MADANIYA
Laurent Fabius: De la pôle position à la
voiture balai,
une incarnation caricaturale de la
diplomatie française
René Naba
Jeudi 11 février 2016
«Promoveatur ut Amoveatur»
Qu’il soit promu pour que l’on s’en
débarrasse.
I Vienne – II Syrie,
une transposition symbolique et
anticipée de l’oraison funèbre de la
diplomatie française, un prélude au
dégagement de Laurent Fabius.
La proposition du ministre des
Affaires étrangères du Timor oriental
d’attribuer le Prix Nobel de la Paix
2016 à Laurent Fabius pour sa
contribution à la réussite du sommet
climatique de Paris, Décembre 2015, a dû
combler d’aise son EGO déjà démesuré et
sa nomination à la présidence du Conseil
Constitutionnel le projeter au firmament
de la félicité.
Mais la propulsion du premier
ministre des Affaires étrangères de
François Hollande à la tête d’une
prestigieuse institution, clé de voûte
du système juridique et politique
français, loin de constituer le
couronnement d’une carrière publique
exemplaire, paraît devoir s’apparenter à
une opération d’évacuation par le haut
d’un personnage à bien des égards
calamiteux, en application du vieux
adage latin, plein de sagesse, «Promoveatur
ut Amoveatur» dont la traduction
administrative courante se décline en
français par le principe anglais du
«Principe de Peter».
Au delà des lauriers, au delà des
louanges, la propulsion de Laurent
Fabius à la présidence du Conseil
Constitutionnel signe sa congélation
politique ad vitam dans un placard doré,
terme ultime d’un parcours désastreux.
En fait Laurent Fabius avait été déjà
carbonisé en direct par ses amis
américains incommodés par son rôle de «bad
cop» tant dans les négociations sur le
nucléaire iranien que sur un éventuel
règlement politique en Syrie. Les
révélations de la presse américaine sur
les frasques casinotières de l’aîné des
Fabuis, Thomas, -sur des faits datant de
2023 mais fuités le 29 octobre 2015 à la
veille de la première conférence
multilatérale de Vienne sur la Syrie-,
ont retenti comme un rappel à l’ordre
américain renvoyant à ses pénates le
paternel de l’enfant prodige. En lui
suggérant de se préoccuper de ses
affaires domestiques plutôt que de se
trémousser dans la gestion des affaires
du Monde, les États Unis lui montraient
par là même le chemin de la sortie.
Les attentats de Paris-Bataclan
quinze jours plus tard, le 13 novembre
2015, à la veille du deuxième round de
Vienne, ont signé la fin de sa
lévitation en même temps qu’ils
scellaient son sort en ce que de
nombreux observateurs ont perçu ce
massacre collectif de Parisiens comme la
sanction d’une politique erratique du
socialo motoriste François Hollande en
tandem avec son âme damné Fabiuçius.
Quiconque aura aperçu le spectacle
offert par la délégation française à la
reprise des travaux de Vienne 2, le 14
novembre, le lendemain des attentats de
Paris-Bataclan, aura mesuré en même
temps que le désastre subi par la
France, l’accablement de ses décideurs.
La tête entre les deux mains, les
regards baissés, Laurent Fabius et son
adjoint pour les affaires de Syrie,
Bruno Delaye, ne mouflaient mot pendant
toute la durée de la séance. Ils ne
relèveront la tête que pour recevoir les
condoléances compatissantes des autres
délégations dans une transposition
symbolique et anticipée de l’oraison
funèbre de la diplomatie française, le
prélude au dégagement de son chef.
Apparatchik avéré, abonné aux palas
nationaux (Matignon, Hôtel de Lassay,
Bercy et Quai d’Orsay), l’homme s’était
déjà niché sur un perchoir, la
présidence de la Coop 21 en prévision de
l’activation de son siège éjectable à la
tête de la diplomatie française.
Retour sur le bilan du plus célèbre
ronfleur des forum internationaux, le
pire pensionnaire du Quai d’Orsay de la
IV et de la Vme République réunies.
