Les 7 du Québec
Lutter contre l'austérité, c'est pas assez !
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 9 décembre 2015
http://www.les7duquebec.com/...
Conscience
« citoyenne » et « objecteurs de
croissance »
Je veux bien que l’on propose de
développer ma conscience « citoyenne »
et mes capacités de réfléchir par
moi-même (http://2ccr.unblog.fr/). Je
reconnais comme l’auteur de l’article «que la
flexibilité n’a jamais empêché la hausse
du chômage», elle l’a
plutôt accéléré (1). Mais, je ne puis
acquiescer quand l’a de l’économiste
affirme : « Aucune société
démocratique ne peut accepter que des
pans entiers de sa population ne
puissent pas vivre décemment».
Chaque jour, les sociétés
« démocratiques » fomentent et
organisent la déprédation des
populations laborieuses et de l’armée de
réserve des travailleurs – chômeurs et
désœuvrés – ainsi que des masses
paysannes et artisanes dans les pays en
voie de sous-développement. Chaque jour,
plus de deux-milliards d’êtres humains
disposent de moins de deux dollars pour
survivre. Chaque jour, des tonnes de
victuailles sont jetées aux orties,
javellisées, plutôt que de garnir la
table de ceux qui ont faim. Il faut être
frappé de cécité pour prétendre, en
pleine crise économique systémique que
le problème de l’humanité c’est la
« croissance consumériste », et pour se
poser en « Objecteur de croissance » en
pleine période de décroissance
décadente. Depuis plus de dix ans, la
guerre impérialiste fomentée au Congo a
exterminé plus de cinq millions d’êtres
humains, le saviez-vous ?
Je m’insurge contre ces prétentions
« démocratiques » et j’affirme que
chaque société bourgeoise exige que la
majorité de la population trime dure
pour survivre et chaque société
démocratique bourgeoisie accepte de
sacrifier une partie de sa population
considérer inutile – parce que
non-productrice de plus-value – en
attendant de la lancer dans des guerres
fratricides pour le repartage des moyens
de production, d’échanges et de
communication, entre grands conglomérats
capitalistes multinationaux.
Poursuivons l’analyse du texte
incriminé. L’auteur écrit : « Les
remèdes du patronat, soutenus largement
par le gouvernement français, ont fait
preuve de leur inefficacité. Cela fait
des années qu’une organisation comme
l’OCDE (…) reconnait que le marché du
travail en France est suffisamment
flexible. Et pourtant, cette flexibilité
accrue n’a pas empêché la hausse du
chômage, au contraire. La seule
voie raisonnable pour sortir de
cette situation est de rompre avec
l’austérité qui va de pair avec la
dévalorisation du travail. Le
président de la République (François
Hollande) a clairement opté pour
l’économie de l’offre,
autrement dit pour des politiques de
dévaluations internes, de dévalorisation
du travail et de réduction des services
publics. Dans cette perspective, les
décisions de la BCE sont saluées,
surtout en ce qui concerne la baisse de
la valeur externe de l’euro ; une
dévaluation censée permettre la hausse
des exportations françaises.
L’essentiel de nos exportations se fait
avec les autres pays membres
(de l’Union européenne), lesquels se
trouvent dans la même situation
» (2).
En effet, l’essentiel du commerce
extérieur des pays européens se fait
entre pays européens. De plus, si,
conformément aux préconisations des
tenants de « l’économie de l’offre »,
tous les pays européens veulent
augmenter leurs exportations, alors que
partout il y a une insuffisance de
demande, on se dirige vers une course au
moins-disant social et une mise en
concurrence plus féroce des salariés
européens.
Flexibilité du travail et
surexploitation des salariés
Arrêtons-nous ici pour examiner le
cul-de-sac dans lequel l’auteur
s’enfonce inexorablement. Il part de
constats pertinents et véridiques, à
savoir que le marché du travail français
– et nous pourrions ajouter de tous les
pays capitalistes – est flexible.
Flexible, signifie que le patronat peut
embaucher, saquer, déplacer, sous-payer,
exploiter à volonté la main-d’œuvre
embaucher. L’auteur a raison de
souligner que cette condition est
indispensable pour assurer la
profitabilité des entreprises
multinationales installées dans les pays
européens, l’UE formant un seul et même
marché transnational intégré et
globalisé, il est donc inutile de
dévaluer la monnaie commune pour forcer
la concurrence, à moins que cette mesure
vise à attirer vers les bourses
européennes des capitaux spéculatifs
venus prélever leur livre de chair à
même le labeur de la classe ouvrière.
