MADANIYA
Le bilan des pertes syriennes en six ans
de guerre
René Naba
Mardi 4 avril 2017
Vers la
tenue d’un congrès national de
l’opposition démocratique syrienne à la
mi avril à Genève
Un
congrès national de l’opposition
démocratique syrienne devrait se tenir
du 15 au 17 Avril 2017 à Genève, à la
date hautement symbolique, commémorative
du 71e anniversaire de l’Indépendance de
la Syrie de la France, en vue de faire
entendre le refus des démocrates syriens
de voir la Syrie se transformer en
«République Bananière» sous la coupe des
protagonistes régionaux et
internationaux du conflit dont leur pays
est le théâtre depuis six ans.
Le
congrès verra la participation, à titre
individuel, de personnalités sans la
moindre attache financière, médiatique,
organisationnelle avec les belligérants
régionaux ou internationaux «en vue de
reprendre l’initiative et de faire
entendre la voix du peuple syrien
absent», à l’arrière plan d’un bilan
catastrophique des pertes subies par la
Syrie du fait de sept ans de guerre, où
l’on recense 89 % de Syriens sous le
seuil de la pauvreté et 1.170 mille
milliards cent soixante dix millions de
dollars de pertes.
Sa
programmation intervient au lendemain
d’un Sommet arabe à Amman balisant le
terrain à une nouvelle alliance entre
les pétromonarchies du Golfe et le
Président xénophobe Donald Trump, alors
que les camp atlantiste soucieux de
compenser son revers militaire d’Alep
s’emploie à aménager une nouvelle zone
de sécurité autour de Raqqa en liaison
avec les forces kurdes, et, et dans le
sud de la Syrie, sous l’égide de la
Jordanie, dans la zone frontalière
syro-israélo-jordanienne.
Le
congrès survient en outre alors que la
Russie soumet à consultation un projet
de constitution syrienne, dans une
démarche qui constitue une mauvaise
réédition de l’expérience américaine en
Irak avec l’imposition d’une
constitution sur le modèle de la
«constitution Bremer» et que les efforts
diplomatiques marquent le pas, que la
personnalité et les méthodes de
l’émissaire spécial de l’ONU, Staffan De
Mistura, font l’objet de vives
critiques.
Le
congrès fondateur de cette instance
s’était tenu à Genève les 29 et 30
janvier 2013. Il avait été farouchement
combattu alors par le tandem socialiste
Laurent Fabius Manuel Valls, à l’époque
rétrospectivement ministre des Affaires
étrangères et Ministre de l’Intérieur.
Le second se tient alors que la France,
quatre ans après, se maintient dans le
«déni de réalité» en continuant à
accorder droit de cité à l’opposition
pro monarchique djihadiste, maintenant
dans l’ostracisme l’opposition
démocratique.
Pour aller plus loin sur ce thème :
Le
bilan des pertes syriennes
Les
pertes de la Syrie du fait de la guerre
sont estimés à 1.170 mille milliards
cent soixante dix millions de dollars,
un chiffre qui englobe tous les secteurs
de la vie nationale ainsi que le coût de
la reconstruction de ce pays ravagé par
six ans de guerre civile, selon les
estimations de l’économiste Ammar
Youssef.
Pour les
locuteurs arabophones, l’étude parue
dans le quotidien libanais «Al Akhbar»
se trouve sur ce lien :
Logement et Habitat : 1,4 millions
habitations détruites; 200 milliards de
dollars de dégâts
Le
secteur du logement et de l’habitat est
le secteur le plus sinistré du fait que
nombre de ville ont servi de champs de
bataille. 1,4 millions d’habitations ont
été détruites à ce jour. Les dégâts dans
ce secteur sont estimés à 200 milliards
de dollars. La reconstitution des
services fonciers et du cadastre est,
elle, estimée, à 300 milliards de
dollars. Ce chiffre n’inclut pas les
usines, ni les centrales électriques,
d’une manière générale les
infrastructures des divers champs de
l’activité économique et sociale qui
font l’objet d’une recension à part.
Le secteur industriel : un secteur
sinistré à 67 % ; 210 milliards de
dollars
67 % de
la capacité industrielle de la Syrie a
été complètement détruite. Ce chiffre
concerne les usines pillées ou
démantelées, y compris les stocks de
matières premières nécessaires à la
production. Le chiffrage se monte à 60
milliards de dollars, auxquels il
convient d’ajouter 110 milliards de
dollars le capital nécessaire pour la
relance de la machine industrielle et 40
milliards au titre du manque à gagner,
soit un total de 210 milliards de
dollars.
L’Agriculture, 3e secteur par
l’importance des dégâts. 64 milliards de
dollars.
Grande
exportatrice de produits agricoles à
destination de son voisinage, assurant
son autosatisfaction alimentaire, la
Syrie est devenue à la faveur de la
guerre, importatrice de nombreux
produits agricoles.
Les
dégâts infligés aux moyens de production
dans le secteur agricole sont estimés à
25 milliards de dollars et la perte due
au manque à gagner à 20 milliards de
dollars ; un chiffre auquel il convient
d’ajouter 19 milliards de dollars
d’investissement pour la relance de la
production agricole ; soit un total de
64 milliards de dollars, excluant le
cheptel, décimé, soit du fait des
hostilités, soit en tant que prise de
guerre pour l’alimentation des
djihadistes.
