Palestine
Intifada al-Quds en Palestine :
Poursuivre le chemin de la libération
Rim al-Khatib
3ème
Intifada à Jérusalem et en Cisjordanie
exigée par les factions palestiniennes
Mercredi 28 octobre 2015
N°1 – Octobre 2015
« Par la
permission d’Allah, nous retournerons à
Yafa, Haïfa, Akka, Safad… » (martyr Diya’
Talahme, assassiné fin septembre 2015,
dans la ville d’al-Khalil, lors d’une
manifestation en solidarité avec les
murabitun et murabitat dans al-Aqsa).
L’Intifada al-Quds,
dont certains situent le déclenchement
au premier octobre, est la poursuite, à
plus grande échelle, et de manière plus
intense, de la révolte quasi-permanente
des Maqdissis, depuis plus d’un an,
depuis l’assassinat de Mohammad Abu
Khdayr plus précisément, au mois de juin
2014. Depuis cette date, la ville d’al-Quds
est devenue le champ d’affrontement à
tous les niveaux entre les Palestiniens
Maqdissis et les forces coloniales. Dans
les rues et ruelles de la vieille ville,
dans les bourgs et quartiers d’al-Quds,
les jeunes se sont opposés à la terreur
sioniste, celle qui consiste à tuer,
arrêter, blesser, asperger d’eaux
usagés, à lancer les grenades à gaz
asphyxiant, écraser, détruire les
propriétés palestiniennes, réprimer
toute expression indépendante et
expulser. Mais l’arrogance sioniste
n’ayant pas de limite, les dirigeants de
l’entité coloniale ont voulu profiter de
l’absence de l’intérêt arabe et musulman
pour la Palestine, pour activer le plan
de la judaïsation de la mosquée al-Aqsa.
Tout au long des mois de 2014 et 2015,
les occupants s’en sont pris à la
présence musulmane dans la mosquée, en
interdisant l’entrée des fidèles, en les
soumettant à des contrôles humiliants,
en arrêtant femmes et hommes aux portes
ou à l’intérieur de la mosquée, quand
ces derniers s’opposent aux profanations
de la mosquée par les colons et
officiels de l’entité, en émettant des
dizaines d’ordres d’éloignement de la
mosquée al-Aqsa, ou d’al-Quds, à des
Palestiniens venus des territoires
occupés en 48 ou à des Maqdissis. Al-Quds
et la mosquée al-Aqsa sont menacés par
la judaïsation. Ce fut la cause directe
de la généralisation de la révolte
palestinienne contre l’occupation.
Revenir aux
premiers moments de l’Intifada al-Quds
peut aider à comprendre son
déclenchement. Les scènes de violence
perpétrée contre les Murabitat (femmes
gardiennes de la mosquée al-Aqsa), alors
que les juifs entraient sous escorte
sécuritaire, par centaines, dans la
mosquée, prétendant qu’il s’agit de
l’emplacement d’un temple juif, et le
silence complice des dirigeants arabes
et musulmans devant de tels actes
provocateurs, ont poussé les
Palestiniens à riposter comme il se
doit : les opérations de poignard, la
première menée le 3 octobre par le
martyr Muhannad Halabi, membre de la
Ligue estudiantine du Mouvement du Jihad
islamique, immédiatement suivie par
d’autres opérations semblables, les
manifestations, jets de pierre et de
cocktails molotov sur l’occupant dans
les bourgs maqdissis, puis aux points de
confrontation avec les forces armées de
l’occupation en Cisjordanie, et
notamment dans la ville d’al-Khalil et
les camps palestiniens. Ce soulèvement
dans al-Quds et quelques villes et
villages de la Cisjordanie est
accompagné par un soulèvement dans les
territoires occupés en 48,
principalement dans les villes et grands
bourgs. Quelques jours après, les
Palestiniens de la bande de Gaza
affirment leur participation à
l’Intifada en manifestant près la « zone
sécurisée ». Les sionistes commettent un
massacre en tirant : onze martyrs
tombent.