L’auteur, faute de ne pas comprendre
que la résultante inévitable de ses
justes constats est qu’il est totalement
hors propos – sous peine de mort pour
les filiales d’entreprises
multinationales installées en France –
de tolérer « des mesures
d’urgence comme l’augmentation immédiate
du SMIC à 1700 euros bruts mensuels,
ainsi que dans les mêmes proportions les
minimas sociaux, les indemnités chômage,
et les minimums retraites, et surtout,
interdire les licenciements dans les
entreprises qui font des profits,
interdire également les délocalisations
dans le seul but de verser plus de
dividendes aux actionnaires alors que
l’entreprise est viable ». Mais où
se croit-il cet « objecteur de
croissance » ? Il voudrait
dicter les lois de l’économie politique
capitaliste aux capitalistes. Depuis
quand l’État bourgeois peut-il forcer la
diminution de la plus-value, et
légiférer pour la faillite des
multinationales apatrides ?
L’auteur en remet et pousse le
courage jusqu’à exiger « de
diminuer le temps de
travail (…)
Une 6e semaine de congés payés, voire 8
semaines, ainsi qu’une durée de travail
de 30h/semaine. En fait, il faudrait que
le travail disponible soit réparti entre
tous les ouvriers existants, cette
répartition déterminant la longueur de
la semaine de travail. Ne plus écouter
le discourt archaïque de la droite
patronale qui a toujours pleuré dans le
gilet de l’État lorsqu’il a fallu
qu’elle cède une partie de l’argent et
du pouvoir qu’elle a escroqués aux
citoyens comme en 1936 ».
Ces réclamations se retrouvent dans
le programme électoral de la gauche
bourgeoise. Un programme qui ne peut et
qui ne sera pas appliqué, par aucun
parti électoraliste de gauche. Et chacun
de ces partis électoralistes ou de ces
groupes altermondialistes ou de ces
«objecteurs de croissance» le sait fort
bien. S’il présente ces programmes
loufoques, c’est qu’il désire obtenir
quelques votes, en pensant que le jour
improbable où la bourgeoisie leur
proposera le pouvoir, ils feront comme
Syriza et
trahiront leur programme électoral,
sinon ils ne verront jamais Matignon,
l’Élysée, la Maison-Blanche, le 10
downing Street, ou le 20 rue Sussex de
l’intérieur (3).
Les « acquis » qui s’enfuient
Nous sommes aujourd’hui très loin du
temps bénis de l’État « providence »,
des fronts populaires, des fronts unis
démocratiques bourgeois et des alliances
de la gauche populiste et de ses
programmes communs. Le panorama ne
serait pas complet sans le couplet
proudhonien sur l’injustice distributive
de la richesse dans les sociétés
capitalistes déjantées « Si
on arrêtait de distribuer sans compter
de l’argent au MEDEF, premier assisté de
France, on trouverait de l’argent pour
financer tout ce dont on a besoin.
Sachant que la dernière tranche d’aide
de 25 milliards a abouti à la création
de seulement 100 000 emplois, soit 250
000 euros par emploi … de qui se
fout-on? Devant des inégalités
de plus en plus criantes, il devient
urgent pour la classe capitaliste
d’allumer des contrefeux » (4).
C’est vrai, les subsides que l’État
bourgeois verse à ses maitres
corporatifs servent à absorber leurs
concurrents, et à acheter de la
machinerie robotisée informatisée, à
accroitre la productivité du travail
salarié et à détruire des emplois
davantage qu’ils n’en créent. Mais
l’État bourgeois n’a pas le choix dans
ce monde globalisé où chaque concurrent
fait face à tous les autres,
l’actionnariat ayant le choix de ses
« retombées » d’emplois. De fait,
l’économiste préconise que le
capitalisme ne soit plus le capitalisme,
mais que nous demeurions sous le
capitalisme « rénover », tâche homérique
et désespérée. C’est sa contribution,
comme celle de toute la gauche
bourgeoise, pour tenter de sauver ce
mode de production moribond. Car le plus
triste dans cette affaire c’est qu’en
investissant pour augmenter la
productivité du travail salarié l’État
des riches ne fait qu’approfondir le
fossé dans lequel il s’est engagé. La
composition organique du capital ne fait
qu’augmenter et corrélativement le taux
de profits ne fait que diminuer.
Le fondement de la crise
économique systémique
Sous le mode de production
capitaliste – dont l’État n’est que le
porte-faix des ordres reçus du patronat
(et non pas le thuriféraire du citoyen
lambda que l’on ne consulte pas, surtout
s’il risque de voter du mauvais côté) –
la classe capitaliste a tous les droits,
et c’est son devoir d’assurer la
valorisation du capital (la livraison
des dividendes à l’actionnariat comme
l’écrit l’économiste). D’assurer, la
reproduction élargie de la plus-value.
