MADANIYA
Syrie: La prophétie sur la chute du
président syrien Bachar Al Assad, à
l’épreuve de la guerre de Syrie
René Naba
Vendredi 29 décembre 2017
La divination
est un art problématique et la prophétie
aléatoire.
Objet d’une
diabolisation universelle par les médias
atlantistes et islamistes, «Bachar»,
ainsi qu’il était désigné de manière
désobligeamment répétitive, a déjoué les
pronostics de tous ses détracteurs et
survécu à ses ennemis.
Un résultat obtenu
autant par sa résistivité et la
combativité de ses alliés, notamment le
Hezbollah libanais, que par la capacité
manœuvrière des artisans du «grand jeu»
régional, -l’Iran et la Russie-, ainsi
que par l’impotence corrélative la
sphère occidentaliste, de la piètre
performance des djihadistes, de leurs
parrains pétro monarchiques, enfin la
pitoyable prestation de l’opposition
syrienne off shore, particulièrement les
supplétifs français en son sein.
Le retour de
l’Égypte en Syrie, matérialisé par
l’intermédiation du Caire dans le
dégagement des djihadistes de la
banlieue de Damas et sa forte
participation à la Foire Internationale
de Damas, en Août 2017, a marqué dans
l’ordre symbolique la levée de
l’ostracisme qui frappait le régime
baasiste et sa ré-légitimation par le
plus grand pays sunnite arabe,
accentuant la déconfiture des
détracteurs du régime syrien.
La caste
intellectuelle arabe en a fait l’amère
expérience à l’occasion de la guerre de
Syrie et des spéculations réitératives
sur la chute du président syrien où les
vœux pieux s’entremêlaient
frénétiquement avec les déclarations
performatives, les postures
déclamatoires, au point que même des
capés de la méritocratie française et de
«grandes signatures» de la presse
occidentale ont succombé à leurs propres
campagnes d’intoxication (1).
Un chercheur
jordanien, spécialiste des mouvements
d’opinion, s’est penché sur les
prévisions politiques des faiseurs
d’opinion arabes à propos du sort de
Bachar Al Assad , lors de la grande
offensive de la contre-révolution arabe
de la séquence dite du printemps arabe»,
où les estimations ont connu une
gradation en fonction de l’évolution de
la situation sur le terrain.
Par touches
successives, l’estimation au départ
catégorique «chute imminente», -«dans
les quinze jours» selon les oracles
français-, a progressivement fléchi pour
se muer en «chute inéluctable», passant
ensuite à «vraisemblable», puis à
«probable», enfin «possible».
En préambule,
l’auteur de l’étude, le Docteur Walid
Abdel Hay, a souligné qu’il s’est penché
sur les documents observant une approche
méthodologique dans les raisonnements
des intervenants et une claire prise de
position sur le sujet, excluant les
réactions impulsives générées lors des
joutes oratoires et les débats
télévisés.
Le politologue a
retenu un panel reflétant les grands
courants politiques et intellectuels de
16 pays arabes, ainsi que des études
parues au sein de la diaspora arabe des
États Unis et d’Europe.
Pour fonder son
jugement, Walid Abdel Hay a analysé 307
documents, -266 articles et 41 études-,
rédigés par 81 auteurs, soit en moyenne
pour chaque contributeur de 1 à 4
articles.
Ci joint le
résultat de ce spécialiste de la
prévision, dont la recension pour le
locuteur arabophone se trouve sur ce
lien: http://www.raialyoum.com/?p=719661
- 84,03%
d’auteurs ont prédit la chute du
régime syrien en 2011 et 2012
- 10,73% ont
prévu sa chute entre 2012 et 2015
- 5,21% ont
prédit que le régime baasiste ne
chutera pas avant 2016
Sur les 300
articles prophétisant la chute du
Président Bachar Al Assad et son régime,
- 199 textes
émanaient d’auteurs se réclamant du
courant islamiste.
- 81 textes
d’auteurs se réclamant du courant
nationaliste.
- 16 textes du
courant libéral.
- 6 textes du
courant marxiste.