Les causes de
l’Intifada al-Quds sont multiples, et la
défense de la mosquée al-Aqsa, comme
lors de la seconde intifada en 2000, est
le motif déclencheur. S’il faut établir
un ordre dans l’énumération des causes,
il faut placer en second lieu les
horribles crimes commis par les colons,
restés impunis malgré les protestations
de quelques dirigeants sionistes,
poussant la colère palestinienne à son
comble. Puis la colonisation rampante,
les barrages humiliants, les
arrestations par centaines, les guerres
contre Gaza et le blocus maintenu,
malgré les victoires militaires de la
résistance palestinienne. Les discours
creux de l’Autorité palestinienne et de
son chef ont confirmé la nécessité de se
prendre en main, et de ne rien attendre
de la direction, d’autant plus que la
division inter-palestinienne semble
perdurer. Et pour clore, l’absence
totale de la question palestinienne dans
les discours prononcés à l’assemblée
générale de l’ONU, le 29 septembre. Le
fait de faire du 30 septembre « la
journée du drapeau palestinien », saluée
par l’Autorité palestinienne, est apparu
comme une piètre mascarade qui ne répond
en rien aux crimes de l’occupation
coloniale.
Résistance
palestinienne et répression :
Fin septembre,
l’opération de la résistance
palestinienne contre des colons de « Itamar »
a prouvé qu’il était possible de mener
des opérations armées en Cisjordanie,
bravant la coordination sécuritaire
entre l’Autorité palestinienne et
l’occupant. Bien que certains analystes
essaient de la séparer des événements
qui ont suivi, cette opération a signalé
que la colère palestinienne est à son
comble, surtout depuis l’immolation par
les colons de la famille Dawabsheh, deux
mois plus tôt. Mais c’est dans al-Quds
occupée, dans les ruelles de la vieille
ville, que l’opération de poignard menée
par le martyr Muhannad Halabi, le 3
octobre, que le coup d’envoi est donné
pour les futures opérations de poignard,
malgré la vague répressive et meurtrière
de l’occupation qui a suivi et qui se
poursuit. Plus de 1200 Palestiniens sont
arrêtés au cours de trois semaines
d’Intifada, la plupart dans les villes
d’al-Quds et d’al-Khalil. Selon les
statistiques, 23% sont des enfants âgés
entre 13 et 18 ans. Le nombre de blessés
a dépassé les 2000, entre blessés graves
et blessés légers, victimes des tirs à
balle réelle, du gaz asphyxiant, et des
brutalités de l’occupation. 64 martyrs
sont tombés depuis le 3 octobre, dont 20
de la ville d’al-Khalil, 15 dans la
ville d’al-Quds, 14 dans la bande de
Gaza, où se rassemblent régulièrement
des jeunes, en soutien à l’Intifada al-Quds,
et parmi eux 14 enfants de moins de 18
ans. Le nombre élevé des martyrs est dû
au fait que l’occupant a
intentionnellement exécuté des
Palestiniens, surtout des jeunes et des
enfants, prétendant qu’ils avaient
l’intention de poignarder des colons ou
des soldats sionistes. Tout comme il a
préféré exécuter les résistants qui ont
effectivement poignardé ou écrasé des
colons, plutôt que de les blesser et de
les arrêter. En procédant à leur
exécution sur le terrain, les sionistes
pensent d’une part pouvoir arrêter la
révolte palestinienne, alors que le
crime de l’exécution ne fait que raviver
la colère et la détermination
palestiniennes, et d’autre part,
poursuivre leur politique
d’extermination lente du peuple
palestinien. Pour les sionistes,
l’individu palestinien ne compte pas. Il
faut mentionner que la tuerie exécutée
sur les Palestiniens de Gaza, le 10
octobre, ressemble en tout point à celle
executée en mai 2011 sur les réfugiés
palestiniens, qui s’étaient regroupés
aux frontières palestino-libanaises et
dans le Golan, réclamant leur droit au
retour en Palestine. Dans les deux cas,
les dirigeants sionistes tirent dans la
foule pour tuer. Ces tueries prouvent
que les sionistes ont peur, même lorsque
les Palestiniens avancent sans armes,
vers les « frontières ». Juste le fait
de marcher vers les « frontières » avec
une possibilité de les franchir les rend
hystériques.
Croyant pouvoir
réprimer la colère des Palestiniens, les
sionistes ont décidé de ne plus livrer
les corps des martyrs aux familles, afin
d’éviter les marches funèbres, qui sont
souvent des manifestations contre
l’occupant. Mais cette décision a
suscité des manifestations réclamant les
corps des martyrs.
