Proche-Orient
Nasrallah : sans le Hezbollah, Trump
aurait reconnu
le Sud-Liban comme un
territoire israélien
Samedi 1er juin 2019
Discours du
Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed
Hassan Nasrallah, le 25 mai 2019, à
l’occasion du 19e anniversaire de la
Libération du Liban.
Traduction :
lecridespeuples.fr
Transcription
:
[…] L’un des
résultats les plus importants de cette
victoire (du 25 mai) 2000, qui a été
confirmé et renforcé avec le temps, est
d’avoir façonné l’équation de la force
au Liban. En 2000, face à la défaite
israélienne, il est clairement apparu
qu’au Liban, une force avait imposé à
l’ennemi israélien (par la seule force
des armes) de sortir vaincu, humilié,
fuyant (piteusement le champ de
bataille). Israël n’a obtenu aucun gain,
ni n’est parvenu à imposer la moindre
condition, le moindre accord sécuritaire
(pour faciliter le retrait ou pour la
suite), la moindre récompense ou
contrepartie : au contraire, c’était une
sortie (sans négociations ni
conditions), une (véritable)
humiliation. Et quoi qu’il en soit, les
Israéliens eux-mêmes sont unanimes pour
le reconnaître.
Tout ce qui a été
dit à l’époque pour (essayer de)
confisquer les résultats de cette
victoire, à savoir que ce qui s’est
passé était le résultat d’un accord
secret, d’une entente (entre untel et
untel), d’une (simple) application par
Israël de la résolution 425 de l’ONU
(votée en 1978 !), tout cela s’est
effondré au bout de quelques jours, car
c’était un mirage, des illusions, des
mensonges, des tentatives de
mystification qui n’avaient aucune base
de vérité ou de réalité. Le monde entier
– et en premier lieu Israël lui-même –
s’est incliné (devant cette réalité), et
a reconnu et accepté que ce qui s’est
passé le 25 mai 2000 est une défaite
totale pour l’ennemi israélien, et une
victoire claire, décisive, sans appel,
éclatante et glorieuse pour le Liban,
pour le peuple libanais, pour la
Résistance au Liban, pour l’armée
libanaise, et pour tous ceux qui ont
contribué à façonner cet exploit et
cette victoire au Liban (en particulier
l’Iran et la Syrie). Et par conséquent,
la présence de cette force proactive a
été révélée (au monde entier), cette
force qui a imposé la défaite à
l’ennemi.
Et par la suite, le
Liban n’a plus été considéré comme le
maillon faible du conflit israélo-arabe,
ni comme le principal point faible du
corps de la Communauté (musulmane), ou
dans la structure ou la situation de la
région. Cela est bel et bien révolu.
Dorénavant, on regarde le Liban comme
détenteur d’un grand point de force (le
Hezbollah). Et ce n’est pas
(seulement) moi qui le prétend.
Quiconque peut s’en assurer en suivant
(les déclarations) des responsables
israéliens, de l’ennemi israélien, les
politiciens et les militaires, les
services de sécurité, les analystes, les
médias, les centres d’études, les
conférences organisées chaque année au
sein de l’entité (sioniste), les
déclarations, les mesures de sécurité,
les manœuvres, toutes les mesures qui
sont prises à la frontière par Israël
(construction d’un mur défensif, travaux
de terrassement, tranchées, etc.), tout
cela confirme que l’ennemi prend au
sérieux et suit en temps réel la
véritable force présente au Liban.
Cela fait longtemps
qu’Israël nous considère comme une
menace stratégique ou la menace
principale. Je vais revenir sur le fait
que nous sommes une « menace » pour lui.
Mais le fait est que l’ennemi reconnaît
cette force, et que le monde entier fait
de même, y compris les Etats-Unis, et
c’est pourquoi ils débattent en
permanence de la manière dont ils
peuvent liquider le Hezbollah, en tant
que colonne vertébrale et base de la
nouvelle équation de force libanaise qui
a été réalisée après 2000. Ils se
demandent sans cesse comment ils peuvent
se débarrasser du Hezbollah. Ils parlent
d’assassinats, de sanctions, de
pressions, d’isolement, d’inscription
sur les listes des organisations
terroristes, de blocus et même de guerre
totale… Tout cela, ils l’ont entrepris,
mais le Hezbollah a tenu bon face à tous
ces complots et toutes ces épreuves.
