Irak
Le vote du parlement irakien
en faveur
du départ des américains
René Naba
Lundi 6 janvier 2020 Le vote du
parlement irakien en faveur du départ
des américains: Le pire désastre
politico-militaire américain au Moyen
Orient depuis la chute du chah d’Iran en
1979.
Le parlement
irakien a voté dimanche 5 janvier 2020
en faveur du départ des soldats
américains d’Irak ; conséquence de
l’élimination par les Etats-Unis par un
tir de drone du général Qassem
Souleymani, commandant de la brigade
Jérusalem des gardiens de la révolution
iranienne, et de son lieutenant irakien,
al-Mouhandis, chef d’«Al Hached Al
Chaabi», la milice chiite irakienne
vainqueur de Daech.
Ce vote fait suite
à plusieurs jours des manifestations en
Irak et en Iran invitant le gouvernement
de Bagdad à voter le départ des 5200
militaires officiellement déployés par
Washington depuis 6 ans en Irak pour
lutter contre l’État islamique.
Les Américains
avaient pris pied en Irak à la suite de
leur invasion de l’Irak, en 2003, au
cours de laquelle avait été renversé
Saddam Hussein. Un contingent de 150.000
hommes dans 105 bases militaires avait
été déployé, porté à 170.000 lors des
violences communautaires de 2006. Les
États-Unis avaient fini par se retirer
du pays en décembre 2011, sur ordre de
Barack Obama, après 9 années
d’occupation. Sur les 40.000 soldats
encore présents à cette époque, seuls
était restée une grosse centaine
d’hommes, chargés d’entraîner les forces
armées irakiennes et à protéger
l’ambassade de Bagdad.
Avec le lancement
de la coalition internationale contre
l’État islamique en 2014, les États-Unis
ont été contraints de réinvestir
militairement l’Irak. Le nombre de
soldats envoyés sur place est
progressivement monté pour atteindre
3500 en juin 2015, puis 5000 en 2016.
Ces forces ont été officiellement
dépêchées pour jouer le rôle
de «conseillers militaires».
Si le vote du
parlement irakien venait à se
concrétiser, il mettrait fin à une
présence militaire américaine de 17 ans,
matérialisée par des dépenses de l’ordre
de 6 trillions de dollars (six mille
milliards de dollars), 5.000 morts et
33.000 blessés.
Un échec d’autant
plus cuisant que le demantèlement des
bases américaines entrainerait la
fermeture de la base américaine d’Al
Tanaf, à la frontière syro irakienne, et
libérerait ainsi la voie au transit
transfrontalier entre l’Iran, l’Irak et
la Syrie, affectant considérablement
l’efficacité du blocus américain contre
la Syrie et l’Iran.
Intervenant deux
ans après la mise en échec du projet de
constitution d’un état Kurde indépendant
dans la zone frontalière
irako-iranienne, en octobre 2017, en vue
de servir de plateforme aux menées
israéliennes et américaines contre
l’Iran, le vote du parlement irakien
constitue le pire désastre militaire
américain depuis la déroute du Vietnam
en avril 1975, il y a 44 ans. Pis, la
première déroute politico militaire
américaine de grande ampleur au Moyen
Orient depuis la chute du Chah d’Iran en
1979.
Faisant écho au
vote du parlement irakien, le chef du
Hezbollah libanais Hassan Nasrallah, a
estimé dimanche 5 janvier que
l’assassinat du général Qassem
Souleiymani, constituait un «tournant»
dans la confrontation du Moyen Orient.
«Aucun général
américain ne vaut le général Soleymani.
Toutes les bases et installations
américaines au Moyen Orient, de même
tout soldat constituent désormais une
cible non seulement pour les Iraniens
mais également pour toutes les forces
opérant dans l’axe de la contestation à
l’hégémonie israélo-américaine au Moyen
Orient», a ajouté le chef de la milice
chiite libanaise, généralement considéré
comme l’alter ego du général iranien et
son principal partenaire militaire.
Au vu de ces
sombres perspectives, l’élimination du
principal artisan de l’accession de
l’Iran au rang de puissance régionale
majeure pourrait n’être qu’une victoire
à la Pyrrhus, face à un pays millénaire,
inventeur du jeu d’échec et de sa
martingale imparable «échec et mat», qui
signifie littéralement «As cheikh mat».
Le roi est mort. Autrement dit en termes
accessibles à l’opinion occidentale, le
début de la fin de l’hégémonie
américaine dans la zone.
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