Opinion
Crise et austérité
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 29 janvier 2014
La crise
économique est systémique
La crise économique est le
symptôme le plus apparent du
dysfonctionnement de l’ensemble du mode
de production et d’échanges des
marchandises (biens et services).
Le système économique capitaliste ne
parvient plus à résoudre ses
contradictions internes et à assurer la
valorisation du capital, l’accumulation
des profits, et sa reproduction élargie.
Chaque composante du système est
déficiente dans son fonctionnement
interne et dans ses interrelations
réciproques avec les autres composantes
économiques (monnaie, crédit, bourse,
banque, usine, énergie, commerce,
transport, main-d’œuvre, recherche,
etc.). C’est pourquoi nous disons que
la crise économique est systémique.
La crise
économique systémique est mondiale
Les économies nationales indépendantes
n’existent plus nulle part au monde.
Aucune économie nationale, aucun pays
n’est aujourd’hui économiquement
indépendant ou détaché du système global
et mondial de l’économie impérialiste
moderne. Ceci inclut les
États-Unis d’Amérique, la superpuissance
déclinante, ainsi que la Chine
impérialiste, la superpuissance
ascendante. Ce postulat implique
qu’aucune solution locale, régionale ou
nationale n’est envisageable pour mettre
fin à cette crise. Si solutions ils y
avaient, elles ne pourraient qu’être
mondiales. C’est la raison pour laquelle
nous disons que la crise
économique est systémique et mondiale.
La crise
économique systémique est globale
Toutes les sphères et tous les secteurs
de l’économie, y compris l’agriculture
hyper mécanisée, l’industrie
délocalisées ou non, l’énergie
hydro-électrique, nucléaire, fossile et
renouvelable, l’industrie minière, les
pêcheries, la foresterie, le tourisme,
la construction, les transports, les
télécommunications, l’alimentation, le
textile et le vêtement, le logement, le
commerce de gros et de détail, les
banques et les fiducies, les régimes de
retraites, le crédit, les monnaies
nationales, la bourse, la consommation
en général et la gouvernance municipal,
provincial, national et multinational
subissent tous globalement la crise
économique systémique. C’est pourquoi
nous disons que la crise
économique est systémique et globale.
La crise
économique conséquence du développement
inégal, combiné et par bonds
Le développement historiquement
différencié de l’économie politique
impérialiste moderne du mode marchand,
au mode industriel, puis au mode
financier; couplée à la répartition
inégale des ressources naturelles, des
énergies fossiles, de la main-d’œuvre
qualifiée et non qualifiée, des moyens
de production, et conséquemment de la
puissance militaire, ont entraîné un
développement économique inégal, d’un
pays à un autre et d’une région à une
autre, tous imbriqués les uns dans les
autres – et tous interdépendants –
chaque pays ayant un rôle spécifique à
jouer dans le concert du développement
impérialiste anarchique et par bonds
saccadés –. Tantôt la crise économique
s’amorce dans les pays du Sud-est
asiatique, tantôt c’est au Japon, tantôt
c’est la bourse de New-York qui
s’enflamme et tantôt c’est l’euro qui
s’étrangle. C’est la raison pour
laquelle nous disons que la crise
économique systémique mondiale et
globale est le compagnon de route
obligée de l’impérialisme moderne.
La crise
économique systémique est anarchique et
aggrave les injustices
Le système économique et social – le
mode de production in fine – dans
lequel le Québec, le Canada, la France,
les États-Unis et les autres pays du
monde évoluent et survivent – tant bien
que mal – est anarchique et non
planifié. Il est le produit de la «libre
entreprise» du «libre marché» et de la
concurrence sauvage entre des monopoles
qui s’approprient tous les moyens de
production et d’échanges et toutes les
ressources pour leur bénéfice exclusif.
Le système économique impérialiste
anarchique est le produit de
l’accumulation débridée de profits
mirobolants, accaparés à n’importe quel
prix par des malappris. Il est le fruit
de la concentration du patrimoine
mondial entre les mains d’une clique de
riches narcissiques dont environ 85
milliardaires détiennent la moitié des
richesses mondiales (1). Alors
que de l’autre côté du miroir deux
milliards d’humains survivent avec moins
de 2 dollars par jour (730 $ par année)
ce qui évidemment ne constitue pas un
marché lucratif pour l’écoulement des
marchandises. Ce sont les raisons pour
lesquelles nous disons que la crise
économique systémique est discursive,
récursive et anarchique et ne peut être
réglée de l’intérieur.