Par conséquent,
l’ennemi reconnaît la présence de cette
force, et la réalité de ce grand
bouleversement qui s’est déroulé au
Liban après 2000, et s’est enraciné et
élargi après la victoire de la
Résistance en 2006. Aujourd’hui, Israël
dit au sujet de cette force, et en
particulier au sujet du Hezbollah, que
c’est une menace stratégique, ou la
menace principale pour Israël. Bien sûr,
c’est là un témoignage glorieux pour
nous, et nous en sommes fiers et nous
nous en enorgueillissons, car ce dont
même nos ennemis témoignent souligne
indéniablement notre mérite. Mais je
veux le présenter en des termes positifs
et nationaux, depuis notre front, de
notre côté, et non du point de vue de
l’ennemi. Car lorsque Israël nous
présente comme une menace stratégique ou
la principale menace, il vise par là à
inciter le monde contre nous. Mais nous
devons présenter (cette réalité) de
notre point de vue, de manière positive.
De manière positive, ce que l’ennemi
désigne comme une menace, nous le
désignons comme une force défensive, une
force qui empêche (toute agression), une
force qui repousse (l’ennemi), une force
de protection, de dissuasion et de
confrontation. En somme, en tant que
partie prenante de la force libanaise
qui s’est enracinée après 2000, le
Hezbollah représente une partie de la
force de dissuasion, de riposte et de
prévention qui empêche l’ennemi
israélien d’assouvir la moindre de ses
convoitises (au Liban), ou de mettre à
exécution la moindre de ses menaces.
Nous savons tous
que l’ennemi a des ambitions sur nos
terres, nos eaux, notre pays, nos
frontières, etc. Jusqu’à présent, même
dans les régions frontalières sur
lesquelles je vais revenir dans un
instant, l’ennemi israélien continue à
revendiquer certains points stratégiques
pour le Liban, comme la question des
fermes de Chebaa ou autres, qui ont une
valeur sécuritaire, stratégique et
économique majeure. Il en va de même
pour la question de (la frontière)
maritime, (et les ressources offshore
en) pétrole et en gaz. Les convoitises
de cet ennemi vont bien au-delà de ces
frontières. Quoi qu’il en soit, les
convoitises et les menaces d’Israël sont
bien connues, et il essaie avec force
d’imposer ses choix à notre pays, à
notre peuple et à l’Etat libanais, mais
cette force (du Hezbollah) se dresse
devant lui (et neutralise ses velléités
d’agression).
Cette force, de
même que l’ennemi la reconnaît, et de
même qu’il œuvre à la neutraliser, à la
liquider et à s’en débarrasser, face à
cela, nous devons connaître, nous les
Libanais, l’importance de cette force
pour la préservation de la souveraineté,
du bien-être, de la sécurité, des choix
et des ressources du Liban, pour le
présent et l’avenir du Liban, et nous
devons œuvrer à protéger cette force,
que nous avons surnommée l’équation en
or, à savoir l’Armée, le Peuple et la
Résistance. Nous devons préserver cette
force pour pouvoir faire face à ces
convoitises et à ces menaces. Et c’est
grâce à cette force que nous avons pu
libérer notre territoire.
Imaginez donc qu’il
n’y ait pas eu de Résistance au Liban,
et qu’il n’y ait pas eu de Libération en
mai 2000, imaginez donc que l’armée de
l’occupation occupe encore notre
territoire, au moins le Sud-Liban,
jusqu’à ce jour, ne verrions-nous pas M.
Trump octroyer le Sud-Liban, ou du moins
de vastes zones du Sud-Liban au
gouvernement ennemi, comme il lui a
octroyé Al-Quds (Jérusalem), comme il
lui a octroyé le Golan, comme il va lui
octroyer la Cisjordanie, et comme ses
prédécesseurs lui ont par le passé
octroyé les terres de 1948 ?
Par conséquent,
aujourd’hui, cette Résistance, en tant
que partie prenante de cette force
libanaise fondamentale, cette force
libanaise fondamentale, cette force de
défense, cette force de dissuasion,
cette force de protection, cette force
de riposte, de prévention et de
confrontation, c’est la force que nous
devons protéger avec les plus grands
soins, et de notre mieux. Lorsque nous
voyons que nos ennemis la ciblent par
tous les moyens pour en finir avec elle,
nous devons savoir qu’ils agissent dans
leurs intérêts, et par conséquent, en
tant que Libanais, nous devons agir en
fonction de notre position nationale,
souveraine, éthique et également en
fonction de nos intérêts. Notre intérêt
en tant que Libanais est de vivre en
sécurité, dans le bien-être et la santé,
de préserver notre territoire et nos
capacités, ainsi que notre sang, notre
honneur, notre dignité, notre gloire et
notre liberté, ce qui implique que nous
soyons forts. La force est notre (seule)
véritable garantie (face à Israël).
