LE CRI DES PEUPLES
Israël détruit des maisons
palestiniennes sur les territoires
occupés en 1967, en violation du droit
international et des Accords d’Oslo
Les troupes
israéliennes ont détruit des dizaines de
maisons palestiniennes
dans le village
de Sur
Baher, malgré le tollé
international.
Lundi 5 août 2019
Source :
Al-Jazeera, le 22 juillet 2019
Traduction :
lecridespeuples.fr
Des centaines de
soldats israéliens assistés de
bulldozers ont détruit des maisons dans
le village palestinien de Sur Baher
malgré les protestations locales et les
critiques internationales.
Les habitants du
quartier de Wadi al-Hummus, situé dans
ce village, ont déclaré lundi 22 juillet
aux médias locaux que 16 immeubles
résidentiels comptant une centaine
d’appartements étaient en train d’être
démolis.
« Les préparatifs
ont commencé après minuit, alors que des
centaines de soldats israéliens armés et
assistés de bulldozers ont pris d’assaut
la ville. Les familles dont les maisons
étaient menacées de démolition ont été
réveillées et expulsées de leur
domicile », a déclaré l’organisation de
libération de la Palestine (OLP) dans un
tweet.
L’armée israélienne
s’est justifiée en prétendant que les
maisons situées à proximité du long mur
de séparation israélien sinueux qui
traverse la
Cisjordanie occupée constituent un
« risque de sécurité ».
La Cour suprême
israélienne s’est prononcée en faveur de
l’armée le mois dernier, mettant fin à
une bataille juridique de sept ans, et a
fixé à lundi la date limite pour la
destruction des maisons. Selon les
Palestiniens, les démolitions ont créé
un précédent pour d’autres villes
situées le long du tracé du mur de
séparation, qui parcourt des centaines
de kilomètres de la Cisjordanie occupée,
empiétant sur son territoire.
Rob Matheson,
envoyé spécial de la chaîne Al-Jazeera
sur la zone de démolition, a rapporté
que les démolitions avaient commencé à
07h15 du matin heure locale (04h15 GMT).
« Nous avons
entendu des détonations très fortes
venant d’un bâtiment situé juste à côté
de chez nous. Elles étaient causées par
une grosse pelle mécanique qui déchirait
une partie du toit d’un bâtiment qui,
jusqu’à ce matin, était la maison de
deux familles », a-t-il déclaré.
« Le père d’une des
familles est assis sur une chaise dans
la rue et voit sa maison se faire
détruire sous ses yeux. »
Le village de Sur
Baher chevauche la ligne séparant
Jérusalem-Est occupée de la Cisjordanie
occupée. Il a été capturé et occupé par
Israël lors de la guerre de 1967.
Selon Matheson,
jusqu’à présent, les forces israéliennes
ont rasé un bâtiment situé en
Cisjordanie et détruit 50% d’une maison
appartenant à une famille palestinienne
de 10 personnes à Jérusalem-Est.
« Ils ont emmené la
famille – nous avons entendu des cris et
des lamentations. Et en deux heures, 50%
du bâtiment a été détruit. »
Les démolitions
marquent un « jour très sombre et
triste » pour les résidents
palestiniens, a-t-il déclaré.
Tout
perdre
Selon le ministre
israélien de la Sécurité intérieure,
Gilad Erdan, les habitants « suivaient
leur propre loi » en construisant ces
bâtiments.
« Il existe des
centaines de structures illégales »,
a-t-il déclaré à la radio de l’armée
israélienne.
« À mon grand
regret, la gouvernance n’y est pas
suffisante. Mais il ne s’agit pas
seulement de la présence de centaines de
structures : en plus, plusieurs dizaines
d’entre elles sont situées presque
directement sur le tracé de la barrière
de séparation, constituant un danger
pour les forces de sécurité qui y
opèrent. »
Pour les
Palestiniens, Israël utilise la sécurité
comme prétexte pour les forcer à quitter
la zone dans le cadre d’efforts à long
terme visant à étendre les colonies de
peuplement. Toutes les colonies sur les
terres palestiniennes occupées sont
illégales au regard du droit
international.
Ils soulignent
également que la plupart des bâtiments
du quartier de Wadi al-Hummus sont
censés être sous le contrôle de
l’Autorité palestinienne et sous
contrôle civil d’après les accords
d’Oslo de 1993.
« J’ai construit
cette maison pierre par pierre. Je
rêvais de vivre dans cette maison.
Maintenant, je suis en train de tout
perdre », a déclaré Fadi al-Wahash, 37
ans. Sa voix s’est brisée lorsqu’un
bulldozer a détruit sa maison inachevée
de trois étages.
« J’avais un permis
de construire de l’Autorité
palestinienne. J’ai suivi les
procédures. »
Israël a
commencé à démolir des dizaines de
maisons palestiniennes
[Mahmoud Illean /
AP Photo]
« Ce qui se passe
aujourd’hui, c’est un déplacement massif
des personnes vivant à Wadi al-Houmous,
en dépit de la tentative légale et
diplomatique de protéger leurs biens »,
a déclaré Ali al-Obeidi, Président du
comité Wadi al-Houmous, à l’agence de
presse locale Maan.
