MADANIYA
Le quiproquo à propos du délateur de
Saddam Hussein
René Naba
Mardi 20 décembre 2016
Coupé du
Monde, pourchassé intensément par les
Américains, nullement au fait des
circonstances ayant présidé à son
arrestation, Saddam Hussein avait mis en
cause les hôtes de la ferme où il était
planqué, la famille Nameq. Une
accusation reproduite par son avocat Me
Khalil Al Douleimy.
Mais les
choses n’étaient pas aussi simples que
cela. Une traque intensive, des
arrestations massives au sein du cercle
rapproché de son entourage,
particulièrement le service de la
protection de la sécurité
présidentielle, le désir de vengeance
d’un irakien dont trois des membres de
sa famille engagés dans la garde
présidentielle ont été exécutés sur
ordre du dirigeant baasiste, enfin
l’aveu involontaire d’un garçon de douze
ans ont constitué autant d’indices ayant
finalement abouti à l’arrestation de
l’ancien président irakien.
Ci joint
le récit de Taher Toufic Al Ani, membre
du Conseil de la Révolution irakienne et
du commandement régional du parti Baas
(section Irak) sur les circonstances de
l’arrestation de Saddam Hussein.
L’arrestation de Saddam Hussein s’est
produite sur la base d’une délation d’un
irakien qui a indiqué aux Américains la
piste pouvant mener à la cache de
l’ancien président irakien. Désireux de
se venger de Saddam Hussein qui avait
fait exécuter son frère et ses deux
cousins, -tous trois membres de la garde
présidentielle-, le délateur a désigné
aux Américains un domicile à Bagdad leur
suggérant de bien en observer les
mouvements qui se déroulent à
l’intérieur et aux alentours, meilleur
moyen, selon lui de parvenir à la cache
du dirigeant irakien.
Interrogatoire
intensif d’Abed Hammoud al Takriti,
secrétaire particulier de Saddam Hussein
L’observation du site de même que le
recoupement des informations qu’ils ont
recueilli ont conduit les Américains à
arrêter, le 17 juillet 2003, Abed
Hammoud Al Takriti, secrétaire
particulier de Saddam Hussein et son
officier d’ordonnance. Abdel Hammoud
n’était pas dans la confidence et
ignorait donc la cache de Saddam
Hussein.
Au terme
d’un interrogatoire intensif, Abed
Hammoud Al Takriti a livré des
informations qui ont permis aux
Américains d’avoir accès au cercle ultra
restreint des compagnons de Saddam
Hussein, responsables de sa protection
et de ses déplacements depuis son entrée
en clandestinité.
Les Américains font
chou banc avec la capture de Roukane
Razzouk Abdel Ghaffar Majid.
Les
Américains ont concentré leur recherche
sur la capture de Roukane Razzouk Abdel
Ghaffar Majid, proche cousin de Saddam
Hussein, membre de sa protection
rapprochée et chef du bureau des
Affaires tribales à la présidence
irakienne.
En fait
les Américains feront chou blanc dans
cette affaire en ce que Roukane avait
été tué ainsi que son frère lors d’un
raid aérien américain dans le secteur de
Ramadi.
Mais,
précautionneux, les Américains s’étaient
en fait procurés la liste des plus
proches collaborateurs de Saddam Hussein
bien avant la chute du régime baasiste.
La liste des 27
personnes recherchées au sein du
dispositif de sécurité de Saddam
Hussein.
Ci Joint la liste des 27 personnes
activement recherchées par les
Américains lors de la traque de Saddam
Hussein:
- Ardar Mohamad Nacery, chef de la
3me compagnie chargée de la
protection des palais présidentiels-
secteur de Radwaniyah.
- Thabet Nafous Al Majid, cousin
de Saddam Hussein. Général dans
l’appareil sécuritaire en charge de
la protection personnelle de Saddam
Hussein
- Jamal Abdel Baqi, chargé de la
supervision de la protection de la
résidence , de Saddam Hussein.
- Habib Nahi Sleimane Al Hadithi,
directeur de l’office de la
protection de la résidence de Saddam
Hussein.
- Radan Abed Saddid, responsable
de la protection personnelle de
Saddam Hussein.
- Riad Al Bareh, officier
d’ordonnance, garde de corps
- Sabbah Mirza, le doyen des
officiers d’ordonnance r le plus
ancien garde de corps;
- Saad Saleh Ahmad Nacery:
officier
- Chabib Sleimane Al Majid, cousin
de Saddam Hussein et son garde de
corps
- Tareq Al Machhadani, responsable
de la sécurité de Saddam Hussein
- Laith Abdel Ghani Al Chawi,
neveu de Saddam Hussein le fils de
sa sœur Amal, officier du service de
la protection.
- Haytham Ahmad Abdel Ghani Al
Chawi, ibidem
- Lahib Dari Abdallah, responsable
au service de la protection
présidentielle
- Mohammad Souheir al Takriti,
directeur de l’Institut formation
professionnelle au sein des services
de sécurité présidentielle.
- Nasser Yacine, chargé de la
protection présidentielle
- Salem Abdel Kader Al Majid,garde
de corps
- Ahmad Oukab Karim, responsable
de l’office de la protection
spéciale pour la province d’Al Hilla
- Sarmad Al Safar, responsable
d’un détachement de la garde
présidentielle
- Ghassane Zakaria Al Takriti,
adjoint au directeur de l’Institut
de formation professionnelle au sein
des services de sécurité
présidentielle.
- Abbas Fadel Al Quayss,
responsable d’un détachement de la
protection rapprochée.
- Commandant Ahmad Fadel Hassan Al
Jouboury, officier d’ordonnance,
chargé de la protection spéciale.
