Les 7 du Québec
De la révolution d'octobre à la
seconde guerre mondiale (2)
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 27 mai 2015
http://www.les7duquebec.com/...
La semaine dernière nous avons
traité de la Révolution d'octobre en
Russie. Le texte est disponible à cette
adresse URL :
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/de-la-revolution-doctobre-a-la-seconde-guerre-mondiale/
Cette semaine nous traitons de la
préparation et des conséquences de la
Seconde Guerre mondiale.
**********
11) Le Parti bolchevique, à travers le
contrôle légal qu'il exerçait sur
l'appareil d'État soviétique devint le
principal véhicule d'ascension
sociale et d'édification de la classe
bourgeoise bureaucratique totalitaire de
toutes les Russies. C'est à travers
le Parti, et à travers l'État contrôlé
par le Parti, que s'édifia la
superstructure de classe bourgeoise
indispensable à la construction du mode
de production et d'échange capitaliste
(MPC) en Union Soviétique, en même temps
que cette édification créait les bases
matérielles nécessaires à cette classe
en consolidation. Cette classe affichera
ouvertement son pouvoir à différentes
étapes du développement historique du
capitalisme en URSS. D'abord, lors de
l'imposition de la Nouvelle Économie
Politique (NEP- 1921), puis au moment de
la "désoviétisation" de l'URSS (les
Soviets étant transformés en coquilles
vides démunies de tout pouvoir).
Ensuite, dans la préparation du pays à
l'affrontement mondial dont fit partie
le processus de "bolchevisation" des
organisations communistes nationales et
internationales. Ce fut ensuite la
révolte de palais organisée par la
clique entourant Khrouchtchev, leur
porte-parole. Ce "coup d'État",
solidement soutenu par la bourgeoisie au
sein du Parti, se fit sans que le PC(b)
ne bronche. Puis l'aboutissement de
cette descente aux enfers marqua la
liquidation définitive de l'ordre légal
totalitaire "soviétique" orchestré par
Gorbatchev, porte-parole des
apparatchiks du Parti installés au
pouvoir d'État et empressés de s'emparer
privément des moyens de production et
d'échanges publics. Malgré l'évidence de
ces évidences observables pour qui a des
yeux pour voir, la "bolchevisation"(qui
débuta à la fin des années vingt), et sa
chape de plomb eurent raison de toute
dissension dans les organisations
communistes, même parmi l'Opposition.
Plus tard, les maoïstes à
Pékin et les "Hodjistes" à
Tirana furent incapables de comprendre
les fondements profonds de la révolte de
palais Khrouchtchévienne et de ses
suites jusqu'à la dégénérescence "Gorbatchevienne"
qui les emporta eux aussi.
12) Pire, une grande partie des énergies
de la Gauche communiste d'opposition,
des années vingt jusqu'à nos jours, sont
dilapidées à s'entredéchirer et à
s'excommunier mutuellement. Pourquoi le
prolétariat internationaliste
s'arrimerait-il à ces esquifs à la
dérive s'écorchant sur des récifs
idéologiques fumistes ou utopistes, si
loin du marxisme dialectique ?
