MADANIYA
Procès : Georges Ibrahim Abdallah
contre
l’Etat français
René Naba
Jeudi 24 octobre 2019 In Memoriam :
Gilbert Hanna (1948-2019), visiteur
régulier du parloir de Lannemezan ;
Inlassable dans sa défense de la cause
de la libération de Georges Ibrahim
Abdallah, le grand combat de sa vie.
Membre truculent et
éminent du clan de Kaolack, (Sénégal),
pays de l’Afrique noire francophone,
majoritairement musulman, cette
naissance a signé la culture de base de
Gilbert Hanna, une culture de
métissage culturel et de brassage
humain, où se conjuguent, Islam et
Chrétienté, bi culturalisme
franco-arabe, sur fond de rapport
colonial entre oppresseurs et opprimés,
exploiteurs et exploités.
Fondé dans la
décennie 1950, sans le moindre lien de
consanguinité, ni la moindre attache
familiale, mais mu par une commune
capacité d’indignation inexpiable contre
l’injustice, le clan va se consolider
dans le mythique Couloir L de la Cité
universitaire de l’Université de Dakar
qui sera d’ailleurs à 18 ans le théâtre
de la première manifestation de
l’engagement militant de Gilbert
Hanna, avec l’organisation de la
première grève étudiante de l’espace
francophone.
Un engagement opéré
sous le parrainage de son mentor absolu,
le philosophe libanais Roger Naba’a, un
homme sans qui rien n’aurait été
possible. Avec qui, toute cette équipée
a été possible. Un homme de conviction.
Un être inoxydable, incorruptible,
inflexible, d’une détermination sans
faille, d’une extrême discrétion, la
parfaite incarnation d’un militantisme
intégral, un des grands intellectuels
arabes contemporains.
Une grève préludant
à la révolte de Mai 1968 en France… à la
fermeture corrélative de l’Université de
Dakar et à la dispersion du clan : Les
Naba vers Beyrouth, foyer de la
contestation pan arabe à l’apogée de la
guérilla palestinienne, les Hanna-
réflexe atavique ?- vers Bordeaux, le
plus important port négrier de l’époque
coloniale.
Avec à la clé 40
ans de luttes syndicales de cet être au
dynamisme inépuisable… de France télécom
à Fralib et Ford Blanquefort, sans
parler de la grande messe de
mobilisation de l’UTOPIA.
Une césure de vingt
ans colmatée à la faveur de la guerre
des ambassades entre Paris et Téhéran,
en 1987, scellée à l’aéroport de
Bordeaux Mérignac, par des retrouvailles
rocambolesques, dont le cerisier du
jardin familial des Hanna à Eysines en
fera les frais..…Irrémédiablement.
Une amitié sans
faille, sans la moindre anicroche, qui a
pris la forme d’une interminable poilade
de plusieurs décennies sur deux
continents… Une amitié de 60 ans. Une
amitié de sous-développés en somme, aux
antipodes de l’amitié sophistiquée à la
française –les fameux «amis de trente
ans», qui se fracasse sous le choc des
ambitions contraires avant de sombrer
dans les affres d’une guerre fratricide.
Homme de principe,
Gilbert Hanna a vécu ses
convictions, exigeant, dévoué à la
défense des opprimés et des réprimés,
des proscrits et des exclus. Militant
syndical et associatif, fondateur de Sud
PTT et Solidaires en Gironde, Gilbert
Hanna a présidé et animé la Clé des
Ondes, radio alternative bordelaise. Son
décès le 6 Mai 2019 à 71 ans, a
coïncidé, tout un symbole, avec le jour
de l’ouverture du procès de FRANCE
TELECOM, dont les méthodes de management
ont poussé au suicide 19 salariés.
Tribunal
d’opinion, Bordeaux 24 octobre 2019
Réquisitoire du
procureur René Naba, mandaté par
Georges Ibrahim Abdallah devant
le tribunal de l’opinion.
Substitut : Gilbert Hanna,
Directeur de la Radio Clé des
Ondes-Bordeaux
Co publié par le journal libanais Al
Akhbar :
https://www.al-akhbar.com/
La version arabe du texte, œuvre de
San’a Yazigi Khalaf, enseignante, se
trouve dans le prolongement du texte
français
Monsieur Le
Président, Messieurs Les Assesseurs,
La confiance que
m’accorde mon mandant Georges Abdallah
m’honore et m’oblige.
Elle implique pour
moi une lourde responsabilité devant
l’histoire et la justice des hommes de
démontrer que l’affaire Georges Ibrahim
Abdallah, qui était au départ, pour la
résumer caricaturalement, l’affaire de
l’assassinat de deux diplomates en
France, va générer par les interférences
du politique sur le judiciaire, sur une
série de dysfonctionnements débouchant
sur une parodie de justice, un parfait
exemple de la négation de la notion même
de justice. Pour finir par accréditer
l’idée d’un état, Israël, bénéficiant
d’une immunité de juridiction et ses
séides français d’une impunité.
L’affaire
Georges Ibrahim Abdallah : un parfait
exemple de la négation de la notion même
de justice
L’Affaire Georges
Ibrahim Abdallah est un parfait exemple
de la négation de la justice et de la
notion même de Justice. Avec un procès
biaisé, une culpabilité non établie, un
parjure, un engagement non tenu, dans un
contexte de légitime défense, elle
mérite à ce titre de figurer dans les
annales de l’Ecole de la Magistrature
comme le parfait contre-exemple d’une
bonne administration de la Justice.
Un procès biaisé
Un avocat
sous-marin de la DGSE. Le ver était dans
le fruit. Ce fait résume à lui seul
toute l’ignominie du procès fait à
Georges Ibrahim Abdallah, en ce que son
propre défenseur, Jean Paul Mazurier,
était en mission commandé pour le compte
des services de renseignements français.
Du jamais vu dans les annales
judiciaires. Mais ce fait exorbitant n’a
pas pour autant entraîné l’annulation du
procès.
