Palestine
« Notre programme est simple :
nous voulons la Palestine du fleuve à la
mer »
Dr Ramadan Shallah

Lundi 28 décembre 2015
Extraits du discours du Dr. Ramadan
Shallah, secrétaire général du mouvement
du Jihad Islamique en Palestine, à
l’occasion du premier congrès des
prédicateurs musulmans : « Soutiens le
« voyage nocturne » de ton prophète ».
Au Nom de Dieu, le
Clément, le Miséricordieux
….
Permettez-moi d’abord de saluer les
jeunes de la vaillante Intifada, et
toutes les masses de notre peuple dans
al-Quds, al-Khalil, en Cisjordanie, dans
la patrie volée en 1948, dans la bande
de Gaza toujours en résilience et
endurante face au blocus, et dans
l’exil.. comme je salue les masses de
notre nation arabo-islamique.
Nous avons
grandement besoin d’être inspirés par
l’esprit du messager de Dieu, prières et
saluts de Dieu sur lui, par son parcours
exaltant, ses nobles paroles, son
message éternel, celui de l’Unicité, de
la miséricorde et de l’humanité…
Comme avons-nous
besoin de ta patience et ta
persévérance, ô messager de Dieu ; afin
que nous puissions affronter et résister
aux tempêtes qui soufflent sur la nation
de l’islam, qui se trouve aujourd’hui à
la traîne des nations et qui risque de
sombrer d’un abîme à l’autre….
La destruction et
la ruine sont le présent, et le sang
coule à flots, l’oppression et
l’agression se répandent ; la peur et
l’épouvante ont pénétré dans la nation,
et la terre arabo-islamique est devenue
le lieu et le terrain de conflits entre
les intérêts régionaux et
internationaux.. Nos patries sont
devenues la scène du jeu des nations, et
notre religion est en danger, tellement
les atrocités lui ont été chargées. Nous
sommes arrivés au point où Israël n’est
plus l’ennemi.. Nous avons commencé à
nous inventer des ennemis à l’intérieur
de notre nation, et certains commencent
à considérer que le combat contre
l’autre partie, quelles que soient son
importance et sa caractéristique, est
prioritaire au combat contre les
sionistes en Palestine !
C’est cela la perte
de la boussole et la perte de la
direction, c’est cela l’égarement et la
déroute même.
D’où l’importance
de l’Intifada en Palestine, l’Intifada
al-Quds, qui a surpris le monde et
embarrassé beaucoup, qui a redonné la
considération à la Palestine, après que
le monde lui ait tourné le dos ou
presque. Elle pourrait contribuer à
ajuster la direction, à remettre le
wagon sur le rail correct en direction
de la Palestine et d’al-Quds. ..
J’évoquerai ici les
messages portés par l’Intifada, que je
résume comme suit :
1 – le message de
l’Intifada au monde entier dit : je suis
la Palestine, je suis al-Quds, je ne
peux être oubliée ni ignorée. Que vous
vous occupiez de toute question, de tout
problème, la roue tournera et vous
reviendrez au point zéro, et découvrirez
que vous êtes face à la question du
siècle, la question de la Palestine et
de sa tragédie.
2 – le deuxième
message dit que la génération de
l’Intifada est la génération de Ussama
bin Zayd, qui rappelle le lien entre le
messager, prières de Dieu sur lui, avec
la Palestine, notre première Qibla et le
trajet du « voyage nocturne » de notre
prophète vers le ciel. Le messager,
prières de Dieu sur lui, a répété ses
recommandations alors qu’il était sur le
lit de la mort : « Envoyez Ussama » pour
combattre les Rums en Palestine ; Abu
Bakr as-Saddiq, que Dieu soit satisfait
de lui, a exécuté la recommandation du
messager de Dieu, et a lancé la campagne
de Ussama, qui a dirigé l’armée, alors
qu’il avait à peine 18 ans. Le messager
de Dieu, que les prières de Dieu soient
sur lui, a insisté pour que Ussama
prenne la direction de l’armée, alors
que son père Zayd était l’un des
dirigeants martyrs de la bataille de
Mu’ta, afin de relier les générations.
Le père est tombé martyr, le fils a pris
la relève en tant que dirigeant d’une
armée composée de plusieurs grands
compagnons, que Dieu soit Safisfait
d’eux. Vous, les jeunes de la Palestine,
vous êtes la génération de Ussama et de
la campagne d’Ussama. Même si tous les
Arabes et musulmans ne la rejoignent
pas, le peuple de Palestine et les
jeunes de Palestine ne la manqueront
pas.
