Les 7 du Québec
La classe ouvrière et la gauche sectaire
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 29 juillet 2015
http://www.les7duquebec.com/...
(Nous vous offrons cette réflexion d'un
militant de gauche qui tente de
redéfinir les concepts de classe
ouvrière et de classe prolétaire et qui
propose une forme d'articulation qui
relierait selon lui ces classes sociales
aux partis politiques de la gauche
bourgeoise, notamment aux partis dits
"communistes" (façon Parti Communiste
Français et Parti Communiste du Canada).
Nous présentons l'intégralité de ce
texte, puis, nous l'analysons à la
lumière de la théorie marxiste et de
l'expérience politique accumulée par la
classe ouvrière depuis la Première, la
Deuxième, la Troisième et la Quatrième
Internationale. Nos commentaires se
retrouvent entre parenthèses dans le
texte.
Robert Bibeau. Directeur
LES7DUQUEBEC.COM).
QU'EST DEVENUE LA
CLASSE OUVRIÈRE ?
CONTRIBUTION AU DÉBAT
Par Talis Dunières.
Guadeloupe. Réédition le 29.07.2015 dans
LES7DUQUEBEC.COM
Un spécialiste de la classe ouvrière
C’est sous ce titre
combien évocateur des questions
existentielles liées à cette classe et
son devenir, que le journal “L’Humanité”
du 2 mai 2001, quotidien du
Parti Communiste Français,
donne la parole à
Olivier Schwartz, spécialiste
des recherches sur la condition ouvrière
et le monde du travail.
Le thème traité s’est imposé de
lui-même, à cause des gigantesques
transformations : économique,
sociologique, idéologique, politique
occasionnée par la
mondialisation triomphante et leurs
conséquences. Aujourd’hui se pose avec
acuité pour les partis et mouvements
politiques de gauche, le problème
de la reprise en main de la classe
ouvrière, pour sa réorganisation,
son éducation, sa redynamisation (sic).
**********
(Vous
avez bien lu, l'auteur demande " la
reprise en main de la classe ouvrière
pour sa réorganisation, son éducation,
sa redynamisation." La mission des
communistes révolutionnaires n'est pas
de "reprendre en main"
ni d'administrer les affaires
syndicales ou "gouvernementales" de la
classe ouvrière. La mission des
communistes révolutionnaires est de
servir les intérêts bien compris de la
classe ouvrière, en ne se cantonnant pas
à l'arrière-garde, pour réclamer des
réformes comme une hausse du salaire
minimum; le maintien du service postal à
domicile; la hausse des prestations
d'invalidité; et pour défendre et
préserver les "droits" et les "acquis
sociaux" temporairement arrachés à la
bourgeoisie du temps de l'État
providence aujourd'hui révolu. Sous le
mode
de production capitaliste, sous
la dictature autoritaire de la
bourgeoisie il n'existe pas de "droits
acquis ni d'acquis sociaux" pour la
classe ouvrière.
Les communistes révolutionnaires
auraient intérêt à se reprendre en main
dans le sens de se préparer à
l'insurrection inévitable plutôt que de
prêcher le réformisme aux ouvriers plus
conscients que le croient ces donneurs
de leçons. Ainsi, quelle ligne politique
présentée aux ouvriers qui constatent
que les travailleurs immigrants sont
amenés au pays pour créer une pression à
la baisse sur les salaires et déprécier
la force de travail ouvrière? Voilà un
dilemme qui concerne les organisations
de la gauche révolutionnaire.
Robert Bibeau).
**********
Sous la pression
des événements survenus, au cours de ces
vingt dernières années, des
comportements nouveaux sont apparus au
sein de la classe ouvrière, suscitant
inquiétude et interrogations multiples.
En ce moment, des organisations de
gauche posent en termes très clairs, le
problème de l’existence même de la
classe ouvrière, de son déclin, de son
absence de conscience de classe, de
son manque de combativité, du
refus des jeunes ouvriers d’assumer leur
condition ouvrière.
Les résultats des dernières
élections municipales et présidentielles
en France ont en effet permis de mesurer
de manière précise, l’état d’immaturité
politique de la classe ouvrière et du
prolétariat.
