MADANIYA
Ne pas exporter le conflit
israélo-palestinien en France
René Naba
Jeudi 13 avril 2017
France-Antisémitisme 2/2
Corollaire de la criminalisation
antisémite, le mot d’ordre «ne pas
exporter le conflit israélo-palestinien
en France» constitue un épouvantail
brandi à chaque comportement abusif
d’Israël comme pour juguler toute
critique.
Ne pas
transposer le conflit en France, Soit.
Mais alors comment expliquer qu’un
réserviste de l’armée israélienne,
ancien garde frontière de l’état hébreu,
soit nommé conseiller du ministre de
l’intérieur de l’époque, Nicolas
Sarkozy, en 2006, en pleine guerre de
destruction israélienne du Liban.
Comment
expliquer qu’un soldat israélien en
opération de police contre Gaza, Gilad
Shalit soit adopté comme otage français
au prétexte de la présence d’aïeuls
français dans sa lignée, et que cette
protection diplomatique française soit
refusée à un français de naissance,
Salah Hammoury, un universitaire dont le
grand tort est d’avoir une mère
française, mais un papa palestinien. Une
tare indélébile ?
Ne
tirons pas sur l’ambulance DSK
(Dominique Strauss Kahn) qui se
demandait tous les matins, en se rasant
ou pas, ce qu’il pouvait faire pour la
«grandeur d’Israël» et non de la France,
dont il était un élu à la représentation
nationale. Soyons charitable et ne
mentionnons pas le cas du grand Rabbin
de France, un plagiaire, Gilles
Bernheim, de crainte de réveiller
l’antisémitisme en France.
Taisons
le cas du fantasque BHL, théoricien du
botulisme, également plagiaire. De même
que sur le cas du non moins fantasque
Bernard Kouchner, «doublement juif car à
moitié juif», ainsi que le cas du
fabulateur auto mutilé, le rabbin Guy
Farhi, une des grandes figures du
Mouvement Juif Libéral.
Passons
sur le cas de l’instituteur auto agressé
à Marseille Sylvain Tsion Saadoun (2015)
contraignant toute une ville à porter la
Kipa en signe de solidarité avec la
fausse victime.
Laurent
Fabius
Que dire
de Laurent Fabius, petit télégraphiste
des Israéliens dans les négociations
internationales sur le nucléaire
iranien, un acte de forfaiture, qui
conduira les États-Unis à mener des
négociations secrètes avec l’Iran à
Mascate (Sultanat d’Oman). Un des grands
pollueurs de la planète, équipementier
d’Israël (Dimona), de l’Afrique du sud
du temps de l’Apartheid, ainsi que de
l’Iran impériale (consortium Eurodif),
la France passe pour avoir été la grande
perdante du rééquilibrage régional du
fait de son comportement vis à vis de
l’Iran et de la Syrie, qui conduira son
partenaire américain à dégrader la
France dans le conflit de Syrie, de chef
de file du camp occidental en sa qualité
d’ancienne puissance mandataire, au
simple rang de «pays affinitaire».
Sur ce
lien, Laurent Fabius, petit
télégraphistes des Israéliens.
Georges
Ibhraim Abdallah
Ne pas
transposer le conflit israélo-arabe en
France. Soit. Mais comment alors
expliquer que Benyamin Netanyahou fasse
pression sur Barack Obama et obtienne la
libération de l’espion américain de
confession juive Jonathan Polard et
s’oppose à la libération par la France
de Georges Ibrahim Abdallah, au delà de
sa peine légale du militant libanais pro
palestinien, alors que l’identité
véritable du meurtrier des diplomates
américains et israéliens vient d’être
révélé ? Est ce parce que l’un est juif
et l’autre arabe ?
Certes
il y a eu l’ignoble supplice d’Ilan
Halévy, torturé de manière sadique et
tué par une bande criminogène animée par
Youssouf Fofana, mais que dire de Said
Bouarrach, vigile marocain tabassé à mot
par une bande de quatre juifs et noyé
dans le canal de l’Ourcq ? Que dire d’un
autre soldat franco-israélien, -encore
un-, Elor Azaria qui a assassiné un
palestinien à terre, sinon la mise à nu
de la banalité du mal sous l’occupation
israélienne, la normalisation du projet
colonial israélien ?
Que dire
enfin sur les fric-frac et les micmac
qui émaillent depuis des décennies la
chronique judiciaire française de Samuel
Flatto Sharon au scandale de la taxe
carbone. Une escroquerie de l’ordre de
plusieurs dizaines millions de dollars,
surpassant la totalité du montant des
dégâts résultant des infractions
commises par la totalité des prisonniers
arabes, africains, musulmans, chers à la
comptabilité d’Eric Zemmour.
