MADANIYA
L’élimination d’Abou Bakr Al Baghdadi
signe l’éradication complète du Cercle
de Tall Affar,
le noyau turkmène fondateur de Daech
René Naba
Vendredi 23 juin 2017
L’élimination d’Abou Bakr Al Baghdadi
par un raid russe sur Raqqa, Nord de la
Syrie, le 25 Mai 2017, si elle était
confirmée, signerait l’éradication
complète du cercle de Tall ‘Affar, le
noyau turkmène fondateur de l’État
Islamique.
Pivot de
Daech, ultime survivant du Cercle de
Tall’Affar et du camp de Bucca, sud de
l’Irak, la disparition du Calife Ibrahim
revêtirait certes une lourde
signification par sa portée symbolique.
Mais ce désastre ne saurait remettre en
cause le projet de restauration du
Califat islamique, en dépit des défaites
majeures subies par l’organisation
djihadiste, ni de ses lourdes pertes en
vies humaines, en dépit de sa politique
suicidaire menée à l’encontre des
minorités sous son emprise, les
Chrétiens et les Yazédis qu’il s’est
aliéné par les persécutions qu’il leur a
fait subir, plutôt que de les amadouer.
La chute
probable de Mossoul, selon toute
vraisemblance, va relancer les tensions
inter communautaires, exacerbées par une
hyper fragmentation de la société
irakienne du fait de quinze ans de
guerres intestines. Elle pourrait
inciter Daech à compenser la perte
territoriale de son califat en terre
arabe par un plus fort ciblage européen.
Une «branche européenne» de Daech aurait
d’ailleurs été créée à cet effet,
constituée de près de 5.000 volontaires
auparavant engagés dans les combats en
Syrie et en Irak.
1 – Le cercle de Tall’Affar
Le
cercle de Tall’Afar, noyau dur de Daech,
était dirigé par Abou Ali Al Anbari, de
son vrai nom Ala’ Qodrache, Turkmène
originaire de Tell’Afar.
Le «cercle de Tall’Afar» tire son nom de
la ville du Nord-Ouest de l’Irak, qui
abritait durant l’embargo international
contre l’Irak (1990-2003), un des sites
d’où étaient déployés les batteries de
la défense anti aérienne pour la
neutralisation des avions des forces de
coalition de l’Opération «Northern Watch
1», chargée de faire respecter les zones
d’exclusion aérienne faisant suite à
l’embargo décidé par l’ONU.
Située à
45 km à l’Ouest de Mossoul, dans la
province de Ninive et à 60 km de la
frontière syrienne, elle est peuplée
d’environ 170.000 habitants, arabes
sunnites, kurdes, turkmènes et chiites.
L’édifice était chapeauté par les
Turkmènes du «Cercle de Tell’Afar», sous
la direction d’Abou Ali Al Anbari, qui
en verrouillait les principales
articulations.
Les
cadres irakiens ont joué un rôle
déterminant dans la définition de cette
idéologie, résultant d’un double
impératif: Disposer d’un gisement humain
sunnite apte au combat tout en
maintenant la cohésion d’un groupe
hétéroclite traversé par des courants
contradictoires.
A – Les principaux membres du cercle
SAMIR Al
KHALFAOUI (Hajji Bakr), de même que ses
camarades du parti Baas, étaient des
laïcs, mais ont souhaité tirer leur
légitimité de Dieu. «La domination des
peuples doit être exercée par une élite
ultra-minoritaire, car son objectif est
de servir les intérêts supérieurs… «Pour
ce faire, elle doit tirer sa légitimité
de Dieu ou de la grandeur de
l’Histoire». Dixit cet ancien cadre
supérieur baasiste.
Partant
du principe que les croyances
religieuses extrémistes ne suffisaient
pas à elles seules à forger la victoire,
la synthèse doctrinale a visé à
concilier les tendances contradictoires
du groupement, débouchant sur la
formulation de la théorie de l’«État
Islamique».
L’empressement à proclamer le Califat
répondait au souci de couper la voie à
tout retour en arrière. Durant leur
incarcération, pendant trois ans
(2005-2008), les conciliabules se sont
déroulées d’une manière intensive entre
prisonniers irakiens des camps
américains et ont visé à faire
connaissance d’abord, à se jauger
ensuite, à se faire confiance et à
réduire leurs divergences, enfin.