L’hystérie bat son
splein dans l’entité coloniale, avec 56
opérations de poignard exécutées par les
résistants palestiniens, rien qu’au
cours de ce mois d’octobre. Les
opérations palestiniennes ont entraîné
la mort de 11 sionistes, et blessé
quelques centaines, parfois de manière
indirecte, car elles ont entraîné une
telle panique au sein des colons, vivant
dans les territoires occupés en 1948 ou
en 1967, que les sionistes se ruaient
par les hublots des trains pour fuir des
soit-disant menaces qu’ils voyaient
partout. Ou alors, les sionistes se
tiraient les uns sur les autres, pensant
qu’il s’agissait d’ « Arabes ». Cet état
de panique généralisée au sein de la
colonie a eu des répercussions sur
l’économie de l’entité, notamment dans
al-Quds, même dans sa partie
occidentale. La presse sioniste a
consacré des articles à ce propos,
mettant en avant que ce sont les petits
et moyens commerçants sionistes dans la
ville d’al-Quds qui ont « souffert » le
plus de l’Intifada al-Quds.
Martyrs palestiniens tombés depuis le 3
octobre :
1 - Muhannad Halabi (al-Bireh),
19 ans ; 2 – Fadi Aloun (Al-Quds), 19
ans ; 3 – Amjad Jundi (Yata, Al-Khalil),
20 ans ; 4 – Thaer Abu Ghazale (Kfar
Aqab, Al-Quds), 19 ans ; 5 – Abdel
Rahman Ubaydullah (Camp Ayda, Bayt
Laham), 11 ans (tombé le 5 octobre) ; 6
– Hudayfa Sulayman (Tulkarm), 18 ans ; 7
– Wissam Jamal (Camp She’fat, al-Quds),
20 ans ; 8 – Mohammad Jaabari (Khalil),
19 ans ; 9 – Ahmad Jamal Salah (Camp
She’fat, al-Quds), 20 ans ; 10 - Ishâq
Badran (Kfar Aqab, al-Quds), 16 ans
(tombé le 10 octobre) ; 11 – Mohammad
Sa’id Ali (Camp She’fat, al-Quds), 19
ans ; 12- Ibrahim Awad (Bayt Ummar), 28
ans ; 13 – Ahmad Sharaka (Camp al-Jalazon)
13 ans (assassiné le 11 octobre) ;
Mustafa al-Khatib (Sour Baher, al-Quds),
17 ans (assassiné le 12 octobre) ; 15 –
Hassan Manasra (Bayt Hanina, al-Quds),
15 ans ; 16 – Mohammad Shamasne (Qatana,
al-Quds), 22 ans ; 17 Baha’ Alaayn (Jabal
Mukabber, al-Quds), 22 ans ; 18 – Alaa
Abu Jamal (Jabal Mukabber, al-Quds), 33
ans ; 19 – Mu’tazz Zawahra (Bayt Laham),
27 ans ; 20 – Bassel Sard (al-Khalil),
20 ans ; 21 – Ahmad Sha’ban (al-Quds),
23 ans ; 22 – Riyad Dar Youssof
(Ramallah) 46 ans ; 3 – Fadi Darbi (Jénine,
décédé en détention), 30 ans ; 24 – Ihab
Hanini (Bayt Fourik, Nablus), 19 ans :
25 – Iyad Awawdeh (al-Khalil), 26 ans ;
26 – Tareq Natché (al-Khalil), 17 ans ;
27 – Bayan Usayli (al-Khalil), 16 ans ;
28 – Fadl Qawasmeh (Al-Khalil), 18 ans ;
29 – Omar Faqih (Qatana, al-Quds), 23
ans ; 30 – Mu’tazz Uwaysat (Jabal
Mukabber, al-Quds), 16 ans ; 31 –
Muhannad Uqbi (Naqab), 21 ans ; 32 –
Hoda Darwish (Issawiya, al-Quds), 65
ans ; 33 – Uday Musalma (al-Khalil), 24
ans ; 34 – Hamza Amleh (Bayt Ula,
al-Khalil), 25 ans ; 35 – Hussam Jaabari
(al-Khalil), 18 ans ; 36 -
Bashar Jaabari (al-Khalil), 15
ans ; 37 – Mu’tazz Qassem (Izariya, al-Quds),
vingtaine ; 38 – Hashim Hashim
(al-Khalil), 54 ans ; 39 – Mahmoud
Ghunaymat (Sourif), 20 ans ; 40 – Ahmad
Kamil (Qabatya, Jénine), 17 ans ; 41 -
Dania Irshid (Al-Khalil), 17 ans ; 42 -
Saad al-Atrach (al-Khalil), 20 ans ; 43
– Raed Jaradat (Sa’ir, al-Khalil), 22
ans ; 44 – Iyad Jaradat (Sa’ir,
al-Khalil), 19 ans.