Le 28 février 1987,
Georges Abdallah était condamné à la
réclusion à perpétuité après 70 minutes
de délibération d’une cour spéciale
composée de 7 magistrats.
Quelques jours
après, Me Jean Paul Mazurier, un de ses
avocats, publiait un livre où il
déclarait avoir travaillé pour les
services secrets français. Le procès n’a
pas pour autant été annulé. La France,
«Patrie des Droits de l’Homme» n’a cure
de ses contingences.
Une culpabilité
non établie
Georges a été
détenu et condamné sur la base de
fausses preuves. Un revolver enveloppé
dans un journal arabe daté de 2 ans
postérieures à son incarcération.
L’auteur de l’assassinat est en fait une
militante communiste libanaise
Jacqueline Esber, alias camarade Rima,
décédée des suites d’une longue maladie
en 2016, à Beyrouth où elle vivait dans
la clandestinité. L’identité du
meurtrier de Yaacov Barsimentov,
l’attaché militaire israélien à
l’ambassade israélienne de Paris, en
1982, à l’origine de l’inculpation de
Georges Ibrahim Abdallah, a été révélée
34 ans après l’assassinat du faux
diplomate israélien, en pleine campagne
électorale française.
Mais si cette
révélation a placé en porte à faux le
pouvoir politique français, elle n’a pas
pour autant conduit à une révision du
procès en ce qu’elle remettait en
question le bien-fondé de
l’incarcération du militant communiste
libanais.
Un parjure
Au-delà de la
culpabilité ou non de Georges Ibrahim
Abdallah, la France avait donné son
engagement à la remise en liberté de
Georges Ibrahim Abdallah en contrepartie
de la libération de Sydney Peyrolles, un
diplomate français en poste à Tripoli
(Nord Liban), retenu en otage par les
Fractions Armées Révolutionnaires
Libanaises (FARL) qui avaient revendiqué
l’attentat contre le diplomate
israélien.
Sydney Peyrolles,
fils de l’écrivain Gilles Perrault, a
été libéré, mais Georges a été maintenu
en prison du fait d’une curieuse
coïncidence : la découverte de l’arme du
crime, le fameux pistolet enroulé dans
un journal arabe portant une date
postérieure de deux ans à son
incarcération. La France avait donné son
engagement à l’Algérie via Yves Bonnet,
à l’époque Directeur de la DST.
Le contexte de
l’époque : un cas de légitime défense.
L’assassinat des
deux diplomates -en fait deux agents des
services de renseignements, Charles E
Ray (CIA Etats Unis) et Yaacov
Barsimentov (Mossad Israël) agissant
sous couvert de la protection
diplomatique d’attachés militaires de
leurs pays respectifs-, est intervenu en
janvier 1981 à la veille d’un semestre
lourd de conséquences pour l’avenir du
Liban et des Palestiniens culminant avec
l’invasion israélienne du Liban :
- L’occupation
de Beyrouth, en juillet 1982, la
perte du sanctuaire libanais de
l’OLP (Organisation de Libération de
la Palestine) ; l’exil de son chef
Yasser Arafat vers la Tunisie;
- L’élection du
chef milicien Bachir Gemayel, allié
des Israéliens à la présidence de la
République libanaise ; son
assassinat à la veille de son entrée
en fonction ; enfin le massacre des
camps palestiniens de Sabra Chatila
par les milices chrétiennes sous la
protection israélienne, pour venger
la mort du chef phalangiste.
En proie à la
guerre civile depuis 1975, Le Liban
n’était pas à l’époque –il ne le sera
pas davantage par la suite-, un long
fleuve tranquille. Pour des militants
pro-palestiniens, l’élimination de deux
attachés militaires en France ne
relevait pas d’un crime crapuleux, mais
d’un acte de justice révolutionnaire
visant deux cibles militaires de deux
pays -Israël et les Etats Unis- qui vont
jouer un rôle déterminant dans le
malheur du Liban et des Palestiniens. Un
acte de résistance à l’occupation. Un
cas de légitime défense.
N’en déplaise à
Emmanuel Macron qui tend à criminaliser
l’antisionisme comme une forme déguisée
de l’antisémitisme, Israël était- et est
– toujours perçu comme un état agresseur
par les pays bordant le bassin
historique de la Palestine (Palestine,
Liban, Syrie, Jordanie), pratiquant en
toute impunité l’intimidation par le
terrorisme, à en juger par les coups de
boutoir répétitifs de l’Etat Hébreu
contre son environnement. Et pour la
majorité des peuples arabes et du tiers
monde, un usurpateur de la Palestine. Et
« le droit à la sécurité d’Israël», la
rengaine traditionnelle des Occidentaux,
ne doit pas signifier l‘insécurité
permanente des états arabes.
Dans ce contexte,
la résistance à l‘occupation ne relevait
pas d’une création ex nihilo. Mais d’une
une réalité vécue quotidiennement
notamment à Beyrouth, cible régulière de
l’aviation israélienne, dans une
opération de déstabilisation de
l’échiquier politique libanais. En vue
de susciter des dissensions inter
confessionnelles de dresser les
chrétiens contre les Musulmans. Ce qui
sera fait en 1975.
Pourquoi un
libanais chrétien pro palestinien ?
Le combat pour la
restauration des droits nationaux du
peuple palestinien ne concerne pas
exclusivement les Arabes ou les
Musulmans, mais tous les hommes épris de
paix et de justice, au-delà des critères
ethnico-religieux.
Beyrouth, dans la
décennie 1970, faisait office de vivier
du nationalisme militant, le dernier
carré de la contestation arabe. La
capitale libanaise qui fera l’objet de
deux invasions israéliennes, en 1982 et
2006, a ainsi exercé une fonction
tribunicienne compensant par le verbe la
défaite du Nationalisme arabe,
consécutive à la défaite de juin 1967.
