Les 7 du Québec
Le modèle industriel de « La plateforme
»
(La délocalisation industrielle)
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 18 novembre 2015
http://www.les7duquebec.com/...
L’économie politique impérialiste se
caractérise notamment par trois
processus importants, la première
tendance s’intitule « l’externalisation
et la délocalisation industrielle ».
La seconde tendance s’appelle « l’économie
de bazar », une conséquence de
la précédente. Le troisième phénomène se
nomme « le modèle de la
plateforme ». Ce modèle
présente les facteurs qui rendent
possible et rentable l’externalisation
et la délocalisation industrielle qui
provoque l’économie de bazar.
Le modèle industriel de « la
plateforme ».
L’économiste Charles Gave a
« découvert » que « Les grandes
multinationales américaines,
canadiennes, australiennes, japonaises
et européennes auraient développé une
nouvelle façon de produire et de vendre
des marchandises tout en accumulant
d’énormes profits ». L’application
systématique du modèle de « la
plateforme »
engendre des transformations
économiques, financières et commerciales
mondiales. Ce ne seraient donc pas les
malversations des banquiers, des
boursicoteurs, des industriels
prédateurs ou des politiciens
prévaricateurs qui provoqueraient les
crises économiques systémiques, mais
l’application mécanique des lois
inexorables du développement
impérialiste [1].
Pour les besoins de la démonstration,
nous allons démonter le mécanisme de la
dette souveraine et en dévoiler les
ramifications grâce au modèle de
production industrielle de « la
plateforme » telle que
présentée par Gave. Chacun sera en
mesure de constater qu’il s’agit d’une
mise à jour de la loi du développement
impérialiste asymétrique, imbriqué et
par bonds.
La comptabilité nationale
obsolète.
Chaque pays tient une comptabilité
nationale à partir de laquelle on peut
observer les fluctuations annuelles de
sa balance commerciale, de sa balance
des paiements, de son PIB, de son
endettement cumulatif suite à ses
déficits budgétaires répétitifs, de ses
emprunts (émissions d’obligations
gouvernementales) et de la valeur de sa
monnaie nationale [2]. Selon
l’économiste Gave, cette comptabilité
nationale est de moins en moins
pertinente et elle ne permet plus de
comprendre les transformations
économiques, financières et monétaires.
D’après l’économiste, la logique de
la comptabilité nationale serait
obsolète. Que les sociétés
multinationales se proclament
« américaines », « canadiennes »,
« japonaises », « européennes » ou
« chinoises », n’a aucune importance
puisque chacune d’entre elles
domicilie où elles le souhaitent leurs
déficits et leurs bénéfices
commerciaux : « les marchés n’ont
pas compris que nous sommes en train
d’assister à la privatisation des
balances commerciales nationales »
déclare Charles Gave [3].
Ainsi, « les sociétés du CAC 40
en France ne font plus partie ou alors
très faiblement de l’économie française.
Elles réalisent les trois quarts de leur
chiffre d’affaires et de leurs profits à
l’extérieur du territoire français »
[Nouvel Observateur 4.09.2008].
L’entreprise allemande E.ON,
le numéro un allemand de l’énergie, dont
les activités vont du gaz à la
construction d’éoliennes, chiffre
d’affaires 86,9 milliards d’euros en
2008, s’est délestée de 10 000 salariés
en 2009 dont 4 000 relocalisés en Chine
[le Monde. 16.06.2009]. Songé que cette
entreprise comptait 107 000 employés en
2002, pour un chiffre d’affaires de 37
milliards d’euros, elle en comptait
86 000 en 2008 pour des ventes de 86
milliards d’euros.
Ainsi, Hans-Werner Sinn donne
l’exemple de la Porsche Cayenne dont 88
% des pièces sont fabriquées à
Bratislava en Slovaquie puis assemblées
dans l’usine de Leipzig en Allemagne
avant d’être exportées dans le monde
entier sous l’étiquette « Made in
Germany ». Les importants
excédents commerciaux allemands des
dernières années sont donc issus de
« la réexportation de
produits montés en Allemagne à partir de
composantes fabriquées ailleurs ».