La crise
économique systémique entraîne
l’austérité contre les salariés
Les politiques d’austérité mises
en place par les différents
gouvernements, administrations
municipales, gouvernements provinciaux,
parlements nationaux et organismes
multinationaux, visent toutes à
préserver les profits des entreprises
privés qu’elles soient petites,
moyennes, grandes ou super grandes et à
sauvegarder les dividendes des
oligopoles, les bénéfices des requins de
la finance, les revenus des banques et
des milliardaires privés. La façon
que les gouvernements tentent de sauver
les entreprises privées de la faillite,
et de l’érosion de leurs profits,
consiste à transférer le fardeau de la
crise économique sur le dos des
salariés, des travailleurs, des chômeurs
et de leurs familles, des pauvres et
même de la petite bourgeoisie qui voient
leurs taxes et leurs impôts, leurs
loyers, et leurs emprunts s’envoler plus
vite que leurs revenus. C’est la raison
pour laquelle nous disons que les
politiques d’austérité ne sont pas les
causes mais bien les conséquences de la
crise économique mondiale et globale.
Les salariés
sont lourdement taxés
Nous observons les hausses de taxes
telles que la TVQ (qui est passée à 9,5%
en 2012) et les surcharges d’impôt
prélevés directement sur les salaires
affectant tous les salariés qui forment
90% des travailleurs actifs. Nous
observons les augmentations des charges
sociales couplées à des hausses de
tarification des biens et des services
produits et distribués par l’État. Le
coût des services publics et les taxes à
la consommation sont prélevés
directement à l’achat, alors que les
taxes municipales et scolaires sont
calculées sur la valeur de la propriété
foncière, ce qui laisse aux salariés
bien peu de capacité de frauder le fisc.
Chacun est en droit de se demander
quelles sont les véritables visées de
l’État policier quand il lance des
campagnes hystériques à propos de la
fraude fiscale généralisée de la part
des salariés? Pendant ce temps les
salaires stagnent ou régressent
entrainant la paupérisation de la classe
ouvrière et de tous les salariés. Ce
sont les raisons pour lesquelles nous
disons qu’il faut rejeter ces
propos mensongers de la part de l’État
policier et des médias affidés.
Ce sont les
riches qui planquent leurs fortunes dans
les paradis fiscaux
Rien n’est fait pour empêcher l’évasion
fiscale des milliardaires et des
entreprises multinationales apatrides
qui dissimulent 15 mille milliards de
dollars dans les paradis fiscaux
«offshore». Toutes les organisations
internationales tolèrent et encouragent
secrètement ces pratiques, tout en s’en
plaignant hypocritement publiquement.
Depuis plusieurs années les pontifes des
États capitalistes critiquent l’évasion
fiscale dans les «paradis fiscaux», ces
entités de non-droit international, qui
minent les fiscalités nationales.
Cependant nombre de ces pays plumitifs
entretiennent sur leur territoire de
tels paradis fiscaux frauduleux (2).
Ce salmigondis des paradis fiscaux
illicites dissimule des abris fiscaux et
des échappatoires fiscaux légaux et
«immoraux», selon la morale
prolétarienne du moins.
La fiscalité des entreprises, des
banques et des compagnies de finance et
leurs dérives laxistes sont intimement
liées au processus
d’internationalisation de l’activité
économique générale. Dans un contexte
économique fortement «libéralisé», suite
aux accords économiques et commerciaux
globaux – ALENA et Union européenne,
Accords Asie-Pacifique – (3),
sous une conjoncture où les technologies
de l’information permettent des
communications en temps réel, où la
productivité est en hausse dans les pays
émergents (davantage que dans les pays
développés), où le transport des
marchandise est de moins en moins
couteux, il n’a jamais été aussi facile
d’éparpiller les différentes usines du
processus de production-assemblage et
les différents éléments d’une entreprise
lucrative et de les opérer à distance,
déplaçant les revenus et les dépenses
selon la convenance. L’«optimisation
fiscale» (payer moins d’impôts et de
redevances) n’est pas la cause mais le
résultat naturel de ce phénomène qui
entraîne la conversion des rentes et des
dividendes en monnaies étrangères qui
engendrent l’évasion fiscale générale et
le délitement des frontières nationales
(quand il en reste), lançant les
ouvriers du Canada en concurrence contre
les ouvriers chinois et indiens pour le
plus grand bénéfice des collecteurs de
profits (4).
