LE CRI DES PEUPLES
Accord du siècle : l’Autorité
palestinienne n’a
‘aucune intention’ de
cesser de collaborer avec Israël
Khaled Abu Toameh
Lundi 10 février 2020 «
Il n’y aura pas
de réconciliation avec le Hamas. »
Source :
Jerusalem Post, le 4 février 2020Traduction :
lecridespeuples.fr
L’Autorité
Palestinienne (AP) n’a aucune intention
de mettre un terme à la coopération
sécuritaire avec Israël et les
États-Unis ou de se rapprocher du Hamas
pour protester contre le plan récemment
dévoilé par le Président américain
Donald Trump pour la paix au
Moyen-Orient, selon des responsables de
l’Union européenne et des diplomates
occidentaux qui se sont entretenus avec
de hauts responsables palestiniens à
Ramallah au cours des derniers jours.
Samedi 1er février,
lors d’un discours devant une réunion
d’urgence des ministres des Affaires
étrangères de la Ligue arabe au Caire,
le Président de l’Autorité palestinienne
Mahmoud Abbas a annoncé qu’il
avait informé Israël et les États-Unis
que les Palestiniens couperaient tous
liens avec eux, y compris les relations
de sécurité.
Mardi, Abbas a
réitéré la menace de mettre fin à la
coordination sécuritaire avec Israël et
les États-Unis lors d’une rare visite au
siège du service de renseignement
général de l’AP, basé à Ramallah, et
dirigé par le major-général Majed Faraj.
Les Palestiniens
ont qualifié les récentes déclarations
d’Abbas de « vagues », notant qu’il n’a
pas officiellement annoncé sa décision
de rompre les liens de sécurité avec
Israël et les États-Unis.
Mais tandis
qu’Abbas reste ambigu, certains hauts
responsables politiques et de sécurité
de l’Autorité Palestinienne à Ramallah
ont évoqué la question avec clarté.
Selon ces sources
palestiniennes, Abbas estime que le
moyen le plus efficace de contrer le
plan Trump est d’intensifier l’offensive
diplomatique des Palestiniens sur la
scène internationale, y compris aux
Nations Unies. Abbas espère que
l’offensive isolera l’administration
Trump et Israël et les forcera
finalement à accepter sa proposition de
tenir une conférence internationale pour
la paix au Moyen-Orient, où Washington
ne serait pas autorisé à jouer un rôle
majeur.
Mardi 4 février,
Abbas a rencontré dans son bureau
l’envoyé du Président russe Vladimir
Poutine, Alexander Lavrentiev, et a
discuté des derniers développements dans
la région à la suite du dévoilement du
plan Trump. Abbas aurait exhorté
l’envoyé russe à œuvrer à la réalisation
de la solution à deux États « sur la
base des frontières de 1967, avec
Jérusalem-Est comme capitale ».
La rencontre
d’Abbas avec l’envoyé russe a eu lieu
dans le contexte de la campagne
diplomatique de la direction
palestinienne pour rallier le soutien du
monde entier à son rejet de l’accord de
Trump.
Mardi 4 également,
la direction de l’Autorité palestinienne
a salué une déclaration du
vice-président et haut représentant de
l’UE Josep Borrell rejetant le plan
Trump. Borrell a déclaré dans un
communiqué que ce projet s’écartait des
paramètres convenus au niveau
international et a averti que les
mesures israéliennes visant à annexer
une partie quelconque de la Cisjordanie
ne pourraient pas passer sans
contestation.
Le ministre des
Affaires étrangères de l’AP, Riad Malki,
a salué la déclaration de l’UE, la
qualifiant de « défaite pour
l’administration Trump ».
Un diplomate
occidental basé à Ramallah qui a tenu
des réunions privées avec des
personnalités de l’Autorité
palestinienne ces derniers jours a
déclaré que les messages qu’il avait
entendus étaient différents de ceux
exprimés en public.