**********
(Ce n'est pas
l'idée de se résigner et
d'assumer leur condition d'esclave
salarié qu'il faut inculquer aux jeunes
ouvriers, mais l'idée de s'en libérer et
de renverser ce mode de production
dégénéré. L'auteur présente ici ce
qu'il entend par l'expression:
"reprendre en main la classe ouvrière",
c'est la reprise en main du crayon de
vote afin d'apporter les précieux
bulletins qui permettraient au Parti
Communiste Français - beaucoup moins au
Parti Communiste Canadien - de décrocher
des sinécures électorales municipales,
départementales, sénatoriales,
nationales, syndicales afin
d'administrer l'appareil d'État
bourgeois dans l'intérêt
de la classe capitaliste. Les
communistes révolutionnaires n'ont rien
à faire dans le processus électoral
bourgeois tellement discrédité que même
les ouvriers arriérés n'y croient plus,
signe qu'ils ont une conscience de
classe plus avancée que les donneurs de
leçons des organisations de la gauche
bourgeoise. Robert Bibeau.).
**********
Citons quelques
passages clés de cet entretien : “Si
l’on entend par classe ouvrière un
groupe cohérent d’ouvriers mobilisés,
ayant ce qu’on appelait autrefois une
certaine conscience de classe,
revendiquant une certaine identité
ouvrière, dotés d’organisations qui les
représentent, il faut constater que,
depuis quinze ou vingt ans, on assiste à
sa déconstruction. Les raisons en sont
diverses, au cours des dernières
décennies des pans entiers de
l’industrie lourde où s’étaient
constitués les gros bataillons ouvriers
ayant une vraie force de frappe
collective et porteurs d’une vraie
identité ouvrière : les mines, la
sidérurgie, la métallurgie ont disparu.”
Cependant, on a souvent tendance
à déduire de ce constat qu’il n’y aurait
plus d’ouvriers. Il y a encore en France
une très vaste
population ouvrière estimée à 6,3
millions d’ouvriers.”
“Pour un jeune
aujourd’hui, être ouvrier est perçu
comme un échec. Il occupe une position
d’ouvrier, mais il n’est pas du tout
certain que lui se définira comme tel.
Mais, les spécificités les plus
essentielles de la condition ouvrière
n’ont nullement disparu pour autant : la
pénibilité du travail, l’insécurité de
l’emploi, la médiocrité et la faible
augmentation des salaires, tout cela est
toujours d’actualité plus que jamais.”
La classe ouvrière existe bel et bien,
et en nombre suffisamment important,
pour être encore de nos jours, une force
politique, dont la mobilisation peut
entraîner tout le prolétariat.
**********
(Heureux de le lire de la main d'un
ponte universitaire accrédité,
la classe ouvrière - sans
laquelle le mode de production
capitaliste n'existerait pas - existe
déjà selon monsieur Schwartz et en
nombre significatif dit le
spécialiste. Pourquoi s'échiner à
chercher une définition de classe
ouvrière ?
La classe ouvrière vend sa force
de travail contre salaire et la
plus-value qu'elle produit lui est
expropriée par le propriétaire du
capital. Dans cette définition, les deux
classes antagonistes sont interreliées,
interdépendantes, amalgamées par les
rapports de production même qui
garantissent leur reproduction
respective ou leur disparition mutuelle.
Si le Mode de Production capitaliste ne
parvient pas à assurer les conditions de
cette reproduction élargie alors on dit
qu'il y a crise systémique du système
capitaliste. C'est la classe capitaliste
monopoliste qui va se réjouir d'entendre
la bonne nouvelle à l'effet que la
classe ouvrière existe toujours, elle
dont les usines tournent au ralenti
faute d'ouvriers spécialisés à
exploiter. Des manoeuvres il y en a
assez, mais les hyperspécialisés pour
actionner les robots informatisés
viennent à manquer. Le manque d'ouvriers
spécialisés ne signifie pas la
disparition de la classe ouvrière. Pire
pourrions-nous dire, le fait même que le
capital exploite de moins en moins de
travail vivant - d'ouvriers - est
justement la cause profonde de la
dégénérescence de ce mode de production
décadent.
Robert Bibeau).