«La dynamique du
«printemps arabe» a faussé le jugement
de bon nombre d’analystes en ce qu’ils
ont posé comme postulat de départ la
chute en cascades des dirigeants arabes
(le tunisien Zine Al Abidine Ben Ali,
l’égyptien Hosni Moubarak, le yéménite
Ali Abdallah Saleh et le libyen Mouammar
Al Kadhafi)».
Raisonnement
mécanique et instinct grégaire
Le raisonnement
mécanique et l’instinct grégaire ont
dominé la démarche intellectuelle arabe,
relève le politologue jordanien.
«Le bouleversement
de la physionomie du leadership arabe
traditionnel, la première année du
soulèvement populaire arabe, en 2011 a
conduit les intellectuels arabes à
opérer un raisonnement mécanique»,
estime l’universitaire jordanien qui
observe que «la grande tragédie des
intellectuels arabes est d’avoir renoncé
à la prudence habituelle qui s’impose
dans ce genre d’exercice et d’avoir
déduit que le processus était
inéluctable, irréversible».
Un autre trait
saillant qui a dicté le raisonnement des
intellectuels arabes est leurs
présupposés idéologiques à l’égard du
régime syrien.
Une approche
subjective et non dictée par une analyse
concrète d’une situation concrète,
soutient Walid Abdel Hay. «L’instinct
grégaire» a prévalu dans les prédictions
des intervenants, les conduisant à sur
estimer le rôle de la Turquie et des
pays occidentaux, ajoute-t-il.
Les variations
de sept auteurs
Sept auteurs, dont
l’universitaire ne révèle pas
l’identité, ont alterné leurs prévisions
tantôt favorables au maintien du régime,
tantôt sceptiques sur sa longévité, en
fonction de l’évolution de la situation
sur le terrain, pariant sans doute sur
l’amnésie des lecteurs pour justifier
leurs variations prévisionnelles.
277 articles
(90,22%) s’appuyaient sur l’intuition et
le pressentiment de l’auteur, 19
articles ont opté pour des plaidoyers
pro domo, la description de scénarios
abrupts, sans le moindre adossement à
une information fiable et vérifiable.
Sans le moindre respect des règles
élémentaires de la prospective.
Nul n’est prophète
dans son pays, surtout lorsque le
«faiseur d’opinion» est animé d’une
opinion sur déterminée par ses
présupposés idéologiques, ses œillères
intellectuelles, sa cécité politique ou
son soubassement financier.
Dr Walid Abdel Hay
indique que sa prochaine étude portera
sur les «faiseurs d’opinion» des pays
occidentaux.
Pour en avoir un
avant-goût, ci joint quelques éléments
d’appréciation:
1 – La déconfiture
de la presse française à propos de la
guerre de Syrie : Les cas de Libération
et Le Monde
Libération, le
portrait dressé par un prix Joseph
Kessel 2017
2 – Le Monde, une
métaphore animalière sur un combat
homérique entre le Cobra islamiste et la
mangouste militaire narrée par un prix
Albert Londres 2008
Additif
Vanessa Burggraff,
poupée Barbie de l’Otan, reine du Fake
News, promue Directrice de la Rédaction
de France 24,
Sur la fausse
défection de Lamia Chakkour,
ambassadrice de Syrie en France.
La défection de
Farouk al-Chareh, vice-président syrien,
a été annoncée par les médias au moment
où Laurent Fabius, le super cappé de la
méritocratie française, prédisait “des
défections spectaculaires à la tête du
régime syrien“.
Mais il n’en a rien été. Alors en guise
de lot de consolation, la défection de
l’ambassadeur de Syrie en France et son
ralliement à l’opposition a été jetée en
pâture. L’intox négligeait un fait
capital: l’identité du diplomate: Lamia
Chakkour est en fait la fille du Général
Youssef Chakkour, chef d’état major
(chrétien) de l’armée syrienne durant la
guerre d’octobre 1973 et maître d’œuvre
de la récupération partielle du Golan,
le plateau syrien occupé par Israël.
Ci joint le lien du
Fake News, (Au passage, observez Vanessa
Burggraff remerciant pour son “courage”
la fausse Lamia Chakkour)
Pour aller plus
loin
L’Hécatombe de la
guerre de Syrie, six ans après son
déclenchement.
» »
Les fantasmagories du Quay d'Orsay
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