Elle sera la
plateforme révolutionnaire de tous les
mouvements de Libération de la zone de
l’ASALA armée secrète arménienne pour la
Libération de l’Arménie, aux kurdes du
PKK, au Front de Libération de la
Péninsule arabique et du Dhofar, à
l‘Armée Rouge Japonaise et la Rote Armee
Fraktion, et la kyrielle des mouvements
de la guérilla palestinienne. Au même
titre qu’Alger pour le continent
africain. Toutes les chapelles du
nationalisme, du marxisme et du
fondamentalisme religieux y avaient
pignon sur rue et disposaient de
journaux forts documentés sur la
situation dans leur pays d’origine, aux
côtés de nombreuses maison d’édition,
qui toutes tendances confondues, ont
édité, à elles seules, une littérature
politique supérieure à l’ensemble de la
production littéraire des pays arabes,
et se jouant de la censure, courante
dans ces états, en a assuré sa
diffusion.
C’est ici que la
Résistance palestinienne a trouvé aide
et refuge après le «septembre noir»
jordanien et que se sont aguerris les
premiers chefs des pasdarans iraniens.
C’est ici également
que tous les opposants arabes,
révolutionnaires ou non, pourchassés par
les autorités de leur pays y ont
cohabité pêle-mêle aux côtés des
maquisards de la Méditerranée au Golfe
–Arméniens, Kurdes, Somaliens,
Érythréens– et des guérilleros
d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine.
C’est là enfin que
sunnites libanais en rupture de
bourgeoisie, chrétiens en délicatesse
avec l’idéologie phalangiste et
«dépossédés» chiites venus du sud-Liban
en quête d’instruction, donneront le ton
à toutes les manifestations de
protestation dans le Monde arabe, comme
ce fut le cas en septembre 1970 contre
le massacre des Palestiniens en
Jordanie, en 1972 contre le massacre des
communistes au Soudan ou encore contre
la «trahison» du président égyptien
Sadate en 1977.
Pourquoi un
chrétien, alors que la totalité des
milices chrétiennes, alliées
inconditionnels d’Israël, faisaient
office de supplétifs des pays
occidentaux?
Très simplement
pour la simple raison que l‘appartenance
religieuse si elle peut prédéterminer un
engagement politique d’un individu, elle
n’assigne pas son titulaire d’une
sujétion éternelle envers la religion de
sa naissance. Un chrétien peut combattre
vigoureusement une dictature de type du
chrétien Augusto Pinochet et voué une
admiration sans borne au musulman Gamal
Abdel Nasser, l’artisan de la première
nationalisation réussie du tiers monde,
le Canal de Suez.
Le dépassement des
clivages ethnico religieux dans les
sociétés fragmentées du Moyen orient a
été l’honneur du Mouvement Nationaliste
Arabe et la clé du succès de son combat
de Libération National au Yémen, contre
le protectorat britannique, en Syrie
contre le Mandat français au Levant, en
Egypte contre les Anglais.
Les chrétiens
arabes dans la résistance palestinienne
: Georges Habbache, Mgr Hilarion
Capucci, Kamal Nasser, Atallah Hanna.
Les chrétiens
arabes ont joué un rôle d’avant-garde
dans la renaissance intellectuelle arabe
et seront à l’origine de la constitution
des grandes formations politique arabes
contemporaines : Antoun Saadé, (parti
populaire syrien), Michel Aflak (Parti
Baas), Georges Habbache, (Mouvement
Nationaliste Arabe), Fouad Chémaly,
fondateur du Parti Communiste Libanais,
FARJALLAH HELOU, son successeur, mort
sous la torture en Syrie, en 1959 et son
cadavre dilué dans l’acide et immergé
dans le fleuve longeant Damas pour
éliminer toute trace de sa présence.
Et les chrétiens
assumeront des responsabilités dans le
combat de libération arabe, notamment le
combat palestinien : Georges Habbache,
fondateur du Front Populaire pour la
Libération de la Palestine, de tendance
marxiste, sera un des grands dirigeants
les plus respectés de l’OLP, alors que
Kamal Nasser, poète chrétien
palestinien, a été le porte-parole de la
centrale palestinienne et que Mgr
Hilarion Capucci, Archevêque grec
catholique de Jérusalem, a été incarcéré
par les autorités israéliennes pour son
soutien actif à la résistance
palestinienne, tout comme d’ailleurs Mgr
ATALLAH HANNA, Archevêque grec-orthodoxe
de Sébaste en Palestine.
Sans oublier
SERHANE BECHARA SERHANE, chrétien
palestinien natif de Taybé en
Cisjordanie, meurtrier du sénateur
Robert Kennedy, le 5 juin 1968, à la
date commémorative de la défaite arabe
de juin 1967, pour le soutien
inconditionnel manifesté à Israël par le
frère du président américain assassiné.
Doyen des prisonniers politique à
travers le Monde, Serhane Béchara
Serhane (75 ans), détenu depuis 52 ans,
purge sa peine à la prison de Pleasant
Valley en Californie.
Plus surprenant que
cela puisse paraître aux lecteurs non
avertis, le mouvement palestinien
incluait des personnalités juives anti
sionistes à l’instar d’Ilan Halévi, qui
sera le représentant de l’OLP au sein de
l’Internationale socialiste. Et de
grandes convergences de lutte s’étaient
développées au Moyen orient entre les
Black Panthers israéliens et les
Palestiniens dans la décennie 1970. La
libération de la Palestine n’est pas
exclusivement l’affaire des Musulmans
comme tend à le suggérer la stratégie
atlantiste de bipolarisation tendant à
présenter le conflit comme le combat de
«l’unique démocratie du Moyen Orient, la
sentinelle avancée du monde libre, face
à la barbarie arabo musulmane».
La stratégie de
déstabilisation régionale menée par
Israël.