L’Esbroufe: La
réforme du Droit de veto au Conseil de
sécurité de l’ONU
L’esbroufe aura été son mode
opératoire. De même que le mépris et la
morgue, ses deux plus implacables
ennemis. En trois ans de parade au Quai
d’Orsay, Laurent Fabius aura poussé les
travers français à leurs expressions les
plus extrêmes. Donné toute la mesure de
ses faux talents, un mélange de
malveillance, de bonne conscience,
d’outrecuidance, d’ignorance et de
mauvaise foi.
Sous les auspices ambigus de Jules
Ferry, François Hollande a voulu honorer
le fondateur de l’école laïque et
obligatoire, mais mercenaire des
Saoudiens et des Israéliens, sa
politique étrangère sous la direction de
Laurent Fabius a visé en fait à honorer
le théoricien socialiste de la
colonisation.
Seul dirigeant occidental à lancer un
appel direct au meurtre «Bachar ne
mérite d’être sur terre», Laurent Fabius
sera aussi le seul dirigeant occidental
à donner quitus à «Jabhat An Nosra» pour
son «bon boulot en Syrie».
Le ministre socialiste des Affaires
étrangères a proposé, Lundi 22 octobre
2012 à Paris, la réforme du recours au
Droit de veto au sein du Conseil de
sécurité de l’ONU, préconisant que son
usage soit réduit au seul cas où un état
détenteur de ce droit était menacé d’une
action hostile des instances
internationales.
La France a une «proposition à faire est
que le droit de veto soit utilisable
quand il concerne uniquement le propre
pays» dans le débat objet de la
résolution, a déclaré M. Fabius sur le
plateau du grand journal, commentant les
veto russe et chinois en faveur de la
Syrie.
A écouter à partir de la 6ème minute
:
http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid3349-c-le-grand-journal.html?progid=745248
Le hic réside toutefois dans le fait
que le décompte officiel laisse
apparaître un usage avantageux des
Occidentaux du Droit de veto par rapport
à la Russie: 132 fois pour le camp
atlantiste contre 124 fois pour la
Russie. Bénéficiaires d’un passe-droit,
qui leur a permis de bloquer l’admission
de la Palestine en tant que membre de
plein droit de l’organisation
internationale, sans que le prédécesseur
de Laurent Fabius à l’époque, ni
probablement son successeur demain ne
juge opportun de soulever le bien-fondé
de l’usage du Droit de veto,
particulièrement lorsqu’il est le fait
des États-Unis bloquant, par exemple,
une résolution ordonnant la destruction
les colonies israéliennes édifiées
illégalement sur le territoire
palestinien (1).
Qu’un pays repêché in extremis dans
ses droits souverains, de surcroît ayant
perdu la justification de ce droit,
l’empire colonial, ait l’outrecuidance
de suggérer la modification de l’usage
du droit de veto dont il a été largement
et abusivement bénéficiaire, sans
s’interroger sur son propre
comportement, sans que la presse
nationale ne pose la question de la
pertinence de cette proposition et
l’opportunisme de son auteur, dénotent
une grave altération de la fonction
critique de la classe
politico-médiatique. A l’analyse, la
proposition de Laurent Fabius de
reformer l’usage du droit de veto au
Conseil de sécurité s’est révélée être
ce que son auteur a voulu qu’elle soit:
un bobard diplomatique pour enfumage
médiatique.
Normale Sup, ENA et tutti quanti… Le
super-capé de la méritocratie française
ne s’est-il pas rendu compte qu’en
privant la Russie de son droit de veto
sur la Syrie, il privait par ricochet
Israël de son bouclier diplomatique
américain? Alors Laurent Fabius, ces
diplômes, du pipeau?
Carpe ou carpette?
Fort avec les faibles et faible avec
les forts, Laurent Fabius sera muet
comme une carpe -une carpette?- lors de
la révélation du scandale des écoutes
allemandes de l’Élysée et du Quai
d’Orsay. Dix ans d’écoute sans le
moindre froncement de sourcils ou
raclement de gorges. Mais d’énormes
couleuvres avalées par dizaines.
