et
j’ai longuement parlé de cela à de
nombreuses occasions, qu’Israël ne
travaille pas pour l’Arabie Saoudite.
Israël travaille évidemment pour les
Américains, et travaille évidemment pour
ses propres intérêts. Une agression
israélienne contre le Liban, personne ne
peut en nier la possibilité de manière
catégorique, mais le fait qu’elle
advienne ou pas ne dépend que de calculs
israéliens, des calculs
(exclusivement) israéliens. Les
Israéliens sont unanimes quant à ces
calculs, ils sont unanimes depuis la
guerre de 2006. A savoir qu’Israël ne
lancera de guerre contre le Liban que
s’il est garanti que cette guerre sera
rapide et brève, décisive, et avec une
victoire (israélienne) claire et
manifeste, un prix à payer bas et un
grand retentissement (favorable à
Israël). Cela fait l’unanimité en
Israël. Et Israël craint de se lancer
dans une guerre qui ne remplirait pas
tous ces critères, car ses conséquences
sur l’entité sioniste et le prix que
cela lui couterait aux plans matériel et
moral seraient très élevées, et les
conséquences stratégiques sur
l’existence même de l’entité israélienne
seraient très graves. Et c’est pourquoi
ils font peur et intimident sans cesse,
mais considérez donc le langage
israélien depuis 2006 jusqu’à
aujourd’hui : « Si le Hezbollah fait
ceci, si le Hezbollah fait cela, on fera
telle chose, on lancera une guerre, et
la guerre sera telle et telle… » Israël
parle toujours au conditionnel.
Aujourd’hui, je ne
veux ni nier ni confirmer (la
possibilité d’une agression israélienne
imminente), mais je vous dis que dans
ces calculs et ces éléments de mesure,
il n’y a absolument rien qui concerne la
présence ou non d’un gouvernement au
Liban, l’identité du chef du
gouvernement au Liban, la ligne
politique à laquelle il appartient. Ces
données politiques n’ont absolument
aucune incidence sur les calculs
israéliens lorsqu’ils prennent la
décision d’agresser le Liban. Par
conséquent, personne ne doit
instrumentaliser cet événement et le
faire rentrer dans une question qui
dépasse de beaucoup la démission du chef
du gouvernement, ou le maintien du
gouvernement, ou la chute du
gouvernement. Aujourd’hui, plus que
jamais, les calculs israéliens en ce qui
concerne l’agression contre le Liban
prennent également largement en compte
les développements régionaux et
internationaux qui sont devenus
complètement différents de ce qu’ils
étaient durant la guerre de juillet
2006. Et à ce sujet également, il n’est
nullement besoin de s’étendre. Ce point
est un sujet d’inquiétude pour les
Libanais. S’il y a d’autres sujets
d’inquiétude sur ce point, il faut les
rechercher dans les calculs israéliens.
Et le troisième
slogan, que j’ai laissé pour la fin car
il faut y prêter attention en quelque
sorte, est que des informations ont
rapporté – je ne sais pas si c’est vrai
ou pas – est que le prince héritier
saoudien a rassemblé ou a demandé que se
réunissent les commandants des armées de
l’Alliance déclarée, qui rassemble d’une
trentaine à une soixantaine de pays
(Dieu seul sait combien), et que cela
coïnciderait avec la démission du chef
du gouvernement, et que l’Arabie
Saoudite préparait une « Tempête de la
détermination » (nom de l’agression
saoudienne contre le Yémen) contre le
Liban.
Bien sûr, afin de
ne pas donner trop d’importance à ce
sujet, il n’est pas clairement apparu
que quiconque (en Arabie Saoudite ou
ailleurs) se soit officiellement exprimé
en ces termes. Il y a certaines analyses
et certains slogans et même certains
espoirs (en ce sens) de la part de
certaines personnes au Liban, qui
entretiennent de tels espoirs, mais ce
sont des rumeurs que ne corrobore aucune
donnée (avérée) et absolument sans
fondement et sans aucun sens.