La chronologie
témoigne de la stratégie de
déstabilisation menée par Israël
- Décembre
1968 : raid de l’aviation
israélienne contre l’aéroport de
Beyrouth entrainant la destruction
de la totalité de la flotte civile
libanaise.
- En juillet
1972 – Ghassane Kanafani,
porte-parole du Front Populaire de
Libération de la Palestine, et sa
nièce de 17 ans, sont tués à
Beyrouth dans une voiture piégée qui
aurait été placée par des agents
israéliens. Kanafani était considéré
comme une des grandes figures
littéraires du monde arabe.
- Moins d’un an
plus tard, en Avril 1973 : Un raid
israélien contre le centre de
Beyrouth tue trois dirigeants
palestiniens, Kamal Nasser,
porte-parole de l’OLP, Abou Youssef
Najjar, ministre de l’intérieur de
la centrale palestinienne, Kamal
Adwane, chargé du mouvement de la
jeunesse palestinienne au sein du
Fatah.
- La guerre
civile libanaise éclatera 2 ans plus
tard, en avril 1975. Le hasard du
calendrier n’est pas constamment
fortuit. Il arrive qu’il soit
prémédité.
Sur le plan
régional
L’attentat à
l’origine de l’inculpation de Georges
Ibrahim Abdallah a eu lieu en janvier
1982, dans un contexte régional
particulièrement exacerbé marqué
notamment par :
- La destruction
de la centrale nucléaire irakienne
de Tammouz par l’aviation
israélienne le 7 juin 1981
- L’Annexion du
Plateau syrien du Golan le 14
décembre 1981
- La
proclamation de Jérusalem capitale
éternelle d’Israël Décembre 1981
Janvier 1982,
faut-il le rappeler, est à six mois de
l’invasion israélienne du Liban visant à
porter au pouvoir Bachir Gemayel, le
chef des milices chrétiennes alliées
d’Israël.
Sur le plan
européen, les attentats anti
palestiniens se multiplient en toute
impunité pour les Israéliens.
- 1983 – Le 21
août, un haut dirigeant de l’OLP et
principal collaborateur de Yasser
Arafat, Mamoun Meraish, est abattu
par des agents israéliens à Athènes.
Selon des articles de presse
israéliens ultérieurs, la future
ministre des Affaires étrangères,
Tzipi Livni, aurait été impliquée
dans l’assassinat. Mme Livni ne sera
jamais inquiétée par Interpol.
- 1986 – Le 9
juin, Khalid Nazzal, secrétaire du
Front démocratique pour la
libération de la Palestine, est
abattu par des agents israéliens à
Athènes, en Grèce.
L’équation
personnelle de Georges Abdallah
L’équation
chrétienne de Georges Abdallah va jouer
toutefois un rôle sous-jacent
déterminant dans le traitement inique
qui lui sera réservé par la France.
L’assassinat des deux diplomates en
France et la procédure judiciaire
engagée contre Georges Ibrahim Abdallah
vont se dérouler sur fond d’un conflit
de puissance contre la France,
cobelligérant de l’Irak dans sa guerre
contre l’Iran et les contestataires à
l’ordre hégémonique israélo-américain
dans la zone : la Syrie, l’Iran, le camp
progressiste au Liban agrégé autour du
parti communiste et des mouvements de la
guérilla palestinienne.
Dans ce contexte,
Georges Ibrahim Abdallah va apparaitre
comme un DOMMAGE COLLATERAL d’un conflit
de puissance. UN BOUC EMISSAIRE IDEAL.
Georges Ibrahim Abdallah, un libanais
chrétien de naissance, mais militant
communiste pro palestinien, cassait la
grille de lecture traditionnelle des
représentations. IL CASSAIT LE CODE. Il
sera un bouc émissaire.
Un bouc émissaire
n’est pas nécessairement un coupable,
mais un coupable idéal en ce que sa
culpabilité ne remet pas en cause
l’ordre social. Ou plutôt elle peut être
actée sans dommage pour le corps social.
Une
incarcération symptomatique de la
pathologie française.
Au-delà des faits,
l’incarcération de Georges Ibrahim
Abdallah sous-tend un mal profond,
symptomatique de la pathologie dans
laquelle baigne la France depuis la fin
de la seconde guerre mondiale en raison
d’un quadruple fait :
A- La tétanie du
débat public en France du fait juif
consécutif à la collaboration nazie du
régime de Vichy qui condamne la «Patrie
des lumières» à une solidarité
expiratoire inconditionnelle à l’égard
d’Israël, conférant à ses dirigeants une
impunité, et à leurs thuriféraires
français, une immunité corrélative.
B – L’OPA exercée
par la France sur la chrétienté arabe,
découlant de son statut de «fille aînée
de l’Eglise», l’autorisant à préempter
le rôle de «protectrice des chrétiens
d’Orient», assujettissant ses pupilles
non à un rôle protecteur, mais à un
«protectorat de fait», leur assignant
une fonction d’obéissance, qui condamne
aux mines de sel tout récalcitrant à ses
aberrations politiques.
C- Le décalage qui
existe entre l’image que la France
s’emploie à projeter d’elle-même sur le
plan international et la réalité de sa
politique interne. Le mythe sur lequel
elle prospère et la mythomanie dans
laquelle elle se vautre, avec sa
codification juridique longtemps fondée
selon le principe du gobino darwinisme
(Code Noir de l’Esclavage, Code de
l’Indigénat), au mépris du principe de
la Liberté. L’impunité de sa
technostructure au mépris du principe
d’égalité, au mépris du principe de la
fraternité.
D – La confusion
que se fait la France de son rôle qui
l’autorise à s’arroger abusivement le
statut de «Patrie des Droits de
l’homme», alors qu’elle n’est en fait
que la «Patrie de la Déclaration des
Droits de l’Homme», en raison de ses
abus répétitifs en ce domaine : Du Code
Noir de l’Esclavage, au Code
l’Indigénat, à la Colonisation, à la
cristallisation des pensions des anciens
combattants de l’outre-mer, à la torture
durant la guerre d’Algérie, aux
repentances successives à propos de la
déportation des juifs français vers les
camps de la mort, au confinement des
Harkis dans les recoins
concentrationnaires de la République,
eux, qui ont pris le parti de la France
contre leur patrie d’origine.
