En point de Mire
Nicolas Sarkozy, un champ de ruines
René Naba

Photo:
D.R.
Dimanche 30 novembre 2014
Nicolas Sarkozy, un champ de ruines
diplomatique et économique ; La dalle
d’Argenteuil son véritable test de
crédibilité
Les Français ont
joué à la roulette russe à l’élection
présidentielle de Mai 2007. Nicolas
Sarkozy a gagné, la France a perdu.
Propulsé au pouvoir sur fond d’un
paysage international dévasté, à
contretemps du momentum stratégique, en
pleine déroute des États Unis en
Afghanistan et en Irak, et d’Israël au
Liban, à la veille du collapsus de
l’économie occidentale, l’idole des
jeunes était déjà un président à
rebrousse chemin. En signant son
ralliement aux thèses des
néoconservateurs américains par la
réintégration du giron atlantiste, il
mettait ainsi fin à la parenthèse
gaulliste sur le plan diplomatique, et,
sur le plan interne, avec l’adoption des
lois sur l’exclusion sociale et le
pistage génétique, le président
rétrograde marquait le triomphe du
néo-pétainisme.
Le délire
narcissique dans lequel a baigné la
France pendant un an a débouché
brutalement sur la plus grande
mystification politique de l’Histoire de
la V me République, avec un état de
grâce le plus bref de l’Histoire,
implosant le soir même de son élection
avec «la nuit du Fouquet’s», le dîner
groupant les plus importantes fortunes
du pays, la croisière à bord du yacht de
Vincent Bolloré, le vaudeville de son
couple à la Kennedy qui s’achèvera par
son mariage avec un mannequin people
fort apprécié du Paris intellectuel et
artistique, enfin, son langage de
charretier dégageant un entreprenant
jeune homme par un langage châtié dont
il a le secret. «Casse-toi pauvre con»,
est passé à la postérité comme le
parfait contre-exemple du bon goût
présidentiel français.
Dans l’ordre symbolique, Nicolas Sarkozy
a refait l’unité de la droite sur la
base des thèses de l’extrême droite
pétainiste et l’apparence de la droite
gaulliste. Le sarkozysme a signé ainsi
la défaite du gaullisme et le triomphe
du néo-pétainisme. Se réclamant du
gaullisme tout en siphonnant les thèses
de l’extrême droite xénophobe, le
sarkozysme a purgé en fait la querelle
de légitimité par le dépassement
syncrétique des deux grandes familles de
la droite française, dont le point
d’exacerbation avait été atteint lors de
la présidentielle de 2002.
Une compétition
présidentielle qui avait placé les
Français devant l’infamant dilemme de
choisir entre un «escroc» et un «facho»,
deux septuagénaires vétérans politiques
de l’époque de la guerre froide occupant
le devant de la scène depuis près de
quarante ans, les deux candidats les
plus âgés, les plus fortunés et les plus
décriés de la compétition, mutuellement
confortés dans une campagne sécuritaire,
l’un, Jacques Chirac, héritier d’un
gaullisme dévoyé dans l’affairisme le
plus débridé, l’autre, Jean Marie Le
Pen, héritier d’un vichysme sublimé par
un ancien tortionnaire de la Guerre
d’Algérie. Le premier, auteur d’une
formule chauvine d’une démagogie achevée
sur les «bruits et les odeurs» des
familles immigrées qui ponctionnent la
sécurité sociale par leur prolificité
génésique, le second, auteur d’une
formule d’une abomination absolue sur le
«Durafour crématoire, point de détail de
l’Histoire».
Sujet Médiatique
Unique pendant les deux premières années
de sa mandature, l’homme glanera au
passage le sobriquet d’«agité du bocal».
Sous Nicolas
Sarkozy, la France a vu sa notation
économique dégradée, son taux de chômage
explosé à 10 pour cent de la population,
parallèlement à l’inflation des lois
répressives (13 en cinq ans), alors que
sur le plan interne, son parti, l’Union
Pour la Majorité (UMP), a sombré dans
une gigantesque farce avec le duel
fratricide des deux prétendants François
Fillon et Jean François Copé et le
scandale de son Bygmalion sarkozyste.
