Lecture
Manifeste du Parti ouvrier (6)
Robert Bibeau
Mercredi 16 juillet 2014
Nous poursuivons la
publication d’une série de neuf (9)
articles portant sur quatre questions
fondamentales pour le mouvement ouvrier
mondial :
1) D’abord, nous
avons traité des questions du
sectarisme, entrisme et dogmatisme,
cette maladie sénile du gauchisme. Paru
ici
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/manifeste-du-parti-ouvrier-1/
et ici
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/manifeste-du-parti-ouvrier-2/
et ici
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/manifeste-du-parti-ouvrier-3/
2) En prolongement
du sujet précédent – nous avons abordé
la question de l’unité du mouvement
ouvrier. Paru ici
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/manifeste-du-parti-ouvrier-4/
3) Nous présentons
aujourd’hui les instances de la lutte de
classe : l’instance économique (le
fondement), l’instance politique
(décisive) et l’instance idéologique
(préalable).
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/manifeste-du-parti-ouvrier-5/
4) À l’approche du 97e anniversaire de
la Révolution d’octobre nous
présenterons nos réflexions.
*********
CH 3 : LES TROIS
INSTANCES DE LA LUTTE DE CLASSE
(suite-2)
Lutte de classe
dans l’instance politique
Abordons le
deuxième niveau de la lutte de classe –
l’instance politique – là où tout
se complique mais l’instance où tout
s’explique. Nous l’avons décrit, la
classe ouvrière mène spontanément –
instinctivement – la lutte de classe sur
le front économique, notamment la lutte
gréviste. Ne serait-ce que parce que
l’État attaque les régimes de retraite;
laisse augmenter les prix des biens de
première nécessité, ainsi que le prix
des services publics. L’État réduit les
services destinés à la reproduction de
la force de travail (santé, éducation,
transport, culture, sport, loisir),
alors que les patrons tiennent les
salaires sévèrement verrouillés. Bref,
les ouvriers mènent spontanément la
lutte de résistance de classe sur le
front économique.
Le salaire minimum
(SMIC) est maintenu par l’État à un
niveau si bas que certains ouvriers sont
menacés de crever au travail, comme des
condamnés, tandis que d’autres cumulent
deux ou trois emplois précaires, à temps
partiel et mal payé. Sans compter les
cadences de travail en usines et sur les
chantiers qui mettent la vie des
salariés en danger. Toutes ces
conditions objectives créent des
situations de résistance spontanée sur
le front économique de la part de la
classe ouvrière malgré la collaboration
de classe affichée par les appareils
bureaucratiques syndiqués.
Nonobstant ceci,
les militants ne doivent jamais oublier
que la mission historique du Parti
Ouvrier est beaucoup plus stratégique
que de diriger des grèves ou de
s’impliquer dans les luttes spontanées
des ouvriers. La mission des
organisations de masse du Parti
politique de la classe est de publiciser
ces combats et de les canaliser vers
l’éclatement insurrectionnel en posant
la question du contrôle et de la
conquête de l’appareil d’État. Puis du
contrôle des leviers de l’économie
publique et privé par les Soviets
ouvriers (conseils ouvriers). Contrôle
et gestion du pouvoir non pas par un
parti des «masses populaires» mais par
les Soviets eux-mêmes, en concertation
avec le parti de la classe ouvrière
formé de révolutionnaires aguerris.
Une Sainte
alliance de pseudos partis socialistes,
sociaux-démocrates-solidaires,
communistes-révisionnistes ancienne
manière et nouvelle formule améliorée
(maoïste); d’organisations de la pseudo
«gauche» frontiste mène des campagnes de
«solidarité» en faveur d’un groupe de
grévistes ou d’un autre, appelant à la
compassion alors que ces organisations
devraient plutôt appeler à la révolte
pour éradiquer la classe exploiteuse
toute entière, s’emparer de tout le
pouvoir d’État et imposer la dictature
du prolétariat. L’émancipation de la
classe ouvrière sera l’œuvre de la
classe ouvrière elle-même et non pas de
ces missionnaires «solidaires»
opportunistes. Mais pour ce faire les
conditions objectives de l’insurrection
doivent être réunies et ni le parti, ni
ses organisations de masse, ni les
syndicats, ne décident de l’accumulation
et de la maturation de ces conditions
économiques, sociales et politiques
objectives et spontanées.
