Palestine
Abu ‘Imad Rifa’î : « l’ouverture de tous
les fronts avec l’ennemi est un devoir
de la nation »
Rim al-Khatib
Jeudi 15 octobre 2015
Dans un entretien paru dans le
quotidien Assafir, Abu Imad Rifâ’î,
représentant au Liban du Mouvement du
Jihad islamique en Palestine, a déclaré
que l’Intifada n’est qu’à ses débuts,
elle va se poursuivre, à des cadences
variées, comme cela s’est passé au cours
des intifada précédentes, en 1987 et
2000, affirmant « notre peuple possède
un souffle long et une volonté
inébranlable. Il affrontera la politique
des exécutions et la répression
israélienne ».
Il a signalé deux caractéristiques du
mouvement populaire palestinien actuel,
la première est qu’il englobe l’ensemble
des territoires occupés, y compris ceux
occupés en 1948 « ce qui donne une
signification très importante à la
nature du conflit. » Ensuite, elle se
caractérise par la « guerre des
couteaux » qui a surpris et déstabilisé
l’ennemi. Pour Abu ‘Imad Rifâ’i, il est
significatif que le pessimisme n’a pas
touché la jeunesse palestinienne, car ce
sont de nouvelles générations, qui ne se
rappellent pas les intifada précédentes,
certaines n’étaient même pas nées au
cours de la première. Malgré cela, elles
ont pris la responsabilité de se
soulever contre l’ennemi qui ne peut
effacer la mémoire palestinienne.
Concernant les objectifs de l’Intifada
actuelle, à la question de savoir si
elle se limite à protéger les lieux
saints ou si elle ira plus loin, Abu
‘Imad Rifa’î a précisé que le mouvement
du Jihad islamique en Palestine a défini
deux objectifs principaux au mouvement
palestinien actuel : protéger les lieux
saints, et en premier lieu empêcher le
partage de la mosquée al-Aqsa, dans le
temps et dans l’espace, et affronter la
politique de judaïsation d’al-Quds, mais
aussi libérer la Cisjordanie et lever le
siège contre Gaza. Il a affirmé que ce
qui se passe aujourd’hui est de nature à
renouer la liaison de part et d’autre de
la patrie palestinienne occupée, de son
extrême nord à son extrême sud, « ce qui
signifie de fait faire échec à la voie
d’Oslo et à ses néfastes conséquences
sur la situation palestinienne ». Il a
souligné « qu’il est difficile de ne pas
s’arrêter sur ce qui se passe dans les
territoires occupés en 1948, et la lutte
qu’y mène notre peuple, et les
changements qui suivront ».
A la question « faut-il intensifier la
lutte vers une guerre armée contre
l’occupation » ? Il a répondu : « cela
dépend des agissements de l’ennemi. La
bataille peut prendre des formes
variées. La forme actuelle est une
intifada populaire et la guerre des
couteaux ». Il a indiqué que l’évolution
de l’action armée intervient dans le
cadre de l’accentuation israélienne, que
ce soit envers les lieux saints, ou sa
politique de répression et de meurtres.
« la bataille est ouverte avec l’ennemi
et nous avons de nombreuses tactiques ».
Il a indiqué que le premier ministre
israélien vit une véritable crise, car
il n’a réalisé aucun acquis au cours de
ses précédentes guerres contre le peuple
palestinien, tout comme il n’a pas pu
profiter de la situation arabe actuelle.
De plus, « l’Israélien a été neutralisé
par les Etats-Unis et la Russie, il n’a
plus aucun rôle, et l’entité israélienne
qui se présentait dans le passé comme
étant le sauveur des projets
occidentaux, son rôle est devenu
inexistant, Israël a besoin désormais
d’être protégé ». Abu ‘Imad Rifa’î
s’attend à ce que le premier ministre
israélien accentue sa politique au cours
de l’étape suivante, étant sous
l’influence de la société israélienne
extrémiste, et il essaiera de faire
jouer la surenchère.
Concernant les circonstances entourant
la situation arabe, que beaucoup
considèrent comme n’étant pas propices à
l’Intifada, Abu ‘Imad Rifâ’î a déclaré :
« notre peuple a combattu seul au cours
de plusieurs batailles, sinon toutes »,
sans qu’il nie que la situation arabe en
crise aura des répercussions sur la
capacité des Palestiniens. Mais le
peuple palestinien, selon lui, va
ramener la considération à la cause
palestinienne, il va unifier les Arabes
autour de la cause, et il l’imposera en
tant que priorité arabe et
internationale « après l’échec de toutes
les tentatives de la supprimer et de la
rayer ».
Le Jihad islamique en Palestine
considère qu’il est du devoir de la
nation de se révolter pour protéger ses
lieux saints, sachant que ces lieux ne
sont pas seulement musulmans, mais aussi
chrétiens. Le mouvement réclame la
coupure des relations « publiques » avec
l’ennemi, et celles qui ont été gardées
« sous la table », comme un pas minimum
pour cette étape. Quant aux fronts, le
Jihad islamique en Palestine se
distingue du mouvement Hamas, par
exemple, qui ne demande pas l’ouverture
d’une bataille avec l’Israélien sur ces
fronts. Le Jihad islamique en Palestine
considère que « l’ouverture de tous les
fronts avec l’ennemi est un devoir de la
nation », pour protéger ses lieux
saints, notamment lorsqu’ils sont
menacés, comme la mosquée al-Aqsa.
Dans une autre interview, Abu ‘Imad
Rifa’î a déclaré que « l’exécution par
l’armée israélienne des Israéliens ne
mettra pas fin à la flamme de l’Intifada
qui se déroule dans toute la
Palestine ». Il a affirmé que le premier
ministre Netanyahu a donné l’ordre de
tuer les Palestiniens pour arrêter
l’Intifada, en insistant sur le fait que
toutes les tentatives de l’ennemi pour
arrêter l’Intifada vont échouer. Il a
expliqué que les opérations au couteau
et à la voiture dans al-Quds et
l’intérieur occupés, expriment
sincèrement la capacité du peuple
palestinien à affronter l’ennemi, et sa
capacité à protéger ses lieux saints. Il
a indiqué que la police de l’ennemi
a tué des Palestiniens, prétendant
qu’ils tentaient de mener des opérations
au couteau contre les colons, comme par
exemple lors de l’assassinat de l’enfant
Hassan Khaled Munasra, 13 ans, assassiné
de sang-froid.
Abu ‘Imad Rifâ’î a indiqué que
l’assassinat des enfants et des femmes,
en prétendant qu’ils tentaient de mener
des opérations contre les colons,
indique la sauvagerie de l’armée
« israélienne », son racisme et sa haine
des Palestiniens, alors que l’exécution
par les Palestiniens des opérations
contre l’ennemi indique que le peuple
palestinien penche vers la voie de la
résistance, qui est la voie la plus apte
à dissuader « Israël » et à protéger les
lieux saints. Il a par ailleurs indiqué
que les opérations seront de plus en
plus nombreuses les jours prochains.
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