45 – Shadi Hussam
Dawla (Gaza), 20 ans ; 46 – Ahmad
Herbawi (Shaja’iya, Gaza), 20 ans ; 47 –
Abd Wahidi (Shuja’iya), 20 ans ; 48 –
Mohamad Raqab (Gaza), 15 ans 49 – Adnan
Abu Alayan (Khan Younes, Gaza), 22 ans ;
50 – Ziyad Sharaf (Gaza), 20 ans ; 51 –
Jihad Ubayd (Dayr Balah, Gaza), 22 ans ;
52 – Marwan Barbakh (Gaza), 13 ans
(tombé le 10 octobre) ; 53 – Khalil
Uthman (Gaza), 18 ans ; 54 – Nour Hassan
(Gaza), 30 ans ; 55 - Rahaf Hassan
(Gaza), 2 ans (bombardée le 11 octobre)
; 56 – Shawqi Ubayd (Bayt Hanoun) 37
ans ; 57 – Yahya Farhat (Shuja’iya,
Gaza), 24 ans ; 58 – Mahmoud Hamida
(Gaza), 22 ans ; 59 – Ahmad Sarhi
(Gaza), 20 ans ; 60 – Yahya Karira
(Gaza), 20 ans ; 61 – Khalil Abu Ubayd
(Khan Younes), 25 ans.
62 - Izzidine Abu
Shakhdam (al-Khalil) ; 63 - Shadi Qudsi
(al-Khalil); 64 – Human Sa’id
(al-Khalil), 22 ans
Déclarations :
le refus de l’accord
américano-jordanien-sioniste sur la
mosquée al-Aqsa
Nombreux sont les
responsables palestiniens qui ont
riposté à l’accord conclu entre le
sioniste Netanyahu, l’Américain Kerry et
le régime jordanien, concernant la
mosquée al-Aqsa. L’accord qui affirme
revenir à la situation antérieure ne
change rien en fait, puisqu’il autorise
les sionistes et les étrangers à
profaner la mosquée, et accorde aux
sionistes le droit d’autoriser les
fidèles palestiniens à entrer dans leur
mosquée, s’ils montrent « patte
blanche », c’est-à-dire s’ils prouvent
qu’ils sont « paisibles », selon les
critères sionistes. De plus, des caméras
seraient installés tout autour de la
mosquée, pour le contrôle des fidèles à
l’intérieur de la mosquée. Dans cet
accord, Netanyahu a effrontement menti,
lorsqu’il a affirmé que les sionistes
n’ont pas eu l’intention de modifier le
statut de la mosquée al-Aqsa, ce qui est
contredit par les manuels scolaires des
sionistes où la mosquée al-Aqsa n’existe
pas. Dans les déclarations de Netanyahu
et de tous les sionistes, de gauche et
de droite, , c’est toujours du « Mont du
temple » qu’ils parlent, ne
reconnaissant pas la présence de la
mosquée al-Aqsa, ce qui confirme leur
intention de la détruire.
