MADANIYA
Centenaire Balfour : La Palestine cent
ans après
René Naba
Lundi 27 novembre 2017 Texte
publié en partenariat avec Golias
http://www.golias-editions.fr/ –
http://golias-news.fr/.
« Si
j’étais un dirigeant arabe, je ne
signerai jamais un accord avec
Israël. C’est normal : Nous avons
pris leur pays. Il y a eu
l’antisémitisme, les Nazis, Hitler,
Auschwitz, mais était-ce leur faute
? Ils ne voient qu’une seule chose :
Nous sommes venus et nous avons volé
leurs terres. Pourquoi devraient-ils
accepter cela ?»
David
Ben Gourion, premier chef du
gouvernement israélien, le 18 juillet
1948, dans les semaines qui suivirent la
déclaration unilatérale d’indépendance
de l’État Hébreu.
La
permanence du géotropisme occidental ou
le complexe de Gibraltar
Il
serait fastidieux et vain de dresser une
chronologie de l’Histoire de la
Palestine, c’est-à-dire le récit
linéaire des événements tels qu’ils se
sont produits depuis la promesse Balfour
jusqu’à nos jours, plus exactement
depuis la promesse de création d’un
Foyer National Juif en Palestine,
jusqu’à la prolifération et la
consolidation de bantoustans sous
occupation israélienne, autour des
grandes agglomérations urbaines
palestiniennes, Ramallah, Bethléem,
Naplouse, Hébron et Djénine.
Des
Bantoustans, en guise de Foyer National
Palestinien, ayant vocation à constituer
le futur état palestinien que les pays
occidentaux veulent ériger en guise de
solde de tout compte d’un conflit
centenaire et dont la responsabilité
première incombe exclusivement aux pays
occidentaux.
Pas une
histoire totale donc, mais une histoire
problématisée, c’est-à-dire une histoire
qui essaye d’expliquer les raisons de
ces événements. Il incombe, pour ce
faire, de procéder à un décryptage de
l’histoire récente ou plutôt à la
déconstruction des mythes fondateurs de
la stratégie occidentale à l’égard de la
rive méridionale de la Méditerranée, sa
rive arabo-musulmane.
La
théorie du vacuum, « le Res Nullus »
L’Europe, qui a longtemps symbolisé
l’Occident, n’a jamais pardonné aux
Arabes non seulement la conquête de la
rive méridionale de la Méditerranée mais
aussi la rive africaine de l’Océan
Atlantique. A une époque où la
navigation maritime constituait la
principale voie de ravitaillement des
Métropoles, la présence de l’Islam sur
les rives africaines de l’Atlantique a
été perçue par l’Europe une menace
stratégique sur la navigation
transocéanique occidentale, celle
reliant l’Europe à l’Amérique Latine
(via Dakar).
Au delà
de la conquête de marchés captifs et des
réserves de matières premières, la
colonisation de la Méditerranée a
répondu au souci de neutraliser cette
menace potentielle ou virtuelle. Cela
quand bien même nulle poussée arabe n’a
été enregistrée en direction de l’Europe
depuis près de quatre siècles, soit pour
les Arabes, depuis la perte de Grenade
en 1492 et la restauration de la
souveraineté catholique sur l’Espagne.
Nulle poussée musulmane, non plus,
depuis le retrait des troupes musulmanes
de l’Empire ottoman des portes de
Vienne, le 13 avril 1683. Sous couvert
d’une motivation religieuse (la
libération du tombeau du Christ à
Jérusalem), les Croisades répondaient à
cette préoccupation. La colonisation
aussi.
Les
grands principes universels découlent
rarement de considérations altruistes.
Elles répondent davantage à des
impératifs matériels. Du temps des
Croisades, le mot d’ordre mis en avant
était la « libération du tombeau du
Christ ». Le sac de Constantinople
constituera, à cet égard, selon
l’historien Jacques Le Goff, une des
pages honteuses de l’histoire de
l’Occident.