Ce ne sont pas les ouvriers et les
petits salariés qui fraudent le fisc,
comme la propagande gouvernementale et
celle des médias à la solde voudraient
nous le faire croire. Ce sont les
actionnaires des compagnies privés, les
hauts dirigeants, les «tondeurs de
coupons», les milliardaires, les
spéculateurs et les boursicoteurs, les
criminels mafieux aux revenus sulfureux,
les membres des conseils
d’administration qui accumulent les
millions ($) et les membres des conseils
de directions payés en actions et en
«stock options» qui obtiennent de
généreux dégrèvement fiscaux et des
parachutes dorés, en plus de planquer
leur pognon dans les paradis fiscaux
avec la complicité de tous les États
nationaux et celle des organisations de
la gouvernance internationale (FMI, BM,
OCDE, Swift, Libor, ALENA, CPI, ONU,
etc.) (5). Il est
totalement impossible de renverser cette
tendance à la fraude fiscale par les
riches et pour les riches puisque ce
sont ces mêmes potentats qui commandent
aux États policiers – par thuriféraires
interposés (6). Pire, si un État
bourgeois s’avisait d’imposer les
fortunés avec équité, ceux-ci
s’évaderaient vers des cieux délétères
et compassés. C’est la raison pour
laquelle nous disons que la solution
au scandale de l’évasion fiscale sera
mondiale et globale (7).
Les prélèvements
fiscaux dépouillent les salariés de leur
capacité de consommer
Ce que les divers paliers de
gouvernement arrachent aux consommateurs
– aux travailleurs – aux payeurs
de taxes d’une main, ils le redonnent
aux banquiers et aux entreprises privés
de l’autre main, mais ce faisant les
entreprises, les marchands et les
commerçants ne parviennent plus à vendre
leurs marchandises et leurs services car
leurs clients – contribuables –
travailleurs – consommateurs n’ont plus
suffisamment d’argent pour acheter les
produits qu’on leur offre à profusion
sur les marchés de consommation. À ce
processus de réquisition du pouvoir
d’achat s’ajoute l’inflation qui gruge
les deniers de l’employé et le chômage
qui finit de miner complètement le
pouvoir d’achat des salariés. C’est la
raison pour laquelle nous disons que
la crise économique est une crise de
surproduction dans un monde de
privation.
Les subventions
aux entreprises privées ne font
qu’exacerber la crise
Le États soi-disant démocratiques
et les États ne se couvrant d’aucun
verni démocratique, sont à la
botte des riches et ne sont pas au
service du public, du citoyen, du
contribuable, du retraité, du patient,
de l’étudiant, de l’électeur, du chômeur
ou du travailleur. Les politiciens
bourgeois sont au service des banquiers,
des milliardaires, des actionnaires des
multinationales transfrontalières, de
ceux qui financent leurs élections et
leur assurent une bonne couverture
médiatique. Les gouvernements et les
parlements adoptent des lois pour servir
les entreprises – pour garantir leurs
bénéfices, leurs profits, leurs rentes
et leurs dividendes. Les efforts
financiers consentis sont gigantesques
de la part de l’État des riches – sous
forme de subventions (au Québec on
dénombre 2 300 programmes de subventions
gouvernementales destinés au privé),
mais aussi, sous forme de congés de
cotisations aux régimes de pension, sous
formes de décharge des charges sociales
et municipales et de dégrèvement
d’impôts pour les corporations privées.
En 2014, au Québec, une entreprise paye
un maximum de 26,90% d’impôt sur
ses bénéfices nets, soit 15% au
fédéral et 11,90% au provincial (8).
Par contre, le taux d’imposition
d’un salarié peut atteindre 55%
(provincial et fédéral). C’est la raison
pour laquelle nous disons (sans
illusion!) que les
gouvernements devaient imposer les
riches et les entreprises privées plutôt
que de les subventionner.
Il faut être conscient que les
gouvernements bourgeois ne peuvent rien
y changer puisqu’à l’instant ou l’État
fait mine de hausser les impôts, les
redevances minières, les «royautés»
pétrolières, ou forestières, ou
hauturières, ou qu’il suggère
d’augmenter les tarifs privilégiés
d’électricité (0,04$ le kilowatt) les
corporations multinationales menacent de
fermer leurs usines canadiennes et de
les transférer dans un pays au
gouvernement plus concilient. La classe
ouvrière est placée devant le dilemme de
réclamer la hausse des redevances, des
taxes et des impôts des entreprises et
de perdre son boulot. C’est la raison
pour laquelle nous disons que la
mondialisation et la globalisation de
l’économie impérialiste rend cette
menace efficace.
