Liban
diaspora 2/2
L’Afrique et l’Amérique latine, base
arrière de la guerre souterraine
planétaire entre Israël et le Hezbollah
René Naba
Mercredi 22 janvier 2014
I – Paris – La
diaspora un atout non négligeable
D’un millier de
libanais, en 1913, en
Afrique-Occidentale, le chiffre est
passé à 4.500 en 1936, et à 300.000 de
nos jours. Le plus gros contingent
serait en Côte d’Ivoire, avec 60 000
personnes, suivi du Sénégal (30 000,
dont dix mille naturalisés), puis du
Nigeria (25 000) et du Sierra Leone (10
000 en Sierra Leone), du Ghana, du Congo
Kinshasa (6 000), enfin au Gabon
(5 000), ibidem pour le Cameroun.
Premiers
investisseurs du Sénégal, les Libanais
possèdent 60 % des PME-PMI, alors qu’en
Côte d’Ivoire ils sont crédités de 60 %
du parc immobilier, de 50 % de
l’industrie et de 70 % du
conditionnement et de l’imprimerie, en
alors qu’en Guinée ils ont la maîtrise
du circuit informatique et qu’en Côte
d’Ivoire ils sont crédités de 60 % du
circuit informatique et en Angola, la
corporation des ingénieurs, sans compter
l’exploitation diamantifère au Sierra
Leone. L’image d’Épinal du
Libanais-petit-commerçant debout dans
son échoppe devant un comptoir tapissé
de rouleaux d’étoffes n’est plus depuis
belle lurette de mise. L’éventail des
activités économiques des libanais
émigrés couvre désormais tout le spectre
des métiers possibles: Médecine,
commerce, ingénierie, immobilier,
informatique, industrie agroalimentaire,
restauration, banque. Les transferts de
liquidités des expatriés représentent
presque 25% du PIB du pays.
Selon une étude de
l’université américaine de Beyrouth, les
Libanais de la diaspora auraient
rapatrié, en 2008, quelque 4,5 milliards
de dollars, dont près d’un milliard en
provenance d’Afrique. Le système
bancaire libanais est soutenu par la
progression des dépôts de l’ordre de 10%
par an, un fait qui le place à l’abri
des crises systémiques.
La dette souveraine
du Liban atteint 139% du PIB, soit
environ 53 milliards de dollars. Les
banques y détiennent environ 50% de la
dette publique. Elles regorgent de
liquidités avec un bilan consolidé qui
avoisine les 340% du PIB, soit 147
milliards de dollars, alors que le PIB
du Liban est de 41 milliards de dollars.
Elles se partagent donc 25 milliards de
dette souveraine, pas assez pour les
mettre en difficulté.
II – L’Amérique
latine, une multinationale polymorphe de
la diaspora libanaise
C’est dire la force
de frappe de l’émigration libanaise en
Afrique, sans commune mesure toutefois
avec L’empire financier des Libanais
d’Amérique latine. Représentant les deux
tiers de la diaspora, les Libanais
d’Amérique constituent, par agrégation,
une multinationale polymorphe s’étendant
sur l’ensemble du cône sud, avec des
pics au Brésil, au Mexique et en
Argentine.
En Amérique du Sud,
la plus grande communauté libanaise vit
au Brésil, suivi de l’Argentine, de la
Colombie, le Venezuela, la Bolivie et le
Chili. Le Mexique compte 500.000
immigrés libanais, majoritairement
chrétiens. En Argentine, l’immigration
arabe est la troisième la plus nombreuse
du pays. La communauté la plus
représenté est la syrienne, suivie par
la libanaise, l’irakienne et la
palestinienne. Sur les 3,5 millions
d’arabes ou descendants, en Argentine,
700.000 sont musulmans. La collectivité
palestinienne au Chili est devenue la
plus grande du monde en dehors du Moyen
Orient, avec environ 500 000 membres.
