MADANIYA
Arabie saoudite : Un royaume de coupeurs
de têtes 1/2
René Naba
Mercredi 2 octobre 2019 In Memoriam Nasser As
Said, le premier dans l’ordre des
suppliciés saoudiens de l’époque
contemporaine, le véritable père
spirituel de l’opposition saoudienne.
Sauf retournement
spectaculaire, l’Arabie saoudite devrait
accueillir le sommet annuel du G20 en
novembre 2019 à Riyad, dans une
tentative des grands décideurs
économiques de la planète – les pays
occidentaux, la Chine et la Russie-, de
procéder à la réhabilitation
diplomatique de la dynastie Wahhabite,
un an après l‘équarrissage du
journaliste saoudien Jamal Khashoggi au
consulat saoudien à Istanbul.
Six mois après le
sommet économique de Manama, le 26 juin
2019, chargé d’enfouir la question
palestinienne sous un flot de promesses
fallacieuses, dans un pays, le Bahreïn
qui constitue un concentré de toutes les
turpitudes, le sommet de Riyad marque,
dans l’ordre symbolique, le summum de
l’asservissement des pays industrialisés
à la «Carbon Democracy», et pour les
états arabes, le summum de
l’asservissement à l’imperium
israélo-américain.
Pour aller plus
loin sur Bahreïn
https://www.madaniya.info/2019/06/28/geneve-28-juin-2019-contre-sommet-economique-de-manama-au-palais-des-nations/
Pour les Etats
Unis, la tenue de ce premier sommet du
G20 en terre arabe (21-22 Novembre) dans
la capitale saoudienne, à un an des
prochaines élections présidentielles
américaines, en dépit des réticences de
l’opinion et de l’establishment
américains, équivaudrait à un satisfecit
américain à l’égard d’une dynastie
outrageusement complaisante dans la
promotion d’une transaction du siècle
aboutissant à un bradage de la question
palestinienne.
Pour le groupe de
Shanghai –la Chine et la Russie-
d’engranger les bénéfices d‘une position
traditionnelle fondée sur le refus des
ingérences dans les affaires intérieures
d’un pays souverain, qui devrait de leur
point de vue, accentuer la distanciation
des rapports entre les Etats Unis et
l’Arabie saoudite, fortement ébranlées
par l’affaire Khashoggi.
Le G20 réunit 19
puissances économiques ainsi que l’Union
européenne. Il représente deux tiers de
la population mondiale, 85% de la
production économique mondiale et 75% du
commerce mondial.
1 – L’attaque
contre les installations de l’Aramco
Toutefois,
l’époustouflante attaque contre les
installations de l’ARAMCO, le géant
pétrolier saoudien, le 14 septembre
dernier, a révélé aux yeux du Monde, la
fragilité du Royaume, l’impéritie de ses
dirigeants tant dans la défense de leur
territoire que contre le Yémen, qu’ils
ont outrageusement agressé depuis cinq
ans. Cette spectaculaire attaque risque
ainsi de faire capoter l’opération de
renflouage du Royaume. Comparable par
son retentissement au raid terroriste du
11 septembre 2001 contre les symboles de
l‘hyperpuissance américaine, ce raid a
retenti comme une humiliation suprême
infligée au leadership saoudien et mis
en question la gestion erratique du si
controversé prince héritier saoudien
Mohamad Ben Salmane.
Entouré de voisins
hostiles ou d’amis blessés, son
protecteur américain, en guerre de
survie avec la Chine, de plus en plus
réticent désormais à supporter à bout de
bras un allié encombrant et défaillant,
l’Arabie saoudite apparaît désormais
comme un lourd fardeau. Devant cette
sombre conjoncture, la seule issue qui
subsiste à la dynastie wahhabite est la
fuite en avant et son placement sous la
protection d’Israël, l’usurpateur de la
Palestine. Pathétique épilogue d’un
égarement
Au-delà des dégâts
matériels et psychologiques, la
destruction des installations
pétrolières saoudiennes a entrainé le
report de l’entrée en bourse de l’Aramco,
la plus grande introduction en bourse de
l’Histoire, à 2020-2021
2 – Les rumeurs
à propos de l’empoisonnement de Saoud Al
Qahtani
En prévision de ce
sommet, la rumeur de la mort de Saoud
Al Qhatani, exécuteur des basses œuvres
du prince héritier saoudien Mohamad Ben
Salmane, a circulé avec insistance, en
septembre 2019, sans que cette
information ne soit confirmée ou que les
circonstances de sa mort présumée ne
soient élucidées.