Les aides gouvernementales en
capital ne visent aucunement à pallier
au manque de liquidité capitalistique
puisque les entreprises privées
canadiennes avaient stocké 600 milliards
d’encaisse (2013) en prévision d’une
occasion d’affaire (9). Les
compagnies monopolistes canadiennes
regorgent de capitaux comme celles de
tous les grands pays impérialistes. Ce
qui manque ce ne sont pas les capitaux à
investir, ce qui fait défaut ce sont les
marchés lucratifs à conquérir, les
occasions d’affaires où investir, et les
opportunités de spolier les salariés.
Sans marché solvable, inutile d’investir
pour produire de nouvelles marchandises
qui vont encombrer les inventaires.
C’est la raison pour laquelle nous
disons que malgré l’aide
gouvernemental aux entreprises
capitalistes, la crise économique
systémique poursuit sa dégringolade
inexorable.
La spéculation
boursière incontrôlée accentue la crise
économique
La crise économique de 2008,
quelques fois appelée dans le monde
anglophone Grande Récession
est une catastrophe dans
laquelle sont entrés la plupart des pays
industrialisés à la suite du krach
boursier de l’automne 2008, lui-même
consécutif de la crise des «subprimes»
de 2007. Les États-Unis ont été les
premiers à entrer en récession, en
décembre 2007, suivis par plusieurs pays
européens au cours de l’année 2008
(10). La France n’est entrée en
récession qu’en 2009. Le Canada y a
échappé de justesse. Cette crise
économique mondiale est considérée comme
la pire depuis la Grande Dépression.
À l’été 2007, les prêts hypothécaires
américains ont été un élément
déclencheur de la crise financière qui a
entraîné la crise économique de
2008-2010. L’origine en est soulignée
par un communiqué émis en août 2007 par
un banquier français qui indiquait que
sa banque suspendait la cotation de
trois de ses fonds du fait de «
l’évaporation complète des liquidités
» de certains marchés américains.
Traduisant cet oukase singulier en
langage vernaculaire, cela signifiait
que du jour au lendemain de l’argent, du
capital spéculatif s’était évaporer
(sic), avait disparu on ne sait où ni
comment. Cette énigme est majeure pour
la compréhension du fonctionnement du
système d’économie impérialiste. Nous y
reviendrons.
S’ils n’ont pas à eux seuls provoqué une
crise d’une telle ampleur, les prêts
hypothécaires à très haut risque (subprime)
ont été l’élément qui a déclenché le
mouvement ébranlant tout le système
banquier-financier en difficulté:
§ le
transfert d’actifs douteux des banques
vers le marché boursiers, ce que les
boursicoteurs appellent la
titrisation de ces supposés
«actifs» parasites (11) ;
§ la création
d’actifs complexes et opaques, ce que
nous appelons l’arnaque boursière ;
§ la
complicité des agences de notation qui
n’évaluaient pas les risques de ces
«actifs» toxiques ;
§
l’application de normes comptables dite
de «fair value», des normes pour
fraudeurs ;
§ les
défaillances entendues des régulateurs à
corriger les «failles» dans un contexte
où le système
banquier-boursier-financier avait été
largement dérèglementé, globalisé,
mondialisé ;
§ la
manipulation des taux d’intérêts sur les
prêts par les «too big to fail».
Lors de la crise de 2008 la valeur
totale des actifs dits toxiques (dont
les
subprime) est estimée à
environ 800 milliards de dollars et les
pertes induites par les banques se
situent entre 2200 et 3600 milliards de
dollars dans le monde. Alors que la
capitalisation boursière mondiale a
chuté de presque 50% en 2008, passant de
62 747 milliards de $ fin 2007 à
32 575 milliards de $ fin 2008, soit une
perte de 30 000 milliards de $, ou 30
fois plus que la perte originale.
L’édifice financier s’était écroulé
comme un château de carte. C’est ce
qui se reproduira lors du prochain crash
financier.
« C’est dire le
prix de la défiance, dûe aux
anticipations du marché, comparée à la
valeur réelle des choses. D’autant plus
que du côté de l’économie réelle, il n’y
a pas eu de destruction de valeur de
l’appareil de production ni des clients
potentiels des entreprises
(citons l’exemple des compagnies
aériennes dont la valeur boursière est
tombée en dessous de la valeur des
actifs correspondant aux avions en leur
possession). Simplement le marché
anticipe par méfiance et pessimisme des
pertes futures qu’il chiffre au présent,
en valeur actuelle nette, via le cours
de bourse.»
ergote l’économiste en herbe
tétanisé (12). C’est la raison
pour laquelle nous affirmons que la
spéculation boursière inavouable est
incontrôlable.