Passons
aussi sur le cas d’Arno Klarsfeld déjà
évoqué et attardons nous sur d’autres
cas :
Meyer
Habib
Ancien
du mouvement radical Betar, impliqué en
1988 dans l’attaque par l’«Organisation
juive de combat» de la fête de
commémoration de Jeanne d’Arc le 8 mai
1988, faisant 8 blessés, dont deux
fonctionnaires de police, ce
représentant du Likoud en France a t-il
droit de siéger au sein de la
représentation nationale française, au
titre de la 8eme circonscription des
Français établis hors de France, sous
l’étiquette de l’UDI ? Une étiquette
centriste pour ce représentant d’un
parti ultra droitier ?
Christian Estrosi
En
voyage de noces en Israël, après la
«dangereuse décision de l’ONU, qui
attaque la seule démocratie de la
région», selon ses propres termes,
Christian Estrosi, président de la
région PACA (Provence Alpes Cote d’Azur)
a octroyé 50.000 euros d’argent public
au Fonds national juif (KKL) en vue de
reboiser une forêt en Israël. Une
subvention qui constitue une prime à la
colonisation en ce que cet organisme est
impliqué dans la colonisation. Sur les
deniers publics, donc du contribuable,
pour satisfaire son philo sionisme
militant, sans le moindre rappel à
l’ordre ?
Nicolas
Sarkozy, «Premier président de sang mêlé
de France»
Le
message était limpide quoique dans
l’ordre subliminale : Pour un président
d’un pays qui se refuse aux statistiques
ethniques, présenter son identité
politique sous son aspect ethnico
identitaire a constitué une grave
violation des fondements républicains du
pays et accentué le clivage social du
pays.
Nicolas
Sarkozy le premier, en sa qualité de néo
gaulliste a clôt la parenthèse gaulliste
de la politique de la France à
destination du Monde arabe :
En sollicitant l’expertise de la
répression des manifestations
périurbaines de France, en 2005, à Avi
Dichter, le responsable de la sécurité
israélienne pour les territoires
palestiniens occupés. En assimilant
ainsi les banlieues françaises à la
Cisjordanie et à Gaza, le premier
président de «sang mêlé» a transposé en
France le conflit israélo-palestinien.
Il en a
fait de même en empruntant à la
terminologie israélienne pour désigner
Gaza de «Hamastan». De même en évitant
soigneusement de fleurir la tombe de
Yasser Arafat lors de son voyage en
Cisjordanie, faisant convoquer Mahmoud
Abbas à Jéricho pour une rencontre
contournant Ramallah, le siège de
l’autorité palestinienne.
Enfin,
en engageant la guerre contre la Libye
et la Syrie, sous de prétextes
fallacieux, notamment la «démocratie»
qu’il a bafouée durant son quinquennat
comme en témoignent la succession des
scandales politico financiers qui ont
émaillé son mandat.
François Hollande : Le tropisme
philo-sioniste des socialistes
Si
Nicolas Sarkozy a rompu avec la
tradition diplomatique gaulliste,
François Hollande, lui a renoué avec le
tropisme philo sioniste des socialistes,
considérant la Syrie et non la Palestine
comme «les Sudètes du XXIe siècle».
François
Hollande relève d’un cas bien plus
grave. L’héritier du parti de
l’expédition de Suez et des ratonnades
d’Alger, n’a pas hésité, lui le
socialiste, en marge de sa visite
officielle en Israël, en novembre 2013,
à prendre un repas familial (un dîner,
agrémenté de chants et de danses), et à
trinquer avec le chef de gouvernement le
plus xénophobe d’Israël, l’ultra
droitier Benyamin Netanyahou.
Pour
aller plus loin sur François Hollande
Manuel
Valls, le Brutus de François Hollande
François
Hollande se situe au diapason de son
ancien premier ministre, Manuel Valls,
son propre Brutus, lié de son propre
aveu, «de manière éternelle à la
communauté juive et à Israël», – non
pour ce fils d’émigrés à la France ?-
dont, de surcroît, le premier
déplacement ministériel en province, le
21 Mai 2012, aura été pour un dîner avec
le CRIF PACA Marseille, où il a
stigmatisé le boycott d’Israël, mais non
la phagocytose de la Palestine ou sa
rétention des recettes d’exportation des
produits de Cisjordanie.
