Opinion
Le cantique de Joseph Stiglitz
l'économiste toxique
Robert Bibeau
Mercredi 3 décembre 2014
Les chimères que la bourgeoisie et les
médias à sa solde construisent dans la
tête des salariés (90% de la population
active) sont tenaces et les ouvriers qui
malheureusement ont ingurgité ces
préjugés ne les abandonnent pas
facilement. Chaque jour nous devons
reprendre notre travail d’information
face à la désinformation venue des cités
universitaires Nobélisées.
L’économie commande à la politique et
non l’inverse
Ainsi, un mythe que
les économistes bien-pensants, ce qui
comprend Joseph Stiglitz prix
Nobel d’économie et Thomas Piketty
l’économiste altruiste, répandent
abondamment concerne l’asservissement de
l’économie par le politique. Les
gouvernements de par le monde appliquent
tous des politiques plus ou moins
sévères d’austérité ce qui serait la
source de la présente crise économique
et sociale.
Ce dont s’émeut l’économiste
Stiglitz qui déclare : «Le monde
est aujourd’hui aux prises
avec
une terrible maladie qui ravage
notamment l’Europe et les États-Unis :
l’austérité» (…) «Nous savons
pourtant, depuis la
Grande Dépression, que l’austérité
ne fonctionne pas. Le Fonds monétaire
international [FMI] en a refait la
démonstration plus récemment [lors des
dernières crises monétaires] en Amérique
latine et en Asie, et c’est à nouveau le
cas actuellement en Europe. Ce qui est
stupéfiant, c’est
qu’autant de dirigeants politiques
continuent malgré tout d’appuyer ces
politiques discréditées, même si des
voix aussi conservatrices que le FMI
leur disent aujourd’hui que leur
austérité est dangereuse et qu’il faut
s’occuper de toute urgence de stimuler
l’économie. C’est comme si les
gouvernements avaient cessé d’écouter»
(1).
Un simple badaud
pourrait-il rappeler à l’éminent
économiste que la maladie qui ravage
l’Europe, et l’Amérique du Nord, ainsi
que les autres pays du monde
capitaliste, ce n’est pas l’austérité,
c’est la
récession économique pour cause de
surproduction de marchandises faute de
marchés où les écoulées. Des tonnes de
marchandises dorment dans les entrepôts,
sur les docs, dans les magasins, alors
que nombre d’usines fonctionnent à la
moitié de leur capacité et que la misère
s’épand comme du chiendent.
Les politiques d’austérité
sont des conséquences de cette crise de
surproduction qui interdit de
réaliser la plus-value, objet du
développement économique capitaliste.
L’austérité ce sont
des mesures administratives et
législatives que les politiciens aux
ordres du grand capital sont contraints
de mettre en œuvre. Le politicien qui ne
s’y soumet pas est aussitôt chassé du
pouvoir. Que les manifestants des
parades aux casseroles se le tiennent
pour dit, il faudra davantage que des
marches festives pour faire reculer les
gouvernements de leurs prérogatives au
service des riches.
Quelqu’un
pourrait-il expliquer au Nobel
d’économie que les gouvernements et les
gouvernants bourgeois n’ont pas
spécifiquement vocation d’imposer ou
d’empêcher les mesures d’austérité, non
plus que de réguler l’économie, ni
d’atténuer la pauvreté, non plus que
d’assurer une plus juste distribution du
capital entre les capitalistes et les
ouvriers comme le susurre l’économiste
de «gauche», ex-conseiller du Président
Bill Clinton du
temps où justement l’industrie
américaine délocalisait ses usines vers
l’Asie sous les yeux ébaubis de
l’illustre économiste.
Les causes de la crise et de
l’austérité, son compagnon d’infortune
L’économiste
Thomas Piketty a lui aussi publié un
gros pavé à propos de l’injustice
distributive de l’économie capitaliste
sans que cela ne change le moindrement
les politiques des gouvernements (2).
Faut-il rappeler que sous le mode de
production capitaliste l’argent, la
richesse, le capital, a toujours
tendance à se concentrer – à s’accumuler
– s’agglutiner – à un pôle du spectre
social et à s’amenuiser – s’anémier – à
l’autre extrémité, là où les gens
sont paupérisés.
