MADANIYA
Les rapports entre la dynastie Al
Khalifa et
le terrorisme islamique,
notamment Al Qaida
René Naba
Vendredi 14 février 2020 I – Bahrein:
Alliance avec Al Qaida et rampe de
lancement aux drones israéliens pour le
survol de l’Iran
Le Bahrein
commémore, le 14 février 2020, le 9 me
anniversaire du soulèvement populaire
contre la dynastie Al Khalifa, dans
l’indifférence quasi générale de
l’opinion occidentale davantage
préoccupée par celui qui est présenté
comme le croquemitaine iranien que par
le rôle hideux de ce petit royaume dans
son alliance avec le terrorisme
islamique, la répression de sa
population et la subversion clandestine
de son environnement.
Indice d’un
comportement schizothymique, la dynastie
décriée d’Al Khalifa, alliée majeure des
Etats Unis dans le golfe, a non
seulement fait alliance avec Al Qaida,
l’ennemie jurée de l’Amérique, mais ce
pays le plus en pointe dans sa
normalisation avec Israël, pourrait
avoir servi de rampe de lancement aux
drones israéliens pour l’espionnage des
installations nucléaires iraniennes.
Retour sur le
Royaume de Bahreïn, pays hôte du sommet
concernant le volet économique de la
transaction du siècle, en juin 2019, qui
s’est révélé être un concentré de toutes
les turpitudes.
Curieux
comportement des pétromonarchies: Si le
Qatar est le parrain de la confrérie des
Frères Musulmans, qui figure sur la
liste noire du terrorisme, le Bahrein,
lui, a fait alliance avec Al Qaida, la
déclinaison dégénérative de ce
groupement islamiste takfiriste.
Des comportements
erratiques de la part de ces deux
pétromonarchies, tous deux sous forte
protection américaine: Le Qatar qui
abrite la plus importantre base
aéro-terrestre américaine hors Otan, la
base d’Aydid, à 30 km de Doha, dont le
rayon d’action s’étend de l’Afghanistan
au Maroc, et, le Bahrein, point
d’ancrage à la base navale de la 5eme
flotte américaine dont la zone de
compétence s’étend du Golfe à l’Océan
Indien.
Tout se passe comme
si ces deux roitelets du Golfe
collaborent avec les ennemis des
Etats-Unis, avec la bénédiction, sinon
sous la protection de la puisance
américiane.
Le Bahreïn a ainsi
missionné le groupement terroriste Al
Qaida pour des assassinats
extrajudiciaires de l’opposition chiite
barheinie et pour des missions de
subversion à l’intérieur du territoire
iranien; Révélatrice de sa duplicité,
cette incohérence frappe de discrédit
moral les Etats Unis
Telles sont les
principales révélations faites par Al
Jazeera, le 14 juillet 2019, dans un
documentaire sur Bahreïn, levant un coin
de voile sur les rapports entre la
dynastie Al Khalifa et le terrorisme
islamique, notamment Al Qaida.
Intitulé «Ceux qui
jouent avec le feu», ce documentaire a
été diffusé dans le cadre du programme
d’investigation habituel de la Chaine
qatariote «Ce qui a été masqué est
pire», animé par le présentateur Tamer
Al Mishal.
Le compte rendu de
ce documentaire est paru dans le journal
libanais «Al Akhbar» en date du 27 Août
2019, sous la plume d’Abbas Bou
Safouane, journaliste et écrivain
bahreini.
Pour le locuteur
arabophone,
ci joint le lien d’«Al Akhbar»
Le documentaire se
fonde sur les aveux de deux anciens
membres d’Al Qaida dont les déclarations
ont été enregistrées en juillet 2011,
lors du déclenchement du «printemps
arabe», avant qu’il ne soit «fuité» vers
Al Jazeera.
La chaîne s’est
abstenue toutefois de révéler la
provenance du documentaire ou l’identité
du pouvoyeur.
Le documentaire
comporte en outre des entretiens avec
deux officiers et de conseillers
dissidents traitant notamment des sujets
suivants:
- Rapports entre
Bahrein et Al Qaida;
- La défection
d’officiers bahreinis hositiles à la
dynastie;
- Les
difficultés de la dynastie Al
Khalifa dans ses rapports avec les
grandes familles sunnites;
- La guerre
sournoise menée par la dynastie
régnante visant à tarir la vitalité
du segment chiite de la population,
largement majoritaire dans ce pays.
Hamad a succédé à
son père pris fin 1999 et exerce donc le
pouvoir depuis 20 ans. L’Emir s’est
auto-proclamé Roi en 2002, inaugurant
son règne par une grande reconciliation
nationale, en février 2001, et
l’établissement de rapports prometteurs
avec le Qatar, en mars 2001, dans la
foulée du règlement de leur contentieux
territorial.