L’Arabie Saoudite
voudrait rassembler ses alliés et lancer
une offensive contre le Liban, une «
Tempête de la détermination » contre le
Liban ? Je fais partie des Libanais qui
n’arrivent pas très bien à comprendre
cela. Car que l’Arabie Saoudite lance
une agression contre le Yémen, cela se
comprend, car c’est un pays voisin, et
l’Arabie Saoudite peut donc rassembler
ses armées et celles de ses alliés pour
attaquer le Yémen (comme c’est le cas
depuis plus de deux ans). Mais comment
une telle chose serait possible au Liban
? Depuis quel territoire voudraient-ils
attaquer le Liban ? Depuis la Syrie, où
leur projet a échoué ? A moins qu’ils ne
veulent venir depuis la Palestine
occupée, et nous attaquer depuis là-bas
? Ou peut-être qu’ils veulent venir
depuis la mer (l’Arabie Saoudite n’a pas
de flotte). En logique militaire, même
l’individu moyen peut comprendre que ces
propos n’ont aucun sens, aucune
possibilité. Comment cela pourrait-il
advenir ?
Quoi qu’il en soit,
je ne considère pas qu’une telle
agression soit possible, et plus que
cela, si par exemple ces armées et chefs
d’état-major peuvent vraiment être
utiles au prince héritier
(saoudien) en quoi que ce soit, qu’ils
l’aident donc (à se dépêtrer) au Yémen.
Dans la guerre au Yémen, ils sont
complètement embourbés, et ils sont
complètement écrasés par cette bataille
du fait du courage et de l’endurance du
peuple yéménite, de ses sacrifices et de
son héroïsme, malgré les os pulvérisés,
les meurtres d’enfants et les massacres
quotidiens perpétrés au Yémen.
Aujourd’hui, il y a eu un massacre, et
chaque jour, il y a un massacre.
Que l’Arabie
Saoudite en finisse donc avec sa «
Tempête de la détermination » au Yémen
avant de parler d’une offensive
similaire contre le Liban. Avant même de
parler de ce que peut être le plan de
l’Arabie Saoudite à l’encontre du Liban,
à quoi ils pensent et ce qu’ils veulent
faire, je pense que tous devraient
d’abord attendre de voir ou va l’Arabie
Saoudite elle-même. Car l’ampleur des
arrestations et les noms qui ont été
évoqués comme ayant été arrêtés et ayant
vu leurs fortunes saisies ne sont pas
des petits noms. On ne sait pas où va
l’Arabie Saoudite. Je ne veux pas en
parler ou donner une évaluation, car je
n’ai pas (encore) de données ou
d’informations précises sur ce sujet.
Avant de parler des mesures et du plan
de l’Arabie Saoudite à l’encontre du
Liban, attendons donc d’abord de voir ce
qui se passe en Arabie Saoudite, et bien
sûr ce qui se passe dans la région, et
ensuite, on pourra parler avec quelque
assurance.
En attendant, et
dans les prochains jours que nous allons
traverser, j’appelle tous les Libanais
et tous les résidents au Liban (réfugiés
Palestiniens et Syriens, expatriés…) à
la quiétude et au calme, à protéger la
stabilité actuelle du pays, au dialogue,
à éviter toute escalade politique, à ne
pas s’inquiéter. Il est évident que
personne (au Liban) n’a intérêt à aller
dans ce sens. Il faut attendre les
mesures nationales responsables qui
seront prises (au niveau de l’Etat) par
Son Excellence le Président de la
République Michel Aoun en concertation
avec Monsieur le Président de la Chambre
des députés, les partis politiques
(représentés au gouvernement) et
l’ensemble des forces politiques au
Liban. Et si Dieu le veut, tous ensemble
et avec l’entraide et le sens aigu de la
responsabilité, nous parviendrons à
dépasser cette crise et cette étape.
Que Dieu vous
accorde le succès et la santé. Que la
paix de Dieu soit sur vous, ainsi que Sa
miséricorde.
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