Opinion
Reconstruire le mouvement
ouvrier communiste international
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Jeudi 23 janvier 2014
Nous vous invitons à une réflexion
approfondie et à un débat urgent sur
quelques concepts relatifs au socialisme
scientifique : «classe prolétarienne»,
«lutte de classe», «mouvement ouvrier»,
«spontanéisme», «économisme»,
«anarcho-syndicalisme», «perspectives
révolutionnaires», «reconstruire les
organisations communistes».
Pour amorcer ces échanges nous vous
proposons un extrait d’un volume
récemment publié par un camarade
communiste. Nous allons commenter ce
texte dans la deuxième partie de ce
manuscrit. Nous n’indiquons pas l’auteur
car cela est sans importance. Ce qui
compte ce sont les idées qu’il émet et
qui soutiennent ou non l’action
politique communiste.
Nous avons souligné en gras les extraits
qui suscitent nos commentaires.
DÉBUT DE TRANSCRIPTION :
«Si les partis politiques réformistes
ouvriers bourgeois (que constituent
le
P"C"F, les trotskistes et
aujourd'hui le
Front de Gauche), ainsi que les
syndicats de collaboration de classe se
décomposent depuis une quarantaine
d'années, et de façon encore accélérée
ces dernières années, c’est qu’il existe
une
raison objective à ceci.
Comment ces champions du
spontanéisme en sont-ils arrivés à
un tel effondrement ? A cause de la
trahison de principes ?
Non, car ils n’en ont jamais
changé. Tout simplement à cause du
déclin du mouvement spontané
lui-même: dans un pays impérialiste en
déclin, quand la bourgeoisie ne peut
même plus concéder aux partis et aux
syndicats réformistes les miettes pour
corrompre le prolétariat et doit même
revenir sur un nombre croissant de
concessions passées, quand les dernières
branches d’industrie déclinent et
disparaissent,
le prolétariat émietté et démoralisé,
voit ses capacités de résistance
brisées.
Aujourd’hui, les
luttes émergeant du mouvement spontané
sont très corporatistes, localisées et
revêtent exclusivement un caractère
économique.
Or rester sur ce terrain de
l’économisme, c’est se condamner à
rester le jouet du mouvement général de
l’économie en déclin et donc à
subir de plein fouet les échecs du
mouvement spontané.
Dans le cadre de l’impérialisme
agonisant, du déclin économique accéléré
des vieux pays impérialistes, la lutte
contre les
délocalisations et leur corollaire
de souffrances pour les travailleurs ne
peut être placée que sous l’angle de la
nécessité immédiate de la révolution
socialiste, car
même la réalisation de programmes
réformistes de collaboration de classe
est devenue chimérique. Hors de
cela, il sera impossible de
reconstruire le mouvement communiste
qui est le seul à pouvoir donner aux
peuples
et aux exploités du globe la
capacité de porter un coup décisif
mortel au régime oppresseur que
constitue le mode de production
bourgeois. Le problème fondamental qui
se pose aux communistes est qu’une
domination révisionniste sans
partage de plusieurs décennies a
annihilé jusqu’aux références formelles
du communisme et de la révolution
socialiste auxquels l’immense majorité
des exploités est donc hostile, ou
qu’elle méconnaît totalement dans le
"moins pire" des cas.
La conscience sociale retarde
effectivement sur l’être social,
mais à un degré extrême.
L’immense
majorité du prolétariat n’a
absolument plus aucune conscience de
classe prolétarienne: celle-ci est
complètement petite-bourgeoise.
C’est une réalité. Les
marxistes-léninistes doivent donc faire
leur propagande en terrain hostile.
Si il y a un siècle, dans les sociétés
capitalistes où le
prolétariat était misérable, les
aspirations au
socialisme naissaient assez facilement
dans sa conscience, de manière presque
spontanée, en raison de la brutalité
des conditions de l'esclavage salarié et
de la concentration d'ouvriers au sein
de grandes unités industrielles, il n'en
va pas de même aujourd'hui, après qu'il
ait vu, un demi-siècle durant, ses
conditions de vie s'améliorer
substantiellement et les monopoles
disperser leurs chaines de production
sur un territoire de plus en plus vaste
et dans des unités de production
distinctes, avec à la clef
l'atomisation de la capacité de
résistance et d'organisation du
prolétariat industriel.
