Lecture
Manifeste du Parti ouvrier (1)
Robert Bibeau
Mercredi 11 juin 2014
Nous amorçons aujourd’hui la publication
d’une série de neuf (9) articles portant
spécifiquement sur quatre questions
fondamentales pour le mouvement ouvrier
et populaire :
1)
D’abord le problème du
sectarisme cette maladie qui sévit
depuis des décennies parmi la gauche et
au sein du mouvement. Une maladie de la
phase sénile du gauchisme et qui mine
l’unité du mouvement ouvrier.
2)
Ensuite, nous aborderons la question de
l’unité
des forces ouvrières.
3)
Nous présenterons les trois instances de
la lutte de classe : l’instance
économique,
politique et
idéologique. L’action militante
prendra différentes tangentes.
4)
Enfin, à l’approche du 97e
anniversaire de la Révolution d’Octobre,
nous présenterons cinq leçons apprises
de la Révolution bolchévique.
*********
CHAPITRE 1 : LE SECTARISME MALADIE
SÉNILE DU GAUCHISME
Le sectarisme c’est…
Le
sectarisme caractérise une attitude
intolérante, étroite d’esprit en
matière idéologique et politique. Le
dictionnaire ajoute qu’un
sectaire est dogmatique, qu’il
n'admet aucun compromis, et qu’il refuse
d'entériner l’opinion d’autrui. Enfin,
le
sectaire proclame détenir la vérité
et connaître la seule théorie capable
d’expliquer l’historicité de l’humanité.
Tous auront compris que cette définition
doctorale est parfaitement adaptée à
l’idéalisme bourgeois qui aime bien
présenter ses milliers d’idées
approximatives, fautives et votives
comme autant de dénis du sectarisme et
comme autant de preuves de sa libéralité
d’esprit, sachant pertinemment que de
toute manière nul ne pourra s’y
soustraire.
Le complément étant que : « Chacun a
raison et toutes les opinions se valent
à l’aune du jugement de frivolité ».
Ergotez, manants, il en restera toujours
quelque chose. Le bourgeois connait son
pouvoir et il sait que de toutes les
idées qui peuvent germer « spontanément
» dans la tête des gens, la plupart
seront redevables à sa propagande. Le
Bourgeois gentilhomme croit que la
science des idées n’existe pas et que
l’univers n’est qu’irrationalité
relative, mouvante, impénétrable et
inaltérable. L’opinion de chacun serait
le fruit de son imagination et vaut
autant que celle de tout un chacun : «
Tout le monde il est beau et tout le
monde il est gentil » pourvu qu’il se
plie à la dictature de la bourgeoisie
qui détient le portefeuille, l’antenne
de télévision, le goupillon, la police
et la « justice » pour faire triompher
LA vérité de la classe bourgeoise.
En d’autres termes, que chacun déblatère
pour analyser et expliquer le monde
pourvu
qu’il ne tente pas de le transformer ni
de le gouverner, déclame le
bourgeois lucide. Plus loin nous vous
proposerons une autre définition du
sectarisme que ce salmigondis pour
érudits.
Le sectarisme est une maladie
dégénérative
La maladie du
sectarisme a été inoculée dans le
mouvement de la gauche internationale
par les intellectuels bourgeois et les
progressistes contaminés par la pensée
et
l’idéologie
moniste et les pratiques
communalistes et
communautaristes propres à la petite
bourgeoisie et aux lumpens prolétaires.
Le
sectarisme a pris de l’extension
dans les rangs des salariés après les
grandes défaites ouvrières subséquentes
à la
Révolution bolchévique
d’Octobre et suite au reflux
conséquent du mouvement ouvrier mondial
(nous traiterons de ces questions dans
la quatrième partie de cette série).
D’instigatrice et de moteur du mouvement
révolutionnaire, dans les pays de la
vieille Europe notamment,
la classe ouvrière fut par la suite
relégué au rang de spectateur, de faire
valoir, de meneur de claques,
d’afficheur et de marcheur, de
distributeur de journaux, de porteur de
bannières dans les manifs, et de foule
anonyme d’électeurs et d’électrices pour
les partis sociaux-démocrates,
socialistes, «communistes
révisionnistes», frontistes et
populistes, etc.
La petite bourgeoisie
courtisane, intellectuelle, syndicale,
affairiste, électoraliste, dirigeante
d’ONG et d’organisations communautaires
populistes, s'est engouffrée dans les
organisations de masse de la gauche
plurielle et multicolore, imposant son
idéologie, sa pensée et sa méthodologie
qui
ne pouvaient être prolétariennes puisque
ces gens ne connaissaient rien à la
classe ouvrière. Aujourd’hui, ces
altermondialistes, ces anarchistes, ces
nationalistes, ces socialistes, ces
écologistes, ces frontistes populistes,
ces anarcho-syndicalistes font carrière
à la gauche de l’échiquier politique
bourgeois, chacun dans leur cellule
communautaire
sectaire, attendant que la
bourgeoisie daigne les appelés à
partager une parcelle de son pouvoir.