L’homme, il est vrai, est coutumier des
humiliations lorsque l’on songe au
camouflet infligé au «plus vieille allié
des États Unis» par son partenaire outre
atlantique, qui lui a dérobé près de 70
millions de communications électroniques
entre décembre 2012 et Janvier 2013, en
pleine campagne du Mali et de Syrie.
Véritable dindon de la farce, que
n’a-t-il perçu cela avant de
s’engouffrer dans la brèche syrienne
alors que ce scandale marquait et
l’affaiblissement et la duplicité des
États-Unis?
Humiliation suprême, le pillage
informatique de la France était
répercuté aux Five Eyes, les meilleurs
alliés anglo saxons des États-Unis,
(Grande-Bretagne, Canada,
Nouvelle-Zélande et Australie), sans
doute en raison de la présence d’une
taupe Quai d’Orsay tuyautant les
Israéliens sur l’ avancée des
négociations irano-américaines sur le
nucléaire iranien.
Salivant de plaisir à la perspective
de contrats mirifiques des
pétromonarchies rétrogrades du Golfe, il
sera mutique sur le Yémen transformé
pendant un an en polygone de tirs pour
l’aviation saoudienne, (mars
2015-février 2016), mutique aussi devant
les 100 décapitations ordonnées par le
royaume saoudien au premier semestre
2015, record mondial absolu de tous les
temps, mutique enfin devant la
décapitation du chef spirituel de la
communauté chiite du Royaume saoudien,
Cheikh Nimr Al Baqer Al Nimr.
Les aigreurs du
ministre: Purge parmi les arabisants et
les africanistes du Quai d’Orsay
L’homme compensera ses frustrations
par une purge sans précédent tant parmi
les arabisants que les africanistes du
Quai d’Orsay. Dans un brusque sursaut de
léthargie, le somnolent ordonnera un
mouvement diplomatique affectant des
diplomates arabisants en Amérique
latine: Frédéric Desagneux, en charge de
la Palestine, a été muté au Venezuela,
le socle de la coopération entre l’Iran
et les pays contestataires d’Amérique du
sud; Denis Pitton, décédé depuis, ancien
ambassadeur à Beyrouth, le fief du
Hezbollah, au Brésil, le plus gros
gisement électoral du clan saoudo
américain de Saad Hariri au Liban. Un
fait nullement anodin en ce que l’épouse
de Frédéric Desagneux, Dalal, est une
parfaite arabisante, libanaise
originaire de la région chiite du sud
Liban, ancienne journaliste à la radio
haririenne Radio-Orient de Paris et que
l’épouse de Daniel Pitton a péri dans un
accident des lignes éthiopiennes en
route pour l’Afrique orientale
transportant un présumé gros poisson
financier du Hezbollah.
Pour «incompatibilité d’humeur», il
décapitera l’État-major de la zone
Sahel: Trois responsables du dossier
brutalement remplacés. Une «purge» sans
précédent en pleine guerre du Mali et de
Centrafrique: Laurent Bigot,
sous-directeur en charge du Mali, Jean
Félix-Paganon, représentant spécial pour
le Sahel et Élisabeth Barbier,
responsable de la Direction
Afrique-Océan Indien (DAOI) du Quai
d’Orsay.
Récidiviste, le pays, pionnier de la
piraterie aérienne, qui a détourné
l’avion des chefs historiques du FNL
algérien dans la décennie 1950,
interdira le survol de son espace
aérien, en 2013, au président
démocratiquement élu de Bolivie Evo
Morales, un des chefs de file de la
contestation anti américaine.
La France, qui a compté le plus grand
nombre d’otages au Monde détenus par le
djihadisme sunnite –et non chiite- qui
compte par ailleurs le plus grand nombre
de victimes du djihadisme sunnite, en
Afrique, obtiendra, paradoxalement,
l’inscription de la branche militaire du
Hezbollah sur la liste noire de l’Union
européenne, en juin 2013. Au bénéfice de
son partenaire dans la défense du pré
carré français en Afrique, Israël, sur
un continent qui a longtemps été son
champ d’action privilégié, dont elle a
été reléguée en deux décennies en 5 me
position derrière les États-Unis, la
Chine, l’Inde et le Royaume uni.