Sur ce terreau, ce sont naturellement
les
aspirations petite-bourgeoises
qui dominent et persistent au plus
profond de la conscience des hommes.
Qu'un membre du
prolétariat bourgeois des pays
impérialistes dominants en vienne
à voir
disparaître ses "acquis sociaux",
et il ne rêve plus que de les
reconquérir ou de préserver le peu
qui lui reste.
Ainsi, plutôt que de tourner son
regard vers son avenir ─ lequel ne peut
passer que par la destruction des
rapports de production capitalistes ─,
il tourne avec nostalgie son regard vers
un passé qu'il se met à idéaliser...
Dans les conditions actuelles,
les aspirations au socialisme vont donc
à contre-courant et se heurtent à une
très forte résistance latente au
sein même des
masses populaires, (…).
Et c'est pourquoi continuer à
propager « les illusions réformistes
(extension ou préservation des acquis
sociaux, nationalisations,
délocalisations, etc.) », alors même que
celui-ci « est condamné », « ne fait
que creuser le lit du fascisme et des
guerres (inter-) impérialistes».
« La classe ouvrière ─ (…) ─, ne fera
pas la révolution dans l’état actuel des
choses. Émiettée,
embourgeoisée par le pillage de pays
dépendants,
intoxiquée par des décennies de
domination révisionniste, il est
évident qu’il faudra qu’elle fasse sa
propre expérience de la crise pour que
nous remportions (si nous avons une
ligne scientifique aujourd’hui !) une
réelle influence sur
les masses exploitées. Et
encore, ce ne sera pas automatique,
comme le prouve l’expérience russe, 20
ans après l’effondrement du
social-impérialisme soviétique ! (...)
Avec la crise économique actuelle, nous
assistons à un tournant majeur de
l’histoire. La question est :
voulons-nous nous donner réellement les
moyens d’influer sur ce qui se passe ?
(...) Que les spontanéistes et les
gauchistes petit-bourgeois (…)
la crise économique qui n’en est
aujourd’hui qu’à ses balbutiements! ».
Aujourd'hui, les
revendications réformistes revêtent
un caractère particulièrement
réactionnaire du seul fait qu'elles ne
sont plus guère que l'apanage d'une
fraction privilégiée d'un
prolétariat bourgeois en pleine
décomposition. Cette couche redoute de
perdre ses derniers avantages et
s'accroche avec l'énergie du désespoir à
ce qui en reste encore, craignant
notamment de voir ses postes de
permanents syndicaux
à disparaître.
La tâche des
communistes révolutionnaires n'est
évidemment pas de contribuer à
entretenir les illusions réformistes
dans lesquelles la bourgeoisie maintient
par mille moyens un
prolétariat bourgeois en pleine
décomposition, mais de mener une intense
propagande visant à arracher les
éléments avancés à cette influence
réactionnaire.
Et cela ne peut être réalisé qu'en
aidant ces éléments avancés à mettre en
adéquation leur conscience sociale
avec leur nouvelle existence
sociale.
Une stratégie dont la mise en
pratique est aussi difficile que son
énonciation est facile, car elle
nécessite de vaincre des préjugés
petit-bourgeois très solidement ancrés,
préjugés que les réformistes de tous
poils s'entêtent d'ailleurs toujours à
propager...
»
FIN DE CITATION.
Nous amorçons nos commentaires par la
fin du document en nous en tenant à des
termes
spécifiques. Nous élargirons par
la suite aux concepts et aux principes
sous-jacents.
