Opinion
Gaza: Ne pas exporter le conflit
israélo-palestinien
en France. Soit
René Naba
Photo:
D.R.
Mardi 15 juillet 2014
Arno Klarsfeld et Gilad Shalit versus
Salah Hammoury.
Ne pas exporter le
conflit israélo-palestinien en France.
Soit
Mais comment
expliquer qu’un réserviste de l’armée
israélienne, ancien garde frontière de
l’état hébreu, soit nommé conseiller du
ministre de l’intérieur de l’époque,
Nicolas Sarkozy, en 2006, en pleine
guerre de destruction israélienne du
Liban.
Comment expliquer qu’un soldat israélien
en opération de police contre Gaza,
Gilad Shalit soit adopté comme otage
français au prétexte de la présence
d’aïeuls français dans sa lignée, et que
cette protection diplomatique française
soit refusée à un français de naissance,
Salah Hammoury, un universitaire dont le
grand tort est d’avoir une mère
française, mais un papa palestinien. Une
tare indélébile?
La nomination d’Arno Klarsfeld, juriste
français et réserviste de l’armée
israélienne, au poste de conseiller du
ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy
sanctionne-t-elle la carence française
dans le domaine des compétences ou
relevait-elle d’une manœuvre
électoraliste?
Le service militaire dans l’armée
israélienne constitue-t-il désormais un
passage obligé à des promotions
politicologue-administratives en France?
Signe t-il dans l’ordre subliminal la
collaboration entre les diverses
composantes de l’ «axe du bien», telle
qu’elle est préconisée par les
néo-conservateurs américains et leurs
relais français? Un axe constitué, selon
ses promoteurs, par les États-Unis,
Israël, au-delà, la droite française, le
judaïsme institutionnel français et sa
roue dentée, le parti socialiste
français, face à un «axe du mal»
regroupant grosso modo le tiers monde
arabo-musulman bariolé.
Un citoyen français
engagé volontaire dans une armée
étrangère en opération de guerre contre
un peuple ami, sans mandat explicite du
gouvernement français, peut-il se
prévaloir de la nationalité française?
Autrement dit, Gilad Shalit, le caporal
de l’armée israélienne capturé le 25
juin 2006 par les Palestiniens, peut-il
se prévaloir de la nationalité française
et réclamer es-qualité l’intervention
diplomatique du gouvernement français.
Son engagement dans l’armée israélienne,
sans mandat gouvernemental français,
entraîne-t-il, sinon la déchéance de sa
nationalité, à tout le moins la caducité
de son droit à invoquer la protection de
la nationalité française?
Sauf à considérer
Israël comme le fer de lance du combat
occidental contre l’ensemble
arabo-musulman et que son service dans
l’armée israélienne constitue une forme
déguisée de coopération stratégique
militaire franco-israélienne, le cas du
caporal Shalit se doit d’être soumis
pour avis aux autorités
juridictionnelles compétentes et faire
œuvre de jurisprudence en ce domaine,
car au delà de ce problème de droit se
pose un problème de morale politique: La
double allégeance justifie-t-elle la
confusion juridique? exonère t-elle de
toute obligation de réserve?
Autorise-t-elle toute licence au point
de constituer un «passe droit»?
Un problème d’actualité en ce qu’il se
pose à nouveau avec les ni-nationaux
franco israéliens servant dans l’armée
israélienne et qu’il se pose
annuellement avec la collecte pour le
bien être des soldats israéliens, une
armée d’occupation au regard du Droit
international.
Meyer Habib
Ancien du mouvement
radical Betar, impliqué en 1988 dans
l’attaque par l’«Organisation juive de
combat» de la fête de commémoration de
Jeanne d’Arc le 8 mai 1988, faisant 8
blessés, dont deux fonctionnaires de
police, ce représentant du Likoud en
France a t-il droit de siéger au sein de
la représentation nationale française,
au titre de la 8eme circonscription des
Français établis hors de France, sous
l’étiquette de l’UDI? Une étiquette
centriste pour ce représentant d’un
parti ultra droitier?. Merci Rama Yade.
