MADANIYA
De la régression de l’idée de la
démocratie dans
le Monde arabe, huit ans
après le printemps arabe
René Naba
Vendredi 22 février 2019
Texte de
l’intervention de l‘auteur au colloque
«La démocratie à l’Est de la
Méditerranée», organisé par L’Institut
Scandinave des Droits de l’Homme (SIHR)
Genève 22- 23 Septembre 2018.
Le millénaire avait
pourtant bien commencé, annonciateur
d’une ère nouvelle de liberté, de
créativité, d’épanouissement individuel
et d’élan collectif à l’effet de
compenser un demi-siècle d’humiliation,
de soumission, de résignation,
d’impuissance et de défaites.
La période
transitoire entre le décès du président
syrien Hafez Al Assad, qui avait
monopolisé le pouvoir pendant trente
ans, et son successeur, en l’occurrence
son propre fils Bachar Al Assad, en
vertu des règles en vigueur dans une
république monarchique, avait favorisé
l’éclosion d’un «printemps de Damas» où
des forums surgissant de nul part
donnaient voix à des paroles longtemps
bridées, à des consciences muselées. La
fin de l’état d’urgence était exigée
avec son corolaire la libération des
prisonniers politiques, le pluralisme
politique, le multipartisme. Jamais la
Syrie n’avait connu une séquence civile
aussi euphorique.
Une deuxième grosse
bouffée d’oxygène a soufflé sur le Monde
arabe cinq ans après, en 2005, dans la
foulée de l’assassinat du premier
ministre libanais Rafic Hariri,
provoquant, chose inimaginable à
l’époque, le retrait de l’armée syrienne
du Liban dans la séquence dite de la
«Révolution orange».
Le troisième grand
souffle de liberté est intervenu dix ans
après le «printemps de Damas», en 2011
avec la séquence dite du «printemps
arabe», marquant le soulèvement
populaire des peuples arabes contre les
régimes dictatoriaux dans les deux
versants du Monde arabe, au Maghreb en
Tunisie, l’étincelle du printemps arabe,
contre Zine el Abidine Ben Ali, et, au
Machreq, en Egypte contre Hosni
Moubarak.
Hormis ces trois
frémissements, en vingt ans, du
«Printemps de Damas» au «Printemps
arabe», la démocratie n’a cessé de
régresser dans le Monde arabe, entrant
dans une ère de glaciation, de même que
l’idée même de démocratie, du fait d’une
triple imposture:
- L’imposture
d’une fraction importante des
démocrates arabes,
- L’imposture
des grandes démocraties
occidentales,
- L’imposture de
l’idée même des révolutions arabes.
L’imposture
d’une fraction importante des démocrates
arabes:
Les dissidents de
la vieille garde: Abdel Halim Khaddam,
Mouncef Marzouki, Azmi Bishara, Michel
Kilo, Borhan Ghalioune, Walid Joumblatt
Les dissidents
de la vieille garde: l’exemple d’Abdel
Halim Khaddam
Le printemps de
Damas sera ainsi de courte durée. Moins
qu’une période normale de gestation.
Huit mois. Par le fait du prince.
La fin de la partie
sera en effet, paradoxalement, sifflée
par celui qui était à l’époque
vice-président de la République Abdel
Halim Khaddam, lequel, se vivant en
gardien du temple baasiste, redoutait
une Perestroïka à la Boris Eltsine,
hyper capitaliste, ultra libérale, qui
aurait menacé les privilèges de la caste
dominante.
Le coup d’arrêt
avait été expliqué alors par la crainte
d’un débordement, une dérive selon le
schéma algérien, une «Algérisation»
(Jazzara, selon le terme de Khaddam),
dans une zone ployant sous l’arbitraire
bureaucratique, alors que la Syrie était
prise en tenaille, entre Israël et la
Turquie, par une alliance de revers
entre ses deux partenaires stratégiques
des Etats Unis, de surcroît en butte à
l’hostilité du régime rival baasiste
irakien.
L’invasion
américaine de l’Irak et l’adoption de la
Syrian Accountability Act, en 2002,
constitueront a posteriori une
justification complémentaire de la
neutralisation du «printemps de Damas».
La Syrian
Accountability Act puis dans la foulée
le Hezbollah Accountability Act, en
2003, avaient pour fonction de
déclencher le compte à rebours visant à
la déstabilisation de la Syrie, seul
pays arabe du champ de bataille» avec le
Liban, encore en état de belligérance
contre Israël.
Le bien nommé
Khaddam -dont la signification de son
nom correspond au terme français de
laquais-, avait renié son militantisme
après avoir abusivement ponctionné le
Liban opérant par cupidité la plus
retentissante conversion de l’histoire
contemporaine.