Présentement, le
problème économique n’est pas que le
capital se concentre entre
les mains du 1 % les plus riches
de la planète. Ce capital, qu’accumule
les rentiers – tondeurs de coupons
milliardaires – est du capital fictif –
bidon – une création évanescente de la
spéculation boursière. Tout ce fatras
s’envolera aux premiers vents de la
dépression. La source de la crise
économique qui appelle les mesures
d’austérité tant décriées c’est que
le capital industriel réel ne parvient
plus à se valoriser et à se reproduire
(élargie) en faisant suinter de la
plus-value des bras des ouvriers,
d’où les mesures d’austérité de l’État
des financiers courant au secours de la
«providence» de ces pays de cocagne en
déperdition.
Le professeur
Stiglitz constate : «L’accroissement
des inégalités de revenus va de pair
avec un accroissement des inégalités
politiques. Notre démocratie s’en
retrouve déformée» (3). Professeur
Stiglitz, auriez-vous noté que
cet accroissement des «inégalités»
a débuté sous le Président Reagan
et s’est poursuivi sous Bill Clinton,
votre patron à la Maison-Blanche ?
Depuis la naissance
du capitalisme, il n’y a jamais eu
d’égalité économique entre les
capitalistes et les travailleurs et il
n’y a jamais eu d’égalité politique
entre ceux qui monopolisent le capital,
les moyens de production, les commerces,
les moyens de communication, le pouvoir
politique et financier et ceux qui ne
possèdent que leur force de travail –
leurs bras salariés à vendre à vil prix
– pour survivre.
Il y a cent ans,
lors de la
Grande dépression de 1929 la
démocratie des riches se résumait à
poser une croix sur un bulletin de vote
tous les quatre ans afin de trancher qui
de l’équipe des riches Conservateurs ou
des riches Libéraux; des riches
Républicains ou des riches Démocrates
allaient gouverner le pays dans
l’intérêt de sa classe et de sa clique.
En 2014, rien n’a changé monsieur
Stiglitz. Pourquoi donc votre émoi à
propos de la démocratie
pervertie ?
Le Professeur
Stiglitz
mystifie la réalité économique
Voici que le
philosophe Stiglitz observe que :
«Si on peut vendre des produits
toxiques, comme la cigarette, qui tuent
des gens, on peut aussi vendre des idées
toxiques, comme l’austérité»(4).
L’austérité n’est pas une idée ni un
concept. L’austérité est une série de
mesures politiques et économiques non
pas de droite, ni de gauche, puisque
tous les gouvernements, de gauche comme
de droite, imposent des mesures
d’austérité. Les bobos, les rentiers,
les bureaucrates syndicaux, les employés
de la fonction publique ont beau voter à
gauche, au centre, ou à droite, rien n’y
fait, les mêmes mesures d’austérité sont
imposées par tous les gouvernements.
Pourquoi ?
Le Nobel d’économie, ex-conseiller
politique de Bill Clinton au
début de la crise systémique du
capitalisme prétend que tout cela serait
la conséquence des penseurs de droite
qui essaimeraient leurs solutions bidon
aux gouvernants et aux gouvernés. Cette
aporie n’est que fumisterie. Les
populations «votantes» (ce qui excluent
de plus en plus d’ouvriers et de jeunes
qui n’ont plus confiance dans ces
mascarades électorales) ont beau
protester, changer de Président ou
d’attelage au gouvernement, rien n’y
fait, les politiques d’austérité sont
imposées année après année.
L’économiste a beau
constater la dégradation des conditions
de vie du peuple il ne parvient pas à
comprendre les causes de ces
souffrances. Il déclare : «L’Italie
ne s’est jamais portée aussi mal depuis
les années 30. Les économies grecque et
espagnole sont objectivement en
dépression. Les millions de chômeurs
européens sont un spectaculaire
gaspillage de capital humain dont le
continent ne se remettra pas avant 10
ans (…) puis il ajoute la richesse
médiane des familles américaines a
reculé de 40 % depuis la crise et est
revenu à ce qu’elle était il y a deux
décennies.» (5) Tout cela est vrai,
mais pourquoi en est-il ainsi professeur
?