1)
L’appartenance de classe d’un individu
est déterminée par la façon qu’il
obtient ses moyens de subsistance. Un
individu travail contre salaire et
produit de la plus-value = il est un
prolétaire. Un individu amasse
une rente – s’accapare le surtravail des
travailleurs = il est un capitaliste. Un
permanent syndical de bas niveau est un
salarié mais il n’est plus un prolétaire
car il ne produit aucune plus-value. Un
permanent syndical de haut niveau,
engrangeant 1 ou 2 millions de dollars
de revenu par année, place cet argent et
perçoit des dividendes et une rente
foncière pour ses loyers, etc. Cet
individu ne produit plus de plus-value
et il empoche des profits il est donc
devenu un capitaliste. Camarade, un
ouvrier bourgeois, un
prolétaire bourgeois ou le
prolétariat bourgeois ça n’existe
pas.
2) Par
contre, l’auteur a raison de mentionner
que le prolétariat aliéné s’est fait
inculquer et imposer des idées et des
aspirations petite-bourgeoises. Mais
il est anti marxiste de prétendre que
«L’immense
majorité du prolétariat n’a
absolument plus aucune conscience de
classe prolétarienne:
celle-ci est complètement
petite-bourgeoise.».
Ce qui signifierait que la conscience
d’un individu peut être totalement
détachée de sa pratique de classe – de
sa vie quotidienne. L’ouvrier vivrait
comme un ouvrier mais penserait
exclusivement comme un bourgeois. Nous
rejetons ce sophisme idéaliste
petit-bourgeois.
3) Un
prolétaire (non pas bourgeois, mais
embourgeoisé dirions-nous. Il est en
effet possible qu’un ouvrier soit
influencé par certaines idées
bourgeoises) qui voit
«disparaître
ses "acquis sociaux" ne rêve plus que de
les reconquérir», stimulé en cela
par toute la couche des agitateurs
révisionnistes anciens et nouveaux, les
réformistes et les opportunistes qui lui
présentent ce combat comme une fin en
soi et la limite absolue de son combat
de classe. La nuance est très
importante car la bonne formulation nous
permet de cibler la force sociale (la
classe ou le segment de classe actif).
Ici ce n’est pas le
prolétariat-bourgeois (sic) qu’il faut
stigmatiser et dénoncer mais la petite
bourgeoisie infiltrée et qui s’est
emparée de la direction du mouvement
ouvrier. De toute manière les «acquis
sociaux» est un concept
petit-bourgeois réformiste. Cela
n’existe pas en société capitaliste des
«ACQUIS
sociaux» pour la classe ouvrière.
Quotidiennement notre classe doit mener
bataille pour conserver ce qui lui
appartient en propre, ou ce qui lui a
été concédé chichement et de haute lutte
par la bourgeoisie qui n’a de cesse que
de le reprendre. Ceci inclut la
nécessité de batailler pour forcer le
capitaliste à respecter la convention
collective qu’il a signé et qu’il tente
d’outrepasser.
4) Les
masses exploitées et les
masses populaires sont des concepts
vagues, inappropriés,
dont on se demande pourquoi ils
sont devenus si populaires parmi la
gauche non prolétaire – particulièrement
depuis 1970 parmi les révisionnistes
maoïstes? Demandez-vous quelles classes
sociales composent les
masses populaires ? Si c’est la
classe ouvrière alors pourquoi ne pas
écrire les masses ouvrières ?
Quelle signification (en terme de
lutte de classe) charrie ici les termes
«populaire
et
peuple»? Quelles classes sociales
composent les «classes
populaires et le peuple des exploités»
? Un révolutionnaire non marxiste a
même promulgué que «l’histoire
de l’humanité, c’est l’histoire de la
lutte des peuples pour leur liberté».
Nous communistes, nous croyons que «l’histoire
de l’humanité est l’histoire de la lutte
de classe». Pourquoi un communiste
n’utilise-t-il pas les expressions de
classe ouvrière et de classe
prolétarienne quand il écrit ou
polémique sur ces sujets ? Il y a une
raison à cela comme nous le verrons plus
bas.
5) La
remarque précédente nous permet
d’introduire le point suivant. Le
camarade constate que : «La
conscience sociale (du prolétariat NDLR)
retarde effectivement sur l’être social,
mais à un degré extrême.».