De la théorie
israélienne du «crime de sang» et de sa
distorsion
Le cas
israélien. Etude comparative des cas de
Samir Kintar et de Georges Abdallah
Israël considère qu’un crime de sang de
nature «terroriste» est imprescriptible
de même que la peine y afférente. Par
crime de sang s’entend tout acte commis
par un étranger (goy) ayant abouti au
meurtre et à l’assassinat d’un
israélien, qui se définit d’ailleurs par
acte de terrorisme. Les règlements de
compte au sein de la mafia juive
américaine ou au sein de la mafia
israélienne ne figurent pas dans cette
catégorie de même que les crimes
passionnels. De même que les crimes
commis par des goyims ou contre des
goyims. Israël s’est ainsi exonéré des
massacres de Sabra Chatila, en septembre
1982, à Beyrouth, faisant valoir, selon
le premier ministre de l’époque, Menahem
Begin que « Des goyims ont tué
d’autres goyims en quoi Israël est
responsable ? ».
Samir Kintar, le
militant libanais pro palestinien, a
commis un attentat en Israël même
provoquant une dizaine de victimes dont
plusieurs morts. Son crime était
théoriquement imprescriptible et sa
peine aussi. Pourtant Samir Kintar,
doyen des prisonniers politiques arabes
en Israël, a été libéré après 24 ans de
captivité au terme d’un échange,
matérialisé par la restitution de
dépouilles de soldats israéliens contre
sa libération et celle de plusieurs
dizaines de prisonniers libanais,
palestiniens et arabes.
Le cas de la
France : étude comparative des cas
d’Anis Naccache et de Georges Ibrahim
Abdallah
Anis Naccache, libanais sunnite converti
au chiisme, chef du commando qui a tenté
d’assassiner Chappour Bakhtiar, le
dernier premier ministre du chah d’Iran,
le 18 juillet 1980, à Neuilly sur Seine,
a été condamné à la réclusion criminelle
à perpétuité le 10 Mai 1982.
L’opération s’était
soldée par le bilan suivant : 3 tués et
deux blessés. Parmi les tués, deux
policiers, Bernard Vigna (22 ans) et
Jean-Michel Jamme (23 ans) ainsi qu’une
voisine de Bakhtiar, Yvonne Stein (45
ans). Parmi les blessés, un policier
Georges Marty (23 ans) et la sœur de Mme
Stein. En dépit de ce lourd bilan, Anis
Naccache sera gracié le 27 Juillet 1990
par le président François Mitterrand
dans le cadre de la négociation globale
menée entre la France et l’Iran à
l’arrière-plan de l’affaire des otages
français détenus au Liban. Anis Naccache
aura ainsi purgé dix ans de prison pour
une affaire qui aura coûté la vie à
trois français dont deux agents de
l’état français. A croire que la France
parait plus vulnérable aux pressions des
puissances étrangères qu’à la protection
de ses propres nationaux.
La spirale des
otages : un message codé sans ambiguïté
Lorsque en ce
premier jour du printemps de 1985,
Marcel Carton et Marcel Fontaine sont
enlevés à Beyrouth, nul ne pouvait
prévoir que cette prise d’otages allait
provoquer le plus formidable imbroglio
diplomatico-médiatique de l’histoire
récente de la France, tétaniser sa
politique au Moyen orient, et, en
devenant un enjeu politique, mettre à nu
les rivalités interrégionales et
inter-françaises.
Au départ,
l’enlèvement des deux diplomates
français, le 22 mars 1985, dans le
secteur musulman de la capitale
libanaise, pouvait donner à croire qu’il
s’agissait d’un évènement fortuit, d’une
opération crapuleuse, semblable à tant
d’autres dont Beyrouth, livrée à
l’anarchie et à la lutte de factions,
était quotidiennement le théâtre.
Rétrospectivement, le choix de deux
ressortissants français représentant
leur gouvernement se révèlera être une
action délibérée, qui, au fil des jours,
va s’institutionnaliser pour être érigée
en politique systématique visant à faire
fléchir la position de Paris sur la
guerre du Liban et le conflit
irako-iranien.
De 1984 à 1989,
soit en cinq ans, au plus fort de la
guerre irako iranienne, Trente et un
(31) occidentaux y compris des
officiers, des religieux, des
journalistes, ont été pris en otage au
Liban dont 10 périront en captivité.
Au terme de cette
sarabande mortifère, Anis Naccache sera
libéré, la France consentira à apurer le
contentieux Eurodif, le remboursement
d’un milliard de dollars à l’Iran,
contrepartie de la participation
iranienne au consortium nucléaire franco
iranien, alors que les Etats Unis
sombraient dans le scandale de
l’Irangate, la fourniture clandestine
d’armes à l’Iran dans sa guerre contre
l’Irak.
La négligence
criminelle des dirigeants libanais
Pourquoi une telle
disparité de comportement à l’égard de
ces deux libanais Anis Naccache /
Georges Abdallah, deux militants de la
cause palestinienne ? Très simplement
parce que l’un, Anis Naccache, était
fermement soutenu par un état qui se vit
en puissance régionale et entend se
faire respecter sur la scène
internationale, l’Iran, alors que
l’autre, Georges Abdallah, est
ressortissant d’un pays, le Liban, dont
les dirigeants successifs sombraient
dans l’affairisme avec leurs homologues
français sans se soucier aucunement de
leur concitoyen libanais injustement
incarcéré en France.
A l’exception du
président Emile Lahoud (1998-2007), mis
à l’index par les Occidentaux pour son
soutien au Hezbollah, pas un président
libanais n’a soulevé le cas de Georges
auprès de ses interlocuteurs français.