Selon Sinn, l’Allemagne devient ainsi de
plus en plus un « bazar industriel »,
une « quincaillerie » mondiale.
« C’est chez elle que l’on continue,
et que l’on continuera encore quelques
années, à s’approvisionner en produits
industriels de bonne qualité. Mais il ne
faut pas se dissimuler, dit-il, que si
la part de production réellement
effectuée en Allemagne ne cesse de
diminuer, c’en est fini, à terme, du
« Made in Germany ».(…) Face à
l’externalisation des fonctions de
production et à la délocalisation
industrielle croissante (en 2004, un
ouvrier allemand coutait 27,6 euros de
l’heure, contre 4,5 pour un tchèque, 1,5
pour un bulgare et 1,1euro l’heure pour
un travailleur chinois), il n’y a aucune
parade possible et à terme les
puissances industrielles dominantes ne
seront plus que les bureaux
d’administration des chaines de
production s’étendant à la grandeur de
la planète » [4].
Le modèle de « la
plateforme ».
Dans son article Gave donne l’exemple
de la société de micro-informatique
Dell dont le
siège social est situé au Texas
(États-Unis). Tous les ordinateurs de
cette firme sont conceptualisés de façon
« virtuelle » dans leurs centres de
recherche à Round Rock (Texas). Aucune
des machines vendues aux États-Unis
n’est fabriquée au pays. Elles sont
toutes montées au Mexique ou en Chine –
où la plupart des pièces sont fabriquées
et où est produite la plus-value unique
source de profits – puis les appareils
sont importés en Amérique. L’originalité
est dans le fait que Dell
ne possède pas les usines dans
lesquelles ses machines sont assemblées
(il s’agit ici d’externalisation des
tâches de production sans délocalisation
des usines de fabrication de
Dell qui ont été
fermées). La seule chose que fait
l’entreprise texane est de préciser les
caractéristiques techniques que devront
présenter ses ordinateurs. Ensuite, des
industriels indépendants s’engagent à
les produire à un cout négocié avec
Dell.
Des trois fonctions nécessaires au
processus de production –
conceptualisation –
fabrication –
commercialisation – d’un
produit, Dell
a réussi à externaliser la plus risquée
et la plus cyclique, la fabrication.
Charles Gave explique ensuite que par
une telle division internationale du
travail un ordinateur construit en Asie,
vendu 700 $ aux États-Unis, muni d’un
système d’exploitation
Microsoft (dont le siège
social est situé à Seattle, mais dont la
production est délocalisée en Inde),
équipé d’un processeur Intel
(dont le siège social est aux
États-Unis, mais dont la production
n’est pas externalisée, mais délocalisée
en Chine), monté d’un écran fabriqué à
Taiwan placé dans un boitier fabriqué en
Chine, la part du produit de la vente
empochée par des firmes dites
« Américaines », pourvu que cette
dénomination ait encore un sens, sera de
335 $ (et leur marge bénéficiaire de
262 $) et la part des entreprises dont
le siège social est en Asie est de 365 $
(et leur marge bénéficiaire de 28 $ soit
7,7%) ironise Gave.
Comme il est indiqué par Gave, si
335 dollars de la vente de 700 dollars
US sont empochés par des firmes
américaines, ce sont 365 dollars US de
salaires et de plus-value qui sont
empochés, dépensés ou investit dans
quelques pays d’Asie et pas seulement
les 28 dollars US de bénéfices. Ces
365 $ en salaires et en plus-value
génèreront de l’activité économique
locale alors que les bénéfices de
Dell, de Microsoft et d’Intel,
distribués en dividendes aux
actionnaires risquent de n’entrainer
aucune activité économique hormis en
Chine où Intel fabrique ses
microprocesseurs et en Inde ou
Microsoft monte ses boitiers. En
prime, ces profits provoqueront
davantage de spéculation boursière sur
les titres de ces trois entreprises
florissantes. Il n’est cependant pas
assuré que ce capital argent trouvera
des occasions d’affaires et produira une
nouvelle plus-value étant donné
l’encombrement des marchés boursiers
spéculatifs dans le monde.