Il est indubitable que la
conscience de classe, c’est ce que
le camarade voulait sûrement signifier
et qu’il aurait dû écrire – la
conscience sociale naît de la pratique
sociale et cela prend finalement la
forme, chez l’ouvrier, de la conscience
de classe ouvrière – ANTAGONISTE -
OPPOSÉE (pourquoi écrivons-nous
«opposée» ? Parce que la pratique
sociale de l’ouvrier diffère de celle du
capitaliste qui développe sa propre
conscience de classe sociale (non pas sa
conscience sociale). Il en est de même
pour le petit-bourgeois – le lumpen
prolétaire, le petit capitaliste
agricole,
etc.); ANTAGONISTE et OPPOSÉE
disions-nous à la
conscience de classe des
petits-bourgeois et de celle des
capitalistes grands et petits. La
pratique sociale de classe détermine la
conscience et non l’inverse.
6)
Le camarade avance davantage dans son
raisonnement et constate que le
prolétariat est tellement
contaminé par des «idées
petites-bourgeoises» qu’il a
totalement renoncé
à ses intérêts de classe
pour soi. À dessein nous n’écrivons
pas que le prolétariat ait renoncé à ses
intérêts économiques immédiats – en tant
que
classe en soi – c’est-à-dire que le
prolétariat n’a heureusement jamais
renoncé à la défense de son pouvoir
d’achat, de son salaire, de son emploi,
des services sociaux qui assurent la
reproduction de sa force de travail.
Le prolétariat n’a pas renoncé à la
défense de son automobile – acheté à
crédit – qui
est devenu avec l’étalement
urbain et le travail féminin un
instrument indispensable à
l’exploitation du travail salarié (le
camarade présente un long développement
sur le thème de l’automobile présentée
comme le modèle de la propriété
petite-bourgeoise !?!?). Donc, le
camarade note avec justesse que la
classe ouvrière est depuis moult années
: «intoxiquée
par des décennies de domination
révisionniste».
7) Le
camarade observe la décomposition depuis
une quarantaine d’années des
organisations
révisionnistes-réformistes-opportunistes
et syndicales collaboratrices de classe
et prétend en avoir identifié les «raisons
objectives». Ces raisons objectives
sont, dit-il, l’échec et la déconfiture
du «spontanéisme
déclinant et l’économisme corporatiste
des luttes ouvrières localisées».
Pour notre part, nous voyons d’un bon
œil la décomposition de ces
organisations révisionnistes,
réformistes et opportunistes. C’est là
une victoire pour la classe ouvrière qui
ouvre la voie à l’implantation des
communistes. Pourquoi s’en plaindre ?
Nous croyons cependant que ce
phénomène de déliquescence de
l’influence de ces organisations
réformistes a pour motif objectif que la
classe ouvrière soi-disant «inconsciente
à l’extrême» est suffisamment
consciente pour se rendre compte que les
jérémiades et les «capitulations»
réformistes ne mènent à rien comme le
souligne le camarade «car
même la réalisation de programmes
réformistes de collaboration de classe
est devenue chimérique».
Le plus souvent ces luttes chimériques
sont durement réprimées par l’État
policier – le nouvel État-major de la
classe capitaliste qui remplace peu à
peu les anciens majordomes de l’État
démocratique bourgeois obsolescent. La
classe ouvrière, expérimentée en ce qui
a trait aux trahisons du petit-bourgeois
polisson qui s’est emparé de la
direction de ses organisations, regarde
et observe avant de s’engager dans une
guerre de classe radicale. Pour
l’instant, elle ne voit rien à l’horizon
militant - et la faute en revient aux
communistes qui chacun défendent
leur chapelle et leur secte plutôt que
de s’unir sur la base des principes du
marxisme-léninisme.
8)
L’exemple du prolétariat minier
d’Afrique du Sud qui s’est doté de
syndicats illégaux avant de déclencher
une immense grève sauvage et courageuse,
et qui a payé de 34 morts et de dizaines
de blessés sur le champ de la guerre de
classe, et dont les nouveaux chefs
syndicaux sont
systématiquement assassinés par
la machine bureaucratique syndicale
héritée de l’ère Mandela, devrait faire
réfléchir notre camarade sur le
soi-disant état arriéré de la conscience
de classe «en soi» de la classe
ouvrière.
