MADANIYA
Mali : Révision constitutionnelle
René Naba
Lundi 3 juillet 2017
Le report du référendum sur le projet de
reforme constitutionnelle, un coup dur à
la crédibilité internationale d’IBK, un
coup dur pour l’accord de paix d’Alger.
Une
campagne de 15 jours sur un sujet de
grande gravité relève du Holp up
politique et cache des desseins
inavoués.
IBK
aurait dû renoncer par avance à briguer
un second mandat pour prouver sa
sincérité dans sa démarche visant à la
révision de la constitution.
Reformer
pour reformer relève de la fuite en
avant contre productive.
Ci joint
le texte intégral de l’interview de René
Naba au journal malien «Le Relais du
Bougouni».
Le Relais du Bougouni : Le projet de
révision de la constitution est il bien
fondé ?
RN: Le report du référendum sur
le projet de reforme constitutionnelle,
un coup dur à la crédibilité
internationale d’IBK, un coup dur pour
l’accord de paix d’Alger.
Dans la
forme, la révision pouvait s’expliquer.
Après vingt cinq ans d’existence et les
bouleversements majeurs que le Mali a
connus, il peut paraître fondé d’adapter
les institutions et dynamiser leur
fonctionnement. À tout le moins chez les
pays de tradition française. L’exemple
vient d’en haut. La France a connu une
royauté, 5 républiques, deux empires, un
triumvirat, et autant de constitutions,
dont la dernière la Constitution de la
Ve République adoptée en 1958, a connu,
elle, pas moins d’une vingtaine de
révision constitutionnelle. Ce n’est pas
pour autant que la France a connu la
stabilité et le progrès.
Dans les
pays de tradition anglo saxonne, pas
besoin de codification pour respecter un
code de bonne conduite. Le Royaume Uni
vit depuis des siècles sous le régime de
la Magna Carta, soit depuis plus de huit
siècles. Et la constitution des
États-Unis date, elle, de 1788.
La fuite en avant ne constitue pas une
bonne politique, tout comme «la
politique de l’autruche». Dans le cas du
Mali, tolérer quinze jours de campagne
pour modifier la loi fondamentale du
pays relève du hold up politique.
Pourquoi
tant de précipitations sur un sujet
aussi grave ? Ibrahim Boubacar Keïta
«IBK» cache-t-il des desseins inavoués ?
S’il était sincère dans le redressement
de son pays, il aurait dû d’avance qu’il
renonce à briguer un deuxième mandat
afin de donner crédit à sa révision,
qu’elle ne serve de prétexte à renforcer
ses pouvoirs
RB : Le Relais du Bougouni : Quelles
seront les conséquences de cette
révision sur le fonctionnement l’État
malien ?
RN : Formellement la traduction
juridique des accords d’Alger. C’est à
dire une décentralisation du septentrion
malien. Il ne sert à rien de pleurer sur
le lait versé. Si le Mali a été
déstabilisé avec une telle rapidité, au
point de risquer une désintégration
complète, la faute en incombe au premier
chef aux dirigeants successifs du Mali
post Modibo Keita, le putschiste Moussa
Traoré et Amadou Toumani Touré «ATT»,
qui coulent des jours tranquilles, en
toute impunité, nullement concernés par
l’effroyable gâchis qu’ils ont infligés
à leur pays.
RB : La révision constitutionnelle est
elle une solution à la crise malienne ?
RN : C’est un pis aller.
L’éthique, la rigueur, l’exemplarité
dans la gestion des affaires publiques
vous dispensent de toutes les révisions.
Le Mali sortira de la crise lorsqu’il
aura purgé tous ses démons, qui l’ont
conduit au bord de l’abîme.
RB : Les «messages codés» des
Djihadistes du Sahel à la France et au
Mali
RN : La prise d’otage de
l’hôtel Radisson Blu à Bamako, le 20
Novembre 2015, qui a fait 23 morts, est
intervenue trois semaines après que le
président François Hollande ait décoré
de la Légion d’Honneur son homologue
malien. L’attaque du 18 juin 2017 contre
un centre de loisir à la périphérie de
Bamako, qui a fait cinq victimes, est
intervenu le jour du 2e tour des
élections législatives françaises qui
ont vu le triomphe du parti du Président
Emmanuel Macron.
Ces
attaques ne relèvent pas du hasard
fortuit. Ils constituent autant de
«messages codés» et illustre la
précarité de la situation à Bamako, de
même que la persistance d’une opposition
tenace à la politique tant française que
malienne.
Huit
mois après l’attentat contre le
restaurant «La Terrasse» (le 8 mars
2015), qui a fait cinq morts, les coups
de force spectaculaires contre des
établissements maliens fréquentés par
des étrangers, illustrent le caractère
aléatoire de la sécurisation du Mali, le
thème de propagande majeur de la
diplomatie française pour justifier son
intervention militaire, en même temps
que le caractère factice de l’amitié
affichée entre les deux dirigeants
français et maliens.
La connexion d’un vice président de
l’Internationale socialiste IBK avec le
réseau post gaulliste de Charles Pasqua,
le parrain du clan Corse – c’est à dire
les adversaires politiques des
socialistes, fait désordre. En la
matière IBK, a fait preuve d’une
voracité révulsive.
Ce qui
peut paraître difficilement concevable
pour le contribuable français, à bord de
l’apoplexie financière, alors que le
budget français fonctionne à flux tendu
pour combler les surplus de dépenses
générées par la lutte anti-terroriste,
de supporter l’idée d’avoir financé
l’opération Serval pour permettre au
président malien élu à l’ombre des
blindés français de se vautrer dans des
magouilles avec un casinotier corse.
Simple.
Basique. Un chef d’état doit être habité
par sa fonction, se doter de la stature
qu’exigent les menaces qui pèsent sur
son pays. Se doter de la stature d’un
homme d’état et non se cantonner à un
rôle de joueur de bonneteau avec un
casinotier.
Décidément la France n’a pas de chance
dans le choix de ses partenaires : D’IBK
à l’opposition syrienne off-shore… à ses
alliés pétro monarchiques incubateurs de
djihadisme, particulièrement, le Qatar,
parrain d’Ansar Eddine, le
déstabilisateur du Mali, qui ont fait de
la France du fait de son laxisme moral,
une passoire djihadiste.
Pourvu
que le Jupiter de France n’ait pas
cautionné la magouille d’IBK, cela
serait de mauvais augure pour la suite
de la mandature d’Emmanuel Macron, et
surtout de l’intention qui lui est
prêtée de mettre à plat la «Françafrique».
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