Du temps
de la colonisation, ce sera « le fardeau
de l’homme blanc » et son double
corollaire économique, -la liberté de
navigation et la liberté du commerce et
de l’industrie-, c’est-à-dire la liberté
pour l’Europe de façonner à son image
les territoires conquis, d’asservir les
peuples, et sous prétexte de
civilisation et de modernité, de
coloniser leurs territoires pour son
expansion économique.
Le
promontoire de Gibraltar qui contrôle la
jonction Mer Méditerranée-Océan
Atlantique est bien revenu sous
souveraineté européenne, en fait
anglaise, mais les Occidentaux ne se
sont jamais libérés du complexe de
Gibraltar. Gibraltar (Jabal Tareq), qui
tire son nom du conquérant arabe Tarek
Ben Ziad continue de retentir dans le
subconscient occidental comme un
camouflet stratégique majeur.
Toutes
les voies de communications maritimes de
l’espace arabe sont ainsi depuis quatre
siècles sous contrôle occidental.
Gibraltar pour la jonction
Méditerranée-Océan atlantique, l’île de
Massirah, -dans le sultanat d’Oman, qui
contrôle le détroit de Bab et Mandeb-,
pour la jonction Golfe
arabo-persique/Océan indien, enfin
Chypre, ou plutôt les bases d’Akrotiri
et de Dekhélia pour la jonction
Méditerranée- Golfe-Océan indien, via le
Canal de Suez.
Les deux
bases de souveraineté anglaise de Chypre
ont été aménagées en base anglaise de
repli après la perte du Canal de Suez,
auparavant sous condominium
franco-anglais. La nationalisation de la
voie d’eau, en 1956 par Nasser a
d’ailleurs donné lieu à une expédition
punitive franco-anglo-israélienne,
première opération militaire conjointe
israélo-occidentale contre le Monde
arabe destinée à châtier un dirigeant
nationaliste arabe, Gamal Abdel Nasser,
coupable d’avoir cherché à récupérer sa
principale richesse nationale, le Canal
de Suez.
D’autres
expéditions punitives ont eu lieu depuis
Suez. Les guerres croisées des
États-Unis en Irak pour le compte
d’Israël, depuis 2003, la guerre
d’Israël au Liban contre le Hezbollah
pour le compte de l’Amérique, en 2006,
constituent de parfaites illustrations
de l’intrication d’Israël dans la
stratégie occidentale.
De la
vacuité géographique : Un peuple sans
terre pour une terre sans peuple
Le Foyer
National Juif s’est déployé en
Palestine, précisément, et non à
Madagascar ou en Argentine comme cela
était prévu dans le projet originel pour
l’évidente raison que la mise en place
de cette entité occidentale au cœur du
Monde arabe répondait avant tout à un
géotropisme permanent des puissances
coloniales :
Le
verrouillage de l’espace arabe au
prétexte de la liberté de navigation et
de la sécurité de la route des Indes :
Gibraltar, le Canal de Suez, l’île de
Massirah, la côte des pirates auront
ainsi tout au long de l’histoire moderne
constitué autant de jalons de
l’expansion européenne, autant de places
fortes de garnison et de vigiles de
l’Empire britannique.
L’implantation du Foyer National Juif en
Palestine a été précédée de la conquête
de l’Algérie, en 1830, du protectorat de
la France sur la Tunisie, en 1881, du
protectorat anglais en Égypte, en 1882.
Elle est concomitante du Mandat français
sur la Syrie et le Liban, en 1920 et du
Mandat anglais sur l’Irak et la
Palestine.
Soixante
dix ans après l’indépendance des pays
arabes, au lendemain de la Deuxième
guerre mondiale, la présence militaire
occidentale est plus forte qu’à l’époque
coloniale.
L’ensemble arabo-musulman est ainsi
enserré dans un maillage, sans doute
l’un des plus denses au monde. Qu’on en
juge : le Qatar abrite la base du
centcom, la plus importante base
américaine du tiers monde dont la zone
de compétence s’étend de l’Afghanistan
au Maroc et le Bahreïn le QG de la V me
flotte américaine opérant dans la zone
Golfe-Océan indien.
Zone de pré positionnement des troupes
américaines dans le golfe, le Koweït
sert de base arrière pour le
ravitaillement stratégique des troupes
combattantes américaines dans la zone.