L’économie de bazar.
En 2013, les consommateurs européens
ont pu observer cet éclatement
international des chaines de montage
pour des produits aussi bancals que les
plats surgelés de la société Findus
établit au Luxembourg, mais faisant
appel à Comigel de France, qui
elle-même transigeait avec différentes
entreprises œuvrant dans différents pays
pour cuisiner et commercialiser les
plats surgelés. La découverte de viande
de cheval dans des plats cuisinés
Findus vendus en France a mis en
lumière une première filière passant par
le grossiste hollandais Draap,
par le fournisseur de viande
Spanghero et par le fabricant de
plats Comigel. Pays impliqués
dans l’opération : le Luxembourg, la
France, les Pays-Bas, la Roumanie et
Chypre [5].
Sur un versant du système d’économie
politique impérialiste mondiale, où
prévaut l’« économie de bazar »
comme l’appelle l’économiste allemand
Hans Werner Sinn, on retrouve la
contraction progressive du crédit, la
crise de solvabilité, les prix trop
élevés, l’inflation, l’effondrement des
marchés et des débouchés, le tissu
industriel laminé et la quincaillerie
rutilante des produits finis fabriqués
sur l’autre versant, dans les pays
émergents, où s’agglutine pour l’instant
les usines – les « sweatshops » de la
misère – le travail précaire et les
profits temporaires.
La division internationale du
travail sous l’impérialisme.
Les capitalistes monopolistes
internationaux trouvent ce modèle de
division international du travail très
avantageux et il s’épand chaque jour
davantage, même la Chine, étoile
montante du club impérialiste
transnational y a recours, vers le
Vietnam et l’Éthiopie notamment.
Cependant, quand l’ordinateur vendu en
ligne par Internet entre aux États-Unis,
ce pays enregistre une détérioration de
sa balance commerciale. Si en contre
partie les multinationales que nous
avons énumérées rapatriaient leurs
dividendes, la balance des comptes
serait rétablie, mais ce n’est plus ce
qui se produit. Si au cours des Trente
glorieuses (1945-1975) les entreprises
« Made in USA » rapatriaient
leurs profits aux États-Unis afin de
bénéficier de la manne spéculative
boursière, des taux d’intérêt
alléchants, et de la force du dollar
triomphant, cette conjoncture s’est
totalement détériorée au cours des
années quatre-vingt-dix. Depuis que la
Réserve fédérale américaine (FED) a
fixé son taux directeur à 0.25%, autant
dire quasi nul, afin de réduire le cout
du crédit et stimuler la consommation
des ménages (70% du PIB américain dépend
de cette consommation frénétique),
placer ou prêter de l’argent n’est plus
payant aux États-Unis si bien que les
bureaux chefs des multinationales ne
rapatrient plus leurs dividendes à la
maison mère, mais préfèrent les faire
transiter par les paradis fiscaux « offshores »
d’où ils sont réorientés, après
blanchiment et accouplement avec de
l’argent illicite, vers des pays aux
rendements intéressants [6].
Dans l’exemple de la société
Dell, la valeur de
l’apport « américain » était de 335 $
alors que l’importation aux États-Unis a
couté 700 $, d’où les États-Unis ont
enregistré un déficit commercial
de 365 US$ pour chaque transaction. Par
ailleurs, la rentabilité des sociétés
dites « Américaines » qui appliquent la
tactique de « la plateforme »
présente un certain nombre d’avantages
fort désirables aux yeux de n’importe
quel investisseur : la rentabilité est
très stable ; la partie cyclique et
risquée (la fabrication) a été affermée
à des industriels extérieurs. La
recherche, le développement et la vente
par Internet ne suscitent pas des
besoins de fonds de roulement
importants, donc peu d’investissement et
peu d’emplois aux États-Unis. La
rentabilité sur capital investi est donc
élevée. Elle ne nécessite pas d’apports
de capitaux nouveaux : Dell n’a
pas besoin d’emprunter pour son
développement. Le crédit commercial et
industriel est donc abondant, peu
dispendieux et peu payant comme nous
signalions précédemment. Évidemment, à
moyen terme, le chômage important que
suscite cette tactique généralisée fera
fondre le marché des consommateurs
d’ordinateurs, même à prix de faveur ;
le temps de leur soutirer leur dernière
marge de crédit et c’en sera fini des
profits de Dell et compagnie.
