Proche-Orient
Nasrallah dénonce le projet de
naturalisation des Palestiniens et la
crise des réfugiés syriens
Syrian internally
displaced people walk in the Atme camp,
along the Turkish border in the
northwestern
Syrian province of Idlib,
on March 19, 2013. The
conflict in
Syria
between
rebel force
and pro-government
troops has
killed
at least 70,000
people, and
forced more
than one million
Syrians to
seek refuge
abroad. AFP
PHOTO/BULENT KILIC
(Photo
credit
should
read BULENT KILIC/AFP/Getty Images)
Samedi 1er juin 2019 Discours du
Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed
Hassan Nasrallah, le 25 mai 2019, à
l’occasion du 19e anniversaire de la
Libération du Liban.
Traduction :
lecridespeuples.fr
Transcription
:
[…] Le troisième
point (de mon propos concerne) la
question de l’installation (permanente
des réfugiés palestiniens au Liban et
ailleurs). Je tiens à attirer
l’attention sur le fait que la chose la
plus importante que peuvent entraîner la
conférence économique du Bahreïn (prévue
les 25 et 26 juin 2019 pour annoncer
l’Accord du Siècle) et les
investissements économiques (en faveur
de la Palestine) qui doivent y être
débattus, ainsi que certaines mesures
incitatives et des aides financières ici
ou là, tout cela peut ouvrir grand la
porte à la naturalisation des frères
palestiniens (réfugiés) au Liban et dans
le reste des pays dans lesquels ils se
trouvent, en plus des pressions et des
restrictions que subit l’UNRWA, et qui
peuvent conduire à l’arrêt de ses
activités (d’aide vitale aux réfugiés
palestiniens, surtout à Gaza).
De même, comme pour
la question de la délimitation des
frontières (entre le Liban et la
Palestine occupée), il y a un terrain
d’entente, un arrière-plan commun au
niveau de la scène libanaise, à savoir
que les Libanais, malgré les nombreuses
divergences qui les opposent, sont
unanimes dans le refus de la
naturalisation (des Palestiniens), au
niveau de la Constitution,
politiquement, patriotiquement, et sur
tous les plans. Il y a également un
terrain d’entente avec nos frères
palestiniens présents au Liban, car tous
les Palestiniens, que ce soit les
factions palestiniennes, le peuple
palestinien (dans son ensemble), les
réfugiés palestiniens, tous nos chers et
honorables frères Palestiniens présents
au Liban sont unanimes dans leur rejet
de la naturalisation, et insistent pour
affirmer leur droit au retour dans leur
terre, en Palestine, dans leurs
contrées, leurs propriétés, et leurs
maisons. C’est là un terrain d’entente
(entre tous les Libanais et tous les
Palestiniens).
A présent, nous
sommes à un stade où il ne nous suffit
plus de tous déclarer que nous sommes
contre la naturalisation (des
Palestiniens). O les Libanais, ô les
Palestiniens du Liban, il semble que le
danger de la naturalisation se rapproche
dangereusement. Et c’est pourquoi
j’appelle à une rencontre rapide, qui
n’a nul besoin d’être longuement
préparée, car ce n’est pas une table de
négociations, ni un ensemble de
conférences. (Cette réunion ne
nécessitera) pas de longues journées (de
préparation ou de tenue). Il s’agit
simplement d’une réunion des
responsables libanais et des
responsables palestiniens au Liban afin
de discuter sérieusement du danger
rampant et proche de la naturalisation,
et d’élaborer un plan pour lutter contre
lui.
Bien sûr, je ne
parle pas ici du Comité de dialogue
libano-palestinien (CDLP) qui débattait
de problèmes majeurs de manière
détaillée, mais d’une réunion qui se
surajoutera à ce Comité, ou se mettra à
ses côtés, ou se tiendra à un niveau
supérieur, et je suggère que cela se
tienne à un haut niveau, incluant les
principaux responsables, et de manière
sérieuse. Aujourd’hui, nous devons être
vigilants, et il ne suffit pas que je
fasse une déclaration (contre la
naturalisation), que les autres
(libanais) fassent de même et que nos
frères palestiniens aussi, et (de croire
que) tout ira bien. En aucun cas. Car
dans nos déclarations, nous sommes tous
opposés à la naturalisation. Mais quel
est le plan d’action commun
libano-palestinien (qui va être mis en
place) ? Nous avons besoin d’un plan
commun pour faire face au danger de la
naturalisation rampante et proche. Nous
devons tous nous assoir ensemble, les
responsables libanais et palestiniens
concernés doivent s’assoir et mettre en
place un plan d’action. Et quant à ce
qu’on pourra nous demander en guise
d’idées, de suggestions ou d’aide
active, nous sommes bien sûr tout à fait
disposés à participer à cette lutte
nationale patriotique fondamentale.