III – L’équation
chiite et les raisons de la focalisation
israélo américano
A- Le chiisme,
branche rivale de l’Islam sunnite,
contrôle par l’Iran la totalité d’une
des deux rives du Golfe arabo-persique,
la veine jugulaire du système
énergétique internationale. De par son
déploiement démographique, il est
présent dans toutes les zones
pétrolifères du Moyen orient: dans la
région orientale du Royaume saoudien
(Dhahran), dans le sud de l’Irak
(Bassora) et le Nord du Koweït. Les
chiites sont en outre massivement
déployés au Sud Liban, l’ultime zone de
confrontation avec Israël, avec
l’enclave palestinienne de Gaza et… en
Afrique occidentale. Ce fief chiite
constitué, en un curieux retournement de
situation, dans le pré carré français,
ne résulte pas d’une décision souveraine
d’une communauté encore moins d’un état
dans une politique de grignotage. Mais
constitue la conséquence d’une triple
décision erratique, sur fond de misère
économique de la zone: la politique
ségrégationniste de la France coloniale
affectant à l’Afrique le trop plein
chiite du Liban, la politique de
dépeuplement de la région frontalière
israélo libanaise pratiquée par Israël
par le pilonnage quasi quotidien du
secteur en vue d’en faire un no-man’s
land stratégique, enfin le glacis pétro
monarchique.
Au-delà des clichés
éculés et des effets de propagande, un
fait demeure, incontestable. Si les
pétromonarchies ont été une source
d’enrichissement de leurs
coreligionnaires sunnites arabes,
particulièrement la confrérie des Frères
Musulmans, l’Afrique et dans un degré
moindre l’Amérique latine, auront été
celle des Chiites, une communauté
généralement perçue par l’opinion
occidentale comme hostile aux intérêts
du camp atlantiste, contrairement aux
sunnites, en dépit des coups de butoir
répétitifs d’Al Qaeda. Observée
sinon avec condescendance à tout le
moins avec une bienveillance
paternaliste du temps où le chah d’Iran
présidait aux destinées de l’Iran, elle
sera perçue avec suspicion sous le
régime de la République Islamique.
B – Le passage de
l’immigré libanais du statut de
supplétif des rouages du pouvoir
colonial à celui de concurrent des
entreprises occidentales dans l’Afrique
post indépendance, l’établissement de
surcroît d’un partenariat avec les
élites nationales, notamment par le
financement des campagnes électorales
des décideurs politiques va exacerber
les antagonismes sociaux,
particulièrement à l’égard des Chiites,
d’autant plus vivement qu’ils
sous-tendent des objectifs économiques.
L’assassinat de
Laurent Désiré Kabila, en janvier 2001,
passe ainsi pour avoir été financé par
des libanais furieux que le président
congolais ait confié à la société
israélienne IDI, le monopole de l’achat
des diamants (1).
Par effet d’aubaine
des erreurs de la stratégie
israélo-occidentale, la militarisation
des chiites libanais dans la foulée de
la liquidation de leur chef
charismatique, l’Imam Moussa Sadr, en
1978, en Libye et du démantèlement du
sanctuaire de l’OLP au Liban (1982),
feront de cette communauté, jadis la
plus déshéritée du Liban et sans doute
la plus méprisée, par l’effet magique de
ses exploits guerriers contre Israël
(2000, 2006), l’équation incontournable
du Moyen-Orient. Sa nouvelle puissance
économique sera alors perçue comme une
source nuisance, une évolution amplifiée
par l’exacerbation des antagonismes
interconfessionnels au Moyen Orient, sur
fond de bras de fer entre l’Iran et les
Occidentaux à propos du nucléaire
iranien et de guerre régionale sunnites
chiites attisée par la dynastie
wahhabite. Sa mutation sociologique
modifiera la perception de son rôle,
selon le processus classique de «la
fabrication de l’ennemi».
http://www.diploweb.com/La-fabrication-de-l-ennemi-ou.html*
C – Le
basculement de l’Iran, l’ancien super
gendarme américain dans le Golfe, dans
le camp hostile au camp atlantiste sous
l’égide de l’iman Khomeiny (1979) et son
rapprochement stratégique avec les pays
latino-américains, contestataires de
l’ordre américain (Cuba, Venezuela,
Bolivie, Brésil, Chili) a achevé de
criminaliser tant l’Iran que le
Hezbollah que les Chiites d’une manière
potentielle.
La diaspora
libanaise, atout pour le Liban, devient
un traquenard tant pour les libanais que
pour le pays d’origine. Les pays
d’accueil, principalement l’Afrique et
l’Amérique latine, deviennent le terrain
privilégié de la guerre souterraine
planétaire entre Israël et le Hezbollah.
