ISM
Les vrais terroristes de Jérusalem-Est
occupée
Rima Najjar
Des
Palestiniens attendent au checkpoint
militaire israélien de Qalandiya,
qui sépare Jérusalem-Est de la
Cisjordanie .
(Photo: Tamar Fleishman, PC)
Mardi 27 juin 2017
Jérusalem-Est est occupée par Israël.
Elle est aussi illégalement annexée.
Elle est aussi illégalement séparée du
reste de la Cisjordanie occupée par un
mur illégal. A Jérusalem, Israël se
targue d’avoir 220.000 colons juifs
illégaux sur des terres confisquées à
300.000 habitants palestiniens qui sont
maintenant sans terre (source de cette
information en anglais
ici). Tout ceci est légalisé par la
jurisprudence d’Israël, mais jamais
légitimé car ses violations
fondamentales des droits humains sont
inscrites dans la loi d’occupation
militaire.
Bien que les
Etats-Unis et Israël rejettent
tous deux le concept de terrorisme
d’Etat (c’est-à-dire les actes de
violence pratiqués par les organismes
officiels de l’Etat), les politiques et
des actions d’Israël à Jérusalem-Est
décrites ci-dessus devraient être
considérées comme des activités
terroristes. Les activités violentes
d’Israël sont préméditées, de nature
politiques et elles visent des civils,
soit tous les facteurs généralement
acceptés pour constituer des éléments du
terrorisme.
La nature de la violence d’Israël à
Jérusalem (ainsi que dans les autres
territoires palestiniens occupés de
Cisjordanie et de la Bande de Gaza) est
soulignée par l’effacement
extrajudiciaire et brutal des
Palestiniens qui exercent leur droit
internationalement reconnu à résister,
comme le stipule la Résolution de
l’Assemblée générale des Nations Unies
A/RES/33/24 du 29 novembre 1978 :
« 2. Réaffirme la légitimité de la
lutte des peuples pour l’indépendance,
l’intégrité territoriale, l’unité
nationale et la libération de la
domination coloniale et étrangère et de
l’occupation étrangère par tous les
moyens en leur pouvoir, particulièrement
la lutte armée ; »
Israël a un long passif d’assassinats
extrajudiciaires de Palestiniens dans et
hors de Palestine, et une toute aussi
longue histoire de tentatives pour
empêcher les journalistes de les
révéler. Au fur et à mesure que la
résistance palestinienne se renforce,
les exécutions extrajudiciaires d’Israël
se multiplient :
« Depuis octobre 2015, Human Rights
Watch a documenté les nombreuses
déclarations d’hommes politiques
israéliens de premier plan, dont le
ministre de Police et le ministre de la
Défense, demandant à la police et aux
soldats de tirer pour tuer des
attaquants suspects, indépendamment du
fait que la force létale est
effectivement strictement nécessaire
pour protéger la vie. » (Israël/Palestine
: Des responsables israéliens ont
encouragé les forces de l'ordre à «
tirer pour tuer »).
AAlors, que penser des incidents qui ont
eu lieu le 16 juin 2017, lorsque trois
jeunes palestiniens ont apparemment mené
deux attaques contre la police
israélienne à Jérusalem ?
L'omniprésence insupportable de l'armée
d'occupation israélienne
« Deux
Palestiniens ont été abattus après avoir
ouvert le feu et tenté de poignarder un
groupe d’officiers de police israéliens
vendredi soir, a dit la police. Dans une
autre attaque, un Palestinien a
mortellement poignardé une policière des
frontières avant d’être abattu par la
police (…). Le groupe Etat islamique a
revendiqué la responsabilité du coup de
poignard mais l’organisation militante
palestinienne Hamas et le Front
populaire de libération de la Palestine
(FPLP) ont déclaré que les trois
attaquants étaient membres de leurs
groupes. Les médias palestiniens ont dit
que les trois hommes sont del Ankush 18
ans, d’un village près de Ramallah,
Bra’a Salah, 18 ans, du même village et
Amar Bedui, 31 ans, d’Hébron.
« Depuis septembre 2015, des
assaillants palestiniens ont tué 42
Israéliens, 2 Américains en visite et un
étudiant britannique, principalement par
des attaques au couteau, par tir et par
véhicule. Dans le même temps, environ
250 Palestiniens ont été tués par des
tirs israéliens. Israël a identifié la
plupart d’entre eux comme des
attaquants.
« Israël accuse des leaders
politiques et religieux palestiniens
d’incitations à la violence amplifiées
par les sites médiatiques qui glorifient
la violence et encouragent les attaques.
« Les Palestiniens disent qu’elle
provient de la colère accumulée pendant
des décennies de domination israélienne
dans un territoire qu’ils revendiquent
pour leur Etat. » (The
Guardian).
L’extrait de The Guardian
ci-dessus expose toutes les dimensions
de la tragédie, mais dans le mauvais
ordre. La référence à l’Etat islamique
se trouve en position de sous-titre de
l’article, « Trois Palestiniens armés de
couteaux et d’une arme à feu artisanale
ont lancé deux attaques et ont été
abattus dans une attaque revendiquée par
l’Etat islamique », mais la réfutation
de cette affirmation est enterrée à
l’intérieur du récit.
Le côté israélien de l’article est tout
au début, le côté palestinien est
littéralement à la dernière ligne.
Il est dit des trois jeunes impliqués
qu’ils sont « entrés à Jérusalem par
la Cisjordanie », comme si
Jérusalem-Est illégalement occupée et
annexée n’était pas une partie de la
Cisjordanie et comme si le village de
ces jeunes gens, Deir Abu Mash’al (Dayr
Abu-Mashal/Meshal), au nord-ouest de
Ramallah, ne subissait pas le même sort
de confiscation de terre par Israël et
les colonies juives qui l’entourent que
Jérusalem-Est.
Voici quelques informations qu’on peut
trouver sur le site en ligne du village
et qui vous permettront de tirer
vous-mêmes les conclusions :
« Le gouvernement israélien a
confisqué des centaines de dunums de
terres à Deir Abu Mash’al pour ouvrir la
rocade israélienne n° 465. Cette route
est construite et ouverte pour relier
les unes aux autres les colonies
israéliennes qui encerclent le village.
La vraie menace des routes de
contournement réside dans la zone tampon
créée par les forces d’occupation
israéliennes (FOI) le long de ces
routes, zones qui font jusqu’à 75m de
chaque côté. »
Deir Abu Mash’al (Dayr Abu-Mashal/Meshal),
Ramallah gov.)
En toute justice, nous devrions
condamner les instigateurs de la
violence à Jérusalem, l’oppression
brutale et l’effacement des Palestiniens
destinés à assurer le « caractère juif
», c’est-à-dire le « droit » d’Israël à
exister en tant qu’Etat juif sur des
terres volées. Nous devrions faire ce
que l’Assemblée générale des Nations
Unies a déjà fait (A/RES/33/24
du 29 novembre 1978)
:
« 10. Condamne vigoureusement tous
les gouvernements qui ne reconnaissent
pas le droit à l’autodétermination et à
l’indépendance de tous les peuples
encore assujettis à la domination
coloniale et étrangère, notamment les
peuples d’Afrique et le peuple
palestinien. »
Rima Najjar,
militante pour la justice en Palestine,
est chercheur et professeur retraitée de
littérature anglaise à l’Université Al-Quds,
en Cisjordanie occupée, Palestine. Cet
article a été publié en anglais le 18
juin 2017 sur The Palestine Chronicle.
Source :
The Palestine Chronicle
Traduction : MR
pour ISM
Les dernières mises à jour
|