L’État et les
médias à la solde de la classe
bourgeoise prennent d’infinies
précautions pour isoler ces luttes, sur
le front économique, de celles qui se
mènent dans l’instance politique.
L’attitude des médias et des politiciens
bourgeois est particulièrement
pernicieuse en ce qui concerne les
combats que mènent les travailleurs de
la fonction publique. En économie
impérialiste moderne l’État bourgeois a
un rôle très important à jouer dans le
processus de reproduction du capital
financier. Entre autre, l’État doit
développer de nombreux services afin
d’assurer la reproduction élargie de la
force de travail (reproduire – former –
soigner – encadrer – réprimer) des
salariés à livrer aux financiers.
Cette fonction
cruciale amène l’État à engager et à
payer des milliers et même, comme aux
États-Unis et en Chine, des millions
d’employés pour assurer cette immense
intendance. L’État bourgeois –
l’émanation politique de la classe
capitaliste – se retrouve donc sur la
sellette pendant ces périodes de
négociations, jouant à la fois le rôle
de l’État employeur-exploiteur, de
l’État législateur, de l’État
redresseur, de l’État payeur-emprunteur-taxeur
ayant le rôle d’enrégimenter tous ces
travailleurs pour leur faire donner le
labeur maximum contre le salaire minimum
socialement acceptable.
Étant donné
l’importance numérique et le rôle
capital que joue cette multitude de
travailleurs du secteur public et
parapublic, dans le développement
économique et la reproduction élargie du
capital financier, la classe capitaliste
attache une grande importance à
l’encadrement de ces millions de
salariés; importance à négocier leurs
conditions de travail et leur salaire; à
pervertir leur dirigeants syndicaux;
finalement, à placer tous ces
travailleurs en concurrence nationale et
internationale. C’est la raison des
négociations sur la «libéralisation» du
commerce des services qui ont cours à
Genève, depuis deux ans, afin de
conclure un accord international global
(ACS) tel que dévoilé par Wikileaks
(Secret Trade in Services Agreement –
TISA). (1)
C’est la tâche des
organisations de masse du Parti ouvrier
de dévoiler ces tractations nationales
et internationales à l’encontre des
intérêts de la classe ouvrière, d’en
expliquer les intentions, d’en subsumer
les manifestations afin de stimuler la
résistance de chaque centre «national»
de lutte, de concert avec tous les
autres – d’un État-nation à un autre,
indépendamment des frontières nationales
imposées par la classe capitaliste.
Voilà l’exacte compréhension du concept
de «solidarité» ouvrière
internationaliste, bien différente de la
visite «touristique» des lignes de
piquetage des anarcho-syndicalistes.
Dans cette lutte de
classe entre l’État national bourgeois
(et même transnational dans le cas de
l’Union européenne ou de l’ONU par
exemples) et ses milliers de salariés,
il n’y a plus d’écran de fumée – il n’y
a plus aucun paravent. Pendant ces
périodes d’échauffourées l’État des
riches est exposé impudique devant ses
employés enragés. Les prévarications et
les prébendes que l’appareil politique
bourgeois a ordonné; les intérêts sur
prêts dont il a abreuvé les rentiers
richement rétribués; les parachutes
dorés qu’il a accordé à ses affidés; le
refus d’augmenter les salariés et les
compressions budgétaires qui a imposé à
ses employés et aux bénéficiaires, tout
est exposé sur la table de négociation
publique et l’État des riches doit
trouver le moyen de maintenir l’illusion
qu’il est l’État des citoyens et des
citoyennes, au-dessus des partis et des
classes sociales quant, à l’évidence, il
défend les intérêts des capitalistes car
il est l’État par et pour les riches.
Les luttes syndicales contre l’État
policier offrent l’occasion d’exposer
l’obséquiosité de l’État policier et la
complicité des appareils syndicaux dans
cette marchandisation des salariés.
La mission des
organisations politiques de la classe
ouvrière n’est pas de se substituer à la
classe afin de lui imposer des
revendications soi-disant «transversales
et globales»! À l’encontre de la
panoplie d’organisations gauchistes, la
mission des organisations de masse du
Parti Ouvrier sera ici de démontrer
l’intime relation systémique qui existe
entre ces luttes dans l’instance
économique et celles menées dans
l’instance politique de la lutte de
classe, et le rôle dirigeant de la
classe ouvrière dans cette résistance
devant être menée jusqu’à l’insurrection
si la classe le veut bien. Le Parti
Ouvrier diffusera le mot d’ordre de
résister à l’État policier dans chaque
pays, non as pour réformer l’État
policier mais pour l’éradiquer.