Les exemples abondent d’articles de la
presse locale et internationale
mentionnant «Le trésor des
Libanais-Africains», son «opacité du
fait de la déliquescence de
l’administration fiscale nationale, de
la fluidité du système bancaire et des
innombrables tuyaux du circuit de
blanchiment de l’ancienne «Suisse du
Moyen-Orient».
IV: Sous l’impulsion
de Saad Hariri, la criminalisation du
Hezbollah
A l’instigation de
Saad Hariri, furieux d’avoir été
débarqué sans ménagement de son poste de
premier ministre, des parlementaires
américains d’origine libanaise, Nick
Rahhal, Charles Boustany et Darrel Issa
entreprendront de criminaliser le
Hezbollah, en 2011, par l’adoption par
le congrès du HATA (Hezbollah
Accountability Act), sur le modèle de la
Syrian Accountability Act, adopté, lui,
neuf ans plus tôt. Deux textes
législatifs américains adoptés
dans le vain espoir de faire pression
sur la formation chiite et son allié
syrien en vue de les contraindre à
souscrire à son retour au pouvoir à
Beyrouth et se conformer à l’ordre
saoudo américain. A les ligoter en vue
de les fragiliser prélude à une
offensive contre l’Iran. Intervenu près
d’un an avant la mise sur pied de la
coalition de l’opposition syrienne
off-shore, sous la houlette franco
turque, la pression diplomatique du clan
Hariri a été aiguillonnée notamment par
un autre parlementaire
américano-libanais, proche du lobby
sioniste aux Etats Unis, Anthony Nicy
ainsi que par Walid Farès, ancien cadre
dirigeant des milices chrétiennes
libanaises durant la guerre civile
libanaise (1975-1990) et recyclé aux
Etats-Unis en tant que conseiller auprès
de la commission de la lutte
anti-terroriste au sein du sénat
américain. CF. Le journal libanais Al
Akhbar en date 24 juin 2011
http://www.al-akhbar.com/node/15357
L’argent chiite a
ainsi été placé sous surveillance au
niveau international. Les Etats Unis ont
saisi 150 millions de dollars à la
banque Libano-Canadienne (BLC) qu’ils
soupçonnaient de blanchiment d’argent.
Manque de peau, la BLC n’était pas la
seule banque accusée de ces dérives. Une
enquête a visé la Deutsche Bank qui
aurait transféré plusieurs milliards de
dollars pour le compte notamment de
l’Iran et du Soudan. La filiale
mexicaine de HSBC aurait ainsi transféré
un montant de 7 milliards de dollars
vers la filiale américaine de HSBC,
HBUS, entre 2007 et 2008.
L’arrestation,
parallèle, d’un homme d’affaires réputé
proche du Hezbollah, Salah Ezzedine, a
fait fleurir dans la presse des
expressions du genre le «trésor africain
du Madoff Libanais» en ce qu’il
proposait des placements rémunérés à 40
%.
Au Nigeria, un pays
qui peine à neutraliser Boko Haram, le
groupe terroriste intégriste musulman,
la justice a inculpé, en novembre 2013,
trois libanais soupçonnés d’appartenance
au Hezbollah. Mustapha Fawaz, 49 ans,
Abdallah Thahini, 48 ans, et Talal Ahmad
Roda, 51 ans, d’avoir planifié des
attaques contre des cibles occidentales
et israéliennes au Nigeria. Les trois
hommes ont été inculpés pour blanchiment
d’argent et exportation illégale de
biens, à la suite de la découverte
d’armes dans leur magasin à Abuja. Mais
l’affaire pourrait tourner court faute
de preuves suffisantes. Sur le jeu du
Mossad au Nigeria
http://www.al-akhbar.com/node/190431
V – Le Southern
Command, garde chiourme de l’Amérique
latine
En Amérique du Sud,
Les enjeux sont de toute autre dimension
devant une telle combinaison explosive
qui confine au cauchemar tant pour les
Israéliens que pour les Américains, avec
près de 9 millions d’émigrés libanais
solidement implantés de longue date, une
flopée de multimillionnaires sur fond
d’une tradition révolutionnaire
solidement ancrée, dans l’arrière-cour
de l’Empire américain, l’Argentine, le
pays refuge des grands criminels de
guerre nazis Adolf Eichmann et Josef
Mengele où les services israéliens
évoluent comme poisson dans l’eau,
pointant successivement,
alternativement, cumulativement, la
responsabilité du Hezbollah et de
l’Iran, dans l’attentat contre une
synagogue en 1984 suggérant leur
«responsabilité implicite» en raison du
fait que l’ancien pays de Jorge Videla
abrite avec 700.000 musulmans arabes,
que le Chili, l’ancien pays d’Augusto
Pinochet abrite 500.000 Palestiniens, la
plus grande diaspora palestinienne du
monde hors le Moyen Orient, sur fond
d’un partenariat avec les forces
révolutionnaires de la zone du Venezuela
à la Bolivie.