Marginalisé au
congrès du parti Baas, son vœu secret de
succéder à son mentor Hafez Al Assad,
contrarié, Abdel Halim Khaddam quitte
Damas pour Paris et fonde avec ses
anciens ennemis, les Frères Musulmans,
«Le Front de Salut National». Une
démarche qui a retenti comme un
véritable défi pour les adhérents à la
«Déclaration de Damas» en ce que l’un
ses principaux signataires, les FM de
Syrie, y avait souscrit, tout en
s’engageant, parallèlement, dans une
alliance avec un ancien cacique du
régime baasiste, sans consultation
préalable des autres adhérents. Un
parfait exemple de la duplicité dont la
confrérie est coutumière et qui sera
désastreuse pour la suite des
événements.
Elle a été vécue
comme un fait accompli de deux acteurs
de la scène syrienne, face à un bloc qui
constituait la coalition la plus large
possible. Elle se révélera suicidaire
pour l’ancien dirigeant baasiste et
frappera de suspicion les intentions des
Frères Musulmans syriens.
Le partenariat
ainsi scellé entre les anciens frères
ennemis (Khaddam+ Frères Musulmans) va
donner lieu à un débat intense au sein
du Front Intérieur de l’opposition
portant sur l’opportunité des alliances
à nouer avec la vieille garde du régime
baasiste et le degré de confiance à leur
accorder de même qu’à la branche
syrienne de la confrérie. Le débat,
houleux, entraînera la démission d’une
large fraction des signataires du texte
fondateur. Devant l’ampleur des
divergences, deux personnalités
éminentes de l’opposition syrienne, -le
communiste Riad Turk et le libéral Riad
Seif, anciens prisonniers politiques des
geôles syriennes-, décideront alors de
mettre en veilleuse le projet de
constitution d’un large «Front
Intérieur» dans l’attente que se décante
la situation.
Le «Front de Salut
National» volera en éclat dans la foulée
de l’agression israélienne de Gaza, en
2008-2009, alors que le Hamas, la
branche palestinienne des FM, faisait
face à une offensive visant à son
anéantissement en l’absence de toute
réaction arabe, notamment des
pétromonarchies du Golfe, les nouveaux
parrains idéologico-financiers d’Abdel
Halim Khaddam. L’homme, il est vrai,
avait anticipé le primat saoudien sur
l’ordre domestique arabe se projetant,
le premier, dans l’ère post soviétique
et le monde unipolaire américain.
Conséquence majeure
de cette alliance entre partenaires si
antinomiques, le «Front de Salut
National» a entravé la mise sur pied
d’un large Front des Forces Intérieures
de l’Opposition Syrienne», déblayant
largement la voie aux ingérences
extérieures.
Sa mission
accomplie, plutôt son forfait, Abdel
Halim Khaddam, factotum de son
coreligionnaire sunnite libanais, sera
relégué aux oubliettes de l’histoire,
lâché par tous, y compris par ses
nouveaux et encombrants alliés,
l’organisation des «Frères Musulmans»,
celle-là même qui s’était lancée à
l’assaut du pouvoir en Février 1982, en
vue de faire trébucher le régime
baasiste dont il était un des piliers, à
quatre mois de l’invasion israélienne du
Liban. Rétrospectivement, Abdel Halim
Khaddam a démontré par ses alliances
rotatives la fragilité du projet
démocratique au sein d’une large
fraction de l’opposition syrienne. Une
fragilité qui éclatera au grand jour
après le 18 mars 2011, date généralement
considérée comme le début du soulèvement
populaire syrien.
De Michel Kilo,
ancien prisonnier des geôles syriennes
et futur commensal du Prince Bandar Ben
Sultan, le chef de la contre révolution
arabe, aux universitaires Borhan
Ghalioun et Basma Kodmani, des bi
nationaux franco-syriens opérant comme
des supplétifs de leur ancienne
puissance coloniale dans la destruction
de leur pays d’origine, ainsi que
Georges Sabra, Riad Turk, Riyad Hijab,
Kamal Labwani, Souhair Al Atassi….
l’ambiguïté du programme et des
alliances, de même que le suivisme
témoigné par ceux qui se révéleront des
comparses, éclatera au grand jour à
l’explosion volcanique qui a carbonisé
la sphère arabe à partir de 2011.
De surcroît, l’ahurissante mutation de
certaines figures de proue démocratiques
du Monde arabe en mercenaires cupides,
un phénomène qui a bourgeonné à
l’occasion de ce mal nommé printemps, y
compris parmi des personnalités perçues
alors comme d’authentiques démocrates,
-de Walid Joumblatt (Liban), à Mouncef
Marzouki (Tunisie), au parcours sinueux,
à Borhan Ghalioun (Syrie), auteur du
«Manifeste pour la Démocratie», mais
homme avide de pouvoir et d’argent,
ainsi qu’Azmi Bishara (Palestine)-, a
constitué un cas manifeste de trahison
des idéaux de la révolution et de la
démocratie. Une défaite de la pensée.
Une insulte à l’intelligence. Une
défaite de la liberté.
Pour aller plus
loin sur ce thème
B- Mouncef
Marzouki: Une mystification, la grande
déception des démocrates arabes.