Ce
faisant, il se plaçait ainsi sur la même
longueur que Richard Prasquier, le
président du CRIF, dont la tonitruance
inconditionnellement pro-israélienne
s’accommode mal du positionnement qui se
veut «normal» du nouveau président
français.
Sa profession de foi, -lors du lancement
du groupe d’amitié avec Israël, le
nouveau lobby français pro israélien en
pleine campagne présidentielle en avril
2012, «Israël, grande nation parmi les
nations»-, a retenti comme une
tartarinade démagogique. En résonance
avec son comportement abusivement
dilatoire dans l’affaire Georges Ibrahim
Abdallah.
Manuel
Valls joue l’amnésique en se déclarant
opposer à la transposition du conflit
israélo-palestinien en France. Lui, qui
y a tant contribué et son compère
François Hollande, qui «n’est ni pour
les Israéliens, ni pour les
Palestiniens, mais pour la paix», a-t-il
dit. La paix de l’occupant fondée sur la
répression continuelle de l’occupé et
l’annexion rampante de son pays et la
phagocytose de son identité. À la
manière d’un pharisien qui donnerait un
temps égal de parole à Hitler et à ses
victimes juives. La lâcheté même.
Pour
aller plus loin sur Manuel Valls
Ne
transposons pas le conflit
israélo-palestinien en France quand bien
même David Ben Gourion, le père de
l’armée israélienne, dispose d’une
splendide esplanade dans l’un des
quartiers les plus huppés de Paris,
qu’Itzhack Rabin dispose de deux
majestueuses places à Paris, -la place
Fontenoy, devant l’Unesco et les jardins
de Bercy-, alors que son alter ego
palestinien «Prix Nobel de la Paix»,
Yasser Arafat, ne dispose de rien, tout
au plus d’une miette, pâté d’alouette,
une minuscule place à la mémoire du
poète Mahmoud Darwiche, sur les quais de
la Seine, coincée entre des monuments
historiques, en guise de solde de tout
compte.
Laure
Adler, l’équité des débats publics : une
censure subliminale
Alors
que la France brasse l’air régulièrement
à propos de son engagement
pro-palestinien, dont la plus récente
manifestation aura été la Conférence
Internationale de Paris de Janvier 2017,
«le nouveau procès Dreyfus» selon le
ministre israélien de la défense Avigdor
Liberman, le pouvoir fançais pénalise
les militants du mouvement BDS, alors
que le service public de l’audiovisuel,
qui émarge pourtant sur le budget public
de l’État français, et donc le
contribuable, se livre à une censure
insidieuse de l’expression palestinienne
au prétexte de «l’équilibre des débats».
Laure
Adler a ainsi dérapé gravement sur
France-Inter à propos du film de la
cinéaste palestinienne Mai Masri «3.000
Nuits ». La productrice de l’émission
«L’heure bleu» a fait connaître le 4
janvier 2017 son souhait de faire un
contre-point au prétexte «d’équilibrer»
le plateau et les points de vue.
Une préoccupation légitime, mais,
curieusement, jamais observé quand il
s’agit des nombreux partisans d’Israël,
qui se succèdent aux les ondes.
Finalement, Laure Adler a choisi de
n’inviter qu’une cinéaste israélienne,
dont le film sortait en même temps que
le film palestinien, supprimant du coup
l’invitée palestinienne initiale !
«Comment
mieux accompagner à la radio le
processus même d’éradication et d’invisibilisation
du peuple palestinien ? Le «grand
remplacement» dont il est beaucoup trop
question, à tort, en France, est une
réalité quotidienne en Palestine occupée
depuis 1948 dans la quasi indifférence
des États dits démocratiques,et de
l’ONU.
Et cette épuration ethnique trouve hélas
sa traduction à l’antenne de
France-Inter par le remplacement d’une
cinéaste palestinienne par une cinéaste
israélienne», s’insurge l’Union Juive
Française Pour la Paix» (UJFP).
William
Goldnadel, avocat de l’Apartheid, en
toute indécence, en toute impunité
Me
William Goldnadel, l’avocat «sans
frontières, ni limites dans le racisme»,
dénonçait pour sa part le 31 décembre
2016, dans son message de vœux du nouvel
an, des colonies de peuplement, contre
l’avis des autochtones». En Palestine ?
En Cisjordanie, à Jérusalem-Est, sur le
plateau du Golan annexé ? Sur les fermes
de Cheba’a libanaises ? Non, évidemment
!
L’avocat bien connu pour constituer son
association comme partie civile dès
qu’il s’agit de poursuivre toute
critique d’Israël, automatiquement
qualifiée d’antisémite et en particulier
les partisans du boycott, ne s’est pas
soudainement converti en défenseur du
peuple palestinien.
