Venezuela
Fauxccupy : quand tombe le masque de Guy
Fawkes de l’opposition vénézuélienne
Roberto Lovato
"Vous
m’entendez Fernando ?" En direct du
Vénézuela avec les "jeunes étudiants
contestataires" :
Fernando Rincon de CNN.
Poussées
par la faim et les pénuries, les masses
vénézuéliennes protestent
contre la terreur du castro-communisme.
Dimanche 16 mars 2014
Par Roberto
Lovato –
Latino Rebels, le 14 mars 2014
Caracas – Les
news et l’imagerie disponibles sur le
Venezuela de ces dernières semaines
mèneraient l’homme de la rue à conclure
que les jeunes d’opposition sont des “manifestants
pacifiques” dans la lignée de
l’activisme global des jeunesses du “printemps
arabe”, du mouvement Occupy
ou d’autres pays d’Amérique Latine. Une
telle conclusion serait erronée tant les
informations sur le Venezuela relèvent
de pratiques journalistiques très
contestables, sur une échelle sans
précédent.
Qu’on
considère, par exemple, les personnes
tuées dans les deux camps. Les médias
privés (en anglais ou en espagnol) ont
omis de couvrir les huit (et plus)
victimes pro-chavistes des violences
perpétrées par les étudiants ou par le
reste de la droite. Aucun n’enquête sur
les dénonciations selon
lesquelles les morts sont en majorité
imputables à l’opposition. Le gommage
radical des victimes pro-chavistes est
surprenant.
L’image ci-dessus montre, par
exemple, des membres de la droite
vénézuélienne tendant un fil barbelé qui
a décapité un cycliste innocent, Rafael
Durán de La Rosa, mort omise par la
plupart des médias. Autre exemple du
silence, l’assassinat de l’étudiante
chilienne Gisella Rubiar le 9 mars à
Mérida, tombée sous les balles de
militants d’extrême droite alors qu’elle
tentait de dégager une rue obstruée par
leur barricade.
Un autre aspect de ce traitement
très spécial des médias sur le Venezuela
concerne les images des
masques de Guy Fawkes, symbole des
mouvements anti-capitalistes popularisé
par Hollywood et, plus récemment, par
les manifestations du mouvement Occupy.
La semaine dernière j’ai interviewé
des membres de l’opposition, parmi
lesquels des dizaines de jeunes. Presque
tous ceux-ci sont des étudiants de
classe moyenne et supérieure vivant dans
les quartiers ultra-élitaires de
Caracas, les plus riches des Amériques.
Lorsque je leur demandai s’ils se
définissaient comme “anarchistes” ou
“marxistes” ou comme partisans d’une des
idéologies qui ont caractérisé la
plupart des oppositions historiques ou
actuelles dans la région, ces étudiants
ont uniformément répondu par la
négative, certains y allant parfois d’un
“para nada!” (“pas du tout !”)
ou d’équivalents espagnols de “Jamais
de la vie !”
Certains des
interviewés m’ont dit s’identifier à
des militaires tels que le
Généralissime Marcos Pérez Jiménez,
ancien et très répudié dictateur. Ils se
sont également reconnus dans
l’opposition vénézuélienne, emmenée par
trois membres de l’élite du pays
—Henrique Capriles, María Corina Machado
et Leopoldo Lopez— tous trois impliqués
dans le coup d’État de 2002 contre Hugo
Chávez et possédant des liens familiaux
direct avec les propriétaires ou les
plus hauts dirigeants des plus
importants conglomérats
privés du Venezuela et du continent.
Or, si
l’opposition du Venezuela est dirigée
par des milliardaires dans un pays
pauvre et si, au lieu de combattre les
initiatives multi-millionaires de la
politique des USA (comme le font la
plupart des mouvements
latino-américains), cette opposition
reçoit des millions de dollars du
département d’État, comment
comprendre toutes ces images d’étudiants
portant un symbole associé aux
mouvements de gauche ?
La réponse
est triple. La première est que l’idée
de porter ce masque face aux caméras
fait partie de la très sophistiquée
formation aux médias que les étudiants
ont reçue de OTPOR/CANVAS
et d’autres consultants loués avec
les millions de dollars US. La deuxième
est que des étudiants commettant des
violences et qui craignent les sanctions
ont besoin de se cacher. Enfin, c’est la
logique du marché, il y a des personnes
achetant des masques parce que c’est
cool ou d’autres qui y voient une
aubaine commerciale, comme j’ai pu
l’observer dans les photos que j’ai
prises la semaine passée.
Sans analyser de près l’imagerie
dominante, sans examen minutieux de ce
qu’est l’opposition vénézuélienne, on
risquerait de la confondre avec quelque
chose comme le Che Guevara ou Occupy ou
le Printemps Arabe. Mais avec des
dirigeants de la droite étudiante comme
Lorent Saleh, lié aux paramilitaires
de l’ex-président Uribe et à des groupes
néo-nazis colombiens (voir El Espectador
du 21/7/13) (1) ou Yon Goicochea qui a
reçu les 500.000 dollars du prix “Milton
Friedman” et d’autres financements
privés ou gouvernementaux des
États-Unis, il y a beaucoup plus
derrière les masques de Guy Fawkes au
Venezuela que ceux que nous laissent
voir les médias. Et peut-être que nous
voyons naître quelque chose de nouveau
et radicalement différent dans le
continent insurgé de l’Amérique : Fauxccupy…
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