**********
Des bouleversements économiques et des
comportements prévisibles
Mais face à cette
régression de la conscience de classe,
face à cette absence manifeste de
culture politique de la classe ouvrière
(sic), face à des constats aussi
négatifs, ceux dont la tâche consistait
en effet, à veiller en permanence qu’il
en fut autrement, doivent aujourd’hui se
poser la question de savoir, s’ils ont
idéologiquement, politiquement, rempli
correctement la mission qui était censée
être la leur.
L’implosion du système socialiste
mondial a probablement contribué à
conforter ces dérives, mais ne peut tout
expliquer. Car, cette “déconstruction”
de la classe ouvrière, cette perte
d’identité prolétarienne, était
prévisible. Ce sont les conséquences
directes des lois de l’évolution
anarchique du capitalisme, sur les
mentalités et les comportements.
Marx et Engels
n’ont cessé de nous y préparer, de nous
mettre en garde contre l’apparition
inévitable, à un moment ou à un autre,
de ces phénomènes, dont ils ont
parfaitement identifié l’origine, et
envisagé les conséquences négatives pour
la classe ouvrière.
“La bourgeoisie,
écrivaient-ils, dans le Manifeste, ne
peut exister sans révolutionner
constamment les instruments de
production, ce qui veut dire les
rapports de production, c’est-à-dire
l’ensemble des rapports sociaux.”
“Ce bouleversement continuel de
la production, ce constant ébranlement
de tout le système social, cette
agitation et cette insécurité
perpétuelles, distingue la période
bourgeoise de toutes les précédentes.”
“Tout ce qui avait solidité et
permanence s’en va en fumée, tout ce qui
était sacré est profané, et les hommes
sont forcés enfin, d’envisager leurs
conditions d’existence avec des yeux
désabusés.”
La bourgeoisie a dépouillé de
leur auréole toutes les activités qui
passaient jusque là pour vénérables et
qu’on considérait avec un saint respect.
Le médecin, le juriste, le prêtre, le
poète, le savant, elle en a fait des
salariés à ses gages.” “L’organisation
du prolétariat en classe, donc en parti
politique, est sans cesse détruite par
la concurrence que se font les ouvriers
entre eux, mais elle renaît toujours,
toujours plus forte, plus ferme, plus
puissante.”
Les partis de
gauche, notamment marxistes, ne peuvent
faire semblant de découvrir ces
enseignements du marxisme, ces
phénomènes nouveaux et leurs
conséquences négatives. Ils disposaient
de données scientifiques, qui leur
permettaient d’appréhender en toute
connaissance de cause, l’évolution du
système capitaliste, l’arrivée de ces
bouleversements, leur influence sur le
comportement de la classe ouvrière, et
les moyens d’y faire face. Car, ce sont
avant tout, des questions
essentiellement politiques.
**********
(L'auteur ne semble pas comprendre
toute l'intelligence des propos de Marx
et d'Engels qui observent que :
“L’organisation du prolétariat en
classe, donc en parti politique, est
sans cesse détruite par la concurrence
que se font les ouvriers entre eux, mais
elle renaît toujours, toujours plus
forte, plus ferme, plus puissante.”.
Ceci signifie que les anciens partis
sociaux-démocrates (Deuxième
Internationale) ne pouvaient se diriger
ailleurs que dans la coopération avec la
bourgeoisie
après la déperdition du mouvement de
révolte prolétarien avant la Première
Guerre mondiale (au risque de
disparaître en tant qu'organisations).
De même, les anciens partis communistes
(Troisième Internationale) nés du
mouvement prolétarien révolutionnaire
suite à la Grande Guerre ne pouvaient
finir autrement que dans la coopération
avec la bourgeoisie après l'échec du
mouvement insurrectionnel de la classe
prolétarienne dans l'entre-deux-guerres.
Enfin, les anciens partis
marxistes-léninistes apparus au moment
de la vague du mouvement de révolte des
années soixante et soixante-dix
(1968-1979) ne pouvaient que disparaître
ou collaborer avec la bourgeoise suite à
l'effondrement des mouvements de révolte
populaire. Une renaissance prolétarienne
en classe et en organisations de classe
est aujourd'hui requise avec la montée
récente de la révolte populaire que nous
communistes révolutionnaires devons
contribuer à
transformer en insurrection
prolétarienne puis en révolution
prolétarienne pour le communisme.