Quoiqu’il en soit,
le dégagement de la scène publique
saoudienne du chef de l’escadron de la
mort qui a procédé à la liquidation du
journaliste saoudien Jamal Kashooggi au
consulat saoudien à Istanbul, le 2
octobre 2018, devrait, dans l’esprit des
auteurs de cette disparition, réduire la
pression sur le prince héritier
concernant le châtiment de l’auteur de
cet équarrissage en évacuant l’évocation
lors du G20 de ce sujet embarrassant
pour le trône wahhabite.
Twitter a supprimé
le 20 septembre le compte de ce sinistre
personnage en même temps que ceux 4.258
comptes hébergés aux Emirats Arabes Unis
spécialisés dans la diffusion de fausses
informations particulièrement contre
l’Iran et le Qatar. Le toilettage de la
toile a concerné en outre 267 comptes
opérant notamment depuis l’Egypte et
Abou Dhabi, notamment un compte géré par
la firme DOT DEV.
Pour aller plus
loin, cf à ce propos ce lien de la
chaîne libanaise Al Mayadeen pour le
lectorat arabophone.
https://www.almayadeen.net/news/politics/1343316/-%D8%AA%D9%88%D9%8A%D8%AA%D8%B1–%D9%8A%D8%B9%D9%84%D9%82-%D8%AD%D8%B3%D8%A7%D8%A8-%D8%A7%D9%84%D9%82%D8%AD%D8%B7%D8%A7%D9%86%D9%8A-%D9%88%D9%8A%D8%BA%D9%84%D9%82-4258-%D8%AD%D8%B3%D8%A7%D8%A8%D8%A7-%D8%A5%D9%85%D8%A7%D8%B1%D8%A7%D8%AA%D9%8A%D8%A7-%D9%85%D8%AE%D8%AA%D8%B5%D8%A7-%D8%A8
Ci-joint à propos
de Saoud al Qahtani, l’analyse de Madawi
Ar Rachid, politologue saoudienne
réfugiée à Londres et l’une des
meilleures analystes des affaires
saoudiennes.
https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/ou-est-saoud-al-qahtani-le-mr-hashtag-de-mohammed-ben-salmane
Parallèlement à
l’artifice visant à évacuer du débat
public le cas de Saoud Al Qahtani, et
afin de purger le contentieux latent
entre l‘Arabie saoudite et ses
protecteurs occidentaux, les Etats Unis
ont exercé une pression maximale pour
inciter le Royaume saoudien et son allié
des Emirats Arabes unis à engager des
négociations avec les Houthistes, les
contestataires victorieux de l‘hégémonie
wahhabite sur la péninsule arabique, en
vue de dégager tant les Saoudiens que
leurs alliés américains et français du
bourbier yéménite, si préjudiciable à
leur image.
3 – Décapitation
collective de 37 personnes à la veille
du Ramadan 2019
Au lendemain de
l‘annonce de la tenue du G20 en Arabie
saoudite, et à la veille du Ramadan, le
mois sacré du jeune en Islam, l’Arabie
saoudite a mis à mort, mardi 23 avril
2019, 37 de ses citoyens condamnés pour
« terrorisme ».
Cette exécution de
masse a concerné des personnes reconnues
coupables d’avoir adopté la pensée
terroriste extrémiste » et d' »avoir
formé des cellules
terroristes ». Certaines ont été
accusées de « sédition
confessionnelle », un terme généralement
utilisé en Arabie saoudite pour les
militants chiites.
Ces exécutions
portent à plus de 100 le nombre de
personnes mises à mort en Arabie
saoudite depuis le début de l’année,
selon un décompte établi à partir de
communiqués officiels. Selon Amnesty
International, le royaume figure dans le
peloton de tête des pays qui appliquent
la peine de mort dans le monde.
