MADANIYA
Islam-aggiornamento 2/3 :
L’Europe, lieu de passage ou lieu
d’enracinement?
René Naba
Vendredi 10 février 2017
L’Europe, lieu de passage ou lieu
d’enracinement ? Bilad Al Mamar aw Bilad
Al-Maqqar ?
« Quand
les Vietnamiens bravaient les
bombardements massifs de B52 américains,
de même que les ravages de « l’agent
orange », infligeant de retentissantes
défaites à deux puissances militaires
majeures occidentales (la France et les
États-Unis), quand Che Guevara
abandonnait les fastes du pouvoir pour
la guérilla, Saïd Ramadan, gendre et
héritier du fondateur de la confrérie
des Frères Musulmans, se pavanait en
Cadillac à Zurich, carburant aux
pétrodollars saoudiens » – RN.
Issam
Al Attar versus Said Ramadan : La
controverse à propos de la tentative
d’aggiornamento de l’Islam politique
La
querelle est ancienne et opposait dans
la décennie 1970 deux dirigeants de la
confrérie des Frères Musulmans, le
syrien Issam Al Attar, en exil à Aix la
Chapelle (Allemagne) et l’égyptien Saïd
Ramadan, basé à Munich où il participait
alors au programme de sédition des
contingents musulmans de l’armée
soviétique, via les radios américaines
d’Europe centrale.
Issam Al
Attar, frère de Najah Al Attar, actuelle
Vice-présidente de la République Arabe
Syrienne, estimait que l’Europe est une
destination d’émigration temporaire, un
lieu de passage transitoire, et qu’il
importait aux musulmans d’Europe de se
conformer aux lois de l’hospitalité des
pays d’accueil ; de tirer le meilleur
profit des expériences européennes dans
les divers domaines de l’activité
intellectuelle, économique, scientifique
et d’en faire bénéficier en retour leur
pays d’origine.
Saïd
Ramadan, estimait, lui, au contraire,
que l’Europe est un lieu d’ancrage
durable de la population immigrée de
confession musulmane et qu’il convenait
de modifier en conséquence leur
environnement socio-culturel de manière
à l’adapter à une présence durable des
travailleurs immigrés musulmans sur le
territoire de leur ancien colonisateur.
Agitateur professionnel pour le compte
de ses mécènes, Saïd Ramadan a triomphé
de cette querelle non pas tant par la
pertinence de ses arguties, mais par la
puissance financière et le soutien
occulte des services occidentaux qui le
propulsaient à la direction de l’Islam
européen, afin de faire barrage à
l’insertion des travailleurs immigrés
musulmans aux luttes revendicatives
sociales dans le cadre des syndicats ou
des partis perçus par les stratèges
atlantistes comme « compagnons de route
» de l’Union soviétique.
La thèse de Said Ramadan a triomphé car
elle répondait aux objectifs
stratégiques de l’OTAN et non parce
qu’elle était conforme aux intérêts à
long terme du Monde arabe, de son
redressement et de la promotion de
l’Islam.
Sous
l’aile protectrice américaine, avec le
consentement des pays européens,
l’Arabie saoudite a ainsi déployé la
plus grande ONG caritative du Monde à
des fins prosélytes à la conquête de
nouvelles terres de mission dans la
double décennie 1960-1980,
particulièrement l’Europe, à la faveur
du boom pétrolier et de la guerre
d’Afghanistan.
Pour une
poignée de dollars, l’Europe deviendra
la principale plate-forme de l’Empire
médiatique saoudien, le principal refuge
des dirigeants islamistes, réussissant
le tour de force d’abriter davantage de
dirigeants islamistes que l’ensemble des
pays arabes réunis.
Soixante
dirigeants islamistes, dont Ayman Al
Zawahiri, le successeur d’Oussama Ben
Laden à la tête d’Al Qaida, résidaient
en Europe occidentale, depuis la guerre
anti-soviétique d’Afghanistan dans la
décennie 1980, où les djihadistes
étaient gratifiées du titre de «
combattants de la liberté » par le
fourbe du Panshir, Bernard Henry Lévy,
l’interlocuteur virtuel du Lion du
Panshir, le commandant Massoud Shah.
Le
Royaume saoudien a ainsi dépensé 87
milliards de dollars au cours des deux
dernières décennies pour financer le
prosélytisme religieux selon le schéma
wahhabite à travers le Monde.