Robert Bibeau).
**********
Dans la dernière livraison des “Nouvelles
Étincelles” n° 88 du 8 janvier
2004, nous avons tenté d'expliquer les
raisons pour lesquelles certains aspects
négatifs, relevés depuis quelque temps
dans le comportement de la classe
ouvrière étaient prévisibles, puisque,
indissociablement liés aux lois
d'évolution du système capitaliste,
comme l'avaient prévu les fondateurs du
marxisme. Ce deuxième volet de notre
contribution se borne à préciser les
contours de cette classe ouvrière et du
prolétariat, à définir les nouvelles
menaces qui les guettent, les paralyse,
condamnant de ce fait les partis de
gauche à l'affaiblissement, au rôle de
spectateurs actifs, mais impuissants à
modifier le cours des événements. Nous
terminons enfin par ce qui nous semble
être les tâches prioritaires de la
classe ouvrière, du prolétariat, des
partis et organisations politiques de
gauche dans la période actuelle.
États des lieux et responsabilité des
partis de gauche.
Avec le progrès technique permanent, les
besoins nouveaux des hommes et de la
société, l'affaiblissement, voire la
disparition des secteurs traditionnels
de l'économie, tels que les mines, la
sidérurgie, la métallurgie, secteurs qui
constituaient les noyaux durs de la
concentration ouvrière, étaient
programmés. Mais, la classe ouvrière,
loin de là, et heureusement, n'ʼest pas
constituée uniquement de ces secteurs.
Les ouvriers du bâtiment, les employés
des entreprises, du secteur public, du
commerce, des services, les
fonctionnaires, le prolétariat rural,
les petits industriels, les commerçants
et artisans en voie de
prolétarisation, l'arrivée massive et
permanente de nouveaux éléments,
principalement composés de femmes,
d'anciens employés, d'ʼimmigrés, tout
cela fait partie de la grande masse du
prolétariat.
Cette grande diversité d'origines et de
mentalités, ces perpétuels nouveaux
arrivants provoquaient un changement
constant de la composition, non
seulement de la classe ouvrière, mais
parfois aussi de la composition du Parti
communiste lui-même. En effet, de par la
disparition des secteurs clés de la
concentration ouvrière, de par sa
composition hétéroclite, ce qui est une
source de flottement idéologique et une
porte ouverte pour la pénétration de
l'idéologie bourgeoise au sein de la
classe ouvrière, il fallait s'attendre à
l'apparition de tels comportements.
Signalons également la question de
l'aristocratie ouvrière et de
l'opportunisme qui ont toujours été
présents au sein du mouvement ouvrier.
**********
(Ici l'auteur effleure les effets de
l'évolution économique du mode de
production capitaliste (MPC) et les
répercussions de cette évolution sur la
composition et la configuration de
classe du prolétariat. Ainsi, il est
juste de constater que des pans entiers
des activités productives de la classe
ouvrière ont été délocalisés des pays
impérialistes développés vers les pays
impérialistes sous-développés (appelés
émergents). Ceci est une conséquence du
développement inégal et combiné du mode
de production capitaliste au stade
impérialiste. Le capital mondialisé et
globalisé cherche les meilleures
opportunités de valoriser la plus-value,
la sève ouvrière dont il s'abreuve. À un
capital mondialisé et globalisé
correspond nécessairement un monde
ouvrier internationalisé et globalisé.
Ce n'est donc pas à
la disparition de la classe
ouvrière que l'on a assisté entre 1973
et 2013, mais à sa délocalisation, sa
reconfiguration géographique et
sectorielle. Expansion des secteurs dits
traditionnels en Asie, répondant à une
rétorsion de ces mêmes secteurs dans une
autre partie du monde. Déplacement de
main-d'oeuvre de zones sous-développées
et émigration de cette force de travail
inemployée dans les anciennes zones
industrielles dégradées. Remplacement
des secteurs traditionnels dans une
région par de nouvelles activités
complémentaires nécessaires à la
réalisation du profit (activités
tertiaires et quaternaires). Ce que
l'auteur décrit comme un malheur "tomber
du ciel" - annihilant
l'État providence
éphémère, n'est que la résultante du
fonctionnement normal du mode de
production capitaliste en phase
impérialiste globalisée et mondialisée.
