Opinion
Néonazis au pouvoir d'État en Ukraine
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 5 mars 2014
L'anarchie fasciste planifiée
Un observateur de la scène
politique internationale résume ainsi ce
qu’il observe en Ukraine ces jours-ci :
«Tout un tintamarre à Kiev, avec la
faune habituelle de mécontents qui, sous
les mots creux de liberté et démocratie
protestent contre la pauvreté,
l’ineptie, la corruption et une
vie qui n’est que survie. Ils ont été
encadrés par des bandes de malfrats et
d’agents provocateurs pour qui la casse
et le trouble deviennent pour un temps
le petit boulot le plus rentable et le
plus abordable» (1).
Ce descriptif, quoique
superficiel, est tout à fait réel, mais
ne serait-il pas plus intéressant de
gratter sous le verni médiatique pour
découvrir les véritables enjeux et les
forces en présence dans ce conflit
international impliquant deux alliances,
celle de l’OTAN (28 pays
sous-direction étatsunienne) et la
CÉI-Chine sous-direction russe et
chinoise (2)?
Nombreux sont ceux qui,
souhaitant prendre position dans le
drame ukrainien, s’exclament : «Entre
ces deux camps – celui de l’ex-président
Ianoukovitch prévaricateur, et l’actuel
pouvoir putschiste néonazi de
Tourtchinov-Iatseniouk on ne peut pas
rester indifférents et appliquer la
tactique du Ni-Ni, qui aboutit à
soutenir en dernier ressort un clan
impérialiste et consort» (3).
Le camp du Ni-Ni, comprend ceux
qui l’énoncent ouvertement et ceux qui
l’énoncent hypocritement, C'est un clan
favorable à la guerre impérialiste
dirigée par l’OTAN confrontant le camp
impérialiste de la CÉI-Russie sur la
défensive pour le moment (4).
Deux camps
impérialistes s'affrontent
En Ukraine, la question de la
montée du fascisme n’est pas un débat
ulcéré entre intellectuels
petits-bourgeois, piliers de café. En
Ukraine, présentement, les puissances
impérialistes occidentales mènent une
attaque frontale contre les ouvriers du
monde entier dans les trois instances
concomitantes, c’est-à-dire dans
l’instance économique, politique et
idéologique-médiatique. Je m’explique.
C’est dans l’instance
politique-diplomatique-militaire que les
puissances occidentales (OTAN) mènent
l’attaque contre l’alliance concurrente
(CEI-Russie-Chine) sur trois fronts
géopolitiques interdépendants. À la fois
sur le front de l’Occident, mais
aussi sur le front
ukrainien-russe, ainsi que sur le
front d’une série d’autres pays de
leur
périphérie.
******
Dans tous les pays occidentaux,
le grand capital monopoliste renforce
son appareil étatique policier
par des lois antigrèves, des lois
anti-démocraties bourgeoises – contre
les libertés d’expression – d’opinion –
de réunion – de manifestation – de
publication – d’affichage. Partout, les
États occidentaux ainsi que les États de
la CÉI Russie-Chine renforcent leurs
appareils policier, judiciaire et
carcéral de répression en prévision de
briser la résistance ouvrière sur le
front économique de la lutte de classe,
quand la grave crise financière aura
tant appauvri la classe ouvrière et la
petite bourgeoisie que des révoltes et
des soulèvements éclateront à tout vent
(en voir la préfiguration en Grèce,
Chypre, Espagne, Portugal). En Occident,
ce seront les États policiers –
conservant le plus souvent un verni
électoraliste bourgeois – qui dirigeront
l’écrasement des révoltés (assistés
parfois par quelques groupements
néonazis sortis tout droit des officines
d’espionnage).