Neurologue, réputé
pour sa ferme opposition à la dictature
Zine El Abidine Ben Ali en Tunisie,
Mouncef Marzouki plongera dans la
consternation ces compagnons de lutte
dans sa précipitation à pactiser avec la
branche tunisienne des Frères Musulmans
pour satisfaire des ambitions
présidentielles dévorantes, sans la
moindre garantie. Une culbute
idéologique qui demeurera, bien qu’il
s’en défende, une tâche noire dans son
parcours auparavant respectable, la
marque d’un opportunisme à tout crin,
d’un amateurisme désastreux pour la
crédibilité du combat démocratique
arabe.
Pourtant ce lauréat
de l’Académie des Sciences de
Washington, titulaire de la «Médaille
des Droits de l’Homme» en tandem avec
l’opposant syrien Haytham Manna, avait
clairement affiché ses opinions et ses
démarches dans un opus co-signé avec des
démocrates d’autres pays arabes, au
titre prémonitoire et intitulé:» Comment
faire avancer la question de la
démocratie et des Droits de l’Homme dans
le Monde arabe» ?
En fait, l’ouvrage constituait un relevé
des conclusions établies trois ans
auparavant à Vienne par l’opposant
tunisien en compagnie de ces camarades
de lutte arabes, avec lesquels il avait
fondé, en 1998, la «Commission Arabe des
Droits Humains (ACHR), notamment
l’écrivain palestinien Mohamad Hafiz
Yakoub, l’égyptien Mohamad Sayed Said,
la libanaise Violette Daguerre et le
Syrien Haytham Manna.
La démarche, telle
qu’elle a été consignée dans cet opus,
spécifiait que le Monde arabe se devait
de «construire un projet théorique et
politique d’une démocratie libérée de
toute influence occidentale, fondée sur
les principes universels des Droits de
l’Homme». Considérant que «tous les
projets de transition pollués par la
violence avaient eu pour effet de
renforcer le système autoritaire»,
l’étude prônait en conséquence «la
résistance civile et le changement
pacifique» et posait comme condition
sine qua non l’INDEPENDANCE de leur
action.
Un beau palmarès:
Une petite encyclopédie des droits de
l’homme, un volume de 2550 pages, en
trois volumes, des ouvrages sur la
«Deuxième Indépendance» (la démocratie),
sur la résistance civile et les droits
de l’homme en Tunisie, en Egypte, en
Arabie saoudite en Irak, au Maroc, en
Syrie, sur la violence et l’intégrité
physique et morale. Une quarantaine de
chercheurs arabes et internationaux ont
participé à ce projet éditorial.
Curieux hasard: L’un des plus récents
ouvrages de la Commission portait pour
titre «la Tunisie de demain», édité en
2001, préfacé par Haytham Manna avec la
participation des trois personnalités
qui formeront une décennie plus tard la
troïka tunisienne: Rached Al Ghannouchi,
Moncef Al Marzouki, Moustafa Ben Jaafar.
Sans surprise, les
idées avancées dans ce livre en vue de
l’édification d’une démocratie sociale
seront foulées au pied, trahies par
ceux-là même qui en étaient les auteurs,
le trio précité, selon l’adage bien
connu selon lequel «les promesses
n’engagent que ceux qui y croient».
Patent a été le
décalage entre le rêve démocratique
arabe et les contraintes de l’exercice
du pouvoir: Des concessions aux parrains
financiers de la troïka tunisienne, les
deux Hamad, -Hamad Ben Khalifa, Emir du
Qatar et Hamad Ben Jassem, son ministre
des Affaires étrangères, aux compromis
avec les Occidentaux, en superposition à
l’influence omniprésente du Cheikh
Youssef Al Qaradawi sur Al Nahda,
notamment à propos de la Libye et de la
Syrie, où le Mufti qatari de l’Otan
implorera les pays occidentaux de
bombarder la Syrie, un pays qui a
pourtant mené quatre guerres contre
Israël, dans une démarche qui révèle un
rare cas de défragmentation mentale……la
liste est longue des forfaitures qui
conduiront le premier président post
dictature de la Tunisie, Moncef Marzouki
à accueillir à Tunis la «Conférence des
Amis de la Syrie», le groupement des
conjurés pétro-monarchiques et du pacte
atlantiste de la guerre de Syrie,
carbonisant au passage son parcours
historique.
Ce militant jadis
respecté sera renvoyé à ses pénates par
une coalition de certains de ses anciens
admirateurs et rejeté dans un oubli
réparateur, nonobstant les dégâts qu’il
aura infligés au projet dont il a été un
des concepteurs: la promotion de la
démocratie dans le Monde arabe qu’il a,
paradoxalement, durablement sinistré.
Mouncef Marzouki
passera à la postérité comme une
mystification, la grande déception des
démocrates arabes.
C- Azmi Bishara.
Figure de proue de
la contestation progressiste arabe, Azmi
Bishara, ancien député palestinien du
parlement israélien, a opéré une
reconversion spectaculaire faisant
allégeance au Roi Dollar et aux vertus
lubrifiantes des pétro-dollars.
