Opinion
L'extrême «gauche» menace
les ouvriers grecs
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Dimanche 25 janvier 2015
Doit-on se réjouir, ou doit-on pleurer,
du drame épique qui se complique dans la
République hellénique ? Voici comment la
gauche bourgeoise présente l’enjeu des
élections «
Dimanche 25 janvier, auront lieu les
élections législatives grecques. Tous
les partis sont présents, y compris ceux
qui ont œuvré en faveur des
politiques de destruction de l’État et
de ses institutions. La Commission
européenne montre qu’elle suit de très
près l’événement. Elle a même eu à
intervenir pour mettre en garde la
population : en cas de victoire de
SYRIZA [Parti d’extrême gauche,
selon la Commission (sic) NDLR],
elle(…)
menace
de ne pas verser la 3e
tranche d’aide, environ 110 milliards
d'euros »
(1).
Il faut toujours compter sur la gauche
bourgeoise pour se gausser de ceux qui
tentent de détruire l’État capitaliste,
cet ultime rempart contre la colère
ouvrière et, de tout temps, un
marchepied pour les organisations
fascistes, nationales-socialistes et
corporatistes de tous vices. En
réalité, ceux qui ont davantage
collaboré à l’avancement
de la lutte des ouvriers grecs
pour la défense de leur condition de vie
et de travail et pour leur émancipation
de classe, ce sont ceux qui
volontairement ou involontairement ont
œuvré à la destruction de l’État
capitaliste grec et de ses institutions
moribondes. Mais que la bourgeoisie se
rassure,
SYRIZA, le pseudo parti
d’extrême gauche, est l’a pour rétablir
la situation, crédibiliser les
institutions étatiques décriées par les
ouvriers, et pour démontrer que sous la
gouvernance
gauchiste les conditions
économiques désastreuses peuvent encore
empirées. Ne vous fiez pas à ces menaces
de la Commission européenne qui ne
visent qu’à crédibiliser la fumisterie
gauchiste SRYZAISTE. Assurément, si
l’Europe des puissants applaudissait à
l’élection de
SYRIZA, tous les ouvriers du
Pirée, les chômeurs d’Athènes, les
fonctionnaires saqués, les miséreux, les
affamés de Grèce se détourneraient
prestement de ce nuage de narguilé
patenté. L’opération d’intrusion
internationale dans les élections
grecques bidon ne vise qu’à s’assurer
que le parti de la bourgeoisie
paupérisée l’emportera ce dimanche de
janvier.
Observons les
faits. La Grèce est un pays impérialiste
en faillite technique qui malgré tous
les crédits arnaqués par la Banque
Centrale européenne ne peut pas être
remis sur pieds sans d’immenses
sacrifices pour les ouvriers. Le très
lucide
The Wall Street Journal
publiait, le 20 janvier dernier, 12
chiffres qui illustrent la tragédie
grecque (2).
Mais le grand
capital international s’inquiète de la
montée de la colère ouvrière et de la
résistance populaire dans plusieurs pays
d’Europe, en Grèce, mais en Espagne, au
Portugal, en Italie et en France aussi.
Deux voies s’offrent aux capitalistes
mondiaux pour contenir ces mouvements
spontanés, désorganisés, désorientés et
virtuellement dangereux pour eux.
Premièrement, la voie de l’État policier
et de la répression armée par les
organes militaires nationales. Cette
voie est utilisée dans le monde entier
et la traque des assassins des
journalistes parisiens à donner une idée
du degré de préparation de la flicaille
française dans ce domaine. Mais en
Grèce, un problème se pose que nous
signalions la semaine dernière (3). La
police et la milice grecque ne semblent
pas assurées étant donné que les sbires
et les salariés de ces institutions de
répression sont paupérisés et risquent
de ne pas déclencher les tirs croisés
sur la foule déchainée.
Deuxième voie, la première manche, celle
de la supercherie
La gauche
bourgeoise « surfe » donc sur ce
mécontentement populaire contre les
institutions de répression et se
présente comme l’alternance à la
gouvernance. Le grand capital financier
a donc imaginé une supercherie. Carte
blanche et financement ont été donnés à
la gauche bourgeoise grecque afin
qu’elle s’unisse et qu’elle s’organise
pour remporter l’élection et s’offrir la
mainmise sur l’État bourgeois dont on
s’est assuré au préalable qu’il (SYRIZA)
ne le détruira pas, et qu’il tentera de
le faire fonctionner selon la légalité
du droit bourgeois.
Un apologiste du
parti gauchiste illustre parfaitement
l’illusion affichée. Il écrit :
« [voter extrême-gauche] pour
montrer un exemple et
essayer de se faire entendre par les
autres peuples de l’Europe, dans un but
de changer les politiques européennes.
C’est sans doute la seule lueur d’espoir
aux yeux d’une population catastrophée,
lueur qui malheureusement ne donnera pas
un changement immédiat des conditions de
vie », évidemment et pour très longtemps
pourrait-on dire (4).