3 – le troisième
message est adressé au monde
arabo-islamique, et notamment à ces
Etats et gouvernements qui accourent
vers Israël pour que ce dernier les
protège dans les circonstances troublées
ou enflammées dans la région. Le message
de l’Intifada à ceux-là est : Israël que
vous pensez capable de vous protéger ne
peut se protéger lui-même, contre les
couteaux et les ustensiles de cuisine
avec lesquels le peuple de Palestine se
défend, par ses jeunes gens et jeunes
filles dans l’Intifada al-Quds. Israël
peut conclure la paix avec des régimes
et des gouvernements… il peut ouvrir une
ambassade ou un consulat, ou bien lever
le drapeau dans telle ou telle capitale,
mais il ne peut obtenir une légalité ni
un statut de présence naturelle dans
cette région. 37 ans après la signature
des accords de Camp David, le peuple
égyptien refuse la normalisation, et il
en est de même pour le peuple jordanien
après la signature de l’accord de Wadi
Araba. Israël restera, au yeux des
peuples de la nation, une entité
étrangère et rejetée, jusqu’à ce que
Dieu accorde la permission de libérer la
Palestine. Al-Quds et la Palestine sont
demeurées 91 années hégiriennes ou 88
ans solaires sous l’occupation des
Francs ou croisés, jusqu’à ce qu’elles
soient libérées par le héros Salaheddine
al-Ayyoubi, et le colonialisme croisé
est demeuré près de deux cent ans dans
la région du Sham, avant qu’il ne se
retire, chassé de la région.
Nous ne fuyons pas
vers le passé. Au contraire, nous sommes
plongés dans la réalité plus que nombre
de ceux qui appellent au réalisme, qui
signifie la capitulation, mais nous
voyons l’entité telle qu’elle est, avec
tous les facteurs de force et les
réalisations qu’elle a faites et qui ont
épouvanté tout le monde, mais elle n’a
pas épouvanté Muhannad Halabi, ni
Muhannad Uqbi, ni Diya’ Talahme, ni le
héros martyr Issa Assaf et son compagnon
le martyr Adnan Abu Habse, hier, ni tous
les martyrs et les martyres de la
vaillante Intifada, dont les propres
initiatives ont rendu difficile toute
prévision par l’ennemi.
Ecoutez-moi bien,
chers frères et sœurs.. pour savoir que
le projet sioniste, malgré ses succès, a
subi de nombreux échecs, que certains ne
veulent pas voir. Il a échoué à régler
la question juive, il n’a pu amener les
juifs du monde vers la Palesitne, le
tiers seulement est venu, et à chaque
secousse, la contre-émigration est en
route. Il n’a pu construire un grand
Etat juif comme il rêvait de le faire,
il n’a pu tracer des frontières
sécurisantes jusqu’à aujourd’hui, il n’a
pu supprimer le peuple palestinien de la
carte de la Palestine et du monde, mais
au contraire, la balance démographique
indique aujourd’hui un équilibre, sinon
elle penche en notre faveur. Il n’a pu
faire plier ou briser la volonté du
peuple palestinien, il ne remporte plus
des victoires dans les guerres et ne
nous fait plus subir des défaites, comme
par le passé, comme en témoignent les
guerres contre Gaza et le Liban. Il n’a
pas réalisé la paix car il ne croit pas
en une paix sans domination ni
suprématie et sans imposer un état de
fait. Il n’a pas réussi à abandonner son
penchant agressif qui lui ouvre un
avenir de guerres…
4 – Le quatrième
message, le plus important, que délivre
l’Intifada est en direction de
l’Autorité palestinienne et des frères
du mouvement Fateh…. Elle est sous forme
de question : Qu’attend la direction de
l’Autorité ? Sur quoi mise-t-elle, alors
qu’elle assiste, en spectatrice, à
l’égorgement de son peuple , au pillage
de sa terre, à la judaïsation d’al-Quds,
et à l’invasion profanatrice des colons
de la mosquée al-Aqsa, tous les jours,
et sous la protection de l’armée de
l’occupation. Ils ont décidé de la
partager, avant de la détruire et de
construire le prétendu temple, attendant
l’occasion propice. Qu’attend
l’Autorité ? Nous voulons comprendre.