Issu d’une famille
chrétienne palestinienne, membre
fondateur du parti BALAD- farouche
défenseur de la laïcité par opposition
au concept d’«État juif», membre de la
Knesset (1996-2007), Azmi Bishara se
ralliera à la frange la plus
obscurantiste de l’Islam, l’Islam
wahhabite. Il se fourvoiera en public,
en direct, depuis les écrans de la
chaîne du Qatar Aljazeera, en suggérant
au présentateur du journal, hors antenne
mais micros ouverts, de négliger les
troubles de Bahreïn, à l’époque
violents, pour se focaliser sur la Syrie
et l’Egypte, «aux événements
prometteurs», avait-il prédit depuis son
exil pétrodollarisé de Doha.
Boudé désormais par
l’intelligentsia arabe, Azmi Bishara
s’est replié sur son nouveau fief, pays
le plus antinomique de la laïcité qu’il
préconisait contre Israël, pour diriger
le nouveau porte-voix de la principauté,
le journal «The New Arab» (Le Nouvel
Arabe), qu’il souhaite façonner sans
doute à son image: Reptile et Servile.
D- Michel Kilo
De son parcours de
militant, son statut de prisonnier
politique sous le régime syrien, son
patriotisme bien ancré, son expérience
affirmée des luttes politiques, de même
que son ancrage sur le terrain et son
assise populaire…. Tout destinait Michel
Kilo à devenir le phare d’une révolution
qu’il devait éclairer de son expertise
et de ses sacrifices, à l’effet de lui
conférer l’éclat dont l’avait privé le
terne duo supplétif de l’administration
française, les binationaux Borhan
Ghalioune-Basma Kodmani. Tout destinait
ce chrétien syrien à rallier le camp de
l’opposition démocratique, et non
l’opposition commanditée pétro
monarchique. Tout, son intégrité, sa
sobriété, son expertise, son prestige,
sa légitimité. Tout, sauf que le diable
se niche dans les détails.
Sa commensalité
nouvelle avec Bandar Ben Sultan, du
temps de la splendeur du chef du djihad
mondial, dont il empruntait
régulièrement le jet privé pour des
consultations dinatoires, tous ses
reniements successifs le conduiront à sa
participation au «Weinberg Founders
Conference», fatale à sa réputation.
En marge de son
entretien avec John Kerry, le secrétaire
d’état américain, dans la foulée du
colloque organisé le 8 mai 2014 par le
Washington Institute, une émanation de
l’AIPACC, le plus influent lobby juif
américain, Michel Kilo aurait fait
passer un message à Ehud Barack visant à
le sonder sur la possibilité d’une
intervention militaire israélienne
contre la Syrie.
Suprême humiliation, l’israélien a
décliné l’offre de l’ancien chef de file
du combat nationaliste de Syrie,
révélant au grand jour sa fêlure
mentale. Une fêlure fatale à son destin.
Le récit sur ce lien, notamment l’offre
de Michel Kilo aux Israéliens:
E- Borhan
Ghalioune
La propulsion de
cet ancien militant de la gauche
radicale syrienne à la tête de
l’opposition off-shore pétro monarchique
a fait office de révélateur des
ambitions de cet universitaire
besogneux, en même temps qu’elle
révélait sa cupidité et sa
désorientation mentale en ce que son
parachutage à la présidence de cette
coalition hétéroclite, noyautée par les
Frères Musulmans, s’est faite sous le
double parrainage de la France et de la
Turquie, les deux pays complices du
démembrement de la Syrie au XX me siècle
(Affaire du district d’Alexandrette) et
la caution des personnalités les plus
philo-sionistes de France: Bernard Henry
Lévy, Bernard Kouchner et Laurent
Fabius, le petit télégraphiste des
Israéliens dans les négociations sur le
nucléaire iranien.
Expulsé de son pays
pour avoir émis des critiques sur la
pratique religieuse dans les pays
arabes, Borhan Ghalioune, nouvel allié
des islamistes, se livrera, avec
jubilation, au dogme néoconservateur,
s’engageant à rompre avec l’Iran et à
couper les voies de ravitaillement du
Hezbollah Libanais. Invraisemblable
posture qui a renvoyé dans l’imaginaire
arabe au destin funeste d’Ahmad Chalabi,
l’ancien chef de file de l’opposition
irakienne pro américaine, rejeté dans
les poubelles de l’Histoire une fois son
forfait accompli.
Une abdication qui
lui vaudra d’ailleurs un volet de bois
vert de la part de certaines des plus
importantes figures de l’opposition
syrienne et arabe. «Il n’est pas permis
de sacrifier l’unité des
révolutionnaires de Syrie pour la
tranquillité de Hilary Clinton»,
secrétaire d’état américain, lui
assénera Haytham Manna, une des figures
les plus respectées de l’opposition
syrienne, dans un libelle intitulé
«Conseils gratuits pour une politique
étrangère» paru le 10 décembre 2011 dans
le journal libanais «As Safir», tandis
que le chroniqueur d’Al Qods Al Arabi,
Rachad Abou Chawar, s’étonnait que la
priorité de l’universitaire franco
syrien porte sur le châtiment des deux
pôles victorieux de la résistance à
l’hégémonie israélo-américaine.