Parmi les participants à ce cénacle
carcéral insolite figuraient deux
généraux, huit colonels, deux
commandants, ainsi que Cheikh Ibrahim
Awad Al Badri, le futur calife.
Deux
généraux Adnane Al Bibaloui et Ibrahim
Al Habbani. Huit Colonels (Samir Ben
Hamad Al Khalfaoui, Adnane Najm, Fahd Al
Afari, Assi Al Obeidi, Fadel Al Ayssawi,
Mohannad Al Latif Al Soueidy, Nabil Al
Mouayin). Deux commandants (Mayssara Al
Joubouri et Adnane Al Hayali) ainsi que
Cheikh Ibrahim Awad Al Badr.
Au terme
de trois ans de conciliabules, les
participants sont convenus de se
retrouver à leur sortie de prison pour
la poursuite de leur action d’une
manière concertée.
2 – Le camp de Bucca
Le camp
de Bucca, sud de l’Irak, était un centre
de détention aménagé par les Américains
pour y incarcérer leurs adversaires et
ennemis durant leur occupation de
l’Irak. Il comprenait 24 baraquements,
chaque baraquement contenait 1.000
prisonniers, soit au total 24.000
prisonniers.
Dix sept des vingt cinq dirigeants de
Da’ech, en charge des opérations en Irak
et en Syrie, ont séjourné à la prison de
Bucca entre 2004 et 2011. Ibrahim Awad
Al Badri, alias Abou Bakr Al Baghdadi, a
été détenu de 2006 à 2008.
Situé
près du port d’Oum Qasr, dans le sud de
l’Irak, le camp de Bucca avait été
aménagé par les américains lors de la 1
ère Guerre d’Irak (1990-1991). Il sera
employé également comme camp de
prisonniers dès 2003 par les forces
britanniques en Irak.
Après le
scandale de la prison d’Abou Ghraib, en
2004, les conditions de détention se
sont améliorées. Abandonnée en 2009,
elle devrait être transformée en pôle de
développement économique avec
l’implantation d’hôtels, et de dépôts
logistiques pour l’industrie pétrolière.
Samir Al
Khalfaoui, alias Hajji Bakr, prisonnier
de 2006 à 2008 au camp de Bucca, puis
transféré à la prison d’Abou Ghraib, a
été tué à Tall Rifaat à Alep en Janvier
2014. Il a transposé au djihad son
expérience acquise sous le régime de
Saddam Hussein, clonant l’EI sur le
modèle de l’appareil sécuritaire
baasiste, hérité de la STASI, la police
allemande de l’ex RDA.
Les
documents manuscrits découverts au
domicile de Samir Al Khalfaoui, à son
décès, révèlent que dans sa conception,
l’EI n’était pas un groupement religieux
mais sécuritaire. Nationaliste, selon le
qualificatif du journaliste irakien
Hachem Al Hachem, Samir AL Khalfaoui
était un ancien officier de la base
aérienne irakienne de Habbaniyah, expert
en logistique.
Le
général Adnane Biblaoui est l’initiateur
du plan de conquête de Mossoul. Tué lors
de l’assaut, la conquête de Mossoul lui
a été dédiée et la bataille porte son
nom, en sa mémoire.
La
biographie des principaux dirigeants de
l’état Islamique (Abou Mouss’ab Al
Zarkaoui, Abou Omar Al Baghdadi, Abou
Bakr Al Baghdadi, Adnane Biblaoui, Hajji
Bakr.) Sur ce lien:
http://www.madaniya.info/2014/09/15/daech-des-hijras-illusoires-aux
Propos
d’un dirigeant de Da’ech: «Nous étions
convenus de nous retrouver à notre
sortie de prison. Notre mode de liaison
était simple. Nos CV étaient inscrits
sur l’élastique retenant nos
sous-vêtements. Tout y figurait, le
numéro du portable, le lieu
d’habitation. Tout le monde est revenu
de détention en 2009. Nous avons repris
alors nos conciliabules». Fin de
citation (Cf. «Les conditions
d’allégeance et de gouvernance». Centre
d’Études des mouvements islamiques (Al
Harakate Al Islamiyah lil Dirassate).
