MADANIYA
Le Liban, poste d’observation d’une
diplomatie française en plein désarroi
René Naba
Lundi 28 août 2017
Sans visibilité régionale depuis la
fermeture de l’ambassade de France à
Damas, en 2012, la France paraît avoir
promu Beyrouth au poste d’observation
privilégié de la zone, à en juger par
les nominations du Président Emmanuel
Macron aux principales articulations de
la diplomatie française.
Ancien ambassadeur de France en Iran,
Bruno Foucher a été dépêché à Beyrouth
en une trajectoire qui traduit le
désarroi de la France face à ses
camouflets successifs:
-Face à
l’Iran dans le dossier nucléaire, -à
l’époque piloté par Laurent Fabius, « le
petit télégraphiste des Israéliens » en
la matière.
-Face au
Hezbollah en Syrie, l’un des grands
vainqueurs stratégiques de cette
confrontation à distance avec Paris,
maître d’œuvre de la création du
Tribunal Spécial sur le Liban
criminalisant la formation chiite dans
la responsabilité de l’assassinat de
l’ancien premier ministre libanais Rafic
Hariri
Dans le
prolongement de cette nomination,
Emmanuel Bonne, l’ancien titulaire du
poste à Beyrouth et protégé de François
Hollande, a été promu directeur de
cabinet du nouveau ministre de l’Europe
et des Affaires étrangères.
Gageons
qu’avec une telle expertise cumulée, le
nouveau patron du Quai d’Orsay, Jean
Yves Le Drian, saura épargner au
Département les avanies de ses cinq
derniers prédécesseurs: Philipe Douste
Blazy, passé à la postérité pour sa
mémorable esclandre de la Mamouniya,
Bernard Kouchner, le deux tiers mondain
transfuge socialiste néo sarkozyste,
Alain Juppé, l’ordonnateur de la guerre
de Syrie, Laurent Fabius, le naufrageur
de la diplomatie française, Jean Marc
Ayrault, «le ronronneur du Quai».
Complète
cet édifice, l’inénarrable Bernard Emié
à la tête de la DGSE, lui aussi ancien
ambassadeur de France à Beyrouth, dans
la décennie 2000, par ailleurs
théoricien de la «responsabilité
implicite de la Syrie et du Hezbollah»
dans l’assassinat du milliardaire libano
saoudien.
Une
théorie qui s’est révélée comme étant la
plus grande imposture des annales de la
justice pénale internationale en ce que
son auteur a outrepassé ses fonctions
diplomatiques, sans le moindre mandat
juridictionnel international, pour la
théoriser par supputation, en l’absence
de moindre indice irréfragable, dans le
double but vindicatif de complaire au
président Jacques Chirac, le
pensionnaire posthume du milliardaire
libano saoudien assassiné, en février
2005, d’une part, et, d’autre part, de
pénaliser, sur les deniers du
contribuable libanais, ses adversaires
libanais et syriens.
Pour
aller plus loin sur cette affaire, ci
joint les liens concernant le Tribunal
Spécial sur le Liban
Et sur
ces deux liens le partenariat Hariri
Chirac
Pour
mémoire Beyrouth (Emmanuel Bonne) et
Alger (Bernard Emié) sont les deux
seules capitales arabes où Emmanuel
Macron s’est rendu dans sa pré campagne
présidentielle, sans doute pour jauger
ses futurs subordonnés.
En
l’absence d’une ambassade de France en
Syrie, fermée sur ordre d’Alain Juppé,
-le plus capé des hiérarques français à
égalité avec Laurent Fabius,- le Liban
parait être le point de fixation de la
diplomatie française, son dernier
ancrage dans la zone, hors Golfe, au
point d’apparaître comme un
indispensable poste d’observation dans
un pays jadis sa chasse gardée,
désormais hors orbite gravitationnelle
française. Sa hantise, sinon son
cauchemar, à l’effet de compenser
quelque peu le naufrage de la diplomatie
française depuis les guerres de
prédation économique du Monde arabe dans
la séquence dite du «printemps arabe».
Bruno
Foucher avait succédé à Denis Pitton, à
la tête de l’Institut Français, à la
suite du décès de celui qui fut
ambassadeur de France au Liban et pis
directeur de cabinet de Laurent Fabius,
le désastreux patron du Quai.
Ancien
élève de l’École nationale de la
Statistique et de l’Administration
économique (ENSAE), de l’École nationale
d’Administration (ENA), titulaire d’un
diplôme d’études approfondies en
histoire et civilisation économique, et
de celui de l’Institut d’études
politiques de Paris, Bruno Foucher a
occupé de nombreuses fonctions au
service de la diplomatie française.
Il
rejoint, en 1990, la Direction des
Nations Unies et des organisations
internationales, au sein de
l’administration centrale, puis devient
premier secrétaire à la mission
permanente de la France auprès des
Nations Unies à New-York de 1993 à 1997.
Deuxième
conseiller à Téhéran de 1997 à 2000, il
occupe ensuite les fonctions de premier
conseiller à Riyad jusqu’en 2003. De
2003 à 2006, il est sous-directeur
d’Afrique occidentale (direction
d’Afrique et d’Océan indien) du
ministère des Affaires étrangères.
Ambassadeur au Tchad, à N’Djamena à
partir de 2006, Bruno Foucher était,
avant sa nomination en tant que
Président de l’Institut français,
ambassadeur en Iran depuis mai 2011.
Reçu de René Naba pour publication
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