Les 7 du Québec
Les origines de la crise systémique
du capitalisme
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 10 juin 2015
http://www.les7duquebec.com/...
La contradiction fondamentale du
capitalisme étriqué
Quand le
développement des moyens de production -
comprenant les forces productives
vivantes [le travail] - devient
incompatible avec les rapports de
production capitalistes (financiers,
bancaires, monétaires, etc.) le mode de
production tout entier est en danger de
s'effondrer. Dans le Grundrisse, Marx a
décrit ce postulat de la façon suivante
:
« Dès que le
travail sous sa forme immédiate [vivante
et productrice de plus-value] a
cessé d'être la source principale de [création
de] la richesse [reproduction
du capital], le temps de travail [nécessaire
et surtravail] cesse et doit cesser
d'être sa mesure [de
la reproduction du capital] et la
valeur d'échange cesse donc aussi d'être
de la valeur d'usage. Ainsi, la
production [le
mode de production] basée sur la
valeur d'échange [commerciale]
s'effondre." Plus loin, Marx ajoute
« Dès lors, le procès de production
cesse d' être un procès de travail, au
sens où le travail en constituerait l'
unité dominante. Aux nombreux points du
système mécanique, le travail n'
apparaît plus comme être conscient, sous
forme de quelques travailleurs vivants,
éparpillés, soumis au processus
d'ensemble de la machinerie, ils ne
forment qu'un élément du système,
dont l'unité ne réside pas dans le
travailleur vivant, mais dans la
machinerie vivante (active) qui par
rapport à l' activité isolée et
insignifiante du travail vivant,
apparaît comme un organisme gigantesque.
» (K
Marx. Grundrisse (1857). Chapitre 3, Le
Capital, Édition 10/18, p.328.)
Que doit-on
comprendre de cette loi de
fonctionnement du mode de production
capitaliste ? Ce mécanisme concret et
objectif de délitement de la valeur
d'échange des marchandises en générale
et de la première marchandise entre
toutes -
la force de travail - entraîne la
scission inévitable entre la marchandise
fétiche -
l'argent - et toutes les autres
marchandises commercialisées qu'il est
censé représenter.
Là exactement se
trouve la source de tous les accès de
fièvre financière - des crises
successives - du mode de production
capitaliste bancal. Là se trouve, à la
phase impérialiste du capitalisme du
moins, la manifestation profonde de la
contradiction entre le capital
marchandise
[les moyens de production et d'échanges]
et le travail marchandise
[la
force de travail vivante] qui perd
peu à peu sa valeur d'échange et même
son utilité matérielle, donc sa valeur
d'usage. Attention toutefois, les
robots, les machines, les ordinateurs,
les puces, les logiciels qui doivent
remplacer le travail vivant sont des
moyens de production produits par le
travail salarié vivant et ils
contiennent une grande quantité de
valeur marchande
[ils sont dispendieux]. Ces
machines de toute nature et de toute
espèce sont du capital constant (Cc) qui
rendent obsolète une partie - et une
partie seulement - du travail vivant
(Cv) le remplaçant par du travail mort
ce qui amène une hausse de productivité
du travail vivant (même s'il ne reste
que quelques prolétaires dans l'usine)
et entraîne une détérioration de la
composition organique du capital
Cv/Cc,
donc, une baisse du taux global
de plus-value et de profit.
Il faut bien
réaliser le drame shakespearien qui se
noue sous nos yeux. La source même de
toute valeur marchande - de toute valeur
d'échange -, le fondement même du mode
de production capitaliste - la seule
marchandise ayant le pouvoir de
transmettre de la valeur aux autres
marchandises - voit s'anémier sa valeur.
La source de toute valeur
[de toute richesse] se tarit et
ne peut donc plus transmettre ce qu'elle
ne possède plus en "valeur ajoutée", en
"plus-value" non payée. Le capital scie
la branche sur laquelle il s'est perché
pour proclamer sa gloire et sa
toute-puissance éternelles (sic).
Valeur d'usage et valeur d'échange
Sous le mode de
production capitaliste, en phase
impérialiste décadente, ce n'est pas la
valeur d'usage qui détermine la valeur
d'échange, mais l'inverse, c'est la
valeur d'échange marchande qui attribue
de la valeur d'usage à une marchandise
quelconque (la condition étant que sa
production entraîne la réalisation de
plus-value). Pire, la contradiction
entre le travail et le capital
s'approfondit encore davantage puisque
le capital réduit sa consommation
globale - mondiale - de force de travail
salarié vivante dont il est pourtant
totalement dépendant pour sa
valorisation-reproduction. Le capital
est donc contraint d'intensifier
l'extraction de plus-value relative et
absolue de chaque heure de travail
vivant consommée. Ce procès
d'intensification de l'extraction -
confiscation - de toujours plus de
plus-value mène le capitalisme jusqu'à
réduire le temps de travail nécessaire
au-delà du minimum social requis pour sa
reproduction physique élargie.