L’Arabie
saoudite abrite sur la base du prince
sultan, -dont la superficie excède la
superficie de Paris, les avions radars
Awacs-, et le Maroc, la base aérienne de
Kénitra pour la surveillance aérienne
depuis la rive arabe du passage de
Gibraltar. Enfin le Sultanat d’Oman, sur
l’île de Massirah relevant de sa
souveraineté, une base aéronavale
anglaise verrouille la jonction Océan
Indien-Golfe arabo-persique.
Au
passage, relevons que la quasi-totalité
des monarchies arabes se trouvent en
situation de subordination ou, pour être
charitable, de « servitude volontaire »
vis-à-vis des puissances occidentales.
L’importance de l’implantation du Foyer
National Juif en Palestine apparaît
rétrospectivement ainsi comme un élément
du maillage.
Le choix
de la Palestine s’est fait en vertu du
principe de la vacuité géographique.
L’habillage idéologique à cette
entreprise de prédation se résumait par
ce slogan « Un peuple sans terre pour
une terre sans peuple». Un slogan
mystificateur car il revenait à nier
l’existence d’une population dont les
ancêtres s’étaient frottés
victorieusement aux Croisés, en
Palestine.
Nier
l’existence d’une civilisation, marquée
par une économie agricole réputée pour
son huile, ses vins, le vin de Latroun,
ses agrumes, les oranges de Jaffa
célèbres dans l’ensemble de la
Méditerranée, bien avant la
fertilisation du désert par les
vaillants Kibboutznik, autre
mystification de la légende sioniste.
Les
diverses déclinaisons de la notion de
vacuité
La
notion de vacuité s’est depuis lors
déclinée dans toutes ses variantes. De
la vacuité géographique nous sommes
ainsi passés à la vacuité culturelle
puis à la vacuité politique.
-La vacuité culturelle : La Palestine a
été décrétée en situation de vacuité par
application de la théorie de Metternich
« le Res Nullus » , tout simplement
parce qu’elle a eu la mauvaise idée de
se situer du mauvais côté de la
frontière et de l’imperium européen :
« En dehors des frontières de la
civilisation, il était loisible
d’insérer librement, au milieu des
populations plus ou moins arriérées -et
non contre elles- des colonies
européennes qui ne pouvaient être que
des pôles de développement», expliquera
benoîtement le chancelier autrichien.
Autrement dit, la Palestine n’était pas
un territoire vide démographiquement,
mais culturellement, vide d’une sorte de
vacuité culturelle, car ne répondant pas
au standard européen. Près de cent ans
plus tard, l’Irak était, à son tour,
frappé de « vacuité politique », qu’il
importait de lui appliquer la démocratie
américaine, avec les déplorables
conséquences que l’on constate
quotidiennement sur le terrain.
La
vacuité politique ou La négation de
l’identité palestinienne
La
théorie de la vacuité palestinienne
s’applique d’ailleurs d’une manière
discontinue depuis 1948 sur le plan
politique.
L’absence de progrès dans la recherche
de la paix a toujours été imputée à
l’absence de volonté de paix chez les
Arabes, ce qui a été vrai un certain
temps, mais qui n’est plus vrai depuis
1982 (adoption du plan de Fès-Maroc), et
surtout à l’absence d’interlocuteurs
palestiniens, ce qui n’a jamais été
vrai.
Des «
animaux à quatre pattes », selon
l’expression de l’ancien premier
ministre Golda Meir, aux « cafards »
d’Avigdor Liberman, le chef de file de
la droite radicale, les Palestiniens ont
rarement été identifiés pour eux mêmes,
pour ce qu’ils sont, des Palestiniens,
les habitants originels de la Palestine.
Quand ils n’étaient pas qualifiés de «
terroristes », ils ont été tour à tour,
arabes israéliens ou habitants des
territoires (lesquels ?) ou alors, selon
leur appartenance communautaire ou
ethnique (druzes, bédouins) jamais
arabes palestiniens ou tout simplement
palestiniens.