Nicolas Sarkozy: «Le
premier président de sang mêlé de
France».
Le message était
limpide quoique dans l’ordre
subliminale: Pour un président d’un pays
qui se refuse aux statistiques
ethniques, présenter son identité
politique sous son aspect ethnico
identitaire a constitué une grave
violation des fondements républicains du
pays et accentué le clivage social du
pays.
Nicolas Sarkozy le premier, en sa
qualité de néo gaulliste a clôt la
parenthèse gaulliste de la politique de
la France à destination du Monde arabe:
-
En sollicitant
l’expertise de la répression des
manifestations périurbaines de
France, en 2005, à Avi Dichter, le
responsable de la sécurité
israélienne pour les territoires
palestiniens occupés. En assimilant
ainsi les banlieues françaises à la
Cisjordanie et à Gaza. le premier
président de « sang mêlé » a
transposé en France le conflit
israélo-palestinien.
-
En empruntant à
la terminologie israélienne pour
désigner Gaza de Hamastan et en
évitant soigneusement de fleurir la
tombe de Yasser Arafat lors de son
voyage en Cisjordanie. Il avait fait
convoquer Mahmoud Abbas à Jéricho
pour une rencontre contournant
Ramallah, le siège de l’autorité
palestinienne.
-
En engageant la
guerre contre la Libye et la Syrie,
sous de prétextes fallacieux, la
« démocratie», qu’il a bafouée
durant son quinquennat comme en
témoignent la succession des
scandales politico financiers qui
ont émaillé son mandat.
François Hollande:
Le tropisme philo-sioniste des
socialistes
Si Nicolas Sarkozy
a rompu avec la tradition diplomatique
gaulliste, François Hollande, lui a
renoué avec le tropisme philo sioniste
des socialistes, considérant la Syrie et
non la Palestine comme «les Sudètes du
XXI me siècle».
De l’expédition de Suez contre Nasser,
en 1956, ordonnée par Guy Mollet, aux
ratonnades d’Alger par Robert Lactose
(1955-1958), au caillassage de Lionel
Jospin à Bir Zeit pour avoir traité de
«terroriste» le Hezbollah libanais,
l’unique formation politico-militaire du
monde arabe à avoir infligé un double
revers militaire à Israël (2000-2006), à
l’esplanade David Ben Gourion dédiée par
Khoyya Bertrand Delanoë, le Maire de
Paris, au fondateur de l’armée
israélienne au lendemain de l’attaque
navale israélienne contre un convoi
humanitaire turc en direction de Gaza….
Le registre est connu et bien tenu.
La filiation est
lointaine et ne se dément pas, remontant
au grand manitou du socialisme français,
Léon Blum, qui invoquera son «trop
d’amour» pour son pays «pour désavouer
l’expansion de la pensée et de la
civilisation française», admettant «le
droit et même le devoir des races
supérieures d’attirer à elles celles qui
ne sont pas parvenues au même degré de
culture». Cette profession de foi
surprenante est parue dans le journal
«Le Populaire» en date du 17 juillet
1926, sans que ce vénérable humaniste,
premier chef du gouvernement socialiste
de la France moderne, artisan des
premières conquêtes sociales sous le
gouvernement du Front Populaire (1936),
ne se doute que, lui-même, à son tour,
subira, quinze ans plus tard, les lois
de l’infériorité raciale de la part de
ses compatriotes non coreligionnaires.
François Hollande
relève d’un cas bien plus grave.
L’héritier du parti de l’expédition de
Suez et des ratonnades d’Alger, n’a pas
hésité, lui le socialiste, en marge de
sa visite officielle en Israël, en
novembre 2013, à prendre un repas
familial (un dîner, agrémenté de chants
et de danses), et à trinquer avec le
chef de gouvernement le plus xénophobe
d’Israël, l’ultra droitier Benyamin
Netanyahou (1).