Dans son rapport
mondial sur la peine de mort pour
l’année 2018, l’organisation indique que
derrière la Chine (qui ne publie pas de
statistiques), les pays ayant eu le plus
massivement recours aux exécutions sont
l’Iran (253), l’Arabie saoudite (149),
le Vietnam (85) et l’Irak (52).
Ce texte est la
synthèse de deux contributions
d’intellectuels arabes de renom Rifaat
Sayed Ahmad (Egypte) sur Nasser As Said,
chef historique de l’opposition anti
monarchique saoudienne et Jaafar Al
Bakli, universitaire tunisien, chercheur
sur les questions de l’Islam,
spécialiste de l’histoire politique des
pays arabes, notamment les pays du
Golfe, chroniqueur au quotidien libanais
« Al Akhbar».
Deux contributions
dont l’adaptation en version française a
été assurée par René Naba, directeur du
site
https://www.madaniya.info/
A l’attention
des locuteurs arabophones, la version
arabe de ce texte se situe dans le
prolongement de la version française.
Il est publié à
l’occasion de la commémoration du 1 er
anniversaire de la décapitation du
journaliste saoudien Jamal Khashoggi, le
2 octobre 2018, au consulat saoudien
d‘Istanbul, en dépit de l’opposition
frontale de la rédaction de
https://www.madaniya.info/ à ce
sinistre personnage, en dépit des vives
préventions du site à l’égard de ce
compagnon de route du terrorisme
islamique, de même que son rôle de
«sous-marin» auprès des «arabes afghans»
qu’il pistait et fichait pour le compte
de ses employeurs saoudiens dans la
décennie 1980 lors de la guerre anti
soviétique d’Afghanistan;
Ses sympathies à
l’égard de Jabhat An Nosra et sa
mansuétude vis-à-vis de Daech notamment
ne sauraient justifier son supplice par
ses anciens employeurs. Sur ce lien, le
rôle du journal Al Sharq Al Awsat,
propriété du Roi Salmane, dans la
collecte de fonds pour le djihad afghan
https://www.madaniya.info/2016/03/08/salmane-israel-2-3-moujtahed-acte-3/
Et sur ce lien, le
rôle de Jamal Khashoggihttps://www.madaniya.info/2018/10/19/arabie-saoudite-jamal-khashoggi-non-un-parangon-de-la-liberte-de-la-presse-mais-un-pur-produit-de-la-matrice-wahhabite-takfiriste
Fatale à son
destin, le mariage de Jamal Khashoggi
avec sa fiancée turque devait en fait
sceller la nouvelle alliance du féal
saoudien avec les rivaux de ses anciens
maitres, son basculement dans le camp
Turquie-Qatar, qui projetait de lui
confier la direction d‘une nouvelle
chaine transfrontière au niveau de la
sphère sunnite, à l’effet d’épauler la
diplomatie néo-ottomane à projection
califale du vorace président
néo-islamiste de Turquie Recep Tayib
Erdogan.
Un crime de
lèse-majesté déclenchant la sanction
inéluctable : Un meurtre de sang-froid,
par préméditation; Une élimination par
exécution extrajudiciaire par ses
commanditaires, la dynastie wahhabite.
Le G 20 de Riyad
sera d’ailleurs l’occasion de la
première rencontre entre le Roi d’Arabie
et le président turc depuis l’assassinat
de journaliste saoudien proche de la
Turquie.
4- Les escadrons
de la mort du Prince héritier
Un an avant la
liquidation du journaliste saoudien,
Mohamad Ben Salmane avait constitué un
escadron de la mort chargé de faire
taire l’opposition à sa personne, soit
par assassinat, soit par enlèvement et
torture.
Sous la supervision
de Saoud Al Qahtani, conseiller spécial
de MBS ayant rang de ministre à la Cour
Royale, et le commandement opérationnel
d’un homme du renseignement, Maher Abdel
Aziz Al Moutreb, la «brigade
d’intervention rapide», a été
l’exécutant des basses œuvres du prince,
notamment l’équarrissage de Jamal
Khashoggi au consulat saoudien à
Istanbul, le 24 octobre 201I8, et le
retour forcé d’opposants saoudiens en
Arabie.