Un garde chiourme
veille sur les turbulences de la chasse
gardée nord-américaine: Le Southern
Command, l’équivalent latino de l’African
Command pour le continent africain, qui
supervise la «Culture stratégique» de
l’hémisphère sud; En fait un plan de
notation des pays de la zone à travers
un programme d’étude relevant de
l’Université Internationale de Floride,
qu’il finance pour mener par une série
d’actions relevant de la propagande
idéologique hégémonique favorable aux
intérêts militaires et économiques
étasuniens, en Amérique Latine et dans
la zone des Caraïbes. Ainsi en septembre
2013, au plus fort de la controverse sur
l’usage des armes chimiques par le
gouvernement syrien, alors que les Etats
unis et la France se préparaient à
engager la bataille de Damas, un site
électronique se lançait dans une attaque
en règle contre l’allié de la Syrie,
accusant le Hezbollah d’être un acteur
et un agent du narcotrafic latino-
américain et de menacer le
sous-continent. Cf. en annexe
documentaire, en version espagnole et
française
http://infosurhoy.com/es/articles/saii/features/main/2013/09/06/feature-01
Le Hezbollah, une
menace pour l’Amérique latine? Une
formation libanaise à des milliers de
kms, menacer, à lui seul, un continent
quadrillé par les gringos, réputé pour
ses guérilleros, ses barbudos, ses
cartels de narcotrafiquants et ses
escadrons de la mort?
http://www.renenaba.com/hispaniland-un-role-galvanisateur-dans-la-dynamique-contestataire-de-lordre-mondial/
VI – Des diplomates
français arabophones en poste en
Amérique latine
Préscience?
Omniscience? Ou pur hasard? Le
journaliste français Yves Mamou a
programmé, parallèlement, dans l’espace
francophone, la sortie d’un livre sur le
«Hezbollah, dernier acte» portant sur le
rôle de la formation chiite dans le
narcotrafic entre l’Amérique latine et
l’Afrique. Sortie prévue pour janvier
2014, date présumée de l’ouverture du
procès des assassins de l’ancien premier
ministre libanais Rafic Hariri dans
lequel sont mis en cause quatre membres
de cette formation.
Sans doute alimenté
par des informations des services
israéliens, le journaliste narrerait la
collaboration entre le Hezbollah et les
FARC en ce domaine. Frappé de strabisme
divergent, il passera sous silence le
fait que le Sahel, particulièrement le
Mali, sont depuis une décennie la porte
d’entrée de la drogue vers l’Europe,
grâce à la mainmise d’AQMI, la filiale
Maghreb d’Al Qaida, une formation
exclusivement sunnite, sur ce trafic
lucratif. Comme de juste, il occultera
le rôle souterrain d’Israël tant en
Afrique qu’en Amérique latine.
En voltigeur de
pointe, le président israélien Shimon
Pérès, au printemps 2013, avait balisé
le terrain par une offensive à l’échelle
européenne, plaidant, d’une manière
subreptice, auprès de l’Union Européenne
l’inscription du Hezbollah sur la liste
des organisations terroristes, avec pour
objectif sous-jacent d’affaiblir le
Hezbollah sur a frontière nord et en
Syrie, ainsi que l’Iran, prélude à une
éventuelle action militaire. Cette
offensive diplomatique doublée d’une
opération de charme mobilisant la
chanteuse Riva, une israélienne
d’origine juive iranienne, pour chanter
la paix a toutefois tourné court du fait
d’un incident stupéfiant «à caractère
raciste». Invoquant des «motifs de
sécurité», l’accès du train
présidentiel, à son arrivée à Paris,
avait été interdit au chef de bord qui
était noir et un conducteur d’un autre
train d’origine maghrébine a été empêché
de rejoindre son poste.