Qu’un universitaire
français, par ailleurs auteur du
«Malaise arabe», Bourhane Ghalioune,
parachuté par la France à la tête de
l’opposition off -shore syrienne, fasse
joujou, aux premiers jours du
soulèvement anti-Assad, avec un fusil
mitrailleur, en compagnie du
porte-parole d’un groupement djihadiste
terroriste en Syrie, Mohammad Al
Adanani, résume à lui seul la
mystification occidentale et l’imposture
des révolutionnaires du «printemps
arabe» en Syrie.
II – L’imposture
des démocraties occidentales
Au-delà de la
souillure morale représentée par
l’alliance contre nature scellée avec
les régimes les plus antinomiques à
leurs principes, les pétro monarchiques
obscurantistes, de même que le
téléguidage à distance des
bouleversements sociaux du Monde arabe,
les «grandes démocraties occidentales»
se sont livrées à une opération de
manipulation de l’opinion publique
visant à détourner un mouvement
authentiquement populaire au départ (les
soulèvements de Tunisie et d’Egypte) de
ses objectifs initiaux, projetant au
rang de symboles des instruments de leur
politique.
Deux faits majeurs illustrent
l’imposture des grandes démocraties
occidentales, et leur manipulation de
l’opinion publique pour la satisfaction
de leurs desseins: Waddah Khanfar et
Tawakol Karman.
A – Waddah
Khanfar
Lauréat 20011 de la
revue «Foreign Policy», au même titre
que Rached Ghannouchi (An Nahda) et
Bernard Henry Lévy, le chef de file de
la guerre médiatique israélienne anti
arabe sur le théâtre européen, le
parcours de Waddah Khanfar résume à lui
seul la confusion mentale arabe, la
duplicité de son employeur, le Qatar, et
l’imposture occidentale. Mais cette
distinction honorifique masque une
odieuse supercherie en ce que sous l’ère
Waddah Khanfar, AlJazeera est passé sans
coup férir d’un des prescripteurs de
l’ordre mondial de l’information en
lanceur d’alerte des menées
islamo-atlantistes contre les pays
arabes. Un «indic» en somme.
Ancien journaliste de la chaine
gouvernementale américaine «Voice of
America», ce palestinien natif de
Djénine, en Cisjordanie occupée, était
parent par alliance de l’ancien premier
ministre jordanien Wasfi Tall, surnommé
le «boucher d’Amman» pour sa répression
des Palestiniens lors du septembre noir
jordanien (1970), dont il a épouse la
nièce. Cet Islamiste notoire était aussi
un interlocuteur des services de
renseignements de l’US Army. Une opacité
typique du comportement du Qatar.
Propulsé à la direction de la chaîne Al
Jazeera par son ami libyen, Mahmoud
Jibril, il sera remercié de la chaîne,
en 2011, au terme de l’épisode libyen,
mais gratifié de la distinction
américaine. Maigre consolation. L’homme
a quitté la scène publique, avec de
substantielles indemnités, sans bruits,
emportant avec lui ses secrets et sa
part d’ombre, les raisons de sa gloire
et de sa disgrâce.
Il dirige désormais l’édition arabe du
Huffington Post, après un bref passage à
l’«Open Society» de George Soros.
B- Tawakol
Karman, Prix Nobel de la Paix 2011, la
plus grande escroquerie intellectuelle
et morale du Printemps arabe
Première femme
arabe et deuxième femme musulmane (après
Shirine Ebadi – Iran en 2003) à être
nobélisée, la yéménite Tawakol Karman
constitue une imposture ambulante. Cette
activiste est en fait membre du Parti Al
Islah, la branche yéménite de la
confrérie des Frères Musulmans et son
ONG «Women Journalist Without Chains»
émargeait sur le budget de la National
Endowement for Democracy, la NED, fondée
en 1983 par le président
ultra-conservateur américain Ronald
Reagan. Un sous-marin de
l’administration américaine en somme.
Sœur de Safa
Karman, journaliste à Al Jazeera, la
chaîne transfrontière arabe du Qatar,
chef de file de la contre révolution
néo-islamiste dans le Monde arabe,
l’activiste yéménite s’était distinguée
par ses critiques incisives contre le
royaume saoudien et ses ingérences
permanentes dans la vie politique du
Yémen, ainsi que pour son rôle dans le
soulèvement contre le précédent régime
du Général Ali Abdallah Saleh. Elle fera
sensation, en 2004, en ôtant le Niqab
dans un geste spectaculaire dé défi et
de libération, lors d’une conférence sur
les droits humains.
Mais sous le voile
de la liberté perçait la supercherie:
lors du lancement de la guerre pétro
monarchique contre le Yemen, la lauréate
du Nobel de La paix 2011 fera des offres
de service à l’agresseur de son propre
pays, commettant une triple imposture,
sans le moindre rappel à l’ordre.