La raison en est simple, les
miettes qui resteront après la crise
systémique permettront de tempérer
quelque peu les souffrances d’une
portion de la populace apaisant d’autant
la révolte des gueux qu’il ne sera
peut-être pas requis de massacrer
jusqu’au dernier. Les petits-bourgeois
sont déjà à l’emploi et proposent toute
une série «d’actions anti-austérité»
comme de signer des pétitions pour
demander justice et équité; de voter
pour un planqué moins compromis que son
vis-à-vis jusqu’à ce qu’il ait mis la
main, lui aussi, dans l’assiette aux
biscuits… et autres pusillanimités et
enfantillages de paumés.
*****
Parallèlement à cette montée des
États policiers en pays fortement
industrialisés, on assiste, à
l’installation dans les pays dominés de
la périphérie (pays intégrés à une
alliance militaire ou à une autre) de
gouvernements carrément fascistes sans
aucun vernis électoraliste bourgeois car
dans ces pays du glacis des deux empires
l’indigence est si grande parmi
ces peuples dominés (Slaves-Ukrainiens,
Sémites-Arabes, Persan, Pachtoune,
pakistanais, bengali, soudanais,
somalien, africains), que les
soulèvements seront farouche et les
sous-fifres fascistes locaux auront pour
mission de faire exemple et d’apprendre
aux révoltés ce qu’il en coûte de faire
trembler leurs maîtres ostracisés (voir
les néo-nazis dans le gouvernement de
Kiev (5).
Là-bas, dans ces tiers-mondes de
misère, à des kilomètres des métropoles
d’Occident, il sera superflu de prendre
des gants pour massacrés les révoltés :
«Tués les jusqu’au derniers. Dieu
reconnaîtra ses préférés! ». Cette
tactique pour préserver leurs
néo-colonies intégrées et développées
est déjà appliquée. Dès l’effondrement
de l’empire social impérialiste
soviétique, les pays baltes ont vu
ressurgir les organisations nazies et
des lois racistes et fascistes
antirusses et anticommunistes ont été
imposées. Puis l’Europe de l’Est y ait
passée, et elle fut mise au pas de
l’exploitation esclavagiste
dégénérée comprenant la traite
des blanches, le trafic d’organes et le
commerce de la drogue. La dernière
dépecée, la Yougoslavie-Serbie, ne s’en
est pas encore remise.
Puis ce fut au tour des pays du
Proche et du Moyen-Orient que d’être
envahi pour y installés des
gouvernements militaires fascistes de la
bonne allégeance. L’Afghanistan, où les
choses n’ont pas tourné comme escompter,
mais dont les talibans seront finalement
recrutés comme auxiliaires armés dirigés
contre la CÉI (Mission : faire sauter
les oléoducs approvisionnant la Chine).
L’Irak, neutralisé et balkanisé. Dans la
péninsule arabique la tâche était déjà
complétée et il ne restait qu’à
consolider les pouvoirs
militaires-fascistes des sultans et des
émirs à la solde au Bahreïn et au Yémen.
Ce qui fut fait. Par contre au Liban, en
Syrie et en Iran le camp impérialiste
adverse (CEI-Chine) maintient ses
dépendances et aujourd’hui il influence
tout ou partie de ces États traumatisés,
boycottés et menacés.
Le « Printemps arabe »
aura permis au camp de l’OTAN de se
faire la main sur la façon de récupérer
des mouvements spontanés de salariés et
de les retourner contre les ouvriers
enragés. Partout, dans le nord de
l’Afrique le pouvoir militaire; soit
sous tutelle des armées officielles;
soient sous l’emprise de groupes
djihadistes criminels; tire les ficelles
et mène la répression fasciste contre
les populations désemparées.
Depuis les affaires somalienne,
malienne et soudanaise (un autre État
partitionné) le travail d’implantation
et/ou de consolidation des pouvoirs
militaires fascistes est en cours dans
la corne de l’Afrique et dans toute la
zone subsaharienne où de petits généraux
en goguette ont installé leur pouvoir
d’opérette avec la consigne de maintenir
la bourgeoisie locale compradore dans
l’Alliance — Africom et d’écraser
dans le sang tout soulèvement populaire
des gueux miséreux, des chômeurs, des
paysans et des salariés (Centre Afrique,
Afrique du Sud, Éthiopie, Nigéria,
Cameroun).