Le Mouvement
Islamique dans l’intérieur palestinien
(occupé en 48) a commenté l’accord
disant que « la « situation antérieure »
que nous connaissons historiquement et
que nous considérons comme étant une
solution est l’entière souveraineté
musulmane sur la mosquée al-Aqsa et la
fin de l’occupation israélienne. » Le
Mufti d’al-Quds, Mohammad Hussayn a pour
sa part déclaré : « la mosquée al-Aqsa
est une mosquée intégralement musulmane,
et pour les musulmans seuls. Personne ne
peut partager avec eux cette
souveraineté et elle ne peut être
soumise à des entretiens ou
consultations ». Il a ajouté : « al-Aqsa
subit des agressions menées par
différentes parties israéliennes, avec
le souien du gouvernement israélien et
sa police. S’ils veulent s’éloigner de
la mosquée et arrêter leurs agressions,
qu’ils le fassent tous seuls, car nous
ne participatons pas à ce genre de
rencontres (proposition sioniste
d’organiser une réunion conjointe). Al-Aqsa
n’est pas soumis à la discussion entre
musulmans et juifs, ou pour toute sortes
d’initiatives. C’est une mosquée
intégralement musulmane, aux Arabes et
musulmans seuls, et les Juifs n’y ont
aucun droit. »
Le président du
« Conseil Islamique », sheikh Ikrima
Sabri, a affirmé que le fait d’accepter
d’installer des caméras de surveillance
« israéliennes » dans la mosquée al-Aqsa
et ses places, sous l’égide des Awqaf
islamiques et les autorités de
l’occupation, signifie accepter de
collaborer avec l’occupation pour la
gestion de la mosquée et des lieux
saints dans al-Quds occupée, ce qui est
très grave ». Il a poursuivi que les
Palestiniens ne le permettront pas.
L’Autorité
palestinienne, par la voix de son
ministre des Affaires Extérieures, a
déclaré que les caméras qui seraient
installés sont prévues pour contrôler
les Palestiniens. Cette déclaration a a
uscité la colère des responsables
jordaniens qui expliquent que les
caméras sont conçues pour documenter sur
les agressions sionistes, et qu’elles ne
sont pas sous surveillance de l’entité
coloniale, mais que « des équipes
jordaniennes et israéliennes se mettront
d’accord » sur la question, pour faire
« régner le calme dans la mosquée ».
Le mouvement du
Hamas a déclaré à ce propos qu’il est
« nécessaire de confirmer l’état
historique de la mosquée al-Aqsa, comme
cela était avant l’occupation par
l’entité israélienne de la mosquée et de
la ville d’al-Quds, avant 1967, car il
s’agit d’un lieu intégralement et
exclusivement musulman, et le
département des Awqaf d’al-Quds est
responsable de sa gestion, cela d’un
point de vue juridique, légal et
historique. »
Concernant la
visite de Ban Ki Mon, en Palestine
occupée, pour rencontrer les dirigeants
sionistes et les Palestiniens, le député
du mouvement Hamas, Isma’il al-Achkar a
déclaré le 20/10 : « A mon avis, la
visite du secrétaire général de l’ONU à
l’entité sioniste vise à se rassurer sur
la capacité de l’entité à supporter la
révolution des poignards et l’intifada
menée par les jeunes de notre peuple
palestinien ». Il a dénoncé cette visite
comme servant à propager les mensonges
de l’occupation et à faire pression sur
l’Autorité palestinienne pour qu’elle
arrête l’Intifada al-Quds. Cette
position est partagée par l’ensemble de
la classe politique et des mouvements de
la résistance palestinienne, qui ont
dénoncé la visite de Ban Ki Mon en
affirmant que ce dernier cherche avant
tout à arrêter l’Intifada, pour assurer
les intérêts de l’occupation.
Analyses :
Dans un article
paru le 27 octobre intitulé « Une fois
encore, à propos des objectifs de la
lutte palestinienne » Munir Shafiq,
penseur arabo-palestinien, revient sur
les objectifs de la révolution
palestinienne et ses stratégies. Il
affirme que le fait d’avoir introduit
comme objectif la création d’un Etat
palestinien est au centre de la crise
vécue par le mouvement national
palestinien. Car cette revendication a
entraîné les concessions, d’autant plus
qu’il s’agissait d’un Etat qui n’a pas
sa base, la terre, qui est occupée.
Cette revendication a été placée à la
tête de toutes les autres, comme si le
but était de fonder un Etat, et non de
libérer la Palestine occupée. Pour
l’auteur, les objectifs actuels sont
clairs et ne réclament pas de
longs débats : chasser l’occupant des
territoires occupés en juin 1967,
démanteler les colonies, libérer les
prisonniers. Pour ce faire, la lutte
palestinienne doit inclure la lutte
armée, la résistance et les luttes
populaires.