Saoud Al Qahtani,
par ailleurs chargé de la guerre
électronique du Royaume contre ses
détracteurs, a été dispensé de ses
fonctions après la révélation du
scandale Khashoggi. Maher Al Moutreb,
quant à lui, qui a participé à la
strangulation de Jamal Khasoggi au
consulat saoudien d’Istanbul, faisait
office d’officier d’ordonnance de
Mohamad Ben Salmane, l’accompagnait dans
tous ses déplacements à l’étranger et
veillait à sa sécurité. Il a été
inculpé, fusible de son seigneur et
maître.
L’affaire du Ritz
Carlton, l’incarcération arbitraire de
300 personnalités du Royaume, sous
couvert de lutte contre la
corruption,-notamment le premier
ministre en exercice Saad Hariri et le
prince milliardaire Walid Ben Talal-
était destinée à camoufler une opération
visant à soustraire du lot les plus
récalcitrant au prince héritier pour les
diriger vers les palais royaux saoudiens
en vue de les soumettre à la question.
https://www.al-akhbar.com/World/267988/%D8%A7%D9%84%D8%AA%D8%AF%D8%AE%D9%84-%D8%A7%D9%84%D8%B3%D8%B1%D9%8A%D8%B9-%D9%84%D9%85%D9%84%D8%A7%D8%AD%D9%82%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D9%85%D8%B9%D8%A7%D8%B1%D8%B6%D9%8A%D9%86-%D8%AE%D8%A7%D8%B4%D9%82%D8%AC%D9%8A-%D9%84%D9%8A%D8%B3-%D8%A3%D9%88-%D9%84-%D8%B6%D8%AD%D8%A7%D9%8A%D8%A7-%D8%A7%D8%A8%D9%86-%D8%B3%D9%84%D9%85%D8%A7%D9%86
Du crime, de son instrumentalisation et
du chantage exercé à propos de Jamal
Khashoggi.
5 – Du Bon usage
dans la dynastie wahhabite
Le sabre n’entame
pas la chair d’Al Saoud
السيف لا يأكل لحم آل سعود
Le sabre qui strie
la bannière saoudienne sous-tendant le
premier verset du Coran, illustre plus
que le pétrole, plus que l’Islam, plus
que tout, la dynastie wahhabite.
Si l’Islam assure
une prééminence spirituelle du Royaume
sur les autres pays arabes et musulmans,
le pétrole une rente de situation
matérielle à l’Arabie, le sabre demeure
toutefois la marque de fabrique de la
Famille Al Saoud. Le garant de sa
survie.
Le Coran relève de
l’ordre de la prophétie divine, le sabre
permet le maintien de l‘ordre terrestre
de la dynastie saoudienne, à tout le
moins sur le territoire du Royaume.
C’est par le sabre
que la famille Al Saoud a assuré sa
domination sur les autres tribus de la
péninsule arabique et réunifié le
Royaume.
C’est par le sabre
qu’elle assure sa domination sur les
sujets du royaume. C’est par le sabre
qu’elle tranche les violations à l’ordre
public et assure la paix sociale
Le sabre n’entame
pas la chair d’Al Saoud. Ce principe
cardinal théorisé par le prince Sultan
Ben Abdel Aziz, inamovible ministre
saoudien de la défense pendant quarante
ans, et père de Bandar Ben Sultan, le
cappo di tutti cappi du terrorisme
planétaire, assure impunité et immunité
aux membres de cette turbulente famille
de près de vingt mille membres.
Symbole de la
conquête arabe, Al Saoud en ont fait un
usage dérivé. La famille, -le clan?-
gouverne par le sabre et survit grâce à
lui. Ni repentance, ni rémission, ni
réhabilitation, pas plus de peine
afflictive qu’infamante.
Le châtiment
corporel, seul, a droit de cité
exclusive. Selon Amnesty International,
l’Arabie saoudite aurait exécuté 27
personnes en 2008, neuf en 2009, quatre
pour 2010 et 79 en 2011, soit un total
de 119 exécutions en 4 ans.