Pour un
coût de 5 million de dollars de
l’époque, la dynastie wahhabite a édifié
des centres religieux en Europe, Melilla
(Espagne), Lisbonne, Rome Londres,
Vienne, Genève ainsi que Mantes La Jolie
(région parisienne), selon la Revue «
Middle East Monitor » dans son édition
de décembre 2015.
En la matière, les Occidentaux ont joué
la carte du « communautarisme » au
détriment de l’intégration, un choix
dont ils pâtissent de nos jours par ses
dérives.
Les
Frères Musulmans : Fer de lance du
renouveau arabe ou instrument de la
contre-révolution arabe ?
La
confrérie des Frères Musulmans, la
matrice de la totalité des groupements
djihadistes takfiristes, ploie sous un
feu de critiques de la part de ses plus
proches alliés, au point que se pose la
question de savoir si le doyen des
partis trans-islamiques, qui se voulait
le fer de lance de la renaissance du
Monde arabe et musulman n’aura été, face
à un bilan aussi piteux, que son
fossoyeur ; l’instrument de la
contre-révolution arabe, et partant de
la régression du Monde arabe et de sa
capitulation face à l’imperium
américano-israélien.
La surprenante diatribe d’Ayman
Al Zawahiri contre les Frères Musulmans
et son fondateur Hassan Al Banna
Prenant
acte par anticipation de l’ère post
Daech, Ayman Al Zawahiri a adressé de
vives critiques à ses anciens frères
d’armes, les Frères Musulmans et le
Calife Ibrahim, se positionnant comme la
référence suprême du djihad, dans la
perspective d’une perte du sanctuaire de
Daech à Mossoul, dans le Nord de l’Irak,
sous les coups de butoir conjugués des
Russes et des Occidentaux et d’un
rétablissement inhérent de sa primauté
militaire parmi les groupements
djihadistes.
Ayman al
Zawahiri, dont le mouvement bénéficie
d’un meilleur déploiement que celui de
Daech dans la Péninsule Arabique (AQPA –
Yémen), au Maghreb et dans la zone
sahélo saharienne avec l’AQMI, de même
qu’au sein de l’Islam asiatique
(Ouîghours de Chine, Tchétchènes du
Caucase et les Musulmans du Dagestan et
de l’Ouzbekistan), se considère comme
porteur d’un djihad prometteur en ce
qu’il vise les deux grands géants du
BRICS (La Chine et la Russie).
En
conséquence, il a dirigé ses diatribes
aussi bien contre les Frères Musulmans,
ses compagnons de combat en Afghanistan,
en Bosnie et au Caucase, que contre le
fondateur de la Confrérie, Hassan Al
Banna, leur imputant la responsabilité
de l’échec de la Révolution en Égypte.
Dans une
vidéo diffusée le 11 août 2016, à
l’occasion du 3e anniversaire de
l’assaut des forces égyptiennes contre
le QG des Frères Musulmans au Caire
(Place Rabia Al Adaouia-14 au 16 août
2013), Ayman Al Zawahiri a accusé Hassan
Al Banna d’avoir commis de « lourdes
fautes sur la base de notions dévoyées
ayant abouti à des résultats
catastrophiques ».
« Hassan
Al Banna a fait allégeance au Roi
Farouk, le qualifiant de protecteur du
Livre Saint.
« La
confrérie a persévéré dans le mensonge
avec le Roi Farouk jusqu’à sa mort, puis
elle s’est alliée avec les militaires
(les présidents successifs de l’Égypte :
Nasser, Sadate et Moubarak), avant de se
dresser contre ce dernier pour s’allier
avec Mohammad Al-Baradei, l’émissaire de
l’assistance américaine.
« Les
Frères Musulmans se sont imaginés avoir
atteint leurs objectifs avec l’arrivée
au pouvoir de Mohammad Morsi, alors
qu’il n’était qu’un dirigeant laïc d’un
état laïc et qu’il n’existait aucune
différence entre Moubarak et Morsi, sauf
que ce dernier s’est révélé plus
respectueux de la démocratie. « Depuis
la chute de Moubarak à l’arrestation de
Morsi, les Frères Musulmans n’ont
entrepris aucune action visant à
éradiquer l’état de corruption en Égypte
», a-t-il conclu.