La
négation de l’identité palestinienne a
trouvé son illustration la plus achevée
avec la mise en résidence forcée de
Yasser Arafat, Président
démocratiquement élu de la Palestine et
Prix Nobel de la Paix, par le dirigeant
israélien le plus controversé pour ses
pratiques terroristes, le premier
ministre Ariel Sharon avec la complicité
des pays occidentaux. En revanche, les
tortuosités israéliennes relèvent elles
du registre de la générosité.
Tout le
monde se souvient des « offres
généreuses » d’Ehoud Barak, le
prédécesseur de Sharon, lors des
négociations israélo-palestiniennes de
Way Plantation sous l’égide du président
Bill Clinton.
La mystification des « offres généreuses
» n’a pas tenu longtemps car elle a été
vite dénoncée par des journalistes
israéliens eux-mêmes, puisqu’elles
consistaient à obtenir de Yasser Arafat
une reddition sans condition tant sur le
statut futur de Jérusalem que sur le
statut des réfugiés palestiniens, que
sur leur Droit au retour).
La
promesse Balfour est en fait une
promesse faite, le 2 novembre 1917, par
le ministre anglais des Affaires
étrangères Arthur James Balfour à Lord
Walter Rothschild d’aménager un « Foyer
National Juif en Palestine».
Arthur Koestler, un écrivain nullement
suspecté d’antisémitisme, en tirera un
accablant constat qui se passe de
commentaires : « Pour la première fois
dans l’histoire, écrira cet auteur
hongrois anticommuniste philo sioniste,
« une nation promet solennellement à une
autre (nation en gestation) le
territoire d’une troisième nation».
Une fraction de la Palestine est promise
aux Juifs non pour les dédommager des
atrocités commises à leur égard par les
Palestiniens ou les Arabes, mais en
compensation des persécutions qu’ils ont
eu à subir en Europe. En somme, comme
cela se dit vulgairement, c’est à dire
dans le langage populaire, « on les
dédommage sur le dos de la bête».
Plus
cruellement, l’Occident chrétien a pensé
purger son passif avec le judaïsme et
lui témoigner sa solidarité expiatoire
en créant l’état d’Israël en vue de
normaliser la condition juive
diasporique dans des composantes
nationales claires (Abraham B.
Yehoshua).
Mais il
a dans le même temps transmuté son
contentieux bimillénaire avec une
religion longtemps considérée comme «
déicide » en un conflit israélo-arabe et
un conflit islamo-judaique, en négation
avec la symbiose andalouse. Ce faisant,
l’Occident a transféré en terre arabe
les problèmes lancinants de
l’antisémitisme récurrent des sociétés
occidentales.
L’histoire du Monde arabe contemporain
demeurera incompréhensible à quiconque
ne prendra en considération la blessure
originelle représentée par
l’implantation de l’état d’Israël en
Palestine tant il est vrai que de toutes
les grandes dates qui jalonnent
l’Histoire des Arabes, la date du 15 Mai
1948, est sans doute la plus
traumatique.
La
rupture du continuum stratégique du
Monde arabe
Au-delà
des considérations bibliques, la
création d’une entité occidentale au
cœur du Monde arabe à l’intersection de
sa rive asiatique et de sa rive
africaine, scellait la rupture
définitive de la continuité territoriale
de l’espace national arabe, la rupture
du point d’articulation entre la voie
continentale et la voie maritime de la «
Route des Indes », la voie marchande des
caravanes reliant le couloir
syro-palestinien à son prolongement
égyptien, une rupture stratégique du
continuum au point de confluence des
voies d’eau arabes (le Jourdain, le
Yarmouk, le Hasbani et le Zahrani) et de
ses gisements pétroliers, source de sa
richesse, de son décollage économique et
de sa puissance future.
Un choc
à tous égards traumatique. Il sera vécu
à juste titre comme tel, comme une
amputation du patrimoine national, une
spoliation de l’identité arabe. Il
conditionnera durablement la relation du
Monde arabe et de l’Occident à l’époque
contemporaine et explique une large part
de sa nature conflictuelle, de ses
dérives successives, de ses
déflagrations répétitives, et, enfin
dernière et non la moindre des
conséquences, l’aversion révulsive et la
méfiance instinctive que continue de
nourrir le camp arabe face à toute
initiative occidentale.