En tant que Prix
Nobel de la Paix, elle a donné sa
caution à une guerre;
En tant que femme,
elle a rallié le pays le plus régressif
en matière des Droits de la femme;
En tant que
yéménite, elle a rallié les agresseurs
de son propre pays, la coalition des
pétromonarchies, les pays les plus
riches du Monde arabe, contre le plus
pauvre d’entre eux. ….La plus grande
escroquerie intellectuelle et morale du
Printemps arabe. Du fait occidental.
III –
L’imposture de l’idée même de
révolutions arabes
A- La Révolution
des Cèdres: Une vaste fumisterie. Une
révolution nullement spontanée mais
téléguidée.
La Révolution du
Cèdre au Liban (2005) est apparue
rétrospectivement comme une vaste
fumisterie. A l’image du présumé chef du
camp socialiste Walid Joumblatt, dont le
parcours sinueux et tortueux a révélé
son imposture idéologique.
Une révolution
nullement spontanée, mais téléguidée par
le CANVAS (Center For Applied Non
Violent Action and Stratégies) sous la
houlette de son président Srdja POPOVIC
qui la dirigeait depuis……… Belgrade.
Le plus grand succès de Canvas dans la
région MENA (Middle East North Africa),
la révolution orange servira de prélude
au «printemps» arabe. Bien orchestrée,
elle avait été planifiée un an avant
l’assassinat de Rafic Hariri, qui lui
servira de déclencheur.
La cellule de
décision comprenait un noyau
d’activistes formé par un trio d’amis:
Elie Khoury, un expert en communication
et marketing chez Quantum et Saatchi &
Saatchi, le journaliste Samir Frangieh,
ainsi que Nora Joumblatt, l’épouse du
chef féodal druze, Walid Joumblatt, Asma
Andraous, Gébrane Tuéni, directeur du
journal An-Nahar et Samir Kassir, le
parfait représentant de la génération de
la gauche mutante de l’anti-impérialisme
vers l’ultra conservatisme.
B – Walid
Joumblatt: Le fossoyeur de l’idéal
socialiste et progressiste au Liban et
dans le Monde arabe.
Le féodalisme est
sa marque de fabrique et son monde
opératoire. Le chef druze du parti
socialiste progressiste (PSP) a succédé
à son père Kamal Joumblatt, assassiné en
1977, sans la moindre concurrence, selon
les pires règles de la féodalité
clanique.
Son héritage le
destinait à la stature d’homme d’état,
mais de par sa cupidité il s’est laissé
happé par les sirènes de la Dolce Vita
et de la combinazione, ultime pirouette
d’une girouette. Et son parcours en
pâtira inexorablement.
La décennie, pourtant, avait été
prodigieuse. Comme larrons en foire,
sous la houlette de la Syrie, l’ancien
chef de file de la coalition palestino
progressiste de la guerre civile
libanaise, auréolé de la gloire de son
père, s’est mû en partenaire d’affaires
du milliardaire libano saoudien Rafic
Hariri, avec la caution du pro consul
syrien au Liban, Abdel Halim Khaddam
pour mettre le Liban en coupe réglée,
dans la grande tradition de la mafia. Un
trio maléfique pour le Liban, la Syrie,
l’Arabie Saoudite et la France, les
parrains politiques du crésus libanais.
Dans la griserie de
l’époque, le laxisme ambiant, la
veulerie des uns, la couardise des
autres, la gloutonnerie des uns et des
autres, l’alliance contre nature entre
un pur représentant du pan capitalisme
pétro monarchique et le chef d’un des
rares partis politiques arabes se
réclamant du socialisme a pu surprendre
en termes de cohérence idéologique, mais
non en termes de drainage financier.
Celui qui sera par
la suite l’un des plus sévères censeurs
de la tutelle syrienne sur le Liban
avait été pendant douze ans, de 1992 à
2004, le meilleur gestionnaire de la
mainmise syrienne sur son pays,
déléguant à la Syrie, le pouvoir
régalien sur le plan diplomatique et
militaire, en contrepartie de la
mainmise du trio sur le Liban. Un acte
de haute forfaiture commis, néanmoins,
en toute impunité, avec les
encouragements de leurs tuteurs
internationaux, particulièrement la
France, si prompte par ailleurs à se
draper dans la dignité bafouée dès lors
que ses intérêts patrimoniaux sont en
jeu.
Homme lige des
Saoudiens, chef de file du combat
occidental au Liban en partenariat avec
le plus grand criminel de la guerre
libanaise, Samir Geagea, par ailleurs
catapulté «faiseur de Rois» par les
médias occidentaux dont il était devenu
la coqueluche, la promotion de Walid
Joumblatt a signé par les reniements
qu’elle impliquait, la deuxième mort de
son père, Kamal Joumblatt, le chef
charismatique du Mouvement National
Libanais.
Bureaucrate de la révolution, ce
saltimbanque aura finalement été le
fossoyeur de l’idéal socialiste et
démocratique au Liban et dans le Monde
arabe. Une abjection.
Pour aller plus
loin sur le thème de la «révolution
orange au Liban», ces liens
A propos de Gébrane
Tuéni et de Samir Kassir, le tandem qui
sera déchiqueté par des attentats dans
une année marquée par l’assassinat de
Rafic Hariri, le retrait syrien du Liban
consécutif à cet assassinat, privant «la
Révolution des Cèdres» de deux de ses
principaux animateurs.