Il n’y a rien d’étonnant là-dedans, rien
de surprenant dans cet engouement des
sous-fifres de l’aile gauche politique
pour l’endoctrinement et l’embrigadement
des travailleurs. Ce qui étonne c’est
que les forces marxistes
révolutionnaires plutôt que de demeurer
sur place, parmi les ouvriers, à se
colletailler pour présenter l’idéologie
marxiste, se sont retirés dans leurs
tranchées sans regimber, abandonnant la
classe à la mouvance opportuniste et
réformiste gauchiste.
Il faut noter que toutes ces
organisations communautaires et
populaires de la gauche sectaire
présentent quelques caractéristiques
similaires :
A)
Une ligne politique opportuniste,
économiste et réformiste qui fait
consensus puisque la révolution ouvrière
est niée ou remise aux calendes
grecques.
B)
Des méthodes organisationnelles
laxistes, communalistes,
communautaristes et claniques.
C)
La lutte de classe anémiée, étouffée,
muselée, réprimée au nom de l’unicité de
la pensée : « Pas de polémique dans
l’organisation unifiée par sa ligne
politique opportuniste, économiste et
réformiste unique ».
D)
La lutte de classe est remplacée par
l’agiotage, les rumeurs, les ragots, le
trafic d’influence, l’échange de votes
et de postes cooptés
«Tu me grattes le dos, je te
frotte la bedaine». Ton ennemi est mon
ennemi et ton ami est aussi mon ami.
Dans une organisation opportuniste
canadienne, les militants avaient droit
à des sessions de réflexion sur la façon
de s’emparer de la direction d’un
conseil syndical régional, seule, ou en
concertation avec une autre organisation
de la gauche populiste réformiste. Voilà
le type de « lutte de classe » que mène
une organisation
sectaire.
Les organisations de la gauche sectaire
sont obnubilées par le nombre de
militants enrégimentés et disposés à
voter pour leurs candidats. Cette lubie
du nombre est reliée à l’impérative
nécessité du marchandage électoral. Les
organisations
sectaires ont leurs vedettes
éphémères, un outil indispensable en
campagne électorale bourgeoise pour qui
désire s’emparer de la direction
d’organisations de masse,
d’organisations populistes et négocier
la répartition des postes de permanents
rémunérés.
Les organisations de la gauche
sectaire font consensus à propos des
pseudos luttes
féministes totalement déconnectées
des combats pour l’émancipation de toute
la classe ouvrière (femmes et hommes) et
contre l’exploitation et l’aliénation
capitaliste source profonde de
l’oppression des femmes. Ces écervelées
oublient que le
patriarcat n’est qu’une forme
particulière de l’exploitation
capitaliste. Il n’est pas sectaire de
présenter l’impérative nécessité de
mener la lutte de classe sur tous les
fronts. Les batailles stylistiques et
orthographiques féministes, futiles et
mesquines, dont sont friands les
syndicalistes d’affaires et certaines
organisations populaires, n’ont rien à
faire avec la lutte de classe pour
s’emparer du pouvoir d’État qui abolira
le
patriarcat et expropriera l’immense
fortune des patriarches rentiers et
rentières, en même temps que le pouvoir
capitaliste privé sur les moyens de
production et d’échanges.
Le consensus est complet parmi les
organisations opportunistes, réformistes
et populistes
sectaires sur la nature
providentielle et paternelle de
l’État des riches (l’État
providence). Les
sectaires pensent que cet État
dévoyé peut parfois dévier de sa route
de neutralité, mais que de bonnes
élections devraient le remettre dans la
bonne direction au service des citoyens
et des citoyennes. Les militants de
gauche n’ont pas à respecter ce
consensus chimérique et ils ont pour
devoir de démasquer l’État bourgeois
partout où des travailleurs s’assemblent
sous la gouverne de ces organisations de
la gauche prostrée en train de pleurer
sur la déchéance de
l’État des riches.
Le sectarisme est anti-ouvrier
Ainsi, une organisation politique
sectaire n’est pas une organisation
de classe, mais un regroupement
d’individualistes unis par leurs centres
d’intérêt disparates, leurs passe-temps,
leurs lieux de travail, leurs relations
sociales, leurs quartiers, leur statut
d’emploi précaire, leurs loisirs
menacés, tous amalgamés
selon le plus petit commun dénominateur
idéologique et politique – qui en
société bourgeoise ne peut être que
politiquement bourgeois.
Ainsi, tous les amis de la fratrie
organisationnelle conviendront que les
politiques et les mesures d’austérités
sont à dénoncer et tous seront invités à
pleurer sur la lâcheté de l’État des
riches
qui ose tolérer depuis des années
les échappatoires et les paradis
fiscaux. Le petit bourgeois remédiera à
cette injustice inéluctable par la
puissance des bulletins de scrutins.
Et les libertaires
sectaires seront
heureux de leur fait de collusion
et de leur méfait de propagande. Ils ont
accrédité la petite bourgeoisie
universitaire qui a pleurniché sur les
iniquités et laissé supposer que l’on
pouvait régler cette spoliation de
classe par des machinations et des
tractations électorales.