Découplage Golfe Méditerranée : la paix
comme appât à la caution arabe d’une
politique belliciste occidentale
Au delà
de la théorie du vacuum, la stratégie
occidentale a toujours cherché à opérer
un double découplage :
-
Découpler la zone du golfe de la
zone méditerranéenne du monde arabe,
c’est-à-dire la zone d’abondance
repue et docile de la zone de
pénurie, découpler sa chasse gardée
pétrolière de la turbulence de la
démographie frondeuse de la
Méditerranée.
-
Découpler les problèmes du golfe
arabo-persique du conflit
israélo-arabe, utilisant le
règlement de la question
palestinienne comme un appât pour
obtenir une caution arabe à sa
politique belliciste à l’égard du
monde arabe, quand bien même elle a,
elle-même, pris l’initiative de
subordonner le règlement du problème
palestinien au règlement des
problèmes plus généraux du
Moyen-Orient.
- La
conférence de Madrid, en 1991, s’est
tenue, en novembre-décembre 1990,
dans la foulée de la première guerre
contre l’Irak. Une belle parade
diplomatique sans lendemain. La
première percée significative sur la
voie de règlement du conflit
israélo-palestinien a eu lieu avec
les accords d’Oslo, en 1993.
Elle a
pu se produire car elle a été opérée, en
catimini, entre Israéliens et
Palestiniens, à l’insu des impératifs de
la diplomatie américaine, non par un
élan de générosité israélienne à l’égard
des Palestiniens mais pour la simple
raison que le premier ministre israélien
de l’époque Yitzhak Rabin était parvenu
à la conclusion, au terme de la première
Intifada, que ce conflit de basse
intensité, saignait l’économie
israélienne en une lente hémorragie,
altérait l’image d’Israël, alors que
l’occupation pervertissait la moralité
de la jeunesse israélien.
Les
accords d’Oslo prévoyaient la
constitution d’un État palestinien dans
un délai de cinq ans. La feuille de
route de George Bush, lancée en 2003
dans la foulée de l’invasion américaine
de l’Irak, prévoyait, elle aussi,
l’édification d’un État palestinien dans
un délai de cinq ans, c’est-à-dire en
2008. Le dernier forcing de Condoleeza
Rice au Moyen-Orient, trois voyages au
premier trimestre 2007, vise à soulager
la pression anti-américaine sur l’Irak.
Le
péril chiite : L’objectif de diversion
de la diplomatie occidentale
Entre
temps, la diplomatie occidentale s’est
fixée un objectif de diversion :
-
Combattre le péril chiite, suscité
par les Américains en décapitant les
deux adversaires idéologiques -et
sunnites- de l’Iran chiite
révolutionnaire, les Talibans, en
Afghanistan, en 2001, et l’Irak
baasiste et laïc de Saddam Hussein,
en 2003.
-
Combattre la menace nucléaire
iranienne suscitée par la
prépondérance militaire israélienne
et son hégémonie régionale du fait
de sa possession de l’arme atomique
et son refus de se soumettre aux
contrôles prévus par le Droit
International quand bien même l’Iran
est devenue une puissance régionale
redoutée non pas tant sous l’effet
d’une politique volontariste, mais
par effet d’aubaine consécutive à la
politique erratique américaine.
L’Islam
sunnite, sous l’égide du président
égyptien, Gamal Abdel Nasser, puis de
Yasser Arafat, chef de l’Organisation de
Libération de la Palestine, a été
diabolisé lorsqu’il s’est identifié au
combat nationaliste arabe pour la
restauration des Droits Nationaux
Palestiniens. Nasser comme Arafat ont
été traités d’ « Hitler » par les médias
israéliens et leurs alliés occidentaux,
alors que les Chiites sous l’autorité du
Chah d’Iran étaient cités en modèle de
modernité et d’intégration occidentale.
Alors
que l’équation se retourne, les
dirigeants arabes sunnites, affidés de
l’Occident, se voient gratifiés d’un
vocable qui se veut flatteur « l’axe de
la modération », quand bien même
figurent au sein de cette alliance
certains des dirigeants les plus
rétrogrades de la planète.