Ni le phalangiste
Amine Gemayel, qui a conclu un traité de
paix mort-né avec Israël, en 1983, ni
Elias Hraoui, un factotum de son premier
ministre le milliardaire libano saoudien
Rafic Hariri, ni non plus le général
Michel Sleimane, plus soucieux de se
trouver un point de chute auprès de ses
amis français plutôt que de défendre la
cause de son compatriote. De surcroît,
en vingt-trois ans de connivence franco
libanaise au plus haut niveau, sous le
Tandem Rafic Hariri / Jacques Chirac,
puis sous le partenariat Sarko-Qatari,
sur fond d’affairisme, pas un premier
ministre libanais n’a soulevé la
question de la détention arbitraire de
leur compatriote.
En contrechamp,
Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah
libanais, réussissait l’exploit de
libérer des prisons israéliennes
plusieurs dizaines de combattants
pro-palestiniens libanais et arabes,
-notamment le doyen des prisonniers
politiques arabes en Israël, le druze
libanais Samir Kintar, sans le moindre
chiite dans le lot.
Le parcours
atypique d’un homme de conviction
Il aurait été
judicieux, -et il serait judicieux pour
se dégager de cette souillure morale-,
d’appliquer à Georges Ibrahim Abdallah,
la jurisprudence israélienne au sujet de
Samir Kintar, dans une sorte de
démonstration par l’absurde.
Laurent Fabius, le
petit télégraphiste des Israéliens dans
le dossier sur le nucléaire iranien, et
Manuel Valls, le «petit caniche»
d’Hillary Clinton, secrétaire d’état
américain, se sont refusés à cette
option cédant aux oukases de leur
patronne américaine.
C.f. à ce propos le
message reproduit en bas de page du
département d’état intimant aux deux
ministres français de contourner la
décision judiciaire française pour
maintenir en détention Georges Ibrahim
Abdallah.
Devant une telle
disparité de traitement, la question se
pose de savoir «pourquoi ce qui est
bon pour Israël n’est pas bon pour la
France», un pays pourtant souverain
? Ou, alors, faudrait-il tuer deux
soldats israéliens pour obtenir la
libération de Georges Ibrahim Abdallah,
en échange de leurs dépouilles ?
Militant pro
palestinien d’origine libanaise,
emprisonné en France depuis 36 ans,
Georges Ibrahim Abdallah a été l’objet
d’un invraisemblable déni de droit de la
part de la France, dans l’indifférence
générale de l’opinion arabe et
internationale, particulièrement
libanaise. Incarcéré depuis 1984, il a
battu le record détenu jusque-là par
Nelson Mandela (24 ans), le chef du
combat nationaliste sud-africain.
L’homme, il est
vrai, est atypique en ce que son
parcours transcende les traditionnels
clivages ethnico religieux qui
constituent les habituelles grilles de
lecture du conflit israélo-palestinien.
Militant communiste issue d’une famille
chrétienne du Nord-Liban, ancien élève
des congrégations religieuses
chrétiennes françaises au Liban, Georges
Ibrahim Abdallah a été condamné à la
peine maximale prévue par la loi, pour
l’exécution d’un responsable du Mossad
israélien et celle d’un attaché
militaire américain à Paris en 1982.
Au-delà du
bien-fondé de sa condamnation sur la
base de preuves sujettes à caution,
l’homme a purgé sa peine. Libérable,
selon le droit français, depuis 1999,
soit depuis 20 ans, il a été maintenu en
détention sur ordre direct des
États-Unis, aiguillonnées en sous-main
par Israël. Georges Abdallah est en fait
un homme libre en captivité. Tel est le
paradoxe de cet homme de conviction et
de rare courage, victime des
contradictions françaises.
Pleinement Libre,
mais retenu en otage des considérations
politiques françaises où le ministère de
l’intérieur fait capoter une remise en
liberté, non au nom de la raison d’état,
mais pour des considérations
électoralistes; où la duplicité tient
lieu de posture morale en ce que le
principe de la séparation des pouvoirs,
hautement proclamé de manière répétitive
à chaque scandale politico financier,
est régulièrement mais subrepticement
bafoué par des arguties de basses
manœuvres politiques. Georges Abdallah
est ainsi arbitrairement maintenu en
prison au terme de sa détention, au
point que le quotidien libanais «Al
Akhbar», le journal de la gauche
patriotique libanaise, a émis
l’hypothèse d’une prise d’otage d’un
français en vue d’obtenir son échange
avec Georges Ibrahim Abdallah.
http://www.courrierinternational.com/article/2014/11/07/faut-il-kidnapper-un-francais-pour-faire-liberer-georges-ibrahim-abdallah
La Cour d’appel
avait ordonné la libération de Georges
Ibrahim Abdallah en subordonnant sa
remise en liberté à un arrêté
d’expulsion du territoire du ministre de
l’intérieur. Beaucoup y ont vu dans
cette décision de justice une double
peine déguisée infligée au prisonnier.
Un principe prohibé par le droit
français. D’autres, tout aussi nombreux,
ont considéré que le fait de
subordonner, à tout le moins de
conditionner la mise en application
d’une décision de justice, à une
décision administrative du ministère de
l’intérieur, a constitué un cas flagrant
d’atteinte aux principes généraux du
droit, un principe constitutionnel, le
principe de la séparation des pouvoirs.
La Cour de
cassation a, elle, rendu un arrêt sans
renvoi à propos de Georges Ibrahim
Abdallah. Une décision qui coupe la voie
à tout recours ultérieur possible devant
une juridiction française. Un arrêt à la
Kafka en somme en ce que le doyen des
détenus politiques de France a déjà
purgé sa peine et sa libération
ordonnée. La Cour de cassation le
renvoie à sa case départ : La prison
sans fin, sans issue.