Israël? C’est-à-dire le plus
important soutien des dictatures du
tiers monde, l’allié indéfectible du
régime d’Apartheid d’Afrique du sud. La
garde prétorienne de tous les dictateurs
francophones qui ont pillé l’Afrique. De
Joseph Désiré Mobutu (Zaïre-RDC), à Omar
Bongo (Gabon), à Gnassingbé Eyadema
(Togo) et même à Félix Houphouët-Boigny
(Côte d’Ivoire), Laurent Gbagbo et Paul
Biya, le président off-shore du
Cameroun, dont le territoire sert de
transit aux ravisseurs Boko Haram.
Au-delà en Amérique latine au Honduras,
à la Colombie et au Paraguay.
La morgue et le
mépris: Bachar Al Assad «ne mérite pas
d’être sur terre».
En revanche il n’hésitera pas à
bomber le torse face aux dirigeants du
tiers monde. Soyons charitables et
passons sur l’incident de l’avion du
Président de Bolivie Evo Morales,
démocratiquement élu mais néanmoins
interdit de survol de l’espace aérien
français par le fait du prince d’un pays
récidiviste, initiateur de la première
piraterie aérienne de l’histoire
contemporaine avec le détournement de
l’avion marocain transportant les chefs
historiques du FLN, dans la décennie
1950.
Passons sur la désinvolture
consistant à exiger une résolution
contraignante sur la Syrie à l’ONU de la
part d’un pays qui a outrepassé le
mandat onusien sur la Libye. Passons
enfin sur la contre conférence de
l’opposition syrienne off-shore
organisée le 30 janvier 2013 à Paris le
jour même de la tenue à Genève de la
conférence de l’opposition démocratique
syrienne, c’est-à-dire l’opposition non
parrainée financièrement par le Qatar,
la Turquie et la France. Une mauvaise
manière faite à la démocratie.
Son point d’orgue aura été la Syrie
et cette double affirmation qui lui
collera à la peau, bien au delà de son
mandat: Bachar Al Assad «ne mérite pas
d’être sur terre» et Jabhat An Nosra
fait du «bon boulot en Syrie».
-Bachar Al-Assad «ne mérite pas d’être
sur terre». Laurent Fabius ne s’imagine
sans doute pas les millions de personnes
qui ont formulé pareil vœu à son égard
tant ses outrances verbales ont
indisposé et choqué venant du chef de la
diplomatie d’un pays réputé pour sa
courtoisie et sa finesse d’esprit.
A propos : http://blogs.rue89.com/yeti-voyageur/2013/09/16/syrie-le-suicide-moral-des-socialistes-francais-selon-chokri-ben-fradj-231108
La mauvaise foi de
l’apprenti sorcier: Jabhat An Nosra fait
«du bon travail» en Syrie
Le 12 décembre 2012, à Marrakech,
Laurent Fabius critiquait la décision
les États-Unis de placer le Front Al-Nosra,
branche syrienne d’Al-Qaida, sur leur
liste des organisations terroristes,
estimant qu’en Syrie Al-Nosra «fait du
bon boulot». «La décision des États-Unis
de placer Jabhat Al-Nosra, un groupe
djihadiste combattant aux côtés des
rebelles, sur leur liste des
organisations terroristes, a été
vivement critiquée par des soutiens de
l’opposition. M. Fabius a ainsi estimé,
mercredi, que « tous les Arabes étaient
vent debout » contre la position
américaine, « parce que, sur le terrain,
ils font un bon boulot ». « C’était très
net, et le président de la Coalition
était aussi sur cette ligne », a ajouté
le ministre.
Soit. Mais Laurent Fabius semble
ignorer la règle cardinale de la bonne
gouvernance: la prudence et la
prévoyance.