Secteur touristique et hôtelier
Les
dégâts sont estimés à 14 milliards de
dollars, alors que les pertes du secteur
tertiaire sont évaluées à 9 milliards de
dollars, qu’il importe de majorer de la
somme de 15 milliards de dollars pour la
relance de ce secteur particulièrement
sinistré, impliquant la réhabilitation
de l’infrastructure des transports
(ponts, routes, autoroutes, les canaux
d’irrigation etc;).
Réseau électrique
Ce
secteur représente un défi d’autant plus
grand que les syriens ont eu recourir
durant la guerre à des moyens de
substitution pour leur éclairage et leur
chauffage (piles, batteries, générateurs
etc..). Si les pertes sont estimées à 4
milliards de dollars, les sommes
nécessaires à la réhabilitation du
réseau électrique (restauration des
poteaux et des fils électriques
notamment) s’élève à 28 milliards de
dollars. Soit un total de 32 milliards
de dollars.
Secteur bancaire
Perte
astronomique résultant tant du pillage
que de la fermeture des établissements
bancaires et du transfert de leurs
activités vers l’extérieur du territoire
national ainsi que de la cessation des
prêts et de la possibilité d’obtenir le
remboursement des prêts précédemment
octroyés.
L’embargo sur les transactions bancaires
avec la Syrie, le manque à gagner du
fait des restrictions précitées se sont
élevées à 9 milliards de dollars, alors
que 40 milliards de dollars ont été
injectés sur le marché pour soutenir le
cours de la livre syrienne. Le
rétablissement du pouvoir d’achat de la
livre syrienne nécessite un
investissement de l’ordre de 70
milliards de dollars pour une parité un
dollar = 50 LS. Une somme partiellement
comblée par les états alliés de la
Syrie.
22 milliards de dollars ont été investis
par les commerçants syriens dans les
pays limitrophes pour maintenir la
viabilité de la vie économique syrienne.
Le secteur administratif
Les
dégâts sont estimés à 4 milliards de
dollars et 6 milliards de dollars sont
nécessaires pour la reconstitution du
maillage administratif du pays.
Le secteur social
Sept
milliards de dollars ont été investis
dans l’aménagement de centres
d’hébergement pour les personnes
déplacées et les réfugiés.
Éducation : 40 % des enfants en bas age
non scolarisés
30 % du
parc immobilier du secteur a été détruit
du fait qu’une large fraction de ces
établissements a servi de poste de
combat ou de poste d’observation, voire
même de poste de tirs. Bon nombre de
membres du personnel enseignant a été
conduit à l’exil forcé du fait des
menaces des belligérants.
40 % des
enfants en bas age n’ont pas été
scolarisés durant cette période du fait
des hostilités. La remise en route du
secteur éducatif nécessite un
investissement dans le domaine des
infrastructures de l’ordre de 16
milliards de dollars et la mise à niveau
des enfants non scolarisés 5 milliards
de dollars.
Secteur hospitalier
45 % des
infrastructures du secteur détruites et
une hémorragie de 37 % du corps médical.
Le
secteur hospitalier présente une
situation analogue au secteur éducatif
où l’on relève un taux de destruction
des infrastructures de l’ordre de 45
% et une hémorragie du corps médical
syrien de l’ordre de 37 %, une
proportion sans pareille ailleurs dans
le monde. Le pillage du matériel médical
dans les divers secteurs (radiologie,
cardiologie, ophtalmologie, hématologie,
maternité, appareils de dialyse etc,
ainsi que les stocks pharmaceutiques a
été de même que la réhabilitation du
secteur médical (reconstruction des
établissements et leur rééquipement) a
été chiffrée à 25 milliards de dollars.
Secteur pétrolier : Des dégâts de
l’ordre de 29 milliards de dollars
La
mainmise de Daech sur de vastes domaines
du secteur pétrolier a conduit l’État
syrien a importé les produits
pétroliers, dont la réhabilitation a été
estimée à 29 milliards de dollars
Le parc forestier : 17 milliards de
dollars de dommages
Des
dégâts de l’ordre de 17 milliards de
dollars ont été infligés au parc
forestier du fait des incendies et des
dommages résultant des hostilités.
L’hémorragie des cadres : la plus grosse
perte pour la Syrie
L’hémorragie des cadres syriens, dont 37
% du corps médical, a constitué la plus
grosse perte pour la Syrie qu’il sera
difficile de compenser. 15 milliards de
dollars seront nécessaires pour la
réhabilitation de ce secteur que cela
soit par la formation de nouveaux cadres
ou le rapatriement et la récupération
des cadres anciens.
La perte
résultant de la fuite des cerveaux se
monte à 40 milliards de dollars dans les
divers domaines de l’activité
scientifique, intellectuelle et
artistique.
89 % des
Syriens vivent désormais sous le seuil
de la pauvreté. Le revenu moyen du
syrien a chuté dans une proportion de 80
%, ce qui nécessite une forte majoration
des salaires pour retrouver le niveau
antérieur à la guerre.
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