Prenant la relève,
la France, en prolongement de l’action
de son allié libanais Hariri, obtiendra
l’inscription de la branche militaire du
Hezbollah sur la liste noire de l’Union
européenne, en juin 2013, parallèlement
à un mouvement diplomatique affectant
des diplomates arabisants en Amérique
latine: Frédéric Desagneux, en charge de
la Palestine, a été muté au Venezuela,
le socle de la coopération entre l’Iran
et les pays contestataires d’Amérique du
sud; Denis Pitton, ancien ambassadeur à
Beyrouth, le fief du Hezbollah, au
Brésil, le plus gros gisement électoral
du clan saoudo américain de Saad Hariri
au Liban.
Un fait nullement
anodin en ce que l’épouse de Frédéric
Desagneux, Dalal, est une parfaite
arabisante, libanaise originaire de la
région chiite du sud Liban, ancienne
journaliste à la radio haririenne
Radio-Orient de Paris et que l’épouse de
Daniel Pitton a péri dans un accident
des lignes éthiopiennes en route pour
l’Afrique orientale transportant un
présumé gros poisson financier du
Hezbollah. Contrairement aux états
clients des Etats-Unis, le chef de file
du sous-continent et son représentant au
sein du BRIC a donné à savoir qu’il
n’émettait aucune objection à des
collectes de fonds en faveur du
Hezbollah qu’il considère comme une
formation politique.
http://blog.lefigaro.fr/malbrunot/2013/09/quai-dorsay-les-ambassadeurs-a.html
En mission
d’observation in situ? De pistage et de
repérage? De cadrage de la part de la
France, le pays, pionnier de la
piraterie aérienne qui a détourné
l’avion des chefs historiques du FNL
algérien dans la décennie 1950, qui
interdira le survol de son espace, en
2013, au président démocratiquement élu
de Bolivie Evo Morales, un des chefs de
file de la contestation anti américaine.
La France, qui compte le plus grand
nombre d’otages au Monde détenus par le
djihadisme sunnite –et non chiite- en
Afrique et en en Syrie (dont 4
journalistes)? Au bénéfice et en partage
avec son partenaire dans la défense du
pré carré français en Afrique, un
continent qui a longtemps été son champ
d’action privilégié, dont elle a été
relégué en deux décennies en 5 me
position derrière les Etats-Unis, la
Chine, l’Inde et le Royaume uni.
Israël?
C’est-à-dire le plus important soutien
des dictatures du tiers monde, l’allié
indéfectible du régime d’Apartheid
d’Afrique du sud? La garde prétorienne
de tous les dictateurs francophones qui
ont pillé l’Afrique. De Joseph Désiré
Mobutu (Zaïre-RDC), à Omar Bongo
(Gabon), à Gnassingbé Eyadema (Togo) et
même Félix Houphouët-Boigny (Côte
d’Ivoire) et Laurent Gbagbo, à Paul
Biya, le président off-shore du
Cameroun, dont le territoire sert de
transit aux ravisseurs Boko Haram?
Au-delà en Amérique latine au Honduras,
à la Colombie et au Paraguay.
VII – Les enjeux
sous-jacents de la guerre
Hezbollah-Israël dans le tiers monde:
Israël un des plus
grands colonisateurs planétaire et
pollueurs des terres d’Afrique,
d’Amérique latine et d’Asie.
Le harcèlement
israélien des communautés libanaises
d’Afrique, particulièrement au Nigeria
et au Sierra Leone vise-t-il
exclusivement à éliminer des concurrents
dans l’exploitation diamantifère du
sous-sol africain et à assécher le flux
financier provenant des émigrés chiites
vers leurs coreligionnaires du sud
Liban? Ou à fragiliser le glacis
constitué par l’immigration chiite
libanaise en Afrique et en Amérique
latine face à la colonisation rampante
des terres entreprises par Israël dans
ses deux zones? Une colonisation de
l’ordre de 20 fois la superficie de la
Palestine. Israël dont l’expérience de
la colonisation de la Palestine l’a
conduite à coloniser des terres à
travers le Monde représentant vingt fois
sa superficie au détriment des
populations et de l’environnement des
pays pauvres:
- En République
Démocratique du Congo pour la
culture de la canne à sucre, en sus
de l’exploitation diamantifère.