Toujours aussi
inconscient, l’expert ajoute : «La
faillite de Léman Brothers et la
Grande Récession ont provoqué un
déchaînement de promesses de changements
dans le fonctionnement du secteur
financier, comme de l’économie en
général. Les progrès ont été décevants.
Certaines règles ont été resserrées,
mais le monde bancaire en est ressorti
encore plus concentré qu’il ne l’était.
La récente découverte de la manipulation
du Libor - un indice au cœur de
l’immense marché des produits dérivés -
et la restructuration chaotique de la
dette grecque ont montré comment le
fonctionnement de la finance échappe
encore à presque tout le monde.» (6)
L’économiste
Stiglitz
aurait-il une prémonition ?
Voilà que notre
économiste indolent s’approche
innocemment de la vérité. Mais comme son
constat est inconscient et que sa
mission idéologique et politique est de
raviver l’espoir de «réformer
le capitalisme»,
à contrario de ceux qui veulent
le renverser et l’abolir, le professeur
de l’Université Columbia ne tire pas les
conséquences de sa condescendance qu’il
tente aussitôt de dissimuler comme une
tare imprudemment dévoilée.
C’est que
l’économie politique capitaliste est
régulée par des lois immuables
auxquelles les économistes et les
conseillers, les larbins politiciens et
les capitalistes financiers doivent se
plier. Nul n’a la possibilité d’y
échapper, quelle que soit leur volonté
réelle ou affectée.
Maître Stiglitz,
l’économiste bourgeois, dévoile sa
totale ignorance de ces lois
économico-politiques quand il déclare :
«Si la crise de l’euro a forcé les
gouvernements européens à reconnaître
certaines lacunes de leur ambitieux
projet, il leur manque toujours une
union bancaire, une union budgétaire,
une stratégie de croissance commune ou
encore une politique industrielle
commune» (7).
Qui dira à
Joseph Stiglitz que
l’Union européenne s’est dotée d’une
politique économique, financière,
bancaire, budgétaire et industrielle
commune. Même que les politiques de l’UE
sont communes, non pas seulement aux
pays européens, mais à tous les pays du
glacis impérialiste mondial. Les
multiples
accords de libres-échanges et les
traités de commerce international,
que tous les pays impérialistes signent
entre eux vise justement à
harmoniser ces différentes politiques
économiques et industrielles afin
que tous les pays capitalistes enfermés
dans une seule et unique économie
globalisée, mondialisée,
internationalisée assurent la reprise –
non pas de la prospérité – non pas de la
croissance – non pas de la justice
sociale (sic) – non pas de la fin de la
misère, du chômage, et de la pauvreté –
mais bien pour la reprise de la
valorisation et de l’accumulation de la
plus-value et du Capital (C) pour la
classe des grands prédateurs
impérialistes internationaux (8).
Le reste des
élucubrations de la sommité nobélisée
n’est que péroraisons et incantations
d’un économiste fumiste grassement payé
pour endoctriner les ouvriers
sous des monts de piété. Il y a
un siècle cette mission relevait du
sacerdoce, aujourd’hui, ce sont les
clercs plumitifs qui assurent l’homélie
pour le salut de la patrie (sic).
Le mieux que peut
faire la classe ouvrière est de se taire
et de laisser braire les parlementaires
et de poursuivre sa résistance gréviste
aux assauts du capital et de se préparer
idéologiquement et politiquement à sa
mission révolutionnaire.
(1)
http://m.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/375627/l-austerite-quelle-idee-toxique
(2)
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/leconomiste-marxiste-et-le-chef-detat-normal/
et
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/pour-en-finir-avec-piketty-et-ses-heresies/
(3)
http://m.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/375627/l-austerite-quelle-idee-toxique
(4)
http://m.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/375627/l-austerite-quelle-idee-toxique
(5)
http://m.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/375627/l-austerite-quelle-idee-toxique
(6)
http://m.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/375627/l-austerite-quelle-idee-toxique
(7)
http://m.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/375627/l-austerite-quelle-idee-toxique
(8)
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/les-vrais-patrons-sont-derriere-les-rideaux-quatre-traites-inegaux/
Pour un complément d’analyse économique
et politique :
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
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