Les critiques d’Ayman Al Zawahiri contre
le Calife Ibrahim
Ciblant
Daech, le chef d’Al Qaida a multiplié
les critiques d’une rare sévérité. Il a
accusé le 5 janvier 2017, deux semaines
après la chute d’Alep, le Calife Ibrahim
d’avoir « désobéi à ses ordres » en
s’attaquant aux civils chiites irakiens,
plutôt que les épargner et de concentrer
ses attaques contre l’armée, les forces
de sécurité et la police irakiennes. Il
a en outre accusé la franchise syrienne
de son mouvement « Jabhat An Nosra »
d’avoir cherché à « complaire » aux
Américains en modifiant son appellation
pour échapper à la qualification
d’organisation terroriste.
Ayman al
Zawahiri avait accusé auparavant cette
fois Abou Bakr Al Baghdadi, le rival
d’Al Qaida dont le groupement Daech en
constitue une excroissance, d’avoir «
donné prétexte à l’Iran de massacrer les
sunnites d’Irak ».
Dans une
démarche destinée à reprendre
l’initiative au sein de la nébuleuse
djihadiste, à la faveur des revers
militaires de son ancien lieutenant Abou
Bakr Al Baghdadi (alias Le Calife
Ibrahim), le chef d’Al Qaida a estimé
que « les sunnites d’Irak ne devaient
pas capituler devant l’armée chiite,
mais se réorganiser et se convertir à la
guerre de guérilla pour mener une guerre
de libération de longue durée afin de
vaincre l’occupant chiite et les
Croisés, comme ils l’avaient fait
auparavant».
« Abou
Bakr Al Baghdadi est responsable de
l’effusion du sang en Irak » en ce que
le chef de Daech a « donné prétexte à
l’Iran safavite et au gouvernement qui
est affilié en Irak d’anéantir les
sunnites de ce pays», a t-il déclaré
dans un enregistrement diffusé par le
site « Al Sahab » et répercuté par
Flashpoint, la plate-forme spécialisée
dans la surveillance des sites
djihadistes.
Ayman Al
Zawahiri a invité « les héros de
l’Islam, les Moudjahidine de Syrie, à
venir en aide à leurs frères d’Irak,
estimant qu’ils menaient le même combat
du fait que la Syrie est le prolongement
de l’Irak et l’Irak la profondeur
stratégique de la Syrie », plaidant en
faveur d’une «confrontation contre
l’alliance des Croisés et des Chiites
visant à s’emparer de la zone».
Quatre
mois plus tard, le 16 décembre 2016,
jour de la chute d’Alep EST aux mains
des forces gouvernementales syriennes,
la branche yéménite d’Al Qaida « Ansar A
Charia » (les partisans de la charia),
qualifiait l’État Islamique de «
déviationniste », l’accusant d’avoir
commandité un attentat suicide contre la
base militaire d’Aden faisant 48 morts
et 29 blessés, dont bon nombre de
membres de la tribu Bakzam. L’attentat
visait à « semer la zizanie entre les
tribus yéménites et les djihadistes »,
accusé le communiqué dont le texte en
arabe est sur ce lien :
La mise
en garde de Laith Shubailat (FM de
Jordanie)
Devant
un bilan aussi calamiteux, des
dirigeants islamistes de Jordanie et de
Palestine, particulièrement le Hamas,
artisan de la plus grave dérive, avaient
auparavant confessé les erreurs
d’appréciation de leur mouvement lors de
la séquence du « printemps arabe »,
réclamant une remise à jour de son
programme et du comportement de ses
dirigeants.
Le
premier à avoir tiré la sonnette
d’alarme au sein de la confrérie a été
l’ingénieur Laith Shubailat,
parlementaire jordanien. Cette figure
éminente des Frères Musulmans de
Jordanie mettra en garde ses compagnons
égyptiens « contre toute tentation de
suivre l’exemple de leurs confrères
syriens », et, devant l’étendue des
dégâts tant pour la Confrérie que pour
la Syrie, il les abjurera « de ne jamais
recourir aux armes mais de mener leur
combat dans un cadre civil et
politique».
Pour le
locuteur arabophone, en pièce jointe le
texte de Laith Shubailat.
L’auto-critique d’un dirigeant du Hamas,
la branche palestinienne des Frères
Musulmans
Lui
emboîtant le pas, Ahmad Youssef, ancien
conseiller politique du chef du
gouvernement palestinien de la bande de
Gaza, Ismail Haniyeh, pointera sans
ambages les erreurs du Hamas :
« Le
Hamas a considéré que l’heure des Frères
Musulmans avait sonné avec la conquête
du pouvoir dans plusieurs pays arabes au
début du printemps arabe et qu’il
importait en conséquence de s’adapter au
nouveau contexte de manière à se
conformer à la nouvelle carte
géopolitique de la zone », a-t-il
déclaré.