- Au Gabon pour
la culture du Jatropha, nécessaire à
la production de biocarburants;
- En Sierra
Leone où la colonisation israélienne
représente 6,9 pour cent du
territoire de ce pays de l’Afrique
de l’Ouest de surcroit diamantifère.
- En Colombie,
où Israël a pris le contrôle
d’immenses superficies pour cultiver
la canne à sucre.
- Aux
Philippines où la proportion des
terres confisquées atteint 17,2 pour
cent de la surface des terres
agricoles
Les scandales
abondent au Cogo Kinshasa où Laurent
Désiré Kabila a payé de sa vie ses
indélicatesses. En Guinée aussi avec le
scandale de Simandou mettant en cause
l’homme le plus riche d’Israël, Benny
Steinmetz. Une des plus importantes
opérations de pillage des richesses
minières d’Afrique sur fond de
corruption des élites africaines et
d’évasion de capitaux dans des paradis
fiscaux.
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/09/24/les-milliards-de-simandou_3483463_3212.html
Israël est à la
tête des pays qui contrôlent les terres
dans les pays pauvres, avec les Etats
Unis, la Grande Bretagne et la Chine,
selon une étude de «The Journal of the
National Academy of Sciences of the
United States». Selon cette étude
intitulée «Global Land and Water
Grabbing (accaparement mondial de la
terre et des eaux) et publiée par la
revue Golias Hebdo N° 275-(semaine du 14
au 20 Février 2013), 90 pour cent de ces
terres se trouvent dans 24 pays situées
pour la plupart en Afrique, en Asie et
en Amérique latine. Depuis la crise
alimentaire de 2007-2008, les sociétés
étrangères s’emparent de dix millions
d’hectares annuellement de terres
arables. Les nouvelles cultures se font
souvent au détriment des jungles et des
zones d’importance environnementales,
menacées ans leur biodiversité. Elles
utilisent engrais et pesticides et
libèrent d’importantes quantités de gaz
à effet de serre. Au final, le phénomène
sape les bases de la souveraineté
alimentaire et détourne en particulier
les ressources en eau.
VIII – La Tunisie,
base opérationnelle du Mossad et de l’Africom.
L’offensive
médiatique et politique israélienne
viserait en outre à fragiliser les
défenses arabes à la périphérie du camp
atlantiste, via L’Amérique latine, le
Maghreb, l’Afrique sud saharienne,
l’ultime digue de retenue avant le grand
déferlement chinois vers l’Europe
occidental. Le démantèlement d’un
important réseau israélien en Tunisie,
en 2012, relève de cette stratégie, dont
l’objectif à terme est d’aménager la
principale base opérationnelle du Mossad
au Maghreb, dans ce pays en pleine
transition politique, à la charnière de
l’Afrique et de l’Europe, jadis chasse
gardée occidentale.
Les Etats Unis y
ont déjà aménagé le QG de l’Africom
(Commandement pour l’Afrique) à Remada,
dans le sud de la Tunisie. Le général
David M. Rodriguez, patron de l’Africom
s’est rendu, le 20 novembre 2013, à
Tunis où il a rencontré le Premier
ministre tunisien, Ali Larayedh, pour
discuter de l’évolution du projet,
entamé depuis décembre 2011 et poursuivi
sous le régime néo islamiste d’An Nahda.
La nomination à la
tête de l’Agence française pour le
développement de M. Dov Zerah, pourrait
donner un début de crédit à cette
hypothèse en ce que la propulsion du
président du consistoire israélite de
Paris et secrétaire général de la
Fondation France Israël au poste
stratégique de dispensateur de l’aide
financière française à l’Afrique est
intervenue, le 2 Juin 2010, six mois
avant l’indépendance du sud Soudan,
alors que «la bataille du Nil» sur la
répartition des quotas des eaux de ce
fleuve africain battait son plein entre
l’Egypte et les alliés africains
d’Israël: l’Ethiopie et le Kenya
notamment.