Le consensus politique
sectaire suppose que nul ne remette
en cause le mode de production
capitaliste comme vecteur fondamental de
toute cette misère et que nul n’a le
droit de prétendre que sans le
renversement violent de toute la
superstructure étatique de l’État des
riches il ne peut y avoir de solutions
aux maux de l’austérité.
Les révolutionnaires doivent-ils fuir
ces assemblées endoctrinées de peur d’y
apporter la vérité controversée ?
Nullement, c’est à nous d’apporter
l’autre point de vue qui fera contraste
et remettra en cause la dictature du
consensus petit-bourgeois et féministe
collaboratrice. Ce n’est pas
l’harmonie au prix des compromis qui
nous tient à cœur, mais d’armer notre
classe d’une conscience de meneur et de
vainqueur.
La petite bourgeoisie dispose de l’appui
de l’appareil d’État comprenant les ONG,
les associations populaires
subventionnées, les syndicats de la
formule Rand assurée, et les médias à la
solde pour imposer leurs idées et les
présenter comme allant de soi, normales
et convenues entre tous ceux désireux «
de corriger les inégalités sociales et
les iniquités qui se sont
malencontreusement glissées dans ce
système économique et politique si
précieux à leurs yeux » (sic). Le
sectarisme consiste pour les
Partisans à se retirer de ces
organisations de masse pour se terrer
dans leurs quartiers, et leurs
organisations loin des ouvriers et de
leurs alliés.
La classe ouvrière est révolutionnaire
La révolution sera la réalisation de la
classe ouvrière. Elle sera spontanée,
violente, imprévisible, non planifiée,
et elle sera l’œuvre de millions
d’ouvriers violents, décidés, déchaînés,
désorganisés, désorientés. Ils sauront
tous ce qu’ils ne veulent plus –
l’oppression, l’exploitation, la
spoliation, l’aliénation, l’austérité,
la misère, le chômage, l’insécurité et
la guerre
–. Ils sauront comment détruire
leur présent, mais ils ne sauront pas
comment construire leur avenir. De ces
rangs militants surgiront spontanément
des idées qui présenteront des
alternatives. Le tout, pour un temps,
ressemblera à une anarchie
spontanéiste et créatrice. Une certitude
cependant, l’émancipation de la classe
ouvrière sera l’œuvre de la classe
ouvrière elle-même. Les révolutionnaires
ne pourront contribuer à cette
construction exemplaire qu’en étant au
centre de la classe – pas en retrait,
pas à ses côtés – pas à l’abri des
méfaits des opportunistes, des
économistes, des anarcho-syndicalistes
et des réformistes – mais au cœur du
combat, parmi
tous ceux qui auront la
prétention d’avoir raison.
Les associations communautaristes, les
clans et les sectes communalistes, qui
se seront habituées à tout contrôler, à
diriger leur groupuscule d’affidés
pusillanimes, disciplinés, outragés et
aliénés seront alors désemparées. Depuis
bien des années, au nom de l’unité pour
« fraterniser » et se « solidariser »
entre militants inter-clans, les gourous
à la tête de ces tribus interdisent les
discussions, bannissent la polémique,
détournent les débats, transforment
chaque argument politique en mantras
solipsistes et chaque confrontation de
principe en une suite d’arguties
personnalisées et en sophismes
anecdotiques, travestissant chaque
questionnement en inepties vindicatives.
Les appels à la « solidarité » ouvrière
(sic)
Les organisations opportunistes,
réformistes, populistes raffolent de ces
appels à la « solidarité » ouvrière et
populaire, manifestant ainsi leurs
conceptions politiques et idéologiques
sectaires. La classe ouvrière et son
avant-garde ne sont pas « solidaire »
l’une envers l’autre. Elles ne forment
qu’une seule entité, l’une et l’autre,
soudée en un seul bloc de classe.
Peut-on dire que le cœur est « solidaire
» du cerveau ? Il n’y a que des gens
venant d’en dehors de la classe ouvrière
pour avoir des idées aussi saugrenues,
aussi étrangères à la classe ouvrière.
Récemment, nous demandions à des
militants d’une organisation
sectaire : « Pourquoi, près de 150
luttes de libération nationale dans le
monde, depuis 60 ans n’avaient produit
aucun État socialiste ? » La stupeur se
lisait sur le visage de nos
interlocuteurs. Comment des marxistes
osaient-ils les questionner dans une
assemblée
sectaire publique ?
Ces potentats gauchistes, ces boss
syndicaux, ces chefs de cliques, ces
vedettes fumistes
ne cherchent pas tant l’unité des
combattants de la liberté de classe, que
de rassembler sous leur autorité leur
couvée de militants bien drillés. Le
dicton de ces mentors de la gauche
retors est bien connu : « Vaut mieux
être Roi de Saint-Ouen que Prince à
Berlin ».
À SUIVRE…
MANIFESTE DU PARTI OUVRIER
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