C’est
Israël qui a introduit la course aux
armements atomiques au Moyen Orient et
cela depuis cinquante ans et c’est
l’Iran qui constitue l’unique danger
nucléaire de la zone.
Ce sont quinze Saoudiens qui participent
aux attentats aériens du 11 septembre
2001 contre des objectifs américains et
c’est l’Irak baasiste et laïc qui est
soupçonnée de connivence avec
l’organisation fondamentaliste sunnite
Al Qaida, quand bien même il est de
notoriété publique que l’ordonnateur des
attentats du 11 septembre 2001 est le
poulain commun des Saoudiens et
Américains, Oussama Ben Laden.
Cette
drôle de logique illustre le discours
disjonctif occidental à l’égard du monde
arabo-musulman, une logique variable en
fonction des intérêts des occidentaux.
Un discours qui explique largement les
déboires occidentaux en terre arabe.
Au
passage signalons, qu’Israël est le seul
état du Monde à vouloir désigner au
préalable ses interlocuteurs, en
délimitant au préalable l’ordre du jour,
en anticipant, au préalable, ses propres
résultats, sans que cette morgue ne
suscite la moindre critique dans les
cercles dirigeants occidentaux, plongés
dans une sorte de léthargie amnésique
pour tout ce qui concerne le problème
palestinien.
Au delà
de la diversité des composantes de la
fédération américaine, l’Amérique s’est
dotée par la force d’un état fédéral de
cinquante états -« les États-Unis
d’Amérique »- et cherche à s’adjoindre
le Canada et le Mexique au sein de
l’ALENA, l’Europe, à son tour,
s’applique à édifier une Union
Européenne de 27 membres, mais tant
l’Amérique que l’Europe veillent à
maintenir le monde arabe dans un état de
balkanisation.
Le bloc
atlantiste répugne à la constitution
d’un ensemble arabe au nom du
particularisme des diverses composantes
du Monde arabe (sunnites, chiites,
druzes et alaouites, kurdes et arabes,
chrétiens et musulmans, Machreq et
Maghreb, arabes, kabyles), alors que cet
ensemble de près de 400 millions de
personnes représente davantage de
similitude culturelle et linguistique
qu’un plombier polonais et un pécheur
maltais ou qu’un résident de l’État
huppé du Massachusetts et un texan de
San Antonio, ou encore qu’un basque et
un breton.
Les
Occidentaux s’acharnent ainsi à vouloir
appliquer vigoureusement la légalité
internationale au Monde arabe, tout en
s’exonérant de cette obligation envers
Israël, un état « hors la loi », sur le
plan international, du fait de son
propre comportement, détenteur d’un
record mondial absolu des résolutions de
l’ONU non respectées par l’État hébreu.
Pas moins d’une quarantaine.
Pour aller plus loin sur ce sujet
La liste
des résolutions de l’ONU non respectées
par Israël
http://www.monde-diplomatique.fr/2009/02/A/16775
L’Amérique veut imposer par la force la
démocratie dans le Monde arabe, mais
n’en tire pas toutes les conséquences
lorsque les résultats d’un scrutin
démocratique lui sont défavorables.
Elle récuse le Hamas au prétexte qu’il
ne reconnaît pas Israël, mais ne souffle
mot ni des assassinats extrajudiciaires
des dirigeants palestiniens (160 en
quatre ans), illégaux au regard du Droit
international, ni de l’annexion rampante
de la Cisjordanie et du Golan syrien, ou
de la judaïsation de Jérusalem, ou enfin
du blocus quasi permanent aux
populations palestiniennes sous
occupation israélienne
Rappel
à l’ordre des circonvolutions des divers
plans de paix
Le «
Plan de partage » des Nations unies aux
Palestiniens proposait 47% des 100% du
territoire de la Palestine du mandat
britannique qui appartenait aux
Palestiniens à l’origine. Puis par une
sorte de réduction successive, toutes
les autres initiatives de paix
proposaient des plans dégressifs :
- Les
« Accords d’Oslo » (1993)
proposaient aux Palestiniens une
superficie réduite de moitié : 22%
des 100% qui leur appartenaient à
l’origine.