«Du bon boulot»? Plutôt un quitus à une
folie meurtrière. Voyons voir. Bon
Boulot en effet qu’un djihadiste (Mehdi
Nemmouche) fasse office de gauleiter à
quatre journalistes français otages de
djihadistes alliés de la France. Du très
bon boulot que ces mêmes alliés de la
France capturent 17 religieuses de la
localité syrienne de Maaloula pour les
échanger contre des djihadistes ?
Excellent boulot que
l’organisation-mère de Jabhat An Nosra
commandite le carnage de Charlie
hebdo ?. Excellentissime boulot que de
servir de caution morale à un djihadisme-salafiste,
la forme moderne de la grande
criminalité transcontinentale?.
Au diapason de son homologue du
Qatar, Khaled Attyah, un des meilleurs
clients de l’armement français, qui
assénait au journal Le Monde sa
tautologie devant son chef de rubrique
international, amorphe: «Nous sommes
contre tout extrémisme. Mais, à part
Daech, tous ces groupes combattent pour
la chute du régime (syrien). Les modérés
ne peuvent pas dire au Front Al-Nosra:
«Restez à la maison, on ne travaille pas
avec vous.» Il faut regarder la
situation et être réaliste». Si
réaliste, que la crédibilité du journal
Le Monde en sera durablement affectée.
Un faux boulimique:
l’annexion du ministère du commerce
extérieur et du tourisme.
Faux boulimique, l’homme annexera à
son magistère le commerce extérieur
soutenant qu’il ne saurait y avoir une
diplomatie de puissance sans véritable
diplomatie économique. Mais dans son
déplacement dans un pays clé du champ
stratégique français, l’Algérie, Laurent
Fabius se livrera à une mémorable sieste
devant les caméras du Monde entier.
Alors que les chaînes de télévision
françaises se gaussaient de la mobilité
réduite du président algérien Abdel Aziz
Bouteflika, occultant de leur récit
télévisé le roupillon ministériel, la
télévision algérienne, en réplique
insidieuse, diffusait les images du
ministre piquant de la tête lors de la
conférence de presse du ministre
algérien de l’Industrie. Récidiviste,
Laurent Fabius s’adonnera une nouvelle
fois à Morphée, un an plus tard, lors de
la visite du président François
Hollande, en piquant une nouvelle fois
du nez.
L’Arabie Saoudite,
un remake de l’Irak de Saddam Hussein
En revanche, Laurent Fabius
retrouvera toute sa verve et son
entrain, pavoisant à l’annonce de
plusieurs contrats d’une valeur de
plusieurs milliards de dollars avec
l’Arabie Saoudite, lors de sa tournée
dans le Golfe, en Mai 2015, sans tenir
compte du fait que la dynastie wahhabite
traîne une solide réputation de polygame
compulsif, que les dames du Royaume
pâtissent toujours du statut de
«dépendante», à la merci d’un tuteur
machiste, sans possibilité de conduire,
ni de voyager, que le 1/3 des violences
sexuelles sur mineur sont d’origine
familiale et qu’enfin, l’Arabie saoudite
aura été au XXI me siècle, l’incubateur
absolu du djihadisme erratique dans
toutes ses déclinaisons, responsable par
ricochet des supplices des Chrétiens
arabes, dont la France, le pays de
François Hollande et de Laurent Fabius,
en est la protectrice pluriséculaire
(3).
Sans tenir compte surtout du fait que
l’Arabie saoudite est le pays détenteur
du record mondial absolu de
décapitation. Sans même soupçonner qu’un
tel comportement relève sinon de la
duplicité à tout le moins de
l’incohérence. Le commerce des armes ne
saurait se substituer au commerce des
âmes.
«Bad Cop» de la négociation sur le
nucléaire iranien, Laurent Fabius
justifiera ses préventions à l’égard de
l’Iran par les mauvais souvenirs de ses
rapports avec Téhéran à son passage à
Matignon (1984-1988), marquée notamment
par la spirale des otages français au
Liban, le contentieux Eurodif, puis,
sous le régime de la cohabitation
socialo-gaulliste par la «guerre des
ambassades».