Les
«colonies de peuplement» que ce
défenseur du colonialisme israélien
dénonce c’est en Seine-Saint-Denis, le
fameux 9-3, qu’il les voit, observe, là
aussi, L’Union Juive Française pour la
Paix, cible des attaques régulières des
ultra sionistes. A l’en croire, ce
département, le plus pauvre de France,
serait le laboratoire du «grand
remplacement» que son ami Renaud Camus
et quelques autres, comme Eric Zemmour,
Alain Finkielkraut et Nadine Morano ne
cessent de cibler.
Mais le
délire de Goldnadel ne s’arrête pas là,
puisque dans le même tweet, il ajoute
qu’ «un Juif est moins étranger en
Judée». Précisons d’abord que ce que
Goldnadel nomme, comme le gouvernement
israélien et ses plus de 500 000 colons,
«Judée» (et il oublie la «Samarie»)
s’appelle, en droit international, la
Cisjordanie, occupée et colonisée depuis
1967 par l’État d’Israël en dépit de
multiples résolutions de l’ONU toutes
inappliquée à ce jour.
Il y
aurait donc colonisation et
colonisation, celle, imaginaire, qu’il
dénonce, dans le 9-3 et celle,
israélienne, menée en Palestine, qui du
coup ne serait plus l’occupation d’une
terre étrangère, mais le retour supposé
au pays de ceux qui chassent le peuple
autochtone palestinien. M. Goldnadel est
donc un «apôtre de l’apartheid, de la
séparation, de l’épuration ethnique»
avec le consentement de la classe
politico médiatique, conclut
l’organisation dévouée à l’entente entre
juifs et arabes, entre israéliens
palestiniens et arabes.
Read on my lips : Il ne faut
pas transposer le conflit israélo
palestinien en France, quand bien même
il est transposé par les plus hautes
autorités de l’état, surtout parce qu’il
est transposé par les plus hautes
autorités de l’état… pour des raisons
électoralistes.
Lisez bien : Ne
transposez pas le conflit
israélo-palestinien en France quand bien
même un important lobby israélien opère
depuis Bruxelles sur le théâtre de
l’Union européenne, dans une flagrante
ingérence de la vie politique interne
des États membres, transformant
l’ensemble européen en Far West aux
manœuvres de déstabilisation israélienne
; Quand bien même un diplomate israélien
en poste à Londres a travaillé au cœur
du Parti travailliste pour mettre à mal
le leadership de son chef James Corbyn.
Quand
bien même ce même diplomate, Shai Masot,
qui se décrit lui-même comme un officier
des forces de défense israéliennes et
travaille en tant que haut responsable
politique à l’ambassade israélienne de
Londres, a été enregistré par un
journaliste de la chaîne qatarienne Al
Jazira en train d’évoquer la façon dont
il comptait «se débarrasser» de députés
britanniques indésirables vis-à-vis des
positions politiques israéliennes.
Ne
transposez pas le conflit
israélo-palestinien. Seuls les
Israéliens et les Français y ont droit,
pas les Arabes, des «sous hommes» selon
l’expression fleurie d’un socialiste,
encore un, Georges Frêche, ancien député
maire de Montpellier.
Pour aller plus loin su ce thème :
Comment
un diplomate israélien a travaillé au
cœur du Parti travailliste pour mettre à
mal Corbyn :
Le complexe de Vichy
En
raison de la collaboration dont ont fait
preuve les autorités françaises avec le
régime nazi, durant la 2e guerre
mondiale (1939-1945), et de leur
contribution à la déportation des Juifs
de France vers les camps de
concentration, l’antisémitisme est un
sujet sensible en France. Accusation
infamante, elle condamne quiconque en
est l’objet à une sorte d’ostracisme.
L’accusation d’«anti-sémitisme» est en
quelque sorte l’arme de destruction
massive absolue et équivaut à une
condamnation absolue. Elle constitue
l’arme de dissuasion par excellence pour
neutraliser toute critique à l´égard de
la politique israélienne. Mais à force
de la brandir à chaque bout de champ, il
est à craindre quelle ne perde de son
efficacité.
De la même manière, à force de vouloir
substituer l’islamophobie à la
judéophobie pour se dédouaner de
l’antisémitisme traditionnel récurrent à
la société française, il est aussi à
craindre que ne se perpétue une autre
forme de racisme, également hideuse,
également condamnable.
Pour aller plus loin sur ce sujet :
Reçu de René Naba pour publication
Le sommaire de René Naba
Les dernières mises à jour
|