« Les
islamistes en Égypte et en Palestine
n’ont pas fait preuve de lucidité
politique » lors de leur accession au
pouvoir, a-t-il ajouté lors de son
interview au quotidien libanais « Al
Akhbar », en date du 9 juin 2016, soit
quinze jours après la proposition du
tunisien Rached Ghannouchi de séparer le
politique du religieux.
Voici
les passages importants de cette
interview dont le texte intégral pour le
lecteur arabophone est sur ce lien
- «
Le dossier syrien a été le plus
difficile à gérer car cette affaire
s’est répercutée sur nos relations
avec l’Iran et le Hezbollah, avec
lesquels nous sommes liés par des
liens historiques de solidarité.
Hamas a pâti dans cette affaire ; Ce
fut une véritable perte pour Hamas».
- «
Avec l’éviction de Mohammad Morsi,
nous avons perdu l’Égypte. Mais nous
devons néanmoins préserver nos
relations avec ce pays, dont nous
n’oublions pas sa contribution au
combat pour la Palestine, notamment
le lourd tribut payé par Nasser en
ce domaine. « La Palestine est la
question centrale du combat de la
Oumma et nous nous devons de
maintenir une égale distance dans
nos rapports avec les capitales
arabes et islamiques.
- «
L’incapacité du Hamas à se concilier
les autres forces, de même que le
blocus dont il a fait l’objet tant
de la part des Israéliens que des
autres états, ont quasiment paralysé
sa capacité à gouverner.
- «
Le gouvernement du fait accompli et
des forces de sécurité ne constitue
pas la marque d’une bonne
gouvernance. Plutôt que d’accaparer
le pouvoir, il eût été plus avisé de
rechercher un partenariat avec les
autres composantes politiques en vue
de favoriser un gouvernement d’unité
nationale », a-t-il conclu.
La
prise de distance du parti « Al Islah »,
la branche yéménite des Frères Musulmans
Le parti
Al Islah, la branche yéménite des Frères
Musulmans, a annoncé, de son côté, avoir
pris ses distances avec l’organisation
mère, la structure mondiale de la
confrérie des Frères Musulmans, « tant
sur le plan organisationnel que sur le
plan idéologique » dans une lettre aux
dirigeants d’Abou Dhabi, dans une
démarche destinée à résorber son
différend avec les Émirats Arabes Unis.
Abou
Dhabi a accueilli avec circonspection
cette démarche de rapprochement
considérant qu’il s’agissait d’une
manœuvre dilatoire, indice de la vive
prévention que les FM suscitent au sein
de plusieurs pays arabes.
Abou
Dhabi qui avait accusé les FM d’avoir
ourdi un complot contre la principauté à
la faveur du « printemps arabe »,
procédant à l’arrestation de 70 conjurés
de la confrérie, avait obtenu la
criminalisation de la confrérie,
matérialisée par son inscription sur la
« Liste Noire » des organisations
terroristes.
En dépit
de cette criminalisation, l’Arabie
saoudite en difficulté au Yémen avait
sollicité l’aide du parti Al Islah pour
lui prêter main forte dans le combat
contre les Houthistes et l’une des
figures de la branche yéménite des FM,
Tawakol Karman, Prix Nobel de la Paix
2011, avait spectaculairement rallié la
coalition saoudienne contre son propre
pays.
Très
isolé su le plan local, et marquant le
pas sur le plan militaire le parti Al
Islah a cherché à résorber son
contentieux avec Abou Dhabi, dont
l’influence est manifeste dans le sud
Yémen, afin de se donner un ballon
d’oxygène financier et augmenter sa
marge de manœuvre. Au prix d’un
reniement. Mais la tentative a tourné
court pour l’instant.
Les
Frères Musulmans : De piètres stratèges
mais de redoutables démagogues
La
confrérie des Frères Musulmans, fondée
en 1928 à Ismaïlia (Égypte), pose
problème de par son positionnement
géopolitique et son bilan calamiteux.
L’adossement du doyen des mouvements
fondamentalistes arabes à l’Arabie
saoudite, foyer de la contre-révolution
arabe en fera le fer de lance de la
contre-révolution arabe et son
dogmatisme amplifié par ses échecs en
fera la matrice dégénérative des
organisations djihadistes takfristes
d’Al Qaida, à Daech, à Jabhat An Nosra.