Amnésique précoce, Laurent Fabius en
occultera le contexte: Cobelligérante de
l’Irak contre l’Iran révolutionnaire,
dans la décennie 1970-1980, la France
avait vendu son âme à Saddam Hussein
pour des contrats civils et militaires
de l’ordre de plusieurs milliards de
dollars, avant de se faire éjecter par
les États-Unis d’Amérique. Et les deux
par Daech.
La lune de miel saoudo française
constituerait-elle un vieux remake du
précédent de la coopération
franco-irakienne du temps de Saddam
Hussein? Dans les premières lignes du 18
Brumaire de Louis Bonaparte, Karl Marx
reprenant à son compte cette heureuse
formule de Hegel selon laquelle
l’histoire se répète souvent deux fois,
souligne à l’intention des amnésiques:
«Il a oublié d’ajouter: la première fois
comme tragédie, la seconde fois comme
farce».
De la pôle position
à la voiture balai
Dans la perspective de son entrée en
fonction Laurent Fabius confirmait la
pesanteur anti syrienne des socialistes
en ce que le futur titulaire du Quai
d’Orsay avait cautionné de sa présence
le premier congrès de l’opposition
syrienne tenu à Paris, en juin 2010,
sous l’égide du philo-sioniste Bernard
Henry Lévy et de la branche syrienne des
Frères Musulmans.
A moins qu’une sournoise arabophobie
compensatoire de Munich, par une sorte
de «solidarité expiatoire» à l’égard des
Juifs et d’Israël, ne tienne lieu de
doxa officielle du socialisme français
et explique son tropisme pro-israélien,
comme en témoigne la désarabisation du
Quai d‘Orsay vigoureusement entamée sous
le transfuge socialiste Bernard Kouchner
et gaillardement poursuivie sous le
tandem François Hollande Laurent Fabius
(3).
La France s’est sionisée car tétanisée
par son passif colonial (4), qui
explique le fait que la France
socialiste, artisan de l’armement
atomique israélien, soit le plus
intransigeant dans le dossier nucléaire
iranien, en une nouvelle illustration de
la duplicité de la diplomatie française.
Si Manuel Valls a été le «meilleur
ministre de l‘intérieur de l’UMP», selon
l’expression de l’ancien ministre de
droite Dominique Bussereau, «à deux
doigts de mériter sa carte au Front
national», selon Florian Philippot, N0 2
du parti d’extrême droite, le plus capé
des socialistes, réputé par ces
somnolences dans les forums
internationaux, passera dans l’histoire
comme le piètre pensionnaire du Quai
d’Orsay de la gauche française, à l’égal
du transfuge sarkozyste du socialisme
Bernard Kouchner, à l’égal de Christian
Pineau, son équivalent de Suez,
détenteur de la palme pour la IVème
République. Très largement devancé par
de prestigieux prédécesseurs de la
stature et du calibre de Claude Cheysson,
Roland Dumas et Hubert Védrine.
Le plus jeune premier ministre offert
à la France par François Mitterrand se
retrouve, 30 ans plus tard, sur une voie
de garage, prestigieuse certes, mais qui
n’en constitue pas moins une opération
d’exfiltration politique, en solde de
tout compte. En solde de son passif.
Son succès international lors du COOP 21
apparaît rétrospectivement comme un fade
dépolluant à une diplomatie toxique.
Entre somnolence internationale et
scandale familial, le pâle successeur du
florentin de Nevers aura été
l’incarnation caricaturale de la
diplomatie française, la caricature d’un
homme d’état.
De la pôle-position à la voiture
balai. Un vrai gâchis.
«Jamais l’Iran ne sera invité à une
conférence internationale», répétait un
diplomate français lors d’un dîner
organisé à Beyrouth en l’honneur de
l’émissaire onusien Moktar Lamani, qui
lui répondit aussitôt: «Vous savez, il
ne peut y avoir une solution à la guerre
de Syrie, sans l’Iran. Mais il peut y
avoir une, sans La France» (5).