Les
Arabes avaient la haute main sur
l’Information, notamment les syrien tel
Taha Sobhi Falaha (Abou Mohamad Al
Adanani), en sa qualité de porte-parole
de l’EI. Malgré la fusion opérée entre
arabes et étrangers, l’élément irakien
est demeuré toutefois prédominant dans
les postes les plus élevés et les plus
sensibles.
Ibrahim
Al Badri, alias Abou Bakr Al Baghdadi, a
réussi à moderniser son groupement en
s’appuyant, sur le plan militaire, sur
le bloc des anciens officiers de l’armée
irakienne, notamment Samir Al Khalfaoui
et Abdel Rahman Al-Biblaoui. La branche
militaire est ainsi devenue une forte
armée régulière cohérente et
professionnelle.
Le chef
de l’EI a réussi en outre à tirer profit
des expertises des Arabes et des
étrangers, notamment les personnes
originaires du Golfe à l’exemple des
saoudiens Omar Al Qahtani et Osmane
Nasser Al Assiry, du bahreini Turki ben
Moubarak, alias Turki Al Benghali et le
tchétchène Abou Omar Al Shishani ainsi
qu’Abou Hammam Al Atrabi.
En dépit
de cette infrastructure et de
l’organigramme dont il s’est doté, le
groupement n’a cessé de se comporter en
organisation de type milicienne où
règnent le désordre et le clientélisme.
L’EI est
subdivisé en 18 circonscriptions
administratives réparties entre la Syrie
et l’Irak, mais l’aménagement du
territoire n’a pas pour autant mis un
terme aux dysfonctionnements tant les
provinces de même que les
administrations souffraient de
désorganisation.
Le chef
de Da’ech réussira néanmoins à compenser
ces insuffisances en confiant les postes
clés à des hommes de confiance qui
réussiront à maintenir la cohérence du
groupe, en l’occurrence le bloc des
anciens officiers de l’armée irakienne,
qui seront placés à tous les niveaux de
responsabilité, dans tous les domaines
(sécurité, militaire, organisation,
élaboration de nouvelles méthodes de
combat et la planification des nouveaux
raids).
3- Ibrahim Awad Al Bakri: Abou Bakr
Al Baghdadi, une usurpation d’identité
L’identité d’emprunt qu’il s’est
attribué en s’autoproclamant Calife (en
arabe le successeur) emporte usurpation
de légitimité: Abou Bakr Al Baghdadi Al
Husseini Al Qoraychi se décline ainsi :
Abou
Bakr est le prénom du premier Calife en
632.Le plus fidèle compagnon de Mohamed
repose aux côtés de la tombe du prophète
à Médine. Baghdadi, celui qui est
originaire de Bagdad, évoque la lignée
des califes Abbassides (descendants
d’Abbas, l’oncle de Mohamed). Husseini,
évoque le martyre du petit fils du
Prophète, tombé en 680 à Karbala en
Irak, adulé des chiites.
Sur le
plan rituel, le nouveau calife Ibrahim,
de son nom de guerre Abou Bakr Al
Baghdadi, cumule pouvoir politique et
spirituel avec autorité sur l‘ensemble
des musulmans de la planète. Une posture
qui le hisse au rang de supérieur
hiérarchique du Roi d’Arabie, le gardien
des lieux saints de l’Islam La Mecque et
Médine, d’Ayman Al Zawahiri, le
successeur d’Oussama Ben Laden à la tête
d’Al Qaida, du président de la
confédération mondiale des oulémas
sunnites, Youssef Al Qaradawi, le télé
prédicateur de l’Otan. Ah la belle
audience califale en perspective.
Né en
1971, dans la ville de Samarra, il
rejoint à 32 ans l’insurrection en Irak
peu après l’invasion américaine de
l’Irak, en 2003. Capturé, détenu et
torturé dans la plus grande prison
américaine en Irak, le Camp Buca pendant
cinq ans, sud de l’Irak, il sera annoncé
comme mort, en octobre 2005, par les
forces américaines. Mais, à la surprise
générale, Abou Bakr al-Baghdadi,
réapparaîtra, en mai 2010, à la tête de
l’État islamique en Irak (EII). Depuis
2011, Il est classé comme «terroriste»
par les États Unis.
4 – La galaxie Dae’ch (ISIS EIIL)
Présent
en Syrie et en Irak, le groupe islamiste
ultra-radical «l’État islamique en Irak
et au Levant (EIIL ou ISIS en anglais),
dont l’acronyme en arabe est Daech, a
été fondé en 2013 sur les bases de
l’État islamique en Irak (EII), à la
faveur des combats de Syrie et des
dérives Djihadistes.