13) La "bolchevisation" du
PC(b), de l'Internationale
communiste et des partis
communistes nationaux fut la réponse de
la nouvelle bourgeoisie d'État
soviétique à l'agression économique,
politique et idéologique qu'elle
subissait de la part des bourgeoisies
capitalistes environnantes et
concurrentes : " Comme le montre fort
bien Arthur Koestler dans Le zéro et
l'infini, la dialectique des épurations
successives a été sous-tendue par le
fait que le Parti et La Patrie du
socialisme, l'URSS, étaient entourés
d'ennemis. Il fallait donner
l'impression d'une forteresse assiégée
pour consolider la 'foi' dans le Parti
et créer la nostalgie d'une communauté
perdue : un patriotisme
d'organisation. Cette fiction a bien
marché puisque beaucoup d'opposants se
sont dénoncés, ont fait leur
autocritique ou ont signé des 'aveux'
pour défendre le parti. Mais ce
qui est assez incroyable, c'est que la
tactique qui a fonctionné parfaitement
au sein des partis communistes
stalinisés de l'entre-deux-guerres a
tendance à se perpétuer facilement dans
les organisations révolutionnaires
aujourd'hui " (1). Nous ajouterions
quand à nous que la vague des
organisations marxistes-léninistes et
maoïstes qui a surgi pendant la crise
économique systémique des années
soixante-dix sombra elle aussi dans le
salmigondis de la "bolchevisation"
(comme l'appel les camarades français),
dans la Cour des Miracles du sectarisme,
du communalisme et du dogmatisme que
Lénine avait pourtant vertement
critiqué : " Il est du devoir des
militants communistes de vérifier par
eux-mêmes les résolutions des instances
supérieures du Parti. Celui qui, en
politique, croit sur parole est un
indécrottable idiot ". (Lénine cité
dans Conception du chef génial.
Internationalisme, no 25, 1947.)
(2)
14) L'organisation prolétarienne
révolutionnaire repose sur la nécessité
et le devoir du débat économique,
politique et idéologique au sein des
organisations et sur le droit de
fraction comme l'écrivent les camarades
de la Gauche communiste : " Toute
l'histoire du mouvement ouvrier, et ses
moments les plus riches nous en
apportent la preuve, n'a été qu'une
continuelle confrontation de groupes et
de tendances. " (3) L'organisation
prolétarienne révolutionnaire n'est pas,
et ne peut pas être, une organisation de
masse comprenant des centaines de
milliers de membres alors que sévit la
toute-puissance du totalitarisme
capitalisme monopoliste d'État. Quand
l'économie capitaliste connaît des
regains de prospérité relative - le
mouvement révolutionnaire prolétarien
connaît des replis significatifs. Quand
l'économie capitaliste monopoliste
d'État connaît des poussées de crise, le
mouvement révolutionnaire prolétarien
connaît des montées de fièvre
révolutionnaire importantes. Il est
alors à souhaiter que les organisations
prolétariennes révolutionnaires
parviennent à se hisser à la hauteur
idéologique et politique de la mission
historique de la classe qu'elles sont
censée dirigée.
**********
15) En 1945, la victoire de l'économie
politique et militaire capitaliste
monopoliste d'État soviétique
(totalitaire), contre l'économie
politique et militaire impérialiste
germanique (totalitaire), ne
transformera pas pour autant cette
Seconde Guerre meurtrière en une guerre
ouvrière pour la défense de la "patrie"
des prolétaires. Le prolétariat n'a pas
de "patrie", il n'a que ses chaînes à se
défaire, notamment ses chaînes
"patriotiques et nationalistes". Du
point de vue de l'empire de toutes les
Russies, le Parti "national" bolchevique
avait raison d'appeler ce conflit la
Grande Guerre Patriotique
Multinationale car ce combat
n'était pas la bataille du prolétariat
soviétique internationaliste (en
création dans les usines d'état
monopolistes sous les mots d'ordre
productivistes et stakhanovistes).
Ce conflit était celui de la résistance
des peuples et des bourgeois soviétiques
multinationaux luttant avec acharnement
pour conserver leur nouvel État-nation
industrialisé et modernisé, créer en
accéléré par des "communistes"
désorientés. Une étape nécessaire et
incontournable pour la préparation de la
révolution prolétarienne à venir quand
les prolétaires seront massivement
majoritaires.
16) Du point de vue marxiste
prolétarien, la guerre civile
nationaliste-patriotique de la 2e
République bourgeoise espagnole a
constitué le prélude à la Grande
Guerre Patriotique Soviétique de
1941.