Ce bilan ne tient
pas compte des décapitations des années
suivantes particulièrement du dignitaire
religieux chiite le Cheikh Al Nimr, ni
du dépeçage du journaliste Jamal
Khashoggi, pourtant leur ancien passeur
de plats.
https://www.madaniya.info/2017/12/08/dynastie-wahhabite-bradage-de-palestine-2-2/
6 – Le cas de
Nasser As Said, «Le Saint du Désert»
Une étude de Rifaat
Sayed Ahmad, Docteur en Philosophie et
en Sciences politiques de l’Université
du Caire, Directeur du Centre Yaffa des
Etudes Stratégiques du Caire, auteur
d‘une trentaine d’ouvrages sur
l’islamisme politique et le conflit
israélo-arabe, contributeur de la chaine
de télévision libanaise Al Mayadeen.net
https://www.almayadeen.net/
«J’ai traité son
cas dans un ouvrage paru à sa mémoire
intitulé «Le Saint du désert, Nasser As
Said», Editions Ryad Ar Rayess –
Beyrouth 1989.
«Les hommes de
paille de l’Arabie saoudite ont raflé
les exemplaires de cette édition à sa
parution dans les librairies d’Egypte et
du Liban pour soustraire le livre à la
vente au public. L’opération a été
rééditée à chacune des éditions de
l’ouvrage.
Mais finalement le
public a eu accès au livre et a pu
prendre connaissance de cette affaire.
Cette pratique est encore en vigueur en
2018.
«Nasser As Said,
est incontestablement, du point de vue
historique, le père spirituel de
l’opposition anti monarchique
saoudienne. Natif de Haël, ville
d’Arabie saoudite située dans la
province du même nom (au nord de la
région du Najd), son lieu de naissance a
été déterminant pour la suite de son
parcours.
La ville, qui
compte actuellement plus de 300.000
habitants, a été naguère la capitale
d’un puissant émirat contrôlé par la
famille Al Rachid, rivale d’Al Saoud.
«Nasser As Said est
né le 2 novembre 1923, l’année qui a
suivi la chute de la ville aux mains de
la famille Al Saoud, le 29 Safar 1304 de
l’hégire, correspondant au 2 novembre
1922 de l’ère chrétienne.
«Son entourage
familial a perçu cette naissance, à
l’instar de toutes les naissances
intervenues cette année-là dans Haël,
sans enthousiasme comme si sa famille
souhaitait que cette ville conquise
n’enregistre plus aucune naissance de
crainte que les nouveaux nés ne tombent
en captivité aux mains de ses
conquérants.
«Dans cette
ambiance de catastrophisme, Nasser As
Said a grandi dans un climat
révolutionnaire motivé par la colère de
la défaite d’autant qu’une large
fraction de sa famille aussi bien ses
oncles paternels et maternels que ses
tantes paternels et maternels ont trouvé
la mort au cours des combats.
«Du récit de leur
combat et de leur bravoure, il se forgea
de solides convictions, une robuste
volonté de résistance. Nasser As Said
était un combattant nationaliste arabe
aux convictions solidement ancrées à
gauche, de sensibilité musulmane du fait
de sa naissance saoudienne.
«Il a été arrêté,
une première fois, à l’âge de 7 ans en
compagnie de sa grand-mère. Dès son
adolescence, il mènera le combat contre
la corruption, parallèlement à la lutte
syndicale et ouvrière…jusqu’à sa
condamnation à mort en 1956.
«Alerté par le
colonel Al Zib qui devait lui signifier
son arrestation, Nasser s’enfuit du
Royaume, mais le colonel Al Zib, sera
lui, assassiné par empoisonnement
quelques années plus tard en République
Fédérale d’Allemagne (ex Allemagne de
l’Ouest).
«En 1958, l’Arabie
saoudite alloue un gros budget pour son
assassinat. Gamal Abel Nasser lui offre
l’hospitalité et le place sous sa
protection. Au Caire, il sera affecté à
l’animation d’un programme «Les ennemis
de Dieu» au sein de la radio égyptienne
«La Voix des Arabes».
«En 1962, lors du
déclenchement de la révolution yéménite,
il se rend dans la zone pour ouvrir une
antenne de l’opposition yéménite en vue
d’animer la lutte contre l’Imam Badr,
soutenu par l’Arabie saoudite.