Est-ce qu’elle attend la solution des
deux Etats, et l’obtention d’un Etat
indépendant et souverain, avec al-Quds
pour capitale et dans les frontières de
1967 ? Si elle mise là-dessus,
l’Israélien lui dit en toute clarté :
rien. Beaucoup d’Israéliens ont enterré
la solution des deux Etats depuis
longtemps, et les dernières paroles de
Kerry, mettant en garde Israël du choix
d’un seul Etat et le danger que cela
représenterait pour l’Etat juif, est un
enterrement de la solution de deux
Etats.
Je confirme ici cet
enterrement. Israël, à cause des
circonstances actuelles dans la région,
considère qu’il n’est pas contraint de
faire une seule concession, qu’il a
refusé de faire pendant plus de 22 ans,
depuis Oslo. Quelles sont les cartes de
force sur lesquelles mise l’Autorité qui
pourraient contraindre l’entité à
modifier sa position et faire une
concession en direction de l’Etat ? La
vraie carte, et le facteur certain de
force qui épouvante Israël et le
déstabilise, frère Abu Mazen, c’est ton
peuple, c’est cette génération géante,
la génération de l’Intifada, et non
« al-habba » (ils disent « al-habba »
pour réduire l’importance de l’Intifada
et lui tourner le dos). C’est l’Intifada
al-Quds, et non la troisième Intifada,
car notre peuple a connu des Intifada et
révolutions depuis le début du conflit,
depuis plus d’un siècle….
Ce à quoi nous
assistons, c’est la poursuite de la
coordination sécuritaire avec l’ennemi,
dans le cadre de l’Intifada, comme si le
peuple qui est tué, dont les maisons
sont détruites, qui est opprimé par
l’occupation, est un autre peuple vivant
dans un autre pays ! Cette position
n’est pas digne du palestinien, et nous
attendons des frères dans le mouvement
Fateh, car c’est le parti du pouvoir,
qu’ils prennent la décision et affirment
leur alignement clair en faveur de
l’Intifada, qui exprime la volonté et le
choix du peuple, tout comme le martyr
Yasser Arafat s’est aligné vers
l’Intifada al-Aqsa.
Nous demandons à
l’Autorité d’arrêter la coordination
sécuritaire avec l’ennemi, de proclamer
l’échec de la voix du règlement et des
négociations, et de cesser de miser
là-dessus, et nous lui demandons de
mettre sa main dans la main de son
peuple et de toutes les forces pour
reconstruire le projet national
palestinien, en tant que mouvement de
libération nationale, et non en tant que
pouvoir autonome dans le cadre de
l’occupation, et d’agir ensemble pour
formuler une nouvelle stratégie qui
s’appuie sur la résistance multiforme,
et en premier lieu, la résistance armée,
pour libérer la terre et récupérer les
droits.
5 – le cinquième
message concerne la division interne. La
division et le conflit inter-palestinien
ont été présentés comme étant un conflit
pour un pouvoir que les Palestiniens ne
possèdent pas et qu’ils ne peuvent
posséder, car Israël veille et contrôle
toute chose. A notre avis, les
dimensions et les causes de la division
interne sont plus complexes, et avec le
temps, celle-ci s’approfondit au niveau
géographique, politique et moral, ce qui
est nuisible pour notre peuple, sa cause
et ses intérêts. A partir de là, et dans
le cadre de l’Intifada qui se poursuit
avec stabilité et détermination, devant
toutes les menaces auxquelles notre
peuple doit faire face, et où nos
sacralités sont bafouées, nous disons à
toutes les forces et organisations, nous
devons tous nous élever au-dessus des
intérêts minimes et partisans, et nous
devons mettre les intérêts de notre
cause et de notre peuple devant nous,
faire des efforts sincères pour en finir
avec la division, et réaliser le minimum
d’unité qui soit digne de notre Intifada
et de nos martyrs.
Nous devons faire
ensemble, et malgré les alignements qui
nous entourent, et trouver une sorte de
concorde qui conduise à mettre fin au
blocus de la bande de Gaza et à
l’ouverture des voies de passage, en
coordination et dialogue avec le pays
frère l’Egypte. Maintenir la situation
présente dans la bande de Gaza est
insoutenable. Gaza est devenue un
tombeau ouvert, personne ne s’en soucie,
comme si deux millions de Palestiniens
vivant dans la bande de Gaza sont
devenus aux yeux du monde, un surplus de
population, sans dignité et sans valeur,
comme s’ils ne méritaient pas le minimum
de vie humaine.