Le quatrième point
de mon discours est un mot sur les
réfugiés syriens, ce à quoi j’ai fait
référence (au début de mon discours) en
ce qui concerne la Syrie. Je vais
également en parler de manière brève,
même si ce sujet mériterait lui aussi
qu’on lui consacre une heure entière,
car il regorge de détails fastidieux.
Mais aujourd’hui, je me contenterai de
dire ceci aux Libanais : tout le monde
au Liban est unanime, et c’est également
un terrain d’entente – j’essaie d’être
positif aujourd’hui, et de rechercher
les terrains d’accord entre tous les
Libanais. Au niveau des apparences, tous
les Libanais sont unanimes pour déclarer
qu’ils veulent aider au retour de nos
frères et des familles de réfugiés
syriens dans leurs pays. Nous sommes
tous d’accord sur le principe, mais nous
divergeons sur la manière, les moyens,
etc.
Mais la vérité de
la chose, pour révéler toute la vérité
et être clair, et ne pas façonner de
toutes pièces de fausses raisons pour
ces divergences : la véritable raison
(des entraves au retour des Syriens) est
une raison politique. Tout cela est lié
aux prochaines élections présidentielles
en Syrie. Le mandat du Président Bachar
al-Assad arrivera à son terme en
2020-2021, et des élections se tiendront
quoi qu’il arrive, indépendamment de ce
qui peut se produire ou pas à Astana, à
Genève, qu’un Comité constitutionnel
soit organisé ou pas, qu’une issue
politique (au conflit) soit trouvée ou
pas, des élections présidentielles se
tiendront à la date prévue. Il y a une
insistance des Etats-Unis, des pays
occidentaux (France, Grande-Bretagne,
etc.) et des pays du Golfe…
Nous devons être
clairs. Aujourd’hui, le peuple libanais
est unanime dans sa volonté de régler ce
dossier, dont les souffrances sont
partagées (entre Syriens et Libanais) :
les Syriens souffrent d’être déplacés,
sauf une minorité d’entre eux qui a
réussi à se faire une situation au
Liban, et ont maintenant des magasins,
des restaurants, des locaux, des
ressources, ils travaillent et tout va
bien pour eux, et sont à l’aise, mais
c’est une minorité. La majorité des
déplacés syriens vivent les souffrances
du déplacement. Les Syriens souffrent,
et les Libanais également en souffrent,
dans toutes les régions. A un certain
stade, certains, et c’est bien
malheureux, ont essayé de donner aux
divergences sur la question des déplacés
une dimension sectaire, une dimension
religieuse ou régionale. Mais
aujourd’hui, tous les Libanais, dans
toutes les régions, quelle que soit leur
groupe religieux, souffrent également
des conséquences de ce déplacement
(massif) et sont donc concernés par
celui-ci. Ils en souffrent
économiquement, socialement, sur le plan
sécuritaire, et vous connaissez les
détails de cette situation. Nous voyons
les informations chaque jour, et
connaissons bien les détails de la
situation.
Pourquoi les
souffrances des réfugiés syriens
perdurent-elles au Liban ? Pourquoi les
souffrances des Libanais perdurent-elles
? Pourquoi les deux parties
doivent-elles continuer à porter tous
ces fardeaux (énormes) ? Pour une raison
simple. Telle est la vérité. Telle est
la vérité : les Etats-Unis, l’Occident
et pour le moins certains pays du Golfe
ne veulent pas que les déplacés syriens
retournent dans leur pays, pour le moins
pas avant les élections présidentielles
syriennes. La raison est (purement)
politique.
Cela n’a aucun
rapport avec des considérations
humanitaires. Au contraire, les
considérations humanitaires exigent que
chacun retourne chez lui, dans sa
maison, à ses magasins et ses champs, à
sa famille et à ses proches, à sa
patrie. Et cela n’a rien à voir avec des
raisons sécuritaires. Tous ceux qui sont
rentrés en Syrie y vivent (en paix)
comme le reste des Syriens. Les rumeurs
que certains responsables libanais ont
essayé de répandre sur le fait qu’il y
aurait des meurtres, des règlements de
comptes, etc., ne sont que des
inventions et des mensonges, et je
demande – je l’ai déjà demandé en dehors
des médias à certains responsables au
niveau de l’Etat – que ces fausses
affirmations fassent l’objet d’une
enquête, car elles sont dangereuses. Et
en vérité, ces affabulations constituent
une accusation (mensongère) contre tous
les partis politiques qui ont soutenu ou
facilité le retour (des Syriens), et en
particulier contre une institution
sécuritaire de première importance et
respectée au Liban, à savoir la
Direction de la Sûreté Générale au
Liban, qui a pris en charge le dossier
de manière centrale. Ces mensonges, qui
visent à faire peur aux déplacés syriens
pour qu’ils ne rentrent pas dans leur
pays, ne sont nullement fondés, mais
servent l’objectif politique dont je
viens de parler.