Sous son mandat, la
dette publique a explosé de 600
milliards d’euros, alors que,
parallèlement, les cadeaux fiscaux se
sont élevés à 75 milliards d’euros et
que 350.000 emplois industriels ont été
détruits, générant 337.000 pauvres
supplémentaires. Recordman de la hausse
la plus brutale du taux de chômage
depuis trente ans, sous Sarkozy, à 8,1%
en 2007, le taux devrait être autour de
10% en 2012, selon les dernières
prévisions de l’Insee. La baisse des
moyens consacrés à la lutte contre le
chômage s’est accélérée depuis 2008
(-10,5% entre 2010 et 2011 et -11,3%
entre 2011 et 2012) et certaines
mesures, comme la défiscalisation des
heures supplémentaires, ont eu des
effets néfastes sur l’emploi en période
de crise.
Sur le plan
diplomatique, le projet phare de sa
mandature, l’Union Pour la Méditerranée
(UPM), a sombré corps et âmes du fait de
la destitution de ses deux piliers sud,
le tunisien Zine El Abidine Ben Ali et
l’égyptien Hosni Moubarak, emportés par
le vent d’est du changement et sa
libération de la Libye a fait de ce pays
un «incubateur de dictateurs», une zone
de non droit absolu, débouchant sur
l’instauration de la charia dans le pays
et la talibanisation du Nord Mali, le
pré carré africain de la France.
Ce président qui a
fantasmé sur «les moutons que l’on
égorge dans les baignoires» a néanmoins
constamment quêté l’hospitalité des
baignoires des palais royaux arabes, de
Doha à Rabat, prenant l’initiative de
stigmatiser une composante de la
population pour des motifs inavoués
bassement électoralistes. A ce titre
“les moutons que l’on égorge dans les
baignoires” (Nicolas Sarkozy), tout
comme «les bruits et les odeurs des
familles immigrées» prolifiques (Jacques
Chirac) demeureront une tache indélébile
du discours politique français et
déshonorent leurs auteurs. A n’y prendre
garde, elles ouvriraient la voie à des
dérives fascisantes du comportement
politique français.
Bouclier fiscal,
dîner au Fouquet’s avec le CAC 40 et
tutti quanti. Travaillez plus pour
gagner moins. Pour réfléchir moins? Le
mépris du peuple. Le mépris de la
souffrance du peuple. Le populisme n’est
pas populaire.
Nicolas Sarkozy,
dégradé, les symboles de la diversité en
quenouille. Plagiaire, Rama Yade, rayée
des listes électorales de Colombes. La
banlieue n’aime pas les frimeurs et les
tricheurs. Rachida Dati, punie par là où
elle a pêché. Squatteuse de luxe,
dégagée par un parachuté comme elle.
Fadela Amara, délogée de son appartement
de fonction et Abdel Rahman Dahmane, des
palais de la République. Faudel renvoyé
à ses fourneaux et Doc Gynéco à ses
vapeurs. Et si la diversité à la Sarkozy
n’était qu’un «piège à c…» et Sarkozy
piégé par lui-même ?
L’allégeance aux
armes et le fichier de la double
nationalité, deux aspects d’un même
piège démagogique.
L’allégeance aux
armes, -la proposition de Jean François
Copé, le chef de l’UMP, qui consiste
pour tout candidat à la nationalité
française ou tout français accédant à la
majorité, de prêter un serment de
loyauté à la France-, comme le fichier
de la double nationalité, la proposition
de Claude Goasguen, sont les deux
aspects d’un même piège de la démagogie
qui se referme contre ses auteurs.
L’allégeance aux armes, soit. Mais que
faire des objecteurs de conscience? Des
pacifistes?