La
galaxie avait été mise sur orbite, en
2006, avec la fusion de plusieurs
groupes djihadistes irakiens et de
tribus sunnites, sous la houlette du
Prince Bandar Ben Sultan, ancien chef
des services de renseignements saoudiens
et d’Izzat Ibrahim ad Doury, ancien
vice-président du Conseil de la
révolution irakienne et successeur de
Saddam Hussein à la tête du parti Baas,
depuis son entrée en clandestinité.
Au-delà
des baasistes, Izzat ad Douzy, chef de
l’Armée de la voie de Nakchabandi, une
confrérie soufie qu’avaient embrassée,
selon ses adeptes, les compagnons du
Prophète ainsi que le premier calife.
L’appellation est toutefois trompeuse,
car si les soufis sont théoriquement
pacifiques, les Nakchabandi d’Irak ont
fourni de redoutables officiers de
renseignements, civils et militaires,
sous le règne de Saddam Hussein. Après
la chute de ce dernier, ils ont
régulièrement mené des opérations
conjointes avec Al-Qaida.
Selon
les estimations des experts, l’EIIL
comptait entre 5000 à 6000 combattants
en Irak et 6000 à 7000 en Syrie. Sa zone
d’influence s’étendait du nord de la
Syrie, notamment depuis son quartier
général à Raqqa, jusqu’au centre de
l’Irak.
5- La stratégie de l’ISIS
L’EIIL
cherche surtout à fonder un État
Islamique au Proche-Orient fondé sur la
Chariah (législation islamique) et
effacer ainsi les frontières issues du
colonialisme franco- britannique, les
accords Sykes Picot. Le déploiement de
l’ISIS révèle toutefois que son zone
d’influence coïncide avec les gisements
de pétrole syriens et irakiens.
En avril
2013, Abou Bakr al-Baghdadi, alors chef
de l’État islamique en Irak, a annoncé
la fusion de son groupe avec le Front
al-Nosra, une branche d’Al-Qaïda active
en Syrie, pour créer l’EIIL. Le Front
al-Nosra a toutefois refusé cette
alliance et, en février 2014, le chef
d’Al-Qaïda, Aymane Al-Zawahiri,
officialisera sa rupture avec l’EIIL en
lui demandant de quitter la Syrie. Les
deux groupes opèrent des lors de façon
séparée, se faisant même la guerre en
Syrie.
Le
groupe djihadiste se finance via trois
sources principales, le pétrole, les
prises d’otages, un commerce plus
lucratif que le pétrole, en ce que la
rançon peut atteindre plusieurs dizaines
de millions de dollars, enfin, les
donations des princes du Golfe, des
princes, qui soutiennent le groupe
sunnite face aux chiites et aux athées.
6- Les combattants en Syrie et en
Irak
La Syrie
comptait de 100.000 à 120.000
djihadistes, dont 7.000 à 10.000
étrangers, repartis en un millier de
formations combattantes, selon une
déclinaison ethnico religieuse tribale,
reflet des clivages politico sociales du
pays et de leurs parrains respectifs,
opérant au sein de PC conjoint, sur fond
de violentes rivalités et d‘une
opposition instable, selon les
estimations de la prestigieuse
institution «The Brookings Institution»,
dont le centre régional à Doha (Qatar),
«Brookings Doha Center Report» publiées
à la mi-mai 2014 dans son rapport
périodique: «Syria Military Landscape
Mai 2014», sous la plume de Charles
Lester.
La
ventilation de ces djihadistes en
fonction de leur nationalité et de leur
provenance a été établie par Soufan
Group, un centre d’études turc, proche
de la Confrérie des Frères Musulmans et
figure sur ce lien:
http://www.soufangroup.com/foreign-fighters-in-syria/
7- Le rôle contre productif de
l’opposition off shore pétromonarchique
Une
opposition instable et cupide: «La
concurrence pour les subsides notamment
auprès des associations caritatives
pétro monarchiques a favorisé la
division et la dispersion. Le style de
vie des opposants en exil a suscité des
moqueries en ce qu’il leur était
reproché leur goût pour les hôtels cinq
étoiles, occultant la dure réalité
syrienne, indique le rapport Brookings
Doha Center Report dont ci joint les
extraits de ce document de 50 pages.
