Alahed
L’armée syrienne passe à l’offensive
sur tous les fronts
Samer Zoughaib
Photo:
D.R.
Mardi 10 mars 2015
De passage
à Beyrouth, un ancien diplomate d’un
pays européen, spécialiste dans le
domaine de la défense, affirme que les
responsables politiques et militaires
occidentaux, qui ont mis du temps à se
remettre du choc provoqué par l’échec de
leur pari sur un rapide effondrement de
l’Armée arabe syrienne, vivent en ce
moment une déception encore plus grande.
Ils sont, en effet, stupéfaits de
constater que cette armée a abandonné
depuis le début de cette année la
stratégie défensive pour passer à
l’offensive sur presque tous les fronts.
L’armée syrienne, qui affronte depuis
2011, sur 300 fronts, des dizaines de
milliers de combattants extrémistes
formés, armés et financés par
l’Occident, la Turquie, la Jordanie et
les pétromonarchies du Golfe, sans
compter les terroristes de «Daech», est
passée à l’attaque depuis le début 2015.
Ces vastes offensives, qui mettent en
action de larges unités militaires
combinant les forces terrestres,
aériennes, l’artillerie et les blindés,
avec l’active participation de l’Armée
de défense nationale et des alliés
(essentiellement le Hezbollah),
traduisent une haute capacité de
coordination, de mobilisation et de
mobilité des troupes. «Les experts
militaires occidentaux sont étonnés par
l’extraordinaire capacité de l’armée
syrienne à se battre sur plusieurs
fronts simultanément, quelle que soit la
nature du terrain: en rase campagne, en
zone urbaine, dans les régions
désertiques et en haute montagne»,
révèle le diplomate.
Offensive à Lattaquié
Ces trois derniers mois, l’armée
syrienne a donc enchainé les offensives
du Nord au Sud, d’Est en Ouest, en
passant par le centre. La dernière en
date a été lancée dans les montagnes de
Lattaquié, au Nord-ouest de la Syrie,
dans une région escarpée, couverte de
forêts. Des unités spéciales ont mené
une attaque surprise contre les
positions des extrémistes, et ont occupé
des sommets stratégiques, dont celui de
Dourine, considéré comme la clé de Jabal
al-Akrad, le bastion extrémiste dans
cette région du pays. Après ce succès,
la localité de Salma, le plus important
fief des insurgés dans ce secteur,
constituera la prochaine étape. La
progression dans les montagnes de
Lattaquié permettra de relier cette
province à celle d’Idleb et de couper
les lignes de ravitaillement des
extrémistes appuyés par la Turquie.
Plus à l’Est, l’armée syrienne a
consolidé ses positions autour d’Alep,
en repoussant, dimanche et lundi, une
vaste offensive de «Front al-Nosra»
contre la localité stratégique de
Handarat, à l’Est de la ville. Selon les
sources de l’opposition syrienne,
quelque 70 extrémistes ont été tués dans
ces combats qui visaient à reprendre à
l’armée le terrain conquis autour d’Alep
début février. Dans cette région,
l’armée est en passe de refermer l’étau
sur les extrémistes retranchés dans les
quartiers Est d’Alep, en coupant leurs
lignes d’approvisionnement vers la
Turquie. La vaste offensive lancée par
l’armée dans cette région avait
partiellement atteint ses objectifs avec
l’occupation de la localité de Bachkoy,
avant d’être ralentie par une
contre-attaque menée par des combattants
venus de Turquie et encadrés par des
officiers turcs. Des sources syriennes
affirment que ce n’est qu’une question
de temps avant que le chaudron ne se
referme sur les quartiers Est d’Alep et
que l’encerclement de Nobbol et Zahra,
plus au nord, ne soit brisé.
Progression dans le désert de
Homs
Dans le centre du pays, l’Armée arabe
syrienne a lancé ces derniers jours une
offensive qui lui a permis de consolider
ses positions autour du champ gazier de
Chaer, à l’Est de Homs, et de reprendre
à «Daech» le champ de Jazal, dans le
désert de Tadmor (Palmyre). Des dizaines
de terroristes ont été tués dans cette
opération couronnée de succès.
Sur les fronts autour de Damas, les
groupes terroristes perdent du terrain
partout. Douma, le fief des extrémistes
de l’«Armée de l’islam» de Zahran
Allouche, au Nord-est de la capitale,
est soumise à la pression continue de
l’armée et de Jeich al-Wafa. Cette
milice a quitté les rangs de
l’insurrection armée pour revenir dans
le giron de l’Etat, à cause des
exactions commises par les insurgés
contre la population civile. Dans le sud
de Damas, «al-Nosra» a été chassée de
ses derniers bastions de Bibala et Beit
Sahem par des milices locales, qui
négocient leur reddition avec les
autorités syriennes.
Sur le front du camp de Yarmouk, la
brigade «al-Anfal» de ladite «Armée
syrienne libre» (ASL) a fait défection
et a rejoint avec armes et équipements
l’Armée de défense nationale. La
situation dans ce camp est devenue très
difficile pour le «Front al-Nosra» et ce
mardi, le Front populaire de libération
de la Palestine-Commandement général
(FPLP-CG) a appelé toutes les factions
palestiniennes à unir leurs forces pour
chasser les terroristes et reprendre le
camp dont les 120000 habitants ont été
en grande partie poussés à l’exode.
Le plus grand succès de l’armée syrienne
et de ses alliés a été l’offensive
lancée sur le front sud, qui leur a
permis de progresser dans le triangle
stratégique reliant les provinces de
Deraa, Quneitra et Damas. Dans cette
région, les lignes de défense des
terroristes se sont effondrées devant
les coups de l’armée syrienne, qui a
repris, en janvier-février, les
localités de Deir al-Adas, Deir Maker,
Hamrit, les collines de Fatmé, Tall al-Krein,
et Sayyad. Les troupes syriennes sont
désormais aux abords de la colline
stratégique de Tall al-Hara, qui
surplombe le Golan occupé. Cette
offensive a permis de réduire à néant le
rêve «israélien» de l’établissement
d’une zone tampon le long du Golan,
ayant une profondeur géographique avec
les zones contrôlées par les extrémistes
à Deraa. Selon les sources des
«rebelles», quelque 570 extrémistes ont
été tués par l’armée dans ces combats.
Toujours dans le Sud, l’armée syrienne a
repris la localité de Bou Harat, au
Nord-est de la province de Soueida,
après de violents combats avec les
extrémistes. Lors de cette offensive,
des hélicoptères d’attaques ont été
utilisés.
Ces développements prouvent que l’armée
syrienne et ses alliés ont repris
l’initiative sur le terrain, malgré le
grand soutien apporté aux groupes
terroristes en armes, en argent et en
appui politique. La nouvelle carte que
l’Occident et ses auxiliaires régionaux
veulent jouer est celle de la
«pseudo-opposition modérée», dont près
de 5000 membres sont entrainés en Arabie
saoudite et autant en Turquie. Mais ce
n’est pas avec cette petite troupe de
mercenaires que Washington, Ankara,
Riyad et Tel-Aviv parviendront à
inverser les rapports de force.
Source: french.alahednews
Le sommaire de Samer R. Zoughaib
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|