- L’«
Offre généreuse » d’Ehoud Barak aux
Palestiniens, réduisait l’offre à sa
portion congrue : 80% des 22% des
100% de votre territoire d’origine.
- La
« Feuille de route » envisagée par
Bush pour les Palestiniens en vue
d’obtenir la caution arabe à la
guerre contre l’Irak soumet la
création d’un État palestinien à
diverses conditions qui constituent
un chef d’œuvre d’hypocrisie
diplomatique et de mauvaise foi.
La
création d’un État palestinien est
soumise aux conditions suivantes :
- La
renonciation à la lutte armée,
c’est-à-dire la résistance à
l’occupation, ainsi que la
neutralisation de tous les
combattants et leur démobilisation
- La
renonciation au Droit au retour des
réfugiés vers les maisons de leurs
ancêtres
- La
désignation de représentants
politiques agréés par les États-Unis
et Israël
-
L’acceptation des faits accomplis
sur le terrain notamment la
séparation de la Cisjordanie de
Jérusalem via le Mur de Sharon,
ainsi que les routes de
contournement militaire des
agglomérations palestiniennes,
réservées à l’usage exclusif des
Israéliens. Ce dispositif brise la
continuité territoriale
palestinienne, de la même manière
que l’État d’Israël avait brisé le
continuum stratégique arabe
- La
renonciation à Jérusalem pour
capitale
- La
modification des programmes
scolaires dans un sens agrée par les
Américains et les Israéliens.
-
L’instauration d’un planning
familial et de la limitation des
naissances en vue de brider la
démographie galopante des
Palestiniens
La
satisfaction de ces sept conditions
pourrait ouvrir la voie à la
constitution d’un état palestinien au
terme de négociations avec les
Israéliens qui porteraient sur 80% des
22% des 47 % du territoire palestinien
d’origine.
Cent
ans après Balfour, le Mouvement National
Palestinien dans l’impasse
Un quart
de siècle après les accords
israélo-palestiniens d’Oslo, le
Mouvement National Palestinien est dans
l’impasse et sa refondation sur une base
révolutionnaire s’impose comme une
question de survie, sous peine de
dépérissement.
Ayant
accédé aux responsabilités suprêmes par
défaut, par suite de l’élimination des
principaux dirigeants palestiniens par
les services israéliens, notamment Abou
Djihad, chef de la branche militaire de
la centrale, et Abou Iyad, chef des
services de renseignenemt, Mahmoud Abbas
apparaît comme président par défaut
d’une République bananière.
Captif
de la puissance occupante, sans
charisme, discrédité par l’affairisme de
son entourage, président d’une «
République Bananière » sous contrôle
rigoureux de son ennemi israélien,
Mahmoud Abbas, est néanmoins partisan
d’une coopération sécuritaire avec
l’État Hébreu.
Sa
présence à la tête de l’Autorité
Palestinienne est perçue comme « le
moindre mal », par ses parrains
occidentaux, trop heureux de cet abcès
de fixation, oubliant que «
politiquement, la faiblesse de
l’argument du moindre mal est que ceux
qui choisissent le moindre mal oublient
très vite qu’ils ont choisi le mal »
(Hannah Arendt (Responsabilité et
Jugement).
Le
Mouvement National Palestinien est
l’unique Mouvement de Libération
Nationale au Monde à avoir commis deux
fautes stratégiques à l’effet de le
projeter dans une impasse tragique, au
point de dénaturer son combat, en dépit
d’un lourd tribut payé à la
reconnaissance de la légitimité de sa
cause, en dépit du bien fondé de sa
revendication.
1ère faute : La renonciation à la lutte
armée de l’OLP
La
renonciation à la lutte armée avant la
satisfaction de ses objectifs nationaux,
autrement dit la répudiation guérilla,
la marque de fabrique des guerres de
Libération, un des fondements du combat
national, a constitué la première faute
majeure, rendant le mouvement
palestinien captif de l’agenda des
parrains d’Oslo, les États-Unis.