C – Les quatre
principaux griefs des démocrates
libanais à l’encontre de la Syrie.
Mandatée par la
Ligue arabe pour servir de force
d’interposition entre les belligérants
libanais durant la guerre civile
libanaise (1975-2000), la Syrie exercera
une tutelle politique de fait sur le
Liban, ponctionnant abusivement son
voisin sur le plan financier au prétexte
de subventionner les frais de
stationnement des 30.000 soldats syriens
au Liban, qui en sortira exsangue au
terme d’une lourde présence syrienne de
19 ans.
En dépit de nombreux griefs des libanais
à l’égard du pouvoir syrien, le Liban
via le Hezbollah, volera au secours de
la Syrie, remportant de batailles
décisives à Al Qoussayr et Al Qalmoun,
alors qu’une large fraction de l’élite
syrienne devenait mercenaire des
pétromonarchies et participait à la
destruction de son propre pays.
Les principaux
griefs
1- Le choix d’Abdel
Halim Khaddam par Hafez Al Assad comme
pro consul de Syrie au Liban, conduisant
à la conclusion d’un pacte affairiste
sunnite entre Khaddam et Hariri, en vue
du pillage systématique du Liban.
2- La décision de
Hafez Al Assad d’autoriser Rafic Hariri,
dans le but de complaire à l’Arabie
saoudite, de mettre la main sur le
centre ville de Beyrouth pour une
bouchée de pains, 75 millions de
dollars, en vue de déblayer les
destructions et édifier à la place de
luxueux immeubles, valorisant la fortune
de Hariri, d’u coup de 7, 5 milliards de
dollars. Le centre Beyrouth est
désormais le socle de la puissance
financière de Hariri, qui font de la
famille Hariri un élément incontournable
de la vie politique libanaise. AU
PROFIT DE l’Arabie saoudite.
3 -Le choix de
Ghazi Kanaan, comme commandant en chef
du contingent syrien, qui passera une
transaction honteuse avec Rafic Hariri:
l’octroi de la nationalité libanaise à
40.000 arabes sunnites de la plaine de
la Beka’a, faisant perdre à la ville de
Zahlé son caractère de grande ville
chrétienne du Liban, devenant une ville
mixte. Il aurait perçu 800 millions de
dollars pour prix de cette transaction,
dont il paiera de sa vie cette
manipulation. Bachar Al Assad lui aurait
en effet demandé de se suicider lors de
l’enquête sur l’assassinat Hariri, les
officiels syriens craignant que Ghazi
n’emprunte le même chemin de la trahison
que Khaddam.
Au début de la
guerre de Syrie, en 2011, les sunnites
naturalisés se sont alliés aux
djihadistes de Syrie pour favoriser des
attentats visant à déstabiliser le
Liban, conduisant le Hezbollah à lancer
six offensives dans le secteur Ersal
Brital (frontière syro libanaise) pour
maitriser la situation et assécher le
marigot.
4 – Autre
forfaiture, l’alliance du pouvoir
baasiste durant la guerre du Liban avec
les milices phalangistes, les meilleurs
alliés d’Israël dans la zone, contre les
Palestiniens, particulièrement lors du
siège de Tall Al Zaatar, Juillet-Août
1976.
Rafic Hariri, Walid
Joumblatt et leur factotum syrien,
principaux bénéficiaires du pouvoir
baasiste se retourneront contre lui. Se
posant en héraut de l’Indépendance
libanaise, ils rallieront l’opposition
off-shore pétro monarchique pour
favoriser la chute du régime syrien, en
une pathétique conjuration des
cloportes.
D- La Libye et
le jeu trouble du Qatar pour imposer
Abdel Hakim Belhadj comme gouverneur de
Tripoli.
Mahmoud Jibril,
Premier ministre du gouvernement rebelle
libyen, et témoin de premier plan de la
période transitoire post Kadhafi, est
formel: Qatar et l’Otan ont facilité la
prise de pouvoir de Tripoli par le chef
des djihadistes libyens, Abdel Karim
Belhadj, qu’ils ont combattu pendant dix
ans en Afghanistan, sans se poser la
question de la pertinence de leur
stratégie, notamment leur partenariat
avec un personnage situé aux antipodes
de leurs valeurs, de la cohérence de
leur discours moralisateur et de la
crédibilité de leur politique.
De l’aveu même de
Mahmoud Jibril, «Doha a voulu, dès le
départ, intronisé l’Emir des groupements
islamiques combattants libyens en
Afghanistan (GIGL), Abdel Hakim Belhadj,
comme le chef des révolutionnaires
libyens (…). Parachuté à Tripoli depuis
l’Afghanistan, Abdel Hakim Belhadj a été
présenté aux chefs d’état-major de
l’Otan lors d’une réunion des chefs
militaires de la coalition à Doha, en
Août 2011, où il a fait un briefing sur
la situation militaire en Libye, en
prélude à l’offensive contre Tripoli.