La crise économique systémique ne
provient pas de la surproduction des
marchandises et/ou des capitaux. La
crise économique systémique de
décroissance ne provient pas d’une trop
forte « croissance » qu’il faudrait
« objecter ». La crise
économique systémique découle du fait
que les capitalistes mondiaux
parviennent difficilement à valoriser le
capital – à produire une abondante
plus-value. D’où, les panacées
financières monétaires boursières
cherchant à produire artificiellement de
la valeur d’échange sans création de
valeur d’usage… quelle absurdité.
Si l’économiste veut faire œuvre
utile pour sauver le capitalisme qu’il
explique aux capitalistes qu’ils
creusent leur tombe avec ces micmacs
alambiqués consistants à imprimer de
l’argent de pacotille, non adossé à des
valeurs marchandes représentant des
valeurs d’usage gorgées de surtravail
(5). Aucune tactique spéculative autour
« d’actifs boursiers dérivés » gonflés,
qui dégonfleront comme baudruche au
prochain choc financier, ne peut
fonctionner pour l’éternité.
L’État bourgeois et la
« politique de l’offre »
Revenons au concept d’État bourgeois
en qui la gauche bourgeoise place toutes
ses complaisances. L’État capitaliste
n’est pas l’État de tous les citoyens
(ces citoyens qui seraient fraternels,
libres, égalitaires, solidaires, etc.).
L’ÉTAT est l’appareil administratif – le
fonctionnariat exécutif – des
citoyens de la classe dominante, patrons
et propriétaires des moyens de
production, d’échanges, de communication
et de la finance. Sachant ceci l’auteur
a raison de souligner que les conditions
de vie et de travail se détériorent pour
les « citoyens » de la classe ouvrière
qui ne souffrent surtout pas de
« surabondance de biens et de
services ». Mais cela n’est pas la
conséquence de la décision du Président
de gouvernement – cette potiche –
courroie de transmission de l’État des
« citoyens » riches « d’opter pour
une économie de l’offre » (sic). Ça
n’existe pas une « économie de
l’offre ». L’économie capitaliste
est conçue pour reproduire le capital –
à l’infini –. Elle est construite pour
valoriser le capital, lui faire produire
non pas de l’offre ou de la demande,
mais pour produire de la plus-value qui
devra être réinvestie pour produire
encore plus de capital. Et cela dans
chaque pays capitaliste européen pour
reprendre l’exemple de l’auteur.
Voilà ce qui explique que les
politiques économiques de tous les pays
d’Europe sont identiques (sur le modèle
des autres pays capitalistes
incidemment). Ce sont des politiques
économiques capitalistes qui répondent
aux exigences présentes du mode de
production capitaliste en phase de crise
systémique. Et nulle part sur Terre ils
ne peuvent assurer la reproduction
élargie de la plus-value, sans attaquer
sa contrepartie – le travail nécessaire,
le salaire (direct et indirect). Les « objecteurs
de croissance » en
pourfendant ce qu’ils appellent le « consumérisme »
des pauvres et des travailleurs de la
misère, et en proposant que les salariés
se serrent la ceinture et consomment
moins, sont les portevoix des
capitalistes qui pensent eux aussi que
les journaliers gagnent trop – comparés
aux ouvriers de Chine et de l’Inde et
qu’ils devraient travailler plus pour
gagner moins.
Les
attaques systématiques contre les
salaires directs et indirects
Les attaques contre le salaire direct
des ouvriers sont bien identifiées par
l’auteur de l’article, ce sont
l’allongement du temps de travail,
l’intensification des termes du travail
(cadences, alternances), les hausses de
productivité par l’innovation
technologique, la robotisation et
l’informatisation des tâches. Les
attaques contre le salaire indirect, les
bénéfices marginaux, et la part du
salaire provisionnée par l’État sont
également bien identifiés par l’auteur.
C’est le report de l’âge de la retraite,
la diminution des prestations de
retraite et des allocations sociales, la
démolition des services publics (soins
de santé, médicaments, éducation et
formation, garderies) qui assurent la
reproduction élargie de la force de
travail.
C’est imparable. Tout État et toute
société capitaliste qui ne met pas ces
oukases en pratique (couper dans les
salaires et les « acquis » – réduire les
« avantages » sociaux – et les services
sociaux) est voué à sa perte. Voué à
voir ses concurrents capitalistes – les
multinationales d’en face – soutenus par
les États capitalistes adverses –
au service des monopoles ennemis,
absorber ou détruire les
monopoles de l’autre côté du mur de
verre qui sépare les conglomérats
impérialistes transnationaux. Par
contre, tout État qui applique ces
« remèdes » pour ramener les profits à
leur niveau antérieur court également à
sa perte.