La crise
financière est la compagne de route de
l’impérialisme en déroute
Le crash boursier de 2008 qui a entraîné
la Grande Récession, dans
laquelle incidemment nous pataugeons,
fut le résultat imprescriptible et
incontournable de l’évolution naturelle
et normale du système d’économie
impérialiste moderne. Résumons
simplement l’enchainement de ce
processus obligé. Au commencement, il y
a une société ayant des besoins à
combler et offrant un marché. Un agent
économique (les capitalistes) s’empare
du pouvoir économique, politique et
idéologique et propose non pas des biens
et des services pour combler ces besoins
variés, cet agent économique propose des
«marchandises», c’est-à-dire des
produits sortis de ses usines, de ses
manufactures, de ses ateliers de
service, de ses chantiers de
construction, de ses moyens de
transports qui appartiennent tous aux
actionnaires propriétaires des
moyens de production et d’échanges. Cet
agent économique capitaliste privé
remplit les fonctions de production et
d’échange pour l’unique raison
d’empocher des profits à profusion puis
de les réinvestir pour enclencher un
nouveau cycle économique profitable. La
motivation du propriétaire privé des
moyens de production et d’échanges n’est
pas de satisfaire les besoins sociaux de
la population mais de satisfaire ses
actionnaires.
Le deuxième mouvement de ce drame
shakespearien survient au moment où dans
ce mouvement de production de
marchandises et de services pour faire
jaillir le profit des mains de l’ouvrier
spolié, le contraire survient, et plus
le processus s’industrialise,
s’automatise et se mécanise, plus le
profit s’amenuise, plus le capitaliste
exige de productivité de la part du
salarié, pour obtenir plus de surtravail
à spolier, et moins il ne reste de
salaire réel aux salariés pour consommer
et enclencher un nouveau cycle de
production-consommation-accumulation. Le
marché solvable rétrécit tandis que les
capacités de production s’intensifient
et inondent les marchés de consommation
de produits que de moins en moins de
clients sont en mesure d’acheter.
Étant donné que le bénéfice des
banquiers, des financiers, des traders
boursiers sont tous tirés de la
plus-value – du surtravail spolié aux
ouvriers – et donc du capital financier
actif et productif, le rétrécissement
des marchés entraine le ralentissement
de la production ainsi que du cycle de
reproduction élargie du capital, ce qui
provoque automatiquement l’abaissement
des bénéfices dans tous le système
économique. C’est alors que
boursicoteurs, traders, banquiers et
financiers ont imaginé d’ouvrir le
crédit à la consommation afin de faire
consommer aux salariés appauvris leur
salaire anticipé. Ils espéraient ainsi
continuer à empocher leur part de profit
qui ne sera probablement jamais produite
puisque la crise s’approfondit.
Par-dessus cette solution du crédit
illusoire et ostentatoire les banquiers
et les traders surajoutent la création
de «produits» financiers illégaux,
frauduleux et mafieux qui à la première
flambée boursière se consument et
s’envolent en poussière, ce que le
banquier français avait appelé ci-haut «
l’évaporation complète des liquidités»
, de l’argent de Monopoly, du capital
factice qui en réalité n’a jamais existé
que sur palimpseste.
Depuis 2008 politiciens corrompus,
banquiers véreux, économistes
obséquieux, experts ingénieux et
journalistes complices déchirent leurs
chemises sur le parvis des banques et
des places financières, abjurant leurs
crimes et jurant que des mesures de
contrôle seront instaurées, que d’autres
seront renforcées, que l’hégémonie du
capital financier est terminée et que
tant de choses vont changer. En 2010 la
Grèce était emportée (45% de grecs
vivent aujourd’hui sous le seuil de
pauvreté) et en 2012 les banques de
Chypre s’effondraient sous les fourches
caudines des Attila de la finance
internationale. C’est la raison pour
laquelle nous disons que la crise
financière est la compagne
de l’impérialisme oligarchique et
anarchique.
Fin de la
première partie. La semaine prochaine :
LE CRÉDIT À LA CONSOMMATION POUR PALIER
À L’AFFAISSEMENT DES MARCHÉS
INFORMATION »»
http://www.robertbibeau.ca/Palestine.html
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