Le parti communiste révolutionnaire n'a
rien à faire dans cette transformation
et doit refuser d'en administrer -
organiser -
aménager - les répercussions les
plus avilissantes, les plus souffrantes.
Ce n'est pas de réformer le mode de
production dont nous rêvons, c'est de le
détruire définitivement. Robert Bibeau)
(2).
**********
Lénine attirait l'attention sur le fait
que déjà, Marx et Engels parlaient de
l'embourgeoisement d'une partie de la
classe ouvrière.” Lénine disait lui-même
que “la bourgeoisie d'une
grande puissance impérialiste peut
économiquement suborner les
couches supérieures de ses ouvriers en
leur abandonnant à cette fin quelques
millions de francs par an.” (1)
Toujours dans le même article, Lénine
démontrait que “les opportunistes
sont objectivement une partie de la
petite bourgeoisie et de certaines
couches de la classe ouvrière...”
Rien donc de particulièrement nouveau en
la matière. Le triomphe de la
mondialisation a contribué à
l'apparition de nouveaux phénomènes et
en a amplifié d'autres : disparition des
secteurs clés de l'économie
traditionnelle, délocalisation, retour à
l'utilisation systématique du travail
des enfants, surexploitation des
richesses et de la main d'oeuvre des
pays du tiers-monde, progression
inquiétante de la pauvreté et de la
misère dans les pays industrialisés,
dictature cynique d'organismes bancaires
comme le FMI et la Banque mondiale,
prolifération de scandales financiers
gigantesques (Enron, Silicon Valley,
Parmalat), renforcement de l'immigration
clandestine, utilisation plus importante
du travail clandestin, augmentation
constante des chômeurs en fin de droit.
La conjonction de tous ces phénomènes a
eu des conséquences directes sur
l'organisation, la vie des pays
industrialisés. Conséquences
économiques, sociales, politiques,
syndicales... La classe ouvrière pure et
dure d'antan, privée, chassée de ses
sanctuaires traditionnels, noyée dans un
prolétariat disparate, hétéroclite, a
fait place à une classe ouvrière moins
nombreuse, plus frileuse, moins
combative, beaucoup plus préoccupée par
la préservation de son emploi.
Hantée en permanence par la peur des
plans sociaux, du chômage, concurrencé
par l'usage de plus
en plus fréquent du travail
clandestin, des contrats à durée
déterminée, des missions d'intérim, sans
véritable soutien idéologique des partis
de gauche, livrée quasiment à elle-même,
la classe ouvrière a, peu à peu, perdu
ses repères, en même temps que les
partis de gauche s'affaiblissaient,
abandonnant la direction des affaires de
l'État aux partis et représentants de la
droite extrême, qui appliquent au
quotidien, toutes les recettes de la
mondialisation libérale, parce qu'ils
n'ont pas de réponses sociales aux
problèmes des travailleurs.
**********
(À l'intérieur du mode de production
capitaliste, il n'existe aucune réponse
sociale aux problèmes des travailleurs.
Pire, cette aristocratie ouvrière que
l'on accuse de ne pas suivre les mots
d'ordre électoralistes du PCF et
d'autres organisations issues de la
Deuxième, de la Troisième et de la
Quatrième Internationale déchue, vont
disparaître avec la crise, tout comme
leurs leaders syndicaux et autres bobos
que le système a grassement entretenus
du temps de la prospérité relative. Ils
seront tous forcés de répudier leurs
"complicités" avec leurs anciens maîtres
complaisants. C'est à ce moment précis
que la destinée de l'insurrection, puis
de la révolution prolétarienne sera la
plus incertaine. Tous ces petits
bourgeois - bobos et aristocrates
ouvriers frustrés d'avoir perdu leurs
privilèges s'approcheront de la
révolution dans l'espoir de rétablir
leurs prérogatives et c'est alors que
ces opportunistes, ces réformistes,
mettront la révolution en danger comme
il en fut en 1917-1923 lors de la
première grande révolution prolétarienne
qu'ait connue l'humanité. L'incapacité
du petit prolétariat russe inexpérimenté
n'a pas permis d'empêcher la réaction de
l'emporter. Espérons qu'il en sera
autrement lors du prochain printemps
ouvrier. Robert Bibeau).