9)
Il faut se rappeler qu’une idée, un
concept, une idéologie ou une
orientation politique militante sont
toujours l’émergence d’une classe
sociale dans sa praxis. Il est également
erroné de laisser entendre que la classe
prolétarienne aspire «au
socialisme qui nait
assez facilement dans sa
conscience, de manière presque spontanée,
en raison de la brutalité des conditions
de l'esclavage salarié».
Marx
et Lénine ont déjà expliqué que le
socialisme scientifique (et la lutte
victorieuse sur le front idéologique de
la lutte de classe) sont apporté de
l’extérieur de la classe ouvrière.
Laissée à elle-même la classe
prolétarienne en reste spontanément aux
luttes et aux revendications sur le
front économique de la lutte de classe,
ce qui est déjà courageux, mais
insuffisant. «L’extrême
brutalité des conditions de l’esclavage
salarié» au Bengladesh, au Pakistan,
en Éthiopie, en Inde, en Chine, et qui
sont de retour aux États-Unis, ne font
pas du tout aspiré «au
socialisme qui naît assez facilement
dans (leur) conscience, de manière
presque spontanée (…)». Nous
communistes nous devrons l’y
exporté-implanté. Mais encore faut-il
que nous connaissions le socialisme
scientifique et le marxisme-léninisme
mieux que le curé ne connait son
bréviaire et l’imam son Coran.
10)
La critique de Lénine des lignes
politiques «spontanéiste»
et «économiste»
ne concernaient pas l’aspect spontané de
certaines batailles de classe sur le
front économique de la lutte de classe
(grèves, occupations d’usines,
manifestations). Depuis
la
Commune jusqu’à nos jours la
classe ouvrière a toujours mené des
batailles spontanées pour de meilleurs
salaires, de meilleurs conditions de
travail, pour améliorer son pouvoir
d’achat et contre les fermetures
d’usines que le camarade qualifie dans
son texte de «luttes
émergeant du mouvement spontané (sont)
très corporatistes, localisées et
revêtent exclusivement un caractère
économique». Camarade «spontanéisme»
et «économisme»
sont des pensées politiques issus du
courant politique anarcho-syndicalistes
petits-bourgeois qui plastronnent que la
guerre de la classe ouvrière ne doit pas
être planifiée, ni être organisée, mais
plutôt
suivre-le nez collé- la
spontanéité des
larges masses populaires, (tiens
donc, coïncidence, les larges masses
populaires encore une fois!) et porter
exclusivement sur des revendications
économiques comme des hausses de
salaires, la hausse du SMIC, des baisses
de tarifs et l’obtention de meilleures
conditions de travail. Les
anarcho-syndicalistes, les anarchistes
et les trotskystes recommandent de
pousser toujours plus haut ces
revendications économistes de façon que
l’État bourgeois, incapable de les
satisfaire, s’effondre spontanément. Les
mouvements de Mai-68 en Europe, la lutte
gréviste en Grèce et le Printemps
arabe nous ont enseigné l’absurdité
de ces chimères. La grève étudiante de
2012 au Québec a su échappé à ce piège
«spontanéiste, économiste, opportuniste»
et s’en tenir au slogan «Stoppons
la hausse», refusant la surenchère
anarcho-syndicaliste pour une
«université capitaliste au
service de la classe ouvrière à
l’intérieur de la société impérialiste
décadente», et la grève étudiante fut
victorieuse. Les fils et les filles
d’ouvriers – qui formaient le gros du
contingent militant – ont su
spontanément nous démontré qu’ils
pouvaient diriger correctement leur
soulèvement spontané sur le front
économique de la lutte de classe.
Évidemment, l’évanescence des pseudos
organisations communistes québécoises
n’a nullement permis de porter très haut
cette lutte sur le front politique, ni
sur le font idéologique de la lutte de
classe.