6 – le sixième
message envoyé par l’Intifada au monde
est qu’elle n’est pas partie prenante
des axes et des coalitions régionales.
Comme toutes les masses de notre peuple,
nous nous étonnons de la décision
d’impliquer la Palestine dans les
coalitions régionales appelées « pour
combattre le terrorisme ». Comme si nous
n’étions pas la victime la plus claire
du terrorisme organisé de l’Etat
sioniste. Comme si la Palestine était
libérée, ou al-Quds nettoyée de la
profanation de l’occupation, et comme si
nous avions un surplus de force à
exporter dans le jeu de l’anarchie dans
la région. La position juste
palestinienne, dans le cadre des
violentes tempêtes, est de ne pas
impliquer la Palestine et sa cause dans
tout axe qui l’oblige à payer des dettes
dont nous pouvons nous passer. De plus,
l’Intifada ne mise pas sur ceux qui
pensent que l’amélioration de leur
position ou la rectification de
certaines de leurs erreurs dans les
conflits régionaux et internationaux se
font en reprenant les relations ou en
améliorant les relations avec l’entité
sioniste.
7 – Le dernier
message de l’Intifada est qu’elle se
poursuit, avec l’aide de Dieu, gloire à
Lui, et grâce à l’action et la volonté
de la jeune génération, et que toute
tentative pour l’arrêter ou la briser a
été dépassée par le temps. Nous devons
mobiliser toutes les forces pour
dissuader cet ennemi et faire cesser sa
répression et sa violence contre les
fils de l’Intifada. Il faut en finir
avec les hésitations et les doutes. Tout
questionnement sur l’efficacité de la
poursuite de l’Intifada et ses buts, à
partir de cet instant, n’est qu’une
tentative douteuse de maintenir
l’occupation, et d’en faire un état de
fait éternel. Quiconque ne sait vraiment
pas quel est le but de l’Intifada, qu’il
demande au peuple palestinien, qu’il
demande au sang des nos héros martyrs,
qui nous trace le chemin de la victoire
et de la libération. Je m’adresse
aujourd’hui à tous ceux qui croient
qu’ils mettent la résistance dans
l’embarras lorsqu’ils nous demandent :
quel est votre programme ? Je réponds :
notre programme est simple, comme l’a
proclamé la mère du martyr Khaled
Jawabra, au moment où elle lui faisait
ses adieux dans al-Khalil : « nous
voulons la Palestine, du fleuve à la
mer » (de l’eau jusqu’à l’eau). Ainsi
s’est exprimée cette femme croyante et
combattante, que je salue à travers
vous, et salue toutes les mères et tous
les pères des martyrs.. Notre programme
est ce qu’ont affirmé les enfants du
martyr, le héros Ibrahim Akkari, au
correspondant de la télévision
israélienne, lorsque le plus jeune,
Hassan, 11 ans, a répondu à la question
de savoir s’il était possible de vivre
ensemble , disant fermement : « Non, ou
bien vous, ou bien nous dans ce pays ».
Lorsque l’enfant Hamza, 12 ans, a été
questionné à propos de son père qui a
écrasé des Israéliens dans la rue, il a
répondu : « que faisaient ces juifs en
Palestine, ne sont-ils pas des occupants
de notre terre ? » C’est ton peuple, Abu
Mazen, c’est l’enfant Hassan Akkari qui
dit à l’Israélien ce que tu ne peux dire
à ses politiciens : « nous ne serons
tranquilles que lorsque vous quittez
notre terre ». Quant à toi, Hassan,
Hamza, toute famille militante et
honorable, ce que vous avez dit est la
vérité, nous en soutirons notre
détermination à poursuivre la lutte.
Nous n’abandonnerons pas une seule
graine de la terre de Palestine, ni une
seule goutte du sang de votre père et du
sang des martyrs, et nous poursuivrons
leur chemin jusqu’à la victoire ou le
martyre, par la permission de Dieu.
Et finalement,
devant cette invasion juive quotidienne
de la mosquée al-Aqsa et le danger qui
la menace, si Ben Gourion a dit : « pas
d’Israël sans Urshalim, pas d’Urshalim
sans le temple » nous disons : « Pas
d’arabité sans la Palestine, pas de
Palestine sans al-Quds, et pas d’al-Quds
sans la mosquée al-Aqsa ».
En conclusion, je
vous salue à nouveau, que Dieu
récompense vos efforts. Paix,
miséricorde et bénédictions de Dieu sur
vous.
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