Un leader de
SYRIZA, ayant bien appris sa
leçon, annone le refrain que voici : «
La victoire décisive de
SYRIZA aux élections grecques
peut mettre un terme aux politiques des
mémorandums et à la stratégie de
l’austérité, et
déclencher des évolutions progressistes
dans l’ensemble de l’Europe. Le
25 janvier, la peur changera enfin de
camp : elle sera dans le camp de
l’adversaire, des néolibéraux
fondamentalistes, qui ont transformé la
Grèce et les autres pays dits PIIGS
(Portugal, Irlande, Italie, Grèce et
Espagne) en laboratoires d’une
expérimentation absurde et barbare »
(5).
Dimanche 25 janvier, la deuxième manche
Quelle sera la
situation économique de la Grèce au
lendemain de l’élection, lundi le 26
janvier ?
The Wall Street Journal la
présente honteusement : depuis 2008,
l’économie grecque a chuté de 25 %; le
chômage est à 25.8 % (1,2 million de
chômeurs); Grèce = le 3e pays
le plus pauvre d’Europe; 23 % des gens
sont très pauvre; la dette souveraine
est de 321 milliards d’euros, ou 177 %
du PIB; les banques accusent 70
milliards d’euros de mauvaises créances;
depuis 2008, les marchés boursiers ont
chuté de 84 %; le quart des entreprises
ont fermé; et la liste catastrophique
s’allonge tristement (6).
La réponse des
chefs syndicaux, des politiques
réformistes, des gauchistes et des bobos
paupérisés et radicalisés à cette
situation catastrophique est toujours la
même : « Ce gouvernement de gauche aura
comme priorités essentielles
l’annulation des mémorandums de rigueur
et leur remplacement par
un plan de développement qui favorisera
la restructuration productive. Il
s’attaquera immédiatement aux problèmes
urgents du chômage, du rétablissement
des revenus de la classe ouvrière, des
droits sociaux, de la protection
législative du travail et de tous les
droits démocratiques qui ont été abrogés
les dernières années. Dans ce but, la
renégociation des accords de prêt avec
les créanciers afin d’annuler les
clauses abusives, les clauses
«coloniales» qui étranglent la
population et d’effacer une grande
partie de la dette publique, est
nécessaire et primordiale. – le
rétablissement du salaire minimum à
751 euros (celui-ci ayant été réduit à
586 par les lois mémorandaires) et du
treizième mois pour les retraites
inférieures à 700 euros ; – la
suppression des mesures législatives qui
ont permis les licenciements abusifs
dans la fonction publique et la
réembauche des victimes concernés » (7).
La troisième manche
Il est d’ores et déjà facile de prévoir
la troisième manche de cette apocalypse.
La
gouvernance de la soi-disant
«extrême gauche» plongera l’économie
grecque encore plus profondément dans
l’abîme. Les ouvriers et la population
grecque, déjà
éprouvés, pourront constater de
visu la détérioration catastrophique de
leurs conditions de vie et de travail.
Tous les ouvriers d’Europe auront sous
les yeux le spectacle affligeant d’un
peuple désespéré – paupérisé – sacrifié
sous la haute autorité de ce que le
patronat aura présenté frauduleusement
comme l’avant-garde de l’extrême gauche
en déroute (sic) – incapable de faire
fonctionner l’économie capitaliste en
crise systémique, mieux que les
capitalistes n’y parviennent eux-mêmes.
La rupture nécessaire
La gauche ouvrière
aura alors la responsabilité, ayant
farouchement dénoncée ces billevesées
politiques, ces manigances
diplomatiques, ces mystifications
économiques, ces mensonges
électoralistes, de faire valoir à notre
classe, que seul le renversement de
l’état bourgeois, le renversement du
système capitaliste peuvent apporter une
solution définitive à ces alternances de
crises, de dépressions, de pauvreté et
de guerres pour l’éternité.
Prolétaire du monde entier, unissez-vous
!
Manifeste du Parti ouvrier
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
(1)
http://www.legrandsoir.info/grece-l-ennemi-de-l-interieur.html
(2)
http://blogs.wsj.com/briefly/2015/01/20/crisis-in-greece-the-numbers/
(3)
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/a-paris-un-camp-a-pris-sa-mesure/
et
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/non-au-terrorisme-non-a-letat-policier/
(4)
http://www.legrandsoir.info/comment-le-peuple-est-il-en-train-de-reprendre-le-pouvoir-en-grece.html
(5)
http://www.legrandsoir.info/grece-l-ennemi-de-l-interieur.html
(6)
http://www.legrandsoir.info/comment-le-peuple-est-il-en-train-de-reprendre-le-pouvoir-en-grece.html
(7)
http://www.legrandsoir.info/comment-le-peuple-est-il-en-train-de-reprendre-le-pouvoir-en-grece.html
(8)
http://www.huffingtonpost.fr/2015/01/25/dette-de-la-grece-elections-montant-infographie-international_n_6539326.html
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