La Syrie apparaîtra rétrospectivement
comme l’ultime expédition post coloniale
d’un pays en déclin: «Parmi les grands
perdants de la Mondialisation, parmi les
grands perdants de l’Européanisation»,
selon l’expression de Marcel Gauchet, la
France de François Hollande figure aussi
parmi les grands perdants en Syrie,
indice patent de la déflagration mentale
des socialistes français, les meilleurs
alliés des hyper-conservateurs
saoudiens, des ultra-conservateurs
israéliens et des néoconservateurs
américains, un collectif d’alliés
infréquentables. Chapeau l’artiste.
La carotte de l’État
palestinien
Sa dernière pirouette n’a abusé que
sa personne: s’inclinant devant l’oukase
d’Hillary Clinton, à l’époque secrétaire
d’état, lui intimant ainsi qu’à son
collègue de l’intérieur, Manuel Valls,
en avril 2013, l’ordre de faire
obstacle, dans un déni de droit
invraisemblable, à la libération d’un
homme qui a purgé sa peine, le doyen des
prisonniers politiques en France,
Georges Ibrahim Abdallah, Laurent Fabius
cherchera à s’attirer néanmoins les
bonnes grâces de l’électorat musulman en
brandissant, telle une carotte, fin
Janvier 2016, la promesse de la
reconnaissance d’un État palestinien au
terme de quinze mois de négociations
infructueuses entre Israéliens et
Palestiniens; une échéance qui tombe
curieusement à pic, en mai 2017, soit à
une semaine du premier tour des
élections présidentielles françaises,
aléatoires pour le socialio-motoriste.
Pourquoi faire simple quand on peut
faire compliqué. Il eût été pourtant
plus simple de procéder à une
reconnaissance unilatérale immédiate de
l’État palestinien, à l’instar de la
Suède, sans attendre la démagogique
échéance électorale. A la veille du
premier centenaire de la «Promesse
Balfour», il est temps que les
Occidentaux pallient leurs turpitudes à
l’égard des Arabes.
Le scalp de lolo
pour la survie de Flamby
Suprême infamie, le capé de gauche
quitte la scène politique au lendemain
d’une visite remarquée de son vainqueur
en France, le Président iranien Hassan
Rouhani, alors que son ennemi intime
Bachar Al-Assad se maintient aux
commandes de la Syrie, à la reconquête
des territoires perdus de son pays. Au
grand dam de la France. Au détriment de
sa présence à longue terme dans la
sphère arabe.
Malheur aux vaincus: L’ingratitude
est la loi cardinale des peuples pour
leur survie. Sauf à précipiter un
naufrage collectif du socialisme
français déjà sinistré par Dominique
Strauss Khan et Jérôme Cahuzac, de
parfaits représentants de la
déliquescence du socialisme et non de sa
quintessence, la Loi d’airain du cynisme
en politique commande le scalp de Lolo
pour la survie de Flamby (6).
Références
- A propos de la réforme du droit
de veto au Conseil de sécurité de
l’ONU
http://www.renenaba.com/la-france-et-la-reforme-du-droit-de-veto-au-conseil-de-securite/
- A propos du tropisme socialiste
à l’égard d’Israël: L’inauguration
de l’esplanade David Ben Gourion à
Paris, Lettre ouverte à Bertrand
Delanoë par R.Naba
http://www.renenaba.com/lettre-ouverte-a-bertrand-delanoe/
- Les arabisants du Quai d’Orsay
expédiés en Amérique latine:
http://blog.lefigaro.fr/malbrunot/2013/09/quai-dorsay-les-ambassadeurs-a.html
- La France gagnée par le
sionisme, par Eyal Sivan:
http://rue89.nouvelobs.com/2013/10/07/eyal-sivan-cineaste-israelien-france-est-gagnee-sionisme-246345
- «Les Chemins de Damas»-
Christian Chesnot et Georges
Malbrunot, éd. Robert Laffont,
octobre 2014.
- Flamby: Pâtisserie sans œufs ni
crème désigne péjorativement un être
mollasson et onctueux. Sobriquet
réservé à François Hollande avant
son accession à la présidence de la
République française.
© madaniya.info -
Tous droits réservés.
Reçu de René Naba pour publication
Le sommaire de René Naba
Les dernières mises à jour
|