Tout ceci ne signifie pas que la classe
ouvrière américaine doive détruire ces
ordinateurs de malheur. Ce sont les
rapports de production qui doivent être
remis en question, non pas les
technologies de fabrication [7].
Autre avantage financier, la
rentabilité est très transparente et
mobile ajoute le docteur Gave. Si le
cout du travail augmente trop fortement
en Chine, Dell
ne renouvèlera pas ses contrats de
production et en signera des nouveaux au
Vietnam ou à Taiwan. De ce fait, les
prix à la production demeurent sans
arrêt sous pression, d’où le peu
d’inflation, du moins jusqu’à ce que les
travailleurs du tiers-monde revendiquent
des hausses salariales afin de
bénéficier eux aussi du pactole du
développement capitaliste monopoliste
dans leur patrie émergente [8].
La Chine avec son État policier très
répressif possède à cet égard un
avantage certain et cette bourgeoisie
maintient les salaires de ses ouvriers
aussi bas que possible. Cependant, ce
sont 120 000 incidents (grèves sauvages)
par an que l’on enregistre
officiellement en Chine avec un facteur
de croissance non négligeable. Tout ceci
n’empêche pas le yuan chinois de subir
des pressions à la hausse que le
gouvernement chinois ne peut résorber
complètement, ce qui entraine une
augmentation du cout des importations
américaines en Chine et l’exportation de
l’inflation chinoise aux États-Unis.
Récemment le gouvernement chinois a
haussé la valeur de sa monnaie de 10 %
afin d’attirer des capitaux étrangers
sur son territoire et pour stimuler la
consommation intérieure.
Des excédents commerciaux aux
excédents de la balance des paiements.
Le modèle de « la plateforme »
a pour effet que les pays émergents se
retrouvent avec des excédents
commerciaux considérables vis-à-vis des
États-Unis et de l’Europe, excédents qui
ne veulent rien dire selon l’économiste,
puisque la maitrise des flux
(importations de marchandises aux
États-Unis et en Europe) est largement
entre les mains de sociétés dites
« américaines » et/ou « européennes ».
Selon Gave, réclamer des pays ateliers
qu’ils réévaluent leurs monnaies par
rapport au dollar ne règlera rien pour
les pays occidentaux, ce qui laisse
entendre que les sénateurs américains
pétitionnaires, exigeant un rehaussement
de la valeur du yuan, ne font que de la
figuration pour calmer et duper les
travailleurs étatsuniens [9].
De fait, il fut un temps où les pays
émergents étaient automatiquement
intégrés à la zone dollar, ce qui
signifiait que la balance commerciale
d’un pays en développement, où les
sociétés s’organisaient selon les
principes de « la plateforme »,
ne voulait rien dire selon le professeur
Gave. Pour raisonner à nouveau comme
l’économiste « l’avantage comparatif
que crée le déficit américain n’était
pas en Chine, mais aux États-Unis ».
Ce sont les sociétés américaines qui
domicilient où elles le désirent le
déficit américain, idem pour les
sociétés européennes et chinoises. Si le
yuan est réévalué, Walmart
passera commande au Vietnam. Le
déficit américain restera le même, mais
il sera comptabilisé au Vietnam plutôt
qu’en Chine, et le chômage augmentera en
Chine. L’économiste admet donc que
l’avantage comparatif ne se situe pas
aux États-Unis, mais dans n’importe quel
pays qui offre sa force de travail à vil
prix et qui maintient un niveau de
productivité élevé.
