Opinion
Écolo-développement, le déni de Naomi
Robert Bibeau
Samedi 20 septembre 2014
Les écrits de Naomi
Naomi Klein, auteure bien connue, a
commis un nouveau cri de défi,
avertissant je ne sais qui, que le temps
des compromis était fini. Dans son
dernier livre Naomi vilipende son ami
Barak Obama de ne pas avoir tenu ses
promesses de sauver la planète du
réchauffement climatique, des pluies
acides, de la désertification, de la
hausse du niveau des océans et de
l’extinction d’espèces menacées.
Naomi et ses amis crient et vocifèrent
contre les marchands de guerres et
contre les pétrolières et les accusent
de tout faire pour accélérer leur
calvaire dans le seul but d’engranger
leurs profits mal acquis. Naomi avoue
avoir perdu dix années de sa vie à
quémander des engagements de la part des
puissants ; à demander des changements
bénéfiques pour l’environnement ; à
supplier les gouvernements pour des lois
ayant des dents afin de contrer l’effet
de serre et
protéger l’atmosphère. La
militante écologiste admet finalement
son échec retentissant. Elle écrit :
« Depuis que les gouvernements ont
commencé sérieusement à parler de
s’attaquer aux changements climatiques,
en 1990, les émissions mondiales de CO2
ont augmenté de 61 %. Des études
crédibles montrent que la fenêtre pour
éviter les pires dégâts se refermera en
2017… Le temps des compromis est fini »
(1).
Aux journalistes qui en redemandent,
madame Klein outrée ajoute : « Durant ma
recherche, j’ai découvert que la plus
grande organisation environnementale du
monde,
Nature Conservancy, exploite
elle-même des puits de pétrole dans une
réserve naturelle au Texas. »
Devant tant de duplicité que fera Naomi
blessée peut-on se demander ? Elle
compte manifester et marcher à s’en
tordre les pieds et faire sonner les
cloches des églises de Broadway afin
d’ouvrir les cœurs et les consciences de
ces multinationales de l’énergie,
cupides et toutes puissantes. Lucide, et
pas stupide, l'écrivaine renchérit :
« Il y a trois ans, j’ai reçu un rapport
britannique qui avait été préparé pour
les marchés financiers. Les auteurs
montraient que les compagnies
énergétiques possèdent les droits sur
des réserves d’hydrocarbures
représentant cinq fois le volume qui
peut encore être brûlé avant d’atteindre
un point de non-retour pour le climat.
Ces quantités astronomiques de pétrole
constituent essentiellement une
déclaration de guerre contre la planète.
Pour ces compagnies, c’est leur modèle
d’affaires. C’est non négociable.
Les compagnies ont compris que la parole
des politiciens ne valait rien »,
conclut la militante.
La « marche des peuples » pour les
multinationales de l’énergie ?
Étrangement, au moment où l’Europe et
l’Amérique du Nord se mettent à marcher
(dimanche le 21 septembre 2014)
pour critiquer l’industrie des énergies
polluantes, certains économistes en
appel à un virage énergétique afin de
briser la dépendance des pays européens
et américains vis-à-vis du pétrole
étranger (Proche-Orient notamment).
Cette dépendance stratégique affaiblit
leur puissance impérialiste et plombe
l’économie de ces pays souverains (sic).
Ainsi, l’économiste Gaël Giraud souligne
que : «L'État
devrait intervenir pour favoriser,
financer et encourager la transition
énergétique. Pourquoi est-ce
important ? Entre autres parce que c’est
l’énergie qui pilote une grande part de
la croissance. Savez-vous qu’au moins
la moitié de la croissance pendant les
Trente glorieuses provenait simplement
de l'augmentation de la consommation de
l'énergie ? Une fois qu'on a compris
l’importance de l'énergie, il faut se
demander d'où elle vient en Europe : en
grande partie de l'extérieur, via notre
importation du pétrole (70 milliards
d'euros chaque année, pour la France
seulement)» (2).
Et si la marche des peuples contre le
«réchauffement climatique» se subsumait
en une échauffourée
entre monopoles de l’énergie dont
nous serions les dindons de la partie ;
les gazières poussant du pied les
pétrolières ; ces dernières critiquant
les nucléaires ; celles-ci dénigrant les
énergies renouvelables incapables de
suffire à la demande en croissance
exponentielle. Tout ce beau monde
quémandant des argents des gouvernements
pour compléter leur
transition comme le propose
candidement l’économiste Giraud dans cet
extrait stupéfiant : «Il faut mettre en
œuvre un vrai débat démocratique sur ces
scénarios. C'est un choix de société, en
effet. Quelle place pour le nucléaire
ou le gaz de schiste, par exemple ?
Il faut en débattre. Ensuite, ce sera à
l'État de trouver les moyens
correspondants et d'aider à leur
financement, en sachant que ces
investissements seront peu rentables à
court terme» (3).
