Les hyènes médiatiques avaient prévu un
désastre sanitaire. "Le système de santé
n'est absolument pas capable de faire
face" a
annoncé Le Figaro. Le
Monde mentionne "un
système de santé dévasté face au
coronavirus" pendant que
l’AFP ricane : "du thé à
l’ail et au citron contre le
coronavirus". Bien entendu, les petits
trouffions médiatiques et académiques du
néolibéralisme se sont bien gardés
d’expliquer aux rares lecteurs qui les
croient encore que le Venezuela est
victime d’un blocus criminel de la part
des États-Unis et de ses vassaux. Une
véritable guerre économique qui interdit
le commerce de pétrole avec ce pays, et
prive le gouvernement d’une manne non
négligeable de devises au moment
d’importer médicaments, matériels
chirurgicales et sanitaires, aliments,
pièce de rechange pour l’industrie.
Pour enfoncer le
clou, le 12 mars 2020, dès l’annonce de
la pandémie du Covid 19 par
l’Organisation Mondial de la Santé,
les États-Unis renforcent le blocus
contre le Venezuela. L'entreprise
russe (filiale de Rosneft) TNK Trading
International, qui commercialisait le
pétrole vénézuélien est sanctionnée. Ses
avoirs et ses comptes aux USA sont
gelés. Cette sanction,
qui s'ajoute à une très longue liste
depuis 2014, a pour conséquence de
réduire les possibilités pour le
gouvernement vénézuélien de faire face á
la menace du Coronavirus en entravant
l'importation de médicaments, de
réactifs, et de masques. Le 18 mars
2020, dans le cadre de la lutte contre
la pandémie de coronavirus, le Venezuela
sollicite 5 milliards de dollars au Fond
Monétaire International provenant de
l'Instrument de Financement Rapide de
l'organisme financier. Malgré le fait
que le FMI a débloqué des fonds pour
venir en aide aux pays "vulnérables", la
demande du Venezuela est rejetée.
Son porte-parole indique que "le
Fonds n'est pas en mesure de prendre en
considération cette demande" car
l'action du FMI est "fondée sur une
reconnaissance officielle du
gouvernement par la communauté
internationale (...) Il n'y a pas de
reconnaissance claire à ce stade".
L'idéologie et la guerre contre le
Venezuela prime sur la défense du genre
humain.
Les vénézuéliens
savent pourtant faire preuve de
résilience. Nicolas Maduro a conscience
que gérer une crise sanitaire mondiale
dans ces conditions n’a rien d’une
sinécure. Dès l’annonce de la pandémie,
et sans attendre son expansion, le
président vénézuélien décrète l’urgence
nationale, le confinement et la
fermeture des lieux publics. Pas
question de jouer avec la santé du
peuple. D’autant plus que le Venezuela
est sous la menace permanente d’une
intervention militaire, et le
coronavirus pourrait donner des idées à
certains. Le journal
El Nuevo Herald publiera un appel
non dissimulé à profiter de la pandémie
pour lancer un coup d’État contre le
président Maduro.
Bien loin de se
plier aux suppliques des ultras de
l’opposition, l’armée vénézuélienne a
prêté main forte pendant les premiers
jours de confinement. Pas pour réprimer
ceux qui sortaient de leur confinement
volontaire, mais pour désinfecter toutes
les grandes villes du pays et les moyens
de transports publics.
Le 22 mars, une
semaine après le confinement, le
président Nicolas Maduro, annonce de
nouvelles mesures. Il décrète :
✅La
suspension des loyers pour les
PARTICULIERS et les commerçants durant 6
mois ✅L’interdiction
des licenciements jusqu'au 31 décembre
2020 ✅La
suspension des factures d'eau et
d'électricité pendant 6 mois ✅La
suspension des remboursements d'emprunt
à la consommation ou hypothécaire ✅La
massification du programme public de
distribution d'aide alimentaire à
domicile (CLAP) ✅La
généralisation des bons d'ajustement
salariaux (revenu universel) ✅L'État prend en charge les
salaires des PME pendant 6 mois ✅Des
crédits d'État pour les entreprises des
secteurs santé, alimentation,
pharmaceutiques, hygiène.
Le Venezuela
conscient que le blocus criminel des
États-Unis pouvait affecter sa capacité
de réponse sanitaire a renforcé la
quarantaine, mais il a surtout donné les
moyens d'être confiné à sa population.
Chacun jugera de la pertinence de ces
mesures en comparaisons avec celles
prises dans son pays.
A l’inverse de ses
voisins, le Venezuela a, depuis
longtemps, mis l’Humain au centre des
préoccupations de son gouvernement. Pour
faire face à la baisse drastique du prix
du pétrole, il est passé, en 2016 d’un
système de subventions généralisées à un
système d’allocations qui prend en
compte les revenus, la composition du
foyer, l’âge, etc. Un système comparable
à la Caisse d’Allocations Familiales
française, en plus élaboré : c’est le
Système de la Patrie.
Chaque vénézuélien peut s’inscrire
librement et reçoit la Carte de la
Patrie, qui lui permet de faire des
demandes d’allocations et d’aides
gouvernementales. Ce système, banal dans
un État-providence, va devenir sous le
fiel des propagandistes médiatiques un
dispositif de contrôle totalitaire.
C’est pourtant
grâce à ce système que le gouvernement
de Nicolas Maduro va pouvoir faire face
à la menace du Covid 19. Dès les
premiers jours, une grande enquête est
lancée à travers l’application internet
du Système de la Patrie. Le 23 mars,
10.965.969 vénézuéliens avaient répondu
au recensement sanitaire de l’État.
