MADANIYA
Le Mouvement National Palestinien dans
l’impasse,
sa refondation sur une base
révolutionnaire
une question de survie
René Naba
Jeudi 12 octobre 2017
«Politiquement, la faiblesse
de l’argument du moindre mal est que
ceux qui choisissent le moindre mal
oublient très vite qu’ils ont choisi le
mal»
(Hannah Arendt in Responsabilité et
Jugement).
www.madaniya.info consacre un
dossier spécial à l’impasse du Mouvement
National Palestinien à l’occasion de la
signature des accords israélo
palestiniens d’Oslo, il y a un quart de
siècle, une étude en deux volets :
-
Le Mouvement National
Palestinien dans l’impasse, sa
refondation sur une base
révolutionnaire une question de
survie.
-
Les deux fautes stratégiques
majeures du Mouvement National
Palestinien.
Le Mouvement National Palestinien
dans l’impasse, sa refondation sur une
base révolutionnaire une question de
survie.
Un quart
de siècle après les accords
israélo-palestiniens d’Oslo, le
Mouvement National Palestinien est dans
l’impasse et sa refondation sur une base
révolutionnaire s’impose comme une
question de survie, sous peine de
dépérissement: Telle est la substance de
deux constats établis en Août 2017 par
des publications faisant autorité en la
matière, la prestigieuse revue
américaine «The New Yorker» et le
journal libanais «Al Akhbar».
Les
négociations israélo-palestiniennes se
sont déroulées dans la foulée de la
Conférence de Paix de Madrid (1991) sous
l’égide de la Norvège à Oslo, siège
d’attribution du Prix Nobel de la Paix.
La Déclaration de principes, signée à
Washington le 13 septembre 1993 en
présence de Yitzhak Rabin, Premier
ministre israélien, de Yasser Arafat,
Président du Comité Exécutif de l’OLP et
de Bill Clinton, Président des États
Unis, instaurait un mode de négociations
pour régler le problème et posait une
base pour une autonomie palestinienne
temporaire de cinq ans pour progresser
vers la paix.
1 – The New Yorker:
http://www.newyorker.com/news/news-desk/the-end-of-this-road-the-decline-of-the-palestinian-national-movement
«Le
Mouvement National Palestinien est en
fin de parcours et Mahmoud Abbas, le
président de l’Autorité Palestinienne,
demeure le seul espoir de parvenir à un
règlement pacifique avec Israël par la
voie des négociations», estime The New
Yorker.
«Mahmoud
Abbas est l’unique dirigeant palestinien
disposant encore de pouvoir l’habilitant
à ratifier un traité de paix avec
Israël», considère la revue se fondant
sur les estimations de deux experts
palestiniens Hussein Agha et Ahmad Samih
Al Khalidy, deux membres de la
délégation palestinienne ayant participé
aux négociations israélo-palestiniennes
pendant 30 ans, particulièrement sous
l’ère Yasser Arafat, chef de l’OLP.
«Les
institutions palestiniennes sont gagnées
par la gangrène en l’absence d’un
leadership de substitution, d’une claire
percée politique et d’un progrès
significatif vers un règlement
pacifique, sur fond d’une vive rivalité
régionale», ajoute la revue américaine.
«La
popularité de Mahmoud Abbas a grandement
pâti de sa ferme opposition à la reprise
de la lutte armée et de son insistance à
vouloir persister à négocier avec
Israël, en dépit des échecs des
pourparlers», poursuit-elle.
«La
scène palestinienne se réduit à un seul
homme. La direction palestinienne
s’emploie à museler méthodiquement toute
voix discordante, en veillant à
poursuivre sa mainmise sur les instances
du Fatah qui échappe encore à son
contrôle.
«Les
Palestiniens sont devenus étrangers aux
instances censées les représenter. Ils
ont considérablement perdu de leur
capacité manœuvrière face aux intérêts
contradictoires du Monde arabe. Ils sont
désormais tributaires de l’aide
étrangère et de la bonne volonté
israélienne pour la satisfaction des
prestations quotidiennes du peuple
palestinien», relève la publication.
«L’ère
post Abbas constituera un saut dans
l’inconnu. Les Palestiniens
s’achemineront vers un chemin inconnu,
dont il sera difficile de prévoir
l’issue, peut-on encore lire dans ce
texte .