- Mohammad Rajab Al Haddoudi,
cousin de Saddam Hussein, chargé de
la protection des palais
présidentiels et du bureau privé de
Saddam Hussein dans la province de
Salaheddine.
- Ahmad Yassine Al Takriti, le
frère du propre beau-frère de Saddam
Hussein, Archad al Takriti.
- Kamal Moustapha Al Nacery, neveu
d’Ali Hassan Al Majid, cousin de
Saddam Hussein, plus connu sous le
nom d’«Ali le chimique».
- Farès al Yassine, garde de
corps.
- Kamal Ad Doury, un proche de
Saddam Hussein
- Adnane Abdallah Obeid Al
Moussalat, garde de corps personnel
de Saddam.
Trois
autres personnes figurant sur cette
liste -Iyad Rached Al Noueimy, Hajj
Habib Al Saleh et Mou’taz Elias al
Hadithi- ont réussi à échapper à la
traque américaine et à fuir l’Irak sous
de faux passeports.
La
plupart des personnes figurant sur la
liste se trouvaient dans l’ignorance de
la cache du dirigeant baasiste. Mais des
bribes d’informations recueillies au
cours des interrogatoires ont permis de
recouper d’autres informations fournies
par Abed Hammoud Al Takriti, le
secrétaire particulier de Saddam,
notamment, une information de taille: Le
nom de l’unique garde de corps à avoir
suivi l’ancien président irakien dans sa
clandestinité. Un garde qui se trouvait
être un parent de Mohammad Ibrahim Omar
Al Mossalat.
La rafle américaine
au sein de la famille Mohammad Ibrahim
Omar Al Mossalat, le frère du garde
privé de Saddam Hussein.
Pour
faire pression sur le témoin captif, les
Américains ont procédé à l’arrestation
de 40 membres de la famille d’Omar Al
Mossalat. Mais dans cette ambiance de
panique et d’intimidation, la mèche a
été vendue par un gamin de 12 ans,
Jassem Mohamad Ramdi, qui révéla, par
inadvertance, la piste à emprunter pour
parvenir à Saddam.
En
prévision de l’invasion américaine de
l’Irak, les caciques du régime baasiste
avaient aménagé un complexe immobilier
(habitat, bureaux), où ils avaient
coutume de se retrouver pour coordonner
leurs actions et échanger instructions
et informations. Ce complexe était
située dans le secteur d’Arsata,
quartier d’Al Karrada, quartier connu de
Bagdad.
C’est
devant ce complexe que les Américains se
sont mis en embuscade pour capturer leur
gibier. Averti de la rafle de 40 membres
de sa famille, Al Mossalat finit par
révéler la cache de Saddam, la désormais
trop célèbre ferme du Cheikh Namek Jaber
Khodr Al Doury.
A la
ferme, Quayss, l’un des deux fils du
propriétaire, a commencé par nier la
présence du dirigeant baasiste. Mis en
présence d’Al Mossalat (enmmené de force
en voiture par les assaillants
irakiens), Quayss finit par avouer sous
forte intimidation, un lâché de chiens
matérialisé par une morsure à la cuisse.
Al
Mossalat leur désignera alors la planque
camouflée sous un morceau de tissus.
Les liens de Saddam
Hussein avec Mohammad Ibrahim Omar al
Mossalat.
Saddam
Hussein a été arrêté le 13 Septembre
2003. Mohamad Ibrahim Omar Al Mossalat
avait été choisi par Saddam Hussein en
personne pour l’accompagner dans la
clandestinité, car le futur officier
renégat était à la fois le propre cousin
de l’ancien président et le cousin de
son épouse, Sajida Khairallah Tolfah Al
Mossalat.
Durant
la période de clandestinité de Saddam
Hussein, Omar Al Mossalat se charger de
la diffusion des messages audio du
président fugitif. Le messager prenait
contact avec les chênes de télévision
trans arabe, Al Jazira (Qatar) ou Al
Arabiya (Arabie saoudite) pour les
aviser du lieu où les cassettes avaient
été déposées.
La
première grande erreur d’Omar Mossalat
est d’être apparu aux côtés de Saddam
Hussein dans une déambulation
présidentielle dans un quartier d’Al
A’3Zamyah, (Baghdad) afin de remonter le
moral de la population à quelques jours
de l’invasion américaine de Bagdad.
Cette scène diffusait par les
télévisions arabes ont permis aux
américains de l’identifier et de le
ficher.
La liquidation des
deux fils de Saddam, Qoussaï et Oudaï
Hussein
Contrairement à Saddam, ses deux fils,
Qoussaï et Oudaï, ont été liquidés sur
dénonciation de leur hôte. Nawaf Zeidane,
un familier de la direction baasiste,
leur offra l’hospitalité à son domicile
à Mossoul (Nord de l’Irak) et prétextant
un besoin urgent, se rendit aussitôt
auprès des Américains pour signaler leur
présence. Et sans doute pour toucher sa
prime……..le denier de judas
Épilogue
Al’a et
Quayss Namek, les deux fils du
propriétaire de la ferme où a été
capturé Saddam, ont purgé une peine de
prison de six mois, d’abord à la prison
d’Abou Ghraib, puis au camp Bucca (à
Bassorah), au sud de l’Irak. Pour non
dénonciation et entrave aux recherches
du fugitif.
Quant à
Mohamad Ibrahim Omar Al Mossalat, une
semaine après l’arrestation de Saddam
Hussein, des anonymes se vengeront sur
sa famille de cette forfaiture. Son
frère Khalil Ibrahim Al Mossalat, son
épouse et ses 4 enfants tombaient sous
les balles vengeresses d’un commando
anonyme, le 19 septembre 2003.
© madaniya.info -
Tous droits réservés.
Reçu de René Naba pour publication
Le sommaire de René Naba
Le dossier
Irak
Les dernières mises à jour
|