…..«Le
chef de l’Armée Syrienne Libre, pendant
cette période a assumé un rôle de
«Public Relations» et l’échec de
l’opposition off shore pro occidentale a
favorisé la montée en puissance de
l’extrémisme, dont les Frères Musulmans,
constituaient la force la plus modérée.
Par «Le
Manifeste d’Alep», le 24 septembre 2013,
onze organisations parmi les plus
puissantes ont refusé la tutelle de la
coalition de l’opposition syrienne,
soutenue par les pays occidentaux et les
pétro monarchies arabes. Cinquante
groupements, réunis sous l’autorité de
Mohamad Allouche, fonderont alors «Jaych
Al Islam», assumant un rôle axial en
Syrie.
Le Front Islamique
Sept
groupements fédérés au sein de ce front
disposent de 60.000 combattants en Syrie
et constituent la plus importante
formation militaire du pays. Trois de
ces formations -Ahrar As Cham (les
hommes libres du levant), Soukour As
Cham (Les Aigles du Levant) et Jaych al
Islam (l’Armée de l’Islam)- opèrent en
coordination étroite avec Al Qaida, via
Jobhat an Nosra.
«Le
Front Islamique est un acteur décisif
dans la dynamique de l’opposition en
raison de sa capacité d’impulser
l’orientation idéologique du
soulèvement. Il constitue la relève
radicale d’Al Qaida sur le plan
idéologique et son but ultime est la
création d’un Etat islamique en Syrie,
point de départ de la guerre de
libération d’Al Qods (Jérusalem) et la
Palestine.
8 – Les défaites militaires à
l’arrière plan d’une hécatombe des chefs
djihadistes.
Mais
l’anéantissement du noyau turkmène ne
saurait mettre un terme un projet de
restauration d’un califat islamique, en
dépit des défaites majeures subies sur
le terrain par l’organisation
djihadiste, ni des pertes en vies
humaines.
A – Les défaites militaires de Daech
Depuis
début 2015, Daech a subi d’importants
revers tant en Irak qu’en Syrie, sous
les coups de butors conjugués mais non
coordonnées de l’alliance occidentale et
de leurs supplétifs kurdes tant en Syrie
qu’en Irak, d’une part, et d’autre part,
les forces gouvernementales syriennes et
irakiennes et leurs alliés en Syrie, –la
Russie, l’Iran et le Hezbollah
libanais–, en Irak, Al Hachd Al Cha’abi,
la mobilisation, une milice
majoritairement chiite.
Ci joint une chronologie des
revers
Janvier
2015, la cité antique de Palmyre a été
reprise par l’armée syrienne En quinze
mois, selon les calculs de l’IHS
Conflict Monitor, les pertes
territoriales de Daech dépasseraient les
25%, et, 40 pour cent selon les forces
américaines. Palmyre marque le début de
la fin de Daech sur le plan militaires
- 26
janvier 2015: Kobané. L’État
islamique est chassé de cette ville
frontalière de la Turquie par les
Unités de protection du peuple kurde
(YPG).
- 31
mars 2015: Tikrit. Reprise de ce
bastion de l’ancien président Saddam
Hussein, à 160 km au nord de Bagdad.
Téhéran et Washington se sont
impliqués dans cette bataille et
dans la reconquête de ce chef-lieu
majoritairement sunnite.
-
6-13 novembre 2015: Sinjar: L’EI
contrôlait cette ville depuis août
2014, se livrant à de multiples
exactions contre la minorité
yazidie, qui constitue la majorité
de sa population.
- 8
décembre 2015: Ramadi. Ville sunnite
à 100 km à l’ouest de Bagdad, Ramadi
est le chef-lieu de la grande
province d’Al-Anbar, frontalière de
la Syrie. Elle avait été conquise le
17 mai 2015 par l’EI après une vaste
offensive et une retraite chaotique
des forces irakiennes.
- 24
mars 2016: Mossoul: L’armée
syrienne, appuyée au sol par le
Hezbollah libanais et les forces
spéciales russes et soutenue par
l’aviation russe, entre dans la
ville antique de Palmyre, à 205 km à
l’est de Damas, prise par l’EI le 21
mai 2015. De l’autre côté de la
frontière, l’armée irakienne,
soutenue par des milices et
l’aviation de la coalition
internationale, lance une offensive
pour reprendre Mossoul, deuxième
ville du pays (nord).