Charles Gave laisse entendre que les
investisseurs étrangers souhaitent
détenir des actions des sociétés
américaines, et que les dollars
excédentaires qui entrent ainsi aux
États-Unis servent à acheter des actions
de ces sociétés ou des obligations
émises par les gouvernements des
États-Unis. Ce qui signifie que
l’équilibre de la balance des paiements
américains se ferait en prenant en
compte les ventes d’actifs américains
aux étrangers. Cette supputation de
l’éminent économiste est contredite par
les faits. La preuve en est que depuis
2008 les investissements étrangers
(directs et de portefeuilles) ne cessent
de diminuer aux États-Unis pour cause
d’instabilité du dollar et du taux
directeur trop faible. Les corporations
ayant leur siège social aux États-Unis
rapatrient moins de profits en « mère
patrie » alors que les investisseurs
étrangers réduisent leurs placements en
terre américaine. Le gouvernement
étatsunien ne parvient plus à vendre ses
émissions d’obligations que la Réserve
Fédérale achète frénétiquement
(Quantitative Easing) créant de la
monnaie inflationniste qui un jour la
forcera à dévaluer fortement le cours de
la devise étatsunienne flouant ainsi
tous les détenteurs de billets verts
[10]. Pas étonnant que le dollar –
ex-devise de réserve pour le commerce
international soit attaqué de tous
côtés. Un changement de la garde se
prépare au sommet de l’économie
politique impérialiste mondiale [11].
Relocalisation industrielle ?
Dans le contexte de « l’économie
de bazar », pour que les États-Unis
et les pays européens soient un jour
considérés comme des pays intéressants
pour d’importants transferts
d’investissements productifs il faudra
que les salaires (la valeur de la force
de travail nécessaire) soient réduits à
un niveau comparatif aux pays ateliers
du tiers-monde, tenant compte de la
productivité du travail évidemment. Ce
processus de retour des usines est en
passe de se concrétiser dans certaines
régions décentrées des États-Unis où les
travailleurs cumulent deux emplois,
travaillent sept jours par semaine et
n’arrivent pas à joindre les deux bouts.
Nonobstant ce rapatriement d’usines de
la misère, cela ne signifie nullement la
réindustrialisation des puissances
impérialistes déclinantes. Il s’agit
tout au plus pour les multinationales
sans nationalités de localiser près des
marchés certaines tâches subsidiaires
externalisées. Depuis quelques années,
la France, l’Allemagne, le Canada,
l’Australie et maintenant les États-Unis
sont entrainés dans ce processus.
Il y a par endroit, pour certains
métiers d’assemblage et de montage,
juste avant l’étape de la mise en
marché, pénurie temporaire de
main-d’œuvre. Ainsi, un peu partout en
Occident on observe un chômage chronique
accompagné de déficits criants dans
certains métiers spécialisés, les
métiers de la fin du cycle d’assemblage
des produits manufacturés. Il est facile
d’imaginer ce qui adviendra de ces
emplois quand la crise économique,
couplée aux mesures d’austérité, aura
miné le pouvoir d’achat des salariés
d’Amérique du Nord, du Japon et d’Europe
de l’Ouest.
Impossible d’échapper aux
lois de l’économie impérialiste
Monsieur Gave ajoute : « Les pays
qui pour des raisons politiques
refuseront ce modèle de production
verront leurs entreprises laminées, car
elles seront forcées de conserver des
activités de production cycliques et peu
rentables dans des zones où elles n’ont
rien à faire. À terme, elles
disparaitront, et tous leurs emplois
avec elles. Et le protectionnisme ne les
sauvera pas davantage qu’il n’a sauvé
l’industrie textile en France. »
[12].