Pour l’histoire et
pour information des lecteurs, en sa
qualité de ministre de l’intérieur,
Manuel Valls avait volontairement
retardé la signature du décret
d’expulsion de Georges Ibrahim Abdallah,
exigé par la justice française pour sa
sortie de prison, prolongeant ainsi
arbitrairement de deux mois la détention
du militant pro palestinien qui avait
purgé sa peine depuis dix ans. Dans
l’attente d’une décision de la Cour de
cassation. Pire. Son philo-sionisme le
portera à surenchérir sur le standard
israélien en matière de crimes de sang.
Dans un excès de zèle propre aux
néophytes, il établira un standard qui
outrepasse le standard israélien en la
matière.
Mais la France n’a
pas respecté ses lois, l’expression de
la volonté générale représentée par
l’Assemblée nationale, artisan du Code
Pénal. Une peine a été accomplie dans sa
totalité. Elle impliquait la libération
du détenu. Une libération qui n’est pas
une faveur, mais par application du
principe de la légalité des délits et
des peines. La peine, accomplie de
manière exemplaire, c’est-à-dire en
conformité avec les règles de bonne
conduite, ouvrait droit à une libération
anticipée. Cela n’a pas été le cas. Mais
cela n’aurait jamais dû se compenser
pour autant par une détention sinon
illégale, à tout le moins arbitraire.
Son comportement
exemplaire a constitué une éclatante
victoire morale de grande portée
stratégique et psychologique en ce qu’il
a conduit un état se réclamant
abusivement comme la «Patrie des Droits
de l’Homme» a commettre un déni de
droit. A contraindre son bourreau, dans
ce bras de fer, à se désavouer et à se
rendre coupable d’abus de droit.
Né le 2 avril 1951
à Al Qoubaiyat (Nord-Liban), ce militant
communiste pro palestinien a été blessé
lors de la première invasion israélienne
du Sud Liban en 1978. Il passe pour
avoir été le chef des FARL (Fractions
armées révolutionnaires libanaises) dont
il aurait dirigé depuis Lyon les
opérations en France sous les
pseudonymes Saleh Al-Masri et Abdel
Kader Al Saadi.
En 1982, les FARL
revendiquent l’assassinat de Charles E.
Ray, attaché militaire américain à
Paris, le 18 janvier 1982, ainsi que
Yaacov Barsimentov, diplomate israélien
(le 3 avril 1982, et blessent gravement
Robert Onan, consul américain à
Strasbourg). Arrêté à Lyon le 24 octobre
1984, il a été condamné à perpétuité par
la Cour d’assises spéciale, sous les
pressions conjuguées des États-Unis et
d’Israël pour complicité d’assassinat,
le 28 février 1987.
«Qu’un
combattant arabe soit jugé par une Cour
Spéciale en Occident, rien de plus
normal. Qu’il soit traité de criminel et
de malfaiteur, rien de vraiment nouveau,
déjà les « bandits de l’Aurès » (1), les
« terroristes » de Palestine, ainsi que
les « fanatiques lépreux » d’Ansar et
Khiam (2) ont été l’objet de ces
honorables qualificatifs. Ils rappellent
à tous ceux qui ont la mémoire courte le
patrimoine de votre justice occidentale
ainsi que votre civilisation
judéo-chrétienne», lancera Georges à
ses juges lors de son procès devant la
Cour d’Assises Spécial le 28 Février
1987.
- Allusion aux
combattants du FLN pendant la guerre
d’Algérie, qualifiés ainsi dans la
presse française de l’époque.
- Ansar est un
camp de concentration israélien,
Khiam un camp de concentration et de
torture de la milice fasciste
libanaise «Armée du Liban Sud» qui
était organisée, armée et financée
par Israël » .
Georges Ibrahim
Abdallah, un des doyens des prisonniers
politiques à travers le Monde, est
l’honneur des Arabes, la conscience des
révolutionnaires, le remord vivant des
mystificateurs et des imposteurs. Né
libre et demeuré tel. Fidèle à son
engagement. Fidèle à lui-même. Fidèle à
sa liberté, sa compagne de captivité,
durant sa période d’incarcération.
En 34 ans de
captivité, l’homme n’a jamais renié ses
convictions, jamais déserté le combat
politique, jamais été intimidé par le
comportement dilatoire de son geôlier,
le ministre socialo néo-conservateur de
l’Intérieur, Manuel Valls, relai fidèle
des pressions américaines et
israéliennes. Dans l’adversité, il a
vaincu ses adversaires fielleux qui, au
déni de droit, lui ont superposé un abus
de pouvoir. L’arbitraire dans la «Patrie
des Droits de l’Homme». Quelle infamie.
Quelle forfaiture. La marque d’un
nanisme politique.
Qu’on se le dise et
que cela se sache : Georges appartient à
la race des hommes libres. Pas plus
« Uncle Ben’s » que «Bounty». Ni un
« native informant» (1) ou un «rented
negros» (2) qui peuplent malheureusement
nos lucarnes et polluent nos esprits.
Qu’on se le dise et
que cela se sache : Entre Georges
Ibrahim Abdallah, Samir Kantar, ancien
doyen des prisonniers politiques arabes
en Israël et la version moderne de
l’opposition arabe, désormais
invariablement off-shore, invariablement
dans les rets de l’ancien pouvoir
colonial, il existe une différence
d’échelle : Une différence de stature.
«Y’a pas photo».
La même différence
de stature entre Shirine Ebadi, Prix
Nobel de la Paix, militante des Droits
de l’Homme en Iran même, sur le
territoire de son propre pays, et les
mondaines de l’opposition cathodique de
Syrie et d’ailleurs. « Y‘ a pas photo »
non plus. C’est parure de diamants
contre peanuts.