- 27
mars 2016: Palmyre L’armée syrienne
reprend la totalité de la ville de
Palmyre après plusieurs jours de
combats. Les djihadistes se replient
notamment vers leurs fiefs de Raqqa
et Deir Ezzor plus au nord.
- 21
Décembre 2016: Le bastion djihadiste
d’Alep est tombé aux mains des
forces gouvernementales syriennes,
mettant un coup d’arrêt au plan de
partage de la Syrie.
Au delà
du cercle de Tall affar, décimé, 10 des
principaux figures de proue de la
nébuleuse djihadiste ont été éliminés en
six ans de guerre en Syrie et en Irak,
dont voici le décompte:
-
Zohrane Alllouche, chef de Jaych Al
Islam, tué dans un raid de
l’aviation syrienne le 25 décembre
2015.
-
Hassan Abboud, (Abou Abdallah Al
Hamaoui), fondateur d’Ahrar Al Cham
(les Hommes Libres du Levant), dont
le mouvement a été décapité avec
l’élimination de 40 de ses
dirigeants lors d’un ténébreux
attentat à l’automne 2014
-
Omar Al Shishani, le responsable
militaire de Daech
-
Djamil Raadoun, chef du Soukour Al
Ghab (Les Faucons de la Forêt),
assassiné en Turquie même, l’autre
parrain du djihadisme salafiste.
-
Abdel Rahman Kaddouli (de son nom de
guerre Hjaji Imam), N°2 de Daech et
son ministre des finances, tué par
un raid aérien américain en Irak le
25 mars 2016.
-
Abou Hayjja Al Tounsi, dirigeant
militaire de Daech, tué le 31 mars
2016, par un drone américain à Raqqa
(Syrie)
-
Abou Firas Al Soury (de son vrai nom
Radwane Al Nammous), porte-parole
d’Al Nosra
-
Deux dirigeants de premier plan de
Daech : Abou Mohammed Al-Adnani et
Waêl Adil Hassan Salman Fayad. Seul
Syrien au sein de la direction de
Daech, Al-Adnani, né en 1977 dans la
province d’Idlib, était considéré
comme le «ministre des attentats» du
groupe et le chef de ses opérations
extérieures.
Vétéran
du djihad et porte-parole du groupement
terroriste, Taha Sobhi Fallaha (le vrai
nom d’Al Adanani) a été tué dans un raid
aérien visant la ville d’Al Bab, le
dernier bastion de l’EI dans la région
d’Alep, le 30 août 2016. Quant à Waêl
Adil Hassan Salman Fayad, ministre de
l’Information du groupe Etat islamique,
il a été tué dans un bombardement aérien
de la coalition anti djihadiste le 7
septembre près de Raqqa en Syrie, soit
une semaine après son compère Al Adnani.
Enfin, les chefs du «Front du
Fatah Al Cham», la nouvelle mouture de
Jabhat An Nosra:
-
Abou Omar Saraqeb, chef militaire de
ce groupement et son adjoint Abou
Mouslam Al Chami, mi septembre 2016,
tués dans leur PC alors qu’ils
préparaient un plan de reconquête
d’Alep. Alors qu’il était à la tête
de Jabhat An Nosra, Abou Omar
Saraqeb avait conquis au début de la
guerre Idlib et Jisr Al Choughour.
Quant à
l’hécatombe politique des faiseurs de la
guerre de Syrie, du côté occidental,
impressionnante, –d’Hillary Clinton, à
David Cameroun, à François Hollande,
Laurent Fabius, Manuel Valls, à l’Emir
du Qatar et Bandar Ben Sultan, le chef
des ténèbres djihadistes–, est à lire
sur ce lien:
Et l’hécatombe des intellectoïdales
français, «les idiots utiles du
terrorisme islamique» sur ce lien:
Pour aller plus loin
Illustration
Capture d’écran d’une video de
propagande diffusée le 5 juillet 2014
par al-Furqan Media montrant Abou Bakr
al-Baghdadi à Mossoul lors de la
proclamation du califat / AL-FURQAN
MEDIA/AFP/Archives
Reçu de l'auteur pour publication
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