Ce que nous devons
confirmer durant l’occasion que nous
célébrons ce jour, surtout dans ce monde
qui apparaît plus que jamais comme ne
faisant aucune place au droit
international, aux résolutions de l’ONU,
au Conseil de Sécurité, ni aux
organisations internationales, et où
seules la tyrannie, l’arrogance et le
despotisme américano-sionistes ont voix
au chapitre, ainsi que les Résistants,
les forts, les déterminés, ceux qui sont
résolument attachés à leurs droits, et
qui sont prêts à se défendre et à se
sacrifier pour les faire respecter.
Quant aux autres, ce sont des victimes,
qui n’ont nulle place dans les
équations, et doivent débourser des
sommes d’argent (colossales), assumer
les conséquences (de leur lâcheté), et
en fin de compte, on se débarrasse d’eux
lorsqu’ils deviennent un fardeau (Arabie
Saoudite, etc.).
En prenant appui
sur l’occasion que nous célébrons ce
jour, je veux évoquer brièvement
quelques points connexes. Premièrement,
en ce 19e anniversaire de la fête de la
Résistance et de la Libération, nous
devons confirmer notre attachement aux
fermes de Chebaa, aux collines de Kfar
Chouba et à la partie libanaise du
village de Ghajar (territoires libanais
occupés). La Déclaration publiée hier
par Son Eminence le Président de la
République libanaise Michel Aoun sur
cette cause était forte, claire et
catégorique. Il en va de même pour la
Déclaration de l’état-major de l’armée
libanaise qui affirme son engagement
absolu en des termes appropriés : il
était question, en substance, d’un
engagement irrévocable à libérer les
fermes de Chebaa, les collines de Kfar
Chouba et le reste des territoires
(libanais) occupés, quels que soient les
sacrifices requis et le prix à payer, si
élevés soient-ils. Je ne cite pas le
verbatim de leur déclaration, mais on
peut s’y référer, et c’est ce qu’elle
dit en substance, et son contenu est
clairement fort et adapté.
Nous confirmons
donc, aujourd’hui, notre droit naturel
(à libérer ce territoire) qui est à
nous, à résister, à déployer toutes les
formes de la Résistance et à mettre en
œuvre tous les moyens pour libérer ce
qui reste de notre territoire libanais
(occupé).
Le deuxième point
est la délimitation des frontières.
Actuellement, un de nos éléments de
force est l’entente entre les différents
responsables libanais, et en particulier
entre les trois Présidents (de la
République, du Conseil des Ministres et
de la Chambre des Députés) à ce sujet.
La Résistance soutient la position
affichée par l’Etat et se tient derrière
lui, comme nous l’avons annoncé par le
passé. En toute certitude, la
Résistance, le peuple libanais et tous
les Libanais font confiance et placent
leurs espoirs en l’attachement des
(trois) Présidents (libanais) et des
responsables de l’Etat pour tous nos
droits sur le territoire, sur les eaux
et sur les ressources naturelles
présumées dans nos eaux, et attendent de
leur part une bonne gestion des
dossiers, une persistance dans les
revendications nationales et qu’ils
soient à la hauteur de leurs
responsabilités historiques dans les
négociations sur ces dossiers.
Dans ces
négociations (indirectes), le Liban peut
se baser sur deux points forts : 1/ la
force (conférée par) le bon droit, car
ce que le Liban demande lui revient de
droit. Ce que le Liban demande lui
revient de droit. 2/ La force (conférée
par) la force dont je viens de parler,
et qui est présente au Liban.
Aujourd’hui, le
Liban n’est pas en position de faiblesse
face à Israël, en aucun cas. Et aucun
Libanais ne doit avoir l’impression que
son pays ou que son Etat est en position
de faiblesse, en aucun cas. Aujourd’hui,
Israël est intimidé, apeuré, inquiet et
craintif face à ce qui se trouve au
Liban. Et de même qu’il peut empêcher le
Liban d’exploiter le pétrole et le gaz
(présent en Méditerranée), de même, le
Liban peut empêcher Israël d’exploiter
les ressources maritimes en pétrole et
en gaz. Je n’ai nullement besoin de
proférer de nouvelles menaces. L’ennemi
israélien, et derrière lui les
Etats-Unis connaissent très bien ces
équations (de dissuasion).
Et par conséquent,
tant que l’Etat et les responsables
politiques (libanais) se basent sur la
force (conférée par) le bon droit, et
sur la force (conférée par) la force,
nous resterons attachés à nos droits et
pourrons être très optimistes, comme le
Président de la Chambre (des Députés)
Nabih Berri, quant à notre capacité à
réaliser une grande victoire dans ce
dossier, avec la Grâce de Dieu. […]
Voir l’extrait
suivant de ce discours :
Nasrallah dénonce le projet de
naturalisation des Palestiniens et la
crise des réfugiés syriens
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