Georges Ibrahim
Abdallah est le parfait contre-exemple
des opposants modernes arabes qui se
déploient off-shore téléguidés depuis
les chancelleries des anciennes
puissances coloniales, en costume
cravate et des golden-cartes de crédit
alimentées par les pétrodollars
monarchiques. Son incarcération
prolongée a signé une forme de
forfaiture, le propulsant par
contrecoup, au rang du symbole du
militantisme intégral. Inclinons nous
devant Georges Ibrahim Abdallah, Samir
Kintar, Marwane Barghouti (Fatah) et
Ahmad Saadate (FPLP) des compagnons de
lutte dans la captivité et la dignité.
Des hommes de conviction qui ont
transcendé leur clivage
ethnico-confessionnel, qui gangrène le
Monde arabe, pour maintenir vivante la
flamme de la Résistance et l’empêcher de
sombrer dans la reptilité.
Que les hommes
épris de paix et de justice dans le
Monde nous rejoignent dans ce combat
pour le respect de la parole de la
France tant il importe que la France
respecte sa parole pour que le monde
puisse continuer à respecter la parole
de la France.
Un des grands maux
de la France contemporaine a été
diagnostiqué par Noël Mamère en ces
termes : La France cache sa politique de
ségrégation derrière le vocabulaire de
la révolution française.
http://blogs.rue89.nouvelobs.com/chez-noel-mamere/2015/02/02/la-france-cache-sa-politique-de-segregation-derriere-le-vocabulaire-de-la-revolution-francaise-234189
Mal jugé, mal
condamné, le cas de Georges Ibrahim
Abdallah constitue une ignominie dans
l’ignominie. L’ostracisme dont il est
l’objet l’a projeté, par contrecoup, au
rang de héros mythique du combat
palestinien, au même titre que Marwane
Barghouti, le chef du Fatah, et Ahmad
Saadate, le chef du Front Populaire de
Libération de la Palestine, indice du
nanisme politique des dirigeants tant
libanais que français.
Inflexible,
inaltérable, inoxydable, incorruptible,
Georges Ibrahim Abdallah jusqu’au bout,
sûr de son droit, aura défié ses
tortionnaires, purgeant néanmoins une
peine, inique, sans le moindre
trébuchement, sans le moindre
fléchissement, sans le moindre
vacillement. Homme debout, dans une
posture qui le propulse au rang
d’exemple. Une référence du combat de
libération. Un brave parmi les plus
braves.
Au fur et à mesure
que le temps s’écoulera, se réduira la
marge de manœuvre de la France qui la
conduira à des comportements aberrants,
erratiques. Hillary Clinton, la fausse
démocrate, a été carbonisée sur le
bucher de ses vanités, éliminée par le
xénophobe populiste Donald Trump, lors
de la compétition présidentielle
américaine de 2016. Son interlocuteur
français Manuel Valls, en transfuge
socialiste, a déserté le combat
socialiste en France pour un rôle de
fugitif à Barcelone, glanant au passage
le titre d’ «homme politique le plus
détesté de la gauche française» et
Laurent Fabius, le sobriquet du plus
célèbre ronfleur des forums
internationaux. Tous les trois rejetés
dans les poubelles de l’Histoire.
Il est à craindre
qu’un lointain successeur de Jupiter de
France ne procède à son tour à une
«repentance» pour le comportement de la
France à l’égard de Georges Ibrahim
Abdallah; La marque de fabrique de la
«Patrie des droits de l’homme» depuis la
fin de la seconde guerre mondiale, tant
à l’égard des Juifs que des Harkis, que
du mathématicien Maurice Audin, mort
sous la torture des Français pour son
opposition à la guerre d’Algérie.
«Les lignes de
fuite sont les plus belles, mais elles
comportent le plus grand risque, c’est
de se transformer en lignes de mort»
(Antonin Artaud).
«Plaise à la Cour
de condamner l’Etat français du «crime
de forfaiture morale» et de frapper
d’ «indignité nationale» ses servants,
Manuel Valls, ministre de l’Intérieur,
et, Laurent Fabius, ministre des
Affaires étrangères, «pour avoir failli
aux obligations de leurs charges,
aggravé la déchirure du pacte
républicain, trahi la confiance du
peuple souverain, bafoué les valeurs de
la justice dans une démocratie et
partant les principes fondateurs de la
République».
Vive la Palestine.
Longue vie à Georges Ibrahim Abdallah.
Que son exemple serve de référence à la
génération de la relève. Que dans la
mémoire des peuples en lutte son nom
vive éternellement.
Who wants George
in jail ?
Bande annonce. C-P
Productions.
Notes
Illustrations
- Fresque
quartier Saint-Gilles, Bruxelles.
Sources :
Palestine Vaincra –
freeabdallah.red –
Free Georges Abdallah
- Alain d’Orso –
Docteur en médecine, Dakar.
- Gilbert Hanna.
Sites à
consulter
Annexe
documentaire
Injonction de
Hillary Clinton à Laurent Fabius et
Manuel Valls pour entraver la décision
de la justice française ordonnant la
remise en liberté de Georges Ibrahim
Abdallah.
UNCLASSIFIED U.S.
Department of State Case No.
F-2014-20439 Doc No. C05797452 Date:
11/30/2015.
(SBU) Georges Ibrahim Abdallah was
sentenced to life in prison in 1987 for
his involvement in the 1982 murders of
U.S. military attaché Charles Ray and
Israeli diplomat Yakov Barsimentov in
Paris, as well as for the 1984 attempted
murder of the U.S. Consul General in
Strasbourg,
Robert Homme. A former leader of the
Marxist-Leninist guerilla group Lebanese
Armed Revolutionary Factions, Abdallah
is reputedly one of the longest-serving
prisoners in Western Europe. He became
eligible for release in 1999, but seven
successive appeals were consistently
denied on the grounds he has shown no
remorse for his crime and likely will
resume his revolutionary struggle if
released and deported to Lebanon.
Although the French Government has no
legal authority to overturn the Court of
Appeal’s January 10 decision, we hope
French officials might find another
basis to challenge the decision’s
legality.
Source :
https://wikileaks.org/clinton-emails/Clinton_Email_November_Release/C05797452.pdf
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