Le modèle de division impérialiste du
travail, redécouvert par le professeur
Gave et qu’il prénomme « la
plateforme », entraine la
relocalisation de la production dans les
pays émergents ce qui réduit d’autant le
pouvoir d’achat des travailleurs des
pays avancés (en déclin). L’augmentation
des emplois précaires du secteur
tertiaire des services de proximité ne
compense nullement la destruction des
emplois dans le secteur
secondaire-industriel. Qui plus est, les
emplois tertiaires créés sont souvent
mal payés (Mac Donald, Tim
Horton, Walmart,
Costco, Target,
hôtellerie, grandes surfaces, etc.) d’où
les capacités de consommation d’une
partie grandissante des salariés
d’Occident se réduisent comme peau de
chagrin, ce que les banques ont compensé
jusqu’à maintenant en libéralisant le
crédit à la consommation qui ne fait
qu’accroitre l’endettement des ménages
jusqu’à la prochaine crise de
surendettement et d’incapacité
généralisée de payer. Au Canada chaque
ménage ploie sous une dette équivalente
à 165 % de son revenu annuel net (2012)
et ceci sans compter la partie de la
dette souveraine nationale, provinciale
et municipale qui lui est assignée.
Pour le moment les industriels
asiatiques sont dépendants du marché
nord-américain pour survivre et ils ne
peuvent refuser de vendre leurs
marchandises aux firmes étatsuniennes
contre des dollars plombés. Cependant,
la Chine et l’Inde ont déjà commencé à
développer leurs immenses marchés
domestiques et ils développent les
marchés de l’Afrique et d’Amérique
latine, si bien qu’ils se rendront
indépendants des marchés nord-américain
et européen. Alors, une nouvelle manche
s’ouvrira dans la guerre concurrentielle
entre les différentes alliances
impérialistes.
-
1. Charles Gave (2008) La
Plateforme. [http://www.geostrategique.net/viewtopic.php?p=77356
&sid=053e0aaefed
c212a4a462d98f84517c2 ].
-
2. [http://perspective.usherbrooke.ca
/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?langue=fr&codePays=USA&codeTheme=7&codeStat=NE.RSB.GNFS.ZS
], [http://www.wikiberal.org/wiki/Balance_des
_paiements], [http://fr.wikipedia.org/wiki/Produit_int%C3%A9rieur_brut],
[http://lexpansion.lexpress.fr/
economie/etats-unis-vers-un-deficit-budgetaire-record-en-2011_247745.html
].
-
3. [http://www.geostrategique.net/viewtopic.php?p=77356&sid=053e0
aaefedc212a4a462d98f84517c2
].
-
4. [V. Gouysse (2009) Crise du
système impérialiste mondial.
Page 94-96.
http://marxisme.fr/download/Crise_du_systeme_imperialiste_mondial.pdf
].
-
5. [Le Monde (13.03.2013)
Scandale de la viande de cheval.
http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/03/13/scandale-de-la-viande-de-cheval-le-gouvernement-veut-rassurer_1847154_3234.html].
-
6. [http://www.les7duquebec.com/7-au-front/le-capital-fuit-les-etats-unis-et-lor-aussi/].
-
7. [http://www.les7duquebec.com/7-au-front/faut-il-detruire-les-ordinateurs-pour-sauver-les-emplois/].
-
8. Cette tactique ne peut
s’appliquer que dans un secteur
industriel ayant atteint un fort
degré de maturité, où la
recherche-développement compte pour
peu dans l’amélioration du produit
et l’augmentation de la productivité
du travail. L’industrie automobile a
atteint un tel niveau de maturité.
Dans le cas d’un secteur industriel
de pointe et de haute technologie
l’importance du budget de
recherche-développement – apanage
des plus grands conglomérats – est
un facteur majeur dans la capacité
de l’entreprise de répondre à un tel
appel d’offre. La capacité des
usines à produire rapidement pour
satisfaire une demande importante
est le second facteur rédhibitoire.
Lors d’un tel stratagème de
transfert d’opérateur-producteur
Dell
découvrira probablement que les
répondants vietnamiens et taiwanais
sont des filiales du premier
producteur mondial chinois.
-
9. [http://www.agoravox.fr/actualites/inter
national/article/etats-unis-chine-la-grande-87177].
-
10. [http://perspective .usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?langue=fr&codePays=USA&codeStat=BX.KLT.DINV.CD.WD&codeStat2=x].
-
11. [http://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-guerre-des-monnaies-contestation-de-lhegemonie-du-dollar/
].
-
12. [http://www.geostrategique.net/viewtopic.php?p=77356&sid=053e0aaefedc212a4a462d98f84517c2].
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