« En fait, je suis
plutôt optimiste car on m’a assuré que
les forces de sécurité de l’Autorité
palestinienne ne cesseront pas de
travailler avec Israël malgré les gros
titres suggérant le contraire », a
déclaré le diplomate au Jerusalem
Post. « Ce qui est également
encourageant, c’est que chaque
fonctionnaire palestinien que j’ai
rencontré a souligné que l’Autorité
palestinienne n’autoriserait pas une
nouvelle Intifada en Cisjordanie. Ils
m’ont dit qu’ils étaient totalement
opposés au terrorisme [l’AP considère la
lutte armée du Hamas ou du Jihad
Islamique comme du terrorisme]. »
Le diplomate a
déclaré que lorsqu’il avait interrogé
les responsables de Ramallah sur la
dernière menace d’Abbas, on lui avait
répondu : « Ne vous inquiétez pas, le
Président [Abbas] doit simplement calmer
le peuple. C’est pourquoi il doit
apparaître comme s’il se soulevait
contre Israël et les États-Unis et
prenait des mesures sérieuses en réponse
au plan Trump. Ce n’est qu’une posture
médiatique. »
Un autre diplomate
occidental basé à Ramallah a déclaré
qu’il avait été informé le week-end
dernier par trois hauts responsables
politiques et sécuritaires de l’AP que «
rien n’a changé depuis l’annonce du plan
Trump ».
« Les trois
responsables m’ont assuré que l’Autorité
palestinienne n’avait pas l’intention de
cesser de travailler avec les Israéliens
et les Américains dans le domaine de la
sécurité, a déclaré le diplomate au
Jerusalem Post. Ils m’ont également
dit qu’Abbas a donné pour instruction
aux forces de sécurité palestiniennes de
Cisjordanie de faire tout leur possible
pour empêcher des attaques violentes des
Palestiniens contre les soldats
israéliens. »
Le diplomate a
déclaré que lui et d’autres Occidentaux
travaillant et résidant à Ramallah
étaient « très satisfaits » des efforts
de la direction de l’Autorité
palestinienne pour empêcher le
déclenchement de manifestations à grande
échelle en Cisjordanie. « Sans les
efforts des services de sécurité
palestiniens, la situation aurait été
pire », a-t-il ajouté.
Les diplomates et
trois responsables de l’UE qui ont parlé
à des personnalités de l’AP à Ramallah
ont déclaré au Jerusalem Post
qu’ils étaient également assurés qu’il
n’y aurait pas de véritable
rapprochement entre l’AP et le Hamas
dans un avenir proche.
La semaine
dernière, Abbas a invité des
représentants du Hamas en Cisjordanie à
assister à une réunion d’urgence des
dirigeants palestiniens à Ramallah pour
discuter des moyens de « déjouer » le
plan de Trump et de réaliser « l’unité
nationale » palestinienne.
Abbas a également
reçu un appel téléphonique du chef du
Hamas Ismaïl Haniyeh, autre signe d’un
dégel des relations entre les deux
parties.
Abbas aurait
accepté une offre du Hamas d’envoyer une
délégation de hauts responsables de
l’OLP et du Fatah dans la bande de Gaza
dans les prochains jours dans le cadre
d’un plan visant à élaborer une «
stratégie palestinienne unifiée » contre
le plan Trump.
Mardi 4, cependant,
il semblait que les informations sur une
« réconciliation » imminente entre Abbas
et le Hamas étaient prématurées. Les
responsables du Hamas ont affirmé que
les dirigeants de l’AP en Cisjordanie
ont annulé la visite de manière
inattendue sans fournir d’explication.
« On nous a dit de
ne pas prendre au sérieux les
discussions sur une éventuelle
réconciliation entre l’Autorité
palestinienne et le Hamas », a déclaré
un responsable de l’UE au Jerusalem
Post. « Les responsables
palestiniens nous ont dit qu’il était
important qu’Abbas parle toujours
d’unité nationale parce que c’est ce que
la rue palestinienne veut entendre. Mais
ils nous ont assuré que cet entretien ne
signifie aucunement que nous verrons la
fin du différend entre Abbas et le Hamas
dans un avenir proche. »
Un autre
responsable de l’UE a cité un conseiller
principal d’Abbas lors d’une réunion
privée tenue plus tôt cette semaine : «
Nous ne faisons pas confiance au Hamas.
Ils veulent saper l’Autorité
palestinienne, et non travailler avec
elle. La seule façon de réaliser une
véritable unité est que le Hamas désarme
et abandonne le contrôle de la bande de
Gaza. Je ne vois pas cela se produire
dans les prochains jours ou semaines. »
Les diplomates
occidentaux et les responsables de l’UE,
qui ont parlé séparément au Jerusalem
Post, ont convenu qu’il y avait un «
énorme fossé » entre les positions
publiques de la direction de l’AP et ce
que ses représentants disent lors de
rencontres privées. Ils ont dit avoir
clairement indiqué à leurs
interlocuteurs palestiniens que les
Palestiniens devaient faire tout leur
possible pour maintenir le calme et la
sécurité en Cisjordanie.
Voir notre
dossier sur l’Accord du Siècle et
l’analyse de Nasrallah.
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