S’appuyant sur les
pays africains anglophones non
musulmans, l’Ethiopie, l’Ouganda et le
Kenya, Israël a opéré une percée
diplomatique majeure dans l’Afrique
anglophone obtenant la réduction du
quota des eaux du Nil de l’Egypte, la
plus grande pantalonnade diplomatique de
l’ère Moubarak, qui lui a couté son
pouvoir à l’Egyptien. Négociant avec
l’Egypte, lui faisant miroiter la
possibilité d’une succession dynastique
en faveur de son fils, Israël a incité
les états africains à réclamer une
majoration de leur quote-part dans la
répartition hydraulique du cours d’eau,
alléchant les Africains par des projets
économiques et les investisseurs
égyptiens par des promesses
d’intéressement aux projets israéliens.
En Ethiopie, Israël a financé la
construction de dizaines de projets pour
l’exploitation des eaux du Nil Bleu.
Sur la stratégie
d’étranglement du Hezbollah, CF:
http://www.renenaba.com/sous-la-syrie-le-hezbollah/
Pour le lecteur
arabophone, CF. La Tunisie, plateforme
du Mossad au Maghreb du journal libanais
« Al Akhbar».
http://www.al-akhbar.com/node/166000
Sur le jeu d’Israël
en Afrique et la colonisation des terres
africaines:
http://www.renenaba.com/le-jeu-de-la-france-defense-du-pre-carre-en-tandem-avec-israel/
Le panorama serait
plus complet si le journaliste
d’investigation français avait porté son
regard sur les publications du site
indépendant latino-américain El Correo
http://www.elcorreo.eu.org/ de même
que le site contestataire
http://www.rebelion.org/ qui
abondent d’informations sur la
collaboration, voire la connivence
israélienne, avec les régimes
autoritaires du Sud du continent
américain.
L’offensive anti
Hezbollah en Amérique latine viserait en
outre à jeter un écran de fumée sur la
face hideuse de l’humanitarisme
israélien. A camoufler la colonisation
rampante des terres en Colombie et cette
singulière imposture que constitue la
reproduction du régime d’apartheid de la
Palestine au Honduras. Ah les
douloureuses réminiscences.
«Le Honduras est
aujourd’hui, comme la Palestine, un
laboratoire du génocide indigène,
laboratoire des techniques de
contre-insurrection, laboratoire de
ghettoïsation et contention de
populations mises en esclavage. Il est
aussi le laboratoire de la mise en place
d’un néo libéralisme absolu, grâce à la
cession de souveraineté sur des régions
entières du pays par les moyens de la « Loi
Hypothèque » et la création
d’enclaves néo libérales soustraites au
territoire national, les « Zones
d’Emploi et de Développement Economique»
ou «Cités Modèles» ou «Villes Charters»,
ainsi que la cession des droits sur
l’ensemble des ressources naturelles du
pays » est-il écrit. Source en espagnol:
Barrios seguros, Control de Población o
la Fase de Implantación del neo fascismo ?»
Le Honduras qui
affiche le plus fort taux d’homicides
par habitants au monde (85,5 pour 100
000 en 2012, environ 20 meurtres par
jour, à 95 % impunis, dont la pauvreté
touche plus de 70 % de la population,
selon l’ONG locale Forum de la dette
extérieure et qui peine à se remettre
des conséquences du renversement du
président Manuel Zelaya en juin 2009 par
des militaires soutenus par des secteurs
de la droite et les milieux d’affaires.
Le grenouillage
israélien se heurte toutefois à des
résistances locales. Ainsi au Mexique,
la levée de boucliers d’intellectuels
contre le fait de désigner Israël, hôte
d’honneur du salon annuel du livre du
Guadalajara International Book Fair, en
2013.
http://upsidedownworld.org/main/mexico-archives-79/4589-mexicans-against-zionism
Sur la présence du Mossad et autres
forces israéliennes qui viennent
transmettre leur expertise en Amérique
Latine, leur expérience palestinienne en
matière de génocide et d’apartheid. CF.
notamment «Comment
Israël fait de l’argent avec du sang»)
ou encore, autre exemple, comment («Les
entreprises militaires privées pénètrent
l’Amérique Latine»).
En cette phase de
géo-dislocation globale du Monde arabe,
le Hezbollah demeure une des rares
formations politico militaires arabes à
résister au phénomène de désorientation,
le seul, de l’aveu des Américains, à ne
pas collaborer à la surveillance
électronique des dirigeants arabes, le
seul à résister victorieusement à la
stratégie d’étranglement dont il fait
l’objet et à l’abdication devant
l’imperium israélo américain. Le seul à
garder le cap. Le seul à ne pas baisser
la garde. Le seul à assurer une
dissuasion militaire libanaise crédible
face à Israël.