11)
Nous soumettons au camarade que les
luttes de la classe ouvrière sur le
front économique sont encourageantes,
nécessaires et indispensables. Ces
luttes constituent des écoles de
formation à la guerre de classe. Il est
faux de prétendre qu’à travers ces
luttes (même en échec ou en demi-succès)
«le
prolétariat émietté et démoralisé,
voit ses capacités de résistance brisées».
C’est par cette amorce concrète,
spontanée et imprescriptible, de
résistance incessante au patronat et à
son État policier, que nous pourrons
démontré à notre classe la couardise des
réformistes petits-bourgeois traitres et
surtout l’insuffisance de ce
mode de lutte et la nécessité
absolue du prolongement de la lutte de
classe «pour soi», c’est-à-dire de la
lutte sur le front politique pour la
conquête totale du pouvoir d’État par le
prolétariat. La lutte des bonnets rouges
bretons nous a fourni une démonstration
éclatante de la couardise et de
l’infiltration de la petite bourgeoisie
dans les organisations de la gauche
française. Les petits-bourgeois «socialeux»,
qui dirigent une secte de gauche ou une
autre, exigent que le prolétariat lui
demande autorisation avant d’amorcer
spontanément une bataille de résistance
de classe. La réquisition de soutien
déposée par les ouvriers auprès de la
secte enclenchant un processus
d’auscultation des antécédents des
différents combattants, de leur passé
militant, vérification si aucune
organisation patronale ou politique de
droite (imaginé
que Le Pen appuie cette lutte ouvrière
plus personne à gauche ne pourrait plus
s’aboucher avec ces ouvriers contaminés)
ne
supporte également ce combat ce
qui serait rédhibitoire et entrainerait
le rejet de la réclamation d’opposition.
Enfin, la «gauche
authentique» exige un droit de
véto sur les slogans, les mots d’ordre
et le parcours de la lutte de manière à
ne pas se retrouver coincé entre l’État
policier des riches et les partisans
ouvriers incontrôlés qui pourraient,
sait-on jamais, brisé des vitres,
violentés, criés
des slogans sensibles comme «Mort
aux capitalistes» et nous n’osons
l’imaginer «Mort aux sionistes»… alors
là, Dieu nous en préserve déclarait le
gourou d’une clique, il faut vite
retirer notre contingent de dix
manifestants de manière à ne pas être
associé à ce mouvement «fasciste
rouge-brun». Car pour les sectes
gauchistes ce n’est pas l’État policier
qui est fascisant, mais la «classe
ouvrière bourgeoise et spontanéiste et
économiste».
Heureusement, les ouvriers
bretons enragés n’ont rien à branler de
ces spectateurs assis sur le côté de la
chaussée, et ils ont poursuivi leur
résistance à l’État policier qu’ils ont
fait reculer.
Avec ou sans Le Pen dans les
jambes à fureter pour glaner quelques
votes électoralistes
bourgeois.
12) De ce qui précède il découle
qu’il est utopique et dangereux, du
point de vue tactique et du point de vue
stratégique, de proclamer, comme le fait
ci-haut le camarade, que «la
lutte (…)
des travailleurs
ne
peut être placée que sous l’angle de la
nécessité immédiate de la révolution
socialiste». La révolution
socialiste est (l’angle
(!)) de l’objectif ultime du combat,
même si une partie du prolétariat ne
l’accepte pas, comme le reconnaît
d’ailleurs le camarade «annihilé
jusqu’aux références formelles du
communisme et de la révolution
socialiste auxquels l’immense majorité
des exploités est donc hostile,
ou qu’elle méconnaît totalement dans le
"moins pire" des cas».
Poser comme condition préalable
au combat pour l’élévation de la
conscience de classe «pour
soi», et pour la conquête du
socialisme, que la classe ouvrière ait
déjà atteint le niveau de conscience
révolutionnaire «pour soi» est un
paradoxe abscons.