En ce qui concerne
l’Etat et le gouvernement syriens, il y
a plusieurs années de cela – ce n’est
pas récent –, lors d’une rencontre avec
le Président Bachar al-Assad, je lui ai
parlé franchement et lui ai demandé en
toute franchise : « Voulez-vous que les
déplacés syriens reviennent en Syrie ? »
Car il fallait que nous nous comprenions
bien. Nous sommes alliés et amis, et il
ne faut pas que l’on se nuise (même
involontairement). Il m’a répondu en
toute franchise et en toute sincérité :
« Oui, nous voulons qu’ils reviennent
tous en Syrie, et nous sommes prêts à
accorder toutes les facilités pour que
tout le monde revienne en Syrie. »
Aujourd’hui, quel est l’obstacle ? C’est
celui que j’ai indiqué. C’est un
obstacle politique. L’obstacle est de
nature politique.
Le Liban, l’Etat
libanais et le gouvernement libanais
peuvent-ils se soumettre à ces
considérations politiques et les faire
primer sur les considérations
humanitaires, les considérations
sécuritaires et les considérations
économiques seulement parce que les
Etats-Unis, l’Occident et certains pays
du Golfe font primer ces considérations
politiques, et imposent au Liban
l’interdiction du retour (des déplacés
en Syrie) ? J’affirme que ce qui se
passe au Liban est un blocage du retour
des déplacés syriens. Il serait faux de
dire qu’il y a un retour volontaire en
place, et que ceux qui veulent revenir
le peuvent, et ceux qui veulent rester
(au Liban ou ailleurs) le peuvent. Non !
Il y a un véritable empêchement. L’une
des manières d’empêcher ce retour est
l’intimidation et la peur propagées par
certains responsables libanais par le
passé ou jusqu’à ce jour (pour
certains). Certains médias libanais
continuent à les répandre. Et de même,
l’une des manières d’empêcher le retour
des déplacés est de les appâter, de leur
rendre le maintien au Liban désirable.
Par conséquent, il faut en finir avec
ces obstacles (au retour des Syriens),
et ne pas se contenter (de le
condamner).
Aujourd’hui, bien
sûr, personne au Liban, aucune force
politique libanaise ne peut se déclarer
favorable au maintien (permanent) des
Syriens au Liban, ou opposé à leur
retour en Syrie, personne n’oserait dire
ça, même s’il le souhaite en son for
intérieur. Tout le monde déclare que les
Syriens doivent rentrer et que nous
devons les y aider. Je considère, après
la fin du débat sur budget, que le
gouvernement et les forces politiques
libanaises doivent discuter sérieusement
de cette question et ne pas se contenter
de prises de position.
Quoi qu’il en soit,
la scène régionale et internationale est
devenue claire : les délégations
libanaises, durant les conférences qui
ont été organisées et les contacts qui
ont été pris avec tous les pays du
monde… Et je déclare que ce que je
révèle maintenant à la télévision est
devenu une certitude pour les
responsables libanais depuis des mois
pour le moins, voire depuis des années.
(Les responsables libanais savent avec
certitude que les Etats-Unis, l’Occident
et le Golfe sont farouchement opposés au
retour des réfugiés) depuis des mois
pour le moins. Il est donc clair pour
tous les responsables libanais qu’il y a
un obstacle politique (au retour des
déplacés Syriens). Comment allons-nous
réagir ? Qu’allons-nous faire face à
cette question qui constitue un problème
national de première importance ?
[La dernière
partie du discours concerne la lutte
contre la corruption au Liban menée par
le Hezbollah, et ne sera pas traduite.
L’extrait précédent sur les conséquences
de la victoire du 25 mai 2000 est
accessible
ici.]
Pour ne
manquer aucune publication et soutenir
ce travail
censuré en permanence, abonnez-vous
à la
Newsletter.
Pour soutenir
ce travail
censuré en permanence et ne manquer
aucune publication, abonnez-vous à la
Newsletter.
Le sommaire de Sayed Hasan
Le dossier Hezbollah
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|