Que faire ?
Quel doit être la position des
progressistes, des ouvriers ukrainiens
et des ouvriers du monde entier au
milieu de ce salmigondis? Soutenir une
bande de truands contre un clan de
brigands? Non évidemment ! Deux
vecteurs devraient diriger notre
jugement :
A) Quelle est
l’intérêt de la classe ouvrière – la
seule classe révolutionnaire – le sel de
la terre et l’espoir de l’humanité?
B) Que nous
enseignent la théorie et la science de
la lutte ouvrière dans cette situation
singulière afin de nous forger une
tactique et une stratégie actuelle —
concrète — dans cette situation
contemporaine inédite?
Lénine a écrit ceci : «Lorsqu’un
Allemand sous l’empereur Guillaume, ou
un Français sous Clémenceau dit : “j’ai
le droit et le devoir, comme socialiste
de défendre la patrie si l’ennemi
envahit mon pays”
ce n’est pas là le raisonnement
d’un socialiste ni d’un
internationaliste ni d’un prolétaire
révolutionnaire, mais d’un nationaliste
petit-bourgeois. Car dans ce
raisonnement disparaît la lutte de
classe révolutionnaire de l’ouvrier
contre le capital ».
Ceci nous suffit. Le choix du
prolétariat ukrainien est simple, subir
une guerre inter-impérialiste
(OTAN-CEI-Russie) où il servira de chair
à canon pour servir les intérêts d’une
puissance envahissante ou d’une autre;
ou alors, mener sa propre guerre
populaire pour faire sa propre politique
et chasser la bande de sous-fifres
néo-nazis installée au pouvoir à Kiev.
Sans plus attendre, partout en
Ukraine, tout progressiste qui se
respecte doit entreprendre la lutte,
jusqu’à y compris la lutte armée, contre
le pouvoir fasciste – illégale et
illégitime – de Kiev. Pouvoir néo-nazi
qui se propose de voter des lois
opprimant les russes, interdisant
les communistes, et promouvant les
anciens escadrons de la mort SS-Nazi
châtiés par le peuple ukrainien au cours
de la Seconde Guerre mondiale. Partout,
dans le monde entier, tout Partisan de
gauche se doit de saluer et d’encourager
le soulèvement armé des ouvriers
ukrainiens opposés à l’établissement du
pouvoir fasciste à Kiev.
Pour information
http://www.robertbibeau.ca/Palestine.html
1.
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-partition-de-lukraine-le-piege-de-lours/
2. La Communauté des États Indépendants
http://fr.wikipedia.org/wiki/ Communaut%C3%A9_des_%C3%89tats_ind%C3%A9pendants
et
http://allainjules.com/2014/03/03/alerte-info-troubles-en-ukraine-la-russie-et-la-chine-en-accord-sur-lukraine/
3.http://www.mondialisation.ca/europes-autrefois-brune-et-rouge-et-maintenant/5366467
4. Manœuvres de
l’OTAN auxquelles sont conviées l’armée
ukrainienne : « Les ministres ont ainsi
traité le thème central de la
Connected Forces Initiative, qui
prévoit une intensification de
l’entraînement et des manœuvres qui,
conjointement à l’emploi de technologies
militaires toujours plus avancées,
permettra à l’OTAN de maintenir une
grande “promptitude et efficience dans
le combat”. Pour vérifier la
préparation, se déroulera en 2015 une
des plus grandes manœuvres OTAN “live”,
avec la participation de forces
terrestres, maritimes et aériennes de
toute l’Alliance. La première d’une
série, que l’Italie s’est offerte
d’accueillir. »
http://www.mondialisation.ca/la-nouvelle-strategie-de-guerre-de-lotan/5371312
5. http://www.mondialisation.ca/qui-sont-les-nazis-au-sein-du-gouvernement-ukrainien/5371703
Le sommaire de Robert Bibeau
Le dossier Ukraine
Les dernières mises à jour
|