En 1936, ce sont les
soldats nationalistes patriotiques
espagnols, dirigés par
Franco,
qui assassinèrent leurs frères de classe
républicains nationalistes-patriotiques
soutenus par les puissances
impérialistes de l’Ouest (comprenant
l'URSS). Ce furent les troupes
républicaines du Gouvernement bourgeois
de Madrid qui exterminèrent leurs frères
de classe qui étaient soutenus par les
puissances impérialistes de l’Axe.
Le mouvement ouvrier mondial était alors
trois ans avant le
Traité de
non-agression germano-soviétique
(1939 - un premier retournement des
alliances) et cinq ans avant l’Opération
Barberousse (1941 - et un second
retournement des alliances); sept ans
avant la dissolution de
l'Internationale
communiste
(1943) et neuf ans avant les accords
impérialistes de Yalta et de Potsdam
(1945) et le partage du monde entre
puissances impérialistes triomphantes et
toujours concurrentes - ce que
formalisera la
Guerre froide
interimpérialiste par la suite. Autant
d'événements économiques,
politico-militaires, diplomatiques ne
contribuant en rien à la révolution
prolétarienne quoiqu'en disent les
exégètes du stalinisme (4).
17) Après les accords impérialistes de
Yalta et de Potsdam (1945), l'empire de
toutes les Russies s'étendra encore
davantage, jusqu'aux portes de
l'Adriatique, vers l'Elbe, vers la
Baltique, sur une partie de la Finlande
et sur les îles Kouriles après l'entrée
en guerre non provoquée contre
l'impérialisme japonais (5). Nous savons
maintenant ce qu'il adviendra de ces
conquêtes éphémères pour l'empire russo-
soviétique. Dès 1989, l'anachronique
Mur de Berlin sera détruit,
symbole de la déchéance de cette
alliance économique branlante (Comecon
1949-1991) empêtrée dans ses
contradictions économiques d'abord,
politiques, sociales, diplomatiques et
militaires ensuite. Chacun devrait
conclure que le capitalisme
monopoliste d'État soviétique
s'est avéré moins efficient - moins
productiviste - moins aptes à valoriser
et à faire circuler le capital en
accéléré, moins capable de produire de
la plus-value que l'accomplit le
capitalisme monopoliste "libéral"
financiarisé, globalisé et mondialisé.
La preuve économique étant faite
l'effondrement de l'État monopoliste
soviétique et de ses satellites en
sanctionna le verdict (6).
18) Toutefois, aussi tôt qu'en 2008, la
variante soi-disant "libérale" des
rapports de production capitalistes en
phase impérialiste connaîtra une
secousse sismique d'envergure
internationale qui ne sera que les
prémices de plus grandes à venir. Cet
effondrement inéluctable sera cependant
infiniment plus catastrophique, car ce
mode de production décadent est au terme
de sa déchéance et ne peut envisager sa
survie temporaire qu'à travers une
guerre thermonucléaire.
19) La Seconde Guerre mondiale
fut la réponse du mode de production
capitaliste à la crise économique de
1929, tout comme la Première
Grande Guerre mondiale avait été
la réponse du mode de production
capitaliste à la crise économique de la
fin du XIXe siècle. Sous le
mode de production capitaliste (MPC) une
guerre n'est jamais fondamentalement
idéologique, ethnique, raciale,
religieuse, morale, sociale, nationale.
Sous le mode de production capitaliste,
une guerre est toujours le résultat des
contradictions économiques profondes qui
se répercutent dans les rapports de
production des classes sociales
antagonistes. C'est alors que ces
guerres prennent des apparences de
conflits ethniques, culturels,
religieux, moraux, sociaux et
nationalistes.
La semaine prochaine: De la
Seconde Guerre mondiale à la prochaine
guerre inévitable
Robert Bibeau
(2014)
Manifeste du parti ouvrier.
Publibook. Paris.
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
Le sommaire de Robert Bibeau
Les dernières mises à jour
|