«Le quartier général des opérations a
été alors transféré de l’Ile de Djerba
en Tunisie, déjà sous l’autorité du
parti islamiste An Nahda de Rached
Ghannouchi, ami du Qatar, vers Zintane,
dans le Djebel Nefoussa, dans le secteur
occidental de la Libye. Le Qatar a usé
de procédés dilatoires pour retarder la
conquête de Tripoli et permettre à
Belhadj de s’en emparer en premier, en
même temps que de son arsenal». – Fin du
témoignage de Mahmoud Jibril.
Le témoignage
complet de Mahmoud Jibril sur ce lien
E – DETOURNEMENT
et DEROUTEMENT du cours de la Révolution
du fait de l’Otan, le foyer des «grandes
démocraties occidentales».
Passons sur la
dérive sectaire et mortifère du Hamas,
unique mouvement de libération nationale
sunnite, qui abandonnera en rase
campagne ses compagnons de lutte, à
l’origine de son encadrement militaire
et de ses succès, pour s’abriter à Doha,
à 30 km de la base du CENTCOM, la plus
importante base américaine du tiers
monde.
Passons sur la
DETOURNEMENT du cours d’une révolution
authentiquement populaire en Tunisie et
en Egypte, au moyen du flux financier
considérable du Qatar, au profit des
protégés islamistes des pétromonarchies
du Golfe, notamment la confrérie des
Frères Musulmans, la roue dentée de la
stratégie atlantiste durant les guerres
de libération nationale du Monde arabe.
Passons sur le
DEROUTEMENT d’une révolution
authentiquement populaire contre
l’arbitraire monarchique à Bahreïn, en
Février 2011 et sa déviation vers les
rives républicaines de la Méditerranée
(Libye, Syrie), deux pays sans
endettement extérieur, afin de prémunir
les dynasties décriées de cette zone
hautement inflammables du Golfe. Et ne
nous étonnons pas, dès lors, à l’instar
d’un intellectuel dévoyé par ses
présupposés idéologiques, qu’il n’y ait
«Pas de Printemps en Syrie».
Idiot utile du
terrorisme islamique, cet
islamophiliste, ancien résident français
à Damas, François Burgat dit Burka en
raison de ses œillères idéologiques,
aurait du se pénétrer de cette réalité
évidente que s’il n’y a pas eu de
printemps en Syrie, c’est qu’il n’y a
pas eu de printemps ni à Bahreïn, ni en
Arabie Saoudite, le «Royaume des
ténèbres» absolu de l’époque
contemporaine.
A propos du rôle des intellectuels
français dans la guerre de Syrie
Epilogue: De la
Démocratie et de la parodie de
démocratie.
La démocratie ne
saurait être à sens unique,
exclusivement dirigée contre les pays
arabes à structure républicaine. Initiée
par des autocrates, sous protectorat
atlantiste, contre les aspirations
légitimes des peuples.
Une telle stratégie aberrante a débouché
sur la régression de la démocratie dans
le Monde arabe, la régression de l’idée
même de démocratie, perçue désormais
comme une machination de l’Occident pour
perpétuer sa domination dans la zone.
Voire même une répulsion de l’Occident
par les authentiques démocrates arabes.
Un contre sens stratégique absolu.
Phénomène majeur de
la période contemporaine, le «printemps
arabe» a marqué le retour du néo
colonialisme occidental en terre arabe,
sous couvert de démocratie, en
partenariat avec une constellation de
pétromonarchies parmi les plus
répressives et les plus régressives de
la Planète, révélant au passage une
cohorte d’êtres de «nulle part (+anywhere+),
hors sol, cupides, veules, vils et
serviles; l’illustration la plus criante
de la fragilité des convictions
intellectuelles des élites arabes, de
leur vulnérabilité aux pétrodollars et,
dernier et non le moindre, leur
prosternation devant le diktat de la
doxa officielle occidentale.
Une fêlure mentale absolue, alors qu’en
contrechamps l’opinion occidentale,
supposée être le moteur de la
démocratie, révélait sa docilité, voire
sa domestication, dans la plus
formidable opération de conditionnement
de l’opinion, se croyant vivre dans une
démocratie qui n’est en fait qu’une
apparence de démocratie. Une parodie de
démocratie.
Le Monde arabe a été le plus grand
perdant du «printemps arabe» avec pas
moins de six pays totalement
désarticulés (Libye, Soudan, Syrie,
Irak, Yémen, Somalie), la Palestine,
phagocytée par Israël, la trésorerie
arabe exsangue.
Depuis le début de
l’histoire de l’humanité, il est admis
que les êtres humains marchent sur leurs
pieds et réfléchissent par la tête. Pour
des raisons qui échappent à
l’entendement, sans doute le double
effet euphorisant de la flatterie
occidentale et des effluves des
royalties, les Arabes ont pris l’option
inverse: marcher sur leur tête et
réfléchir comme un pied.
Au terme de ce
désastreux emballement de démence, il
est temps que les Arabes retrouvent le
chemin de la décence. Le chemin de la
rectitude. Le chemin de la dignité et du
respect de soi.
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