Il faut cessez de répandre parmi la
classe ouvrière ces fumeroles à propos
des « acquis sociaux, et des concessions
arrachées dans les années 1936 ou
en mai-1968 ». En ce temps-là, au
sein même des forces productives des
pays capitalistes avancés il était
encore possible d’obtenir des « gains de
productivité » (lire, intensifier la
surexploitation de la force de travail
salarié), si bien que des concessions
temporaires étaient encore envisageables
pour le capital. En ce temps-là,
l’impérialisme mondial triomphant était
encore en expansion vers des continents
encore vierges des forces productives
capitalistes (contrairement à ce que
Lénine avait laissé entendre sur la fin
prématurée du capitalisme avec son
entrée en phase impérialiste suprême
décadente dès 1914). En ce temps-là des
milliards de paysans-artisans-métayers
restaient à métamorphoser en prolétaires
salariés surexploités. Ceci est
maintenant réalisé. Maintenant,
nous pouvons dire que la Terre entière a
été partagée (ce qui comprend la Chine,
l’Inde, le Brésil et l’Amazonie, La
Nouvelle Guinée-Papouasie, le Congo et
le Nigéria, etc.) entre les puissances
impérialistes et que seuls les
repartagent des marchés, des sources de
matières premières, de la rente
énergétique, des sphères financières et
des secteurs d’appropriation de la
plus-value prolétarienne sont possibles.
Il ne reste plus de terres nouvelles à
harnacher pour le système impérialiste
globalisé. Les dernières zones dans la
Russie et la CEI profonde, l’Inde et la
Chine profonde sont en cours
d’intégration, ce que ni Staline, ni
Gandhi, ni Mao n’étaient parvenus à
réaliser.
Le temps des
grands affrontements
Voici maintenant revenu le temps des
grands affrontements, classe contre
classe (comme en 1914, comme en 1939),
où les grands camps impérialistes
retranchés s’affrontent pour
savoir quelle alliance absorbera les
forces productives de l’autre camp et
ses capacités de valoriser le capital
par la surexploitation de la force de
travail de milliards de prolétaires qui
n’ont toujours – aujourd’hui comme hier
– que leurs bras à offrir pour survivre.
Il est faux de prétendre que
sous le mode de production capitaliste :
« Le seul but de l’activité
économique devrait être de satisfaire
les besoins de chaque membre de la
communauté, pas de créer des profits à
gogos », c’est impossible. Ce mode
de production n’a pas été conçu pour « satisfaire
les besoins communautaires ».
Une seule solution, détruire ce mode de
production qui n’existe que pour
reproduire le capital et donc faire
réaliser des « profits à gogos »
et en construire un nouveau.
Les
contrefeux
L’économiste a raison d’écrire que :
« Devant des inégalités de plus en
plus criantes, il devient urgent pour la
classe capitaliste d’allumer des
contrefeux : détourner l’attention de la
crise, par la dette, la menace
terroriste, etc.…Mais une des valeurs
sures des riches c’est de faire battre
les pauvres contre les plus pauvres, le
chômeur contre le précaire, le salarié
du privé contre celui du public… »
de tous les faire lutter contre les
mesures d’austérité et pour préserver
leurs « acquis » biens éphémères en
laissant croire que le prolétariat peut
gagner sur le terrain des réformes, ou
sur le terrain électoral.
Il n’y a qu’une porte de sortie pour
la classe ouvrière du monde entier – et
ce n’est pas de faire obstacle à la
croissance, ni à la décroissance, ni aux
politiques d’austérité, ce qu’elle
serait bien incapable de faire démunie
qu’elle est de tout pouvoir.
L’alternative c’est de comprendre que
toutes ces guerres pseudoantiterroristes
(les terroristes sont dans les
parlements et dans les officines de
l’État bourgeois) et toutes ces attaques
contre leurs conditions de survie et de
travail visent à faire tourner les
usines et à engranger les profits de
guerre et à permettre aux riches de
régler leurs comptes sur le dos de la
classe prolétarienne (6). Il faut donc
congédier les capitalistes et leur mode
de production moribond.
(1)
http://2ccr.unblog.fr/ Textes
de J.P Acasoca
http://2ccr.unblog.fr/search/acasoca
(2)
http://www.les7duquebec.com/ 7-dailleurs/la-flexibilite-na-jamais-empeche-la-hausse-du-chomage
Et
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/le-capital-fuit-les-etats-unis-et-lor-aussi/
(3)
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/en-grece-ce-qui-devait-arriver-est-survenu-comme-nous-lavions-prevu/
(4)
https://2ccr.wordpress.com/?s=temps+de+travail
(5) Robert Bibeau (2015) Le dessous
des cartes dans l’affrontement
russo-américain.
(6) Gérard Bad
(2015)
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/le-terrorisme-arme-du-capital-pour-son-industrie-de-guerre/
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