Culture de
l’impunité
Dalia Qumsieh, une
avocate du groupe palestinien de défense
des droits Al Haq, a déclaré à Al
Jazeera que depuis le début de
l’occupation israélienne, l’État juif
« a toujours maintenu cette politique
de destruction de biens et de maisons
palestiniens dans les territoires
palestiniens occupés, et ce des deux
côtés de la ligne verte. »
« Le cas de Sur
Baher représente la traduction physique
de la culture d’impunité qui prévaut »,
a-t-elle déclaré, s’exprimant depuis la
ville occupée de Ramallah en
Cisjordanie.
Qumsieh a déclaré
que les démolitions s’inscrivaient dans
une « situation à plusieurs niveaux de
violations massives des droits de
l’homme » qui inclut la destruction
militaire injustifiée de biens, le
transfert forcé de Palestiniens, le mur
de séparation lui-même et enfin la
violation de la souveraineté
palestinienne et du droit
imprescriptible à l’autodétermination.
Traduction de ce
Tweet : Le plus grand acte de
démolition à Jérusalem occupée depuis
1967. L’occupation israélienne a
légalisé la démolition de 16 bâtiments
résidentiels
dans le secteur de Wadi al-Hummus
à Sur Baher.
Les résidents ont
déclaré qu’ils se retrouveraient sans
abri.
« Quand nos maisons
seront démolies, nous nous retrouverons
à la rue », a déclaré Ismail Abadiyeh,
âgé de 42 ans, qui vit dans l’un des
bâtiments menacés de destruction. Sa
famille comprend quatre enfants.
Selon des
responsables palestiniens, les
structures menacées se situent dans des
zones qu’elles devraient contrôler. À
l’origine, tous les bâtiments avaient
reçu un permis et une autorisation de
l’Autorité palestinienne, qui administre
cette partie du quartier.
Mais la Cour
suprême israélienne a déclaré que ces
structures violaient une interdiction de
construction, ajoutant que des bâtiments
proches de la barrière pourraient
couvrir d’éventuels assaillants.
Une centaine de
maisons seront démolies dans la région
de Wadi al-Hummus,
près du mur de
séparation [Mussa Qawasma / Reuters]
« Des centaines
de soldats »
Les forces
israéliennes ont découpé la clôture de
fer près du village tôt lundi matin, ce
qui leur a permis d’accéder plus
facilement aux bâtiments. Des
projecteurs ont éclairé un bâtiment de
plusieurs étages en cours de
construction, tandis que des dizaines de
véhicules amenaient des policiers et des
soldats casqués sur la zone.
À la première heure
de la journée, des pelleteuses ont
commencé à détruire une maison de deux
étages tandis que des soldats prenaient
position. Les pelleteuses en action ont
été filmées et photographiées par des
activistes palestiniens, israéliens et
internationaux qui se sont mobilisés
pour tenter d’arrêter la démolition.
« Depuis 2 heures
du matin, ils évacuent les résidents de
leurs maisons par la force et ils ont
commencé à installer des explosifs dans
les maisons à détruire. Il y a des
centaines de soldats ici », a déclaré
Hamada Hamada, un porte-parole de la
communauté dans l’une des zones menacées
de destruction.
Des soldats
israéliens placent des explosifs pour
démolir un bâtiment à Sur Baher,
à
Jérusalem-Est [Abed Al Hashlamoun / EPA]
L’OLP a publié une
déclaration dans laquelle elle accuse la
Cour suprême israélienne de « créer un
précédent permettant aux forces
d’occupation israéliennes de démolir de
nombreux bâtiments palestiniens situés à
proximité immédiate » du mur.
Dans un communiqué,
l’Union européenne a déclaré que les
structures se trouvaient dans des zones
sous juridiction de l’Autorité
palestinienne et que la politique de
démolition menée par Israël en
territoire occupé était illégale au
regard du droit international.
« Conformément à la
position de longue date de l’UE, nous
attendons des autorités israéliennes
qu’elles arrêtent immédiatement les
démolitions en cours », a-t-il déclaré.
Erdan, le ministre
israélien de la Sécurité intérieure, a
accusé l’UE d’avoir porté foi « aux
mensonges des Palestiniens ». Il a
tweeté qu’en vertu des accords d’Oslo,
Israël a le droit d’agir contre les
constructions illégales qui représentent
une menace pour sa sécurité.
La France a
condamné séparément les destructions,
affirmant qu’elles violaient le droit
international.
« Pour la première
fois, de telles démolitions ont eu lieu
dans une zone contrôlée par l’Autorité
palestinienne en vertu des Accords
d’Oslo. Elles constituent un précédent
dangereux, qui constitue une menace
directe pour la solution à deux États »,
a déclaré le ministère français des
Affaires étrangères dans une
déclaration.
Le Premier ministre
palestinien Mohammad Shtayyeh a déclaré
que les Palestiniens se plaindraient
devant la Cour pénale internationale.
« Il s’agit d’une
continuation du déplacement forcé des
habitants de Jérusalem de leurs maisons
et de leurs terres – un crime de guerre
et un crime contre l’humanité », a
déclaré Shtayyeh.
Israël prétend que
ce mur de séparation – dont la longueur
est estimée à 720 km une fois qu’il sera
achevé – a empêché les
attentats-suicides palestiniens qui ont
culminé en 2002 et 2003.
Les Palestiniens
appellent cela un accaparement de terres
destiné à annexer des parties de la
Cisjordanie à Israël, y compris des
colonies israéliennes.
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