Dans un article
paru le 21 octobre, l’ancien responsable
au Fateh, Mu’in Taher, défend l’idée que
la résistance armée n’est pas la
« militarisation » de l’Intifada. En
effet, depuis le début du déclenchement
de l’Intifada, certains intellectuels
proches de l’Autorité palestinienne et
de la gauche palestinienne ont mis en
garde contre la « militarisation » de
l’Intifada, considérant que cette
militarisation nuira au mouvement
populaire, mais ces intellectuels
craignaient en fait l’utilisation des
armes dans la lutte actuelle. Mu’in
Taher répond en montrant la différence
entre la résistance armée et la
« militarisation », la première étant
légitime et doit être présente aux côtés
des luttes populaires, alors que la
« militarisation » n’a pas lieu d’être,
puisque c’est un phénomène maladif qui
s’est plutôt retourné contre le peuple,
l’apparition publique en armes ne
signifie pas mener la résistance. La
résistance armée peut et doit être le
soutien de la lutte populaire, qui peut
prendre des formes très différentes,
comme organiser les comités de
surveillance pour protéger les villages,
couper les routes, boycotter les
produits sionistes, arrêter de
travailler dans les marchés sionistes,
arrêter de payer les impôts, dénoncer
ceux qui collaborent avec l’ennemi, etc…
La résistance armée ne doit pas s’isoler
des masses en lutte, sinon elle est vite
encerclée par l’ennemi. C’est le peuple
qui protège la résistance.
Dans un article
daté du 28 octobre, intitulé « Kerry et
la légalisation de la profanation d’al-Aqsa »,
le professeur Abdel Sattar Qassem
dénonce le plan Kerry concernant la
mosquée al-Aqsa, affirmant d’abord que
les Etats-Unis sont des alliés de
l’occupation et ne peuvent jouer le rôle
de médiateur dans ce conflit. Pour lui,
Kerry a légalisé la présence et
profanation par les non-musulmans de la
mosquée al-Aqsa, alors que les
Nations-Unies avaient jusque là voulu
maintenir un statu-quo. Mais les
Etats-Unis sont allés contre ce statu
quo en proposant que les juifs aient
« droit de visite » dans la mosquée. Ce
droit, seuls les Palestiniens sont
autorisés à l’accorder à qui bon leur
semble, et nul autre. En fait, la
proposition de Kerry légalise, pour la
première fois, au niveau international,
le « droit » des Juifs à se trouver dans
la mosquée al-Aqsa et d’autres lieux
saints en Palestine. L’auteur compare la
proposition de Kerry à la promesse
Balfour, qui a d’abord proposé un
« foyer », puis il y a eu le partage
entre « Juifs et Arabes », puis toute la
Palestine est sous occupation sioniste à
présent. Il peut être de même pour la
mosquée al-Aqsa, qui de « exclusivement
musulmane », passe à un « droit de
visite », puis devient « juive et
musulmane » pour finir « juive ».
Dans la presse
sioniste :
La décision de
Netanyahu de supprimer le droit de
séjour aux Palestiniens de certains
quartiers de la ville occupée suscite
des remous dans la presse sioniste,
notamment libérale comme Haaretz, tout
comme l’ordre de bloquer certains
quartiers (Jabal Mukabber, Issawiya) par
des murs ou des blocs en béton. Cette
dernière mesure est considérée comme
allant à contre-courant de la
déclaration de l’unification de la ville
d’al-Quds. Pour certains analystes, al-Quds
n’a jamais été unifiée (Est et Ouest),
car les différences sont très vives
entre les deux parties, non seulement
par la population, mais aussi par les
services fournis par la municipalité, la
partie orientale d’al-Quds, occupée en
1967, reste très en-deça de l’égalité
avec la partie occidentale. Si la presse
sioniste rapporte généralement les
opérations de poignard ou les prétendues
opérations, justifiant les assassinats
et les exécutions, elle souligne par
ailleurs l’état de panique dans la
société coloniale. La presse libérale
essaie cependant de mettre en garde
contre la répression des « Arabes
israéliens » (les Palestiniens de 48),
en les empêchant de s’exprimer « dans
les limites fixées par les lois »
sionistes, et de leurs députés, car une
forte répression entraînera des dommages
dans la « société israélienne ».
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