En ce centenaire de
l’immigration libanaise et de sujétion
complète du Liban à l’ordre occidental,
il importe que le Liban et les Libanais
rompent avec l’état de béatitude et de
prosternation permanente à l’égard de la
France et de l’Occident, qu’ils
s’ouvrent aux nouveaux pôles
décisionnaires de la géopolitique
mondiale et forgent un nouveau rapport
fondé sur un partenariat critique avec a
France et ses alliés occidentaux dans
l’intérêt bien compris du Liban, des
Libanais et de la France. En ce
centenaire de l’immigration libanaise,
il importait que cette vérité-là soit
dite tant il est vrai que l’histoire se
rit des peuples désarmés et débosselés
et qu’il est enfin temps que le Liban
parvienne à l’âge adulte et rompe avec
tutorat handicapant.
Références.
1 – A propos des
Libanais et la politique en Afrique: Si
le millionnaire libanais Mahmoud Bourgi
(Sénégal) a été un collaborateur tacite
de Jacques Foccart, fondateur de la «Françafrique»,
son fils Robert, convoyeur de mallettes
pour le personnel politique français,
d’autres libanais se sont rangés du côté
des partisans de l’indépendance. Cela a
été le cas d’Albert Bachir, gynécologue
à Dakar, militant actif au sein du RDA
(Rassemblement Démocratique Africain)
qui regroupait une flopée de futurs
dirigeants: Modibo Keita (Mali), Sékou
Touré (Guinée) et même Félix
Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire), à
l’époque compagnon de route du parti
communiste français.
Animé d’un
militantisme précoce, Albert Bachir
avait été expulsé du Lycée Faidherbe à
Saint Louis pour avoir refusé d’ânonner
«nos ancêtres les Gaulois» en terre
africaine, un lycée dont le proviseur à
l’époque n’était autre que l’écrivain
français Roger Peyrefitte, futur
précepteur du Prince Rainier de Monaco.
Le père d’Albert Bachir, Naaman Bachir,
est l’inventeur du «sacou naaman», le
sac de Naaman, l’unité de mesure de la
pesée d’arachide, obtenue par la
couturation par le bas des caleçons
arabes. Le sacou naaman équivalait à 50
kg; Si l’entrepreneur BTP Antoine Tabet
a financé à Dakar les campagnes de
Léopold Sedar Senghor, Kazem Charara en
fera de même auprès de son successeur
Abdou Diouf, Hassan Hejeij auprès
d’Omar Bongo et Hajal Massad, un des
dirigeants du Parti National Social
Syrien, au Cameroun. Docteur Salim Accar
a été ministre de la santé de Guinée
sous Sékou Touré (1958-1962), Monie
Captan, un natif de Tripoli, ministre
des Affaires étrangères du Liberia (de
1996 à 2003), Ali Haidar, ministre de
l’écologie du Sénégal, alors que Roland
Dagher assume un rôle de conseiller en
Côte d’Ivoire et Djamil Bitar, président
de la fédération malienne de Football,
fut un candidat à la dernière élection
présidentielle (2013).
De ce lot, se
détache des brebis galeuses toutefois:
Le sulfureux homme d’affaires Elie Calil.
Proche du dictateur nigérian Sani Abacha
(au pouvoir de 1993 à 1998) a été
désigné par le mercenaire Simon Mann
comme l’un des architectes de la
tentative de putsch contre le président
équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, en
2004, ainsi que, selon la journaliste
belge Colette Braeckmann, la
participation de certains Libanais au
financement de l’assassinat, en janvier
2001, du président congolais
Laurent-Désiré Kabila, qui s’était
«aliéné la puissante communauté
libanaise lorsqu’il a imprudemment
confié à la société israélienne IDI le
monopole de l’achat des diamants» (Les
Nouveaux prédateurs, Fayard, Paris,
2003). Autres exemples de dérives: celui
de l’avocat Walid Koraytem, pour des
investissements douteux au Gabon dans le
cadre de l’affaire Elf, et celui de
Jamil Saïd, pour une implication
politique et matérielle dans la guerre
civile au Sierra Leone.
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