Opinion
La pauvreté volontaire des
nouveaux vicaires de l'économie
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Lundi 9 février 2015
Un débat fait rage parmi les bobos, les
poncifs économistes, les
altermondialistes et
les intellectuels altruistes
cloîtrés dans leur Tour d’Argent sur la
rue Saint-Jean et dans les bistros des
beaux quartiers de Paris, Montréal,
Londres, Berlin et New York.
Naomi Klein et Noam Chomsky, font
partie de cette fratrie des amis de la
petite bourgeoisie.
LA question qui
tue, LA question qui se pose à
l’humanité selon les poncifs des cafés
branchés
serait «Doit-on
dire NON à la croissance ? »
Reprenez votre souffle camarades –
bonnes gens à l’arrêt d’autobus qui
n’arrive pas, le ticket entre les dents
glacées – citoyennes surtaxées – SDF mal
logé – déshérités des soupes populaires
et des comptoirs alimentaires – petits
bourgeois surendettés – chômeurs
désespérés – assistés sociaux paupérisés
et ouvriers malmenés et surexploités.
Quelques poncifs
déconnectés de la réalité se
penche sur vos priorités et tels les
curés, ils vont trancher à propos de vos
désirs inavoués.
Pas un de ces bobos
alter mondiaux s’épivardant dans
La Presse
des
Affaires n’a remarqué que
l’économie capitaliste est en sursis,
qu’il n’y a plus de croissance réelle
(j’exclus
la surchauffe monétaire
inflationniste et l’enflure boursière
des actifs spéculatifs). Aucun de ces
plumitifs n’a noté qu’un krach boursier
de « décroissance » catastrophique
s’invite (1).
Et voilà ces intellectuels laïques
spéculant sur les relents de bonheur de
la décroissance et du misérabilisme
croissant des travaillants – pas
pour eux évidemment. Pour les plus âgés,
vous vous souviendrez des curés et des
vicaires d’antan qui discouraient devant
nos parents à propos de la misère
volontaire des riches souffrants de cet
argent mal acquise, courbant sous le
poids de ce patrimoine marchand spolié,
que le thuriféraire opposait au bonheur
du pauvre laboureur s’échinant sur sa
charrue de la barre du jour à la nuit
venue ?
Permettez que je
vous cite une fleur de ce jardin
d’universitaire. L’auteur sévit aux HEC
– la grande école de nos futurs
administrateurs capitalistes et
étatiques. La prose du servant va comme
suit : « Yves-Marie Abraham, cité
dans ce dossier [du journal
La Presse du 31 janvier 2015],
tenant de la décroissance, affirme que «
Ce modèle de croissance à tout prix
arrive à ses limites ». Tiens
j’avais cru comprendre que la croissance
était terminée depuis longtemps et pas
près de revenir. Mais où donc ce jésuite
a-t-il observé de la croissance ? Est-ce
auprès des malades qui attendent que le
ministre de la Santé réduise les temps
d’attente à l’urgence, ou auprès de ceux
qui n’ont toujours pas de médecin de
famille, malgré les promesses du
ministre Barrette ?
Les poncifs
économistes déblatèrent comme si
quiconque ici sur Terre avait le moindre
contrôle sur la croissance ou la
décroissance économique – et sur
l’évolution du mode de production
capitaliste. Pourtant, chaque
gouvernement aux parlements (à Québec et
à Ottawa) fait la preuve d’une totale
impuissance à contrôler quoique ce soit
dans la gouvernance économique de la
décroissance. Hier, Harper prétendait
équilibrer ses finances. Aujourd’hui, il
déchante puisque rien n’est assuré.
Barack Obama ne contrôle pas l’économie
américaine. Quel pouvoir de
planification de la
«croissance-décroissance» mondiale
possède monsieur Abraham ?
On croit rêver à la
lecture de ces billevesées déconnectées
de la réalité, de la misère des
quartiers, de l’endettement astronomique
des foyers et de la pauvreté des enfants
qui s’épand. C’est ce genre de mystique
volontariste qui a fait voter par
l’Assemblée nationale une loi pour
combattre la pauvreté au Québec dont
Québec Solidaire est si fier. Depuis ce
libellé avorté, la pauvreté ne cesse de
se développer dans la province de Québec
en crise systémique chronique.
On nous permettra
un dernier commentaire à propos des
idées étalées dans le bréviaire de
l’auteur de l’«Éloge de la richesse
». Ces fadas s’intéressent à l’indice de
bonheur et supputent qu’à : « partir
d’un certain niveau de PIB, il n’y a
plus de corrélation entre le bien-être
et la croissance économique,
prenant pour exemple le Québec, qui se
classe très bien dans cet indice de
bonheur de l’OCDE même si son PIB par
habitant est relativement peu élevé
» (2).
Il faudrait que
notre universitaire aille s’expliquer
devant les vieillards parqués, non
lavés, dans des résidences pour
personnes âgées, parfois molestées, mal
alimentées,
menacées, incendiées, taxées, qui
en viennent à réclamer la mort comme une
délivrance (et la petite bourgeoisie
guerroie pour adopter des lois qui leur
permette de se suicider).
Il est à combien l’indice de
bonheur dans ces mouroirs de la
providence ? Au lieu de prêchi-prêcha à
propos de la pauvreté volontaire et
plutôt que de spéculer pour savoir si la
«croissance économique» est un objectif
louable ou pernicieux ces économistes en
tricycle devraient tenter de comprendre
et de nous expliquer pourquoi la
croissance durable est tout simplement
impensable en économie capitaliste non
planifiée et anarchique, soumise aux
lois du profit maximum et de
l’accumulation optimum.
MANIFESTE DU PARTI OUVRIER :
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
POUR SE
DÉSINSCRIRE DE CETTE LISTE :
BIBEAU.ROBERT@VIDEOTRON.CA
(1)
http://plus.lapresse.ca/screens/d1bfc05f-c372-400c-a2d7-7c40742d6f96%7C_0.html
(2)
http://plus.lapresse.ca/screens/d1bfc05f-c372-400c-a2d7-7c40742d6f96%7C_0.html
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/la-pauvrete-volontaire-des-nouveaux-vicaires/
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