Deux décennies plus
tard, il a fallu déchanter. Bahrein se
retouve sous la tutelle de l’Arabie
saoudite, qui avait dépéché un bataillon
d’un millier de soldats pour mater le
soulèvement populaire bahreini, en
février 2011, et faire dévier, avec
l’aide des pays occidentaux, la
contestation populaire de la zone
inflammable du Golfe vers les pays à
structure républicaine de la rive
méditerranéenne, la Libye et la Syrie,
deux pays pétroliers sans endettement
extérieur.
Pis, non seulement
sous la tutelle saoudienne, Bahreïn est
apparu ccomme l’un des adeptes les plus
actifs du boycottage du Qatar et,
dernier et non le moindre, le pionnier
au sein de la corporation
pétromonarchique dans la normalisation
avec Israël.
Sous la nouvelle
monarchie, Bahreïn qui abrite la base
navale américaine pour la Vme flote,
(Océan indien-Golfe), s’est en outre
engagé dans une coopération poussée avec
les pays occidentaux marquée par leur
présence militaire marquée dans
l’archipel;
L’accentuation de
la dette publique avec l’acquisition
d’un système de défense anti aérienne
americaine Patriot d’une valeur de 12
milliards de dollars; la précarisaiton
économique de la population, dont un
tiers de la force ouvrière vivote avec
un salaire de près de mille dollars par
mois; une politique forcenée de
naturalisation afin de réduire
l’importance démographique de la
poulation chiite avec en complément
l’excacerbation du confessionnalisme.
Cette politique a
suscité la défiance des grandes familles
sunnites à l’égard de la famille
régnante bahreinie conduisant certains
d’entre elles à se refugier au Qatar,
entraînant une rupture complète des
relations entre le pouvoir et
l’opposition avec son corrolaire une
guerre secrète du trône contre les
diverses composantes de la population
chiite;
Enfin,
-vraisemblablement sous la pression
d’Abou Dhabi et de l’Arabie saoudite-,
une brouille durable de Bahreïn avec les
Frères Musulmans.
2 – Les
protagonistes du documentaire
Tous les
protagonistes du documentaire sont des
loyalistes.
A – Mohamad Saleh:
Un des dirigeants d’Al Qaida-Bahreïn a
confirmé l’existence de relations
officieuses entre le mouvement
terroriste et l’appareil sécuritaire du
Bahreïn. Les liens ont été noués en
2003, dans la foulée de l’invasion
américaine de l’Irak, via un officier de
la sécurité d’état, à l’initiative du
pouvoir.
L’homme a été
chargé de procéder à des liquidations
extra judiciaires de l’opposition
bahreinie, notamment Abdel Wahab
Hussein, un des meneurs de l’opposition;
un homme de conviction, de grande
perspicacité jouissant de surcroît d’une
grande popularité
Mohamad Saleh
réside à Manama. Il n’a pas été
interpellé par les autorités à la suite
de la diffusion de son interview par Al
Jazeera. Bien au contraire, il est
apparu sur les écrans de la télévision
bahreinie pour confirmer la véracité de
ses propos, faisant valoir que ses aveux
devaient servir de police d’assurance
pour prévenir son éventuelle arrestation
ou de tout autre dirigeant de son
mouvement.
B- Hicham Balouchi:
Maître d’oeuvre d’un attentat meutrier
contre les Gardiens de la Révolution
iranienne, en 2015, et abattu depuis
lors par l’Iran. Chef du groupement
«Ansra al Forkane», Balouschi a admis
avoir reçu du pouvoir bahreini, un
équipement logistique, des armes et de
l’argent en vue de se livrer à des
«opérations sur la rive occidentale du
Golfe».
Cet aveu recueilli
avant sa disparition va à l’encontre de
la propagande pétromonarchique, relayée
par les médias occidentaux, qui accuse
l’Iran d’instrusion permamente dans les
affaires intérieures des pays voisins
(Bahreïn, Yémen, Irak etc…)
C- Yasser Al
Jalahmane, ancien officier de l’armée
bahreinie, a été interviewé à Doha en
2013 ou il a trouvé refuge. Il a admis
avoir commandé un bataillon de 700
hommes fortement armés en vue de briser
le sit inn pacifique organisé par
l’opposition, au rond point «Al
Lou’lou’a», le rond point de la perle,
lieu mythique de la contestation
populaire braheinie, le 16 février 2011,
et détruit depuis lors. Un sit inn
organisé au lendemain de l’instauration
de l’Etat d’urgence et du débarquement
des troupes saoudiennes, sans mandat de
l’ONU, sur l’archipel.
L’officier bahreini
assure que les manifestations n’étaient
munis d’aucune arme et protestaient
pacifiquement. Il soutient que
l’appareil sécuritaire a place une
grande quantité d’armes alors que les
manifestants commencaient à se disperser
pour suggérer leur intention subersive
et justfier a posteriori la sévérité de
la répression.