2e faute : La dérive stratégique du
Hamas lors de la guerre de Syrie
(2011-2017)
La
décision du Hamas de privilégier une
alliance avec les pétromonarchies, sur
une base sectaire, en reniant ses
anciens frères d’armes, -la Syrie,
l’Iran et le Hezbollah libanais,
pourtant artisans de sa propulsion
militaire-, a constitué une dérive
rarissime dans les annales des guerres
de libération nationale, en même temps
qu’un acte d’ingratitude absolu mettant
en question la crédibilité politique du
mouvement et la pertinence de son
appréciation des rapports de force
régionaux.
Cette
aberration idéologique explique la
suspicion et la perplexité que le Hamas
projette parmi les nombreux
sympathisants de la cause palestinienne
à travers le Monde.
Suprême
infamie : L’Arabie saoudite a capitalisé
une rente de situation sur une position
maximaliste à connotation antisémite sur
le conflit israélo-arabe, au cours du
premier demi siècle de son existence,
pour finir par détourner les combattants
vers l’Afghanistan, à cinq mille km du
champ de bataille de la Palestine, dans
la décennie 1980 ; par une
instrumentalisation de l’islam contre
arme de combat contre l’athéisme
soviétique, avant de basculer, pour la
survie du trône wahhabite, vers une
normalisation rampante avec Israël, à la
mesure de l’annexion rampante de la
Palestine par l’État Hébreu, pour la
survie du trône wahhabite au prétexte de
combattre l’Iran schismatique chiite.
Pour
toutes ses raisons, il m’a paru
nécessaire de vous offrir cette lecture
en contrechamp de l’Histoire de la
Palestine tant il est vrai que le passé
éclaire très cruellement le présent, et
sans doute l’avenir, qu’il est tout
aussi vain de vivre dans la pénombre et
la périphrase, et, d’admettre enfin, et
là je m’adresse aux amis de l’état
hébreu qui se déclarent attacher à son
existence, qu’Israël ne connaîtra une
légitimité que lorsqu’il aura été
pleinement reconnu par sa victime, les
Palestiniens, librement, souverainement,
sans condition préalable.
Les
Occidentaux soutiennent le droit à la
sécurité d’Israël et le Droit à
l’existence du peuple palestinien, sans
l’assortir de considérations sur sa
sécurité.
À en
juger par les multiples actions
préventives menées par Israël au cours
de son histoire, l’équation vraie, le
bon droit, consiste à réclamer non un
droit à la sécurité d’Israël et un
devoir d’insécurité pour les pays
arabes, mais un droit égal à la sécurité
pour l’ensemble des pays de la zone, y
compris la Palestine, car il est tout
aussi légitime pour Israël que pour les
pays arabes de disposer d’un droit égal
à la Sécurité.
Souvenons nous, in fine, que tant
qu’existe un revendicateur un Droit ne
se perd pas et une fausse symétrie ne
sert pas une bonne administration de la
justice.
Pour
aller plus loin
http://www.madaniya.info/2017/10/12/mouvement-national-palestinien-limpasse-refondation-base-revolutionnaire-question-de-survie/
http://www.madaniya.info/2017/10/16/les-deux-fautes-strategiques-majeures-du-mouvement-national-palestinien/
Références bibliographiques
- «
Israël, fait colonial ?» Maxime
Rodinson, Revue des Temps Modernes
N°253 bis/Mai 1967, pages 17-88.
- «
Israël et le refus arabe ?» Maxime
Rodinson, Seuil.
Ces deux
ouvrages sont épuisés.
Pour une plus grande documentation sur
la question
- «
Le Sionisme contre Israël » par
Nathan Wienstock- Éditions François
Maspero 1968, épuisé.
- «
Le Proche-Orient éclaté »
(1956-2006) Georges Corm
Folio/Histoire N°93.
-
Mythes et réalités du conflit
israélo-palestinien, Norman
Finkielstein, préface de Dominique
Vidal- Éditions Aden. Colloque Caen-
24 Octobre 2007.
Reçu de René Naba pour publication
Le sommaire de René Naba
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