**********
Olivier Schwartz n'a d'ailleurs pas
manqué l'occasion de mettre l'accent sur
ce qui apparaît être, une lourde
responsabilité des partis de gauche dans
la genèse de cette catastrophe.
“La gauche, dit-il, dans les années
quatre-vingt, cesse progressivement de
s'adresser vraiment aux ouvriers, alors
que de manière très visible, elle
s'intéresse de plus en plus à d'autres
causes, les banlieues, les jeunes, le
racisme, causes justes, mais les
ouvriers consciemment ou pas, l'ont
ressenti comme un abandon”. “La
gauche prenant sa part du pouvoir
est apparue comme moins combative ; elle
a modifié son discours..., a moins pris
en charge les préoccupations et les
aspirations du monde du travail.”(sic)
Recentrer la lutte du prolétariat tout
entier et reprendre l’initiative
idéologique
La question cardinale aujourd'hui est de
savoir sur quelles forces s'appuyer,
quels rôles assigner à la classe
ouvrière et au prolétariat. Les
conditions de la lutte actuelle se sont
considérablement transformées,
modifiées. Elles ne sont plus ce
qu'elles étaient il y a encore seulement
vingt ans. Le renversement de la
bourgeoisie, mission historique, qui
était censée être celle de la seule
classe ouvrière, doit être partagé avec
le prolétariat tout entier. Pourquoi ?
Le nombre de prolétaires dans le monde
capitaliste a considérablement augmenté,
contrairement à celui des ouvriers.
Tous les prolétaires, classe ouvrière
comprise, ont en commun, l'obligation de
vendre la seule richesse dont ils
disposent, leur force de travail, pour
faire face dignement aux exigences de
l'existence et de la vie moderne. La
classe ouvrière et le prolétariat ne
peuvent triompher de la bourgeoisie,
qu'en ayant à l'esprit, la volonté
inébranlable de conserver dans leur
rang, une unité idéologique et
politique, capable de faire face à
toutes les situations.
Quant aux partis et mouvements de
gauche, les communistes tout
particulièrement, ils doivent considérer
que leur tâche est de déployer une
offensive résolue sur le front
idéologique, pour libérer les masses
populaires de l'emprise de toutes les
formes de l'idéologie bourgeoise.
**********
(Encore faudrait-il que ces partis et
mouvements de la go-gauche ne soient pas
eux-mêmes sous l'emprise de "toutes les
formes de l'idéologie réformiste et
opportuniste bourgeoise". L'unité
idéologique et politique souhaitée n'est
pas un préalable, mais la résultante de
la lutte de classe sur le front
idéologique et politique concurremment à
la lutte sur le front économique. C'est
justement le crime dont ils sont tous
coupables, du plus grand de ces partis
décadents à la plus petite secte
dogmatique frileuse, repliée sur ses
écrits et sur ses gourous, sur ses
blessures infligées dans le cours des
vagues d'expulsions passées (période de
bolchevisation des organisations
communistes de la Troisième
Internationale), ou lors des trahisons
qui se sont succédé dans le procès de
revitalisation perpétuelle du mouvement
révolutionnaire ouvrier que Marx -
encore lui - a si bien décrit :
“L’organisation du prolétariat en
classe, donc en parti politique, est
sans cesse détruite par la concurrence
que se font les ouvriers entre eux, mais
elle renaît toujours, toujours plus
forte, plus ferme, plus puissant.”
Robert Bibeau). (3)
(1) - Lénine. LʼImpérialisme et la
scission du socialisme. Oeuvres
complètes. Tome 23 : pages 116 à 132.
(2)
La tragédie des "boats peoples"
du travail salarié forcé. (3.06.2015)
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/la-tragedie-des-boat-people-de-travail-salarie/
(3) Bibeau, Robert (2015) Les
conditions de la révolution
prolétarienne (2e partie).
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/les-conditions-de-la-revolution-proletarienne-2/
Robert Bibeau (2014)
Manifeste du parti ouvrier.
Publibook. Paris. 183 pages.
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
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