En 89 ans d’existence, la plus ancienne
formation transnationale arabe, a
accumulé désastre sur désastre, se
révélant piètre stratège, mordant à deux
reprises la poussière en Égypte, face à
Nasser, en 1954, puis face au Maréchal
Abdel Fattah Al Sissi, un demi siècle
plus tard.
Il en a
été de même en Syrie où par trois fois,
la confrérie se brisera les reins face
aux baasistes dans des combats frontaux
du fait de son impréparation et de son
improvisation.
Ainsi en 1978, l’Avant Garde Combattante
(At Taliha al Moukatila), la structure
clandestine de la branche militaire des
Frères Musulmans de Syrie, était décimée
et les rares cadres survivants se
recycleront, deux ans plus tard, en
Afghanistan, constituant l’ossature
militaire d’Al Qaida.
En 1982, la révolte de Hama sera
réprimée dan le sang et la confrérie
durablement atteinte. Enfin en 2011,
l’alliance contre nature des Frères
Musulmans avec le courant philo sioniste
atlantiste (Nicolas Sarkozy, Bernard
Henry Lévy, Bernard Kouchner, François
Hollande et Laurent Fabius)
discréditeront durablement la Confrérie
de même que leurs excès.
La
séquence du « printemps arabe »
Propulsée par une puissance médiatique
et financière sans pareille dans les
annales des guerres de libération
nationale, une chaîne trans frontière
promue au rang de prescripteur d’opinion
de l’hémisphère sud, Al Jazira, adossée
un état coffre fort, le Qatar,
bénéficiant du soutien des États-Unis et
de leur multiples agents d’influence,
les ONG, les Frères Musulmans se
voyaient propulser sur le toit du Monde
arabe. Mais l’euphorie sera de courte
durée, précipitant, en un temps record,
le mouvement dans le bas-coté de
l’histoire, en phase de décompression
accélérée.
À
l’envol du « printemps arabe », en 2011,
les Frères Musulmans se trouvaient à
leur Zénith avec un président élu à la
tête de l’Égypte, le plus grand état
arabe ; en duumvirat en Tunisie, sous la
couverture d’un ancien opposant
démocrate, Mouncef Marzouki, dans leur
escarcelle ce pays charnière du Maghreb
habituelle plaque tournante de
l’espionnage franco-israélo-américain ;
un allié de taille en Turquie et sa
diplomatie néo-ottomane Recep Tayyib
Erdogan ; un crésus à la clé, l’Émir du
Qatar ; La branche palestinienne de la
confrérie, le Hamas, en pointe dans le
combat contre Israël, unique
organisation sunnite d’ailleurs à
maintenir vivante la flamme du combat
armée pour la Libération de la Palestine
; en position de force en Libye grâce au
parachutage à Tripoli d’Abdel Hakim
Belhadj, chef des groupements islamiques
libyens d’Afghanistan.
Quatre
ans plus tard, elle se retrouvera à son
Nadir : l’égyptien Mohammad Morsi dégagé
sans ménagement par l’armée du pouvoir
et jeté en prison au terme d’un an de
pouvoir ; le tandem tunisien Rached
Ghannouchi- Mouncef Marzouki, désavoué
par les urnes.
Le
Hamas, discrédité par la désertion du
champ de bataille de son chef politique,
Khaled Mecha’al, réfugié à Doha, à 30 km
de la principale base américaine de la
zone, la base du Centcom, dont la zone
d’intervention s’étend de l’Afghanistan
au Maroc ; le libyen Belhajd embourbé
dans les marécages de la guerre
intestine libyenne, en butte à la
concurrence de Daech.
Leur
parrain du Qatar, Hamad Al Thani, zappé
par son mentor américain pour fortes
turbulences, enfin, leur sultan ottoman,
en zone de fortes turbulences avec la
montée en puissance de l’irrédentisme
kurde, narguée par la Syrie, sa cible
jadis prioritaire.
Pour aller plus loin à propos de Khaled
Mechaal, voir sur ce lien :
En guise
de solde de tout compte pour services
rendus, les Frères Musulmans seront
criminalisés par l’Arabie saoudite, leur
incubateur absolu pendant un demi
siècle, alors que par phénomène de
scissiparité, la Confrérie devenait la
matrice des toutes les déclinaisons des
organisations djihadistes dégénératives
takfiristes.
Pour aller plus loin sur ce thème :
Les Frères Musulmans, un vestige de la
guerre froide ?
Reçu de René Naba pour publication
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