Vous aurez noté que tout est beau pour
le pèquenaud-bobo : scénario
d’indépendance énergétique «nationale»,
débat démocratique citoyen, choix de
société civile, aide au financement des
trusts du pétrole, du gaz de schiste et
du nucléaire, avec en prime, la promesse
de non-retour sur investissement avant
longtemps ! Que les travailleurs
contribuables-taxables à volonté, à qui
on aura demandé de se serrer la ceinture
pour subventionner les milliardaires du
gaz de schiste n’aillent pas penser
qu’une subvention accordée à des
monopoles de l’énergie doive rapporter.
Serions-nous en train de manifester afin
de faire pression sur le gouvernement
pour qu’il consacre plus d’argent aux
milliardaires de l’énergie et de
l’industrie de l’environnement ? Munie
de la meilleure volonté du monde pour
sauver la couche d’ozone, améliorer la
qualité de l’air, empêcher l’effet de
serre, les écologistes se retrouvent
en porte à faux et leur combat
serait récupéré par leurs ennemis (ou
leurs amis ?) pour obtenir d’avantages
de «subsides» de la part de
l’État néolibéral providence pour les
riches qui ne demande que ça.
La marche des peuples pour les coupures
dans les budgets sociaux !
Le pendant de ces généreux programmes
d’accommodements pour la recherche de
nouvelles sources d’énergie «nationales»
étant, bien entendu, que la dette
souveraine s’alourdit et que les
services publics deviennent trop
dispendieux et doivent être sacrifier
sur l’autel du développement
environnemental écologique d’Exxon, de
Shell, de Mobil, de Pétro-Canada, d’ELF
et des autres.
Tant que les entreprises privées seront
coincées à l’intérieur du mode de
production
capitaliste anarchique, à la
poursuite du profit maximum, jamais
l’humanité ne connaitra la paix, ni le
respect de la planète, de ses
ressources, de ses capacités à se
renouveler, et de ses caractéristiques
environnementales. Ces variables
écologiques sont des coûts de production
qui contreviennent au «modèle
d’affaires» profitable des
multinationales.
Les «pressions» par la mascarade des
élections bidon
Les écologistes, les
environnementalistes et les
altermondialistes s’accrochent à
l’illusion que la «société civile», et
que la «communauté citoyenne» possède un
quelconque pouvoir «démocratique» via
les urnes – le bulletin de vote – et
autres fanfaronnades électorales. Depuis
plus d’un siècle, les élections
démocratiques bourgeoises attestent de
la futilité des élections bidon. Naomi
en est tellement consciente qu’elle
avoue candidement à propos de son
Président :
«Après son élection, Obama avait
un chèque en blanc pour monter un
stimulus économique. Des milliards
et des milliards étaient envoyés aux
banques, sans condition. Au même moment,
les constructeurs automobiles de Detroit
faisaient faillite et demandaient au
gouvernement de les sauver. Obama venait
de gagner avec une majorité claire, en
faisant campagne sur une plateforme de
changement, incluant la lutte contre les
changements climatiques et le grand
projet de rebâtir la classe moyenne. Et
il avait le Congrès de son côté» (4).
Une seule solution à la dégradation de
l’environnement et à la pollution
Militants écologistes,
environnementalistes et éco-socialistes
observez la réalité. Le monde
capitaliste est capable d’asphyxier des
civilisations, de massacrer des
populations, d’emmurer des nations, de
disloquer des États, de tuer les
travailleurs, d’estropier les enfants,
les ouvriers et les soldats, et vous
croyez qu’il hésitera à détruire
l’environnement ? Les peuples et les
ouvriers du monde entier ne veulent pas
de leurs guerres sanguinaires, de leur
capitalisme usuraire et pourtant que
peut-on observer ? Toujours davantage de
décomposition sociale, de dégénérescence
globale, de crise économique générale,
de chômage en panade et de pollution
environnementale.
Madame Klein, chers amis de Naomi,
militants éco-socialistes, prudents
écologistes, larmoyants
altermondialistes cessez de crédibiliser
ces gouvernements et leurs parlements et
mettez réellement
fin aux compromis avec ceux qui se
moquent de nos
vies. Ce n’est pas par des
manifestations, des cloches et des
lampions, ou par des casseroles sur les
balcons que nous stopperons leurs
malversations. Seule une grève générale
illimitée pourra les contraindre à
écouter en attendant de les renverser
définitivement pour construire le mode
de production écologique socialiste.
(1)
http://plus.lapresse.ca/screens/4515085c-6b61-43e5-9672-6c5133ab5cf9%7C_0.html
(2)
http://www.lavie.fr/actualite/economie/pour-l-economiste-gael-giraud-la-politique-d-austerite-se-trompe-de-diagnostic-02-09-2014-55807_6.php
(3)
http://www.lavie.fr/actualite/economie/pour-l-economiste-gael-giraud-la-politique-d-austerite-se-trompe-de-diagnostic-02-09-2014-55807_6.php
(4)
http://plus.lapresse.ca/screens/4515085c-6b61-43e5-9672-6c5133ab5cf9%7C_0.html
Pour préparer notre avenir :
MANIFESTE DU PARTI OUVRIER
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
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