La commission
d’enquête chargée d’établir la véracité
des faits sur la répression du Rond
Point Lou’lou’a -la rapport Bassiouny- a
confirmé en mars 2011 le caractère
pacifique de la manifestation.
D- Mohamad
Boufalassa, ancien officier de l’armée,
a, lui, rallié les manifestants en Mars
2011, accusant le gouvernement de se
livrer à des «actes de terrorisme».
E – Salah Al
Bendar: ancien conseiller du
gouvernement, a accusé le pouvoir
d’avoir manipulé le processus électoral,
attisé les dissessions
interconfessionnelles entre Chiites et
Sunnites, et cherché à confiner les
Chiites dans des cantons. D’origine
soudanaise, Salah Al Bendar a mis en
garde que le Bahreîn ne se transforme en
un nouveau Darfour, par allusion à la
province sécessioniste du Soudan.
2- Les
circonstances de cette alliance avec Al
Qaida.
Les aveux de
Mohamad Saleh ont confirmé l’existence
de liens effectifs entre les deux
présumés partenaires ; un fait qui
demeurait jusqu’à présent du domaine de
lr’hypothèse:
Les liens
Bahreïn-Al Qaida ont été noués en 2003 à
la suite de l’invasion américaine de
l’Irak à l’arrière plan d’une double
crainte:
-La crainte des
Etats Unis d’une montée en puissance
d’Al Qaida en Irak à la faveur de
l’amplification de la résistance
irakienne à l’occupation américaine.
-La crainte de
Bahreïn et des autres pétromonarchies de
l’accroissement de l’influence politique
des Chiites en Irak, et au delà de
l’Iran, par effet d’aubaine, à la suite
de l’éradication des assises du pouvoir
sunnite en Irak, avec le démantèlement
de l’armée et du parti Baas.
3- Les motivations
contraires de Bahreïn et d’Al Qaida.
Chacune des parties
cherchera à tirer profit de ce
partenariat, mais la suspicion demeurera
la règle dans leurs rapports.
Mamana a ainsi
instrumentalisé les terroristes sunnites
islamistes contre l’opposition chiite,
tout en leur recommandant fortement de
ménagerles édifices gouvernementaux
bahreinis et les installations
militaires américaines sur l’Archipel
notamment la base navale de Manama,
point d’ancrage de la Vme flotte
américaine.
Le 2me objectif de
Manama a été d’utiliser Al Qaida comme
épouvantail en direction de l’opposition
chiite, mettant en garde celle-ci contre
une évolution de la situation selon le
schéma de type irakien.
Méfiants, les Etats
Unis gardaient présent à l’esprit le
fait que leurs anciens partenaires de la
guerre anti soviétique d’Afghanistan,
(1980-1989) ont été les maîtres d’oeuvre
du raid contre les symboles de
l’hyperpuissance américaine, le 11
septembre 2001. Ils réclamaient sans
cesse l’arrestation de ces extrémistes,
mais Manama faisait la sourde orielle,
se contentant de neutraliser
exclusivement les terroristes dûment
fichés.
Tout à son
exaltation, Mohamad Saleh, chargé des
assassinats extrajudiciaires des
opossants bahreinis, ne s’est jamais
interrogé sur les raisons qui poussaient
Manama à lui fournir des armes avec
parcimonie.
Il sera arrêté par
les forces saoudiennes lors de leur
débarquement et incarceré plusieurs
mois. Il sera libéré à la suite d’une
intercession du Roi du Bahrein, qui lui
promit un dédomagement pour sa période
de détention.
Dans leur
démarches, les extrémistes islamistes
avaient intégré le fait que Bahrein
conférait une priorité absolue à ses
relations privlégiées avec les Etats
Unis, sachant petinement que la
sollicitude de Manama à l’égard d’Al
Qaida répondait surtout au souci de
Bahrein d’instrumentaliser
l’organisation terroriste contre
l’opposition chiite et contre d’autres
pays arabes à la faveur du printemps
arabe (Yémen, Syrie etc..).
4 – Naturalisation
de nouveaux bahreinis et exil des
habreinis d’origine.
L’exode de grandes
familles sunnites de Bahrein vers Qatar
a considérablement affecté l’image de la
dynastie Al Khalifa. Proches du pouvoir
pour la plupart, occupant des postes de
responsabilité et détentrices par
conséquent de nombreux secrets, leur
présence à Doha a donné la possibilité
au Qatar de thésauriser un lot
considérable de secret sur le
fonctionnement du régime, ses forces et,
surtout, ses faiblesses. Parallèlement,
et depuis 2011, Bahreïn a déchu de leur
nationalité près de 1.000 de ses
ressortissants au prétexte de leur
appartenance partisane.