Il animera un
programme «les disciples du diable» en
même temps qu’il dirigera la lutte armée
dans la région frontalière
saoudo-yéménite. Il continuera son
combat jusqu’à sa liquidation en 1979.
«Son livre
«l’Histoire de la famille Al Saoud»
demeure une référence en la matière.
«A la suite du
soulèvement de La Mecque mené par
Jouheimane Al Outeiby, suivi du
soulèvement chiite dans le secteur
oriental du Royaume, en novembre 1979,
Nasser As Said quitte Damas pour
Beyrouth pour défendre la cause des
chiites saoudiens, multipliant dans la
capitale libanaise, conférence de presse
afin de sensibiliser l’opinion arabe et
musulmane au sort de ses compatriotes
chiites.
«En 1979, Nasser As
Said aura connu le sort que connaitra
Jamal Khashoggi 39 ans plus tard. Mais à
la différence du journaliste, sans
caméra de contrôle, ni instrument de
repérage. Enlevé en plein jour, le 17
décembre 1979, dans une opération
concoctée par l’Ambassadeur d’Arabie
saoudite au Liban, en concertation avec
le chef du 2eme bureau de l’armée
libanaise, le colonel Johnny Abdo et la
complicité de groupements palestiniens
relevant de l’Organisation de Libération
de la Palestine.
((NDA : Le
responsable palestinien impliqué dans
cette affaire est Abou Zaim, responsable
militaire du Fatah pour le sud de
Beyrouth.. Que des dirigeants
palestiniens se soient prêtés à de
telles compromissions morales, qu’ils
aient livré un opposant politique à une
dictature, explique une part de leur
déconfiture dans le commandement de leur
guerre de libération nationale)).
Pour aller plus
loin sur Johnny Abdo, chef du 2eme
bureau de l‘armée libanaise, ce lien
dans le paragraphe qui suit le portrait
de Wissam Al Hassan
https://www.renenaba.com/wissam-al-hassan-la-dague-du-dispositif-securitaire-saoudien-au-proche-orient/
«Nasser As Said a
été tué à la manière saoudienne et
expédié au ciel, selon le mode
opératoire des wahhabites. Selon
certains témoignages, un avion spécial
saoudien en attente à l‘aéroport de
Beyrouth Khaldé, a assuré son transfert
vers l’Arabie saoudite.
«Nasser As Said a
été décapité à l’intérieur de l’appareil
en application de la doctrine wahhabite,
puis jeté par-dessus bord. Une autre
version soutient que Nasser As Said a
été tué à Beyrouth avant son
embarquement et son cadavre jeté
par-dessus bord au-dessus du Robh Al
Khali (le quart désertique du Royaume),
depuis une hauteur de 14.000 pieds, soit
4.260 mètres, le seuil de tolérance
au-delà duquel l’avion explose en cas
d’ouverture des portes.
«Interrogé sur le
sort de l’opposant saoudien, le Prince
Sultan Ben Abdel Aziz, à l’époque
ministre saoudien de la défense, a botté
en touche:
«Le Royaume n’a pas
besoin de recourir à de telles méthodes.
Nasser a été enlevé à Beyrouth, une
ville arabe dont la majorité de la
population est constituée de musulmans
sunnites», suggérant par-là que
l’enlèvement de l’opposant saoudien
pourrait avoir été le fait de sunnites
sympathisants du Royaume.
«Si Nasser As Said
revendique l’honneur macabre d’être le
premier dans l’ordre des suppliciés
saoudiens de l’époque contemporaine, une
princesse de sang, coupable, elle,
d’avoir nourri des visées ancillaires,
l’assume au nom de la gente royale
féminine.
Sur ce lien son
épouvantable supplice:
https://www.madaniya.info/2015/07/02/arabie-saoudite-decapitation-romeo-et-juliette-dans-sa-version-wahhabite/
7 – De Nasser As
Said à Jamal Khashoggi, la méthode
saoudienne pour expédier au ciel les
opposants.
«La famille Al
Saoud, du grand père Abdel Aziz,
fondateur du Royaume, à son petit-fils
Mohamad Ben Salmane, prince héritier du
trône wahhabite, prise l‘exercice
solitaire du pouvoir, qu’insupporte la
moindre opposition, même la plus minime,
même la plus marginale.