Au diapason de son
premier ministre, le président bis de la
France, Manuel Valls, lié de son propre
aveu, «de manière éternelle à la
communauté juive et à Israël », dont, de
surcroît, le premier déplacement
ministériel en province, le 21 Mai 2012,
aura été pour un dîner avec le CRIF PACA
Marseille, où il a stigmatisé le boycott
d’Israël, mais non la phagocytose de la
Palestine ou sa rétention des recettes
d’exportation des produits de
Cisjordanie, se plaçant ainsi sur la
même longueur que Richard Prasquier, le
président du CRIF, dont la tonitruance
inconditionnellement pro-israélienne
s’accommode mal du positionnement qui se
veut «normal» du nouveau président
français.
Sa profession de
foi, -lors du lancement du groupe
d’amitié avec Israël, le nouveau lobby
français pro israélien en pleine
campagne présidentielle en avril 2012,
«Israël, grande nation parmi les
nations»-, a retenti comme une
tartarinade démagogique. En résonance
avec ses prises de position xénophobes à
Evry, la ville dont il est le maire,
dont il souhaitait y implanter,-selon le
modèle des colonies israéliennes?-
davantage de «white et de blancos» pour
y diluer la population bariolée. En
résonance avec sa volonté de dissiper
les Roms de France. En résonance avec
son comportement abusivement dilatoire
dans l’affaire Georges Ibrahim Abdallah.
Manuel Valls joue
l’amnésique en se déclarant opposer à la
transposition du conflit
israélo-palestinien en France. Lui, qui
y a tant contribué et son compère
François Hollande, qui «n’est ni pour
les Israéliens, ni pour les
Palestiniens, mais pour la paix »,
a-t-il dit.
La paix de l’occupant fondée sur la
répression continuelle de l’occupé et
l’annexion rampante de son pays et la
phagocytose de son identité. A la
manière d’un pharisien qui donnerait un
temps égal de parole à Hitler et à ses
victimes juives. La lâcheté même.
Ne transposons pas
le conflit israélo-palestinien en France
quand bien même Itzhack Rabin dispose de
deux majestueuses places à Paris, la
place Fontenoy, devant l’Unesco et les
jardins de Bercy, alors que son alter
ego prix Nobel de la Paix, le
Palestinien Yasser Arafat, ne dispose de
rien, tout au plus d’une miette, paté
d’alouette, une minuscule place à la
mémoire du poète Mahmoud Darwiche, sur
les quais de la Seine, coincée entre des
monuments historiques, en guise de solde
de tout compte.
Read on my lips: Il
ne faut pas transposer le conflit
israélo palestinien en France, quand
bien même il est transposé par les plus
hautes autorités de l’état, surtout
parce qu’il est transposé par les plus
hautes autorités de l’état… pour des
raisons électoralistes.
Notes
1 – Le chant
d’amour de François Hollande à Israël
Tamid esha’er haver shel Israel ! »
Accueilli en grande pompe par le
président Shimon Pérès et le premier
ministre, Benyamin Nétanyahou, dès son
atterrissage à Tel-Aviv, M. Hollande a
entendu visiblement faire honneur au
«tapis rouge» que M. Nétanyahou avait
annoncé dérouler pour la visite du
président français. Au point de le
clamer, en hébreu dans le texte: «Je
resterai toujours un ami d’Israël». Une
déclaration Ce que qu’aucun des
présidents français n‘avait fait
auparavant, pas même Nicolas Sarkozy,
qui passait jusqu’à présent comme le
plus philo-sioniste des dirigeants
français. Chapeau l’artiste socialiste
tel qu’el lui-même l’éternité le figera.
CF: Le «chant d’amour» de François
Hollande «pour Israël et ses dirigeants»
http://www.youtube.com/watch?v=y3DRjD8qoKA&feature=youtu.be
2 –
http://www.renenaba.com/de-laccusation-dantisemitisme-comme-arme-de-dissuasion/
Tous droits
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