Les cas de Yasser
Al Jalahmane et d’Ali Al Mouhammadi sont
significatifs à cet égard.
A – Yasser Al
Jalahmane:
Cet officier a
décidé de faire dissidence à la suite
d’une altércation avec un militaire
fraichement naturalisé, qui lui était
subordonné. A la suite de cette
altércation, Jalahmane a décidé de
placer en détention préventive son
subalterne en prévision de sa
comparution en justice. Quelle ne fut la
suprise de l’officier de constater la
remise en liberté de son subornonné,
sans sa consultation préalable. Le
pouvoir a justifié sa décision par son
souci de ménager les «naturalisés»,
voués à la lutte contre l’opposition
chiite.
Dépité, Jalahmane
s’est exilé au Qatar, en signe de
protestation contre ce traitement qu’il
a jugé inique et humiliant pour son
autorité et son amour propre.
B- Ali Al
Mouhannadi:
Ce président du
conseil municipal d’une bourgade du sud
de l’archipel a lui aussi fait l’objet
d’un traitement discriminatoire, dans
son contentieux avec un responsbale
bahreini nouvellement naturalisé. En
signe de protestation contre le
traitement préférentiel réservé au
bahrieni de fraiche date, Ali Al
Mohannadi s’est exilé au qatar en
compagnie son frère.
Depuis le
soulèvement populaire de 2011, les
bahreinis naturalisés de fraiche date
ont pris de l’importance et leur
influence ont gagné en ampleur
s’étendant aux domaines suivants:
Education, Armée, Sécurité, Justice, au
détriment des brahreinis d’origine.
Signe de la
défiance de la dynastie Al Khalifa
envers les élites bahreinies, le pouvoir
a procédé en douceur à une
reconfiguration démographique du Royaume
réduisant la proportion des bahreinis
d’origine au profit de bahreinis
naturalisés jugés plus fiable dans leur
loyauté au trône. Une naturalisation
visant de manière sous jacente à réduire
la proportion des Chiites au sein de la
population.
Contre toute
attente, Bahreïn plutôt que de porter
plainte devant une juridiction
compétente en matière des delits de
presse à la susite de la diffusion de ce
documentaire, a saisi la Ligue arabe, où
le Qatar, proriétaire de la chaine, est
ultra minoritaire, face à la coalition
pétromonarchique qui le maintient sous
embargo en raison de son appui massif à
la confrérie des Frères Musulmans.
Sur ce lien, le
contentieux entre Qatar et les autres
pétromonarchies:
5 -Bahrein rampe
de lancement des drones israéliens pour
l’espionnage d’Iran.
Faisant feu de tout
bois, mu vraisembablement par un
instinct de survie inconsidéré, tentant
de concliler l’inconciliable, le Bahreïn
passe pour avoir prêté son territoire
pour servir de point de départ aux
drones israéliens survolant l’Iran.
L’armée iranienne a
annoncé vendredi 8 novembre 2019, avoir
abattu un drone «non-identifié» dans la
région de Bandar-é Mahchahr, port du
sud-ouest de l’Iran donnant sur le
Golfe, selon l’agence iranienne de
presse IRNA, qui n’a toutefois pas
précisé la nationalité de l’appareil.
Amir Moussawi,
ancien diplomate iranien, s’est chargé
de révéler l’identité du drone en
question, précisant, dans un interview à
la chaine libanaise «Al Mayadeen» que
l’appareil était de nationalité
israélienne et qu’il s’était élancé
depuis l’archipel de Bahreïn.
Le drone a été
abattu alors qu’il tentait de pénétrer
l’espace aérien iranien pour survoler
aux fins d’espionnage le secteur de
Bouchher qui abrite une centrale
nucléaire iranienne», a précisé M.
Mousawi.
A l’intention du
lectorat arbophone, pour aller plus loin
sur cette affaire,
cf ce lien
L’Iran avait
abattu, en juin 2019, un drone américain
appartenant à la famille des «Global
Hawk», qui sont des drones de
reconnaissance historiques américains.
Des engins capables d’espionner les
communications au sol depuis une
altitude de près de 20 km.
Le RQ-4A Global
Hawk, qui survolait les eaux
internationales selon Washington, a une
envergure similaire à celle d’un Boeing
737. Il est bien plus imposant et lent
que les très redoutés drones Predator ou
Reaper, utilisés par l’armée américaine
pour les missions d’assassinats ciblés.
Les forces de
sécurité iraniennes se sont rendus vers
la zone ciblée par le drone israélien
pour recueillir les débris de
l’appareil, abattu par le dispositif
balistique iranien «Mirsad», a conclu le
diplomate iranien.
Pour aller plus
loin sur Bahrein
Le sommaire de René Naba
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