«Les grandes
manœuvres visant à amortir l’impact de
la disparition de Jamal Khashoggi ont
commencé en dépit du fait que ce
scandale a eu un retentissement mondial
en ce que les intérêts pétroliers et
ceux de l’industrie de l’armement
priment toute autre considération entre
les trois principaux protagonistes de
l‘affaire, la Turquie, l’Arabie saoudite
et les Etats Unis.
«Elles ont force de
loi au détriment des valeurs humaines et
morales; au détriment de la cause de ce
fils loyal du régime saoudien, qui ne
fut pas, loin s’en faut, un véritable
opposant à la dynastie.
«En fait, le
journaliste a été victime des lourds
secrets qu’il détenait de par ses
fonctions passées auprès des divers
services du régime et de son alignement
sur une des composantes du pouvoir.
«Jamal Khashoggi
était détesté par le prince héritier
Mohamad Ben Salmane, un impulsif, même
si le journaliste est un pur produit de
la matrice wahhabite, éduqué dans
l’enceinte royale, ayant tété du même
lait auquel se sont nourris les affiliés
de Daech, une créature des services de
renseignements saoudiens.
«D’Afghanistan,
dans la décennie 1980, à Idlib (nord de
la Syrie) en 2018, l’épisode Khashoggi,
sauf erreur de ma part, s’achèvera par
une version édulcorée de la réalité et
un accroissement du chantage turco
américain sur l’Arabie saoudite et son
prince impulsif, à l’origine de la
liquidation du fidèle serviteur du
régime saoudien. Une leçon éloquente se
dégage de tout ce tintamarre.
«A peine
décèlent-ils une opposition, même
minime, les dignitaires saoudiens
préfèrent, par effet réflexe, expédier
l’opposant au ciel plutôt qu’il s’impose
une vraie souffrance sur terre,
s’épargnant ainsi des débats fastidieux
sur la liberté et la démocratie. Une
expédition directe au ciel, selon la
méthode saoudienne: Par l’assassinat, si
possible par l’épée, en égorgeant la
victime ou la proie.
«Un tel châtiment
est d’ailleurs justifié par les
théologiens du Wahhabisme comme
découlant de la législation islamique
dans le châtiment des contrevenants.
«Bien que l’usage
de la scie ait été mentionné dans le
dépeçage de Jamal Kashoggi, -un fait qui
constitue indubitablement un saut
qualitatif dans la technique saoudienne
de l’élimination physique- nous sommes
néanmoins convaincu que l’opposant
saoudien a d‘abord été décapité puis
découpé en tranches en ce que
l’observation de la méthode
traditionnelle wahhabite constitue une
garantie absolue à l’effet d’éviter à la
famille royale une querelle entre les
dignitaires du régime quant aux méthodes
de mise à mort.
«Mohamad Ben
Salmane a bénéficié d’une couverture
favorable de la presse en sa qualité de
réformateur, moderniste, démocratique.
Mais l’assassinat
de Jamal Khashoggi plongera dans un
silence embarrassant cette même presse,
notamment en Egypte et au Liban au sein
des médias, propriétés du premier
ministre Saad Hariri (Radio Orient, la
chaine TV Al Mostaqbal et le quotidien
du même nom), ainsi que dans les médias
proches des Forces Libanaises, les
milices chrétiennes de Samir Geagea,
homme lige des Saoudiens au Liban.
«La méthode de
liquidation des opposants propre à ce
«Royaume de sel», pour reprendre
l’expression de l’écrivain Abdel Rahman
Mounif, emprunte aux pires procédés:
décapitation par épée, flagellation
jusqu’au saignement, tortures
programmées jusqu’à mort s’ensuive. Avec
en sus un habillage moral: l’accusation
de renégat pour aggraver la sanction,
comme cela est le cas avec les
prisonniers d’opinion de la respectable
communauté chiite.
A venir
Le 2me volet de
cette étude est consacré à: «La
décapitation collective de 370 membres
de la tribu Al Shammar, en 1902, acte
fondateur du royaume wahhabite».
Crédits photo : AP
Version arabe :
https://www.madaniya.info/...
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