L’État est présenté
par la communauté citoyenne des
gauchistes comme au-dessus des classes
sociales – comme impartial, ou alors
comme inopinément compromis et
corrompus, gauchis de sa mission
historique d’équité et de justice. Pour
les gauches multiples, les parlements et
les gouvernements doivent être conquis
par la force des urnes et la puissance
des bulletins de vote, en faveur de ces
redresseurs de torts de la gauche
multicolore, qui militent pour maintenir
l’État providence et rétablir sa
politique d’aumône, ce qui, nous le
savons, est devenue impossible. La
conjoncture économique de crise
systémique ne permet plus cette
«générosité» de l’État policier.
Évidemment, toutes
ces litanies fumistes et utopistes sont
fortement appréciées par les médias
enrégimentés qui reprennent les slogans
de ces gauchistes, qui pour une
université – qui pour un hôpital au
service de la classe ouvrière et contre
la «gentrification» des quartiers
urbains. L’objectif de toutes ces
demandes de réformes étant de briser
l’unité entre les salariés de la
fonction publique et ceux du secteur
privé surtaxés et qui seront présentés
comme ceux qui auront à payer ces
revendications des excités de la gauche.
Ces gauchistes agités feront ensuite
paraître acceptables les compromis des
bureaucrates syndicaux par la
mystérieuse «opinion» publique…(qui
n’existe pas, soi dit en passant).
Récemment, dans une
assemblé populiste une militante d’ONG
subventionnée arborait fièrement sa
revendication d’un revenu minimum
garanti de 23000 $ annuel après impôt
pour les assistés sociaux, oubliant que
les 500 000 travailleurs québécois
peinant sous le salaire minimum
(10.35$/h.) gagnent à peine 362$ pour 35
heures de travail par semaine, soit
18837.$ annuellement, avant impôt. Voilà
la recette parfaite pour diviser les
salariés par groupes d’intérêts et par
secteur d’activité.
Les organisations
de masse du Parti Ouvrier doivent
politiquement contrer ces billevesées et
présenter les mots d’ordre unificateurs
qui ne permettront pas à l’État
bourgeois de diviser les travailleurs en
résistance sur le front économique et
qui porteront plutôt cette unité vers le
front politique pour la conquête du
pouvoir d’État, ultime objectif de la
lutte de la classe ouvrière.
Sur le front
politique de la lutte de classe
l’important pour la classe bourgeoise
est que jamais le prolétariat ne se
trouve organiser, structurer et
conscient de ses intérêts particuliers
(ce qui n’est nullement corporatiste),
et que jamais le prolétariat ne soit
orienté vers la conquête du pouvoir
d’État, condition indispensable à son
hégémonie de classe pour l’édification
du mode de production socialiste. Cette
mission délicate et complexe
d’endiguement et de liquidation de la
lutte ouvrière est dévolue aux syndicats
bourgeois et aux organisations de la
«go-gauche» plurielle et populiste.
Un parti politique
quel qu’il soit, et malgré ses
prétentions universelles, n’est jamais
que le parti qui défend les intérêts
d’une classe ou d’un segment de classe.
Le parti de classe du prolétariat ne
fait pas exception à la règle. Il n’est
pas et ne peut pas être le parti du
peuple tout entier, ou le parti des
«masses populaires et citoyennes» comme
aime à ergoter les anarchistes, les
anarcho-syndicalistes, les
éco-socialistes, et toutes les
organisations frontistes et populistes.
Au contraire, le Parti Ouvrier est celui
de l’avant-garde révolutionnaire. C’est
le parti qui milite et œuvre dans
l’intérêt du peuple car l’intérêt du
peuple concorde avec celui de la classe
ouvrière maîtresse de son Parti Ouvrier
Révolutionnaire.
À LIRE EN
COMPLÉMENT :
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
(1)
https://wikileaks.org/tisa-financial/
http://www.fr.lapluma.net/index.php?option=com_content&view=article&id=1975:2014-07-06-13-23-57&catid=94:monde&Itemid=427
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