Une allégeance
n’immunise pas contre la trahison. La
collaboration avec l’ennemi de la
France, l’Allemagne nazie, a été
institutionnalisée par un Maréchal de
France, lors de la Deuxième guerre
mondiale. Les législateurs UMP e France
se devraient, au préalable, de réviser
leurs cours sur l’histoire de France
avant de se lancer dans une entreprise
si chauvine. Tant qu’à faire commençons
par mettre de l’ordre chez soi: La
défense du caporal binational franco
israélien Gilad Shalit par la France
devient dès lors caduque et, non avenue,
de même que la promotion du réserviste
israélien Arno Klarsfeld au poste de
directeur de l’office de immigration et
de l’intégration. Pour en finir avec le
double standard… et dans le même ordre
d’idées, faire intervenir l’Otan en
Libye et apposer son veto à l’admission
de la Palestine, relève de la duplicité,
une forme de déloyauté à l’égard de ses
propres principes fondamentaux. A force
de jouer avec le feu on finit par s’y
brûler.
La Françafrique,
une France à fric: Honte à l’Afrique
Honte à l’Afrique.
Honte à l’Afrique de nourrir ses
bourreaux. Jamais la Françafrique, le
plus extraordinaire pacte de corruption
des élites françaises et africaines à
l’échelle continental, n’a autant mérité
son nom de «France à fric», une
structure ad hoc pour pomper le fric par
la vampirisation des Africains pour la
satisfaction de la veulerie française.
Aberrant et Odieux.
Honte à l’Afrique. Cinq siècles
d’esclavage pour un tel résultat. Pour
continuer à entretenir à grands frais
l’un de ses colonisateurs les plus
implacables, la France, l’un de ses
tortionnaires les plus effrontés, Jean
Marie Le Pen. Sans la moindre pudeur
pour les victimes de la traite négrière,
de l’esclavage, des zoos ethnologiques…
les bougnoules, les dogues noirs de la
République?
Gabon, Congo, Cote d’Ivoire, Sénégal,
Guinée équatoriale. Drôle de riposte que
de cracher au bassinet lorsqu’on vous
crache sur la gueule. Qu’il est loin le
temps béni des Mau Mau du Kenya.
Vivement son retour. A vomir ces rois
fainéants, dictateurs de pacotille de
pays de cocagne.
La honte. Vénalité
française et corruption africaine,
combinaison corrosive, dégradante pour
le donateur, avilissante pour le
bénéficiaire: Quatre cent milliards de
dollars (400 milliards) évaporés en 35
ans du continent africain vers des lieux
paradisiaques, de 1970 à 2005, selon les
estimations de la CNUCED (2).
Et Pourquoi ne pas déduire ces
gracieusetés de la dette; la dette,
cette nouvelle forme de traite négrière,
qui saigne l’Afrique, autant que la
précédente? Et pourquoi ne pas compenser
par des infrastructures à l’effet de
réduire la dépendance?
Qu’attendent donc
les Africains pour dégager leurs
dirigeants fantoches, pourris parmi les
plus pourris. Pas plus difficile à
dégommer que Moubarak et Ben Ali.
Surtout pas à l’aide de l’Otan, la
coalition de leurs anciens bourreaux,
mais à la sueur de leur front, avec les
larmes des patriotes et leur sang, pour
sceller définitivement la reconquête de
la dignité de l’Afrique.
Et la classe politique française…Quelle
strate parasitaire et obséquieuse.
Tunisie, Maroc, Mammounia et Hammamet.
Djembé et mallettes. Karachi et
Clearstream. Rétro commissions et
Taïwan. Alexandre Djhouri et Robert
Bourgi. Ziad Takieddine et consorts (2).
«République irréprochable», claironne le
malaise vagal, «état exemplaire d’un
siècle de l’éthique», tambourine
l’anosognosie.
Posture et
imposture.
Allégeance aux
armes ? Chiche Jean François Copé en
contrepartie d’un serment d’intégrité de
la classe politique française. Mais qui
trahira sa parole en premier? Le
postulant ou le moralisateur?