Ainsi, par le processus même de
son aliénation la force de travail
ouvrière est menacée d'extinction. La
concrétisation de cette contradiction
fondamentale entre le capital et le
travail entraîne le système à son
autodestruction. La force de travail
vivante - le prolétariat mondial - n'a
alors plus aucune alternative, ou bien
il dépérit petit à petit et disparaît
emportant le capitalisme avec lui, ou
alors il connaît un sursaut de vie
insurrectionnelle prolétarienne,
s'objecte à son sort abject, et engage
la révolution prolétarienne socialiste.
Que vient faire la «
financiarisation
» dans ce processus de déperdition ?
Expliquons
maintenant comment la financiarisation -
l'inflation - la crédification - la
monétarisation du processus de
production - d'échange - de réalisation
du capital est venue subsumer cette
contradiction fondamentale et la porter
à des sommets inégalés de décrépitude
décadente.
Faute de grandes
masses croissantes de valeurs d'usage à
transformer en valeurs
marchandes et à réaliser en valeurs
financières (monnaie, actions,
obligations, titres de créances,
produits boursiers dérivés) - à
valoriser en fait, afin de perpétuer le
cycle économique de valorisation du
capital - le système bancaire et
financier mondialisé s'est mis à émettre
de la fausse monnaie - du néant de
valeur monétaire - "du crédit, créant du
dépôt pour générer de nouveaux crédits"
une débauche d'ajustement et de
dérèglements financiers, monétaires et
boursiers en cascades (1).
Examinons
simplement quelques statistiques
(Tableau 1) qui marquèrent la descente
aux enfers d'une banque qui en 2008 a
été sacrifiée, lors de la crise des "subprimes",
pour donner l'exemple à toutes les
autres banques, qui, de toute manière,
ne pouvaient et ne pourront jamais faire
autrement. C'est le mode de production
qui ne peut plus remplir sa mission de
reproduction élargie à la fois de la
force de travail et du capital. Ces deux
composantes fondamentales du mode de
production capitaliste sont
indissociables et l'extinction de l'une
entraînera la disparition de l'autre. Du
moment que le capital ne peut plus
assurer la reproduction élargie de la
force de travail qui lui donne vie, le
MPC s'engage dans un cul-de-sac qui ne
peut que lui faire perdre la confiance
de la classe ouvrière et son appui et
engendrer sa destruction. Nous venons
d'identifier la première condition de
l'insurrection prolétarienne mondiale.
Le tableau 1 montre
bien que si en 2008, lors de la faillite
de la
Lehman Brothers, la situation
financière mondiale était
catastrophique, quatre ans plus tard
(2012), elle avait empiré du point de
vue financier. La finance n'est que le
reflet bancaire et monétaire de la
réalité économique globale de l'économie
nationale et internationale. Convenons
toutefois qu'il ne pouvait en être
autrement de par la loi de la
dépréciation de la valeur marchande de
la force de travail vivante créatrice de
toute plus-value et de tout profit
capitaliste.