21.801 vénézuéliens ont déclaré
ressentir des symptômes grippaux. En
retour, 13.808 médecins sont mobilisés
(vénézuéliens pour la plupart, mais
aussi cubains comme en Italie) pour
aller réaliser un diagnostic des
plaignants à leur domicile. Au jour du
22 mars, 17.550 personnes ont ainsi été
auscultées. 77 personnes ont été
diagnostiquées positives au Covid 19, et
ont été transférées dans des centres de
soins prévus à cet effet. Alors que les
assurances privées refusaient de couvrir
les frais médicaux lié au Covid 19,
l’État vénézuélien prendra en charge
gratuitement chacun des patients. Leurs
familles ou proches avec qui les
personnes infectées partageaient le
confinement ont été mise en isolement
pendant 14 jours afin de déterminer si
elles ont été contaminées. Il n’y a pour
l’instant aucun décès lié au Covid 19 au
Venezuela.
Le 23 mars 2020, le
gouvernement annonce disposer, grâce à
l’aide chinoise, de deux millions de
test de dépistage du Covid 19, et qu’il
utilisera le traitement à la chloroquine
pour soigner les personnes malades. Cet
antipaludique avait eu des résultats
probants en Chine avant que le
professeur français Didier Raoult ne
perfectionne le protocole de soins. Les
français apprécieront sûrement de savoir
que les vénézuéliens pourront utiliser
ce traitement alors que, dans le même
temps, les autorités sanitaires
françaises trainent des pieds, et la
plupart des médias ont déversé durant
longtemps un torrent de boue sur le
docteur marseillais.
Au-delà de la
politique sanitaire vénézuélienne que
chacun jugera en comparaison avec les
protocoles de son propre pays, les
vénézuéliens comptent sur un formidable
réseau d'organisations populaires. Dès
les premiers jours, et alors que les
pharmacies privées augmentaient de 1000%
le prix des masques et du gel
hydro-alcoolique, les organisations de
quartier se sont mises à fabriquer des
masques pour les répartir gratuitement
dans leur communauté de voisinage.
Dans de nombreuses communes et conseils
communaux, les comités de santé
recensent les personnes, organisent la
solidarité, les distributions de
nourriture, transmettent les
informations nécessaires sur la maladie.
Que ce soit dans les quartiers
populaires, dans les communes
socialistes, ou dans les
2,5 millions de logements publics
construits par la Révolution
Bolivarienne entre 2011 et aujourd’hui,
les relations sociales sont le ciment de
la lutte contre la pandémie.
A la différence de
la France, la notion "d’habiter" dans de
très nombreux territoires du Venezuela
fait corps avec l’organisation commune
de l’espace, et de la prise de
décision de manière collective. La
notion de confinement est donc vécue
différemment, et nous interpelle en
Occident sur l’inexistence de
construction des communs dans nos
rapports de voisinage.
"Les politiques
publiques de logement au Venezuela",
conversation avec l'architecte français
Jean-François Parent
Le Venezuela a déjà
connu une crise institutionnelle qui a
été dépassée. Aujourd'hui, l'appel du
président Maduro au confinement est
respecté par tous les secteurs, pendant
que Juan Guaido continue de faire le
clown depuis sa chambre d’hôtel. La
France, elle, est plongée dans une crise
de légitimité. L’autorité politique de
l'État ayant été publiquement défiée par
l’autorité morale de l’infectiologue
Didier Raoult. D’ores et déjà, des élus
locaux se refusent à compter les morts
en attendant le feu vert de l’État
français. Ainsi, le maire de Nice,
Christian Estrosi, décide d'abandonner
le protocole ordonné par l'Etat pour
suivre celui du professeur marseillais
dans le CHU de sa ville. Alors que le
Venezuela fait bloc derrière l'État
révolutionnaire, la France, elle, semble
revenir au système féodal.
Les ruptures de
stock dans les magasins français, les
spéculations et hausse de prix de
certains produits, les vols de masques
protecteurs (et peut être demain le
marché noir si le confinement
s'éternise) sont quelques uns des
symptômes de la guerre économique que
vit le Venezuela depuis plusieurs
années. A la différence de l’Hexagone,
les citoyens vénézuéliens sont déjà
préparés à ce genre de conjoncture, et
ont élaborés des solutions collectives
pour pallier aux manques.
Enfin, les
vénézuéliens sont rodés à la guerre
médiatique et psychologique depuis
plusieurs années. Ils savent que lorsque
l'information vient des médias
commerciaux, il ne faut pas s'y attarder
une minute. En France, si les études du
professeur Raoult se confirment, le
système médiatique devra rendre des
comptes pour avoir traité le médecin
marseillais comme un charlatan. La palme
revient, comme souvent, au Monde et
à ses “décodeurs” pour avoir soutenu que
le traitement à la
chloroquine était une Fake News.
Alors que plusieurs pays ont déjà adopté
ce traitement en toute urgence (Chine,
Venezuela, États-Unis, Argentine…), les
médias français se sont déjà rendus
coresponsables de milliers d'infection,
et de centaines de morts. Les
vénézuéliens savent déjà comment réagir
face à ce système de propagande, et aux
opérations psychologiques. Nous, nous
apprenons à peine, et nous n'oublierons
pas.
Encore une fois,
les sicaires médiatiques et académiques
attendent de voir comment la Révolution
Bolivarienne succombera à la pandémie du
Covid 19. Ils risquent encore de ronger
leur frein, et de passer leur
quarantaine noyés dans leur amertume.
Comme a dit
Emmanuel Macron, "le jour d’après ne
sera pas un retour au jour d’avant.
Beaucoup de certitudes et de convictions
seront remises en cause". Espérons que
ceux qui ont été contaminés par le virus
de la désinformation sur le Venezuela,
ne fassent pas l’impasse sur les
recommandations du président français.
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