13) Le combat qui confronte
présentement les communistes se résume à
ceci. Après quarante années d’agression
systématique le mouvement
révolutionnaire ouvrier anémié
est désorienté, divisé,
parcellisé et dominé idéologiquement et
politiquement par une coterie de bonzes,
chefs de sectes et de cliques, issus
directement du salmigondis
petit-bourgeois des années 1970. Cette
offensive a été mené par le segment
petit-bourgeois de la classe bourgeoise
– le segment qui côtoie quotidiennement
la classe ouvrière et qui était à même,
avec le soutien de l’État policier et
des médias à la solde (propriétés des
milliardaires commandeurs des biens
pensants), de mener cette bataille pour
infiltrer et s’emparer de la direction
des organisations et annihiler
complètement l’influence des communistes
marxistes-léninistes parmi la classe
ouvrière. La petite bourgeoisie a si
bien réussie que pendant quelques
décennies il était socialement convenue
que Marx était mort, que la classe
ouvrière n’existait plus, n’avait donc
plus aucune idéologie, aucune théorie,
aucune morale qui lui soit propre, ni
aucune politique et donc aucune
organisation politique de classe et
qu’elle n’était pour rien dans
l’économie, puisque de plus en plus les
robots, l’informatique et les
télécommunication
remplaçait tout doucement
l’aristocratie ouvrière
bourgeoise
(sic). Voilà comment on proclame
la mort de son chien que l’on a
préalablement accusé de la rage.
14) Des camarades s’incères se
sont alors mis à compiler des
statistiques afin de confirmer la
déliquescence et l’imminente disparition
physique de la classe ouvrière de la
Terre toute entière. Le déni et
l’outrage allant jusqu’à refuser
d’utiliser les termes «classe ouvrière
et classe prolétarienne» pour les
remplacer par «Larges
masses. Les masses populaires et
citoyennes. Les classes populaires. Les
classes moyennes.
Peuples et nations opprimées du
monde unissez-vous».
15) Il est impératif et urgent que
les communistes se réapproprient le
marxisme-léninisme sans compromis, et
réaffirment l’existence de la classe
prolétarienne, de son autonomie
idéologique, morale et politique, de son
antagonisme absolue avec la classe
capitaliste et avec tous ses
sous-fifres, et de sa puissance en tant
que classe sociale autonome et un jour
dirigeante. Il est urgent que nous
réaffirmions la mission historique de la
classe prolétarienne qui est de
renverser le mode de production et
l’État capitaliste à leur stade
impérialiste moderne et décadent afin
d’ériger le socialisme sous la dictature
temporaire du prolétariat. Il est
impératif que nous réanimions
l’idéologie scientifique socialiste, la
méthode marxiste-léniniste, et
l’approche matérialisme dialectique et
historique et que nous barrions la route
des organisations ouvrières
naissantes et à naître à la
classe petite-bourgeoise et à son
idéologie idéaliste, métaphysique,
utopiste, nationaliste, réformiste,
révisionniste ancienne et moderne, et
néo-fasciste dégénérative.
16) Il est sain de lire les écrits
des classiques du marxisme et d’étudier
la théorie marxiste-léniniste mais cette
activité est futile et malsaine si les
camarades ne font pas l’effort impératif
d’appliquer ces concepts, cette science,
ces théories et cette méthode à
l’analyse et à la compréhension des
luttes de classe contemporaines afin d’y
participer vaillamment et consciemment.
Enfin, il est urgent que nous forgions
notre unité communiste et de classe et
que nous participions efficacement aux
luttes ouvrières spontanées sur le front
idéologique, juridique, militaire,
politique, pour la défense des droits et
des libertés (y compris la liberté
d’opinion et d’expression), aux luttes
économiques spontanées de notre classe
et cela sans conditions préalables.
C’est dans le cours de la lutte concrète
– sur les barricades – que nous
rétablirons l’hégémonie de la pensée
communiste révolutionnaire au sein de
notre classe en lutte. C’est ainsi que
nous allons «reconstruire
le mouvement communiste
marxiste-léniniste » international
que pour notre part nous appelons le
Parti Ouvrier.
Pour lire les
analyses politiques marxistes-léninistes
de Robert Bibeau, visitez :
http://www.robertbibeau.ca/Palestine.html
Le sommaire de Robert Bibeau
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