Tableau 1
|
2008
|
2012
|
Volume
des produits dérivés
négociés hors cote en
milliards de dollars (US)
|
516 000
milliards de dollars
|
708 000
milliards de dollars
|
Endettement des pays de
l'OCDE (pays riches)
|
75%
|
105%
|
Déficit
des pays de l'OCDE en% de
leur PIB
|
3,5%
|
5,5%
|
Effet
de levier de crédit des
banques
"trop grosses pour faire
faillite" (sic)
|
31 pour
Lehman Brothers
|
De 13 à
85
|
Bilans
des banques centrales Fed et
BCE (créances pourries
échangées contre de l'argent
du néant)
|
900
milliards $
1 400 MM euros
|
3 000
milliards
$
3 000 MM euros
|
Taux de
croissance des pays de
l'OCDE
|
0,5
|
-0,1
|
Taux de
croissance mondiale
|
2,7
|
3,2
|
Taux de
chômage des pays de l'OCDE
|
5,9
|
8
|
Réserves de change mondiales
|
4 000
milliards $
|
11 200
milliards $
|
Réserves de change de la
Chine
|
1 900
milliards $
|
3 500
milliards $
|
Source: The Wall Street Journal,
"Crise financière : leçon d'un
sauvetage, un drame en cinq actes"
Faisons davantage de ce qui ne peut pas
fonctionner
Et voici que des
fumistes, des opportunistes, des
réformistes, des gauchistes bourgeois
qui souhaitent sauvegarder le mode de
production capitaliste, suggèrent de
faire davantage de ce qui ne marche pas
pour remettre le patient sur pied et
prolonger son agonie à l'infini. Lisez
ceci :
« La nouvelle
banque de développement des
BRICS n’est pas une alternative au
FMI et à la
Banque mondiale (BM), mais un
complément, car elle répond aux défis
qui ont été ignorés par les institutions
financières internationales. Le FMI n’a
fait que travailler dans l’intérêt des
spéculateurs et les énormes quantités de
dollars, d’euros, de livres et de yens
sortant des planches à billets arrivent
aujourd’hui par vagues dans les pays des
BRICS, déstabilisant leurs économies. Il
est par conséquent nécessaire pour les
BRICS de développer leurs propres
institutions financières, pour financer
des projets de développement à long
terme. Faisant partie de ce nouveau
système (sic), il y a le Système de
réserve en devise, qui prend
essentiellement en compte les leçons de
la crise de 1997 en Asie, au cours de
laquelle les devises des pays asiatiques
ont chuté, à cause de la spéculation, de
80 % en une seule semaine. Il répond
également aux attaques vicieuses lancées
récemment par les fonds spéculatifs à
l’encontre des pays d’Amérique latine"
et l'analyste financière
d'ajouter
« Ce système parallèle
pourrait bien devenir très rapidement la
bouée de sauvetage suite à
l’effondrement du système financier
transatlantique :
car un krach pourrait survenir à tout
moment, plus gros que celui de 2008, qui
a suivi la faillite de Lehman Brothers.
Un tel krach pourrait être provoqué par
le « Grexit », l’expulsion de la Grèce
de l’euro par le FMI et la Troïka. Tout
le système bancaire européen et
probablement américain s’effondrerait
dans la foulée ; un tel krach pourrait
aussi être provoqué par la faillite de
l’Ukraine ; ou par une simple explosion
de
la bulle des produits dérivés qui se
monte actuellement à
2 millions de milliards de dollars,
une somme qui ne pourra jamais être
payée. » (2)
En vertu des lois
objectives de l'économie politique
capitaliste, en phase impérialiste,
c'est-à-dire en phase d'économie
politique globalisée, interreliée et
mondialement intégrée, une moitié des
continents ne peut s'effondrer sous le
poids de ses contradictions économiques
alors que l'autre moitié prospère. Les
fonds d'investissement, les banques, les
institutions internationales les
entreprises multinationales des pays du
BRICS seront entraînées par
le fond en même temps que celles de
l'autre alliance impérialiste atlantique
régit par les mêmes lois d'économie
politique. Des rencontres au sommet de
la pyramide décrépie de l'impérialisme
financier se tiendront bientôt qui
scelleront le sort de la finance
internationale dans sa cavalcade vers sa
débandade mondiale (3). Nous avons
depuis longtemps déjà prédit la
dévaluation drastique des monnaies
mondiales flouant ainsi les capitalistes
créditeurs et les capitalistes débiteurs
et les millions de petits épargnants.
Voici que cette perspective
cataclysmique se rapproche.
Une troisième
guerre mondiale finira par se présenter
comme l'unique alternative à ces
contradictions économiques insolubles.
Détruire des forces productives, des
moyens de production, des marchandises
en surplus (relatifs) deviendra l'unique
solution que la mécanique du système
impérialiste concurrentiel saura imposer
aux plénipotentiaires de service
(sous-fifres politiques et financiers
déjantés) (4).
Les communistes
finiront bien par comprendre que la
classe prolétarienne n'a que faire de
leurs querelles de chapelles grégaires -
sectaires - dogmatiques (5).
(1)
https://www.youtube.com/watch?v=efIiQtfR7BI
(2)
http://www.solidariteetprogres.org/zepp-larouche-lima-nouvelle-route-de-la-soie.html
(3)
http://www.infowars.com/secret-meeting-in-london-to-end-cash/
(4)
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/usa-otan-et-la-guerre-nucleaire/
(5)
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
POUR COMPLÉTER VOS INFORMATIONS. R.
Bibeau (2014) Manifeste du Parti
ouvrier. Publibook. Paris.
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
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