Exception française et Pays des Droits
de l’homme. Du pipeau. Ventouses et
vampires plus vrais que nature, plus
conformes à la réalité. En toute
impunité. Aucune pudeur. Travailler plus
pour gagner qu’ils redisent. L’imposture
absolue. Un ridicule qui tue, le signe
indiscutable du déclin. Tant pis pour
les fossoyeurs de la douce France. Que
l’on ne compte pas cette fois sur
l’Afrique pour relever leur pays. Du
balai, Erhal (dégage). Pour renvoyer à
ses fadaises l’homme du discours de
Dakar, spécialiste de la répétition, pas
encore entré dans l’histoire.
La dalle
d’Argenteuil, le test de crédibilité de
Nicolas Sarkozy
Quelle inversion
des valeurs que de voir l’homme de la
stigmatisation africaine bombait le
torse, ivre de sa victoire en Libye. Une
victoire à la Pyrrhus d’ailleurs qui
propulse la Charia comme la principale
source de législation en Libye de par la
volonté de Moustapha Abdel Jalil, le
protégé du philosophe médiatique Bernard
Henry Lévy. Il se raconte que dans la
griserie de sa victoire le nouveau
Scipion l’africain se serait vanté de
nouveaux exploits devant le commandant
Massoud de la Cyrénaïque et de la
Tripolitaine: «Dans un an l’Algérie,
dans trois ans l’Iran».
Stratège d’opérette
promoteur, à grand fracas, l’Union Pour
la Méditerranée, une merveille de
diplomatie au résultat piteux. Ses deux
piliers sud, Moubarak et Ben Ali, gisant
au fond de la Méditerranée.
«Dans un an
l’Iran»..? «Bomber Sarko» a seriné cette
menace pendant cinq ans avec sa formule
passée à la postérité: «la bombe ou le
bombardement». Bravant ses foudres,
l’Iran est parvenu, entre temps, au
statut de puissance du seuil nucléaire,
la centrale de Bouchehr raccordée au
réseau électrique iranien…..et sarko
galopant à la recherche de sa gloire
passée.
Le matamore de Libye est une métaphore.
Complètement à l’Ouest: un président à
contretemps, à contresens de l’histoire,
le pire sinistre industriel de la France
depuis l’avènement de la Vème
République. Ce stratège en chambre
confond le principe du désir et le
principe de réalité.
Que pouvez-vous espérer d’un président
d’un pays qui n’a pas le courage de
franchir le périphérique de sa capitale?
«Casse-toi pauv’con: La dalle
d’Argenteuil, c’est le véritable test de
la crédibilité de «Bomber Sarko».
Références
-
Nicolas
Sarkozy, un champ de ruines
diplomatique et économique: Extraits
du Livre «De
Nicolas I à François III, chronique
d’une relégation annoncée»
par René Naba (Dictus publishing) –
Disponible ici
-
Se référant aux estimations de la
CNUCED, Me Fabrice Marchisio, avocat
spécialisé dans le recouvrement
d’actifs frauduleux, précise que 400
milliards de dollars ont fui
l’Afrique entre 1970 et 2005 vers
d’autres continents et se fondant
sur les estimations de la banque
Mondiale, il indique que le montant
des détournements des dictateurs
arabes déchus lors du «printemps
arabe», Hosni Moubarak (Égypte),
Zine El Abidine Ben Ali (Tunisie) et
Mouammar Kadhafi (Libye) serait
d’une ampleur oscillant entre 100
milliards et 200 milliards, une
variation qui intègre dans ses
estimations des actifs dissimulés.
Me Fabrice Marchisio est membre du
cabinet Asset Tracing and Recovering
/ Cabinet Cotti, Vivant, Marchisio
and Lazurel. Interview au journal Le
Figaro 12 septembre 2011.
-
Pour le bilan
de François Hollande à mi mandat,
http://www.renenaba.com/l-homme-de-l-annee-2013/
Publié le 30 novembre avec l'aimable
autorisation de René Naba
Le sommaire de René Naba
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