«Le
conflit permanent entre Fatah et le
Hamas, les défaillances en tous genres
des Palestiniens donnent à penser que
l’ère post Abbas donnera naissance à une
direction plus fragile et moins stable,
nullement représentative de la totalité
des Palestiniens», conclut The New
Yorker dont la version arabe se trouve
sur ce lien pour le locuteur arabophone
http://www.raialyoum.com/?p=724061
Fondé en
1925, The New Yorker, notamment grâce à
son journaliste vedette, Seymour Hersh,
est à l’origine de nombreuses
révélations comme le scandale des
tortures d’Abou Ghraib (Irak), en 2005,
le massacre de Mÿ Lai (au Vietnam), en
Novembre 1969, pour lequel il obtient un
Prix Pulitzer en 1970, le projet
Jennifer (tentative de récupération de
l’épave du sous-marin soviétique K-129),
des activités de la CIA sur le
territoire américain contre les
mouvements pacifiques sous couvert de
contre-espionnage, contraignant à la
démission James Jesus Angleton, le chef
du contre-espionnage de la CIA, en 1974,
ainsi que la démystification de l’usage
des armes chimiques en Syrie par le
pouvoir baasiste.
2- Mahmoud Abbas, un président par
défaut d’une République bananière.
Président de l’Autorité Palestinienne
depuis 2005, Mahmoud Abbas (82 ans) est
un des membres fondateurs du mouvement
Fatah, le noyau central de
l’Organisation de Libération de la
Palestine. Chargé de la collecte des
fonds au Koweït, cet ancien accrédité du
Fatah en Syrie a accédé aux
responsabilités suprêmes par défaut. Par
suite de l’élimination des principaux
dirigeants palestiniens par les services
israéliens, notamment Abou Djihad, chef
de la branche militaire de la centrale
palestinienne, et Abou Iyad, chef des
services de renseignements du mouvement
palestinien, ainsi que la mise à l’écart
de Farouk Kaddoumi, chef du département
politique de l’OLP (en charge de la
diplomatie), hostile aux accords d’Oslo
de 1993, marquant le début de processus
de négociations directes entre Israël et
l’OLP, enfin, dernier et non le moindre,
l’incarcération par Israêl de Marwane
Barghouti, le représentant de la rélève
révolutionnaire de la génération des
pères fondateurs.
Captif
de la puissance occupante, sans
charisme, discrédité par l’affairisme de
son entourage, président d’une
«République Bananière» sous contrôle
rigoureux de son ennemi israélien,
Mahmoud Abbas, partisan néanmoins d’une
coopération sécuritaire avec l’État
Hébreu, n’a su maintenir la cohésion de
son mouvement, en butte à un dirigeant
sécuritaire ambitieux soutenu par Abou
Dhabi, Mahmoud Dahlan, en butte surtout
à la rivalité de la branche
palestinienne des Frères musulmans, le
Hamas.
Sa
présence à la tête de l’Autorité
Palestinienne est perçue comme «le
moindre mal», par ses parrains
occidentaux, trop heureux de cet abcès
de fixation, oubliant que
«politiquement, la faiblesse de
l’argument du moindre mal est que ceux
qui choisissent le moindre mal oublient
très vite qu’ils ont choisi le mal»
(Hannah Arendt in Responsabilité et
Jugement).
3- Le piège du processus de paix
Rony
Brauman, ancien Président de «Médecins
Sans Fontières», médecin français natif
de Jérusalem, a, mieux que quiconque,
résumé le piège du processus de paix,
selon le schéma israélo-américain:
«Il y a
un processus, mais il n’est pas de paix.
Il est de conquête. Il est effectivement
en marche et n’a jamais cessé de l’être
depuis 1948. N’importe quelle personne
de bonne foi, indépendamment de tout
jugement moral ou politique, ne peut que
constater cette dynamique d’expansion
continue. A Moyen terme, je pense
qu’Israël est condamné en raison de sa
méprise, de ses choix impériaux qui
l’ont conduit à s’adosser à l’Empire
plutôt que de chercher l’entente avec
ses voisins. Le bi nationalisme,
pourtant l’ennemi juré du sionisme, l’a,
de fait, emporté dans sa pire version,
la sud africaine de l’Apartheid. Or
l’Apartheid, cela ne peut pas durer.
C’est pourquoi je pense que ce projet
sioniste est condamné. Je suis
particulièrement inquiet pour l’avenir
de la minorité juive du Moyen orient
dans les vingt prochaines années, vu la
haine qu’elle a semée autour d’elle»,
prophétisait Rony Brauman, un
anticonformiste Prix Nobel de la paix, à
l’heure de l’assaut naval israélien
contre la flottille de pacifistes
européens contre le blocus de Gaz.
Rony
Brauman (Revue Moyen-Orient Juin-Juillet
2010: Regards sur de Rony Brauman sur
l’action humanitaire internationale et
sur le Moyen Orient. Propos recueillis
par Frank Tétard et Chiara Rettennella).
Reçu de René Naba pour publication
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